Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Chapitre 43
La Salle sur Demande
Au fur et à mesure que les heures le rapprochaient du début de la finale, Ron se sentait de moins en moins serein. A la table du petit déjeuner, Seamus avait proclamé que leur champion allait battre McGregor en moins de temps qu'il ne fallait pour le dire. Il passa sous silence le fait qu'il avait pris quelques paris avec Dean, et qu'Hermione leur avait ordonné de rendre l'argent à tous les parieurs sous peine de les dénoncer à McGonagall. Tous ceux qui venaient l'encourager lui mettaient en fait une pression telle que celle qu'il avait ressentie pour son premier match lui paraissait un doux moment de plaisir. La seule chose qui le réconfortait était la tête de Malefoy en ce dimanche matin. Il était déconfit. Les évènements de la veille, sans doute, y étaient pour quelque chose. McGregor cependant leur donna une explication supplémentaire. Elle s'arrêta à la table des Gryffondor, pour lancer à Ron une dernière provocation ironique. Puis elle fit un signe discret de la tête vers la table de sa Maison :
- Il est vert de rage ! dit-elle.
- Pourquoi ? demanda Ron, soupçonneux.
- Parce que dans le fond il est ravi que nous nous retrouvions face à face, Weasley, afin que je t'écrase de ma supériorité évidente… et qu'il ne peut participer à cet épisode particulièrement réjouissant de l'histoire de la rivalité entre nos deux Maisons. Crois-moi, quel que soit le vainqueur, Malefoy avalera bien des couleuvres ce soir !
Hermione se mit à rire.
- C'est une douce consolation, après celle qu'il m'a envoyée hier…
- Oh ! fit McGregor… Crois-tu que cela suffira à Weasley lorsque je l'aurai battu à plate couture ?
Hermione prit la main de Ron dans la sienne.
- Et toi, Ellie ? demanda-t-elle. Qui te consolera de ta défaite, lorsque Ron aura fait la démonstration magistrale de son génie des échecs…
Ron rougit violemment. Ellie jeta un coup d'œil entendu à Harry :
- Le Roi Weasley a récupéré sa Reine, on dirait… C'est Fou comme un bouquet de fleurs peut faire oublier un comportement quelque peu Cavalier, même à une Tour d'ivoire aussi réputée imprenable que notre Miss Parfaite !
Neville applaudit. Seamus et Dean éclatèrent de rire. Harry essaya de garder son sérieux tandis que Ron tournait son nez. Hermione réprima un sourire qu'elle mordit pour ne pas ajouter au malaise de Ron.
- Tu riras moins cet après-midi, McGregor… menaça-t-il d'une voix bien moins ferme qu'il ne l'eût souhaité.
Après le repas de midi, la finale débuta. Le Professeur McGonagall en personne vint arbitrer la rencontre. Elle excusa le Professeur Dumbledore, extrêmement déçu d'être retenu, car il adorait les échecs et se réjouissait par avance d'assister à une partie dont la qualité ne faisait aucun doute. Ron et McGregor se sentirent flattés. Ils retrouvèrent un peu de calme. Car même si la jeune Préfète de Serpentard faisait la fière devant ses camarades, elle n'en éprouvait pas moins la même angoisse que son adversaire. McGonagall invita les compétiteurs à prendre place. Hermione souffla à Ron de penser à la tête de Malefoy quand il aurait sa médaille en main. Minerva McGonagall présenta les joueurs aux pièces et recommanda la plus grande courtoisie à chacun –surtout aux deux Cavaliers qui s'invectivaient déjà. Ron et McGregor se serrèrent la main avec le plus grand fair-play. Le sablier tourna et la partie commença.
McGregor était une joueuse exceptionnelle et Ron prenait vraiment plaisir à jouer contre elle. Il trouvait qu'elle avait parfois l'esprit vraiment tordu, mais à quoi s'attendre d'autre de la part d'une Serpentard. Il s'amusa pendant deux heures, puis il se souvint du rendez-vous qu'ils avaient avec Harry et Hermione. Il leva les yeux sur Ellie, vit son sourire, se méfia de la rouée, étudia avec beaucoup d'attention l'échiquier, s'aperçut de ce qu'elle préparait et se retint de sourire lui-même. Il bougea une pièce. Le regard de McGregor s'alluma. Elle en bougea elle-même une autre et…
- Echec et mat, McGregor… dit Ron d'un ton qu'il espérait léger, mais qui était en réalité plus que soulagé.
Elle fit une grimace dépitée tandis que le Professeur McGonagall confirmait la victoire de Ronald Weasley sur Ellen McGregor. Les applaudissement retentirent. Les Gryffondor firent une ovation à Ron. McGregor serra la main de Weasley.
- Tu m'accorderas bien une revanche ? dit-elle.
- Oui, fit Ron. L'année prochaine !
Il arborait à présent un sourire heureux. Il accepta les félicitations des professeurs présents. Margaret Thompson, la Préfète en Chef, lui remit sa médaille et l'embrassa, sous le regard amusé d'Hermione, un peu en retrait. Puis le Professeur Flitwick enchanta le parchemin qui devait être affiché au mur des trophées et le nom de Ronald Bilius Weasley, Sixième Année, Gryffondor apparut en lettres d'or. Enfin, Ron fut assailli par ses camarades. Le Préfet de Serdaigle vint même lui serrer la main, et se déclara finalement moins vexé d'avoir été battu par lui du moment qu'il avait emporté la finale. Ron ne put s'empêcher de poser son bras autour des épaules d'Hermione, afin de bien faire comprendre à celui qu'il avait considéré comme un rival, qu'il l'avait battu sur deux tableaux. Lorsque le jeune homme s'éloigna, Hermione retira le bras de Ron de son épaule.
- Nous n'avons pas eu le temps d'en discuter hier, Ron, commença-t-elle sur un ton sérieux, mais je t'avertis : il est hors de question que je me promène avec un écriteau dans le dos où il y aurait écrit "Propriété Privée de Ronald Bilius Weasley, Sixième Année, Gryffondor "
Ron rougit encore mais n'eut pas l'occasion de répondre. McGonagall arrivait vers lui, le sourire radieux.
- Eh bien, Weasley… je vous félicite. Je suis sûre que le Professeur Dumbledore se réjouira également de voir confirmer vos talents au jeu d'échec. J'ai entendu dire que c'était votre occupation favorite, ces derniers temps…
Ron et Hermione échangèrent un regard inquiet. McGonagall les laissa méditer ses paroles. Harry les rejoignit.
- Vous avez vu, leur dit-il. Rogue n'est pas venu…
- Ni Dumbledore… rappela Hermione.
Ils ne purent parler davantage. Jezebel Dawson bouscula Hermione pour féliciter Ronald. Elle le supplia de lui apprendre à jouer aux échecs. Il se sauva de la salle pour lui échapper tandis que Neville riait.
Ils se rejoignirent tous au premier étage pas loin des toilettes de Mimi Geignarde. Hermione se concentra. Il lui fallait absolument ce laboratoire pour ces potions… et peutêtre que si elle réussissait à grignoter un peu de temps, elle pourrait tenter également quelques expériences… Oui, une sorte d'officine où elle pourrait pratiquer enchantements et potions sans crainte d'être découverte… et même passer outre cette absurde interdiction de bibliothèque… Elle posa la main sur la poignée de la porte qui apparut. Le cœur battant elle l'ouvrit. Elle entra la première, très vite pour permettre aux autres de s'engouffrer derrière elle sans attirer l'attention.
- Waooow ! fit Ron émerveillé.
Des chaudrons de toutes tailles étaient accrochés au plafond. Des cornues et des alambics étaient alignés sur la paillasse contre le mur. Dans le placard à claire-voie les ingrédients de toute sorte ne faisaient pas défaut…. De l'autre côté de la pièce, une bibliothèque contenait des ouvrages sur les potions et les enchantements. Quelques uns portaient même la marque de la magie noire. Ginny les feuilleta, un long sifflement d'étonnement aux lèvres. Hermione parcouru la pièce d'un regard satisfait.
Ron donna un coup de coude à Harry.
- C'est vraiment pratique une salle comme ça ! dit-il. Tu crois que si je pensais très fort à un balai comme l'Eclair de Feu je le trouverais en poussant la porte ? Ou bien…
Il se pencha à l'oreille d'Harry pour lui murmurer quelque chose qui les fit rire.
- Cette salle te donne ce dont tu as besoin, Ron ! Pas ce dont tu as envie ! fit Hermione sèchement. Et je ne pense pas que tu aies expressément besoin d'un Eclair de Feu… ni de quoi que ce soit d'autre !
Harry se mordit les joues pour ne pas éclater de rire devant le visage penaud de son ami.
- Tu es sûr qu'elle n'apprend pas la légilimancie aussi avec Rogue ? demanda Ron à voix basse.
- Quand on te connaît un tant soit peu, Ron, on n'a pas besoin de légilimancie pour savoir à quoi tu penses… répondit Neville.
Hermione fit semblant de n'avoir rien entendu tandis que Ginny pouffait dans un livre et que Luna se grattait la tête, l'air perplexe, avec sa baguette.
- Alors ? fit Hermione en désignant la pièce. Vous en pensez quoi ?
- Ca ressemble à l'atelier de ma mère, répondit Luna d'un air connaisseur. Du moins, avant qu'il n'explose !
Ron fit une grimace dans le dos de la jeune fille. Harry croisa les doigts. Voilà qu'il devenait aussi superstitieux que Ronà présent. Hermione fouilla dans les placards. Elle y rangea les ingrédients qu'elle avait apportés. Elle s'exclama : elle venait de trouver une fiole de sang de dragon ! Ron lui fit remarquer, avec une satisfaction évidente, qu'elle n'aurait ainsi pas à faire appel aux jumeaux. Il ravala son sourire béat, sur un regard narquois d'Hermione. Et le fait qu'elle n'ajoutât rien d'autre ne le rassura pas pour autant.
Ron oublia pourtant très vite ses craintes. Hermione s'installa dans le laboratoire afin d'enchanter les deux miroirs. Il admira son aisance en ces lieux, comme si elle se trouvait dans un endroit familier. Il semblait qu'elle avait passé toute sa vie entre des chaudrons et des alambics ; comme si elle était chez elle. Elle ouvrit un livre sur les enchantements, que Ginny avait trouvé dans la bibliothèque. Elle en lut quelques passages pour se rafraîchir la mémoire. Luna répéta une dernière fois ce qu'elle avait appris du Professeur Flitwick et Ginny disposa les objets sur la table comme indiqué sur l'illustration du grimoire. Hermione toussota :
- Voyons si j'ai retrouvé mes pouvoirs… murmura-t-elle avec un petit rire nerveux.
- Tu n'avais pas perdu tes pouvoirs, corrigea Ginny. Seulement ta capacité à te servir d'une baguette…
Hermione ouvrit et referma ses mains d'un air peu sûr d'elle.
- Tu vas y arriver ! assura Harry, d'un ton convaincu.
Elle soupira et prit sa baguette dans un silence attentif. Lentement, elle prononça les paroles incantatoires, deux fois. Ron contemplait ses gestes concentrés. Il ne pensait plus à ce qu'elle faisait. Il oubliait le but de ses ensorcellements. Il songeait qu'elle n'était jamais aussi belle que lorsqu'elle faisait de la magie et qu'elle était née pour cela. Elle était née pour prononcer des enchantements, faire naître de sa baguette des étincelles multicolores. Et plus les charmes étaient difficiles à réaliser, plus elle irradiait. Un pouvoir fabuleux émanait d'elle en ce moment même. Tous ceux qui étaient présent le sentaient. Il le lisait dans les yeux d'Harry, dans l'air stupéfait de Neville, dans le regard attentif de Luna, et dans le sourire ravi de Ginny. Hermione reposa sa baguette sur un nouveau soupir de soulagement.
- Et voilà, dit-elle d'une voix basse.
Ginny applaudit tout en sautillant d'excitation.
- Il faut vérifier si ça marche, fit Luna.
Elle tendit un miroir à Ron. Harry prit l'autre sur la table. Ils se dirigèrent chacun vers un coin de la pièce et se tournèrent le dos.
- Ronald Weasley ! murmura Harry, le cœur au fond de la gorge.
Le miroir se troubla et le visage de Ron apparut, visiblement soulagé.
- Ça marche ! souffla-t-il.
Il essaya à son tour puis se tourna vers Hermione.
- Tu as réussi ! Tu as réussi !
Il courut à elle et la serra dans ses bras.
- Tu es redevenue comme avant ! s'écria-t-il. Tu vas pouvoir oublier tout cela, n'est-ce pas ?
Hermione se dégagea doucement, un peu confuse de tant d'enthousiasme.
- Moi je ne dirais pas qu'elle est redevenue comme avant, estima Luna. Je dirais qu'elle est encore plus puissante qu'avant… C'est un enchantement bien plus difficile à réaliser qu'un sortilège protéiforme… Il n'est même pas au programme de Septième Année…
Ron ramena Hermione contre lui, un sourire de fierté sur les lèvres.
- Oui, fit-il. C'est ce que je dis ! Elle a toujours été très forte, mon Hermione !
Ginny émit un petit bruit sarcastique.
- Sauf qu'elle n'a pas toujours été "ton" Hermione, se moqua-t-elle. Et que je ne crois pas qu'elle apprécie que tu l'appelles ainsi…
Ron se souvint que pas plus tard qu'une heure plus tôt, Hermione lui faisait une remarque concernant un certain écriteau. Il rougit un peu, lâcha la jeune fille, et répondit par une grimace à son sourire qu'il trouva un peu caustique. Il rangea son miroir dans sa poche et Neville leur conseillaà Harry et à lui, de le placer dans un étui protecteur s'ils ne voulaient pas qu'il finisse comme celui de Drago Malefoy. Harry trouva le conseil très judicieux et se promit de trouver au plus tôt le moyen de protéger leur nouveau moyen de communication. Déjà, Hermione s'était mise au travail. Elle mit en route chaudrons et alambics. Elle avait l'air de s'amuser énormément, aidée par Luna qui commentait à sa manière fantasque chacun de ses actes. Neville s'intéressait fortement à l'armoire à ingrédients et Ginny se plongea dans un livre de magie noire. Ron se retint de le lui arracher des mains. Il n'osa pas faire une quelconque réflexion quand Harry lui-même en ouvrit un également. Il n'était pas tout à fait convaincu que la magie noire serait le moyen de vaincre Voldemort. Mais comme il n'avait aucune autre idée à proposer, il préféra demander :
- Vous croyez que…Vol… ou plutôt Jedusor a laissé quelque chose d'important dans la Chambre des Secrets ?
- Bien sûr que non ! répondit Hermione sur un ton catégorique, la tête au fond de l'armoire à fioles. Jedusor n'a jamais rien amené dans la Chambre ! A part Ginny !
La jeune fille fit une mimique dégoûtée.
- Alors… murmura Neville. Pourquoi tient-il à y retourner ?
- Oui, insista Harry. Il y a là quelque chose qu'il veut absolument !
- Mais je n'ai pas dit le contraire ! s'écria Hermione, un peu agacée.
Elle soupira tout en les regardant chacun leur tour.
- Mais réfléchissez ! Cette Chambre des Secrets, ce n'est pas Jedusor qui l'a créée !
- Serpentard ! répliqua aussitôt Harry sans même avoir l'impression de réfléchir.
Hermione soupira à nouveau, de soulagement cette fois.
- Mais il n'y avait rien dans la Chambre des Secrets, lorsque nous y sommes descendus hier… rappela Ginny.
Hermione haussa les épaules :
- Il doit y avoir un genre de cabinet secret…
- Comme celui d'où sortait le basilic, interrompit Harry.
- Oui, confirma Hermione. Si Salazar Serpentard a réalisé cette chambre à l'insu de ses ex-amis, il devait aussi y travailler en secret à l'élaboration de tout ce qui les séparait…
- Tu crois qu'il y a caché des grimoires de magie noire ? demanda Neville.
- Sans doute… mais je ne crois pas que ce soit ce que Voldemort recherche… Il est très versé en magie noire, vous savez…
- En tous cas suffisamment pour détruire tout ce qu'il veut… murmura Ron.
Harry releva la tête brusquement et le fixa longuement :
- Tout… sauf Poudlard !
Il y eut un silence, troublé seulement par le bruit des fioles qui s'entrechoquèrent quand Hermione les posa sur la paillasse.
- Tu crois, reprit Harry lentement, que Serpentard a laissé dans la Chambre des Secrets le moyen de détruire Poudlard ?
- Il se pourrait que Voldemort le pense… répondit Hermione, un tremblement qu'elle ne put réprimer dans la voix.
- Serpentard ne voulait pas la destruction de Poudlard ! s'écria Ron, plus pour s'en persuader lui-même que pour en convaincre les autres.
- Il a quand même mis un basilic dans l'école ! rappela Ginny.
- Et il est parti… dit Hermione presque malgré elle.
- Oui, mais d'après le Choixpeau, releva Luna, c'est son départ qui a mis fin aux querelles et ramené la paix à Poudlard…
- La paix, c'est beaucoup dire… fit Hermione. Après tout, ils étaient quatre à faire vivre Poudlard…
- Et bien que l'on vît cesser les combats, il laissait nos cœurs en grand désarroi. Et depuis que les quatre fondateurs furent réduits à trois pour leur malheur, jamais plus les maisons ne fur'nt unies comme ell's l'étaient au début de leur vie.
Ron ouvrit la bouche de stupéfaction.
- Tu te souviens de cela ! dit-il à Luna qui paraissait réfléchir aux paroles de la chanson qu'elle venait de prononcer.
- Oui ! fit Neville plein de fierté. C'est un vrai rapeltout cette fille !
- Et je me souviens de cela aussi : Car notre Poudlard est en grand péril devant des forces puissantes et hostiles et nous devons tous nous unir en elle pour échapper à la chute mortelle…
- Tu veux dire… reprit Harry tout en fixant Hermione. Tu veux dire que Serpentard savait que son départ causerait la chute de Poudlard ?
- Mais Poudlard n'est pas tombée… insista Ron.
- Non, elle est juste devenue plus fragile… fit Ginny. N'est-ce pas Hermione ? C'est ce que veut dire la chanson ?
Hermione se troubla soudain.
- Je… Je ne sais pas ! dit-elle très vite.
Luna la regarda intensément.
- Tu ne sais pas ? s'étonna-t-elle. Ou tu ne veux pas nous le dire ?
- Je ne peux pas ! souffla Hermione.
Elle lança la main vers sa baguette et la serra sur son cœur. Elle se tourna vers ses cornues, comme si sa vie en dépendait. Ron sentit monter à son visage une chaleur qu'il n'avait ressentie qu'une seule fois déjà : lorsqu'elle leur avait appris qu'elle avait juré devant Rogue le Serment des Sorciers. Ginny le comprit également.
- Ce que cherche Voldemort, dit-elle, c'est le secret de la protection de Poudlard ?
- Ginny ! gronda Ron, le regard fixé sur le dos d'Hermione.
- Et le secret de la protection de Poudlard a un rapport avec les quatre fondateurs ?
- Ginny ! répéta son frère.
- Et le départ de Serpentard ?
- GINNY !
Ginny sursauta. Ron était furieux.
- De toutes façons, ils sont morts tous les quatre et la chambre des secrets est fermée… Malefoy est surveillé et Pettigrew ne peut l'ouvrir tout seul. Qu'est-ce qu'on risque ?
La voix de Neville tremblait un peu. Il cherchait dans les regards de ses amis une confirmation de ce qu'il venait de dire. Harry aurait bien voulu le rassurer, mais les seuls mots qui venaient à son esprit étaient qu'Hermione savait exactement ce que Voldemort voulait à tous prix apprendre. Il croisa le regard inquiet de Ron et il se rendit compte que pour une fois son ami avait saisi toute l'étendue de cette révélation.
- C'est pour ça que Rogue te donne des leçons d'occlumancie, Hermione ? demanda Harry.
Elle se tourna vivement vers lui, subitement inquiète.
- Quoi ? fit-elle un peu effrayée.
Neville et Luna avaient le même regard interdit.
- Ce n'est pas uniquement à cause de moi, reprit Harry. C'est pour que personne ne puisse lire dans tes pensées qu'il te donne ces leçons…
Ron frissonna.
- Mais qui veux-tu qui lise dans ses pensées ?
La voix du jeune homme était presque aigue. Harry leva les yeux vers lui et il était évident que Ron ne voulait surtout pas qu'on lui répondît.
Le silence de la pièce était uniquement troublé par les glouglous de l'alambic et le bruits des pages du livre que tournait Ginny. Hermione était penchée sur son chaudron et Ron tournait autour d'elle sans oser lui livrer le fond de son coeur. Neville jetait parfois un regard soucieux sur la jeune fille tandis que Luna comptait les flacons sur les étagères en chantonnant. Harry jouait avec les pages d'un livre sans vraiment s'intéresser à ce qu'il contenait. Toutes ses pensées étaient tournées vers la Chambre des Secrets. Hermione ne pouvait qu'avoir raison. Ron lui-même l'avait dit : Voldemort devait se rendre maître de Poudlard s'il voulait mettre à mal l'action de Dumbledore. Tant que Dumbledore serait à la tête de Poudlard, l'école resterait un endroit sûr. Même Voldemort ne s'était pas risqué à attaquer le château, à cette époque du moins… Qui avait prononcé ces mots ? Hagrid, ou Dumbledore lui-même ? Harry n'arrivait plus à s'en souvenir mais la question demeurait : pour quoi pas à cette époque ? Parce que l'union des maisons était forte à ce moment-là, lors de la première guerre ? Qu'est-ce qui avait changé ? La protection de Poudlard n'était-elle plus aussi puissante ? Et pourquoi ? Quelque chose était-elle en train de réveiller le dragon de Poudlard ? Mais Hermione n'avait jamais dit qu'il y avait un dragon à Poudlard… parce qu'elle n'en avait pas eu le temps ? Ou parce qu'il n'y avait pas de dragon à Poudlard ? Il ne pouvait lui demander de parler. Et s'il le faisait, peutêtre lui répondrait-elle, parce qu'elle était son amie, au risque de perdre sa baguette, mais Ron le tuerait avant qu'il eût pu entendre sa réponse. Revenir dans la Chambre. C'était ce qu'il devait faire, s'il voulait vraiment savoir. Non !
Tous tournèrent leur attention troublée vers lui. Il se rendit compte qu'il s'était levé, renversant à terre le livre qu'il feuilletait. Il le ramassa pour cacher sa gêne et le rangea parmi les autres.
- Il est temps de rejoindre les autres, avant qu'on ne nous cherche… dit-il précipitamment.
Ginny referma son grimoire lentement. Neville et Luna étaient déjà à la porte, pressés de quitter cette ambiance pesante, que les vapeurs des cornues rendaient plus lourde encore. Ron essaya de sourire à Hermione :
- Tu viens ? demanda-t-il.
Elle leva à peine la tête de son chaudron.
- Je vous rejoins tout à l'heure. Je mets en route cette potion qui doit décanter toute la nuit…
- Je viendrai te chercher, alors, dit-il. Parce que je crois que tu vas oublier l'heure dans cet endroit…
Elle lui fit un signe de la main. Il n'était pas certain qu'elle l'eût entendu. Même dans une bibliothèque elle n'avait pas l'air aussi radieux que lorsqu'elle se déplaçait entre ses alambics. Il suivit Harry et ses camarades d'un air sombre. Ginny prit son bras.
- Au moins là-dedans, tu es sûr que personne ne viendra te la prendre… dit-elle en essayant de plaisanter.
Ron hocha la tête.
- Je suppose, commença-t-il, que je vais devoir accepter de passer après toutes ses recherches et expérimentations…
Il tenta un sourire pathétique, puis dégagea son bras des mains de sa sœur et partit en avant.
- Il commence à comprendre, on dirait, fit Neville.
- Oui, dit Harry. Mais je n'ai pas l'impression que cela lui plaise…
- Il est très possessif, c'est un fait… murmura Ginny dans un soupir. Mais vous ne savez pas de quoi il est capable tant il a peur de la perdre.
Harry lui jeta un coup d'œil en coin. Il se souvint que Ron était prêt à laisser Krum remporter le cœur d'Hermione pour le simple bonheur de la savoir vivante. Il commençait à comprendre que l'amour qu'il éprouvait pour elle, mûrit au fur du temps sans même qu'il en eût lui-même conscience, dépassait de loin, non seulement la capacité émotionnelle du jeune homme, mais la capacité émotionnelle de n'importe qui.
