Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Chapitre 37
Le Club de Duels
Le lundi matin Harry s'éveilla la tête pleine de questions, et déjà fébrile quant à sa journée. L'emploi du temps était chargé : cours toute la matinée ; après le repas : séance d'occlumancie avec Rogue, pendant laquelle il devait l'interroger sur la manière dont il s'y était pris pour le ramener de son inconscience provoquée par les cognards de ces deux imbéciles de Crabbe et Goyle. Et durant laquelle également il devait s'efforcer de passer la barrière mentale du professeur afin de trouver le rapport exact entre Sirius, Bellatrix et Severus Rogue. L'après-midi n'était pas moins remplie : cours, entraînement de Quidditch et rupture avec Isadora. Il n'avait pas eu le cœur de le faire la veille au soir et, Hermione avait raison, plus il retardait l'échéance, plus il avait du mal à prononcer les mots fatidiques.
Il passa la première heure de cours à chercher la manière de rompre idéale. Il n'écouta qu'à demi le cours de Binns. Ron lui donna plusieurs coups de coude pour le ramener à la réalité. Le deuxième cours était un cours de Potions. Il tâcha de se concentrer sur son chaudron. Rogue ne sembla pas se préoccuper de lui toutefois. Il paraissait se focaliser sur les gestes d'Hermione. Cependant toute la classe sentait la tension qui émanait de lui et même les Serpentard n'osaient attirer l'attention du professeur sur eux. A la fin du cours seulement, lorsqu'il lui apporta sa fiole pour la notation, Harry croisa le regard du professeur Rogue. C'était un regard froid et distant, plein d'une rancœur quasi tangible. Pourtant, Harry ne ressentit pas cette bouffée de haine monter à sa tête, ainsi que d'ordinaire. Ce fut une sensation différente, qu'il ne sut s'expliquer. Quelque chose qui lui laissa au fond du cœur une amertume inhabituelle. Il jeta malgré lui un regard à Hermione que Ron aidait à ranger ses affaires. Se pouvait-il qu'elle ait raison ? Se pouvait-il que les secrets de cet homme soient si insupportables qu'ils exsudaient dans sa manière d'être ? Ou bien n'était-ce que l'ombre de Bellatrix Lestrange qui pervertissait tout ce et ceux que cette femme avait approchés ?
Harry resta sombre jusqu'au repas de midi. Ni Ron ni Hermione n'osèrent le questionner. Ron débita bêtise sur bêtise. Hermione leva les yeux au ciel une bonne cinquantaine de fois. Malefoy, depuis sa place leur lançait des regards haineux et ricanait chaque fois qu'il levait les yeux sur eux. Tout semblait effectivement revenu à la normale. Pourtant ce fut avec une étrange appréhension au cœur qu'Harry se dirigea vers le bureau de Rogue pour sa séance d'occlumancie. Il avait beau se répéter qu'il allait enfin connaître la raison pour laquelle lui et Sirius se haïssaient tant, il n'arrivait pas à chasser cette impression amère de son esprit. Il frappa à la porte du cachot. La voix de Rogue le pria d'entrer. Harry obéit et le sourire du professeur Londubat l'accueillit.
- Ah ! s'écria-t-il. Voici notre jeune élève… Severus me disait justement, Harry… Vous permettez que je vous appelle Harry, mon garçon ? Severus me disait donc que vous étiez vraiment très doué…
Harry tourna malgré lui un sourcil étonné vers Rogue. Le professeur se raidit davantage encore, si c'était possible. Il grimaça un sourire crispé :
- Potter sait tout le bien que je pense de lui, Professeur, réussit-il à prononcer. Il est simplement dommage qu'il ne soit pas aussi appliqué en ces matières primordiales qu'au Quidditch…
Il était si tendu qu'il semblait avoir du mal à respirer.
- Potter, reprit-il en se tournant vers Harry, le professeur Londubat vous enseignera désormais la légilimancie et l'occlumancie.
Harry ouvrit la bouche et la referma aussitôt. Il n'était pas aussi surpris qu'il aurait dû l'être. Il était presque soulagé. Il inclina la tête devant Algie Londubat :
- Je vous remercie Professeur de bien vouloir perdre votre temps avec un élève qui ne mérite certainement pas votre attention…
Il plongea son regard dans celui de Rogue.
- Puis-je vous demander, Monsieur, pourquoi vous confiez aujourd'hui cette tâche fastidieuse au Professeur Londubat ?
La main de Rogue se crispa sur la table.
- Parce que, Potter, vous et moi avons autre chose à étudier ensemble…
Cette fois, Harry ne put cacher sa surprise. Son cœur se mit à battre plus fort. Dans son dos, Algie Londubat s'avança.
- Nous commencerons demain, dit l'oncle de Neville. Après les cours vous viendrez dans mon bureau. Vous savez où il se trouve, n'est-ce pas. Ah ! Minerva m'a parlé de votre idée d'entraînement à la défense contre les forces du mal entre jeunes gens. Ma classe est bien sûr à votre disposition et je vous félicite pour cette initiative…
Le rire sec de Rogue l'interrompit.
- Je doute que Potter puisse revendiquer la paternité d'un tel projet, Professeur…
- Effectivement, l'interrompit Harry à son tour. Hermione Granger est à l'origine de cette initiative.
Algie Londubat hocha la tête.
- Miss Granger… Décidemment cette petite est très intéressante, n'est-ce pas Severus… Neville m'en avait dit le plus grand bien. Je constate que le jugement de cet enfant est bien plus aigu qu'on ne voulait le croire.
Il fit un salut à Rogue avant de quitter la pièce et Harry aurait juré qu'il y avait de l'ironie dans le sourire qu'il adressa au Maître des Potions. Harry attendit que Rogue voulût bien lui adresser la parole à nouveau…
- Vous pouvez sortir, Potter, commanda Rogue au bout d'un moment de silence.
- Puis-je vous poser une question, Monsieur ? se décida Harry, la main sur la poignée de la porte.
Rogue cligna des yeux et il sembla au jeune homme qu'il inspirait plus difficilement. Harry se sentit encouragé à parler.
- En fait, j'ai deux questions, Monsieur. La première concerne la manière dont vous m'avez ramené du coma dans lequel les coups de cognards m'avaient plongé.
Les coins des lèvres de Rogue se relevèrent à peine.
- La seconde est celle-ci : il m'arrive de capter les pensées des autres sans le vouloir. Cela me gêne, Monsieur.
- Avez-vous déjà oublié vos leçons d'occlumancie, Potter ? Alors fermez votre esprit comme je vous l'ai appris… à moins que votre curiosité naturelle ne vous pousse à vouloir tout savoir des secrets des autres.
Harry serra les poings et les mâchoires. Il se retint de lui envoyer au visage qu'il ne lui avait rien appris du tout, qu'il avait lui-même trouvé le moyen de se protéger de ses incursions violentes dans son esprit.
- Et pour la première question ? Monsieur ? se força-t-il à répondre.
- Vous aurez votre réponse demain, lorsque vous viendrez me trouver après les cours…
Harry voulut insister. Rogue lui tourna le dos. La porte s'ouvrit toute seule et Harry comprit qu'il devait sortir immédiatement.
L'après-midi, Harry ne montra pas plus d'intérêt pour les cours que le matin. Il s'obligea à se concentrer sur ses enchantements mais ne répondit que par des monosyllabes aux questions de Ron. Il le trouva particulièrement inopportun et fut reconnaissant à Hermione de tourner vers elle l'attention du jeune homme. Il fut maussade durant tout l'entraînement de Quidditch, cria après tout le monde, abrégea la séance et se rendit tout droit à la salle des Quatre Maisons où l'attendait Isadora. Il s'assit devant elle et lui dit :
- Il faut que je te parle.
Les amies d'Isadora se hâtèrent de fermer leurs livres et prirent place deux tables plus loin.
- Je t'écoute, dit Isadora. Qui est-ce ?
Les fermes résolutions d'Harry s'effondrèrent.
- Qui ? fit-il éberlué.
- Celle pour qui tu me laisses tomber ? C'est Hermione Granger ?
Harry remonta ses lunettes sur son nez. C'était la seule attitude qu'il avait trouvée pour cacher sa stupéfaction. Elle prit son silence pour un aveu.
- Je ne pouvais le croire, mais Cho m'avait bien dit que cette fille…
Harry saisit son poignet pour l'obliger à le regarder en face :
- Qu'est-ce que t'a dit Cho sur Hermione ? demanda-t-il avec aigreur.
- Qu'elle était prête à tout pour que te garder auprès d'elle… et que c'était à cause d'elle que vous aviez rompu l'année dernière.
Une bouffée de colère monta à la tête d'Harry.
- Pour rompre, il faut d'abord avoir commencé quelque chose, articula-t-il avec colère. Or, Cho est bien incapable de faire quoi que ce soit d'autre que pleurer sur son sort ! Sa jalousie envers Hermione, ce n'est pas à cause de moi qu'elle est née. C'est parce qu'Hermione est bien plus intelligente, bien plus intéressante, et que je tiens bien plus à son amitié qu'au prétendu amour que Cho disait avoir pour moi. La prochaine fois qu'elle viendra te parler d'Hermione, demande lui donc comment va son amie Marietta la moucharde qui a failli nous faire renvoyer mes amis et moi, ainsi que la moitié de l'école…
- Elle m'avait dit que tu parlerais de Marietta.
- Vraiment ? fit Harry froidement. Alors puisque Cho t'a déjà tout raconté de notre rupture, il est inutile que je m'attarde…
Il se leva et quitta la Salle des Quatre Maisons la rage au cœur. Au prochain match contre Serdaigle, il lui ferait avaler son balai, à cette ordure de Cho. Il entra dans la salle commune de Gryffondor et se laissa tomber sur la chaise en face de Ron.
- Alors ? lui demanda celui-ci. Ca y est ? Tu lui as dit que tu ne voulais plus sortir avec elle ?
- Qu'est-ce que ça peut te faire ? grogna Harry.
- Oh rien ! je disais juste ça par amitié…
Harry se mordit la langue. Il était sur le point de lui dire que son amitié était parfois pesante. Cependant, il venait de se séparer de sa petite amie, il ne voulait pas non plus perdre son meilleur ami. Il vit entrer Hermione avec soulagement. Elle s'avança rapidement vers eux et s'enquit de l'avancement de leur travail. Elle les bouscula un peu, les gronda sévèrement, leur prit leurs devoirs des mains, fit quelques commentaires et se décida à les corriger tout en maugréant. Harry lui fut reconnaissant de ne poser encore aucune question et d'attirer l'attention de Ron sur autre chose que sur sa personne. Il se calma peu à peu et le regard de ravissement que Ron posait sur Hermione ne lui parut bientôt plus si stupide. Ils descendirent pour le repas du soir. Harry évita de tourner la tête vers la table des Poufsouffle ainsi que d'assassiner d'un coup d'œil acéré cette scélérate de Cho. Seamus et Dean réussirent à le faire rire. Et Hermione chassa toutes ses craintes lorsqu'elle frappa du bout de sa baguette sur les doigts de Ron qui essayait de voler un peu de son dessert dans son assiette. Oui, tout avait repris un cours normal.
Il se sentait plus léger, plus serein. Il n'appréhendait pas les séances d'occlumancie avec Algie Londubat. Au contraire, il pourrait lui poser les questions qu'il retenait avec Rogue, de peur d'une réflexion moqueuse ou cinglante. Et il pressentait que les progrès qu'il ne manquerait de réaliser auprès du professeur de Défense contre les forces du mal, ne lui seraient pas inutiles dans la nouvelle matière à laque Rogue devait bientôt l'initier. Un seul regret, cependant, le tenaillait. Celui de ne pouvoir en apprendre davantage sur les liens du professeur de Potions avec son parrain.
Harry remonta seul dans la salle commune. Il aurait bien accompagné Ron et Hermione chez Hagrid pour avoir des nouvelles de Pattenrond, mais il jugea plus à propos de les laisser seuls. A leur retour, les deux Préfets firent ensuite leur ronde dans les couloirs pour annoncer le couvre-feu imminent. Ils rentrèrent à la Tour de Gryffondor les derniers, riant ensemble d'une quelconque bêtise.
- Je peux rire avec vous ? demanda Harry près de la fenêtre.
- Peeves s'est matérialisé à l'intérieur d'une armure… commença Hermione.
- Et il s'est mis à suivre Dawson dans les couloirs, tandis qu'elle revenait de la Salle des Quatre Maisons ! termina Ron les larmes aux yeux.
- Bien entendu, elle ne l'a pas reconnu immédiatement, expliqua Hermione.
- Uniquement quand il a posé son gantelet sur son épaule…
- Elle s'est retournée, a hurlé…
- Et Peeves est sorti de son armure qui s'est écroulée dans un bruit de tonnerre au milieu du Grand Hall.
- Elle était verte, la pauvre petite ! dit Hermione qui se mordait les lèvres.
- Je n'ai jamais autant ri de ma vie ! s'exclamait Ron, en s'essuyant les yeux.
- Voilà pourquoi elle a filé dans son dortoir sans demander son reste, sourit Harry.
- Non, c'est parce que lorsqu'elle a appelé Ronald ! elle s'est aperçu que son prince charmant était mort de rire, et que c'était d'elle qu'il riait !
Hermione donna un coup de coude à Ron que le fou rire reprenait. Il se laissa tomber sur la banquette à côté d'Harry.
- Eh bien ! fit ce dernier. Tu t'y entends pour anéantir les rêves des jeunes filles !
Ron cessa de rire aussi sec. Harry se traita d'imbécile.
- J'arrête les cours d'occlumancie avec Rogue…, dit-il pour changer de sujet.
Hermione se précipita vers lui.
- Ce n'est pas possible, Harry ! Tu le sais !
- Pour les reprendre avec le professeur Londubat ! termina-t-il devant l'air effaré de Ron.
- Mais pourquoi ? demanda Hermione.
- Parce que nous avons une autre matière à étudier ensemble, lui et moi, parodia Harry.
- La… la magie… noire ? déglutit Ron.
- Ou quelque chose dans le genre… répondit Harry sur un ton qu'il voulut léger. Je vous en parlerai quand j'en saurai plus… Comment va Pattenrond ?
Hermione lui assura qu'il allait de mieux en mieux, grâce aux soins de Hagrid.
- Oui ! approuva Ron. Qui croirait qu'un type comme lui, avec des mains comme les siennes, puisse être si délicat quand il s'agit de soigner des animaux blessés. Mais c'est dommage, reprit-il, que tu n'aies plus de cours avec Rogue. Tu ne pourras pas savoir ce qui est arrivé avec Bellatrix Lestrange.
- Ce n'est pas une mauvaise chose, murmura Hermione comme pour elle-même.
Ron fronça les sourcils.
- Et toi ? demanda-t-il brusquement. Quand arrêtes-tu l'occlumancie avec Rogue ?
- Quand il décidera que j'ai atteint un niveau suffisant pour cela, répondit calmement Hermione.
Elle quitta sa place auprès d'Harry.
- Vous devriez monter vous coucher, conseilla-t-elle. Demain, tu auras une autre rude journée, Harry. Et toi, Ron n'oublie pas d'aller t'excuser dès demain matin auprès de Dawson si tu veux qu'elle te pardonne ton attitude de ce soir…
- Franchement, Hermione, je ne tiens pas tant que cela à son pardon, vois-tu…
Hermione hocha la tête.
- Oh oui, je vois très bien…
Harry donna un coup de coude dans les côtes de Ron.
- Mais qu'est-ce que j'ai dit ? chuchota le jeune rouquin tandis qu'Hermione montait les escaliers du dortoir des filles.
Harry se mit à rire. Vraiment, tout était redevenu comme avant…
La semaine passa comme un seul jour. Les premières séances d'occlumancie avec le professeur Londubat débutèrent. Elles étaient beaucoup moins houleuses qu'avec Rogue, et Harry se sentit tout à fait rassuré lorsque l'enseignant le félicita pour ses réflexes et la puissance de son esprit. Il reconnut toutefois que cette puissance n'était pas à son niveau maximum encore et lui donna quelques conseils pratiques afin de parer plus rapidement les attaques surprises. C'était ce qui manquait à Harry, ces quelques détails qui le rendait plus efficace. Il sentait la confiance d'Algie Londubat et son réel désir de l'aider. Ce fut en légilimancie que ses progrès furent le plus flagrants. Il ne craignait plus de découvrir des pensées qui l'auraient blessé et il s'étonna lui-même de son pouvoir de lire dans les esprits. A la fin de la semaine, Algie lui assura qu'il avait des dons réels, et qu'il ne connaissait personne de son âge qui eût autant de pouvoirs psychiques. Il l'aiderait, lui assura-t-il, à travailler l'occlumancie pour qu'il puisse se cacher de Voldemort ; quant à la légilimancie, il lui faudrait simplement apprendre à canaliser ses facultés. Harry se sentait à l'aise avec lui. Toutefois, malgré l'assurance qu'il acquit ainsi, il se sentait un peu frustré. Ses victoires sur Algie ne lui procuraient pas le même sentiment de satisfaction que celles qu'il arrachait à Rogue. Il lui tardait de retrouver le professeur de Potions pour lui s'assurer que sa haine envers lui était toujours intacte.
Le professeur Rogue cependant ne le faisait toujours pas appeler. Il avait remis deux fois déjà leur séance et Harry s'impatientait. Hermione avait beau le harceler au sujet de son travail scolaire, il ne pouvait s'empêcher de se demander quelle était cette matière qu'il lui faudrait apprendre. Ginny et Hermione avaient décrété que les réunions de l'ancienne AD auraient lieu deux fois par semaine, entre la fin du repas du soir et le couvre-feu, le mardi et le jeudi soir. Ginny avait rameuté les anciens de l'AD et Hermione avait placardé des affiches sur les panneaux des salles communes de Gryffondor et des Quatre Maisons. Elle avait distribué d'autres annonces aux préfets des autres Maisons. Elle savait qu'Ellie McGregor avait dû enchanter l'affiche qu'elle avait posée sur le panneau de Serpentard avec un sortilège de glue perpétuelle afin que Malefoy ne l'enlevât pas dès qu'elle avait le dos tourné. Le premier mardi, Harry et ses amis se rendirent dans la classe du Professeur de Défense contre les Forces du Mal un peu sceptiques. La première à arriver fut Luna Lovegood, sa baguette sur l'oreille. Puis les Poufsouffle se présentèrent entraînés par Hannah et Ernie. Harry faisait des signes de la main, à la fois un peu inquiet et soulagé de voir revenir ceux qui lui avaient fait confiance l'année précédente. Ron comptait les présents et faisait ses commentaires. Hermione paraissait satisfaite. Lorsque Ellie McGregor se présenta avec un groupe de Serpentard, Harry saisit dans le regard de son amie une lueur de victoire qu'elle cacha aussitôt en baissant les cils. Ron eut un reniflement qui n'échappa guère à Hermione.
- C'est toi qui les as invités ? se moqua-t-il.
- Je te l'ai dit, Ron, tous ceux qui voudront venir sont les bienvenus… soupira la jeune fille avec un regard désolé vers Harry.
- Même s'ils viennent pour nous espionner ? insista Ron.
- Que veux-tu qu'ils espionnent ? Tout le monde sait ce que nous faisons ici, non ?
- Et si Cho s'amène ? Avec Marietta ? ne voulut pas céder Ron.
- Si Cho venait avec Marietta, ce serait la plus grande satisfaction que nous pourrions obtenir, répondit Hermione catégorique. N'est-ce pas Harry ?
Harry fit une moue dubitative. Si elle savait ce que Cho disait à son sujet, aurait-elle la même opinion. Mais ni Cho ni Marietta ne se montrèrent. Par contre Isadora Marchinson et ses amies de Poufsouffle se présentèrent. Elles passèrent devant Hermione venue les accueillir sans un regard et s'installèrent au fond de la salle. Hermione interrogea Harry d'un haussement de sourcil. Il haussa une épaule pour toute réponse. Il préféra se tourner vers ceux qui venaient d'arriver. Tous avaient les yeux fixés sur lui. Il sentit qu'il devait leur dire quelque chose, un mot de bienvenue…
- Heu… fit-il en rougissant. Vous savez pourquoi nous sommes là. Alors commençons…
- Hum ! fit Hermione.
Ron leva les yeux au ciel. Harry retint un soupir.
- Oui Hermione ?
- Il faudrait nommer ces réunions, ne crois-tu pas Harry. Nous ne pouvons garder le même nom que l'année dernière, puisque les circonstances sont différentes…
- Oui, mais le but est le même, non ? répondit Harry que ces détails agaçaient prodigieusement.
- Pas tout à fait, Harry, le contredit Hermione. Cette année, il ne s'agit pas seulement d'obtenir des notes convenables aux examens de fin d'année. Il en va de notre vie…
Il y eut un silence.
- Moi je trouve que Association de Défense contre les Forces du Mal est un très bon nom ! trancha Ron. Et qu'il dit bien ce qu'il veut dire.
- Oui, fit Hermione le plus poliment du monde. Mais raconte donc à Molly que tu fais partie d'une Association de Défense contre les Forces du Mal et elle va te rappeler que si tu fais quoi que ce soit qui n'ait pas de rapport direct avec tes études…
- Ca va ! l'interrompit Ron que la seule évocation du nom de sa mère venait de convaincre que ce n'était finalement pas un si bon nom que ça.
Une main se leva dans le fond de la salle.
- Oui, Justin ? dit Harry, heureux d'une diversion.
Justin Finch-Fletchey s'avança.
- Vous vous souvenez, quand la Chambre des Secrets a été rouverte…
Harry hocha la tête. Quelques autres murmurèrent. Ron jeta un regard inquiet à Hermione. Le souvenir de sa pétrification lui revint à la mémoire. Et il se souvint aussi que Justin aussi avait été une victime du basilic. Il pâlit, comme si le rappel de ces évènements pouvait les faire se produire à nouveau.
- Le professeur Lockhart avait ouvert un Club de Duels… pour nous apprendre à nous défendre, continua Justin.
Cette fois, quelques rires fusèrent parmi ceux qui avaient assisté à ces séances.
- J'imagine que si je dis à mes parents que je fais partie d'un Club de Duels, reprit le jeune homme, ils seront moins inquiets que si je leur annonce que j'appartiens à une Association de Défense contre les Forces du Mal. Après tout, ils m'ont laissé revenir à Poudlard parce que Dumbledore leur a assuré que j'y étais en sécurité… malgré tout.
Les murmures reprirent. Harry se tourna vers Hermione.
- Alors, qu'en dis-tu ? Va pour le Club de Duels ?
- Si tout le monde est d'accord ? demanda Hermione en balayant la salle d'un regard large.
Personne ne s'y opposa. Tous se mirent d'accord également pour les horaires et les dates et Harry put enfin commencer. Son expérience de l'année précédente aidant, il ne se sentit pas trop ridicule tandis qu'il expliquait aux nouveaux venus ce qu'il attendait d'eux. Ron se tourna vers Hermione, avec un sourire plein d'espoir. Elle était déjà face à Ginny, tandis que Dean et Seamus croisaient leurs baguettes ainsi que des épées. Il dut se résoudre à affronter Dawson qui se révéla plus coriace qu'il ne l'eût pensé.
A la fin de la séance, chacun repartit content, impatient de revenir. McGregor salua Harry d'un "C'était pas mal. Je reviendrai. Peut-être." Un coup d'œil à Hermione persuada Harry que ce "peut-être" signifiait "sûrement". Presque tous les duellistes vinrent serrer la main à Harry, sauf Isadora et ses amies, qui ne saluèrent que Ron. La salle était à moitié vide et Hermione était prête à féliciter Harry pour ce premier cours, lorsqu'ils entendirent un applaudissement moqueur à la porte. Malefoy se tenait au milieu du passage, obligeant ceux qui voulaient sortir à se contorsionner pour l'éviter. Il frappait dans ses mains, lentement, dédaigneux et narquois.
- Alors, le Club des Adorateurs de Potter est rouvert ? Avec la bénédiction des plus hautes autorités de la maison ? Profite bien de ta gloire, mon petit Potter. Elle ne durera pas.
Ron fit un pas en avant. Hermione le retint par le bras. Malefoy se mit à rire.
- Tu as vu, Weasley ? Ta Sang-de-Bourbe a peur que je ne t'arrange le portrait une fois de plus… A-t-elle si peu confiance en ton pouvoir de sorcier qu'elle craigne de te voir m'affronter ?
Les oreilles de Ron virèrent rouge vif.
- Je t'ai déjà dit de ne pas parler d'elle ainsi, Malefoy, grinça-t-il.
Malefoy se tourna à nouveau vers Harry :
- C'est avec ça que tu veux t'opposer au Seigneur des Ténèbres, Potter ? persiffla-t-il. Un lourdaud plus bête que ses pieds, une sang-de-bourbe invalide et…
Il jeta un coup d'œil vers le fond de la salle où s'étaient rassemblés Neville, Luna, Dean, Seamus et Ginny, ainsi que Dawson et quelques uns de leurs amis de Poufsouffle et Serdaigle.
- … un ramassis d'indigents et de faibles d'esprits…
D'un coup d'épaule, Ron dégagea son bras de l'étreinte de la main d'Hermione. Malefoy sortit sa baguette. Le visage crispé, Ron marcha vers Malefoy, la baguette en avant. La porte de la classe se referma sur le Serpentard.
- Espèce de lâche ! cria Ron, furieux de se voir enlever l'occasion de lui rabattre son caquet.
Il se tourna vers Harry pour le prendre à témoin.
- Ce n'est pas lui, Ron. C'est moi qui ai fermé la porte.
Ron ouvrit la bouche, stupéfait.
- Mais pourquoi ?
- Tu ne te souviens pas de ce que t'a dit ton père ? reprit Harry à la limite de la colère. Ne t'approche pas de lui !
- Harry !….
La voix d'Hermione n'était qu'un souffle. Il se tourna vers elle, agacé. Elle le fixait avec stupeur, ses deux mains sur son cœur.
- Quoi ? fit-il dans un mouvement d'emportement.
Les autres au fond de la salle avaient tous le même regard effaré.
- Tu as ta baguette dans ta poche… réussit à murmurer Hermione.
- Et alors ?… commença Harry.
Ron se retourna vivement vers la porte, puis revint vers Harry.
- Tu as fait ça comment ? demanda-t-il d'une voix blanche.
- Comme ça ! répondit Harry en haussant les épaules.
Il leva un peu la main, esquissant un geste
- J'avais vraiment très envie de claquer la porte au nez de Malefoy.
Ginny s'approcha lentement de lui.
- Tu crois que c'est ce que va t'apprendre à maîtriser Rogue ? demanda-t-elle à voix basse. La magie ancienne ?
- Je ne sais pas… répondit Harry sur le même ton.
Il n'avait pas songé à cette éventualité.
- Pourquoi Rogue ferait-il cela ? se reprit Ron. Comment pourrait-il enseigner la maîtrise de la magie ancienne ?
- Parce qu'il la pratique ! répondit Hermione avec impatience.
Luna s'avança à son tour vers Harry. Celui-ci fit une grimace dans l'attente d'une remarque de sa part.
- Oui ! s'écria-t-elle les yeux plus exorbités que jamais. C'est quand tu es arrivé que nos baguettes ont retrouvé leur pouvoir le soir d'Halloween. C'est ta magie qui a annulé l'Aspimageur !
- Mais les Aspimageurs n'existent pas ! cria Ron au comble de l'agitation.
Luna se tourna vers lui :
- Alors qu'est-ce qui s'est passé d'après toi ce jour-là ? demanda-t-elle le plus naturellement du monde.
- JE-NE-SAIS-PAS ! hurla Ron. Et toi comment sais-tu que Rogue pratique la magie ancienne ?
Il fit face à Hermione.
- Dieu du Ciel ! Ron ! T'arrive-t-il de te servir de tes yeux quelquefois ! Combien de fois avons-nous vu Rogue effacer les traces de nos maladresses d'un simple geste de la main ?
- Et fermer les portes depuis son bureau… murmura Harry.
La porte de la salle s'ouvrit à ce moment. Le professeur McGonagall contempla la classe de son œil sévère.
- Que s'est-il passé ? questionna-t-elle. Je viens de croiser Drago Malefoy qui semblait venir d'ici. Ne me dites pas que vous vous êtes encore battus… Potter ? Weasley ?
Harry secoua la tête. Ron rougit brusquement.
- Bien, fit McGonagall. Je serai désolée d'enlever des points à Gryffondor pour cette raison, mais il faudrait que je le fasse… Vous entendez ? Potter ?
Harry hocha la tête.
- Weasley ?
Ron serra les poings.
- Weasley ? répéta McGonagall.
Ron entendit Hermione soupirer : "Ron, s'il te plait" à quelques pas de lui. Il fit un signe de tête, lui aussi. McGonagall parut satisfaite. Elle frappa dans ses mains et rappela que le couvre-feu n'allait pas tarder. Chacun se dépêcha de quitter la classe pour se rendre dans son dortoir. Les Gryffondor firent bloc autour de Harry, au cas où Malefoy traînerait encore dans les parages. Luna se joignit à eux, déployant pour Neville qui était le seul à lui prêter attention, quelque théorie sur les porteurs de magie ancienne. Dawson, apeurée, se serrait contre la robe de sorcier de Ron. Il tentait vainement de la repousser. Plus il l'éloignait de lui, plus elle s'accrochait.
- Ronald ! dit-elle soudain, comme si elle venait de se souvenir de quelque chose. Pourquoi ce Malefoy l'appelle-t-il ta sang-de-bourbe ?
Elle désignait Hermione du menton et celle-ci esquissa un demi sourire un peu triste.
- Parce qu'Hermione est née de parents moldus… répondit Ron en grinçant des dents.
Un jour viendrait où il lui ferait ravaler toutes les injures qu'il avait prononcées à l'égard d'Hermione.
- Je ne crois pas que c'était le sens de la question… reprit Luna. Elle demande pourquoi Malefoy appelle Hermione ta Sang-de-Bourbe.
Ron sentit ses oreilles chauffer. Il détesta Luna à ce moment-là plus qu'il n'avait jamais détesté personne, à part Malefoy. Il jeta un regard désemparé à Hermione qui fixait apparemment le fond du couloir. Ce fut Harry qui vint à son secours.
- Il l'appelle ainsi également quand il s'adresse à moi, dit-il. C'est, je suppose, parce que nous sommes toujours ensemble…
- C'est sans doute cela, oui… fit Ginny avec un drôle de bruit au fond de la gorge.
Dean et Seamus se mirent à tousser presque en même temps tandis que Ron leur lançait un regard assassin.
Le professeur Rogue fit appeler Harry le vendredi soir après les cours tandis qu'il se préparait dans les vestiaires des Gryffondor à diriger l'entraînement de Quidditch. Il ragea, certain que Rogue l'avait fait exprès. Il confia la bonne marche de l'entraînement à Ron et courut chez le professeur sans même prendre le temps de changer de tenue. Lorsqu'il entra dans le cachot, le regard de Rogue se posa sur sa tenue de capitaine, et la pâleur de son visage s'accentua sensiblement. Un demi sourire crispé déforma sa joue droite, tandis qu'Harry s'avançait vers la lumière chiche de son bureau.
- Oh ! fit-il. J'ai dérangé vos projets, Potter ?
- Ce n'est rien, Monsieur, répondit Harry. J'ai l'habitude qu'on trouble mes projets. Mais sans doute ne puis-je rien contre le fait que je suis ce que je suis…
Il n'avait aucunement besoin de ses dons en légilimancie pour savoir à quoi songeait Rogue depuis son entrée dans sa robe aux couleurs de Gryffondor. Il savait aussi qu'il jouait-là un jeu dangereux. Il risquait de payer cher la satisfaction d'avoir rappelé au professeur aussi brutalement qu'il était le fils de son père.
- Au mauvais endroit au mauvais moment, n'est-ce pas Potter ? répondit Rogue d'une voix basse et très ironique.
Harry lui sourit, mi amusé, mi amer.
- Tout dépend de quel point de vue on se place, Monsieur…
Il crut une fraction de seconde que Rogue allait se mettre à rire. Ce ne fut qu'une impression fugace. Le professeur reprit son visage impassible. Il semblait cependant que la tension dont il avait fait preuve toute la semaine s'était brusquement envolée.
- Potter, nous avons quelques semaines de répit, mettons-les à profit. Suivez-moi.
Il quitta son bureau pour se diriger vers la porte qui donnait sur la pièce adjacente où il entreposait ses fioles. A mi-chemin, il s'arrêta et dit sans se tourner vers le jeune homme :
- S'il vous plait, Potter… Cette tenue vous sied à merveille, je n'en disconviens pas… mais… il n'y a ici personne à impressionner par votre poste de capitaine de l'équipe de Quidditch.
Harry retira la robe et la posa sur le dossier d'une chaise. Il portait un vieux jeans, qui lui allait un peu court et le pull que Mrs Weasley lui avait offert à Noël.
- Voilà qui est mieux, fit Rogue alors qu'Harry passait devant lui pour se rendre dans son laboratoire.
La moquerie n'échappa guère au jeune homme, mais il était satisfait au fond de lui, qu'une simple tenue de Quidditch dérangeât à ce point le professeur.
