Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Chapitre 41
Duel
Sous la porte des toilettes des filles du deuxième étage s'échappait une fois de plus une inondation soudaine, comme une confirmation de leurs soupçons. Mimi Geignarde avait été dérangée une fois de plus. Un long et lugubre hurlement de mort s'échappa de la pièce lorsque qu'ils ouvrirent la porte. Le fantôme de Mimi se jeta sur eux dans une explosion de jérémiades. Mais Harry n'avait pas de temps pour les mondanités. Il vit tout de suite que la porte était ouverte. Il se précipita vers l'entrée. Le long conduit s'enfonçait vers les profondeurs obscures de l'école. Ses amis étaient silencieux. Il n'avait aucune envie de retourner là bas. Il croisa le regard de Ginny, froid et ferme. Elle frissonnait pourtant. Dean était blafard, juste derrière elle. Hermione ouvrait de grands yeux sur le trou qui s'ouvrait dans le sol. Ron la tenait par les épaules comme pour l'empêcher de se jeter dedans. Neville haletait, le souffle rendu court par la course dans les couloirs. Luna tentait de jeter un œil par-dessus les têtes de ses amis. Et Harry remarqua Ellie McGregor, l'air à la fois stupéfait et terrifié.
- Je vais devoir y retourner, dit-il d'une voix blanche. McGregor, va chercher le professeur Rogue. Et si tu peux ramener le Professeur Londubat avec toi, ce ne sera pas du luxe… peut-être ! ajouta-t-il devant l'air terrorisé de Neville.
Ellie McGregor accepta la mission. Elle n'aurait pour rien au monde voulu descendre là-dedans ! Elle repartit en courant. Harry hésita. Qui ou quoi l'attendrait en bas ? Seraient-ils plusieurs ? Et comment étaient-ils arrivés jusque là? Et comment la porte était-elle ouverte ? Il toucha sa cicatrice. Elle ne lui faisait pourtant pas plus mal qu'à l'ordinaire. Il sentait seulement une excitation grandissante. Mais ce sentiment ne le quittait pas depuis la veille…
- J'y vais seul ! dit-il.
- Pas question ! fit Ginny. Si tu y vas on y va aussi !
- Je te suis, Harry ! assura Neville la voix tremblante.
Hermione s'avança vers l'entrée, le pas décidé. Ron la retint des deux mains :
- Ah ! non ! déclara-t-il fermement. Pas cette fois, Hermione.
- Tu ne m'empêcheras pas de suivre Harry moi aussi ! se défendit Hermione.
- Je le sais. Mais cette fois, tu ne passeras pas la première !
Il la repoussa vers l'arrière. Harry se pencha vers le trou et se laissa glisser. Il disparut à la vue de Ginny qui prit sa place. Luna la suivit, puis Dean. Neville s'assit sur le sol, les jambes pendant vers l'inconnu.
- C'est pas vraiment ce que j'avais prévu de faire cet après midi ! grommela-t-il avant de se laisser descendre.
Ron s'approcha à son tour, sa main dans celle d'Hermione.
- N'aie pas peur, dit-il. On se laisse glisser et ensuite on tombe. C'est un peu raide, mais ça peut aller.
Ils s'assirent sur le bord. Ron mit son bras autour des épaules d'Hermione et l'instant d'après ils tombaient emportés par un toboggan abrupt vers l'obscurité inquiétante des profondeurs de la terre. Leur chute n'en finissait pas. La vitesse s'accentuait. La nuit était de plus en plus profonde. Enfin, les lueurs des baguettes de leurs amis leur signalèrent qu'ils arrivaient. Hermione voulut crier à Neville de se pousser. Trop tard, ils s'abattirent, Ron et elle sur le jeune homme qui poussa une plainte douloureuse. Ils l'aidèrent à se relever.
- C'est pas du tout ce que j'avais prévu de faire cet après-midi ! gémit Neville.
Il se tâta les bras et les jambes, heureux de constater qu'il n'avait rien de cassé. A la clarté des baguettes, Ron reconnut l'endroit où lui et Lockhart avaient attendu Harry la première fois. L'éboulement de pierres était toujours là. Ils l'enjambèrent et Harry prit la tête de son cortège d'amis. Il levait sa baguette tandis que Ginny et Dean lui faisaient de la lumière. Luna regardait les murs suintants comme si elle se trouvait dans quelque caverne merveilleuse où tous ses rêves l'attendaient. Neville se taisait. Et Ron n'avait pas lâché la main d'Hermione, à l'arrière garde. Il tenait sa baguette levée lui aussi, paré à la moindre alerte.
Dans un silence plein des respirations angoissées des jeunes gens ils avancèrent longtemps. Harry ne se souvenait plus que ce fût si long. L'humidité les prit soudain à la gorge. Ils glissèrent sur la vase. Harry se retourna. Il chuchota :
- On ne devrait plus être très loin maintenant.
Il demanda à Ginny et Neville d'éteindre leur baguette. Il reprit sa progression lentement. Sa cicatrice le picotait de plus en plus. Son cœur battait de plus en plus vite. Il aurait voulu courir vers la Chambre des Secrets, comme s'il avait hâte de découvrir ce qu'elle contenait. La lumière chiche dispensée par les baguettes de Dean et Hermione ne lui permettait pas de voir plus loin que quelques pas. Pourtant, ses jambes se pressaient d'elles mêmes comme si elles étaient sur un chemin familier.
Harry s'arrêta brusquement. Le mur aux deux serpents entrelacés était ouvert. Les yeux d'émeraudes des reptiles lancèrent des éclairs à la lueur des baguettes.
- Eteignez vos baguettes ! souffla Harry.
Hermione et Dean obéirent. Harry s'avança lentement, le cœur aux lèvres.
- Oh ! bon sang ! fit Neville une fois encore. C'est absolument pas du tout ce que je voulais faire cet après-midi !
Luna se tourna vers lui. Elle fit un "chuuut" apaisant.
- Je suis sûre qu'on va bien s'amuser quand même, murmura-t-elle doucement.
Harry passa entre les portes ouvertes et ses amis le suivirent. Ils découvrirent une grande pièce qui baignait dans l'ambiance fascinante d'une faible lumière aux reflets verts. Le plafond était invisible, caché par une obscurité inquiétante, et les piliers de pierres lisses, entourés de la spirale d'un serpent, se perdaient dans son ombre. Au fond, la statue de Salazar Serpentard, la bouche ouverte faisait face aux jeunes gens. Et au milieu de la salle, face à face, il y avait deux hommes, la baguette pointée l'un vers l'autre. Eux ne pouvaient les voir, tout à leur confrontation.
- Bon sang ! fit à nouveau Neville. C'est… C'est Rogue !
- Et l'autre ? chuchota Dean.
- Pettigrew ! cracha Harry.
Pourquoi avait-il empêché Sirius de tuer cet abject personnage ? Pourquoi ne l'avait-il pas fait lui-même ce jour-là dans la cave de sa propre maison ? Il serra sa baguette si fort qu'il eut mal dans les doigts.
La voix des deux hommes résonnait dans la pièce vide.
- Expelliarmus ! cria Rogue.
Pettigrew résista. Il dut prendre sa baguette à deux mains pour la retenir, puis la pointa aussitôt à nouveau vers le professeur Rogue. Il jeta un "Endoloris" au moment où Rogue levait sa baguette. Ils devinèrent qu'il venait de se protéger d'un charme du Bouclier.
- Je suis meilleur que toi, Servilus ! cria Pettigrew. Le maître le sait à présent. Je suis meilleur que tous ceux qui se croyaient les plus forts.
Rogue tendit sa baguette et un éclair rouge en sortit qui rencontra l'éclair vert de celle de Queudver. Ils luttaient l'un contre l'autre et aucun ne cédait.
- Tu te souviens de Bellatrix, Servilus ? Bien sûr que tu te souviens d'elle… ricana Pettigrew. Elle t'a marqué le cœur aussi sûrement que le Maître ta chair ! Elle est morte, Servilus ! Et c'est moi qui l'ai tuée. Tu ne me remercies pas ? Ou aurais-tu préféré le faire toi-même ?
L'éclair rouge de la baguette de Rogue trembla une demi seconde. Assez cependant pour que l'autre prit le dessus. Le professeur esquiva la lumière verte d'un geste sur le côté.
- Il faut aider Rogue ! s'alarma soudain Hermione.
La main de Ron dans la sienne la retint encore une fois.
- Laissons les Fous régler leurs comptes entre eux ! ragea le jeune Weasley.
- Mais ne vois-tu pas que Pettigrew cherche à le tuer ! insista Hermione. Et pas lui !
- Elle a raison ! dit Luna.
Elle s'avança. Harry l'empêcha d'aller plus loin.
- Attendez ! souffla-t-il.
Rogue revenait dans le duel. Ils n'entendaient pas les sorts qu'il lançait. Mais ils faisaient rire Pettigrew. Harry s'aperçut soudain qu'il boitait alors qu'il avançait vers Rogue.
- Qu'as-tu bien pu raconter à ce vieux sénile de Dumbledore pour qu'il te croie sur parole ? Hein Servilus ? Lui as-tu dit que tu étais un assassin ?
Un bouclier étouffa ses paroles brusquement. Puis la voix revint quelques minutes plus tard.
- C'est elle qui l'a dit à Sirius ! Tu le savais ? Peut-être espérait-elle qu'il te tuerait de ses propres mains… elle a été la première à comprendre que nous nous étions trompés sur toi… Comment as-tu pu croire qu'une femme comme elle pouvait s'intéresser à toi ?
Il se mit à rire. Rogue, Harry le sentait de tout son être, tremblait de rage. Sa voix froide tonna un nouvel "Expelliarmus". A nouveau Pettigrew se protégea.
- … ce dont tu es capable, Severus ? entendirent-ils lorsque le bouclier s'effaça. Tu maniais pourtant bien les Impardonnables lorsqu'elle te le demandait.
La réponse de Rogue fut un "Endoloris !" qui saisit les jeunes gens depuis l'abri de leurs portes. Pettigrew ricana. Il renvoya le sort à l'envoyeur.
- Harry ! S'il te plaît ! Pria Hermione.
Rogue pourtant se ressaisissait. Il résista à son propre sortilège.
- Harry ! implora Hermione.
Pettigrew se mit à rire à nouveau :
- Veux-tu vraiment savoir comment on lance un Endoloris, Servilus ? Veux-tu vraiment que je te le rappelle ?
Il pointa sa baguette sur Rogue à genoux. Le professeur se mit à trembler, de douleur et d'efforts surhumains pour se libérer de cette douleur.
- Dean, Ron, Neville : expelliarmus ! Neville et Ron, attendez d'être sûr de l'atteindre. Ginny : ton super stupéfix ! Luna, Hermione : vous le ligotez !
Harry courut vers le centre de la pièce. Il lança un bouclier contre la lumière verte de la baguette de Queudver alors que Rogue repoussait à peine le charme de Pettigrew. Trois "expelliarmus" claquèrent. Pettigrew fut repoussé en arrière. Ginny hurla "stupéfix !" et l'homme resta le bras en l'air. Sa baguette tomba de sa main. Hermione et Luna crièrent ensemble le sort qui le ligota solidement. Elles poussèrent le même cri d'horreur. Hermione n'avait pas reconnu Pettigrew. Son œil droit était fermé d'une large balafre et il lui manquait la moitié de la joue, creusée comme si elle eût été arrachée. Elle ferma les yeux tandis que Luna fixait son attention sur la main d'argent.
Harry se pencha sur Rogue recroquevillé sur lui-même
- Professeur ? l'appela-t-il. Professeur !
Le regard de Rogue lançait des éclairs. Il se redressa encore secoué de tremblements.
- Potter ! ragea-t-il. Que faites-vous ici ?
- Nous avons vu la porte ouverte, Professeur… dit Harry qui sentait son cœur se serrer de colère.
- Severus ! cria Pettigrew d'une voix stridente. Tu es mort !
- Attention…! commença Rogue.
Avant que les jeunes gens aient pu réagir, Queudver s'était changé en rat au milieu des cordes. Ron lança deux ou trois stupéfix qui le ratèrent de peu. Il fila à travers la salle, rapide malgré sa patte estropiée. Quelques sortilèges le poursuivirent mais il réussit à se faufiler par la porte ouverte. Rogue poussa un cri de rage. Il tenait son bras gauche contre son corps, dans un mouvement de douleur inextinguible.
- Vous me l'avez fait perdre ! Vous m'avez fait perdre ce traître de Pettigrew ! Potter ! Quand donc vous mêlerez-vous de vos affaires !
Rogue cria à nouveau. La douleur donnait à son visage l'air d'un masque mortuaire dans l'ambiance verdâtre de la pièce. Harry répondit à son cri par un autre cri. Il mit sa main à son front et son pied fit crisser du verre sur les dalles. La douleur s'atténua peu à peu. Rogue haletait lui aussi.
- Par votre faute ! Potter ! Par votre faute ! pantela le professeur.
- Nous vous avons sauvé la vie ! cria Ron, gonflé d'une colère nerveuse. Il vous aurait tué sinon ! Comment croyiez-vous vous en sortir en répondant par quelques expelliarmus dérisoires à ses sortilèges impardonnables ?
- Depuis combien de temps… êtes-vous… là? demanda Rogue, épuisé.
- Nous venons d'arriver, Monsieur, répondit Harry.
Il fit un signe à ses camarades. Inutile de raviver la colère de Rogue en lui apprenant qu'ils avaient tout entendu des sarcasmes de Pettigrew.
- Venez, Professeur, dit Harry.
Il voulut l'aider à se relever. Rogue se dégagea. Il se leva seul. Il frotta sa main contre son poignet gauche.
- Avez-vous conscience que vous avez encore agi avec légèreté? leur dit-il d'une voix froide. Vous auriez dû prévenir un professeur.
Harry se gratta la tête et fit une grimace.
- En fait, répondit Hermione à sa place… Nous avons envoyé McGregor… vous chercher, Monsieur…
Rogue leva les yeux au ciel. Puis il laissa tomber le regard sur les cordes enchevêtrées sur les dalles. Luna Lovegood ramassa la baguette de Pettigrew sur le sol. Elle la tendit naturellement au professeur. Il la prit sur un froncement de sourcils.
- Avec un priori incatarem vous pourriez peut-être apprendre ce qu'il mijotait, Monsieur, dit-elle sur un ton indifférent.
Elle se tourna vers Neville et montra ses vêtements.
- Oh ! Neville ! s'exclama-t-elle. La vase est phosphorescente sous cette lumière verte !
Rogue secoua la tête.
- Je suppose, dit-il dans un soupir… oui, je suppose que le professeur Londubat vous féliciterait pour vos exploits… Mais ce n'est pas mon cas ! Toutefois, je vous demanderai de garder le secret. Il ne serait pas de bon ton qu'une telle histoire s'ébruite. Inutile d'affoler à nouveau vos camarades. J'espère que McGregor n'aura pas ameuté toute l'école.
Il leur fit un signe et leur montra la porte. Harry cependant, resta au milieu de la pièce. Il regardait autour de lui. Que cherchait donc Queudver ici ? Et pourquoi ce miroir qu'il avait brisé sous son pied.
- Potter !
La voix de Rogue tonna dans la pièce à nouveau calme. Harry se hâta de rejoindre les portes.
- Fermez-les ! ordonna Rogue.
Harry obéit. Il sentit frémir Dean et Neville dans son dos quand ils entendirent les mots en Fourchelang. Les portes aux serpents entrelacés se refermèrent. Ils reprirent le chemin du retour. Rogue ouvrait la marche cette fois. Il marchait fermement, pourtant Harry sentait en lui une agitation inaccoutumée. Hermione aussi observait le professeur avec un regard compatissant, à la grande contrariété de Ron. Celui-ci se rapprocha d'Harry :
- En tous cas, nous lui avons sauvé la vie ! répéta-t-il. Il n'aura plus aucune excuse pour nous harceler à présent !
Harry échangea un regard désolé avec Hermione.
- Je n'en suis pas si sûr, Ron… murmura-t-il.
Hermione opina du chef et haussa les épaules. Devant eux, Dean avait mis le bras dans le dos de Ginny qui appuyait sa tête sur son épaule. Neville s'était rapproché de Luna et glissait sa main dans la sienne. Elle ne le repoussa pas. Ce n'était peut-être pas l'après midi que le jeune homme avait prévu, mais le résultat serait peut-être tout de même celui qu'il espérait. Ils marchèrent en silence et le temps avançait lentement. Enfin, ils arrivèrent devant le tuyau qui montait dans les toilettes.
- Professeur ? s'inquiéta Dean. Comment allons-nous faire pour remonter ?
- Oh ! fit Rogue goguenard. Vous n'avez donc pas prévu de moyen de sortir ? Je reconnais bien là l'influence de Potter… toujours à foncer tête baissée dans les ennuis et à y entraîner ses amis…
Hermione toussota.
- Pardonnez moi Professeur, mais nous avions prévu comment sortir Luna et moi…
Luna tourna ses grands yeux éberlués vers Hermione.
- Ah oui ?….
Hermione lui fit un signe de ses doigts, comme si elle montait des marches.
- Ah ! Oui ! reprit Luna.
Elle éteignit la lumière de sa baguette et fit apparaître une échelle de corde qui tomba sur le sol. Rogue ouvrit la bouche. Hermione à son tour annula le sort de "lumos" au bout de sa baguette. Elle esquissa un geste. Rogue la bouscula un peu.
- Laissez- moi faire, Granger. Un sortilège d'un tel niveau mérite qu'on ne le réussisse pas qu'à moitié!
- Hermione est tout à fait capable de le réussir ! s'emporta Ron.
Un coup de coude dans les côtes le fit taire.
- Elle était sûrement capable de le réussir, corrigea Rogue un peu caustique. Mais je doute que ses capacités motrices soient revenues à leur niveau maximal, Weasley. Aussi si vous ne souhaitez pas tomber de plusieurs mètres de hauteur, je vous suggère de me laisser travailler.
D'un geste sûr et supérieur, Rogue enchanta l'échelle qui se dressa dans le tuyau.
- Je passe le premier, dit-il. Au cas où nous aurions un comité d'accueil peu capable d'apprécier notre retour… Potter, vous fermerez la marche. Vous êtes responsable de vos camarades. N'en perdez pas un en chemin.
Rogue mit le pied sur un barreau de corde et l'échelle s'éleva toute seule. Neville, Luna, Dean s'accrochèrent à leur tour. Ginny monta, un bras autour de la corde dans l'autre main sa baguette allumée. Ron mit un pied sur l'échelle et tendit la main à Hermione. Elle prit place près de lui et il mit son bras autour d'elle, au cas où il lui viendrait l'idée saugrenue de lâcher prise. Harry monta le dernier, réprimant un sourire devant le visage déconfit de son ami. Lui non plus n'avait pas prévu de passer un tel après midi. Et tandis que montait l'échelle de corde dans le large boyau, il essayait de trier ses pensées. Il ferma les yeux et le visage mutilé de Peter Pettigrew lui revint à la mémoire, comme s'il réalisait à peine ce que ses yeux avaient enregistré. Il leva vivement les yeux vers Hermione, se demandant si elle aussi avait compris ce qui était arrivé et ce que cela impliquait. Elle s'accrochait à la corde et son regard était fixé sur le visage de Ron, qui tentait d'apercevoir le bout du tunnel par-delà les semelles de Ginny.
L'échelle s'enroulait sur le sol humide des toilettes. Mimi flottait d'un bout à l'autre de la pièce, hurlant qu'on ne voulait pas la laisser passer sa mort tranquille. Elle tournait autour de Rogue, de plus en plus agacé par ses plaintes infernales. Lorsque Harry se présenta enfin à la porte, elle se tut, au grand soulagement de tous. Rogue tendit le bras vers le jeune homme pour l'aider à sauter sur le sol avant que la corde ne l'entraîne dans sa chute. Harry le prit avec circonspection. Il s'attendait au geste brusque du Professeur et il ne tomba pas lorsque Rogue le tira hors du tuyau.
- Merci, Monsieur, dit-il avec une ironie à peine dissimulée.
- Refermez cette porte également Potter… commanda-t-il.
Et tandis qu'à nouveau Harry usait de ses dons de Fourchelang, Rogue interrogeait McGregor. La jeune fille ne pouvait s'empêcher d'écouter ces étranges paroles et son attention était distraite par la voix d'Harry.
Rogue claqua des doigts à l'oreille de la jeune Préfète. Elle tourna la tête vers lui.
- Bien ! fit-il. J'ai craint un instant que vous ne fussiez soudainement devenue sourde, Miss McGregor. Qu'avez-vous fait après que ces jeunes… gens vous aient demandé de me prévenir.
- Je ne vous ai pas trouvé, Monsieur, répondit McGregor le regard toujours attiré par Harry et le mur refermé qui ne révélait plus rien de l'ouverture béante qui s'y trouvait quelques instants auparavant. Elle se demanda même si elle n'avait pas rêvé.
Rogue leva les yeux au ciel.
- J'ai cherché le Professeur Londubat, ainsi qu'ils l'avaient également demandé, continua-t-elle. Mais il était parti à Pré-Au-Lard avec le Professeur McGonagall. Je n'ai pas pu voir le Directeur. Je crois qu'il est parti aussi. Alors je suis revenue… à tout hasard et j'ai attendu. Avec elle…
Elle montra du doigt Mimi Geignarde qui lui fit un petit signe de la main, juste avant de la gratifier d'une horrible grimace.
- Avez-vous parlé de ceci avec l'un de vos camarades ?
Rogue plongeait son regard dans le sien.
- Non, Professeur.
- Rendez-vous dans mon bureau dans une demi heure, McGregor, reprit Rogue. Vous m'expliquerez en détail comment vous vous êtes trouvée mêlée à tout ceci… En attendant, pas un mot, à quiconque…
McGregor sortit sur un dernier regard au groupe des Gryffondor et à Luna Lovegood.
- Professeur ?
Rogue soupira. Il se retourna vers les jeunes gens. Pourquoi, lorsque Granger prenait cette petite voix-là, était-il soudain pris d'une profonde exaspération. Il l'invita à parler d'un haussement des sourcils.
- Pettigrew, lorsqu'il a pris sa forme d'animagus a fui la Chambre des Secrets, mais il n'est pas ressorti par ici, car Ellie ne l'a pas vu. Et elle n'aurait pu le manquer. Puisqu'il ne peut faire de magie sous sa forme animale, il aurait dû se retransformer en être humain pour remonter. Aussi, je me demandais… Ne pouvons-nous craindre qu'il ait trouvé un chemin qu'il peut emprunter lorsqu'il est rat et qu'il ne puisse atteindre à nouveau la Chambre.
- Vous oubliez qu'il ne peut l'ouvrir… et qu'il a besoin d'un certain accessoire qu'un rat ne peut transporter… Mais vous avez raison, Miss Granger, il faut veiller à ce que cela ne se reproduise plus… N'ayez crainte, je m'occupe de prendre les mesures nécessaires… puisque l'intervention de Potter, une fois de plus, m'a empêché de faire mon office.
Ron s'agita. Hermione lui fit un signe de tête.
- Mais qu'est-ce qu'il pouvait bien chercher là-dedans ? s'écria-t-il à la place de la réplique cinglante qu'il avait à la bouche.
- Apparemment, il ne l'a pas trouvé! répondit Rogue sèchement. Laissez moi veiller à ce qu'il n'y arrive jamais. Et veuillez vous cantonner à ce que vous êtes censés faire ici : vos études !
Il les regarda à tour de rôle, sévère.
- Quittez ces lieux maintenant ! Vos camarades ne vont pas tarder à revenir de leur sortie. Je ne veux pas qu'ils vous trouvent ici. Et changez-vous aussi ! Que rien ne laisse supposer que vous vous êtes encore une fois perdus dans les profondeurs de cette école !
Hermione sentit ses joues prendre feu. Rogue leur fit un signe impératif et ils sortirent en silence. Il les quitta dans le couloir. Les jeunes gens se hâtèrent d'obéir. Ils se rendirent chacun dans leur dortoir pour changer de vêtements et de chaussures. Les quatre garçons étaient silencieux. Puis Neville se décida :
- Vous avez vu, Pettigrew, il boitait… et il avait la figure à moitié arrachée !
- Ouais ! fit Ron sur un ton sardonique. Il a dû tomber sur une bête affamée qui l'a pris pour un vrai rat !
Harry lui jeta un regard en coin mais ne dit rien. Dean dans son coin était livide. Il réalisait à peine ce qui lui était arrivé en quelques heures.
- Vous pourriez m'expliquer ? demanda-t-il enfin.
- En bas, dans la salle des Quatre Maisons, avec les filles, dit Harry.
Il voulait profiter du temps qui restait avant le retour de Pré-Au-Lard pour parler tranquillement avec ses amis. Ils descendirent pour rejoindre Luna, Ginny et Hermione. Ils s'installèrent dans un coin tranquille au fond de la salle, peu fréquentée en cette après midi de Saint Valentin.
- Par quoi commençons-nous ? demanda Hermione.
- Pettigrew ! s'exclama Neville à voix basse.
- Rogue ! dit Ginny.
- Ce que cherchait Croûtard ! murmura Ron.
- Ce que voulait dire Malefoy ! réclama Dean.
- Bien ! fit Hermione. Harry nous t'écoutons. Commence donc par Pettigrew, je crois que le reste suivra logiquement.
Harry lança à Hermione un long regard de reproche. Elle savait bien pourtant qu'il était moins doué qu'elle pour les explications.
- Eh bien, soupira-t-il… je crois que Pettigrew va lui aussi passer un très mauvais quart d'heure ce soir… Voldemort n'aime guère les échecs. D'autant que c'est la quatrième fois qu'il tente d'entrer dans cette fichue Chambre des Secrets et qu'il n'y arrive pas.
- Quatrième ? s'étonna Ron. Tu es sûr ?
Harry hocha la tête. Il compta sur ses doigts : une tentative avortée du fait que Malefoy avait cassé son miroir ; une autre lorsqu'il lui avait montré la chambre dans ses rêves alors qu'il le croyait à Poudlard ; une troisième que Pattenrond avait fait échouer.
Ron le fixa avec stupéfaction. Hermione pâlit.
- Oui, dit-elle. Quand j'ai vu Pettigrew cet après-midi, j'ai compris ce qui était arrivé à Pattenrond.
- Tu délires ! fit Ron dans un souffle.
Hermione secoua la tête.
- Je te l'ai dit, ce jour-là, à l'infirmerie, qu'il y avait quelque chose de louche dans le comportement de Drago Malefoy. C'était le moment idéal : personne dans l'école, Malefoy qui se débrouille pour éloigner Harry au cas où il aurait réussi à lire dans l'esprit de Voldemort, sa satisfaction évidente alors qu'il vient de perdre un match, contre les Gryffondor et Harry qui plus est ! Son dépit le lendemain matin lorsqu'il s'est rendu compte que rien n'avait marché comme prévu… Et les blessures de Pattenrond : faite par une arme et un animal. Un animal en effet quand Pat a attrapé Peter sous sa forme de rat. Je suppose que c'est à ce moment-là qu'il l'a éborgné et lui a arraché la moitié de la joue. Je suppose que c'est à ce moment là aussi qu'il a repris sa forme humaine. Il a blessé Pattenrond avec sa main d'argent : une arme, comme a dit Hagrid. Cela a dû se passer la veille du match. Pettigrew grièvement blessé n'a pas pu avertir son maître immédiatement et Drago a fait ce qui était prévu : cacher le miroir qui devait permettre à Peter de contacter Voldemort, et lui permettre d'ouvrir les portes. Ensuite, dans la soirée, alors qu'il croyait que tout était terminé, il est allé récupérer le miroir et ce que Voldemort recherche à tout prix. Seulement, il n'a trouvé que le miroir auquel personne n'avait touché.
Il y eut un silence que rompit Ginny :
- Et la quatrième aujourd'hui que Rogue a interrompue et que nous avons fait capoter !
- En effet, approuva Harry. Aujourd'hui aussi, Malefoy a procédé comme l'autre fois. Et il n'a pu s'empêcher de se vanter auprès de ses deux brutes. C'est ce que McGregor a entendu. Il ne doutait pas de la réussite cette fois, puisqu'il t'a même envoyé un faire-part d'obsèques…
Ron serra les poings et marmonna quelques imprécations contre Malefoy.
- Mais comment Rogue savait-il que ce Pettigrew serait là aujourd'hui ? demanda Dean qui avait du mal à suivre.
- Ça c'est une question à laquelle nous n'avons pas encore de réponse ! soupira Harry.
Ron grogna.
- Voyons Ron ! fit Hermione un peu agacée. Tu as bien vu de quel côté il est aujourd'hui…
- Ce que j'ai vu, c'est deux types qui se détestent se taper dessus à coup d'impardonnables… et après avoir vu Pettigrew lancer un Avada sur Bellatrix Lestrange franchement, qu'il tente de tuer Rogue ça ne me convainc…pas…du …tout…
Il y eut à nouveau un silence. Hermione avait pâli. Ron avança sa main pour la poser sur celle de la jeune fille.
- Je suis désolé… murmura-t-il.
Elle retira brutalement sa main.
- N'as-tu pas non plus entendu, reprit-elle brusquement. Elle a été la première à comprendre que nous nous étions trompés sur toi… Cela ne te convainc pas non plus ? N'as-tu pas vu comme ce sale rat se faisait un plaisir de le faire souffrir en parlant d'elle ? N'as-tu pas vu que c'est à ce moment seulement qu'il s'est décidé à lui envoyer un impardonnable ?
- Mais tu n'as pas besoin de prendre sa défense comme ça ! s'emporta Ron.
- Je ne prends pas sa défense, s'énerva Hermione. Je ne te demande pas de te mettre à aimer Rogue, je te demande d'être un peu objectif, Ron ! Est-ce que tu peux pour une fois voir les choses autrement qu'à travers les lunettes déformantes de la…
Elle se tut brusquement et se maîtrisa. Elle se tourna à nouveau vers Harry.
- Je crois que Rogue se sert de Drago Malefoy, dit-elle sans pouvoir faire cesser complètement le tremblement de sa voix. C'est pourquoi il le garde près de lui ; il le maintient dans une confiance relative… Il a des moyens discrets pour savoir ce que les gens ont en tête…
Harry hocha la tête :
- J'y avais déjà pensé, avoua-t-il. Mais après aujourd'hui, je crains que Drago ne se montre plus méfiant…
Ginny étouffa un cri dans sa main :
- Croyez-vous que Rogue est en danger…? S'il espionnait Voldemort, à présent, il ne peut plus le faire sans…
- Courir de grands risques personnels… murmura Harry. Cependant, je crois que Voldemort savait déjà ce dont nous sommes sûrs aujourd'hui.
Ron renifla :
- Nous ne sommes sûrs de rien ! Et pourquoi crois-tu que V..V… cette espèce de Croque-Mort pense que Rogue est un traître à sa cause ?
- Il le sait depuis qu'il a empêché Quirrell de voler la Pierre Philosophale quand nous étions en première année ! continua Harry un peu las du scepticisme de Ron. Tout désigne Rogue comme celui qui a trahi et qui sera tué… Comme Karkarof est celui qui est trop lâche pour revenir…
Il releva la tête vers Hermione :
- C'est très dommage, Hermione, que tu n'aies plus de contact avec Viktor Krum. Nous aurions pu lui demander de nous renseigner à ce sujet.
Il fit semblant de ne pas voir que Ron avait pâli.
- D'après Charlie, intervint Ginny vivement, il serait très heureux de recevoir de tes nouvelles, Hermione. Il s'imagine que lorsque tu iras mieux, tu reviendras sur ta décision…
Tous regardaient Hermione avec intérêt, sauf Ron qui paraissait avoir du mal à respirer.
- Mais je ne peux pas faire cela ! s'écria Hermione scandalisée. Ce ne serait pas… honnête !
Neville baissa les yeux. Harry fixait toujours Hermione.
- Comment pouvez-vous me demander une chose pareille ! s'agita Hermione. Je ne me servirais jamais de Viktor ! Même si je n'avais pas pour lui une affection sincère, je ne… JE NE SUIS PAS BELLATRIX LESTRANGE !
- Non ! Non ! fit Neville précipitamment.
- C'était une idée stupide ! s'affola Ginny. Pardon, Hermione.
- Vous pourriez m'expliquer ? demanda Dean à voix basse.
Harry, le regard toujours fixé sur Hermione, raconta qu'ils pensaient que Bellatrix Black s'était servie de l'amour que Rogue éprouvait pour elle afin de le recruter comme mangemort et de faire du mal à Sirius, son propre cousin qu'elle détestait.
- Mais comment ? questionna Dean.
- Peut-être est-ce en rapport avec le fait que Rogue est un assassin… ? fit Ron, acerbe.
- Ça, tu l'as bien entendu ! fit remarquer Ginny, sarcastique.
Harry porta les mains à son front. Il avait à nouveau la nausée. Il s'efforça de fermer son esprit. Et pourtant il avait tellement envie de savoir quel était le châtiment que recevait Pettigrew. Il entendit la voix de Neville et il comprit que le jeune homme empêchait Dean de le toucher, de crainte d'une réaction violente. Il pensa à Algie Londubat. A ses conseils bienveillants. Et Voldemort sortit de son esprit.
- Tu vas bien Harry ? lui demandait Luna d'un air désinvolte. On dirait que tu viens de voir le spectre de la mort…
Ron lui lança un coup d'œil irrité.
- Qu'est-ce que c'était ? demanda-t-il avec inquiétude. C'est Croûtard qui passe un mauvais quart d'heure ?
Harry sourit.
- Je crains que cela ne dure pour lui plus d'un quart d'heure. Mais oui, la colère et la rage impuissante, c'était bien cela que Voldemort ressentait.
- Mais bon sang ! s'écria Ron. Qu'est-ce qu'il y a donc là-dedans qu'il s'acharne autant à vouloir y revenir !
- Oui… fit Neville. Qu'est-ce qu'il eut bien y avoir laissé qui soit si important. Et où? Car il n'y avait rien dans cette fichue Chambre. Si Volmmmort y a caché quelque chose, ça doit être vraiment bien caché!
Harry fut le seul à remarquer l'expression désabusée d'Hermione. Elle se pencha vers le centre de la table.
- Comme dit Rogue : quoi que ce soit, il ne l'a pas ! Le plus urgent est de se mettre d'accord sur ce tu veux qu'on dise à McGregor, Harry.
Ron sursauta.
- Ça ne va pas ! Tu ne veux tout de même pas la mettre dans nos petits secrets…
Hermione leva simplement la main pour le faire taire, tout en fixant Harry. Elle reprit :
- Elle va sortir de chez Rogue avec plus de questions que lorsqu'elle y est entrée… et elle va venir chercher des réponses auprès de nous. Elle est capable de nous cuisiner un par un jusqu'à ce qu'elle découvre ce qu'elle veut savoir. Autant mettre les choses au point entre nous et avec elle dès maintenant. C'est une fille intelligente, Harry. Il faudra répondre à ses questions avec honnêteté si tu veux qu'elle soit une alliée et non un adversaire.
- Je n'y crois pas ! suffoqua Ron.
- Elle a déjà Malefoy dans le nez, tu sais… Ce ne serait peut-être pas mauvais qu'elle soit de notre coté…
- Je n'ai aucune confiance dans les Serpentard… insista Ron.
- Et ça tombe bien, ils n'en ont aucune envers les Gryffondor, répliqua sèchement Hermione.
Harry baissa les yeux sous son regard inflexible.
- Elle ne viendra jamais nous parler ouvertement. Ce serait trop flagrant, si soudain elle venait s'asseoir à la même table que nous…
- Non, en effet ! riposta Hermione. Mais c'est moi qu'elle viendra trouver ! Nous sommes Préfètes et on nous a déjà vu parler ensemble dans la salle commune. C'est moi qui devrais faire face. Alors je te le demande, Harry : qu'est-ce que tu veux que je lui dise ?
Harry soupira. Il savait qu'Hermione avait raison. Il savait que McGregor n'en resterait pas là. En tous cas, lui, à sa place, il essaierait d'en savoir davantage.
- Tâche d'abord d'apprendre ce qu'elle sait exactement. Pour le reste, je te fais confiance, Hermione.
- Très bien, soupira à son tour la jeune fille. Je te ferai un rapport circonstancié, dès que McGregor m'aura sauté dessus.
Luna la regarda se lever :
- Tu ne restes pas avec nous ? demanda-t-elle.
- Je dois trouver le moyen de me procurer ce que je n'ai pas pu acheter cet après midi à Pré-Au-Lard. Finalement, ce fichu Malefoy aura trouvé le moyen de me gâcher ma journée…
- Oh ! fit Ron sur un reniflement sarcastique. Ce bon vieux Dobby va encore devoir se coincer les doigts dans les portes pour les beaux yeux d'Hermione Granger…!
Hermione laissa tomber sur lui un regard glacial.
- Pas vraiment, non, répondit-elle après une seconde d'hésitation. Je vais demander aux jumeaux de me rendre un petit service…
- Et pourquoi feraient-ils cela pour toi ? railla Ron.
- Parce que je vais leur dire que s'ils ne le font pas, je leur arrache le cœur avec mes griffes de Graphorn, je les lacère avec mes dents de Harpie et je les pétrifie avec ma tête de Méduse… A moins que je ne leur dise simplement que cela t'embête profondément qu'ils fassent ce que je leur demande.
Ginny étouffa un fou rire, la tête dans ses bras. Neville se mit à tousser brusquement. Dean tourna la tête vers Ron dans l'attente de sa réaction.
- Oh ! fit Luna, puis elle éclata de rire.
Ron grinça des dents. Harry lui lançait des coups d'œil qui, il n'en doutait pas, signifiaient qu'il devait la suivre pour terminer ce qu'il avait commencé le matin même.
Seulement, elle n'avait pas monté le bouquet de fleurs dans la salle des Gryffondor et Lavande lui avait assuré en gloussant qu'il n'y avait aucune fleur dans leur dortoir non plus. Dans la matinée il avait posé sur le bureau d'Hermione, dans la pièce réservée aux Préfets, une enveloppe avec une carte. Il commençait à se dire que ce n'était pas une excellente idée de la laisser la trouver. Ginny et Dean quittèrent la table les premiers. Neville se leva à leur suite, invitant Luna à en faire autant. Sa baguette tomba de sa poche et lorsqu'il se baissa un petit paquet s'en échappa également. Luna le ramassa et examina la boîte qui paraissait écrasée.
- J'espère que ce n'est pas fragile, dit-elle en déposant la boîte entre les mains d'un Neville angoissé.
Il l'ouvrit avec appréhension et son visage prit un air accablé quand il vit les deux boucles d'oreilles abîmées. Le fermoir était brisé.
- C'est Saturne ! s'exclama Luna. Ou du moins c'était Saturne…
- C'était vraiment pas comme ça que je voulais que ça passe ! gémit Neville.
Ron ricana.
- Je te l'avais bien dit que ton plan si bien préparé ne marcherait pas !
- Arrête de jouer les Sybille Trelawney, Ron, s'il te plait ! grogna Harry.
Il se pencha vers Neville qui tenait ses boucles dans la paume de ses mains comme si ce fût sa vie même.
- Il suffit de les réparer, Neville ! le secoua-t-il un peu brusquement.
- Mais oui ! fit Luna. Je suis sûre que tu feras ça très bien, et que celle à qui tu veux les offrir n'y verra que du feu !
- Ça, ça m'étonnerait ! se plaignit Neville. Parce que celle à qui je voulais les offrir, c'est toi ! Mais je voulais vraiment pas que ça se passe comme ça !
- Oh ! fit à nouveau Luna.
Ron se mit à rire.
- Je parie que c'est quand Hermione t'est tombée dessus qu'elle les a cassées ! s'exclama-t-il.
- Et moi, je dirais plutôt que c'est quand toi tu lui es tombé dessus ! se mit en colère Harry. Il faut toujours que tu mettes tes grands pieds, tes grandes mains et ta grande gueule où il ne le faudrait pas ! Alors, tu te dépêches de disparaître d'ici, parce que moi à la place de Neville, je t'aurais déjà changé en casse-noisettes !
Les taches de rousseur de Ron foncèrent brutalement. Harry se tourna vers Neville.
- Je répare tes boucles, et je m'en vais, Neville, lui assura-t-il la baguette déjà à la main.
Luna l'arrêta.
- C'est inutile, dit-elle.
Neville sentit son visage se décomposer. Elle enleva sa baguette de ses cheveux et la leva.
- Je peux le faire moi-même.
Harry n'attendit pas de vérifier si elle disait vrai. Il tourna les talons et saisit Ron par le col de sa robe pour l'entraîner avec lui.
