Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Chapitre 38
Narcomancie
Chaudrons, cornues, alambics, fioles et bocaux, et des effluves mêlés d'essences de plantes et d'alcools divers. Le laboratoire de Rogue était à son image, strict, sombre et angoissant. Un banc contre le mur servait apparemment de couche spartiate, une couverture repliée à une extrémité. Le professeur referma la porte derrière eux et fit de la lumière dans une lampe sale de fumée et de poussière collée.
- Il semblerait Potter, que malgré votre propension à perdre facilement connaissance, la résistance de votre esprit soit… extrêmement grande. Vos capacités en occlumancie et légilimancie, pour quelqu'un d'aussi peu assidu que vous, m'ont incité à demander au Professeur Dumbledore la permission de vous initier à une branche plus occulte de psychomancie. Vous ignorez, bien sûr, ce qu'est la psychomancie…
Harry ne répondit pas. Il avait décidé d'ignorer les provocations de Rogue. Il savait d'ailleurs que le professeur connaissait exactement chacune de ses réactions intimes. Il avait besoin cependant de conserver son sang-froid pour ingérer un maximum d'informations dans un minimum de temps. Il n'avait pas de temps à perdre en de vaines querelles et si Rogue se délectait à le rabaisser sans cesse, il ne lui donnerait aucun motif de l'humilier encore.
- La psychomancie est une matière qui n'est abordée qu'en septième année, Monsieur, l'interrompit Harry, par les élèves qui ambitionnent de devenir Aurors, notamment. Elle se divise en plusieurs branches, qui ne sont étudiées que lors des trois années de spécialisation. Et encore, rare sont ceux qui s'y adonnent.
- Je vois que vous avez appris par cœur les documents d'orientation concernant la carrière d'Auror, Potter, se mit à ricaner Rogue.
- Et comment s'appelle la branche de la psychomancie grâce à laquelle vous m'avez ramené du chemin des morts, Professeur ?
Rogue tiqua.
- D'où tenez-vous cette expression, Potter ?
- Le chemin des morts ? Je l'ignore, avoua Harry. Je l'ai lu quelque part, peut-être… A moins que ce ne soit une image trouvée dans l'esprit du Professeur Londubat, Monsieur. Oui, ce doit être cela… Revenir du Chemin des Mort… c'est bien l'écho d'une de ses pensées, Monsieur. Pourquoi ?
- Parce que c'est exactement ce que je vais vous apprendre, Potter. A revenir du Chemin des Morts, tout seul cette fois… C'est aussi le nom qu'on donne à cette branche de la psychomancie : le Chemin des Morts.
Harry s'empêcha de frissonner.
- La narcomancie, c'est aussi le nom qu'elle porte plus couramment, est une pratique complexe et délicate. Même les esprits les plus entraînés et les plus émérites n'en usent qu'à leurs risques et périls… Vous croyez-vous capable d'accéder à la connaissance de cette matière autrement plus dangereuse que tout ce que vous avez pu entrevoir jusqu'à présent…
- La question n'est pas ce que je crois, Monsieur, répondit Harry le plus calmement qu'il put. La question est : vous-même croyez-vous que je sois capable d'y accéder ? Je crois cependant, que si vous ne le pensiez pas je ne serais pas ici à discuter avec vous de quelque chose que j'ignore encore.
- Vous êtes bien impatient, Potter…
- C'est sans doute, Monsieur, parce que je n'ai que seize ans et qu'on me demande d'être et de savoir comme si j'en avais le double…
- Oh ! fit Rogue. Allons-nous nous apitoyer sur nous-mêmes une fois de plus ?
Harry faillit laisser la colère monter à sa tête. Il sentit pourtant dans le ton du professeur autre chose que la provocation habituelle. Il tut les paroles qu'il avait sur les lèvres. Il baissa les yeux pour calmer les battements de son cœur et prit une profonde inspiration pour demander :
- La narcomancie, est-ce aussi un moyen de posséder les esprits ?
Rogue le fixa longuement durant quelques minutes.
- Qu'avez-vous en tête ? le pressa-t-il soudain.
- Rien, Monsieur, mentit Harry. Je voulais juste savoir si je ne m'engageais pas sur la voie qui mène à la magie noire ?
- Auriez-vous peur ? essaya de narguer Rogue.
- Non, répondit sincèrement Harry. Mais j'aime bien savoir où je mets les pieds…
Ce fut au tour de Rogue de prendre une grande inspiration.
- C'est une étape, en effet, vers les formes les plus obscures de la magie…
Harry hocha la tête.
- Je suis prêt, Professeur. Que dois-je faire ?
- Me faire confiance, Potter, répondit Rogue sur un sourire acerbe. Acceptez-vous de vous en remettre à moi ?
- A vous ? répéta Harry sur un éclat de rire tout aussi narquois que le sourire de Rogue. Non, je n'ai aucune confiance en vous, en ce qui me concerne. Mais je n'ai pas le choix, n'est-ce pas. Pas plus que vous ne l'avez…
Le sourire de Rogue s'effaça. Il lui montra le banc et lui fit signe de s'asseoir. Harry obéit tandis que le professeur se tournait vers ses fioles pour cacher sa fébrilité.
- Racine d'asphodèle et infusion d'armoise, Potter, qu'est-ce que cela vous évoque… dit-il sans se retourner.
- Le tout premier cours que nous ayons eu avec vous, Monsieur ! répondit Harry sur un sourire qu'il ne put retenir. Et accessoirement, une potion de Goutte du Mort-Vivant…
Rogue se tourna à nouveau vers Harry. Ses gestes étaient redevenus secs, sa voix cassante et son regard sévère.
- Retirez vos lunettes, et posez les près de vous. Vous pourriez vous blesser si vous les gardez.
Harry croisa les branches de ses lunettes et les posa sur le banc. Il songea qu'il aurait beaucoup de difficultés à expliquer à Ron et Hermione ce qu'il faisait dans le cachot de Rogue. Ron hurlerait qu'il avait perdu l'esprit. Et il aurait sûrement raison. Harry hésita devant la fiole que lui tendit Rogue. Le professeur fit apparaître une cuiller à thé.
- Ne la remplissez pas surtout ! prévint-il.
Harry fit tomber quelques gouttes dedans. Il leva les yeux vers Rogue. La bouche du Maître des Potions se tordit dans un rictus ironique. Ce que ferait Ron à sa place, il ne le savait que trop bien. Tout son être lui criait de rejeter cette cuillère et de quitter cette pièce sordide. Hermione, elle, avait dit qu'elle prendrait tout ce que lui donnerait le Professeur Rogue. Et lui, ainsi qu'il en avait pris conscience un peu plus tôt, il n'avait pas le choix. Il avala la potion dans une grimace. Le sourire narquois de Rogue se troubla. Il entendit la voix lointaine du professeur lui conseiller de ne pas résister. Ce n'est pas la Goutte du Mort-Vivant, pensa-t-il avant de sombrer dans l'inconscience.
Ron referma le placard à balai des vestiaires de Gryffondor, soulagé. Ginny l'attendait à la porte pour rejoindre le château.
- J'ai été comment ? lui demanda-t-il avec inquiétude. Pas trop dur avec Sloper ?
- Tu étais très bien, lui assura sa sœur. Tu ne cries pas aussi fort qu'Harry, mais avec un peu d'entraînement ça viendra ! Et Sloper joue vraiment comme une patate !
Ron soupira. Il espérait que Rogue ne ferait pas appeler Harry pour chaque entraînement. Il essuya du dos de sa main le visage éclaboussé de boue de Ginny.
- Comment te débrouilles-tu pour être toujours aussi sale quand on joue au Quidditch ? lui demanda-t-il en souriant.
- C'est cet imbécile de Sloper, dit-elle en retirant sa main. Il n'est pas fichu d'atterrir correctement. Et arrête ça, Ronnie. On dirait Maman.
- Et toi tu n'es pas fichue de prendre une douche correctement !
- Je prendrai un bain, dans la salle de bains des préfètes ! On a échangé nos tours avec Hermione chaque fois que j'ai entraînement.
Ron hocha la tête. Il comprenait pourquoi Ginny disparaissait après chaque entraînement. Il mit son bras sur les épaules de sa sœur et l'entraîna avec lui hors des vestiaires.
- Alors, reprit-il un peu plus tard. Comment ça va avec Dean ? Il est gentil avec toi ?
- Pourquoi ? se moqua Ginny. Tu crois que je ne serais pas capable de me défendre seule s'il ne l'était pas ?
- Oh non ! avoua Ron. Je me disais juste…
- Je sais ce que tu te disais, Ron. Et moi je te le répète, mêle toi de tes propres affaires… Elles sont assez compliquées comme ça ! et à ce propos…
Elle se dégagea de l'étreinte de son frère pour le regarder en face, tout en marchant vers le parvis de l'école.
- Qu'est-ce qui s'est passé cet été avec Hermione ?
Ron soupira d'agacement.
- Je l'ai déjà raconté en long en large et en travers ! Protego, le noir, la Forêt et voilà !
Ginny secoua la tête :
- Pas à ce moment, Ron. A l'infirmerie, juste avant que je ne te trouve dans le couloir pleurant toutes les larmes de ton corps…
Ron ne répondit pas.
- Est-ce que tu l'as embrassée ?
Ron cessa d'avancer.
- Arrête avec ça ! Tu ne vas pas commencer comme Harry !
- Mais il faut bien qu'il se soit passé quelque chose pour la ramener, comme elle dit !
- Je croyais que Bill avait conjuré le sort, se moqua Ron, la voix tremblante.
- Je n'en suis plus si sûre à présent, murmura Ginny.
Ron se racla la gorge, tandis qu'il montait les escaliers de pierre.
- Et elle, elle en pense quoi de tout ça… ?
Ginny haussa une épaule.
- Elle ne parle pas beaucoup, tu sais, même à moi, regretta Ginny.
Ils arrivaient dans le Grand Hall et Ginny embrassa son frère sur la joue avant de monter chez les Préfets. Ron toucha sa joue machinalement tandis qu'il se dirigeait vers la Salle des Quatre Maisons où il était sûr de trouver Hermione. Harry n'était pas dans la salle. Il pensa qu'il les attendait dans la Tour de Gryffondor. Hermione quittait la pièce pour se rendre chez Hagrid faire sa visite à Pattenrond. Ron s'invita à sa suite et elle ne refusa pas sa compagnie. Une heure plus tard, ils étaient de retour dans leur salle commune, heureux des nouvelles qu'ils ramenaient. Dans deux jours au plus tard, Hermione repartirait avec son chat et Pattenrond pourrait terminer sa convalescence auprès de sa jeune maîtresse.
Harry n'était pas encore revenu de son entretien avec le professeur Rogue. Ils ouvrirent leurs livres mais aucun des deux ne put travailler. Ils évitaient de se regarder, les yeux fixés sur des lignes qu'ils ne voyaient pas. Puis Ron rapprocha sa chaise de celle d'Hermione.
- Qu'est-ce que tu crois qu'il fait ? demanda-t-il sans craindre de laisser transparaître son angoisse.
Hermione secoua la tête en signe d'ignorance.
- Cela fait longtemps qu'il est là-bas… Tu crois qu'il lui fait faire des choses dangereuses ?
- Bien sûr que c'est dangereux ! soupira Hermione agacée.
Elle tourna la tête vers Ron. Son visage montrait tant d'anxiété qu'elle comprit qu'elle s'était méprise.
- Tu veux dire : qu'il lui ferait faire des choses dangereuses exprès pour qu'il échoue et …
Ron pâlit.
- Non ! répondit Hermione à sa propre question. Rogue sait combien Harry est important, même s'il refuse de le reconnaître.
- Justement ! souffla Ron.
Il soutint le regard de la jeune fille. Il s'attendait à une critique sévère. Elle lui sourit doucement. Elle posa sa petite main sur la sienne, serrée sur le livre de sortilèges.
- Je sais que tu es inquiet pour Harry, dit-elle. Mais je t'assure que nous pouvons avoir confiance en Rogue.
- Et qu'est-ce que tu en sais ? s'exclama Ron à voix basse.
Il espérait qu'elle ne lâcherait pas sa main, qu'elle la garderait sur la sienne pour toujours.
- Je le sais là… murmura-t-elle.
Elle prit sa main et la posa sur son cœur. Il sentait les battements réguliers de son pouls sous sa paume. Il la retira vivement. L'idée même que Rogue était dans le cœur d'Hermione lui était inadmissible.
- Je préfère quand tu raisonnes avec ta tête, chuchota-t-il les yeux baissés.
- Moi aussi, répondit Hermione en riant doucement. C'est beaucoup moins compliqué…
Elle se rapprocha à son tour un peu plus de Ron.
- Nous nous sommes trompés tant de fois sur lui… et lui sur nous… reprit-elle. Nous parce que nous ignorions certaines choses –et nous en ignorons encore ! Et lui parce qu'il croyait savoir…
- Ce que je sais, releva Ron avec entêtement, c'est qu'il porte la marque noire et qu'il déteste Harry. Ce que je sais, c'est qu'il a réussi à avoir prise sur ton esprit. Il t'éloigne de nous !
Elle sourit, un peu triste. Elle arrangea quelques uns de ses cheveux roux juste au dessus de son oreille.
- Crois-tu vraiment que ce soit Rogue qui m'éloigne de… vous ?
Ron tourna la tête vers elle. Ses taches de rousseur étaient si brunes qu'il semblait qu'elles s'étaient multipliées en quelques secondes.
- Tu dis cela pour moi ? demanda-t-il, un picotement au fond de la gorge.
Hermione à son tour baissa la tête.
- Je sais que tu t'es senti responsable de ce qui est arrivé. Et depuis mon retour, tu t'efforces de m'aider pour que tout redevienne comme avant. Mais rien ne sera comme avant, parce que trop de choses ont changé. Et tu n'as pas à te sentir coupable. Et certainement pas au point de…
Elle mit ses doigts sur ses lèvres pour s'empêcher de parler.
- Pardonne-moi, murmura-t-elle. J'ai dit qu'on oubliait tout et c'est moi qui en reparle. C'est moi qui me suis éloignée de vous. Et encore pas assez pour ne pas t'inspirer pitié.
Ron la regardait, les yeux ronds, la bouche ouverte, avec un air abasourdi qui lui venait, non pas du fait cette fois qu'il n'entendait rien à ce qu'elle racontait, mais bien parce qu'il ne comprenait enfin et que trop bien ce qui lui avait traversé la tête ce jour-là. Il secoua la tête sans pouvoir articuler un mot. Il y avait quelque chose au fond de sa gorge qui le gênait pour parler, pour avaler et même pour respirer.
- Je dérange ?
Harry se laissa tomber sur la chaise en face d'eux. Hermione leva sur lui un regard plein de larmes. Ron était à la fois blême et écarlate. Harry se demanda comment cela pouvait se faire, ce qu'il avait bien pu dire, et pourquoi Lavande et Parvati à la table voisine gloussaient tout en glissant des regards entendus aux jeunes gens.
- Harry ! s'écria Ron lorsqu'il réalisa que leur ami était enfin revenu. Tu vas bien ? Pourquoi tu as été si long ? Qu'est-ce que Rogue te voulait ?
Hermione s'écarta de Ron. Elle posa la main sur son bras pour le faire taire. Ron retint les questions qui lui venaient à la bouche. Il ressentait une sensation curieuse, un grand soulagement de savoir Harry revenu tout en gardant au coeur l'étrange trouble que les paroles d'Hermione avaient suscité. Il aurait voulu la garder près de lui, prendre ses mains dans les siennes, caresser son visage et ses cheveux, lui dire qu'il n'éprouvait pour elle aucune sorte de pitié. Mais déjà elle reculait sa chaise et tournait vers leur ami toute son attention.
- Qu'est-ce donc que tu travailles avec le Professeur Rogue ? demandait-elle, les sourcils froncés.
- Il m'apprend à revenir seul de l'inconscience…
Harry hésita. S'il avait pu éviter cette conversation, il l'aurait fait volontiers. Ce n'était pas tant le regard perspicace d'Hermione qui le gênait –après tout elle avait été la première à lui parler de magie noire – mais les craintes de Ron. Pourrait-il lui dire qu'il avait laissé le professeur provoquer chez lui un coma artificiel, si léger fût-il.
- Mais comment ? insistait Ron.
Hermione fronçait de plus en plus les sourcils.
- Ce n'est que la première étape, tu le sais Harry ? demanda-t-elle. Quand tu auras appris à revenir seul, il t'enverra de plus en plus loin…
Curieusement, Harry fut soulagé. Il hocha la tête.
- De plus en plus loin vers quoi ? chuchota Ron.
- Vers la maîtrise de la narcomancie, répondit Hermione.
- La narcomancie ? répéta Ron. Ce n'est pas une spécialisation des Aurors ?
- De certains en effet, mais très peu, lui apprit Harry. Il faut, disons, avoir des talents particuliers…
Ron se pencha en avant, un peu inquiet.
- Et c'est dangereux ?
Hermione secoua la tête.
- S'il te disait non, tu le croirais ? Bien sûr que c'est dangereux ! Comme tout ce qui se rapproche de la magie noire.
Elle échangea un regard avec Harry. Un pli soucieux marquait le front de Ron.
- Et ça marche comment ? questionna-t-il encore. Est-ce que c'est comme l'occlumancie ou la légilimancie ?
- Pour l'instant, on peut dire que oui… éluda Harry.
- Et ensuite ? insista Ron.
- Ensuite, il faudra que je me débrouille seul…
Ron l'examina attentivement. Il était un peu pâle, à peine plus que d'ordinaire. Il n'avait pas dans le regard cet éclat furieux qu'il avait parfois lorsqu'il revenait d'une séance d'occlumancie.
- Tu es sûr que tu vas bien ?
Harry sourit.
- Oui, dit-il. Et l'entraînement ? Tout s'est bien passé ? Et Sloper ? Toujours traumatisé par le traitement que lui ont fait subir ces deux imbéciles de Crabbe et Goyle la semaine dernière ?
Ron grimaça. Il craignait avoir laissé ses paroles dépasser sa pensée avec le jeune batteur.
- Ne t'en fais pas pour lui, Harry. Je crois qu'il a compris : je lui ai dit d'imaginer que les cognards étaient les têtes de ces deux brutes et il a immédiatement fait de très gros progrès.
Il se leva car il était l'heure de descendre pour le repas du soir. Hermione l'imita. Harry resta assis. Il leur promit de descendre à leur suite. Il avait juste quelque chose à vérifier avant d'aller à table, mentit-il. Lorsqu'ils furent partis, il mit ses coudes sur la table et sa tête dans ses mains. Il n'avait jamais eu si peur que lorsqu'il avait réalisé que ce que Rogue lui avait dit être de la Goutte du Mort-Vivant n'en était pas. Il avait sombré dans une demi conscience où la voix du professeur lui parvenait de très loin. Il lui avait semblé court le temps de son absence provoquée. Elle avait duré plus de deux heures pourtant, et Rogue l'avait gardé sous surveillance après qu'il lui eût administré un antidote. Il avait un mal de crâne foudroyant. Le Maître des Potions lui avait assuré qu'il passerait sous peu. Harry avait alors demandé quelle était la nature du breuvage qu'il lui avait fait boire. Le sourire de Rogue était réapparu sur ses lèvres minces : une base de Goutte du Mort Vivant et un ingrédient dont il ne révèlerait pas le nom. Cette préparation n'était pas au programme de Sixième Année. Il n'avait aucun besoin de le connaître puisque c'était lui, Rogue, qui dirigeait les séances et décidait de ce qu'il devait savoir ou non. Quelques remarques blessantes plus tard, il le congédiait. Peut-être était-ce l'effet du somnifère, Harry n'avait pas eu grande envie de réagir.
Harry était terriblement fatigué. Il ignorait si c'était la tension de la semaine accumulée qui avait cet effet-là sur lui ; ou l'une des potions de Rogue. Sans doute les deux, songea-t-il tandis qu'il faisait semblant de lire il ne savait plus quel livre dans la Salle des Quatre Maisons où Ron l'avait traîné. Hermione à nouveau préparait les seizième et les huitième de finale du Tournoi d'Echecs. Elle n'était pas seule, toutefois, Hannah Abbot et Ellie McGregor l'entouraient efficacement. Un Préfet de Serdaigle l'aidait à compter les échiquiers et Harry se demanda si c'était là la raison pour laquelle Ron tenait à se montrer dans la salle commune. A moins que ce ne fût pour tenir à l'œil Dean et Ginny, en compagnie de Luna, Neville et Seamus Finnigan. Ron referma son magazine de Quidditch et se pencha vers Harry. Un instant, le jeune homme crut qu'il allait lui parler de Rogue. Il fut presque soulagé lorsque Ron prononça le nom d'Hermione. Le jeune Weasley lui rapporta la conversation qu'il avait eu avec elle juste avant son retour de chez le professeur de Potions.
- Tu réalises, Harry, s'écria Ron à voix basse, qu'elle a cru que c'était par sentiment de culpabilité que j'étais resté auprès d'elle tout ce temps !
Il jeta un coup d'œil sur la préfète de Gryffondor pour vérifier qu'elle était occupée ailleurs.
- Tu te rends compte qu'elle a cru que je l'avais embrassée par pitié et parce que je me sentais responsable.
Harry hocha la tête :
- Et c'est pour cela qu'elle ne t'en a pas voulu autant qu'elle aurait dû ? Parce qu'elle croit que tu ne l'as embrassée que par devoir et que tu as aussitôt regretté ton geste… ?
Ron opina vivement du chef.
- Mais comment a-t-elle pu croire une chose pareille ! reprit-il, transfiguré d'un sourire radieux. Elle est beaucoup plus clairvoyante d'ordinaire.
- Peut-être n'avait-elle pas en main toutes des données du problème, Ron. Et son analyse a été faussée.
- Que veux-tu dire ? s'inquiéta soudain Ron.
- Je veux dire que si elle avait su que c'était toi qui…
Ron l'interrompit d'un geste de la main :
- Et comment voulais-tu que je dise une chose pareille, Harry. Salut Hermione ! Tu n'en sais rien parce que tu étais inconsciente mais c'est moi qui ai rompu le charme qui te gardait dans le sommeil. Elle m'aurait éclaté de rire au nez !
- Peut-être, répondit sérieusement Harry. Mais au moins ne serait-elle pas en train de se poser des questions qui la rongent.
- Quelles questions ? demanda Ron.
- Le genre de questions qu'on est en droit de se poser quand on a échappé deux fois à la mort, alors qu'on est passé à ça d'elle.
Harry fit claquer son pouce contre son majeur :
- Comment et pourquoi elle a survécu ? Tout le monde ne peut pas remonter dans ses souvenirs pour savoir comment. Et tout le monde n'a pas de prophétie toute prête pour savoir pourquoi.
- Et crois-tu que je le sache moi ? s'emporta Ron également.
- Non, Ron ! Mais tu pourrais peut-être lui apporter quelques éléments de réponse si tu le voulais bien.
Sa colère contre Ron réveilla le mal de tête de Harry. Il referma son livre, lui aussi, et se leva. Il était épuisé. Il fallait qu'il dorme. Il craignit un instant que Voldemort ne profitât de sa faiblesse pour empoisonner ses rêves. Il se rassura : depuis un long moment déjà –il n'aurait su dire combien de temps- ses nuits étaient plus sereines. Sa cicatrice n'était plus si douloureuse et il lui arrivait parfois de l'oublier. Il laissa Ron méditer ses paroles et monta dans sa chambre. Il se coucha le premier et il n'entendit pas les autres quand ils virent dormir à leur tour.
Le lendemain matin, il fit mine d'être toujours d'humeur chagrine pour que Ron le laissât seul. Il s'assit à une table, solitaire, ses livres ouverts en paravent. Il savait que son ami lui lançait de temps à autre des regards désolés depuis la table qu'il partageait avec Neville, Dean et Seamus. Mais Harry ne devait pas se laisser distraire. Il avait énormément de travail en retard et il ne voulait pas revivre l'expérience de l'année précédente. Il n'avait pas non plus très envie d'être le seul à subir les foudres d'Hermione. Quelque chose lui susurrait que ses nouvelles activités ne supporteraient aucune forme de délai et qu'il avait intérêt à se mettre à jour s'il ne voulait attirer sur lui l'attention des professeurs, qui jusque là avaient tous une opinion plutôt favorable. Il eut un peu de mal à remplir ses parchemins ; il n'avait pas été très attentif en cours durant la semaine et son travail s'en ressentait. Il entendait déjà les réflexions d'Hermione et grimaçait d'avance, tout en reconnaissant qu'elle n'aurait pas tort. Puis il se souvint que la jeune fille serait absorbée par le Tournoi d'Echecs toute la journée, ainsi que le lendemain. Il avait encore la tête lourde. Il fallait qu'il parle à Hermione, seul à seule. Elle lui concocterait quelque potion pour ses maux de tête. Il soupçonnait Rogue de ne lui avoir administré qu'une partie des antidotes nécessaires. C'était de bonne guerre. Il se débrouillerait bien, lui, pour trouver ce que Sirius, Bellatrix et Rogue avaient en commun. Il prit sa plume et écrivit les trois noms sur une page blanche. Sirius tout en haut, Rogue tout en bas, Bellatrix sur la droite. Sirius et Bellatrix, il savait quels liens les unissaient. Sirius et Rogue également : ils fréquentaient les mêmes bancs de la même école. Rogue et Bellatrix… Il songea soudain que Bellatrix était un peu plus âgée que Rogue et Sirius. Lorsqu'ils avaient seize ou dix-sept ans, elle était déjà partie de Poudlard. Où donc Rogue l'avait-il rencontrée ? Ou donc Rogue avait-il continué à la voir pour éprouver pour elle une telle passion ?
- Qu'est-ce que tu fais ?
Harry cacha vivement la feuille avant de s'apercevoir que c'était Ron qui l'avait interpellé ainsi.
- J'essayais de trouver le rapport entre Bellatrix Lestrange et Rogue, soupira-t-il.
Ron s'assit prudemment à côté de lui et tourna légèrement la page vers lui.
- Hé bien, dit-il avec précaution, ne sachant si Harry était encore fâché contre lui. A l'époque c'était Bellatrix Black et nous savons tous ce que les Black, sauf Sirius, pensaient de tu-sais-quoi. Les Rogue manifestement naviguaient dans le même monde… et fréquentaient les mêmes personnes.
Harry se redressa vivement. Qu'avait donc dit Sirius à propos de Rogue et de sa grande amitié avec… Lucius Malefoy !
- Bien sûr ! fit-il et il nota le nom du père de Drago en face de celui de Bellatrix.
- Malefoy ? lut Ron stupéfait.
- Les Malefoy et les Black étaient liés. Peut-être même qu'à l'époque Lucius et Narcissa étaient déjà fiancés. Les Rogue et les Malefoy étaient également liés, puisque Sirius m'a parlé d'une amitié entre Rogue et Lucius.
- Tu sais, avança Ron… Ce sont des Mangemorts. Ils auraient pu se rencontrer à ce moment-là.
- Je ne crois pas qu'on puisse être "ami" entre Mangemorts… estima Harry. Non, si Lucius et Rogue sont amis, cela date d'avant l'époque de Voldemort.
Ron rentra sa tête dans les épaules.
- Crois-tu qu'ils le soient toujours ?
- J'ai l'impression que Drago le pense, en tous cas… mais nous pouvons difficilement aller le lui demander de but en blanc.
- Hum ! fit Ron. Tu pourrais peut-être… ?
Harry prit un air dégoûté. Entrer dans la tête de Malefoy l'écœurait profondément. Il se frappa le front soudain.
- Bon sang ! s'écria-t-il. Hermione a raison ! Je viens de comprendre pourquoi Rogue couvre toujours les actions de Malefoy…!
- Parce que c'est son petit protégé et que s'il se faisait renvoyer son père et lui ne seraient plus amis ! railla Ron. Mais à présent que Lucius est en cavale et qu'il est reconnu comme un abject mangemort, on aurait pu croire qu'il ne bénéficierait plus des mêmes appuis… Or, quand il a fait tomber Hermione des escaliers et quand il m'a tailladé le visage, je ne sais même pas s'il a eu la moindre punition.
- Il a été en retenue… commença Harry.
Ses idées tournaient toutes seules à une vitesse folle.
- Pff ! fit Ron. En retenue… Toi, simplement parce que tu as dit la vérité, Ombrage t'a puni pendant des mois d'une manière très douloureuse… Et lui il n'a eu qu'une retenue chez le meilleur ami de son père. Qu'est-ce que tu crois qu'il l'a obligé à faire ? Terminer son thé et ses petits gâteaux ?
- Tais-toi Ron !
Ron se tut, un peu vexé.
- Oui, mais ce n'est quand même pas normal… ne put-il s'empêcher de reprendre quelques secondes plus tard.
Harry se pencha vers lui. Il riait presque.
- Tu sais, Ron, je me demande à quel point tu avais tort quand tu as dit cet été à Hermione qu'elle avait quelques points communs avec les Serpentard : elle est rusée et maline et elle a vu clair dans le jeu de Rogue…
Ron pâlit. Si elle avait percé à jour le professeur, pourquoi l'avait-elle laissé entrer dans son esprit. Il savait qu'elle savait à présent et… Ron voyait toutes ses craintes prendre corps. Et Harry qui riait alors qu'ils étaient tous en danger et Hermione la première.
- Quelle est la devise de Maugrey Fol-Œil ? demanda Harry sur un ton joyeux.
- Vigilance constante ! répondit Ron machinalement.
- Et ce doit être aussi celle de Rogue… dit Harry.
Il croisa ses mains sur sa nuque et soupira de soulagement. Il n'en savait pas plus sur les relations entre son parrain et Rogue, mais il avait grandement avancé dans son approche des motivations du professeur. Il avait envie de rire et son mal de crâne l'avait quitté. Ron le regardait avec une pointe d'inquiétude dans le coin de l'œil.
- Harry, commença-t-il prudemment, tu ne penses pas que Rogue manipule ton esprit comme il manipule celui d'Hermione ?
Harry éclata franchement de rire.
- Tu es mon ami, Ron, et je trouve que tu es un gars génial. Mais parfois je me demande ce que "elle" elle peut bien te trouver !
- Qui ? s'inquiéta Ron. Et pourquoi ?
- Oui, reprit Harry un peu plus sérieusement. Parfois, je me le demande vraiment… A croire qu'elle a encore raison quand elle dit que l'amour c'est de la magie.
Il se pencha vers lui, sévère à nouveau :
- Tu as l'intention de lui laisser croire encore longtemps que tu n'éprouves pour elle que des sentiments de pitié, de culpabilité ou de je ne sais encore quelle autre stupidité ?
- Mais je n'ai jamais voulu lui faire croire cela ! se défendit Ron.
- La prochaine fois, Ron, il se pourrait qu'il n'y ait plus de prochaine fois…
Harry se renversa sur son dossier.
- Alors ? dit-il sur un ton plus léger. Tu es prêt pour cet après-midi ?
Ron haussa une épaule.
- Cet après-midi, je serai dans le Tournoi. Et elle, elle en aura jusqu'au début de soirée avec l'organisation des huitième demain. Idem pour dimanche. Lundi l'entraînement. Mardi, l'AD… je veux dire le Club de Duels… Sans compter nos obligations de préfets… les devoirs à rendre…
Harry se retint de rire à nouveau.
- Tu trouveras bien un moment, entre deux de vos obligations mondaines…
En fait, Ron ne trouva pas une minute pour parler seul à seule avec Hermione. Toute la journée du samedi, elle fut occupée avec le Tournoi. Ce fut tout juste si elle prit le temps de féliciter Ron pour sa victoire et sa qualification pour les huitième de finale le lendemain. Elle ne put même pas faire sa visite à Pattenrond. Ron se rendit seul chez Hagrid. Il y trouva Luna et Neville, en grande discussion avec le professeur de Soins aux créatures magiques. Hagrid prétendait que les Ronflaks cornus portaient deux excroissances sur le museau. Luna soutenait qu'ils n'en avaient aucune et qu'ils devaient leur nom à la forme de leurs arcades sourcilières. Neville quant à lui déclara qu'il préférait réserver son avis, jusqu'à ce qu'il voie les photos qui prouveraient l'une ou l'autre des théories. Il fit un clin d'œil à Ron et lui sourit.
- Et toi, Ron ? demanda Hagrid. Tu en penses quoi ?
Pattenrond sortit de sa caisse. Il boita jusqu'à Ron et gratta son genou. Ron fut heureux de cette diversion qui le dispensa de répondre. Il prit le chat dans ses bras et voulut savoir s'il pourrait vraiment réintégrer le dortoir des filles dès le lendemain. Hagrid hocha la tête avec un large sourire. Ron se promit de porter la nouvelle à Hermione lui-même. Peut-être trouverait-il ainsi grâce à ses yeux. Quand il rentra, il ne put lui parler sans avoir autour d'eux une troupe d'importuns. Elle fit une apparition chez les Préfets, mais Ginny l'accapara pour quelque futile raison. Puis elle disparut, et lorsqu'il voulut la suivre, Dawson croisa son chemin et colla à ses semelles parce qu'elle ne voulait pas rentrer seule dans la tour des Gryffondor, à cause de Peeves. Lorsque enfin, il arriva dans la salle commune, Hermione venait de monter dans son dortoir. Le lendemain matin, il ne put non plus avoir un instant seul avec elle. Ce stupide Préfet de Serdaigle semblait ne rien pouvoir faire sans elle et cela le rendait fou de jalousie, de rage et d'impatience. Ce qui lui faisait le plus mal, en fait, c'était qu'elle semblait apprécier les petites remarques crétines que ce grand imbécile lui servait chaque fois qu'il lui adressait la parole. "Ne te dérange pas, Hermione, je vais faire ça pour toi…" "Tu as raison, Hermione ! Comment n'y avons-nous pas pensé avant ?" "Et toi, Hermione, qu'en penses-tu ? Nous nous en remettrons à ton jugement".
- Tu es si intelligente, Hermioneuuu ! Et tu es si habile, Hermioneuuu ! Nous nous prosternons devant toi, Hermioneuuu ! singea-t-il en louchant sur son nez, dans une caricature du préfet en question, qui avait une coquetterie dans l'œil gauche, d'après lui.
Seamus et Dean étaient écroulés sur la table du déjeuner. Neville était rouge, parce qu'il manquait s'étouffer avec un morceau de pain. Harry se tenait les côtes. La jalousie de Ron était très drôle, quand elle se manifestait de cette manière, et non sur le terrain de Quidditch.
- Et quel mal y a-t-il à reconnaître mes mérites ?
Ron se tourna brusquement vers Hermione. Elle se tenait derrière lui, une main sur la hanche, dans l'autre sa baguette. Ron fit une grimace. Il leva la main comme pour se protéger d'un coup de baguette.
- Aucun… se hâta-t-il de répondre. Mais il n'a pas besoin de le faire avec tant de flagornerie… C'était vraiment… beurk ! A ta place, je l'aurais envoyé baver ailleurs ce sale type…
- Mais tu n'es pas à ma place, Ron. J'espère que tu t'en souviendras, au cas où il te viendrait à l'esprit de l'envoyer en mon nom faire quoi que ce soit d'autre ailleurs…
Les garçons cessèrent de rire. Ils plongèrent le nez dans leurs assiettes. Hermione s'assit entre Ron et Harry. Ce dernier faisait de gros yeux à Ron, dépité. Ses oreilles étaient aussi rouges que ses cheveux et il en perdait l'appétit. Hermione l'acheva lorsqu'elle murmura qu'elle devait décidemment se trouver une autre place pour les repas, puisque apparemment sa présence tuait les rires et l'ambiance. Elle se dépêcha de manger pour retourner à sa tâche d'organisatrice. Ron était furieux. Contre elle, contre le préfet de Serdaigle, contre lui-même surtout.
Lors du concours, Harry faillit éclater de rire, lorsque le tirage au sort désigna Ron et le préfet de Serdaigle pour se retrouver face à face derrière leur échiquier.
- Garde ton calme, conseilla-t-il à Ron juste avant que celui-ci ne rejoignît sa place.
- T'en fais pas, grinça Ron soudain sûr de lui. Je vais le démolir !
En effet, il battit son homologue de Serdaigle en quelques coups implacables.
- Echec et mat ! dit-il, un sourire sardonique au coin des lèvres lorsqu'il finit la partie.
- Bravo ! dit l'autre quelque peu admiratif. On m'avait dit que tu étais doué à ce jeu, Weasley, mais là tu m'as vraiment épaté ! C'était magistral !
Il lui tendit la main pour le féliciter. Ron manqua lui écraser les doigts dans la sienne.
- Hé bien… bonne chance pour les quart de finale ! Je vais pouvoir arbitrer les autres parties. Hermione manque d'arbitres…
Le garçon se demanda pourquoi Weasley le regardait de cet œil méchant. Il se garda de lui proposer d'en faire autant. Dès qu'il eut tourné les talons, Ron chercha les félicitations d'Hermione. Elle le considérait d'un air découragé, en secouant la tête. Il lui sembla l'entendre soupirer d'exaspération depuis sa place. Il resta toute l'après-midi dans la salle, où il s'ennuya fermement en compagnie d'Harry. Il espérait qu'elle viendrait vers eux ; et surtout il ne voulait pas rater son départ pour la cabane d'Hagrid. Harry lui avait conseillé de profiter de ce moment pour engager les pourparlers de paix. A la fin de l'après-midi, enfin, elle vint les voir et leur proposa de l'accompagner chez Hagrid. Elle souriait et l'impatience commençait à la gagner. Harry fit semblant d'hésiter puis déclina l'offre sur un prétexte quelconque. Ron déjà poussait Hermione vers la sortie. Il était en train de se demander comment engager la conversation sur le sujet qui l'intéressait lorsque Neville, Luna et Ginny les interpellèrent. Ils les suivirent sans paraître s'apercevoir des regards assassins que Ron lançait à sa sœur. Il se renfrogna et n'ouvrit pas la bouche de tout le temps qu'ils passèrent chez Hagrid.
Hermione revint à l'école Pattenrond dans les bras. Elle l'installa dans son dortoir et passa le reste de la soirée avec lui. Elle ne descendit que pour le repas et ne consentit à se joindre à Harry et Ron que lorsque ses amis lui suggérèrent de prendre Pattenrond avec elle dans la salle commune. Ron grommela qu'elle perdait la tête dès qu'il était question de ce chat. Harry lui donna un coup de coude et l'interrogea à voix basse sur l'issue de la conversation qu'ils auraient dû avoir. Ron renifla et expliqua qu'il n'avait pu avoir un seul instant seul à seule avec elle à cause de sa crétine de sœur et de ses crétins d'amis. Harry haussa les épaules. Après tout, on ne peut faire boire un âne qui n'a pas soif.
