Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.


Chapitre 45

Des Nouvelles d'Europe Centrale

Autant les leçons d'occlumancie l'année précédente, dans ce même cachotétaient houleuses et éprouvantes, autant les séances de narcomancie dans le laboratoire du Professeur Rogue étaient calmes et silencieuses. Le professeur déjà avare de paroles s'en tenait aux expressions les plus élémentaires de conseils et recommandations depuis la remontée dans les toilettes de Mimi Geignarde. Moins impénétrable que pendant les cours, son regard restait cependant indifférent et froid. Harry avait immédiatement senti qu'il serait malvenu de parler de ce qui s'était passé dans la salle souterraine. Il préférait d'ailleurs que le professeur ignorât qu'ils avaient entendu les paroles de Pettigrew au sujet de Bellatrix Lestrange… Ou du moins, il préférait faire comme si Rogue ignorait que ses élèves avaient pu entendre quoi que ce fût.

Le rituel était chaque fois le même. Harry entrait dans le cachot ; Rogue lui désignait la porte du laboratoire, parfois même sans lever la tête de ses notes ou copies ; il s'installait sur la couchette inconfortable, le dos appuyé au mur froid ; il ôtait ses lunettes et les posait à côté de lui. Tout alors devenait flou autour de lui dans la pénombre. Les alambics et les cornues devenaient des ombres fantasmagoriques et l'odeur de la pièce lui ôtait la sensation d'être dans un monde réel. Il laissait alors son esprit s'évader. A peine entendait-il le professeur entrer dans la pièce pour surveiller son élève. La première fois, il ne l'avait pas laissé longtemps plonger dans la transe. Il lui avait presque aussitôt mis sous le nez un flacon d'ammoniaque et Harry avait cru suffoquer en revenant à lui.
- Vous vous croyez malin, Potter ! l'avait tancé Rogue sans attendre qu'il reprenne ses esprits. Vous vouliez me montrer combien il vous était facile de descendre le chemin des morts ? Combien vous étiez doué pour ces jeux de l'esprit ? Mais il ne s'agit pas d'un jeu, Potter ! Il ne suffit pas de fermer les yeux et de laisser vagabonder sa conscience ! Avez-vous oublié tout ce que je vous ai appris ? Recommencez ! Et gardez votre esprit fermé !
Ce fut là le plus long des discours qu'il lui fit et Harry n'eut pas envie qu'il lui en fit d'autre. Son ton glacial lui martelait le cœur et l'âmeà moins que ce ne fussent les battements de son cœur qui reprenait à peine la mesure de sa respiration.

Ce qu'Harry trouvait le plus difficile dans la narcomancie, c'était de calmer son impatience. Il lui fallait pourtant vider son esprit de tout ce qui le tracassait, ralentir le rythme de son cœur et laisser cette partie de lui qui n'était pas lui faire le reste. Il était alors toujours dans la pièce, mais hors de son corps. Il se voyait, inerteà la merci de Rogue qui surveillait son pouls et soulevait parfois ses paupières, avec une attention toute médicale. Il devait chasser cette impression désagréable d'être un objet d'expérimentation, au même titre que ses recherches sur les potions. Il devait garder son esprit fermé aux tentatives du professeur pour le repérer. Il l'observait tandis qu'il promenait son regard aigu dans la pièce, les sens en éveil, tendu et concentré. Il avait beau savoir qu'il ne pouvait le voir, il ne pouvait s'empêcher de penser qu'il sentirait sa peur de se faire remarquer, comme s'il était sous une cape d'invisibilité qu'il n'aurait qu'à soulever pour le découvrir.

Les séances de narcomancie épuisaient Harry. Quand il sortait du cachot de Rogue, il montait aussitôt, tout en vérifiant qu'il n'était pas suivi, vers la Salle sur Demande qu'Hermione avait transformée en laboratoire. L'ambiance toutefois y était tout à fait différente que dans celui de Rogue. Autant celui du Maître de Potions était sombre, autant celui de son amie était clair. Autant les fioles et les cornues se côtoyaient dans le désordre actif d'un atelier sans cesse en effervescence chez le professeur ; autant tout était net, rangé, malgré le climat d'activité qui régnait toujours lorsqu'il montait retrouver Hermione. Une place pour chaque chose, et chaque chose à sa place, avait l'habitude de répéter sa maniaque de tante Pétunia. Il semblait qu'Hermione avait fait sienne cette devise. C'était sans doute pour cette raison que Ron n'aimait guère passer dans la salle plus de temps que nécessaire, songea Harry en entrant dans le laboratoire après sa séance avec Rogue. La jeune fille le houspillait tandis qu'il étalait ses livres sur la table.
- Ne me demande plus de venir travailler avec toi, alors ! ripostait ce dernier alors qu'Harry refermait la porte derrière lui. J'ai besoin d'espace, moi.
- Alors tu es capable de comprendre que tu empiètes pas mal sur celui des autres ! répondit Ginny.
Elle émergea de derrière un vieux grimoire imposant qui tenait devant elle on se demandait comment – par un sortilège de lévitation en fait, comme le comprit Harry quand il s'approcha de la table pour y prendre place.
- Neville n'est pas là ? demanda-t-il avec étonnement.
- Neville joue les espions ! se mit à rire Ginny. Je lui ai prêté mon oreille à rallonge et il écoute les conversations des Serpentard dans la salle des Quatre Maisons.

Harry hocha la tête. Depuis que Crabbe et Goyle s'étaient retrouvés à l'infirmerie, deux ou trois semaines plus tôt, officiellement parce qu'ils s'étaient pris les pieds dans les plis que faisait Peeves dans les tapis en haut des escaliers, une flopée de Serpentard s'était présentée au Club de Duels, le Préfet de Septième Année à leur tête. Tous ne s'étaient pas mis soudainement à fréquenter la salle des Quatre Maisons, mais une majorité affichait désormais leur opposition à Malefoy et ses partisans. McGregor avait appris à Hermione, qu'en effet, les deux malabars avaient tenté de bousculer le jeune homme. Elle ne s'était pas attardée sur la manière dont les deux brutes avaient été dissuadées de terminer le travail. A priori, elle répugnait à parler des dissensions qui régnaient au sein de sa Maison. Ce n'était pourtant un secret pour personne que depuis quelques temps une mini révolution couvait dans la Maison de Serpentard. Rogue avait énormément de mal à apaiser les tensions et Harry pensait que cela participait à sa mauvaise humeur flagrante. Il semblait que les indécis eussent finalement choisi leur camp. Il n'était pas possible de dire quel groupe était majoritaire, mais cela devait se jouer à quelques petites dizaines de personnes près. Bien entendu, visà-vis des autres Maisons, les Serpentard faisaient comme si rien ne se passait chez eux. McGregor avait tu la part que les Gryffondor avaient prise dans le sauvetage de son condisciple et les Gryffondor ne tenaient pas non plus à ce que cela se sût. Ron ne voyait pas cela d'un très bon œil. Les Serpentard… eh bien étaient des Serpentard. Et son cœur de Gryffondor lui disait qu'il fallait toujours se méfier d'un Serpentard. La preuve en était que rien ne filtrait de cette fichue Maison.
- Des années de méfiance ne s'effacent pas d'un coup de baguette magique… avait soupiré Hermione. Ce qui est valable pour nous l'est aussi pour eux… et c'est déjà beau que McGregor nous prête sa confiance. Il faut veiller à ne pas lui donner ne serait-ce que l'impression de la trahir… C'est une petite flamme qui ne demande qu'à s'embraser, mais qui peut tout aussi bien s'éteindre à cause d'un moment d'inattention ou d'un geste inconsidéré…

Elle avait fixé longuement Ron et celui-ci avait haussé les épaules. Les expériences d'Hermione dans son labo, Neville qui jouait les espions, les séances de narcomancie d'Harry avec Rogue, les Serpentard qui prenaient de plus en plus de place dans le front contre la division de Poudlard… tout ceci ne lui plaisait guère. Et il ne savait comment l'exprimer sans se mettre en colère. Il préférait se taire.

Hermione présenta à Harry une coupe pleine d'un liquide épais et sombre. Harry renifla avec circonspection le contenu de la coupe.
- Tu peux boire sans crainte, soupira la jeune fille. C'est ce que j'ai pris pendant des mois pour me remettre du sortilège de Bellatrix Lestrange…
Harry jeta un coup d'œil méfiant à l'alambic derrière elle.
- C'est un remède de Ste Mangouste ? demanda Ron.
Hermione souffla son exaspération sans retenue :
- Non ! c'est un remède que le Professeur Rogue a rajouté à ma liste. Et je suis toujours vivante ! ajouta-t-elle comme le jeune Weasley ouvrait la bouche pour manifester sa suspicion.

Harry se hâta de tremper les lèvres dans le liquide pour faire taire l'agacement d'Hermione. A quoi cela servait-il de lui demander de lui préparer des remèdes s'il devait hésiter au moment de les prendre ?
- C'est un formidable reconstituant, dit Hermione tandis qu'Harry se forçait à avaler le reste de la coupe. Je n'y ai mis qu'une demi goutte de sang de dragon parce que tu dois avoir encore dans ton organisme les composants des antidotes que te donnait Rogue au début de tes séances de narcomancie. Il faut deux à trois mois pour que le sang se renouvelle entièrement. Je ne voudrais pas que tu nous fasses une surdose de sang de dragon. J'augmenterai la dose quand je serai sûre que tu ne risques plus rien.
- Risquer quoi ? demanda Ron avec appréhension.
- Le sang de dragon, commença Hermione sur un ton professionnel, et cela fait partie de ses propriétés, est un régénérant exceptionnel. A trop forte dose, il est hélas un poison violent qui peut causer la mort immédiate si on n'est pas immunisé.
- Immunisé ? fit Ginny.
- Oui, continua Hermione le plus naturellement du monde. Les moldus ont un terme pour cela. Ils disent "mithridatisé" du nom d'un roi de l'antiquité qui, craignant qu'on n'use de poison pour l'assassiner et prendre sa place en absorbait chaque jour une petite dose afin d'habituer son organisme à ses effets.
- Et comme ça, il n'est pas mort assassiné ? demanda Ron un peu perdu.
- Heu… fit Hermione. En fait, il a été poignardé…
- Alors ça n'a servi à rien ! conclut Ron en haussant les épaules.
Hermione soupira et se tourna vers Harry.
- Quoi qu'il en soit, je suis sûre que si tu prends une dose de ce remède après chacune de tes séances au moins jusqu'aux grandes vacances, tu n'en auras plus besoin d'en prendre… pour tes séances d'entraînement. Pour le reste, c'est une autre histoire.

Harry, Ron et Ginny fixèrent à nouveau leur regard sur elle. Harry sentit que Ron, ou Ginny, ou peutêtre les deux, allaient demander ce qu'elle entendait par "pour le reste". Il reposa la coupe sur la table en prenant bien soin de la faire tinter. Il parla fort lorsqu'il l'interrogea sur le courrier de Charlie qu'elle avait reçu le matin même. Hermione lui montra sur la table le rouleau de parchemin qu'elle n'avait pas encore ouvert.
- Je t'attendais pour le faire ! dit-elle en souriant.
Harry prit la lettre et brisa le cachet. Il déroula le parchemin et une autre feuille tomba sur la table. Ron s'en saisit aussitôt. Il ouvrit de grands yeux étonnés lorsqu'il reconnut l'écriture.
- Eh ! fit-il. Mais c'est de Krum ça !
Il déroula la feuille d'un geste vif et commença à lire l'en-tête. Hermione lui prit le parchemin des mains.
- C'est à moi que c'est adressé ! dit-elle d'un air sévère.
- Oui… mais… murmura Ron, un soupçon de colère dans la voix.
- Je ne t'ai pas donné l'autorisation de lire mon courrier, que je sache ! reprit Hermione tout aussi durement. Je ne me permettrais pas d'ouvrir le tien. Laisse le mien tranquille.
Elle se tourna vers Harry, les yeux au ciel :
- Bon ! fit-elle dans un soupir tout juste calmé. Qu'est-ce qu'il dit Charlie ?
Harry leur lut la lettre du frère de Ron. Charlie se déclarait un peu inquiet des préoccupations des jeunes gens. Ne devraient-ils pas plutôt se plonger dans leurs études et laisser le soin de se charger des acteurs de la guerre à ceux qui étaient là pour ça ? Même s'il n'aimait pas le Professeur Rogue, il devait admettre qu'il n'avait pas absolument tort lorsqu'il les tenait à l'écart de sujets aussi dangereux que Pettigrew et compagnie. Cependant, après en avoir discuté avec lui-même durant de longues journées, il avait résolu de répondre à leurs questions. Ne serait-ce que pour leur faire prendre conscience du risque que représentait un tel personnage. S'il pouvait les convaincre de se tenir éloignés de lui, il n'aurait pas perdu son temps. Ainsi, donc, ils avaient raison pour ce qui concernait la présence de Pettigrew en Europe Centrale l'année précédente. En Roumanie, mais surtout en Bulgarie. Autour de Durmstrang pour plus de précision. Il joignait d'ailleurs un courrier de Viktor Krum plus complet à ce sujet. Divers rapports avaient fait état de sa présence parmi la communauté vampire de Roumanie. Des troubles avaient éclaté depuis chez ces créatures qui dénonçaient soudain les traités signés avec les sorciers des décennies auparavant. Les loups-garous également remettaient en cause la charte établie à leur intention. Il leur avait déjà parlé des gerbilloises à crêtes qui étendaient leur territoire à l'ouest et devenaient plus agressives à l'égard des humains et des dragons. Alors que ces créatures ne se souciaient habituellement pas de ces monstrueuses bêtes, elles s'attaquaient à présent aux jeunes et aux nids. En Bulgarie, on avait noté un regain des activités de magie noire. Il semblait que le nombre d'adeptes de Vous-Savez-Qui avait plus que doublé en quelques mois. L'Ordre était moins présent dans ces contrées lointaines et ceci expliquait sans doute cela. Heureusement, ils avaient récupéré un informateur de premier ordre qui leur avait demandé l'asile. Grâce à ses renseignements, ils avaient pu empêcher quelques opérations d'envergure et faire prisonniers quelques uns des membres éminents de l'armée de Celui-Dont-On-Ne-Dois-Pas-Prononcer-Le-Nom. En conclusion, il pensait que oui, Pettigrew avait été l'ambassadeur du Seigneur de la Mort, qu'il avait transmis des ordres et fomenté des troubles. Qu'il en ait profité pour ramener des gerbilloises à crête en Angletterre ne l'étonnerait guère. Dans quels desseins, il l'ignorait, mais ce devait être à des fins cruelles et funestes. Il les incitait à se montrer circonspects et prudents. Il espérait les revoir tous en excellente santé pour les vacances d'été et il les embrassait tous avec tendresse.

Le silence accueillit la fin de la lecture. Harry roula le parchemin et le posa sur la table. Ron tendit la main vers la lettre et la relut des yeux comme pour s'assurer que leur ami ne leur avait rien caché.
- On est fixé, maintenant, reprit Harry comme personne ne se décidait à faire un quelconque commentaire. Pettigrew était bien en Europe l'année dernière et nous savons pourquoi à présent.
Il désigna de l'index et du menton le parchemin de Viktor Krum que tenait encore Hermione.
- Reste à savoir ce que Krum a à nous dire au sujet de Durmstrang…
Hermione déroula la feuille. Elle parcourut des yeux le début de la lettre et se mit à leur en faire la lecture. Dans un anglais approximatif, Viktor Krum décrivait la situation de l'Université de Durmstrang : Karkaroff avait dû fuir car nombre de ses anciens condisciples avaient décidé de l'éliminerà présent que le retour de leur Maître était avéré. Sa fuite datait de l'année précédenteà peu près à l'époque où ce Pettigrew était venu porter les ordres du "Maître". Il se cachait quelque part, et il était activement recherché car il savait des noms et des lieux qui pourraient mettre en péril l'œuvre des mangemorts de Bulgarie. L'école avait un nouveau directeur, et la magie noire était plus que jamais enseignée dans ses murs. Il devenait difficile de ne pas adhérer aux idées de la nouvelle direction de Durmstrang et impossible de montrer son désaccord avec elle. Le Ministère de la Magie bulgare était ouvertement pro Maître des Ténèbres. Il ne faisait pas bon refuser de porter la marque des Ténèbres et si on ne lui avait pas encore proposé de se joindre à l'armée des Mangemorts, c'est qu'il n'aurait pas été très bien vu qu'un joueur de Quidditch de son envergure dût quitter un match important pour répondre à la convocation du Maître. Il essayait donc de se maintenir à son meilleur niveau et de faire semblant d'approuver l'idéologie du gouvernement de son pays. Il espérait que son rôle dans la lutte contre Celui-Dont-On-Ne-Prononce-Pas-le-Nom serait ignoré le plus longtemps possible et que les renseignements qu'il pouvait recueillir permettraient de faire tomber ceux qui voulaient mener son pays à la ruine. Il encourageait Harry Potter à se préparer sérieusement pour se défendre contre celui qui voulait sa mort, ainsi que ses amis.

Elle s'interrompit, termina de lire pour elle-même et replia la lettre. Ron plissait les paupières, le regard accroché à ce parchemin.
- C'est pas rassurant, tout ça ! fit Ginny, très soucieuse.
- Tu t'attendais à quoi ? demanda Harry.
- J'aurais cru qu'il nous aurait donné plus d'informations sur Durmstrang, maugréa Ron, soupçonneux. Il paraissait très proche de son directeur…
Hermione haussa une épaule :
- Quand son directeur était Karkarof ! A présent, c'est une autre histoire…
- Il aurait pu nous donner plus de renseignements sur Karkarof, alors ! ne désarma pas Ron.
- C'est ce qu'il a fait ! cria Hermione. Il se cache car il est recherché par ses anciens complices car il sait des noms et des lieux… !
- Ça explique grand-chose en effet ! railla Ron avec froideur.
- Mais qui crois-tu donc qu'est l'informateur dont nous parle Charlie dans sa lettre !
Ni Harry ni Ginny n'osaient ouvrir la bouche.
- Ça m'étonnerait que Charlie accepte de protéger ce sale type ! s'écria Ron. Et puis, pourquoi tu n'as pas lu toute la lettre ? Qu'est-ce qu'il te dit d'autre que tu ne veux pas qu'on sache ?
Le visage d'Hermione pâlit légèrement. Elle serra la main sur le parchemin de Viktor Krum et dans un geste rageur l'envoya à la figure de Ron. Elle se détourna aussitôt et se pencha sur son chaudron comme si sa vie en dépendait. Ginny fit une grimace à son frère. Harry secouait la tête tandis que Ron un peu interdit déroulait le parchemin. Malgré lui, le jeune Weasley posa les yeux sur les premières lignes de la lettre, puis sur la signature. Il replia la feuille et la posa le plus loin possible de lui, le visage fermé. Ginny lui donna une tape sur le bras et Harry lui montrait Hermione des yeux et de la tête, l'incitant à s'excuser pour sa conduite.
- Désolé, Hermione, maugréa-t-il. Tu as sans doute raison. C'est juste que savoir que ce dangereux criminel est tout près de Charlie… Si jamais Karkarof était pris, il ne se gênerait pas pour vendre Charlie et ses amis… Sans compter que si les mangemorts de Bulgarie recherchent vraiment Karkarof, ils risquent de trouver Charlie…
Hermione se tourna vers lui :
- Tu oublies une chose, Ron. Là où Charlie cache Karkarof, personne ne songerait à aller le chercher…
Harry sourit :
- Qui oserait s'aventurer en un lieu où séjournent des dragons ? A part Charlie…

Ron acquiesça du bout des lèvres. Cette phrase, il l'avait pourtant prononcée lui-même quelques mois plus tôt. Il ne la trouvait plus aussi juste à présent. Les gerbilloises à crête se risquaient bien jusque dans les antres des dragons. Et si Pettigrew les avaient ramenées en Roumanie pour qu'elles se chargent de Karkarof et ceux qui le cachaient…? Il disait n'importe quoi. Il cacha sa tête dans ses mains. Il avait honte de s'être à nouveau laissé submerger par la jalousie. Se sentait-il mieux à présent qu'il savait que Krum écrivait à Hermione qu'il l'aimait encore et qu'il espérait qu'elle ne l'avait pas tout à fait oublié ? Il sentit une main dans ses cheveux et le parfum d'Hermione tout près de lui. Il releva la tête.
- Il faut que tu cesses de t'inquiéter pour tout le monde, Ron, lui dit-elle doucement. Tu vas te rendre malade, sinon. Tu sais bien que ta capacité émotionnelle n'excède pas la contenance d'une cuillère à thé. Forcémentça déborde !
- C'est facile de vous moquer de moi ! murmura Ron, déconfit.
- C'est même trop facile ! se mit à rire Ginny soulagée. Mais on ne peut y résister !
Elle le chatouilla et il gigota tout en se mettant à rire malgré lui.
- Harry ? appela Hermione doucement. Tu te sens mieux ?
Harry lui sourit. Il ressentait en lui une chaleur bienfaisante après le froid du cachot de Rogue.
- Il faudra que tu m'expliques comment tu peux mettre une demi goutte de n'importe quoi dans quoi que ce soit ! dit-il.
Hermione haussa le sourcil :
- C'est facile ! Tu doubles tes ingrédients, tu incorpores une goutte entière, puis tu divises l'appareil obtenu en deux parts égales.
Ron tourna vers Harry un sourire moqueur :
- C'est évident voyons !

Ginny refermait ses livres et roulait ses parchemins. Elle sortirait la première pour plus de discrétion. Harry, lui, sortit ses affaires sur un regard d'Hermione. Il avait un devoir à terminer pour le lendemain. Ron se remit à son travail, Hermione à ses cornues. Lorsque enfin, elle termina de ranger ses fioles et de nettoyer son chaudron, Ron faisait semblant de réfléchir, tout en suçotant le bout de sa plume en sucre, qu'elle lui avait offerte quelques jours plus tôt pour son anniversaire, pour mieux l'observer. Il admirait chacun de ses gestes, précis et efficaces. Il se poussa pour lui faire une place entre lui et Harry. Harry avait horreur de cela, mais il dut la laisser lire par-dessus son épaule tandis qu'il finissait péniblement la longueur de parchemin imposée. Il n'arrivait pas à écrire plus gros qu'à l'ordinaire et il était obligé de meubler les centimètres qui lui manquaient par des considérations qui finissaient toujours par être notées en hors sujet. Il entendait déjà les réflexions grinçantes du professeur Rogue là-dessus. Hermione tapota son épaule pour l'encourager et il fut soulagé : elle estimait que son devoir n'était pas si mauvais que cela. Il aurait sa soirée de libre pour avancer son travail de la semaine. Finalement, ce n'était peutêtre pas une mauvaise chose que d'avoir Hermione pour répétitrice. Il se dépêchait, car il commençait à se sentir de trop. Il n'avait aucune intention de tenir la chandelle entre Ron et Hermione. L'incident Krum paraissait oublié de part et d'autre. Ron se rapprochait imperceptiblement de la jeune fille. Hermione sortit son calepin et emprunta sa plume à Ron, puisque, apparemment, il n'en avait plus besoin. Elle gribouillait quelques mots, les rayait, se mordait les lèvresécrivait à nouveau. Harry se demanda ce qu'elle faisait. Une nouvelle liste de courses ? Il en doutait. Ron vint poser son menton sur l'épaule d'Hermione.
- Qu'est-ce que tu fais ?
- La liste des matières dont je veux passer les ASPIC l'année prochaine…
Harry s'étonna :
- Tu ne l'as pas encore donnée à McGonagall ?
- Elle s'impatiente, je sais… soupira Hermione.
Elle posa son carnet sur la table et se tourna vers Harry. Ron en profita pour prendre le calepin et étudier de près les notes de son amie.
- Au fait, demandait Hermione à Harry. Tu as parlé à Rogue de la Chambre des Secrets ?
Harry baissa la tête sur son devoir, soudain très intéressé par ce qu'il écrivait.
- Heu… tu sais… en ce moment Rogue… il n'est vraiment pas à prendre avec des pincettes… je crois que je vais attendre encore un peu pour lui parler de ça.
Hermione fronça les sourcils.
- Comme tu veux Harry… mais je te rappelle que c'est toi-même qui voulais lui en parler.
Harry hocha la tête. Il tut cependant qu'il n'avait plus très envie de parler avec Rogue de la Chambre des Secrets. L'idée que quelque chose d'important s'y trouvait et qu'il fallait absolument empêcher Voldemort de mettre la main, ou n'importe quelle partie du corps de n'importe quoi d'autre, dessus l'obnubilait. Il rêvait, chaque nuit depuis qu'ils avaient eu cette conversation tous les trois, qu'il descendait dans la Chambre et qu'il cherchait en vain. Il avait beau se dire que ces rêves étaient les siens, il savait que cette pensée hantait l'esprit de Voldemort tout autant que le sien.

Hermione reprit son carnet des mains de Ron avec quelque impatience. Il retint le livret le temps de terminer sa lecture.
- Je croyais que tu avais dit que tu ne voulais pas devenir médicomage ? s'étonna-t-il en lui laissant reprendre son bien.
Hermione rougit un peu.
- Je ne veux pas être médicomage, répéta-t-elle.
- Mais alors, insista Ron, pourquoi vas-tu passer les ASPIC qui mènent à cette carrière ?
- Parce que pour ce que je veux réellement faire, je dois d'abord passer par des études de guérisseuse ! répondit Hermione légèrement agacée.
Elle referma son carnet d'un geste sec.
- Mais qu'est-ce que tu as finalement décidé ? persévéra Ron. Devenir directrice de Ste Mangouste, afin de réorganiser tous les services ?
Hermione haussa les épaules.
- Eh bien ! cela ne serait pas une mauvaise idée ! répondit-elle quand même. Et puis, comme cela, j'aurais sûrement l'occasion de vous voir passer de temps en temps, tous les deux, quand vous croiserez la route de mages noirs qui vous donneront du fil à retordre.
Harry lui fit une grimace. Ron essaya de toucher le bout de ses doigts, tout en souriant d'un sourire forcé.
- Mais… Hony, on ne se verra pas que de temps en temps… je veux dire… ce n'est pas parce qu'on ne sera plus à Poudlard qu'on va forcément ne plus se voir…
- Il est vrai que tu peux prédire l'avenir, Ron ! se moqua Harry.
Ce fut au tour de Ron de hausser les épaules tandis que ses amis riaient de concert.
- Mais ça ne me dit pas ce que tu comptes faire plus tard, se renfrogna-t-il.
Hermione soupira :
- Tu sais, Ron, ce n'est décidément pas facile d'avoir une vie privée avec toi…
Elle se leva de sa place et commença à regrouper ses affaires. Ron pâlit une fois encore, juste avant de rougir d'un seul coup.
- Mais… Hony… je croyais que c'était moi ta vie privée…
Hermione se retourna vers lui depuis le pas de la porte.
- C'est bien ce que je voulais dire ! déclara-t-elle avant de sortir dans le couloir.

Ron tourna vers Harry un regard paniqué. Celui-ci venait de comprendre pourquoi Hermione passait volontiers tout son temps libre, ou peu s'en fallait, dans son laboratoire. Il comprit pourquoi Neville avait dit à Ron quelques jours plus tôt qu'il était un véritable Filet du Diable.
-Ça veut dire quoi ? demanda Ron que la lettre de Krum rendait nerveux.
- En clair, répondit Harryça veut dire : de l'air !
- Ça veut dire que c'est fini ? s'affola Ron.
- Mais non ! Elle sait bien que tu l'aimes, tu n'as pas besoin de le lui rappeler sans cesse, ni de cette manière étouffante !
Ron baissa la tête.
- Oui, mais moi, comment je sais qu'elle m'aime, elle ?
Harry fut soudain pris de pitié pour son ami.
- Elle te supporte depuis six ans, Ron… Si ça ce n'est pas une preuve d'amour…

Après le repas du soir, Neville fit son rapport. Dans un coin de la salle commune de Gryffondor, il sortit un petit carnet, du même genre que celui dont Hermione se servait. Il tourna quelques pages et frappa légèrement trois fois du bout de sa baguette. Son écriture ronde et pleine apparut aussitôt et il fit à Harry, Ron, Ginny et Hermione un compte rendu détaillé de sa surveillance de l'après midi. Très concentré, il leur apprit que tout d'abord ces Serpentard étaient de vrais coriaces. Ils se méfiaient de tout et de tous. Et si lui et Luna n'avaient pas eu la réputation de doux dingues inoffensifs, il était certain qu'il n'aurait rien appris. Aucun ne prononçait le nom de Voldemeu, dit-il avec encore des difficultés. MacGregor l'appelait le Fou Furieux, ou le Lord des Fous Furieux. Et elle désignait Malefoy par le petit larbin du Fou Furieux. D'après ce que Neville avait compris, Drago ne se contentait plus d'allusions voilées lorsque les professeurs n'étaient pas dans le coin. Et il menaçait de représailles tout ceux qui n'étaient pas de "son" côté. Les Serpentard le surveillaient de près, lui ainsi que ses deux acolytes débiles. Ils ne se déplaçaient tous que la baguette à la main, même dans leur salle commune et dans leurs dortoirs. Ils se réjouissaient d'avoir incorporé le Club de Duels, car l'entraînement intensif que leur imposait ce satané Potter leur avait permis d'éviter quelques maléfices lancés à la sauvette au détour d'un couloir.
- Géniale l'ambiance chez les Serpentard ! fit Ron avec une satisfaction si évidente qu'Harry lui-même leva les yeux au ciel.
- Oui, soupira Hermione… Dire que cela aurait pu être comme cela dans toute l'école. Et qu'on n'en est pas encore à l'abri.
- Et par rapport à Rogue ? Voulut savoir Harry. Ils ont parlé de lui ? Comment se comporte-t-il visà-vis de Malefoy lorsqu'il est dans sa Maison ?
Neville fit une grimace.
- Ils se méfient… annonça-t-il prudemment.
Ron fit un sourire caustique. Hermione baissa les yeux.
- Il semblerait, continua Neville, que depuis quelques semaines Drago Malefoy ne manifeste pas devant le directeur de sa Maison les mêmes velléités belliqueuses que devant ses condisciples. Il se tient à carreau, selon l'expression même de McGregor, lorsque Rogue est dans les parages… comme s'il ne voulait lui donner aucune occasion de le prendre en défaut. Le Préfet de Septième Année, ce Dennis, que Malefoy voulait faire tabasser, prétend qu'il a entendu il y a quelques mois de cela Rogue dire à Drago de ne rien faire qui puisse l'empêcher de tenir la parole qu'il avait donnée à son père le jour de la première rentrée de Malefoy. Il lui aurait promis que "rien de fâcheux ne lui arriverait" tant qu'il serait sous sa responsabilité à Poudlard…
Ron ricana.
- Cela met à mal votre théorie selon laquelle Rogue surveille Drago pour l'empêcher de nuire ! railla-t-il.
- Absolument pas ! se récria Hermione. Le professeur Rogue est un homme d'honneur… et si Lucius Malefoy lui a fait promettre de veiller sur son fils…
- S'il se soucie tant de son fils, pourquoi Lucius laisse-t-il Voldemort se servir de lui ? demanda Ginny.
- Crois-tu qu'il ait le choix ? lui renvoya Harry.
- D'autant que Drago est assez stupide pour se sentir flatté de l'attention que le "Maître" lui porte… murmura Hermione.
Les paroles que le jeune Malefoy avait prononcées dans les toilettes du premier étage hantaient souvent son esprit.
- Je crois, dit-elle dans un soupir, que la surveillance de Rogue vaut autant pour sa sauvegarde que pour celle de Poudlard…
- Oui ! fit Ron, amer. Rogue a l'habitude de jouer sur deux tableaux…
- Non ! répondit Hermione fermement cette fois. Je crois que Rogue est un homme fort malchanceux qui s'est trouvé nombre de fois au mauvais endroit au mauvais moment…
- La seule chose qu'il y a de mauvais chez lui, se buta Ron, c'est lui, tout entier…
- Serais-tu plus avisé que Dumbledore, Ron ? demanda Hermione. Il lui a pourtant accordé une seconde chance…
Ron fit une grimace sarcastique :
- Et lui, en a-t-il accordé une seule à Harry ?
- C'est ce qu'il fait, non ? en lui apprenant ce qu'il sait pour l'aider à vaincre Voldemort ?
- Cessons de parler de Rogue ! décida Harry. Vous disputer à cause de lui n'avancera à rien !
Neville se mit à rire.
- Franchement, je me demande comment vous pouvez vous entendre ! dit-il tout en rangeant son calepin. Vous n'êtes jamais d'accord !
- Ce n'est pas vrai ! le contredit Ron.
Il se tourna vers Hermione, une lueur inquiète au fond des yeux.
- Et toi ? demanda cette dernière. Tu es toujours d'accord avec ce que dit ou fait Luna ?
Neville secoua la tête. Il fit un sourire un peu triste.
- Ce n'est pas pareil… Je sais bien que Luna n'a pas pour moi l'attachement que vous avez l'un pour l'autre.

Il y eut un silence. Ron baissa la tête. Hermione pinça les lèvres. Harry regarda Neville par-dessus ses lunettes. Ginny ne sut que dire.
- Hum ! Hum ! fit Ron soudain. Tu viens, Hony, c'est bientôt l'heure du couvre-feu et il faut aller déloger les retardataires de ta salle des Quatre Maisons…
Hermione se leva, immédiatement suivie de Ginny :
- Je viens avec vous, j'ai dit à Dean que je le rejoindrais en bas… et il doit toujours m'attendre.
Dans le couloir, ils croisèrent Peeves qui attendait impatiemment que l'heure du couvre-feu sonnât afin de surprendre les élèves en flagrant délit d'insubordination.
- Il pourrait pas traîner plutôt dans les quartiers des Serpentard ! maugréa Ron.
- Tu oublies que le Baron Sanglant y est chez lui… lui rappela Hermione sur une grimace.
Ginny frissonna.
- Vous savez pourquoi on l'appelle le Baron Sanglant ? murmura-t-elle comme si elle eût craint d'être entendue.
- Parce que c'était un homme cruel et sanguinaire, comme tout Serpentard qui se respecte ? fit Ron, très ironique.
Ginny secoua la tête.
- On dit que c'est parce qu'il a assassiné chacune de ses huit femmes ! et qu'il enfermait leur corps décapité dans une pièce de son château !
Hermione lui lança un sourire en coin :
- Je n'aurais jamais dû te prêter mon livre de contes de fées, Ginny. Non, moi je crois plutôt que c'est à cause des traces de sang sur son costume. Les coups de poignardça laisse des marques, forcément…
- Et la Dame Grise ? vous savez de quoi elle est morte ? continua Ginny.
- De chagrin, ai-je entendu dire… répondit distraitement Hermione.
- Et le Moine Gras ? fit Ron en riant. D'indigestion ?
Il tourna la tête vers Peeves qui les suivait de loin.
- Et toi ? T'es mort de quoi ? C'est ta méchanceté qui t'a étouffé
- Non, fit Hermione. Lui, il n'est pas mort… il a été condamné par un tribunal de Sorciers à errer pour l'éternité sous cette forme bâtarde, ni vivant, ni mort, ni fantôme… Il a été chassé de moult endroits qu'il hantait jadis… et il a trouvé refuge dans cette école. Pourquoi croyez-vous qu'il craint tellement le Baron Sanglant ? Parce que lui seul connaît la nature de ses crimes et que s'il les révélait, le Moine Gras cesserait d'intercéder pour lui auprès du Conseil des Fantômes de Poudlard…
Peeves disparut et réapparut devant eux, pour leur barrer le passage.
- Eh ! Miss Je-Sais-Tout! Tu crois que tu me fais peur, peutêtre ?
- Pourquoi ? Ce que je viens de dire devrait-il te faire peur ?
- Je me vengerai ! Sorcière à la manque !
- Tu n'as plus de Bombabouse, Peeves. Et les plis dans les tapis, c'est d'un dépassé ! Tu es capable de mieux. Tu l'as prouvé l'année dernière. Et encore, ce n'étaient que des broutilles comparé à ce que tu es vraiment capable de faire. Non, moi, ce qui m'impressionnerait de ta part c'est que tu réussisses à mettre Drago Malefoy dans une situation vraiment critique…
- Pourquoi ferais-je cela ? demanda Peeves les bras croisés.
- Je ne te demande pas de le faire ! se récria Hermione. Je sais bien que tu crains trop le Baron Sanglant pour traîner chez les Serpentard ! Et puis Malefoy est très très malin ! Bien trop malin pour n'importe lequel d'entre nous. Y compris pour le plus vicieux des esprits que je connaisse…
- Tu crois ça ? Tu crois que ce fils à papa est plus fort que moi ?
- Il a été assez malin pour se mettre du côté d'Ombrage l'année dernière… et rester en place alors que cette chère Dolorès a rejoint un placard dans son cher Ministère… Il est assez malin pour conserver le soutien du Professeur Rogue alors que son père est un proscrit… Il est assez malin pour rallier à lui la majorité de ses condisciples… Je suis sûre qu'il est assez malin pour que personne ne le prenne jamais en défaut…
Peeves se frotta les mains de contentement :
- On dirait que ce morveux prétentieux te fait peur, Granger…
- Le mot "peur" n'est pas vraiment celui que j'emploierais, mais c'est un garçon dangereux et très habile…
- Ah ouais ? fit Peeves. Tu veux parier ?
- Je ne parie jamais Peeves, c'est immoral…
- Très bien, Miss Parfaite ! Tu as raison, ne parie pas ! Tu es sûre de perdre…
Hermione fit une moue dubitative… Peeves fit tourner sa tête sur elle-même. Il fit un clin d'œil indécent à Ginny et une grimace à Ron :
- Tu as vraiment l'air d'un abruti, Weasley…

Il disparut dans le caquètement qui lui servait de rire. Et tandis que les jeunes gens se hâtaient à présent vers la salle des Quatre Maisons, Ron observait Hermione du coin de l'œil avec inquiétude.
- Tu es folle ! lui souffla-t-il en descendant les escaliers. Qu'es-tu allée raconter à Peeves à propos de Malefoy ? Il va caqueter partout que nous avons peur de lui à présent…
- Tant mieux s'il le croit, fit Hermione avec un sourire. Il nous laissera tranquille…
- Voyons Ron ! se mit à rire Ginny. Tu n'as pas compris qu'Hermione a tout bonnement fourré Peeves dans les pattes de Drago ? Il ne va plus le lâcher à présent !
- Mais pourquoi ? demanda Ron interloqué.
- Rogue ne peut l'avoir à l'œil tout le temps, Ron… Ses camarades de Maison le surveillent dans les quartiers réservés aux Serpentard, Rogue pendant les cours et alentours, et Peeves vingt-quatre heures sur vingt-quatre ou presque… jusqu'à ce qu'il se lasse. Mais au moins aurons-nous un peu de répit.
Ron se mit à sourire.
- Les jumeaux vont t'idolâtrer quand ils sauront ça ! dit-il en embrassant le dos de sa main.
Il la garda dans la sienne jusqu'à la salle des Quatre Maisons.
- Justement, répondit Hermione. J'aimerai mieux que personne d'autre que vous ne soit au courant…
Ginny leva la main droite en un serment muet. Ron fit le geste de fermer sa bouche à clé. Hermione entra dans la salle des Quatre Maisons et fit remonter dare-dare dans leur salle commune tous les Gryffondor présents.