Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.


Chapitre 47

Du Rififi dans la Forêt

Ron faisait semblant de ranger son bureau dans la salle des Préfets. Hermione consultait rapidement les notes qu'elle avait reçues dans la journée. Le jeune Weasley la guettait par-dessus la pile de magazines de Quidditch qu'il devait rendre à Seamus. La porte s'ouvrit et Ginny l'invita à la suivre pour leur entraînement d'un simple signe de la tête. Il passa devant le bureau d'Hermione.
- Tu restes là ? s'étonna-t-il plein d'espoir.
Elle secoua la tête sans oser le regarder. Les leçons de Graup se passaient de mieux en mieux. Il avançait. Lentement, certes, mais il progressait malgré tout, au grand bonheur d'Hagrid. Et au désespoir de Ron qui voyait les cours durer chaque fois un peu plus longtemps. Il avait beaucoup compté sur le découragement de la jeune fille devant la déconvenue qui, il n'en doutait pas, l'attendait. C'était lui qui avait déchanté. Hagrid ne tarissait pas d'éloges sur les progrès de son demi frère et vouait à Hermione une reconnaissance un peu envahissante. Elle même en était gênée, surtout parce que le Professeur de soins aux Créatures Magiques rappelait ainsi à Ron les dangers qu'elle courait deux fois pas semaine.

Ils n'en parlaient jamais. Hermione acceptait les critiques quant à sa foi envers le Professeur Rogue, mais elle refusait toute discussion avec Ron au sujet de la Forêt Interdite. Et surtout pas au milieu de la salle des Préfets, tandis que Malefoy feignait de ne s'intéresser qu'à ses notes et directives alors que tout le monde savait qu'il était tout yeux et tout oreilles.

Ils savaient, grâce à Neville et aux oreilles à rallonge de Ginny, que Malefoy, tout en restant dans l'ombre, jouait les justiciers de sa cause en "châtiant" ceux qu'il considérait comme des traîtres. Il désignait à ses hommes de main, comme les appelait Dean Thomas, ceux qui le défiaient un peu trop ouvertement à son goût. Les Serpentard ne se déplaçaient plus qu'en groupes de cinq ou six minimum. Rogue rongeait son frein, devant les mines goguenardes de ses collègues. Lui qui avait toujours vanté l'unité des Serpentard ne pouvait plus feindre d'ignorer l'état de déliquescence de sa Maison. Hermione prétendait qu'il en souffrait réellement, et cela faisait sourire Ron d'un rictus sardonique. Harry ne le montrait pas aussi ouvertement, mais il n'était pas mécontent de cet état des choses. Il voyait arriver à son Club de Duels de plus en plus de tenues vertes. Il jubilait, même si McGregor, par l'intermédiaire d'Hermione, lui avait conseillé de se méfier de quelques uns des nouveaux arrivants.

Ginny vint chercher son frère par la main, une grimace d'exaspération sur son visage impatient. Elle cligna néanmoins de l'œil à l'intention d'Hermione et laissa tout juste Ron donner un rapide baiser sur la joue de son amie. Elle l'entraîna derrière elle. Au regard qu'il lui jeta avant de refermer la porte sur lui et sa sœur, Hermione songea qu'Harry allait encore le menacer de le renvoyer de l'équipe. Elle détestait lui faire du mal ainsi, mais elle avait fait une promesse. Et elle ne pouvait demander à Harry de tenir sa promesse avec elle. Tout d'abord parce que s'il était un excellent professeur de Défense contre les Forces du Mal, il ne valait certainement rien en professeur d'anglaisà en juger par la syntaxe souvent approximative de ses devoirs. Ensuite parce qu'il avait des choses plus importantes à faire.

Hermione cachait son balai sous sa cape. L'appréhension des premiers jours l'avait quittée. Elle ne craignait qu'une chose qu'on découvrît ce qu'elle allait faire ainsi dans la forêt et qu'on la dénonce aux professeurs. Elle se dirigea vers la cabane d'Hagrid et prit le sentier de la Forêt Interdite. Firenze en longeait la lisière lentement. Il croisa son chemin.
- La Forêt s'agite… dit-il. Le temps approche.
Hermione baissa la tête.
- Tu ne leur as pas dit ? Ils ne t'ont pas crue ?
- C'est à nous qu'ils ne disent rien… répondit Hermione.

Elle passa son chemin. Firenze l'accompagna jusqu'à la frontière qu'il ne devait pas dépasser. Elle enfourcha son balai et s'éleva, le cœur un peu plus serré que d'ordinaire. Elle sentait le regard du Centaure sur elle. Elle jeta un œil vers le sol, malgré le vertige, il galopait le long de l'orée de la Forêt. Plus loin, de l'autre côté, par-delà la cour du château, elle voyait l'équipe de Quidditch qui s'entraînait. Soudain quelque chose attira son attention, derrière elle. Non, sur la droite. Et sur la gauche… Elle faillit tomber de son balai. Trois Mangemorts, tout encagoulés la serrait de près. Elle accéléra. L'arbre devant elle se rapprocha dangereusement. Elle vira à la dernière minute. Les mangemorts la suivirent. Elle était presque arrivée… Elle cria.

Hagrid leva la tête. N'était-ce pas la voix de la petite Hermione qu'il venait d'entendre ? Graup se releva dans la clairière qu'il s'était aménagée. Il y eut comme un grondement dans la Forêt : Herrrrrmy !

Un mangemort saisit Hermione par le bras. Elle résista. Un autre était juste derrière elle. Elle plongea. Elle pensa que Ron n'allait pas être content quand il saurait ça. Elle entendit une incantation derrière elle. Elle sentit une douleur fulgurante dans son dos. Et elle tomba.

Ron tourna brusquement la tête vers la Forêt. Harry lui avait interdit de tourner son attention vers cette partie de l'école durant les entraînements sous peine d'être instantanément viré de l'équipe. Mais cette fois, même le capitaine s'était interrompu dans ses hurlements. Là-bas, près de la lisière, Firenze s'agitait. Il frappait le sol de ses sabots et criait un long appel. Comme une alarme. Ron vit le faîte de la Forêt bouger et la tête d'un géant émerger au loin. Il voulut crier le nom d'Hermione, mais il manqua d'air. Il lâcha le souaffle et fonça vers la Forêt. Il n'entendit pas Harry hurler à ses coéquipiers d'aller prévenir McGonagall ou Rogue qu'il se passait quelque chose dans la Forêt Interdite. Il fendait l'air, regrettant de n'avoir pas un balai plus rapide que son Brossdur. Ginny l'avait rattrapé. Elle sortit sa baguette et cria à son frère :
- Regarde !
Ron les vit alors. Cinq encapuchonnés qui tournaient autour d'Hermione pour la faire tomber de son balai, et Graup qui se taillait un chemin parmi les arbres. Il lançait ses bras en avant pour attraper les Mangemorts.
- Pas faire mal Hermy ! beuglait-il.
Ginny lança un stupéfix. Un mangemort se perdit dans la touffeur de la Forêt. Le balai d'un autre se mit en torche et plongea dans les arbres. Ron se rendit compte qu'Harry était près de lui, lui aussi. Ron échappa à la grande main de Graup. Hagrid s'agitait tout en bas. Il frappait son frère de son parapluie sans lui faire entendre raison. Ron slalomait entre les jambes du géant. Il ne voyait plus Hermione. Il entendit hurler quelqu'un. Un long hurlement de douleur et d'agonie. Il ne se retourna pas pour savoir ce que c'était. Le balai d'Hermione était au sol. Il n'y avait aucune trace d'elle, sauf la barrette qu'elle portait aux cheveux, brisée parmi les feuilles mortes. Harry et Ginny étaient toujours sur leur balai, tentant d'échapper à Graup déchaîné. Dans un craquement des buissons, un Centaure apparut :

- Vite !

Ron restait figé. Firenze était devant lui. Il lui présentait sa croupe pour qu'il grimpe sur son dos.
- Dépêche-toi ! intima-t-il.
Ron reprit ses esprits. Il sauta sur le dos de Firenze.
- Que faites-vous là, Professeur ? demanda-t-il encore abasourdi tandis que le Centaure galopait parmi les arbres. S'ils vous trouvent vous serez tué !
- Il faut faire ce qu'on doit faire, jeune humain…
Il terminait de parler que surgissait des buissons une troupe de cinq ou six Centaures. Ron manqua tomber lorsque Firenze se cabra pour stopper sa course.
- Goran ! cria-t-il. Laisse-moi passer ! Ou un innocent va mourir.
- Tu savais ce qu'il t'en coûterait si tu revenais, Firenze…
Les Centaures s'approchaient, le visage fermé. Ron tenait sa baguette serrée entre ses doigts. Que pourrait-il bien faire contre ces brutes exaltées ?
- Ne comprenez-vous pas encore ? s'enflamma Firenze. Ne comprenez-vous pas encore que ce qui se passe dans cette Forêt n'est que la fin de notre monde ?
- Nous savons que les humains en sont responsables, répondit Goran. Ces humains que tu acceptes porter sur ton dos, comme une bête de somme. Tu n'es plus l'un des nôtres Firenze…

Goran s'interrompit. Un frisson parcourut la Forêt. Ron le sentit également. Le silence les entoura soudain.
- Fuyez ! hurla Goran.
Les Centaures détalèrent. Ils ne furent pas assez rapides pour échapper à la dizaines de gerbilloises à crête qui s'abattirent sur eux. Ron lança un sort de bouclier. Firenze se cabra à nouveau. Il prit un peu d'élan et sauta par-dessus les rongeurs excités par le sang et les cris des Centaures. Ron jeta un regard horrifié en arrière. Une gerbilloise bondit sur eux. Il frappa de son balai le rongeur. Il l'envoya cogner contre un arbre. Il cria "Tuez leur chef ! Tuez leur chef " tandis que Firenze l'emportait dans un galop effréné. Il songea aux paroles d'Hagrid : s'ils se mettent à s'attaquer aux licornes et aux Centaures…!

Hermione reprit connaissance dans l'ombre d'une grotte. Elle avait très mal à la jambe. Avec la douleur, les souvenirs lui revinrent. Les joues lui cuisaient.
- Ça suffit Rodolphus, disait la voix de Lucius Malefoy. Elle est consciente à présent.
Hermione tourna la tête. Lucius Malefoy était bien devant elle, debout, sa baguette à la main. Elle chercha la sienne. A quelques pas d'elle, un homme qu'elle reconnut comme Rodolphus Lestrange, accroupi pour être à sa hauteur, la lui montrait.
- C'est ça que tu cherches, petite sang-de-bourbe ? Les gens comme toi ne devraient pas avoir le droit de s'en servir.
Il la menaça avec.
- Ce serait drôle, hein, si je te tuais avec ta propre baguette, sale vermine…
- Rodolphus, intervint une fois de plus Malefoy… Attends au moins que le maître ait tiré d'elle toutes les informations qu'il désire…
Lestrange se releva. Il revint vers Lucius :
- Comment allons-nous l'emmener ? Elle est blessée et on ne peut compter à présent sur un départ discret…
Malefoy eut un sourire froid. Son séjour à Azkaban n'avait pas altéré son allure altière. Seuls ses traits paraissaient plus tirés et sa tenue n'était pas aussi raffinée que d'ordinaire.
- Ne t'inquiète pas pour ça, Rodolphus, répondit-il. La nuit sera bientôt là. Pettigrew a lancé ses amies dans la forêt de bonne heure aujourd'hui. On ne nous dérangera pas… Nous avons tout le temps de nous occuper de cette morveuse.
Il laissa tomber un regard sur Hermione.
- Il faudra juste prendre garde à ne pas trop l'abîmer, afin que le maître puisse l'interroger lui-même, puisque c'est ce qu'il désire…

Il fit un signe à Lestrange qui pointa aussitôt la baguette d'Hermione sur elle.
- Allons, parle vite et nous ne te ferons pas trop de mal. Dis-nous ce que tu sais sur la protection qui entoure Poudlard…
Hermione baissa les yeux et la tête. C'était donc ça ! Ils ne voulaient pas la tuer. Ils voulaient juste avoir des informations. Elle avait quelques heures de répit devant elle. Si seulement elle pouvait récupérer sa baguette.
- Allons, Miss Granger, railla Malefoy. Vous êtes une personne très intelligente pour quelqu'un de vos origines, du moins c'est ce que tout le monde pense… Vous êtes blessée, vous êtes seule, et nous sommes deux. Vous avez fait de mon ami Rodolphus un veuf éploré qui ne rêve que de vengeance… Si vous saviez le mal que j'ai eu à l'empêcher de vous tuer sur place…. Et encore ai-je dû lui rappeler que le Seigneur des Ténèbres tenait à vous avoir vivante…
Hermione haussa les épaules.
- Pourquoi parlerai-je ? dit-elle. Ne craignez-vous point que votre maître ne vous inflige un quelconque châtiment pour m'avoir forcée à dévoiler ce que je suis sensée savoir avant qu'il ait eu le temps de le faire lui-même.
Lestrange frissonna.
- Elle a raison, Lucius…
- Le maître ne le saura pas… reprit Malefoy d'une voix persuasive. On ne sait jamais… il pourrait lui arriver un petit accident de balai avant d'arriver à destination… Ce serait dommage de perdre les informations que contient cette charmante petite tête.
Lestrange hésitait encore. Malefoy se rapprocha de lui, le ton doucereux, et le regard dans le sien.
- Et puis… qu'est-ce que quelques minutes de souffrance contre la douce satisfaction de la voir se tordre de douleur devant toi, Rodolphus. De l'entendre crier grâce… La vengeance, Rodolphus, la vengeance, n'est-ce pas ce à quoi tu aspires depuis ce jour où elle t'a privé de ton épouse adorée ?
Hermione entendit Lestrange inspirer depuis sa place contre la paroi de la grotte. Elle vit l'éclat de la haine dans l'œil de l'homme quand il se tourna vers elle, la baguette tendue.
- Attends ! le retint encore Malefoy. Qu'elle parle d'abord, tu t'amuseras ensuite.
Il pointa sa propre baguette :
- Dis-moi ce que tu sais au sujet de la protection de Poudlard. Imperio !
Hermione ferma son esprit comme Rogue le lui avait appris. Ce fut instantané. Elle serra les mâchoires.
- Dis-le-moi ! cria Malefoy.
Hermione ouvrit la bouche. Elle ne pouvait faire autrement.
- NON !
Malefoy cracha un juron de colère. Ce n'était pas possible. Elle ne pouvait pas ! Elle ne devait pas pouvoir résister à l'Impérium ! Il céda la place à son acolyte.
- A toi de jouer Rodolphus… Quand elle aura pris quelques Doloris, elle sera peutêtre plus coopérative…
Lestrange tendit la baguette d'Hermione, un sourire satisfait aux lèvres. Hermione se recroquevilla par avance. Si elle fermait encore son esprit peutêtre que la douleur ne l'atteindrait pas… Elle crut qu'elle allait mourir. Elle souhaitait mourir. Pour que cesse cette souffrance intolérable. Elle ne pouvait même pas pleurer. Elle entendait la voix froide de Malefoy par delà la douleur.
- Pas trop fort, Rodolphus. Il faut qu'elle parle.

Elle pensa à nouveau à Ron. Il allait être furieux. Il allait lui faire une scène terrible. Plus terrible encore que ce doloris qui la secouait de spasmes. Ensuite, il la prendrait dans ses bras et il l'embrasserait tendrement. Elle le laisserait caresser ses cheveux. Elle le laisserait la serrer contre lui à l'étouffer. Il lui sembla qu'elle avait moins mal.
- Pas si fort, Rodolphus ! Il faut qu'elle garde ses esprits !
Hermione ferma les yeux. Quand elle songeait à Ron, elle résistait à la douleur. Tout cet amour parfois pesant éloignait la souffrance de son esprit. Elle se détendit et rouvrit les yeux. Lestrange ouvrit la bouche sous l'effet de la surprise. Un éclair de rage passa dans son regard. Malefoy prit le relais. Elle sentit la décharge et ses doigts se crispèrent à nouveau. Elle refusa la douleur. Son cœur était prêt à éclater. Elle repoussait le sortilège de toutes ses forces. Comme pour un Patronus, elle puisait dans ces moments heureux la force de résister au maléfice. La douleur fit place peu à peu à la douceur de leur premier baiser, dans le froid et la neige… Elle n'eut plus mal.
- Expelliarmus !

La voix de Ron. La baguette de Lucius s'envola de ses mains. Lestrange fut projeté en avant. Il s'écroula devant elleévanoui. Sa baguette tomba à ses pieds. Elle fit un effort pour l'atteindre. Elle vit Ron sauter à bas de Firenze et se précipiter vers elle. Le Centaure menaçait Lucius Malefoy de ses sabots.

Ron la releva. Elle s'effondra entre ses bras dans un cri de douleur. Il était hors de lui. Il brandit sa baguette vers Malefoy.
- Quelqu'un vient ! dit Firenze.
Malefoy eut un sourire mauvais.
- Stupéfix ! cria Ron.
Il lui faudrait attendre pour s'occuper sérieusement de lui. Il prit Hermione dans ses bras et l'installa sur le dos du Centaure. Il monta derrière elle.
- Accrochez-vous à moi ! conseilla Firenze.
Ron referma ses grands bras autour d'Hermione et du torse du Centaure, son balai en travers des genoux de la jeune fille. Firenze bondit au-dehors de la grotte, comme il l'avait fait pour entrer. Il sauta par-dessus un petit homme bancal, au visage mutilé. Pettigrew leva les bras, en une dérisoire protection contre les sabots qui s'élevaient devant lui. Il poussa un cri de rage.
- Peter ! Ne les laisse pas s'enfuir ! cria la voix de Lucius toujours empêtré dans son Stupéfix.

Mais Peter était tombé à genoux, les bras croisé au dessus de sa tête. Firenze ne resta pas pour vérifier s'il l'avait touché. Il galopa à travers la Forêt, sur les sentiers de son ancienne vie. Ils entendirent un hennissement d'agonie.
- Une licorne ! s'exclama Hermione.
Ron ne lui demanda pas comment elle le savait. Il était certain lui aussi au fond de son cœur qu'il s'agissait bien d'une licorne. Il serra la jeune fille un peu plus contre lui, sa joue dans ses cheveux. Quand Firenze avait bondi dans la grotte, il les avait vu, Malefoy et Lestrange, en train de lui infliger un Doloris à tour de rôle. Il avait encore mal pour elle.

Firenze ne s'arrêta que lorsqu'ils sortirent de la Forêt, sur le chemin de la cabane de Hagrid. Ron sauta à terre et fit descendre Hermione doucement. Elle pensait que sa jambe était cassée, elle ne pouvait s'appuyer dessus. Elle avait souffert le martyre tout le long de leur chevauchée, mais ce n'était rien comparé au Doloris de Rodolphus Lestrange. Ron l'allongea sur le sol. Par moment, ses membres étaient encore secoués de spasmes sporadiques. Cela ne l'empêcha pas de remarquer des égratignures sur le torse et les jambes du Centaure. Ron avait sorti son miroir de la poche de son pantalon sous sa tenue de Quidditch. Il appela Harry. Il n'eut de réponse qu'au deuxième appel. Il soupira de soulagement lorsqu'il vit le visage de son ami, et derrière lui celui de sa sœur, dans le miroir.
- Hermione est avec moi, dit-il. C'étaient Lucius Malefoy et le mari de Bellatrix Lestrange. Je la ramène à l'école. Et vous, comment ça se passe ?
- On a eu un peu de mal avec Graup, mais ça va…
Ron l'interrompit.
- Rogue arrive, chuchota-t-il avant de rompre le contact et de ranger son miroir.
En effet, les professeurs Rogue et McGonagall se hâtaient vers euxà la fois inquiets et exaspérés. Minerva McGonagall se pencha sur Hermione tandis que Rogue fronçait les sourcils en fixant Ron.
- Qu'avez-vous encore fait ? s'écria-t-il. Et où est Potter !
- Il ne va pas tarder, Professeur, dit Ron à tout hasard. Lui et ma sœur sont avec Hagrid…
Rogue sursauta. Il avança vers Ron, le regard rétréci.
- Est-ce que ceci a un rapport avec Hagrid ? demanda-t-il. Ou avec une quelconque de ses relations ?
- Certainement pas ! s'exclama Minerva. A moins qu'Hagrid ne soit devenu un expert en sortilèges impardonnables ! C'est un Doloris –et un Doloris puissant - que Miss Granger a essuyé !
Rogue se pencha à son tour vers Hermione.
- Qui ? demanda-t-il simplement.
- Lucius Malefoy et Rodolphus Lestrange… répondit d'une voix basse la jeune fille.
- Ils sont dans la Forêt Interdite ? C'est impossible !
Firenze frappa le sol de son sabot.
- Je vous ai dit que la Forêt avait perdu de sa magie. Je vous ai dit que sa protection ne suffirait pas pour…
- Merci, Professeur Firenze, l'interrompit McGonagall.
Elle désigna ses blessures : Il faudra soigner cela…
- Ce ne sont que des égratignures, dit Firenze.
- Des Gerbilloises ? questionna Hermione.
Ron confirma le diagnostic. Elle fouilla dans la poche de sa robe pour en sortir un petit pot d'onguent. Rogue fit claquer sa langue contre son palais, agacé.
- Je vous ferai porter ce qu'il faut, dit-il. On ne soigne pas une blessure de Gerbilloise à crête avec un peu d'essence de benjoin !
Hermione insista.
- Je le sais, Professeur… C'est pourquoi j'ai toujours ce pot avec moi quand je vais… dans la Forêt Interdite.
Elle baissa les yeux devant le regard interloqué du Professeur McGonagall. Minerva McGonagall toisa ensuite Ron, dans sa tenue d'entraînement de Quidditch, puis se tourna vers le Professeur Rogue.
- Je crois que nous devons avoir une conversation, vous et moi, Severus… Et je crois que le professeur Dumbledore devrait être présent également.
Rogue eut un sourire qui étonna Ron. Il n'était ni ironique ni malveillant. Il était juste un peu las.
- Oui, Professeur McGonagall, répondit-il simplement.
Ron eut l'impression que Rogue était redevenu un élève devant le regard sévère de la directrice-adjointe de l'école.

McGonagall fit une attelle pour la jambe d'Hermione et donna le pot d'onguent à Firenze. Celui-ci insista pour ramener la jeune fille à l'école. MacGonagall et Ron aidèrent Hermione à monter sur le dos de Firenze. Rogue retint le jeune Weasley par l'épaule.
- Ces deux hommes, dit-il, où sont-ils maintenant ?
Ron haussa une épaule.
- J'ai stupéfixé Malefoy, répondit-il. Et Lestrange aura pendant un moment la marque des sabots de Firenze dans le dos… mais je pense qu'ils ont dû revenir de leur surprise à présent. D'ailleurs Pettigrew les aura aidé à quitter les lieuxà n'en pas douter…
Ron vit avec satisfaction le tic qui souleva la joue de Rogue lorsqu'il prononça ce dernier nom. Le Professeur se reprit vite cependant.
- Pas un mot là-dessus, ordonna-t-il l'index levé.
- Mais… commença Ron.
Sa rancœur envers le professeur revint d'un bloc à sa tête.
- Que croyez-vous qu'il arriverait si le bruit courrait que deux dangereux mangemorts évadés d'Azkaban se trouvent assez près de Poudlard pour mettre à mal toute l'école ? gronda Rogue sur un ton bas.
Ron réfréna sa colère.
- Ils ne voulaient pas mettre à mal toute l'école, Monsieur, grinça le jeune homme à son tour. Il voulait qu'Hermione parle !
Rogue se pencha légèrement vers lui :
- Et que croyez-vous qu'elle aurait eu à leur dire, jeune sot ?
Ron se mordit les lèvres. Il déglutit avec difficulté.
- Mais comment pourraient-ils savoir qu'elle sait… ?
- Ça ! fit Rogue sarcastique. C'est ce que je me demande aussi !

L'arrivée d'Hermione à dos du Professeur Firenze fit sensation. Neville et Luna s'empressèrent au devant d'eux, mais Rogue les chassa vivement. Personne n'osa s'approcher tant le regard du Professeur lançait des éclairs. Devant le perron, le Centaure s'arrêta et Ron prit Hermione dans ses bras pour la faire descendre. Elle mit ses bras autour de son cou et le regarda longuement droit dans les yeux avec un sourire qui fit rougir le jeune homme. Il ne savait pourquoi elle le dévisageait ainsi, mais il se disait que c'était bien agréable. Il la porta ainsi jusqu'en bas de l'escalier du grand hall. Le Professeur McGonagall fit porter une chaise qu'elle enchanta et Hermione monta l'escalier dessus. Ron s'apprêtait à les suivre alors que Rogue repartait vers le bureau du Professeur Londubat pour le prier de l'accompagner chercher Potter et Hagrid.
- Oh ! N'est-ce pas encore la Sang-de-Bourbe qui joue les intéressantes ?
Ron fit demi tour instantanément. Puisqu'il n'avait pu se charger du père, il prendrait bien sa revanche sur le fils. Drago Malefoy arborait un sourire narquois. D'un mot, Ron pouvait le lui faire ravaler. D'un mot, il passait outre l'interdiction de parler de Rogue. Il jeta un rapide coup d'œil dans la direction qu'avait prise le professeur. Il était là, fixant le jeune Weasley, une lueur d'avertissement dans le regard. Un doute lui vint. Drago était-il au courant de la présence de son père sur les terres de Poudlard ? Etait-ce lui qui avait espionné Hermione lorsqu'elle prenait deux fois par semaine le chemin de la Forêt ? Ron prit une grande inspiration.
- Oui. C'est agaçant, n'est-ce pas, cette manière de se mettre toujours en avant, dit-il sur un ton un peu trop désinvolte pour être naturel. Elle sait pourtant que je suis d'un naturel fort jaloux et que je ne supporte pas qu'on s'intéresse à elle de trop près…

Le sourire de Drago s'effaça de ses lèvres. Il avait senti la menace dans les dernières paroles de Weasley et cela l'inquiéta. Non qu'il craignît les intimidations de cet abruti. C'était plutôt le fait qu'il le menace d'une manière aussi déguisée qui l'étonna. Le rouquin n'était pas connu pour sa subtilité, d'ordinaire. Aussi, lorsqu'il le vit tourner les talons et monter rapidement l'escalier pour rattraper McGonagall et Granger, il se demanda pourquoi il ne lui avait pas sauté dessus.
- Peutêtre, souffla Crabbe, parce que le Professeur Rogue le surveillait depuis le couloir ?

Drago hocha la tête. Sans doute le professeur Rogue y était-il pour quelque chose, en effet. Il enrageait d'être tenu désormais éloigné de tout ce qui concernait le Seigneur des Ténèbres. Depuis la Saint Valentin, il n'avait plus aucun contact. Le miroir avait disparu. Et ses courriers restaient sans réponse. Il avait compris qu'il était surveillé, mais il ignorait par qui. Dumbledore ne pouvait avoir l'œil sur lui constamment. Et il ne pouvait croire que Rogue… N'était-il pas un ami de son père ? Puis il se souvint que son père n'avait aucun ami.