Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.

Merci à tous les revieweurs !
Quelques réponses en vrac :

- Oui, je sais où je vais...
- Pour Ron et Hermione, combien de temps leur faudra-t-il ? Un peu encore...
- Quant à Harry et Ginny pour savoir ce que je leur réserve, il faudra lire la suite...
- Pour Youpala : c'est malin, maintenant il va falloir que tu attendes la suite comme tout le monde...

Sinon, j'ai quelques (hum... ) chapitres d'avance... j'essaie de poster un chapitre par jour... un peu plus si je peux le week-end...


Chapitre 39

La Forêt Interdite

Harry peinait sur son devoir d'astronomie. Ce n'était pas tant le devoir en lui-même qui le gênait mais plutôt le fait qu'il n'arrivait pas à se concentrer dessus. Les ronronnements de Pattenrond qu'Hermione n'avait pas quitté depuis qu'elle l'avait ramené de chez Hagrid juste avant le repas lui bourdonnaient aux oreilles. Si la jeune fille n'avait été là à surveiller son travail, il aurait déjà tout envoyé balader et serait monté se coucher. Pour ajouter à son impatience, Ron n'arrêtait pas de se balancer sur sa chaise en jouant avec sa plume. Il jetait à Hermione et Pattenrond des regards agacés. Harry sentait qu'il mourait d'envie de dire quelque chose. Un pressentiment lui vint, une pensée fugace. Il ferma son esprit comme Rogue le lui avait abruptement recommandé. Il ne fallait pas qu'il se laisse distraire par les tracas futiles de Ron. Il devait revenir à Saturne et ses anneaux…

- Qu'est-ce qu'il te voulait, Hagrid ? demanda soudain Ron après deux ou trois raclements de gorge. Il avait oublié de te donner quelques consignes supplémentaires ?
Hermione continua à caresser Pattenrond, avec une lenteur qui alerta Harry.
- Nnon ! dit-elle sans regarder Ron.
- Pourquoi t'a-t-il retenue, alors ? insista le jeune Weasley.
Harry lui fit de gros yeux. Il n'allait pas recommencer ! Il allait encore se rendre grotesque.
- Il voulait me parler de Graup, répondit rapidement Hermione, toujours sans lever les yeux.
Harry se pencha vers elle, soudain inquiet :
- Il ne t'a pas redemandé de lui apprendre l'anglais ?
Hermione hocha la tête. Ron cessa de se balancer. Il se pencha à son tour sur la table :
- Tu lui as dis qu'il n'en était pas question !
- Il avait l'air si ennuyé… fit Hermione un peu gênée. Il a attendu que j'aille mieux pour me demander de tenir ma promesse.
- C'EST HORS DE QUESTION ! s'écria Ron.
Harry était bien près de penser la même chose.
- Mais j'ai promis, Ron, murmura Hermione à voix basse. Et je ne pouvais pas lui refuser. Pas après ce qu'il a fait pour Pat.
Ron saisit le bras d'Hermione. Son visage était dur et ses yeux étaient presque noirs de colère.
- Hagrid est complètement inconscient ! articula-t-il entre ses dents. Et toi tu es encore plus folle que lui ! Il-n'est-pas-question- tu m'entends ! pas-question que tu entres dans cette Forêt. Et je t'interdis de t'approcher de cette aberration de la nature !
Hermione leva enfin les yeux vers Ron. L'irritation qu'elle commençait à ressentir se changea en crainte lorsqu'elle vit l'expression furieuse de son visage.
- Mais Hagrid sera avec moi ! se hâta-t-elle d'ajouter.
La pression de la main de Ron sur son avant-bras se fit plus forte.
- Ne te souviens-tu pas de ce qu'il a fait à Hagrid ? grinça Ron.
- Il m'a assuré qu'il était beaucoup plus docile. Et il n'a plus de marques sur son visage…
- C'est-un-gé-ant !
Ron essayait de ne pas crier pour ne pas attirer l'attention sur eux. Mais tout en lui hurlait son désaccord. Il lâcha le bras d'Hermione et chercha un soutien chez Harry.
- Mais dis-lui, toi ! qu'elle ne doit pas y aller ! s'écria-t-il avec désespoir.
- Tu ne dois pas y aller, répéta Harry d'une voix blanche.
Il aurait voulu être beaucoup plus convaincant. Cependant il savait qu'Hermione avait deviné que ce qu'il étudiait avec Rogue était au moins aussi dangereux que s'approcher de Graup, bien que d'une autre nature, et il se savait bien mal placé pour lui donner des conseils de prudence. Ron prit sa tête entre ses mains, accablé. Il soupira si fort que la feuille de parchemin devant lui glissa sur le côté.
- Bien, fit-il, découragé. Je suppose que rien de ce que je pourrais te dire ne te fera changer d'avis. Mais j'irai avec toi !
Il leva la main pour la faire taire alors qu'elle ouvrait la bouche.
- J'irai avec toi ! répéta-t-il. Je ne cèderai pas là-dessus !
- Ce n'est pas possible, Ron… dit-elle d'une petite voix, en s'excusant presque. J'ai dit à Hagrid que les leçons auraient lieu pendant l'entraînement de Quidditch…
Ron blêmit.
- Mon entraînement de Quidditch ?
Hermione hocha lentement la tête. Ron recommença à se balancer sur sa chaise, les mâchoires crispées et le regard dur. Elle voulut parler encore. Il jeta sa plume sur la table.
- Ça va ! Te fatigue pas ! J'ai compris !
Il se leva, abandonnant ses affaires sur la table et partit à grandes enjambées vers le dortoir. Hermione tourna vers Harry un visage désespéré.
- Oh ! Harry ! murmura-t-elle. Que pouvais-je faire d'autre ? Nous avons promis !
Harry haussa les épaules. Il n'osa lui répondre qu'il était heureux qu'Hagrid n'ait pas songé plus tôt à lui.

Hermione se leva à son tour, Pattenrond tout contre elle.
- A demain, Harry, dit-elle, la voix étranglée. Tu n'auras qu'à me donner ton devoir demain matin. Je le vérifierai pendant le petit déjeuner et tu n'auras qu'à le corriger avant la reprise des cours de l'après-midi. Tu… Tu peux dire à Ron qu'il me laisse le sien également, s'il le veut bien.
- Tu sais, Hermione, voulut défendre Harry, s'il a réagi comme ça c'est simplement parce qu'il a peur pour toi…
Elle lui fit une grimace qu'il prit pour un sourire.
- Je le sais… soupira-t-elle. Je ne suis pas très rassurée non plus.
Pattenrond glissa son museau écrasé dans son cou. Un ronron apaisant s'éleva de cette grosse boule de poils orange. Elle gratta ses oreilles.
- J'irai parler à Hagrid, se décida Harry. J'irai lui dire que tu ne peux pas aller dans la Forêt Interdite. Que c'est beaucoup trop dangereux.
Hermione se rapprocha de lui.
- Je n'irai pas dans la Forêt Interdite, dit-elle précipitamment. Hagrid et moi avons rendez-vous dans une clairière près de l'endroit où il nous a montré Graup la première fois.
- Mais c'est en plein cœur de la Forêt ! s'exclama Harry à voix basse. Comment comptes-tu t'y rendre sans la traverser ?
- En balai… au ras des arbres pour qu'on ne me voie pas…
Harry ouvrit des yeux aussi ronds que ses lunettes.
- Oh ! Harry ! Je t'en prie ! Ne dis rien à Ron, s'il te plait.
Harry hocha la tête. Ce ne serait certainement pas lui qui apprendrait à Ron qu'elle comptait faire du rase cime au-dessus de la Forêt Interdite pour aller enseigner les rudiments de l'anglais à un géant sans cervelle. Il tenait encore à la vie.

Le lundi matin, l'ambiance était lourde lors du petit déjeuner à la table des Gryffondor. Ron était d'une humeur massacrante. Il bousculait les Première Année qui n'osaient bouger un cil. Même Dawson adopta un profil bas qui ne lui était pas coutumier. Et lorsque Hermione se risqua à lui faire doucement un reproche, elle s'attira un regard tel qu'elle baissa la tête pour ne pas montrer ses yeux pleins de larmes. Harry non plus n'osait faire un quelconque commentaire. Neville se demanda à haute voix ce qui arrivait à son ami. Pour toute réponse, Ron lui adressa une œillade qui eût été mortelle s'il avait pu lancer des sorts par la seule force de sa pensée. Toute la matinée, il s'efforça à une froideur et une indifférence qu'il ne ressentait pas du tout. Il bouillait à l'intérieur de lui. De colère et de peur. Il ne parla pas à Hermione de la journée. Il ne la regarda pas une seule fois. Et lorsque les cours les obligeaient à travailler ensemble, il gardait un air qu'il pensait indifférent et qui n'était que malheureux.

Pour Harry, la journée fut longue. Le silence de Ron était pire que ces perpétuelles bêtises. Il sentait Hermione sur des charbons ardents. Elle mourrait d'envie de s'expliquer auprès de Ron. Et elle était terrorisée à l'idée de rejoindre Hagrid dans la Forêt et de s'approcher de son demi frère. Il vit venir la fin du dernier cours avec soulagement. Il se dépêcha de monter dans la tour de Gryffondor tandis que Ron et Hermione se hâtaient, chacun séparément, vers le bureau des Préfets. Ils s'évitèrent tout le temps qu'ils eurent à travailler ensemble. Puis Hermione se prépara à partir dans la Forêt. Ginny était auprès d'elle, désolée et effrayée. L'heure de l'entraînement de Quidditch approchait et l'inquiétude pour son amie la gagnait progressivement. Ron marcha vers sa sœur et la saisit par le bras, sans un regard pour Hermione.
- Ginny ! Dépêche-toi ! Ou Harry va encore nous menacer de nous virer de l'équipe…
- Ron ! murmura doucement Ginny. Dis-lui quelque chose. Tu ne lui as pas adressé la parole de la journée…
Ron se tourna vers Hermione.
- As-tu conscience que la Forêt Interdite est dangereuse ? demanda-t-il à voix basse mais rude.
- Oui, souffla Hermione.
- As-tu conscience qu'Hagrid ne pourrait même pas se protéger lui-même ?
- Oui.
- As-tu conscience que ce gros tas de bêtise brute pourrait te tuer sans même s'en rendre compte ?
- Je sais cela !
- Si tu sais cela, alors, je n'ai rien d'autre à te dire…
Il tourna les talons et quitta la pièce. Ginny, bouleversée, s'apprêtait à le suivre. Hermione leva vers elle des yeux pleins de larmes. La jeune fille haussa une épaule :
- Tu sais Hermione, je crois que là il n'a pas tort…

Hermione mit son manteau et quitta la salle des Préfets. Elle sentit un regard dans son dos. Lorsqu'elle se tourna pour refermer la porte sur elle, elle croisa celui de Malefoy et elle songea qu'elle ne l'avait jamais vu si dur ni implacable. Elle frissonna et, un instant, elle oublia qu'elle s'en allait retrouver une créature qui pourrait l'écraser de son petit doigt sans même en avoir conscience.

Elle arriva à la lisière de la Forêt et se décida à enfourcher son balai. Elle n'arrivait pas à décider ce dont elle avait le plus peur. Graup ou le voyage jusqu'à la clairière où elle devait donner les leçons. L'impression étrange qu'elle avait ressenti lorsque Drago avait posé le regard sur elle ne la quittait pas. Elle n'avait jamais vu dans les yeux du garçon cette lueur de haine, que lorsqu'il provoquait Harry parfois. Elle essayait de se concentrer sur son vol, consciente qu'elle prenait des risques insensés pour se maintenir à la hauteur des cimes. Enfin, elle aperçut la clairière. Ou plutôt elle vit Graup assit au milieu d'arbres déracinés, et Hagrid qui lui faisait signe d'atterrir près de lui. Hermione se posa. Graup laissa tomber le regard sur elle. Il pencha sa grosse tête vers le sol.
- B…Bonjour Graup…. Cria Hermione.
- Hermy… fit Graup en avançant la main.
- Non ! Graup ! le devança Hagrid.
Il leva son parapluie et frappa un coup sec sur la main de son demi frère. Hermione douta quelques secondes de l'efficacité d'un tel traitement. Elle se souvint que la baguette d'Hagrid, bien que brisée, était cachée dans le dit parapluie. La décharge magique, aussi minime fut-elle, dissuada pourtant le géant de terminer son geste.
- Hermy ! répéta Graup. Hagger !
Hagrid s'adressa à Hermione, l'œil toujours fixé sur son frère.
- Je lui ai expliqué pourquoi tu venais, et il a compris. Enfin, je crois… De toutes façons, on le saura vite… Tu peux commencer…
Hermione avait un mal fou à calmer les battements de son cœur.
- Graup ? appela-t-elle d'une voix tremblante. GRAUP ? Ca, c'est un ARBRE ! Répète ! UN ARBRE…

La grosse voix de Graup tonna dans la clairière. Hagrid était ravi. Il applaudissait chaque fois que Graup répétait un mot. Au bout d'un quart d'heure, cependant, l'élève ne songeait plus qu'à essayer d'attraper les oiseaux qui se risquaient à passer près de lui. Avec moult précautions, Hagrid prit congé de lui. Il entraîna Hermione avec lui.
- C'était bien, non ? demanda-t-il avec espoir.
Hermione ne voulut pas le décevoir.
- Hé bien, pour une première leçon, ce n'était pas si mal, je suppose, soupira-t-elle.
Elle n'était pas mécontente toutefois que la séance fût terminée. Elle serait de retour au château avant la fin de l'entraînement de Quidditch et elle espérait ainsi que l'humeur de Ron à son égard n'en serait que meilleure. Elle se prépara à reprendre son balai, mais Hagrid lui assura qu'elle ne risquait rien avec lui dans cette portion de la Forêt. Ils étaient sur le territoire d'Aragog et tant qu'elle serait en sa compagnie, les araignées ne lui feraient aucun mal. Quant aux Centaures, ils avaient préféré s'éloigner des lieux que s'était octroyés Graup.
- Ahem ! fit encore Hagrid tandis qu'ils arrivaient enfin à la lisière de la Forêt. Ron Weasley… il est fâché contre moi ? Il n'a rien dit de tout le cours d'aujourd'hui…
Hermione lui sourit.
- Non Hagrid, il n'est pas fâché contre vous. Il est fâché contre moi.
- Il ne voulait pas que tu viennes, hein ? Tu pourras lui dire que Graup a beaucoup changé, n'est-ce pas. Et que c'est un élève attentif…
- Je le lui dirai, Hagrid… murmura Hermione.
Elle n'était pas vraiment certaine de le penser assez pour convaincre qui que ce soit, et surtout pas Ron.
Hermione quitta Hagrid sur la promesse de revenir le surlendemain, si le temps le lui permettait. A quelques mètres des premiers arbres, pas très loin de la cabane du garde forestier, elle trouva Firenze, immobile, le regard perdu vers la Forêt.
- Bonsoir, Professeur, dit-elle avec hésitation.
- Mon nom est Firenze, répondit-il sans cesser de fixer la ligne verte des arbres.
Puis il baissa la tête vers Hermione.
- Il n'a pas renoncé, n'est-ce pas ?
Il secoua la tête un moment. Il la releva vers les étoiles qui s'allumaient déjà.
- Mars brille de plus en plus…
- Mais c'est Vénus qui s'allume la première, répondit Hermione avec aplomb. Ce n'est jamais qu'une question de trajectoire de la lumière du soleil.

Le Centaure posa à nouveau le regard sur elle.
- Il ne faut pas retourner dans la Forêt Interdite. Ce que tu fais est inutile. Et les ombres rôdent. Ta magie ne te protégera pas.
- L'un des vôtres a déjà prédit que je devais mourir cet été, reprit Hermione. Et je suis encore là.
Le regard d'opale de Firenze se fixa longuement dans celui d'Hermione. Elle releva le menton.
- Tu as le cœur d'un Centaure, dit enfin Firenze en souriant. Dommage que tu ne saches pas lire les signes…
Il tourna la tête vers le ciel. Hermione s'avança d'un pas vers lui.
- Et vous, Professeur, aviez-vous lu dans les étoiles que vous vous retrouveriez seul, à regretter votre troupeau ? Vous avez fait quand même ce qui vous a mené jusqu'ici. Vous avez essayé de les convaincre, même si vous saviez que c'était inutile.
Firenze ne répondit pas.
- Vous savez ce que je crois, Professeur Firenze ? Les étoiles sont toujours les mêmes. Qu'on les voie comme ce soir, ou qu'elles soient cachées par les nuages. Aujourd'hui Mars, demain Vénus, qu'importe… Elles sont très loin de nous, et nous nous devons faire ce que nous croyons devoir faire ici et tous seuls.
- Je voulais simplement te mettre en garde, dit doucement Firenze sans la regarder. La Forêt n'est plus une protection sûre depuis que ces actes atroces y ont été commis. Elle a perdu la force de sa magie et ce qui s'y prépare n'est que le commencement de la fin… Dis-le à tes amis. Toi, ils te croiront peut-être…

Il s'avança lentement jusqu'à la limite qu'il savait pouvoir atteindre sans passer outre l'interdiction qui lui était faite d'entrer dans la Forêt. Hermione reprit son chemin vers le château. Elle rangea son balai et s'installa dans la salle commune de Gryffondor pour travailler. Curieusement, elle n'arrivait pas à se concentrer sur son devoir. Elle connaissait toutes les réponses. Elle aurait dû le terminer en quelques lignes. Elle laissa sa plume, presque malgré elle, et s'approcha de la cheminée. Elle regardait les flammes danser dans l'âtre et ses pensées dansaient avec elles. Elle avait beau chercher, elle ne voyait pas comment les ordonner pour qu'elles lui racontent une histoire à laquelle elle pourrait croire.

Lorsque Ginny, Harry et Ron rentrèrent de leur entraînement, en compagnie de Dean et Seamus, Hermione s'approcha d'eux. Elle lut le plus profond soulagement dans le regard de Ron, bien qu'il ne lui adressât pas un mot. Harry lui demanda à voix basse si "cela s'était bien passé" et elle haussa une épaule. Puis elle demanda à Dean s'il avait eu le temps de préparer le faux en écriture dont elle avait besoin. Il sortit de sa poche un papier, qu'il lui tendit avec fierté.
- Rogue lui-même jurerait qu'il l'a écrit ! souffla-t-il à son oreille.
Harry admira sincèrement la contrefaçon. Il sourit à Hermione :
- Tu as trouvé le moyen d'enchanter les miroirs ? lui demanda-t-il.
- Luna a arraché au professeur Flitwick toutes les informations bribe par bribe, lui répondit-elle en lui rendant son sourire. C'est pour ça que ça a été si long. Tu connais Luna, le temps n'a pas d'importance pour elle…
Elle ajouta à voix basse :
- Il me faut une photo de toi. De Ron j'en ai une.
- J'en demanderai une à Colin Crivey, il en a tout plein de moi… grimaça Harry.
Il se rapprocha de la table où s'était installé Ron.
- Tu viens, Hermione ? dit-il à haute voix.
Elle secoua la tête.
- Je dois aller porter mon devoir supplémentaire au Professeur Rogue… prétexta-t-elle.

Ron hocha la tête, un sourire amer aux lèvres. Il se pencha vers Harry dès qu'elle fut partie.
- Tu sais, Harry, finalement, tu n'es qu'un sale égoïste !
- Pardon ?
- Tu as tout à fait compris. Cela t'est complètement égal qu'il lui arrive quoi que ce soit pourvu qu'Hagrid ne te demande pas à toi de t'approcher de Graup.
- Mais Ron… balbutia Harry stupéfait. Quand donc veux-tu que je m'occupe de quelconques leçons d'anglais ?
- Tu sais parfaitement que ce n'est pas ce que je veux dire ! se mit en colère Ron. Tu n'as pas vraiment cherché à la dissuader de commettre cette folie.
- Tu ne vas pas dire que je l'y ai encouragé tout de même !
- Non, mais je dis que ça t'arrange qu'Hermione se charge seule d'une promesse que vous avez faite à deux !
Harry remonta ses lunettes et se mordit les lèvres.
- Oh ! c'est pour cela que j'ai reçu le souaffle en pleine tête pendant l'entraînement ?
Ron referma ses livres d'un geste sec. Harry le retint tandis qu'il se levait.
- Crois-tu vraiment que quoi que nous puissions lui dire l'empêcherait de faire ce qu'elle a décidé?
Ron se rassit dans un soupir désabusé.
- Pas plus que ce qu'elle a pu nous dire nous a empêché de faire ce que nous savions être des folies, continua Harry.
- Oui, mais ces folies-là elle était avec nous pour les faire… rappela Ron un peu acerbe. Et elle n'a même pas voulu que je l'accompagne… Depuis qu'elle est sortie de Ste Mangouste, elle s'éloigne de nous, tu ne trouves pas ?

Harry se pencha sur son devoir pour cacher un sourire revenu.
- Moi, j'avais plutôt l'impression qu'elle s'était rapprochée de toi… laissa-t-il échapper. Mais bien sûr tu t'es débrouillé pour l'éloigner à nouveau…
Ron lui lança un regard vipérin.
- C'est pour le souaffle en pleine tête ? demanda-t-il.
- Non, c'est pour le sale égoïste ! répondit Harry avec un large sourire. Pour le souaffle, écoute donc plutôt ça !
Il lui fit signe de l'index d'approcher son oreille et lui glissa quelques mots dedans qui la fit virer au rouge vif. Ron se redressa vivement dans un juron qu'aurait apprécié Peeves.
- Où vas-tu ? demanda Ginny qu'il bouscula devant la porte de la salle commune.
- Passer un savon à Mimi Geignarde ! hurla Ron cramoisi de honte et de rage.
Ginny tourna un regard inquiet vers Harry qui se tordait de rire sur son devoir de Potions. Elle courut à lui.
- Qu'est-ce qu'il y a ? l'interrogea-t-elle, craignant quelque éclat qui concernerait Hermione.
- Je crois que je viens de faire passer à ton frère l'envie de jamais reprendre un bain dans la salle de bains des Préfets !

- J'ai tout ce qu'il me faut ! déclara Hermione à voix basse.
Elle s'assit entre Ginny et Luna à une table de la salle des Quatre Maisons. Harry fit une grimace.
- Même pour les potions ?
Hermione hocha la tête.
- Dobby est un assistant vraiment zélé… sourit-elle.
- C'est bien pratique, les Elfes de maison… renifla Ron sans lever les yeux de son magazine.
- J'ai dit "s'il te plait" et "merci".
- Mouais… renifla-t-il encore.
- Maintenant, il nous faut trouver un endroit sûr, où nous ne serons pas dérangés… reprit Hermione sans prendre garde à sa nouvelle interruption.
- Pourquoi pas dans les toilettes de cette bonne vieille Mimi Sournoise ? répondit Ron, le nez toujours dans son magazine.
- J'ai dit sûr, Ron, et où nous ne serons pas dérangés… Il faut laisser mijoter certaines potions de soins et…
Elle jeta un coup d'œil à Harry. Ron ignorait quelle était la nature des potions qu'il lui avait demandé de préparer. Elle se tut.
- Je suppose que si on pensait très fort à un laboratoire, la salle sur demande se ferait une joie de nous offrir alambic et cornues…
Hermione se tourna vers Ginny avec un sourire approbateur.
- Tu crois qu'elle fournirait aussi le chaudron ? Ou faudrait-il en demander un à Rogue ? se moqua Ron, caustique.
Personne ne répondit. Il désapprouvait les nouveaux cours d'Harry avec Rogue. En une quinzaine de jours, il avait fini par comprendre en quoi consistait le déroulement des séances. Il était devenu très pâle. Il avait simplement demandé:"Tu crois que cela en vaut le coup ?" Harry avait craint qu'il refuse de lui parler, comme avec Hermione. Ron se contentait de tordre sa bouche chaque fois qu'il évoquait les leçons de narcomancie. Harry était pourtant soulagé de n'avoir plus à lui cacher ce qu'il faisait, même s'il ne lui disait pas tout. Le silence entre ses deux amis lui était assez difficile à supporter sans qu'une querelle entre lui et Ron vînt ajouter à la tension qui régnait dans le trio.

Les leçons d'anglais d'Hermione à Graup étaient un sujet de dispute que chacun essayait d'éviter, néanmoins Harry savait qu'il était derrière chacun des mots amers de Ron, et derrière chaque tentative de réconciliation d'Hermione. D'autant que Ron avait découvert quel moyen de transport elle utilisait à l'aller. Un soir qu'elle tardait à revenir, il était allé à sa rencontre, mort d'inquiétude. Il les avait attendu devant la porte close de la cabane d'Hagrid, à la fois furieux et anxieux. Pattenrond l'avait accompagné. Le chat miaulait vers la Forêt, dans une attitude de trouble et d'agitation qui n'était pas pour rassurer le jeune homme. Enfin, il les avait aperçus qui sortaient de l'orée du bois. Il s'était avancé, prêt à dire à Hermione ce qu'il avait sur le cœur et reprocher à Hagrid, tout professeur qu'il fût, son inconscience. Il avait alors remarqué le balai dans les mains de la jeune fille. Il s'était souvenu qu'il avait vu quelque chose qu'il n'avait pu identifier, plusieurs fois, au début de l'entraînement, alors qu'il tournait ses regards vers la Forêt Interdite, au ras des cimes. Il avait alors pâli et n'avait pu prononcer aucun mot.

Le comble de l'angoisse, il l'avait atteint quelques jours plus tôt pendant le cours de Soins aux Créatures Magiques. Hagrid leur avait ramené une cage à l'intérieur de laquelle il avait enfermé, on ne savait comment, un rongeur de fort méchante humeur. "Une gerbilloise à crête !" avait présenté le professeur avec une satisfaction évidente. Un garçon de Serpentard avait poussé un cri horrifié.
- Je croyais qu'on ne les trouvait qu'en Europe Centrale ! s'était-il écrié ensuite, refusant de s'approcher de la cage.
- Oui ! J'ai réussi à en capturer une sans la tuer avant-hier, dans la Forêt… C'est une chance, n'est-ce pas ! avait répondu Hagrid fort content de lui.

Ron n'en avait pas été convaincu outre mesure. La consternation sur le visage d'Hermione lui avait confirmé son impression. Les morsures de cette bestiole -qui ressemblait à un kangourou miniature, de la taille d'une petite belette, avec un museau de rat, et une crête de chair qui se dressait lorsqu'elle manifestait un quelconque désir de combat- ainsi que ses griffures, étaient empoisonnées. Le poison n'était pas mortel en lui-même, avait voulu les rassurer le garde forestier. Il empêchait "simplement" les blessures de cicatriser et l'animal attaqué perdait "seulement" tout son sang en quelques heures. D'autant qu'en fait, ces rongeurs chassaient en bandes d'une petite dizaine d'individus, à la tombée de la nuit. Hagrid s'était ensuite évertué à exciter l'animal pour lui faire montrer les dents, qu'il avait fort pointues, et gonfler sa crête qui s'était colorée de rouge… Quelqu'un avait alors demandé si ces bêtes pouvaient s'attaquer aux hommes, et –Ron en était devenu blafard- Hagrid avait répondu que oui, bien sûr, et qu'ils avaient un appétit féroce. Il leur arrivait même de se battre entre eux pour se dévorer lorsqu'ils n'avaient plus rien à se mettre sous la dent et qu'un groupe d'adultes pouvait facilement venir à bout de jeunes gens de leur âge. Ron s'était alors retourné vers Hermione et n'avait plus rien entendu de ce que racontait Hagrid. Il n'avait pu que fixer la jeune fille sans prononcer un seul mot. Comme si la Forêt Interdite n'était pas suffisamment dangereuse comme cela ! Et c'était là dedans qu'elle se risquait, quasiment seule, trois fois par semaine ! Il n'avait plus ouvert la bouche de la journée, incapable de penser à autre chose qu'à ces horribles bêtes et à ce qu'elles feraient de sa précieuse Hermione si jamais elles croisaient son chemin. Il en avait fait des cauchemars plusieurs nuits de suite. Plusieurs fois, il s'était retrouvé sur le point de lui défendre de partir. Il s'était maîtrisé au dernier moment. Il ne lui parlait pratiquement plus, de peur de ne pouvoir retenir des mots qu'il savait irrémédiables.

Il ne pouvait se confier à Harry. Il avait pour lui les mêmes reproches que ceux qu'il s'empêchait de faire à Hermione. Il aurait bien tapé dans un cognard, mais il était gardien de but et non batteur. Son humeur exécrable se manifestait surtout par des petites réflexions teintées d'une indifférence feinte qui confinait à l'impolitesse, ainsi que Luna le lui fit remarquer alors que ni Hermione ni Harry ne relevaient ses remarques acerbes.

Puis le Professeur McGonagall décréta que les entraînements de Quidditch n'auraient lieu désormais que deux fois par semaine. Harry savait que cette décision avait un rapport direct avec son emploi du temps surchargé. Il en fut à la fois soulagé et contrarié. Soulagé parce que ce rythme qu'on lui imposait –et qu'il s'imposait- l'épuisait ; contrarié parce que le Quidditch était la seule chose qu'il lui faisait oublier justement tout le reste. Ron ne pensa qu'à une chose : ce serait une fois de moins dans la semaine où Hermione traverserait la Forêt. Ginny se tut parce qu'elle connaissait les raisons de ce changement de programme. Les autres membres de l'équipe furent un peu déçus, mais acceptèrent mieux que leur capitaine cette décision. Harry avait aussitôt profité de ce moment de répit pour réunir ses troupes dans la salle des Quatre Maisons pour une mise au point. Et c'est pourquoi Hermione faisait l'inventaire de ce dont elle avait encore besoin pour les potions de soins contre les maux de tête de Harry et l'enchantement des miroirs.

Hermione referma son carnet avec un soupir d'appréhension. Elle ramena ses affaires vers elle, comme à regrets. Ron comprit tout de suite.
- Où vas-tu ? demanda-t-il brusquement.
Son silence fut pour lui une réponse.
- Mais, il n'y a pas entraînement de Quidditch, dit-il d'une voix blanche.
Neville et Luna eurent le même haussement de sourcil interrogatif.
- Je sais, répondit Hermione. Mais lui ne le sait pas… et ils doivent m'attendre. Il sera très en colère si je n'y vais pas…
Ron se leva en même temps qu'elle. Il ne vit pas les regards d'incompréhension que Neville jetait à Harry.
- Je viens avec toi ! décida Ron. Tu n'as pas d'excuse cette fois !
Hermione hésita. Visiblement, elle ne voulait pas parler devant ses amis. A moins qu'elle ne voulût pas d'un esclandre dans la salle des Quatre Maisons. Elle mit son manteau et ils partirent ensemble.
Luna se pencha vers Neville et lui demanda quelque chose à voix basse. Neville secoua la tête, les yeux fixés sur ses amis. Harry et Ginny échangèrent un regard d'espoir.

Sur le parvis du château, Ron souhaita qu'elle l'attendît, le temps qu'il aille chercher son propre balai. Hermione s'enhardit : elle voulait bien qu'il l'accompagnât jusqu'à la Forêt, mais il devrait la laisser aller seule à son rendez-vous, car Graup ne le connaissait pas. Ses réactions risquaient d'être un peu violentes. Elle préférait qu'il soit présenté par Hagrid une prochaine fois… Le visage de Ron se ferma une fois de plus. Il l'escorta jusqu'à la cabane d'Hagrid en silence. Elle s'apprêta à enfourcher son balai et dit quelques mots rassurants à Pattenrond qui les avait suivis. Ron vérifia le balai, rectifia la position des mains d'Hermione sur le manche et prit Pattenrond dans ses bras.
- Tu lui diras bien que tu ne viendras plus que deux fois, hein ? insista-t-il.
- Je t'attends ici, cria-t-il tandis qu'Hermione s'élevait vers la Forêt.
Il s'assit sur le tas de bois derrière la maison et s'enveloppa dans son manteau. Il faisait froid. Il n'y avait pas un seul nuage dans le ciel et les étoiles commençaient à s'allumer. Il se dit qu'Hermione profiterait de l'attente pour réviser son cours d'astrologie. Il sortit sa baguette et exécuta quelques sortilèges de métamorphose et d'apparition qu'il ne maîtrisait pas encore tout à fait. Pattenrond l'observait avec intérêt. Puis tous deux commencèrent à trouver le temps long. Ron rangea sa baguette et tourna de plus en plus souvent la tête vers l'orée de la Forêt. Pattenrond, lui, se rapprocha de la Forêt, les oreilles pointées, le museau tendu vers l'ombre humide du bois. Ron sentit soudain le silence. La Forêt avait tu ses bruits coutumiers. Il s'approcha, lui aussi. Pattenrond bondit vers le bois et disparut de sa vue. Il ouvrit la bouche pour le rappeler. Il y eut un grand cri de bête blessée. Un frémissement de la Forêt tout entière. Ron se sentit glacé jusqu'au fond de l'âme. Il se mit à courir vers la Forêt, sur les traces de Pattenrond.

Il entra dans la Forêt. Un malaise le saisit. Et il les vit qui revenaient, d'un pas pressé, le chat en avant, l'œil aux aguets. Il se précipita au devant d'eux.
- Qu'est-ce que c'était ? demanda-t-il avec angoisse.
- Oh ! Hem ! fit Hagrid. C'est l'heure de la chasse des gerbilloises à crête.
Ron frémit.
- Mais c'était QUOI ?
- J'espère que ce n'était pas encore une licorne, répondit Hagrid. Ni un centaure…Parce que si elles se mettent à attaquer les licornes et les centaures…

Ron tourna un visage terrorisé vers Hermione.
- Alors ? fit-il brutalement. Tu lui as dit ?
Elle hocha la tête.
- Ca ne fait rien, dit Hagrid. Je comprends… je comprends…
Mais son air montrait bien qu'il ne comprenait pas vraiment.
- Elle vous a dit que les leçons auraient lieu pendant les entraînements de Quidditch, voulut expliquer Ron. Et les entraînements de Quidditch… hé bien, il y en a un de moins… alors il y a une leçon de moins… voilà!
- Je comprends… reprit Hagrid.
Il fit encore quelques Ahem ! puis se hâta vers sa cabane.
- Viens ! dit Ron à Hermione. Ne restons pas ici. Ca donne froid dans le dos et il ne va pas tarder à faire nuit.
Ils s'avancèrent eux aussi sur le sentier qui menait à la cabane.

- J'espère, reprit Ron sévèrement, que tous ces risques que tu prends servent à quelque chose.
Hermione haussa une épaule.
- Ca ne fait pas trois semaines que nous avons commencé… tempéra-t-elle. Mais Graup fait preuve de bonne volonté… parfois.
- Mais cela vaut-il que tu risques ta vie ?
- Eh bien… je ne sais pas… mais c'est ma vie. Pas la tienne.
Ron cessa de marcher. Il inspira profondément.
- Mais tu ne comprends pas ?… Tu ne comprends pas… ?
- Non, je ne comprends pas, Ron. Répondit Hermione aussi calmement qu'elle le put. Pourtant, j'ai essayé. Et je ne sais toujours pas ce que tu veux…
- JE VEUX QUE TU CESSES D'ALLER DANS CETTE FORET ! VOILA CE QUE JE VEUX! cria Ron. JE VEUX QUE TU CESSES D'ALLER VOIR ROGUE ! JE VEUX QUE TU CESSES DE LE LAISSER MANIPULER TON ESPRIT ! JE VEUX QUE TU CESSES DE ME PRENDRE POUR UN IMBECILE ET QUE TU CESSES DE FAIRE TOUTES CES CHOSES DANGEREUSES QUE TU FAIS !

Il se tut. Il se trouvait un peu stupide mais profondément soulagé. Jusqu'à ce qu'elle demandât :
- Et comment comptes-tu m'y obliger ? En m'enfermant dans une bulle de verre au fond d'un coffre de chez Gringotts jusqu'à la fin de la guerre ?
Et là il se sentit complètement ridicule.
- Rentrons, dit-elle à son tour en soupirant. En tous cas, je suis heureuse que tu aies décidé de m'adresser la parole à nouveau, même si c'est pour me crier dessus. Parce que je ne supportais plus ton silence. Oui, c'est ce qui me blessait le plus ; bien plus que le fait que tu ne sois pas capable de comprendre les raisons qui me poussent à agir comme je le fais.
- Je commençais à ne plus le supporter non plus… avoua Ron.

Ils reprirent leur chemin. Un cri d'agonie retentit à nouveau derrière eux, lointain et sinistre. Ron mit son bras autour des épaules d'Hermione et la poussa en avant, au rythme de ses grandes enjambées.

Ils entrèrent dans le Halle et Hermione s'apprêtait à ranger son balai, lorsqu'ils virent s'avancer Neville vers eux, le visage radieux.
- La sortie de samedi ! s'écria-t-il du plus loin qu'il les vit. Elle est maintenue ! Et vous savez quoi ? C'est la Saint Valentin !
Il prit Hermione dans ses bras et la fit tourner sur place.
- Il faut s'inscrire auprès de McGonagall ! J'y vais tout de suite !
Il les laissa stupéfaits. Hermione retint un rire alors que Neville dansait tout seul en se dirigeant vers le bureau de la directrice de Gryffondor.
- Bien, dit-elle. La finale du Tournoi d'Echecs aura donc lieu dimanche. Tu es prêt ?
Ron se souvint qu'il devrait ce jour-là affronter Ellie McGregor dans une partie qui promettait d'être intéressante. Il fit une grimace. Il détestait cette fille. Pourquoi était-ce contre elle qu'il devrait jouer le titre de meilleur joueur d'échecs de l'école ? Hermione se mit à rire. Elle referma le placard à balais et prit le chemin de la tour de Gryffondor.

Harry les attendait. Il vit avec plaisir qu'ils paraissaient réconciliés. Il lisait un article de la Gazette du Sorcier que Seamus lui avait prêtée. Ron le lui prit des mains. La Gazette félicitait le Ministère pour son travail efficace contre la terreur qu'avait tenté d'instaurer Celui-qui-était-revenu. Depuis le début de l'année les arrestations s'étaient succédées et les attaques contre la population avaient quasiment cessé. Le climat était beaucoup plus serein. Suivaient quelques attaques contre l'ancien Ministre et des éloges sur celui qui lui avait succédé. Ron termina sa lecture à voix haute sur un reniflement :
- Le Ministère ! Le Ministère ! grommela-t-il. Et l'Ordre alors !
- Je ne crois pas que Dumbledore apprécierait qu'on lui fasse de la publicité… estima Hermione en sortant son calepin.
Elle griffonna quelque chose dessus.
- Ouais, fit Ron, peu convaincu toutefois que le Ministère méritât tant de louanges. Enfin, je suppose que c'est à ce "climat serein" que nous devons le maintien de la sortie de samedi prochain, soupira-t-il.
- Je suppose que Dumbledore n'aura pas voulu inquiéter le Conseil d'Administration en insistant pour annuler la sortie, reprit Hermione, tout en pensant à autre chose.
Ron se pencha vers elle pour chuchoter :
- Tu crois que le Ministère cache encore la gravité des évènements ?
Hermione termina de noter encore quelques mots.
- Ce ne serait pas étonnant, mais ce n'est pas ce que je voulais dire !
- Et que voulais-tu dire ? insista Ron, un peu inquiet.
- Comment vont tes rêves, Harry ? demanda Hermione pour toute réponse.
Harry lui fit un grand sourire :
- Mes rêves sont "sereins", eux aussi.

C'était vrai. Il n'avait jamais passé d'aussi bonnes nuits que depuis le match contre Serpentard. Voldemort ne venait plus le tourmenter, ainsi que disait Rogue. Il ne s'en plaignait guère, mais la question d'Hermione réveilla quelque chose en lui. Comme un doute.
- Tu crois qu'il prépare quelque chose ? s'inquiéta-t-il à son tour.
Hermione referma son calepin sur une grimace.
- Tu sais ce qu'on dit, Harry : le calme avant la tempête !
Ron frissonna.
- Oui ! Comme dans la Forêt Interdite…
Hermione leva les yeux vers lui, et les baissa aussitôt quand lui aussi se tourna vers elle. Harry hésita à demander ce qui s'était passé dans la Forêt Interdite de crainte de rompre l'entente nouvelle qui semblait s'être installée entre eux.
- Ce silence avant ce cri horrible… Comment toi et Hagrid n'avez pas été plus bouleversés en l'entendant ? demanda Ron.
- On s'y habitue… murmura Hermione.
Elle reprit son calepin :
- Vous croyez que je pourrais trouver du sang de dragon chez Derviche et Bang à Pré-au-lard ?
- Que veux-tu faire de sang de dragon ? s'étonna Harry.
Elle haussa une épaule.
- C'est un excellent cicatrisant… en fait c'est le seul remède contre les morsures ou les griffures de Gerbilloises à crête. Un emplâtre auquel on ajoute quelques gouttes de sang de dragon. A condition bien sûr d'agir sur le moment. Il serait peut-être bon que nous en ayons à notre disposition…
Ron était pâle. Il fut sur le point de hurler : JE NE VEUX PAS QUE TU RETOURNES DANS CETTE FORÊT ! Mais déjà Hermione reprenait :
- J'espère que je pourrais en acheter là, sinon, il faudra que je demande encore à Dobby d'aller voler dans la réserve du professeur Rogue et cela me déplait énormément. Mais nous ne pouvons faire autrement n'est-ce pas ?
- Qu'est-ce que te déplait ? demanda Ron complètement éberlué par ce qu'elle venait de dire. De voler ? De demander à un elfe de le faire ? ou parce que c'est Rogue que tu voles ?
Hermione grimaça : Les trois à la fois, répondit-elle.
Elle rangea son carnet et sa mine de charbon dans sa poche. Elle annonça qu'elle allait chez McGonagall s'inscrire pour la sortie du samedi.

Dès qu'elle fut partie, Ron alla chercher ses affaires pour travailler. Il déroula un parchemin et sortit sa plume. Harry remarqua qu'elle était toute mâchouillée, victime de l'humeur massacrante de son ami durant les semaines précédentes. Il ouvrit un livre au hasard. Il demanda à Ron s'il n'allait pas s'inscrire lui aussi pour la sortie à Pré-au-Lard.
- J'ai tout le temps jusqu'à samedi, dit Ron, le nez dans son devoir. Et toi ?
- C'est déjà fait ! J'ai besoin de changer d'air !
- Tu as l'intention d'emmener quelqu'un ? continua Ron. C'est la St Valentin.
- Oh ! se moqua Harry. Tu sais cela ?
- C'est Neville qui nous l'a rappelé quand on l'a croisé tout à l'heure…
- Je me disais aussi, se mit à rire Harry. A propos, je constate avec plaisir que toi et Hermione êtes réconciliés.
Ron haussa les épaules.
- Tu sais, Harry, ça m'inquiète cette histoire de gerbilloises à crête… On n'en avait jamais entendu parler dans la Forêt interdite, de ces bestioles. Je crois que je vais écrire à Charlie pour lui demander ce qu'il sait de ces sales bêtes…
- Et peut-être devrais-tu aussi interroger Percy, dit prudemment Harry.
Ron sursauta :
- Pourquoi Percy ? bégaya-t-il.
- Il travaille bien au Département de contrôle et de régulation des créatures magiques, non ? Si une invasion de ces bêtes s'est déclarée dans notre pays, il en aura entendu parler.
Ron grimaça : il n'avait pas donné de ses nouvelles depuis des mois, comment renouer le contact avec son frère, même si celui-ci continuait à lui écrire.
- Peut-être devrais-tu ouvrir son dernier courrier, suggéra Harry. Et demander à Hermione de t'aider. Elle a souvent de bonnes idées, Hermione.

Ron ne répondit pas. Reprendre contact avec Percy ne l'enchantait guère. Harry releva la tête de son livre d'histoire de la magie.
- Au fait, samedi, tu veux que je vous laisse seuls tous les deux ?
- Elle ne voudra jamais que toi tu te retrouves seul à Pré-Au-Lard ! répondit Ron sombrement.
Il rangea ses affaires et quitta Harry pour se rendre chez les Préfets. Il croisa Malefoy qui sortait comme il entrait dans le bureau. Ils se défièrent du regard. Le poing de Ron le démangeait fortement. Il se retint de le frapper cependant malgré le sourire sûr de lui du Serpentard. Ce sourire s'élargit lorsqu'il vit arriver du fond du couloir Hermione au pas pressé.
- Ta Sang-de-bourbe semble avoir repris du poil de la bête, Weasley, susurra-t-il. Je serais bien curieux de savoir lequel de vous deux fait marcher l'autre à la baguette…
Il éclata de rire. Ron allait lui interdire de s'approcher d'Hermione lorsque Peeves apparut au-dessus de la jeune fille. Malefoy pâlit un peu. Il cessa d'avancer. Peeves avait une bombabouse dans les mains.
- Hé! Beauté! fit-il de sa voix discordante. Celle-ci, il y a ton nom dessus !

Hermione leva la tête. Peeves lâcha la bombabouse sur elle. Hermione poussa un petit cri rageur. Peeves éclata de rire. Autour d'eux les élèves commencèrent à pouffer, puis se mirent à rire franchement, quand ils se furent assurés que Peeves n'en avait pas d'autre à leur intention. L'esprit croisa les bras devant Hermione, tandis qu'elle s'essuyait les yeux et la bouche.
- Je l'ai gardée au frais pour toi tout ce temps, Miss Parfaite ! Alors, tu ne trouves pas cela très très drôle aujourd'hui.
- Si Peeves, c'est hilarant, répondit Hermione en grinçant des dents. Et à présent que tu as enfin fêté mon retour, va-t-en !

Ron reprit ses esprits à ce moment. Il courut vers elle, sa baguette à la main. Un sort de récurvite nettoya le sol et les vêtements d'Hermione. Il jeta un regard noir à Peeves. Malefoy, quand il fut assuré que l'esprit n'avait pas d'autres bombabouses en réserve, passa devant eux.
- Les Sang-de-Bourbe, laissa-t-il tomber à haute voix, c'est à l'odeur qu'on les reconnaît.
Il pinça les narines, et la colère de Ron retomba. Il se souvint de Narcissa Malefoy le jour de la coupe du monde de Quidditch.
- Ah oui, fit-il tout aussi haut. Les odeurs… Tu tiens ça de ta mère je suppose, cette phobie des odeurs… Elle supporte pourtant celle de ton père : l'odeur du sang, de la mort et de la pourriture…
Malefoy se retourna vivement vers lui, la baguette levée. Ron pointa la sienne vers lui. Peeves applaudit comme au spectacle.
- Essaie seulement Malefoy ! menaça Ron.
Il entendit Hermione souffler : Ron ! sur un ton soucieux. La main de Drago était si crispée sur sa baguette que ses jointures étaient blanches. Il se détendit peu à peu, dans un silence inquiet. Les coins de ses lèvres se relevèrent en un sourire caustique.
- A quoi bon, dit-il. Je me chargerai de toi un peu plus tard, Weasley. Oui, toi et ta sang-de-bourbe regretterez le jour où vous êtes nés…
Il tourna les talons et Peeves émit un long sifflement déçu.
- Tu lui fais peur, rouquin ! J'aurais jamais cru ça de toi ! Ni de lui !
Il se tourna vers Hermione dans un éclat de rire grotesque.
- Et tout ça à cause de toi, Beauté! Qui pourrait le croire ?

Il disparut dans un rire qui emplit les couloirs. Hermione se dépêcha de courir sous la douche, tandis que Ron foudroyait du regard ceux qui avaient l'idée saugrenue de ricaner sur son passage.