Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Chapitre 32
Réunion d'Etat-Major
Les jours qui suivirent furent trop courts. Les parents d'Hermione repartirent le soir du 25 décembre. Mrs Granger pleura un peu et Hermione fut triste toute la soirée. Le lendemain Mrs Weasley leur rappela qu'ils avaient du travail à rendre pour la rentrée. Ils travaillèrent tous les quatre dans le petit salon. La joie exubérante de la veille de Noël avait laissé la place à une douceur de vivre tranquille. Ils leur semblait qu'ils étaient en dehors du temps. Harry espérait que Dumbledore n'avait pas oublié sa promesse de le revoir bientôt. Si Hermione avait raison, que pouvaient-ils faire à Poudlard en leur absence ? Il n'avait parlé à personne de son rêve. Il aurait dû. Il aurait dû se débarrasser de ce fardeau dès le début.
- Harry ? Tu m'écoutes ?
La voix de Ron le ramena dans le petit salon de l'Hôtel Delacour.
- Est-ce que tu sais pour qui est la boîte de chocolat qu'Hermione garde dans sa chambre ?
- Je ne sais pas, répondit Harry distraitement. Pour Neville peut-être.
- Ah ! soupira Ron. Pour Neville, tu crois…
Harry fut sur le point de lui dire qu'Hermione avait des notions d'occlumancie. Quelque chose le retint.
- Oh ! bon sang ! dit-il soudain.
Il se frappa le front. Quel idiot ! Non mais quel idiot !
- Tu vas bien, Harry ? Ta cicatrice te fait mal ? s'inquiéta Ron.
La tête de Charlie, dans le sofa, émergea de la Gazette du Sorcier. Il leva les yeux vers les deux garçons. Harry fit semblant de se replonger dans son devoir.
- Non ! Non ! Je viens juste de penser à quelque chose que j'ai oublié à l'école.
Ron hocha la tête, perplexe tout de même. Harry se pencha vers lui et lui murmura : Suis-moi.
Il se leva, laissant Ron encore plus désorienté. Ce dernier le suivit quelques secondes plus tard, jusque dans leur chambre. Harry ferma la porte et dit à voix basse.
- Je crois que je sais ce qu'Hermione faisait chez Rogue tout ce temps.
Harry n'eut pas le temps de retenir son ami. Ron fonça droit chez sa sœur et Hermione. Il ouvrit la porte sans frapper.
- Hé ! fit Ginny. On frappe avant d'entrer chez une dame !
Ron la bouscula pour se diriger vers Hermione. Il saisit la jeune fille par les épaules et la secoua :
- POURQUOI L'AS-TU LAISSE FAIRE CELA ! cria-t-il.
Hermione jeta un regard désespéré à Harry qui refermait la porte de la chambre des filles.
- Ron ! Tu es ridicule ! disait Ginny, tout aussi ébranlée qu'Hermione.
- Quand je le disais qu'il lui avait fait un lavage de cerveau ! s'écria Ron de plus belle. Vous croyez que je ne vois pas plus loin que mon nez, mais je suis plus clairvoyant que vous tous ! Il veut la retourner contre nous ! Mais pourquoi as-tu laissé ce vieux dégoûtant entrer dans ton esprit !
Hermione regarda Harry, peinée et courroucée. Celui-ci secoua la tête :
- Je t'assure que je ne l'ai pas lu dans ton esprit, Hermione, se hâta-t-il de dire. C'est juste que je viens de comprendre !
- Et tu t'es dépêché d'aller le raconter à ton cher ami Ronald Weasley ! grinça Hermione.
En fait, Harry n'avait pas pensé que Ron réagirait aussi… hé bien aussi violement.
- ET COMMENT CROYAIS-TU QU'IL PRENDRAIT LA CHOSE ! cria Hermione à son tour. POURQUOI CROIS-TU QUE JE N'AVAIS RIEN DIT ?
Pattenrond s'appuya sur les genoux de sa maîtresse, un grognement inquiet au fond de la gorge. Elle n'arrivait pas repousser Ron.
- TU ME FAIS MAL !
Il la lâcha brutalement.
- Mais… bredouilla-t-il. Pourquoi il…? Pourquoi tu devrais… ? POURQUOI ?
- Mais pourquoi quoi ? demanda Ginny qui ne pouvait admettre ce qu'elle était en train de comprendre.
- J'ai pris des cours d'occlumancie avec le Professeur Rogue, lui apprit Hermione âprement.
Ginny tomba sur le lit. C'était effectivement ce qu'elle avait compris.
- Mais pourquoi ? demanda-t-elle elle aussi.
- A cause de moi, répondit Harry. N'est-ce pas, Hermione. Rogue s'est dit que je résisterai pas à la tentation de lire dans les esprits de tout le monde et il ne veut pas que j'accède à tes pensées secrètes…
L'ironie de son ami n'échappa guère à Hermione. Son amertume non plus.
- Oui, acquiesça-t-elle avant d'ajouter : et non.
Ron sursauta, de rage contenue.
- Cela ne veut rien dire ! Ca ne peut pas être oui et non !
- Est-ce que cela a un rapport avec ce qui est arrivé cet été ? demanda Ginny.
Ron se tourna vivement vers sa sœur. Harry songea qu'il n'avait effectivement pas pensé à cette éventualité. Hermione ne répondit pas.
- Je suppose que cela veut dire oui, reprit Ginny. Donc Rogue t'enseigne l'occlumancie pour que tu fermes ton esprit au cas où Harry voudrait lire dedans de peur qu'il n'apprenne certaines choses sur ce qui s'est passé dans les souterrains du château.
- En partie, oui, se décida à répondre Hermione, calmée.
- Mais… pourquoi ?…
- MAIS SI JE VOUS DIS POURQUOI A QUOI CA AURAIT SERVI QUE JE PRENNE DES COURS D'OCCLUMANCIE ?
- TRES BIEN, hurla Ron à son tour. GARDE DONC TES SECRETS POUR CE SALE RAT DE ROGUE !
Toc ! Toc ! Toc ! Harry ouvrit la porte. La tête de Charlie apparut, un sourire aux lèvres.
- Salut les filles ! Ronnie, je peux te parler deux minutes ?
Ron sortit et Charlie referma la porte derrière eux.
- Tu peux partir aussi Harry, lui dit Hermione en lui tournant le dos.
Le jeune homme se sentait vraiment mal à l'aise.
- Je suis désolé, Hermione, murmura-t-il.
- Je ne comprends pas comment tu as pu parler de cela à Ron ! souffla Ginny, apparemment irritée, elle aussi. Tu sais pourtant combien il déteste Rogue et combien il peut se montrer…
Elle jeta un regard inquiet à Hermione tandis qu'elle prononçait le mot : jaloux.
Harry baissa la tête. Il sortit, un peu déprimé. Se pourrait-il que Ron ait raison, pour une fois. Que Rogue tienne avec Hermione le moyen de les diviser et de leur faire perdre la confiance qu'ils avaient les uns dans les autres. Il retourna dans sa chambre où Ron vint le rejoindre un peu plus tard.
- Que voulait Charlie ? demanda-t-il, plus pour parler que pour savoir.
- Rien ! grogna Ron.
Puis il changea d'avis.
- En fait, il voulait me dire que ce n'était pas en hurlant après Hermione que j'arriverai à quelque chose avec elle.
- Oh ! fit Harry en souriant. Après les bons conseils de Bill, voici les bons conseils de Charlie.
- Mais pourquoi tout le monde veut me dire ce que j'ai à faire avec Hermione, hein ? J'ai pas besoin qu'on me dise ce qu'il faut faire, j'ai besoin qu'on me dise ce qu'elle a dans la tête.
- Si tu comptais sur moi pour te le dire, tu sais à présent que c'est impossible, ironisa Harry. Mais peut-être que tu devrais quand même écouter les conseils de ton frère, Ron. Après tout, Charlie s'est quand même débrouillé pour faire tomber Tonks dans ses bras.
- C'était facile ! Il n'avait qu'à attendre qu'elle se casse la figure pour la rattraper !
Il s'assit au pied du lit de Harry
- Tu savais que Rogue était ici ? demanda-t-il. C'est Lupin qui l'a dit à Charlie alors qu'il ne m'avait pas vu : Severus est arrivé, Charlie. Réunion d'Etat-Major dans dix minutes ! Dis Harry ? Qu'est-ce qu'il fait vraiment en Roumanie Charlie ?
- Heu… il étudie les dragons, proposa Harry.
- Alors pourquoi il participe à une réunion d'état-major ?
Harry fixa Ron dans les yeux. Il lisait son inquiétude pour Charlie dans son regard bleu.
- Tu sais quoi, Ron, nous aussi on doit avoir une réunion d'état-major. Dans le petit salon, dans cinq minutes. Va chercher les filles, je te rejoins.
Ron hésita. Fallait-il vraiment que ce soit lui qui dût aller chercher les filles ?
Ron attendait Harry dans le petit salon, près de la cheminée. Deepher préparait l'âtre pour allumer le feu de l'après midi. Il s'apprêtait à sortir lorsque Ginny, assise dans l'un des fauteuils près de la fenêtre lui demanda pourquoi il ne claquait pas des doigts pour disparaître, comme tout Elfe de maison qui se respectait.
- La jeune maîtresse, je veux dire Miss Fleur, se reprit Deepher, ne tient pas à ce qu'on se déplace de cette façon dans les pièces communes de la maison, Miss.
- C'est pour cela que personne ne transplane ici, dit Hermione à l'autre bout de la pièce.
- Oui, Miss, lui sourit Deepher. Uniquement dans les chambres et le bureau du Grand Maître. Mais Deepher n'a pas le droit d'y aller. Deepher l'appelle la Chambre du Secret.
Ron sursauta. Les trois jeunes gens s'entreregardèrent pour la première fois depuis qu'ils étaient entrés dans le salon.
- Pourquoi ? fit Ron.
- Parce Deepher a essayé d'écouter un jour à la porte et tout ce qu'il a entendu c'était le murmure du sortilège du secret.
Ron leva les yeux vers Hermione, dans une interrogation muette.
- Le sortilège du Secret, commença Hermione sur un ton docte, est le sortilège qui permet de sceller un objet, un endroit, de manière à ce que personne ne puisse y avoir accès s'il n'est pas invité.
- Comme le sortilège de Fidelitas ? demanda Ginny.
- Pas tout à fait, Ginny. Le Fidelitas cache le lieu qu'il protège. Le Secret empêche par exemple quelqu'un qui n'est pas autorisé à assister aux réunions d'état-major de l'Ordre d'entrer dans la pièce, ou d'écouter aux portes…
Ron hocha la tête et jeta un regard entendu dans le dos de l'Elfe :
- J'imagine qu'ils ont retenu la leçon de Kreattur.
- Et des Oreilles à rallonge, riposta Hermione.
Deepher quitta le salon d'un pas traînant au moment où Harry entrait. Le jeune homme ferma la porte.
- Tu ne pourrais pas faire ce truc, demanda Ron à Hermione. Le sortilège du secret, là.
- C'est un sortilège difficile, et non seulement je ne connais pas l'incantation adéquate, mais, ainsi que tu l'as fait remarqué il y a quelques jours, je ne suis bonne à rien en ce moment.
Harry renonça à savoir de quoi ils parlaient. Il leur fit signe de se rapprocher autour de la table basse devant la cheminée. Il leur raconta son rêve du serpent.
- Il était à Poudlard ? s'exclama Ron à voix basse. Tu en es sûr ?
- J'en suis sûr, Ron.
- Et tu as vu la porte de la chambre des secrets ? reprit Ron.
- Un sortilège de confusion ! murmura Hermione.
- Qu'est-ce que tu dis ? questionna Ron.
- Rien ! Continue Harry, s'il te plait.
- Oui, il m'a montré la porte de la Chambre des Secrets ! répéta Harry agacé.
- Il veut que tu ouvres la porte, dit Ginny.
- Mais pourquoi ? demanda Ron. Puisqu'il a Malefoy !…
- Malefoy a échoué une fois déjà, commenta Hermione. Voldemort est impatient. Il veut que tu ouvres la porte, que tu descendes dans la chambre des secrets à nouveau, que tu découvres ce qu'il y a à découvrir, et que tu le ramènes à Drago…
- Harry ne ferait jamais cela ! s'écria Ron avec colère.
- Je n'ai pas dit qu'il le ferait, sauf sous l'emprise de l'Impérium, peut-être… reprit calmement Hermione. Mais Drago ne le maîtrise pas encore... Enfin, normalement… Et même s'il le maîtrisait, Harry y résisterait sûrement… Et j'ignore s'il est possible de lancer un sort à travers un miroir… Je veux simplement dire que c'est ce que veut Voldemort. Quelque chose qui est encore dans la Chambre des Secrets…
Elle baissait les paupières :
- Et il cherche le moyen de l'obtenir.
- C'est pour cela qu'il a envoyé Nagini, tu crois, souffla Harry.
- Nagini ne peut rien lui ramener, Harry. Il était là pour une autre raison.
Elle leva les yeux vers lui.
- Pour faire entrer Voldemort à Poudlard ! murmura Ginny en frissonnant.
- Son esprit seulement, corrigea Harry.
- Son esprit est puissant, Harry…
- Oui, reprit Ron, c'est ce que je disais : il t'envoie son serpent pour te tuer au nez et à la barbe de Dumbledore. Mais comme il ne peut le faire au grand jour, parce son boa constrictor ne passerait pas inaperçu dans le décor de l'école, il t'attire dans la chambre des secrets où il pourra te planter les crochets dans le corps sans que personne ne s'en aperçoive.
Il soupira, presque soulagé.
- Bon, c'est bien. Maintenant qu'on sait cela, on n'a plus qu'à ne pas ouvrir la porte. Et tu ne risques rien, Harry.
Ginny fixait Hermione. La jeune fille regardait son frère avec exaspération, pourtant un sourire indulgent se dessina sur ses lèvres.
- Oui, approuva-t-elle à la surprise de Ginny et à celle encore plus grande de Harry. Il faut tenir fermée cette porte, Harry. Pour l'instant, du moins.
Harry déclara que c'était bien là son intention. Ron fut satisfait. Ginny soupira. Hermione baissait les yeux.
- Bien ! fit Harry et Ron crut qu'il levait par là la séance.
Il posa sur la table un paquet enveloppé de papier kraft. Il l'ouvrit et dit à Hermione :
- Sais-tu ce que c'est ?
Même Ron comprit qu'elle se retenait de lui demander s'il ne la prenait pas pour une idiote.
- Je crois bien que c'est un miroir, Harry. Et même un miroir brisé…
- C'est un miroir magique, précisa le jeune homme.
Hermione saisit les deux morceaux précautionneusement :
- Où l'as-tu eu ? Et pourquoi est-il cassé ?
Harry ne répondit pas tout de suite. Il savait qu'il lui faudrait affronter le flot de questions de ses amis.
- Sirius me l'avait donné à Noël dernier. C'était celui dont ils se servaient, mon père et lui pour communiquer.
Hermione leva sur lui des yeux à la fois fascinés et interloqués.
- Mais… Harry… pourquoi…. ?
- Pourquoi tu ne t'en es pas servi pour contacter Sirius le soir où… commença Ginny.
- Mais tu te rends compte que si tu l'avais fait on n'aurait pas eu besoin de se rendre au Ministère !
- Je sais ! dit Harry en baissant la tête.
- Mais c'est stupide ! reprit Ron. C'est la plus grossière des erreurs que tu aies faite, à part de sortir avec cette vacherie de Cho !
- Je sais ! répéta Harry, un peu agacé.
- Pourquoi ne nous en as-tu pas parlé ? Cela aurait évité à tous des problèmes sérieux ! On aurait tous pu se faire tuer ! Il aurait pu avoir la prophétie ! Et Sirius… Sirius…
- RON ! commanda Hermione. Il sait tout cela.
Le visage d'Harry était fermé. Il détourna les yeux de l'âtre où dansaient les flammes rouges. Il ne pouvait plus voir un feu de cheminée sans s'attendre à y voir apparaître la tête de son parrain.
- Pourquoi nous montres-tu cela aujourd'hui ? demanda Ginny.
- Je voulais savoir si Hermione pouvait le réparer.
- Moi ? fit cette dernière. Tu pourrais le réparer tout aussi bien toi-même !
- Oui, acquiesça Harry. Mais moi je ne suis pas sûr de pouvoir l'enchanter pour qu'il fonctionne pour Ron et moi.
Ron releva la tête vivement.
- Pourquoi faire ? demanda-t-il maladroitement. On est toujours ensemble.
- Je me renseignerai, accepta Hermione. Mais je ne te garantis pas que je réussirai. J'aurai besoin de ton aide, Ginny. Et sans doute de celle de Luna aussi, pour interroger le professeur Flitwick. Il me faudra des livres et je n'ai pas le droit d'en emprunter sans une autorisation écrite du professeur Rogue. Tu pourrais les emprunter pour moi.
- Ne t'inquiète pas pour cela ! s'écria Ginny en riant. Dean te fera toutes les autorisations que tu voudras ! Il imite particulièrement bien l'écriture de McGonagall, mais celle de Rogue ne devrait lui poser aucun problème…
- C'est du propre, grogna Ron.
Hermione cacha un sourire. Elle remercia Ginny d'un hochement de tête.
- Mais il faudra un autre miroir du même genre pour que vous puissiez communiquer, reprit-elle.
Puis elle se leva, prit sa baguette, toussota dans son poing et…
- Non ! toi plutôt Ginny ! J'ai peur de rater mon sort et de tout gâcher…
Ginny se leva à son tour et dans un silence attentif elle dit :
- Reparo !
Les bords se ressoudèrent parfaitement. Harry le prit avidement entre ses mains. Il lutta quelques secondes contre le désir violent d'appeler Sirius.
- Dommage qu'on ne puisse pas vérifier s'il fonctionne vraiment, dit Ron près de la fenêtre.
- RON ! s'exclama Hermione encore une fois.
- Il a raison, dit Harry durement. Ce n'est pas ce que j'aimerais entendre de sa part, mais il a raison.
- "Il" n'aime pas beaucoup entendre non plus qu'"il" est un imbécile chaque fois qu'il commet une maladresse. Parce que jusqu'à preuve du contraire, "il" n'a encore causé la…
Ron se tut brutalement. Ses oreilles prirent feu. Hermione le fixait totalement effarée. Le regard de Ginny allait de Harry à son frère, et de son frère à Harry. Harry était pâle. Il posa le miroir sur la table et se força à l'envelopper lentement dans le papier marron. Il entendit Ron bafouiller : "Désolé Harry ! Désolé Hermione !" et fuir en courant. La porte s'ouvrit et se referma. Harry se retrouva seul face aux deux filles. Ginny se précipita dans ses bras et le serra contre elle.
- N'écoute pas ce que peut dire Ron, souffla-t-elle dans un reniflement.
Hermione posa sa main sur le bras de Harry et lui fit un pauvre sourire.
- Tu sais, il aimait Sirius presque autant que toi…
Harry lui ouvrit ses bras et les tint toutes les deux contre lui. A vrai dire, il aurait cru que Ron se montrerait plus agressif. Et les filles moins compréhensives. Il n'entendit pas la porte s'ouvrir à nouveau. Ils se retournèrent sur un "Hum", légèrement ironique.
- Harry ? désolé de te déranger, mais le Professeur Dumbledore voudrait te voir.
Le sourire goguenard de Charlie s'effaça de son visage. Les trois jeunes gens avaient l'air si graves… Hermione réagit la première. Elle demanda si le professeur Rogue était encore dans le bureau de l'Ordre. Charlie lui répondit d'un signe de tête. Elle se faufila d'entre les bras de Harry et Ginny et quitta vivement la pièce. Elle fit un saut jusqu'à sa chambre et courut jusqu'à la porte du bureau, un paquet à la main. Elle frappa discrètement, le cœur soudain battant la chamade. Un doute lui vint. Mais il était trop tard, Dumbledore la priait déjà d'entrer. Il lui fit un sourire de bienvenue. Rogue se tourna et sa surprise fut visible. Il s'attendait à voir Harry, à n'en pas douter.
- Bonjour Hermione, dit joyeusement Dumbledore. Tu m'as l'air d'aller de mieux en mieux. Qu'en pensez-vous Severus ?
Le visage de Rogue reprit son masque impassible.
- En effet, il semble que Miss Granger retrouve chaque jour de sa superbe.
Hermione baissa les yeux. Elle commençait à douter sérieusement d'avoir eu là une très bonne idée.
- Professeur, commença-t-elle…
Elle tendit sa boite de chocolat lentement. Rogue regarda le paquet, puis Hermione, puis Dumbledore.
- C'est pour vous, Monsieur, dit-elle un peu honteuse et très angoissée.
- Pensez-vous donc me soudoyer avec quelques morceaux de chocolat, Miss Granger ?
- Non, Monsieur, répondit Hermione très digne. Je voulais simplement vous remercier.
Et comme Rogue ne faisait aucun mouvement pour prendre le présent qu'elle lui offrait, elle le posa sur la table.
- Ne croyez pas que je sois insensible à votre reconnaissance, Miss Granger, reprit Rogue, alors qu'un tic familier agitait sa joue. Je ne pense pas la mériter autant que vous semblez le croire. J'ai agi sur les conseils supérieurs de personnes bien plus sages que je ne le suis.
Hermione glissa le regard vers Dumbledore qui avait l'air de s'amuser beaucoup. Bien plus en tous cas qu'elle-même.
- J'ai fait ce que je croyais devoir faire, Professeur. Je n'imaginais pas que vous pourriez croire que je cherchais à m'attirer quelques bonnes grâces de votre part.
Elle lui fit un petit signe de tête et s'apprêta à se retirer.
- Nous nous reverrons à la rentrée, Miss Granger, la rappela Rogue. Et vous oubliez quelque chose…
Il désigna le paquet sur la table.
- Severus ! dit doucement Dumbledore avec un sourire amusé.
On frappa à la porte : Voici Harry ! fit Dumbledore. Il fit signe à Hermione d'aller ouvrir. Elle sortit sur un au revoir digne, tandis que Harry pénétrait dans le bureau.
C'était, en fait, un salon où une longue table prenait toute la place, entourée de siège aux hauts dossiers. Harry s'était parfois imaginé la Table Ronde ainsi, sauf que celle qu'il avait sous les yeux était rectangulaire.
Dumbledore prit place dans le fauteuil en bout de table et invita Harry à s'asseoir. Rogue ne bougea pas. Harry devinait qu'il n'approuvait pas cette entrevue. Dumbledore appuya son dos au dossier du fauteuil et croisa ses longs doigts parcheminés sur sa barbe immaculée.
- Harry, commença-t-il dans un soupir… Je ne ferai pas insulte à ta perspicacité…
Rogue s'agita imperceptiblement derrière le directeur qui retint un sourire.
- Je ne doute pas que tu aies découvert pourquoi nous vous avons éloigné de Poudlard, tous les quatre…
Le cerveau d'Harry se mit à fonctionner à toute vitesse. Hermione avait dit quelque chose dans le petit salon. Qu'avait-elle donc dit le jour du bal, alors qu'ils sortaient tous du bureau de Rogue ?
- Pour la même raison que vous avez renvoyé tous les autres élèves de l'école ? fit-il d'un air entendu.
Le sourire de Dumbledore le convainquit de continuer sur la même voie.
- J'imagine que cela a également un rapport avec la présence à Poudlard du serpent de Voldemort l'avant-veille de Noël, reprit Harry, sur le ton le plus serein qu'il put donner à sa voix.
Rogue sursauta. Harry pourtant sut qu'entendre le nom de celui qu'il nommait le Seigneur des Ténèbres n'était pas la seule raison de son tressaillement.
Dumbledore fronça les sourcils. Il s'avança et posa ses mains toujours croisées sur la table. Harry ne lui laissa pas le temps de parler.
- Je l'ai vu. J'y étais. Il cherchait quelque chose, mais ne savait plus quoi. Vous avez lancé des sortilèges de confusion dans toute l'école ? Ou juste près de la porte de la Chambre des Secrets ?
Dumbledore se mit à rire.
- Hé bien, Severus ! Vous n'étiez pas d'accord pour lui laisser découvrir certaines choses, mais voilà que c'est lui qui nous apprend ce que nous ne savions pas !
- Ce que je remarque, Professeur, dit âprement Rogue, c'est qu'une fois de plus Potter s'est laissé surprendre par le Seigneur des Ténèbres. Il lui a montré ce qu'il voulait qu'il voie et…
- Je ne me suis pas laissé surprendre ! l'interrompit Harry. Monsieur ! Bien que l'épisode des Détraqueurs… m'ait affaibli, je suppose…
Rogue renifla, mais sans doute n'osa-t-il pas ajouter une quelconque critique devant Dumbledore.
- Et tout cas, reprit Harry avec plus d'assurance, il me croyait toujours à Poudlard. Il m'a montré la porte de la Chambre des Secrets… Comme si j'allais me précipiter pour l'ouvrir !
Il serra les poings.
- Nous avons en effet renforcé les protections de Poudlard, Harry reprit Dumbledore plus sérieusement. Voldemort sait à présent que nous avons connaissance de sa présence, par serpent interposé, à l'école.
- Vous croyez qu'il va renoncer à se servir de Drago Malefoy pour ouvrir la Chambre ainsi qu'Hermione l'a entendu ? voulut savoir Harry.
- Je ne crois pas qu'il renonce à quoi que ce soit, Harry. Il va chercher d'autres chemins pour arriver à ses fins.
- Mais quelles fins ? insista Harry. Il n'y a plus rien dans la Chambre des Secrets, puisque j'ai tué le Basilic !
Il sentit Rogue tressaillir à ces mots.
- N'est-ce pas ?! s'obstina Harry.
Et comme Dumbledore ne répondait pas, il poursuivit :
- Mais qu'y a-t-il donc dans cette Chambre ?
- Nous ne le savons pas… répondit le vieux directeur.
Harry eut pourtant l'impression qu'il ne disait pas tout. Il n'eut pas de doute cependant sur la sincérité de sa réponse.
- Oui, dit-il presque à voix basse. Comme vous ignoriez l'existence du Basilic tout en sachant qu'il y avait quelque chose… quelque part.
Rogue s'agita derrière Dumbledore.
- Avec tout le respect que je vous dois, Professeur, ragea le Maître des Potions, je crois que nous faisons une erreur en révélant cela à ce jeune… écervelé. La curiosité…
- La curiosité est le signe d'un esprit éveillé, Severus… sourit Dumbledore. Dois-je vous le rappeler ?
Harry sentit Rogue faire un effort sur lui-même. Dumbledore le força à tourner à nouveau le regard vers lui.
- Vous non plus vous ne croyez pas qu'il soit venu simplement pour me tuer ?
- Je vois que les capacités intellectuelles de Miss Granger n'ont en rien été altérées par le sortilège dont elle a été victime, sourit Dumbledore.
Rogue s'avança vers le Professeur.
- Monsieur, dit-il, il faut que je reparte. Cette entrevue était inutile, je vous en avais averti, si je peux me permettre…
- Pas tout à fait inutile, Severus, le reprit Dumbledore. Nous avons appris qu'il n'a pas renoncé. Nous devons nous montrer vigilants… encore plus vigilants… Avez-vous ce que je vous avais demandé de reprendre à Maugrey ?
Rogue sorti une grande enveloppe grise de sa robe et la tendit à Dumbledore. Puis il mit son manteau sur ses épaules et avança le long de la table. Harry le vit prendre d'un geste hésitant un paquet de chocolats et il disparut dans un bruit discret. Dumbledore fit glisser l'enveloppe vers Harry.
- De la part de Sirius, dit-il. Nous l'avons trouvé Square Grimmaurd, lors de notre dernière perquisition. C'est Maugrey qui a fini par la trouver. Tu ne devineras jamais où il l'avait cachée.
- Dans le grenier, sous une lame du parquet, sous la paillasse de Buck ?
Dumbledore haussa un sourcil :
- Il t'avait dit qu'il cacherait là quelque chose pour toi ?
- Non, dit Harry simplement. Mais c'est là que j'irai cacher quelque chose si j'avais un hippogriffe sous la main… à défaut d'un chien à trois têtes.
Il hésitait à tendre le bras. Sur l'enveloppe, il lisait de l'écriture pressée de Sirius, aux courbes longues et fines, Pour Harry. En cas de malheur.
- Tu peux l'ouvrir, lui assura Dumbledore. Maugrey l'a vérifiée, mais je peux t'assurer que tout ce qu'il y a trouvé y a été scrupuleusement remis.
- Quand l'avez-vous trouvée ? demanda Harry.
Il craignait de s'entendre dire qu'ils avaient cet objet entre les mains depuis l'été précédent.
- Nous sommes retournés Square Grimmaurd pour Halloween.
- C'était il y a trois mois, murmura Harry.
- Tu connais Maugrey…
Harry sourit tristement.
- Professeur ? reprit-il. Lorsque nous sommes allés récupérer Percy, Pettigrew a dit que c'était désormais entre Voldemort et moi… et si Bellatrix Lestrange n'a pas fait exploser la maison en voulant nous tuer tous, c'est parce qu'elle me voulait vivant pour me ramener à son maître.
Il releva les yeux vers Dumbledore :
- Vous croyez qu'il connaît la prophétie à présent ? Vous croyez que Rogue… Le professeur Rogue, corrigea-t-il de lui-même, a raison et qu'il lit dans mon âme comme dans un livre ouvert ?
- Je ne le crois pas, Harry. Répondit Dumbledore lentement. Je crois qu'il veut te tuer lui-même pour en finir une fois pour toute et…
- Pour vous défier, Professeur ? Pour vous montrer que tous les soins que vous avez pris pour moi toutes ces années n'auront servis de rien ?
Dumbledore soupira :
- Tant qu'il croira que c'est moi qui tire les ficelles. Tant qu'il croira que tu n'es qu'un jouet entre mes mains… Tant qu'il croira que l'important dans ta mort c'est de m'ôter une arme… Tant qu'il croira que votre face à face n'est qu'une péripétie sur sa route vers le pouvoir… Tant qu'il croira cela, Harry, alors tu ne seras qu'un grain de sable qu'il voudra chasser de la main. Il ne relèvera pas sa garde et tu pourras frapper.
Harry ne répondit pas. Il avança une main tremblante vers l'enveloppe et la saisit. Il se levait lorsque Dumbledore le rappela. Il sortit une photo de sa robe de sorcier et la tendit à Harry.
- Sais-tu pourquoi Sirius gardait cette photo dans ses affaires personnelles ?
Harry observait les trois adolescentes qui lui souriaient. L'une, il la reconnut à son nez pincé et sa moue dédaigneuse. C'était à n'en pas douter Narcissa Malefoy, née Black. Celle du milieu, elle avait un air vaguement familier. La troisième, il ne l'avait jamais vue.
- Qui sont-elles ? demanda-t-il.
- Narcissa, Bellatrix et Andromeda. Les cousines de Sirius. Pourquoi gardait-il une photo d'elles alors qu'ils se détestaient ?
- Laquelle est Bellatrix ? demanda Harry.
Dumbledore lui désigna celle du milieu. Celle dont le visage lui paraissait vaguement familier. Elle était belle, d'une beauté hautaine. Elle n'avait rien à voir avec le souvenir qu'il conservait d'elle dans un coin de sa mémoire, à l'intention de Voldemort.
- Azkaban n'abîme pas que les âmes, n'est-ce pas, soupira Dumbledore.
Harry hocha la tête. Cette jeune fille au sourire charmeur, un zeste moqueur, ne lui était pourtant pas totalement inconnue. Il fixa son attention sur Andromeda. Il rechercha en elle une ressemblance avec Tonks avant de se dire qu'il pouvait chercher en vain, puisqu'il ne connaissait pas son vrai visage…
- Je suppose, finit-il par prononcer, qu'il gardait cette photo à cause d'Andromeda… La seule qui devait rester d'elle… puisqu'elle a été reniée par sa famille, elle aussi. Elle était sa cousine préférée.
Il rendit la photo à Dumbledore. Le vieux directeur hocha la tête.
- Nous nous reverrons à Poudlard. Tu y seras en sécurité, Harry. Voldemort n'osera pas encore me défier sur mon fief…
- Je ne pourrais toujours me cacher… dit Harry, un peu amer.
- Laisse-le venir à toi, conseilla Dumbledore. On combat mieux quand on combat sur ses terres.
- C'est à peu près ce que dit Ron, soupira Harry.
- Oh ! fit Dumbledore en riant. Il semblerait que notre jeune Mr Weasley ait plus de jugeotte que certains le pensent… !
Harry se réfugia dans sa chambre. Ron n'était pas là. Il en fut heureux. Il ouvrit l'enveloppe lentement. Quelques photos tombèrent sur la couverture. Un parchemin. Une clé. Un miroir. Il le prit entre ses mains. C'était le même que celui que Ginny avait réparé peu de temps auparavant. Le second miroir. Celui qui servait à son père. Celui de son père. Ses mains se mirent à trembler. Il chuchota : "James. James Potter." Il fixait son propre regard dans le miroir. Qu'espérait-il ? C'était idiot. C'était stupide. C'était dérisoire et chimérique. Encore plus vain que de s'observer sans fin devant le miroir du Riséd. Il laissa le miroir sur le lit et jeta un regard rapide sur les photos. Il les connaissait. Il les avait déjà vues. C'étaient celles de ses parents le jour de leur mariage. Il les laissa de côté également. Il déplia le parchemin. Il eut un coup au cœur. La lettre portait la date du jour où Sirius était mort.
"Mon très cher Harry, si tu lis ces mots, c'est pas bon signe pour moi… Ca veut dire que je ne suis plus auprès de toi. Mais au moins cela signifie que tu peux les lire, que j'ai fait mon devoir de parrain - Mieux vaut tard que jamais ! – et que je t'ai protégé du mieux que je le pouvais… Comme je l'ai promis à James avant sa mort.
Je te laisse tout ce que j'ai, du moins ce qu'il en restera quand j'aurai fini de jeter au feu les souvenirs de la noble Maison des Black… La maison est à toi, si tu en veux. Tu peux virer cet imbécile de Kreattur, de toutes façons ça m'étonnerait qu'il reste. Ma moto, c'est Hagrid qui l'a gardée. On ne sait jamais, tu pourrais en avoir besoin. Je ne sais pas si elle marchera toujours. Tu pourras toujours voir ça avec Arthur Weasley. Tu trouveras un double de la clé de mon coffre, chez Gringotts. C'est le n° 119. Tu peux utiliser l'argent comme tu le souhaites, et sans scrupule. Il ne vient pas des Black. Enfin, pas de cette branche-là du moins.
La seule chose que je te demande c'est de t'occuper de Buck.
Et d'être prudent. Je sais que cela doit te sembler étrange de ma part, mais sois très prudent. Méfie toi de Rogue. Il était très jaloux de ton père et moi il me haïssait. Ne crois pas tout ce qu'il pourra te dire sur nous. Et n'écoute pas non plus ce père rabat-joie qu'est Remus.
Et surtout surtout ne laisse jamais cette obscénité vivante qu'est ma cousine Bellatrix t'approcher de trop près. C'est une pourriture, aussi nuisible que des Doxy. Et même pire. Tu peux demander à ce vieux Severus… Il en sait quelque chose…
Je…"
La phrase s'interrompait. Harry frissonna. Sans doute à ce moment-là Buck avait-il crié… Une larme dilua l'encre bleue sur le parchemin. Harry essuya ses yeux d'un revers de sa manche. La porte s'ouvrit et Ron, en l'apercevant, voulut ressortir aussitôt.
- Reste, lui demanda Harry.
Il rangea ses photos, la clé, la lettre et le miroir.
- Regarde, on n'aura pas à chercher un autre miroir ! Et Hermione n'aura que la moitié du travail à faire…
Ron referma la porte derrière lui.
- Les filles m'ont assommé de reproches, dit Ron. Surtout Hermione. Et Ginny m'a menacé de son Chauve-Furie.
- Bon, fit Harry un peu amusé. Tu as assez de soucis comme ça, je ne vais pas te faire la tête plus longtemps.
- C'est vrai ? soupira Ron rassuré.
Harry haussa une épaule :
- Hé bien… comme dirait Rogue, j'ai assez d'ennemis sans faire fuir aussi mes amis…
Ron sourit, totalement tranquillisé.
- Alors, peut-être que si elles voient que tu ne m'en veux pas, les filles ne seront plus fâchées contre moi…
Harry renonça à lui répondre qu'il pensait que si Hermione lui en voulait c'était plutôt en rapport avec la scène qu'il lui avait faite l'après-midi même. Et comme il se demandait pourquoi il ne profitait pas de ces derniers jours de calme avant la rentrée pour tenter d'éclaircir les choses avec elle, Ron lui répondit dans un soupir de découragement :
- Parce que chaque fois que j'essaye quelqu'un vient m'interrompre… Quand ce ne sont pas les jumeaux, ce sont ses parents, ou bien Charlie à l'instant qui est entré dans le salon avec Tonks… Je crois que je vais laisser tomber, cela vaut mieux.
Harry hocha la tête :
- C'est ça, persifla-t-il. Et tu comptes faire comment ?
- C'est très simple, je vais demander à Ginny. Si elle a pu si facilement renoncer à toi, pourquoi je ne pourrais pas oublier Hermione ?
Harry sentit ses joues chauffer un peu. Il se demanda un instant si Ron usait de sarcasme à son encontre, avant de décider que non. Cependant, il ne pouvait garder en lui toute l'amertume qu'il ressentait. Et Ron était la victime désignée de sa mauvaise humeur. Il rangea l'enveloppe grise dans sa valise, lentement.
- Tu sais, je crois bien que je sais à qui Hermione destinait son dernier sachet de chocolats… dit-il sur un ton presque indifférent.
- Ah ? fit Ron, tout aussi peu détaché.
- C'est Rogue qui l'a emporté avec lui quand il est parti…
Le gong sonna pour la première fois et Ron pâlit. Il se mordit les joues pour ne pas laisser voir son dépit. Il se tourna vivement vers son côté de la chambre pour se préparer au repas. Harry ne se sentit pas plus soulagé de sa peine et il regretta ses paroles. Il murmura : "Je suis désolé..". Ron se méprit. Il haussa une épaule.
- Combien y a-t-il de chances pour qu'il s'étouffe avec ? demanda-t-il avec effort.
- Autant que pour que Neville fasse partie de l'équipe nationale de Quidditch ! répondit Harry en riant.
Au moment où le gong retentissait pour la seconde fois, ils entendirent hurler les filles dans le couloir. Ron se précipita. Tonks venait de remettre à Ginny et Hermione un poster dédicacé des Bizarr' Sisters. Ils eurent droit aux "Yeah ! Yeah ! Yeah !" de Ginny, Tonks et Charlie toute la soirée. Les jours qui suivirent Ron se sentit particulièrement visé lorsqu'il entendait Hermione fredonner « Damn oh damn wizard… »
