Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.


Chapitre 31

Le Soir de Noël

Les Granger furent très heureux de l'accueil qu'on leur réserva. Ils furent un peu surpris par Deepher qui leva sur eux un œil inquiet : personne ne lui avait dit qu'ils recevraient des moldus et cela le troubla un peu. Tonks les impressionna par sa maladresse lorsqu'elle manqua faire tomber le sapin de Noël en déposant ses paquets à son pied. Mrs Weasley soupira, les yeux au ciel et s'écria :
- Non ! merci Tonks ! Deepher fera cela très bien ! lorsque la jeune femme se proposa pour allumer les bougies magiques sur les branches.
Molly sortit du Grand Salon et chuchota aux jeunes gens :
- Débrouillez-vous pour qu'elle ne touche surtout à rien ! Et qu'elle ne bouge plus !
Elle était toujours très inquiète pour la porcelaine ancienne et le cristal de Baccarat. Charlie se leva aussitôt et enserra Tonks dans ses bras.
- Comme cela, Maman ? demanda-t-il.
Les bras le long du corps, Nymphadora Tonks ne pouvait plus bouger, en effet mais cela n'avait pas l'air d'enchanter Mrs Weasley outre mesure.

Deepher était ravi. Fleur n'était pas encore arrivée et Molly se devait de la remplacer dans son rôle de maîtresse de maison auprès des Granger. Elle ne pouvait donc pas s'occuper du repas. Il s'en chargea avec bonheur, tout en dressant la table et surveillant discrètement Pattenrond qui rôdait dans la cuisine. Depuis le repas de la veille, il évitait Hermione autant qu'il le pouvait et fut bien heureux de constater que l'arrivée des moldus avait détourné de lui l'attention de la demoiselle.

En effet, coincée entre son père et sa mère, Hermione faisait l'objet de la conversation entre Mrs Granger et Mrs Weasley. La mère d'Hermione tenait sa fille serrée contre elle, le bras autour de ses épaules. Elle n'en revenait pas de la voir en pleine forme alors qu'elle l'avait crue morte quelques semaines plus tôt. Mrs Weasley renchérissait sur les soins qu'elle avait reçus à l'hôpital, l'aide de ses amis et la participation efficace du professeur Severus Rogue qui leur avait apporté son indéniable expérience en matière de remèdes magiques. Ron, assis près de la cheminée avec Ginny et Harry écoutait, partagé entre l'irritation et le ravissement, d'une part parce que sa mère se permettait de citer le nom de Rogue alors que la journée avait été si belle ; de l'autre parce que pour une fois ce n'était pas lui qui faisait l'objet de l'attention maternelle et qu'il avait entendu Mrs Granger appeler Hermione "Mimine Chérie".

Ginny essayait divers sortilèges sur les paquets de Noël sous le sapin pour découvrir lesquels lui étaient destinés et ce qu'ils contenaient. Ron l'imita bientôt, toujours curieux de savoir si Hermione avait prévu un cadeau pour lui. Harry se contentait de fixer la cheminée, en essayant de fermer son esprit à toutes sortes de réflexions. Il ne pouvait s'empêcher de penser au Noël précédent. Il se sentait un peu confus d'éprouver tant de bonheur à se trouver encore parmi des gens qu'il aimait.
- Tu ne veux pas savoir quels sont tes cadeaux ? lui demanda Ron, inquiet de le voir triste soudain.
- Tu sais, lui répondit-il dans un sourire, je ne crois pas que j'aurais tant de cadeaux… A part le pull de ta mère, celui d'Hermione et la paire de gants à balai que tu vas m'offrir…
- Tu as recommencé ! se refrogna Ron scandalisé. Tu as lu dans nos esprits pour savoir quels présents on allait t'offrir ?!
- Non ! s'indigna Harry. Pour les gants, je l'ai vu quand je n'ai pas fait exprès de lire dans ton esprit devant la boutique, c'est vrai. Mais pour le reste : Non ! Il n'est pas difficile de deviner que ta mère va offrir un pull à chacun des garçons de cette maison ! Et j'ai croisé Hermione dans le couloir avec celui qu'elle me destine entre les mains. Elle l'a vivement caché derrière son dos quand je me suis approché. Faut pas sortir de Serdaigle pour deviner pourquoi !
- Ah ! fit Ron un peu déçu tout de même. Tu aurais pu voir ce qu'elle avait prévu pour moi.
- Si j'étais toi, Ron, reprit Harry, je n'attendrais pas qu'elle m'offre quelque chose pour lui donner le parfum que tu lui as acheté. Je suis sûr qu'elle apprécie tous les efforts que tu fais pour lui faire oublier ta bêtise.
- Tu en es sûr ? demanda Ron, inquiet, ou tu le sais ? Et comment tu sais que j'ai acheté du parfum ?
- Parce que tu me l'as dit, Ron… soupira Harry.

Les jumeaux entrèrent dans le grand salon, des lettes plein les bras.
- Le courrier ! annoncèrent-ils. Le Professeur Dumbledore l'a apporté de Poudlard cet après midi. Maugrey l'a examiné. Il est inoffensif d'après lui. Ah… oui ! Heu… Ron ? On est désolé… Maugrey l'a faite exploser parce qu'il croyait que c'était un Epouvantard déguisé…
George tendit à son frère une lettre noircie que Ron ouvrit avec circonspection. Dès qu'il eût sortit la carte elle se mit à chanter sur un ton éraillé et très lent : Joioioioyeuuuuuh Noooooëellll Ronaaaaald !
Ginny, Harry et Hermione éclatèrent de rire :
- Jezebel Dawson ! s'écria Ginny.
Ron se dépêcha de la jeter au feu où elle se consuma non sans lancer encore quelques Ronaaaald ! de plus en plus graves.
Hermione se chargea de distribuer les autres lettres. Neville, Luna leur envoyaient leurs vœux à tous les trois. Dean avait écrit à Ginny. Percy à sa sœur et à Ron. Ginny ouvrit sa lettre. Ron, gêné, mit la sienne de côté.
- Qu'est-ce qu'il dit ? demanda Charlie à sa sœur.
- Comme d'habitude, répondit Ginny calmement. Il me conseille de me méfier de Harry. Qu'il n'attire que les ennuis. Et que depuis que nous le connaissons Ron et moi avons mille fois risqué la mort. Et que même Hermione devrait se méfier de lui…
Ron jeta au feu la lettre que Percy lui avait envoyé. Il la fit exploser dans l'âtre d'un coup de baguette. Tous sursautèrent.
- Ron ! s'indigna Mrs Weasley. Et toi Ginny range donc cette lettre.
- Jette-la au feu ! commanda Ron.
Il la lui arracha des mains et la tint au-dessus des flammes jusqu'à ce qu'il sente la brûlure au bout de ses doigts.
- Ron ! cria Harry.
Hermione fut plus rapide. Elle saisit son poignet et retira sa main de la cheminée. Un bout de parchemin noirci tomba des doigts rougis de Ron.
- Oh ! Ron ! Mais qu'est-ce que tu croyais faire ?
Il voulut enlever ses doigts de ses mains. Il tremblait de rage. Il haïssait Percy comme il ne l'avait jamais haï. Lui gâcher ainsi le meilleur moment qu'il n'avait eu depuis des jours.
Ginny s'approcha de lui.
- Ronnie, je suis désolée…
Il la détestait elle aussi. Parce qu'elle avait ouvert cette fichue lettre. Parce qu'elle lui avait dit qu'il lui gâchait la vie comme Percy gâchait la leur.
- Il faut faire couler de l'eau froide sur la brûlure, disait la voix de Mrs Granger.
- De l'essence de Murlap… dans ma valise… disait la voix de Charlie.
Le regard accusateur d'Harry dans le fauteuil. Et Hermione qui soufflait sur ses doigts pour atténuer la douleur. Elle sortit sa baguette, il la repoussa :
- Ah non ! Pas toi, tu n'es bonne à rien !
Il dégagea sa main violement, ce qui lui fit un mal de chien, et traversa la pièce sans savoir comment. Il bouscula Charlie et sa fiole d'essence de Murlap. Il courut jusqu'à sa chambre et s'assit sur son lit, sa main blessée contre son estomac. Quand il rentrerait à Poudlard il allumerait un grand feu avec tout le courrier que lui avait envoyé Percy. Un grand feu de joie au milieu du parc, et il y jetterait Percy dedans, son badge de Préfet et ses lunettes d'écaille de dragon. Il n'entendit pas frapper, ni la porte s'ouvrir.
- Heu… fit Harry.
Il alluma la lumière et il comprit pourquoi Ron préférait rester dans l'ombre. Il pleurait.
- Tu as mal ? demanda Harry. Tu aurais dû laisser Hermione soigner ta brûlure ou du moins tremper tes doigts dans l'essence de Murlap. Ca fait vraiment du bien, tu sais.
Comme Ron ne répondait pas, il s'approcha encore. C'était très désagréable de voir pleurer Ron. D'abord parce que ça ne le rendait pas plus beau, ensuite parce qu'Harry savait qu'il était en partie responsable de sa désolation.
- J'ignorais qu'il t'écrivait encore, dit-il gauchement. Ginny m'a dit que tu avais des dizaines de lettres comme ça. Pourquoi ne m'en as-tu pas parlé ?
- Et tu voulais que je te dises quoi ? grogna Ron. Salut, Harry, j'ai encore reçu un hibou de Percy qui me dit que tu es la cause de tous les malheurs de la famille, du Ministère, de l'Angleterre et du monde ? Que je devrais te laisser tout seul face à tes problèmes et que je devrais aussi m'éloigner d'Hermione, qui ne vaut pas mieux que toi malgré son badge de Préfète. Que tous les deux vous alliez me mener tout droit à la mort, comme tous ceux qui s'étaient approchés trop près de Tu-Sais-Qui…
- Ben… fit Harry si tu m'avais dit que Percy continuait à t'écrire des choses de ce genre, j'aurais pu te répondre que je t'étais reconnaissant de rester mon ami quand même.

Il s'assit à côté de Ron. Celui-ci se leva d'un bond. Il se réfugia à l'autre bout de la chambre.
- Je veux bien croire qu'il se soit laissé emberlificoter par Fudge l'année dernière, continua Ron en criant presque. Même si je ne peux lui pardonner le mal qu'il a fait à maman. Mais là, il a bien vu que nous avions raison. Que tu avais raison… Ce n'est qu'un sale Scrout à pétard ! Ca ne m'étonne pas que ce soit lui qui m'ait donné Croûtard ! Ils faisaient la paire tous les deux !
- Tu dis n'importe quoi ! répondit Harry sans conviction. Il faut du temps à Percy pour se remettre de ce qu'il a vécu.
- Oui, fit la voix d'Hermione devant la porte laissée entrouverte. Il vient de réaliser que Fudge lui a menti, comme aux autres, que celui qui était son modèle a failli. Il a tout perdu, Ron. Et le traitement que lui a fait subir Pettigrew n'a pas arrangé les choses. Il est en train de se rendre compte qu'il risque de te perdre aussi.
Elle tenait un bol rempli du liquide jaune de l'essence de Murlap. Elle entra dans la chambre et le posa sur le secrétaire.
- Ne fais pas ta mauvaise tête, Ron. Ca servirait à quoi que tu te fasses du mal ? Ca n'aidera pas plus Percy. Viens soigner ta brûlure, ou Charlie ne me le pardonnera pas.
- Et pourquoi c'est pas lui qui est venu ? Le spécialiste des brûlures c'est lui, pas toi.
- Je suppose qu'il préfère protéger Tonks des regards incendiaires de ta mère que te protéger toi de ma maladresse, dit-elle sur un ton enjoué. J'ai comme l'impression que Molly n'apprécie pas vraiment ce qui commence entre Charlie et elle.
Ron s'avança. Il tendit sa main à Hermione. Le geste réveilla la douleur. Il ne put s'empêcher de grimacer. Elle plongea les doigts de Ron dans le bol. Harry se leva. Il toussota et dit :
- Je crois qu'on m'appelle.
Ron leva sur lui des yeux éberlués. Hermione eut un demi sourire. Harry sortit et referma la porte. Il ferma les yeux et croisa les doigts, s'attirant un regard perplexe de Remus Lupin qui sortait lui-même de sa chambre.

Le silence. Le sourire d'Hermione s'élargit, un peu triste.
- Bon, fit-elle dans un soupir. Tu laisses tremper jusqu'à ce que tu ne ressentes plus de douleur, et ce sera parfait…
Elle remonta vers la porte et posa sa main sur la poignée.
- Hermione ?
- Oui ? dit-elle sans se retourner.
- S'il y a une chose que je ne regrette absolument pas dans ma vie, c'est de t'avoir embrassée. Par contre, j'ignore tout à fait pourquoi je suis parti. Et ce que je comprends encore moins c'est pourquoi tu ne m'en veux pas plus que cela. Moi à ta place, je m'aurais transformé en Ronflak cornu.
- Est-ce que cela t'embête que je ne l'aie pas fait ? demanda Hermione toujours face à la porte.
- Oui, avoua Ron.
Elle se retourna lentement vers lui :
- Alors c'est parfait…
Elle ouvrit la porte et sortit en disant : Quand tu auras fini, tu ramèneras le bol à Deepher, Ron ? Merci.

Fleur arriva la dernière, dans une tenue si éblouissante qu'elle éclipsa les lumières du sapin de Noël. Mr Granger s'inclina devant elle et lui avoua qu'il n'avait jamais vu plus belle femme de sa vie. Hermione grogna, tandis que sa mère écarquillait les yeux sur la jeune femme qui minaudait. Il ne fallait pas dire cela, elle était en retard, elle avait à peine eu le temps de sauter dans une vieille robe qui traînait par-là. Ginny retint un rire. Elle croisa le regard d'Harry, et tous deux surent qu'ils imaginaient la jeune Fleur sautant littéralement dans sa robe. Ils se détournèrent vers Ron qui pour une fois n'avait pas une attention pour la fiancée de son frère. Il n'avait d'yeux que pour Hermione qui avait réussi le compromis de porter une tenue moldue tout en ayant l'air d'une sorcière de pure souche. Il en oubliait la douleur dans le bout de ses doigts. Il allait s'approcher d'elle lorsque sa mère le devança. Elle serra Hermione dans ses bras, la complimenta sur sa tenue et sur sa mine resplendissante. Elle trouva très jolie aussi la barrette qui relevait ses cheveux dans un chignon vaporeux. Hermione en eut un peu assez des échanges entre Mrs Weasley et sa mère – quand on pense qu'il y a deux mois elle tenait à peine debout… Ron non plus ne tenait pas à entendre ces réflexions. Car cela le ramenait à la contribution de Rogue dans la guérison de la jeune fille. Il la suivit près de la cheminée où s'étaient retrouvés les jeunes gens. Ron toisa Ginny de la tête aux pieds. Elle portait la même tenue que le soir du bal de Noël. A un détail près :
- J'ai l'impression que ta robe était un peu plus décolletée le soir du bal de l'école, dit-il.
Ginny lui adressa un haussement de sourcils par-dessus son verre de bièraubeurre. Hermione et elle échangèrent un regard moqueur.
- Attention, Ginny, il va te traiter de… gourgandine, retrouva Hermione.
- C'est déjà fait, répondit Ginny.
Ron rougit des oreilles :
- Cela te va bien de dire ça, Hermione, toi qui t'est déguisée en Vélane !
Harry recracha sa gorgée de bièraubeurre sur la robe de gala de Ron.
- Tout va bien, Harry ? demanda Bill de l'autre côté de la salle.
Harry leva la main pour signifier que tout allait bien. Il ne pouvait encore parler sans éclater de rire. Les yeux furibonds d'Hermione ne calmaient certes pas son fou rire. Elle quitta leur compagnie, très digne.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Ginny, un coup d'œil irrité à son frère.
- Tu le verras lors de notre prochain match ! réussit à dire Harry.

Dumbledore entra dans le Grand Salon accompagné de Maugrey et Arthur Weasley. Les Granger furent rassurés par la présence du vieux mage, même si celle de Maugrey les surprenait encore. Mrs Weasley avait eu la sagesse de placer les parents d'Hermione loin du vieil Auror. Elle interrompit heureusement son geste lorsqu'il porta la main à son œil magique.
- Alastor ! gronda-t-elle. Pas dans les verres en cristal ! Allez faire cela à la cuisine !
- Et pas devant Deepher ! ajouta Fleur, la bouche pincée dans une grimace de dégoût. Vous allez le faire mourir de peur, Monsieur Maugrey !

Dumbledore fit asseoir tout le monde. Mrs Weasley jeta un regard satisfait sur la tablée. Bill avait fait un effort de présentation, et s'il n'avait pas décroché son crochet de serpent de son oreille ni raccourci ses cheveux, il avait échangé le vieux lacet qui lui tenait lieu de catogan contre un ruban de satin noir. Elle devinait l'influence de Fleur dans la chemise blanche de style Louis XV qu'il portait pour la soirée sous un gilet de soie noir. Charlie avait une robe de sorcier de gala qui avait dû être bordeaux. Elle était très démodée, mais cela n'avait pas l'air de chagriner le jeune homme. Il l'avait mise uniquement pour faire plaisir à sa mère et parce que Fleur voulait qu'on "s'habille" pour le repas de Noël. A côté de lui, Tonks s'était aussi "habillée". Le problème était qu'elle n'avait pas du tout le même sens de la tenue de soirée que Fleur, ou même Mrs Weasley. Elle portait une robe noire, très courte. Trop courte, avait pensé Molly si fort que Charlie avait malgré lui baissé les yeux sur les genoux de Tonks. De fort jolis genoux, d'ailleurs. Et ses cheveux étaient bleus, assortis à ses yeux, ce soir-là. Mrs Weasley avait trouvée Ginny splendide, et écrasé une larme au coin de l'œil. Les jumeaux étaient… les jumeaux. Il n'y avait rien à dire sur eux. Ou beaucoup trop. Quant à Ron, il paraissait s'être remis de l'émotion que lui avait causé la lettre de Percy. Et sans doute, la petite Hermione à côté de lui y était-elle pour quelque chose. Harry, par contre, lui faisait un peu de peine. Il souriait, il riait avec tous. Cependant elle devinait, dans son cœur de mère que cet enfant n'était pas heureux.

A la fin du repas, pourtant Harry se sentait parfaitement détendu. Il avait entendu Mr Weasley parler toute la soirée avec les Granger, poser mille questions aussi saugrenues que futiles, mais dont les réponses paraissaient avoir pour lui la plus grande importance. Dumbledore avait échangé quelques éclats de rire avec Remus et Alastor n'avait pas cessé de maugréer. Tout le monde avait parlé Quidditch, sauf Hermione. Elle si bavarde n'avait pas beaucoup ouvert la bouche. Harry lui avait demandé si tout allait bien, et elle avait simplement hoché la tête en souriant. Il s'était interdit de le faire, pourtant il ne put s'empêcher de plonger son regard dans le sien. Elle n'avait pas détourné la tête. Il n'avait pas vraiment lu dans son esprit ; il avait juste ressenti cette impression étrange d'émotions mêlées. Puis elle avait repoussé de la main en riant.
- N'essaie pas d'aller plus loin, Harry. Tu en verrais plus que tu ne veux savoir. Et ne recommence pas, je le saurais…
Harry en était bien conscient. Ce n'était pas la première fois qu'on lisait dans ses pensées. Et elle savait ce qu'il fallait faire pour fermer son esprit. Il ne put pousser plus loin ses investigations. Ron se penchait vers eux.
- Qu'est-ce qui se passe ?
- Oh ! fit Hermione. Une chocogrenouille.
Elle tendit la main vers la grenouille en chocolat qui venait de sauter sur la table. La grenouille fit un autre bond puis un autre et encore un autre…
- Mais… que… Fred ! George ! s'écria Ron, partagé entre le rire et l'exaspération.
Les jumeaux lâchèrent alors sur la tables des paquets entiers de chocogrenouilles qu'ils avaient enchantées à leur manière, afin qu'elles fassent une bonne dizaines de bonds avant de finir dans l'estomac des convives. Elles sautaient partout, très haut, très fort. Dumbledore riait aux larmes, ainsi que Mr Weasley et Lupin. Mrs Weasley était furieuse. Maugrey réfléchissait déjà à l'usage militaire qu'ils pourraient faire de choses de ce genre. Les Granger étaient perplexes. Charlie se leva et attrapa une chocogrenouille au vol qu'il tendit à Tonks. Il en attrapa une autre pour Ginny. Puis il défia Harry d'en faire autant.
- Il en attrapera le double ! paria Ron à sa place. Allez Harry ! On te soutient !
Les jumeaux se mirent à crier "Allez Charlie !" tandis que Ron et Ginny hurlaient "Harry ! Harry ! Harry !" Puis Fred s'en fut décrocher une boule de Noël qu'il rendit incassable et la passa à George qui la lança sur Harry pour lui faire rater sa prise. Ron bondit à son tour, fit de même et lança la boule à Ginny pour qu'elle l'envoie sur Charlie. En quelques minutes, les boules du sapin volaient à travers la table. Bill, Charlie, les jumeaux d'un côté ; Harry, Ron, Hermione et Ginny de l'autre. Ron organisait la défense, encourageait ses troupes. Ginny visait très bien et récupéraient les boules en plein vol pour les relancer aussi sec. Hermione était moins habile. Ron lui avait désigné George comme cible et celui-ci se moquait d'elle chaque fois qu'elle ratait son but. Ce dernier se permettait même de l'encourager :
- Allez ! Hermione ! C'est pas demain la veille que tu entreras comme batteuse dans l'équipe de Gryffondor, ma toute belle !
Il reçut une boule entre les deux yeux, de la part de Ron.
- Pense à ce qu'il t'a dit sous le comptoir de sa fichue boutique ! cria Ron à Hermione. Voilà, c'est bien ! Ginny, attention derrière toi !
Harry attrapait les grenouilles et les mettait dans sa robe de sorcier relevée en tablier. Elles sautaient à l'intérieur et le gênaient pour lever le bras et tendre la main. Il riait tellement qu'il manquait de souffle. Heureusement pour lui, Charlie était dans le même cas. Il saisit une grenouille par une patte ; qui resta dans sa main. La grenouille tomba. Harry se précipita. Charlie sauta dessus. Sa main se referma juste au dessus du décolleté de Fleur. La jeune femme fit un bond en arrière, sa robe moulante agitée des soubresauts inutiles de la grenouille en chocolat. Elle poussa un cri.
- Bill ! appela Charlie.
- Ça ne compte pas ! criait Ron. Ca ne compte pas ! C'est l'attrapeur qui doit attraper la grenouille pas le batteur !
- Ne bouge pas, conseilla Tonks à Fleur entre deux rires. Elle va finir par se calmer toute seule.

Mais la chocogrenouille ne cessait de s'agiter. Fleur partit en courant vers les toilettes. Bill hésita. Fred lui lança une boule de Noël, il la lui rendit. Charlie et Harry lâchèrent les chocogrenouilles et se jetèrent dans la bataille de boules. Ginny était presque couchée sur Hermione, épuisées de rire. Lorsque Fleur revint, Dumbledore se leva pour quitter la table.
- Mes enfants, commença-t-il. Vous m'avez offert là le plus merveilleux Noël dont on puisse rêver. Molly ne soyez pas trop sévère avec eux.
Harry se releva, un peu dégrisé.
- Vous partez, Professeur ? s'inquiéta-t-il.
- Oui, mais nous nous reverrons avant la fin des vacances, Harry, répondit Dumbledore.
Harry fondit sur le sapin dépouillé de ses ornementations. Hermione et Ginny s'aidèrent mutuellement à se remettre sur pieds.
- Nous avons quelque chose pour vous, Professeur, dit Harry tandis qu'il trouvait enfin ce qu'il cherchait dans l'amas des paquets cadeaux.
Dumbledore sourit. Il prit le paquet des mains d'Harry et commença à l'ouvrir. Harry se sentait soudain stupide.
- Des chaussettes ! s'écria Dumbledore. De bonnes et chaudes chaussettes neuves. Je vois que tu n'as pas oublié mon conseil de la rentrée, mon garçon.

Harry fut soulagé. D'autant plus que Dumbledore tendait la main vers le paquet d'Hermione.
- Une plume en sucre ! Quelle bonne idée, Hermione. Et du chocolat ! C'est excellent pour les neurones ! Est-ce que tu penses que j'en ai besoin, Ron ?
Ron rougit. Il lança un regard désespéré vers Harry et Hermione. Les yeux pétillants de malice de Dumbledore le firent rougir davantage. Le Directeur remercia Fleur, encore un peu fâchée de sa mésaventure. Il salua tout le monde en général et les Granger en particulier. Maugrey le suivit, au soulagement de tous. Puis Fred enchanta le piano dans le coin de la pièce. Ils entendirent Dumbledore dans le couloir qui confiait à Arthur :
- Ah ! la musique !…

Deepher débarrassait la table en fredonnant. Charlie emmena Tonks danser près du piano. Bill voulut faire de même avec Fleur, mais celle-ci boudait. Il se pencha à son oreille et elle finit par céder et se laisser mener par la main jusque devant la cheminée. Mr et Mrs Granger se laissèrent tenter eux aussi. Ils firent un signe de la main à leur fille en passant devant les jeunes gens écroulés dans les fauteuils. Fred donna un coup de coude à George. George donna un coup de coude à Fred. Puis George se leva et s'inclina solennellement devant Hermione. Ron renonça à croquer dans sa chocogrenouille. Son frère avait-il recommencé à renifler sa poudre aux Yeux de l'Amour ?
- Hermione, veux-tu me faire l'honneur ?
Hermione leva la tête vers lui, un sourire aux lèvres. Ron sourit aussi. George allait s'entendre dire son fait vite fait.
- Hé bien… Pourquoi pas, George ?
Elle se leva et il l'emmena danser. Il la faisait tourner sans se soucier du rythme de la musique. Il la faisait rire.
- Tu n'aimes pas ? demanda Fred.
- Quoi ? fit Ron de mauvaise humeur.
- Ta chocogrenouille ? On a bien fait attention pourtant que les sortilèges n'altèrent pas le goût.
Ron regarda la grenouille en chocolat qui fondait entre ses doigts. Il la posa sur la table basse et s'essuya les doigts au napperon. Ginny fit "beurk" en lui tirant la langue. Elle se tourna vers Harry et lui demanda de la faire danser. Harry accepta, parce qu'il n'avait aucune raison de refuser. Le sourire de Ron mit des couleurs à ses joues. Il prit bien soin de lui tourner le dos le plus souvent possible. Il marcha sur les pieds de Ginny cinq ou six fois et George les bouscula autant de fois. Il faisait des clins d'œil appuyés à Harry. Hermione avait beaucoup de mal à l'empêcher de s'approcher d'eux. Puis Fred délogea son frère. Il souleva Hermione de terre et la fit tourner dans un rythme endiablé.
- Fred ! cria Mrs Weasley depuis l'autre bout de la pièce.
- La barbe ! murmura Fred dans les cheveux d'Hermione. Elle a des oreilles et des yeux à rallonge naturels ! Pire que l'œil de Maugrey.
Hermione se mit à rire. Fred lui sourit :
- Je crois que Ron est au bord de l'implosion. murmura-t-il. Alors, qu'est-ce qu'il a fait ? Il a invité une autre fille au bal ? Il s'est encore laissé séduire par une vélane ? Je t'assure que si tu me le dis, je t'aide à te venger.
Hermione éclata de rire. Ron devint cramoisi. Fred compta : un… deux… trois…
A trois, Ron se leva. Il avança d'un pas décidé vers Fred et Hermione. Et George arrêta le piano.
- Il est minuit ! s'écria Mr Granger. Joyeux Noël à tous !

Tout le monde se précipita vers le sapin pour s'embrasser et s'offrir les cadeaux qu'ils avaient apportés. Ron resta tout seul devant la cheminée. Il sentit la petite main de Ginny se glisser dans la sienne.
- Viens, dit-elle doucement, espèce d'andouille.
Tous les cadeaux étaient ouverts. Fred dormait dans le fauteuil devant la cheminée. Les Granger et les Weasley devisaient tranquillement dans un coin de la pièce. George s'était assoupi la tête dans le bras à la table du repas. Sous le sapin, Harry, Ron, Hermione et Ginny, assis au milieu des papiers, chuchotaient. Ils étaient morts de fatigue, pourtant ils n'avaient aucune envie d'aller dormir, pour prolonger encore ces moments. Harry portait le pull de Mrs Weasley qui avait tenu à le lui faire essayer pour voir s'il lui allait bien. Ron, ravi, tenait sur ses genoux le nécessaire à balai qu'Hermione lui avait offert. Le même qu'Harry, auquel elle avait rajouté quelques onguents de sa composition contre les coups et les ecchymoses. Ginny caressait son Eclair de Feu avec tendresse.

Hermione se leva d'auprès d'eux. Elle leur fit un signe de l'index sur ses lèvres pour ne pas troubler le silence bienfaisant. Elle tenait à la main une petite boite de chocolat. Ron sut qu'elle allait trouver Deepher. A pas de loup, Hermione entra dans la cuisine. L'Elfe faisait la vaisselle. Elle l'appela doucement et lui tendit son présent :
- Hum ! fit-elle. Voici pour toi, Deepher. Joyeux Noël.
L'Elfe la regarda avec des yeux aussi paniqués que le premier jour.
- C'est pour toi, Deepher, insista Hermione. Ce sont des chocolats. Tu aimes les chocolats ?
Elle ouvrit la boite et la posa sur la table.
- Miss Delacour est au courant et elle a dit que tu pouvais les prendre, prétendit-elle.
L'Elfe se détentit un peu.

Hermione sortit à reculons. Lorsqu'elle referma la porte, elle vit Deepher s'approcher des chocolats et tendre vers eux une main tremblante. Elle l'observa quelques secondes prendre la friandise entre ses longs doigts noueux et la porter à sa bouche avec délices. Un sourire de satisfaction s'élargit sur son visage puis il retourna à sa vaisselle en fredonnant.