Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Chapitre 48
Le Jour de Gloire de Ronald Weasley
Les Professeurs Rogue et Londubat entrèrent dans la forêt la baguette à la main et l'œil aux aguets. Ils suivirent un temps le sentier qui s'enfonçait dans le sous-bois. Il faisait sombre, car la nuit commençait à tomber et peu de lumière pénétrait dans la forêt. Enfin, ils virent s'avancer vers eux la haute silhouette d'Hagrid. Algie Londubat soupira de soulagement. Il se hâta de les rejoindre. Le jeune Potter et la petite Weasley avaient l'air bouleversés. Même Rubeus avait triste mine. Il poussait du bout de son parapluie deux hommes un peu groggy entravés de cordes. Ils avaient l'air terrorisés. Hagrid fit quelques "Ahem" avant de demander des nouvelles de la petite Hermione.
- Ça va ! fit Rogue sèchement.
Il dévisageait les deux mangemorts avec attention. Ils lui étaient inconnus. Le Seigneur des Ténèbres recrutait encoreà l'évidence.
- Vous comptiez les amener à l'école ? demanda-t-il à Hagrid sur un ton acerbe.
- Oh… heu… fit le géant.
- Non, Monsieur, intervint Harry. Le professeur Hagrid avait l'intention de les enfermer dans sa réserve avant d'alerter le Directeur…
- Hein ? fit Hagrid. Ah ! oui ! Oui, bien sûr ! Dans la réserve… Dumbledore… et tout ça…
- Bien ! conclut Rogue. C'est donc ce que nous allons faire.
Ils reprirent le chemin de la cabane en silence. Ils enfermèrent dans l'appentis les deux mangemorts toujours entravés et bâillonnés, et prisonniers d'un maléfice du saucisson pour plus de sécurité. Algie Londubat se dépêcha de rentrer au château pour alerter le directeur. Rogue déclara qu'il se chargeait des deux jeunes gens. Il fit entrer tout le monde dans la demeure du garde forestier. Il tourna vers Hagrid et les deux élèves un regard sévère. Puis Ginny éclata en pleurs. Elle s'effondra sur la table, la tête dans ses bras.
- Allons, Miss Weasley, fit Rogue, contrarié. Pour une fois, ce n'était pas vous que j'allais blâmer de ce qui est arrivé.
Harry s'avança vers Ginny. Il entoura de son bras ses épaules secouées de sanglots. De sa main, il caressa ses cheveux échappés de son catogan.
- Ce n'est pas cela, Professeur, murmura-t-il, bouleversé lui aussi. Ca a recommencé…
Hagrid poussa un énorme soupir et renifla en hochant la tête. Harry leva les yeux vers Rogue.
- Nous avons vu une licorne morte sur le chemin du retour…
- Saignée à blanc… Maudites gerbilloises à crêtes…. Si je tenais celui qui les a fait entrer ici…
Hagrid serra son poing devant son visage. Rogue pâlit.
- Et encore à celle-ci, il lui restait la tête et la moitié du corps, continua Hagrid. Sur celle que j'ai trouvée ce matin, il n'y avait plus rien. Et je suis sûr que demain elle n'aura plus de corne, ni de langue…
Ginny poussa un long sanglot. Harry fronça les sourcils à l'intention de Hagrid.
- Ca suffit ! trancha le professeur Rogue, livide tout à coup. Pouvez-vous m'expliquer comment vous n'avez pas vous-même rencontré de ces gerbilloises, alors que Weasley et Firenze ont subi une attaque de ces bêtes ?
Harry jeta un coup d'œil au garde forestier, qui baissa la tête.
- Nous…Nous avions une escorte… balbutia le jeune homme.
- De quel genre ? demanda le professeur.
- Arachnide… répondit Harry très vite.
- L'espèce ?
- Acromentula…
Rogue leva les yeux au ciel. Il comprenait à présent comment ces deux adolescents et ce grand abruti d'Hagrid avaient réussi à traumatiser deux mangemorts pourtant coutumiers de l'horreur. Il s'assit sur le banc près de la cheminée et croisa ses bras sur sa poitrine.
- Bien, fit-il. A présent, et dès que Miss Weasley aura terminé de pleurer, racontez-moi donc votre version des faits.
Hagrid fit quelques "Hum ! Hum " pour s'éclaircir la gorge et gagner du temps.
- Pas vous, Hagrid ! l'interrompit Rogue, agacé. J'entends savoir le fin mot de cette histoire avant Noël prochain ! Potterà vous !
Harry raconta alors comment depuis le terrain de Quidditch, ils avaient vu Firenze donner l'alarme. Ils s'étaient précipités, car ils savaient qu'Hermione devait se rendre auprès de Hagrid au cœur de la Forêt. Il passa sous silence le rôle de Graup dans la mise hors de combat des mangemorts. La mimique exaspérée du professeur lui dit pourtant qu'il cachait là un secret de Polichinelle. Cependant, comme Rogue n'insista pas, Harry se garda de mettre Hagrid dans l'embarras. Il tut également leurs efforts pour calmer le géant qui avait très mal pris le fait qu'on avait "fait du mal à Hermy". Il enchaîna directement sur leur descente à terre, où ils avaient trouvé le balai d'Hermione et sa barrette brisée, mais aucune trace d'elle ni de Ron. Ils avaient ensuite récupéré les deux mangemorts survivants –un troisième était mort, l'échine brisée, dans sa chute sans doute. Il ne dit pas qu'il avait vu Graup l'écraser pratiquement entre son pouce et son index avant de le jeter au sol. Les fils d'Aragog étaient alors arrivés, prévenant Hagrid que les Gerbilloises à crêtes avaient été lancées à l'attaque d'un groupe de Centaures, sur leur propre territoire, et qu'elles se dirigeaient vers eux. Les araignées géantes leur avait alors ouvert le chemin jusqu'à l'orée du bois. Les gerbilloises avaient hésité à les attaquer et celles qui s'y étaient risquées nourriraient la colonie d'acromantules ce soir-là. Ils avaient continué sans encombre jusqu'à ce qu'ils les rencontrent, lui et le Professeur Londubat.
- Et Ron et Hermione ? demanda Ginny dans un sanglot étouffé.
- Votre frère et son imprudente petite amie vous feront un compte rendu, très détaillé, je n'en doute pas, dès que vous aurez la permission de les voir à l'infirmerie.
Ginny leva des yeux inquiets vers Harry.
- Sont-ils blessés ? insista le jeune homme devant la question muette de Ginny.
- Une jambe casséeà priori… et les séquelles d'un Doloris…
Rogue plissa les yeux pour mieux voir l'effet de sa réponse sur le jeune Potter. Harry ouvrit de grands yeux effarés derrière ses lunettes. Ron avait prononcé le nom de Lestrange. Associé au Doloris, ce nom n'était guère de bon augure. Il retint un quelconque commentaire, car Rogue fixait toujours sur lui son regard aigu d'oiseau de proie.
La porte de la cabane s'ouvrit et Dumbledore entra. Le visage grave, il fronça les sourcils à l'intention de Hagrid qui baissa les yeux comme un enfant prit en faute.
- J'ai contacté Maugrey, dit-il à Rogue. Les Aurors de l'Ordre seront là dans un moment pour venir chercher vos prisonniers.
- Ce ne sont pas les miens, Professeur, corrigea Rogue sur un sourire. Ce sont ceux de Potter et du Professeur Hagrid…
Dumbledore fit un geste :
- Voilà qui rachète en partie l'imprudence du Professeur Hagrid… dit-il. Ne vous avais-je pas dit, Rubeus, que cette idée ne me plaisait qu'à demi !
La tête baissée, Hagrid, répondit d'une voix étrangement basse :
- Oui, Professeur… Monsieur. Mais une moitié vous plaisait quand même et j'ai cru que c'était celle-là.
Rogue secoua la tête. Harry l'entendit murmurer "Mais comment ont-ils pu croire que cet idiot était l'héritier de Serpentard " Il ressentit à nouveau de la colère envers Rogue, jusqu'à ce qu'il se rendent compte que ce n'était pas lui qui avait rempli son cœur de rage. C'étaient ces paroles qui lui rappelaient celles qu'avaient prononcées Jedusor dans la Chambre des Secrets, tandis qu'il lui racontait fièrement son histoire alors que Ginny agonisait à ses pieds.
Toutefois, Dumbledore continuait.
- J'ai interrogé ces hommes. Ils ne savent pas grand-choseà part qu'ils devaient enlever la jeune fille qu'on leur désignerait. Ce devait être facile. Elle serait seule et elle était affaiblie.
- C'est qu'ils ne connaissent pas Hermione, murmura Ginny.
Harry jeta un regard en coin à Rogue. Ils ignoraient qu'elle avait reçu des soins supplémentaires.
- Lucius Malefoy commandait le raid et Rodolphus Lestrange le secondait, continua Dumbledore.
Harry avala sa salive avec quelque difficulté.
- Ce devait être une opération drôlement importante, réussit-il à prononcer. Pour que Voldemort envoie son Cavalier lui-même.
Rogue eut un sourire sarcastique. Dumbledore hocha la tête.
- J'ai interrogé Miss Granger avant de venir, dit-il très grave. D'après elle, Lucius Malefoy voulait la faire parler au sujet de la protection de Poudlard. C'est, toujours selon Hermione, ce que veut savoir Voldemort.
Une sueur froide baigna le front et le dos de Harry.
- Il l'a interrogée lui-même ? dit-il. Il n'a pas laissé ce soin à son maître ?
Dumbledore le fixa longuement.
- Lucius Malefoy est un être extrêmement froid et calculateur. Je crains, s'il avait réussi à faire parler Hermione, qu'il n'ait laissé Rodolphus la tuer… Il aurait ainsi partagé le secret avec son maître et il aurait débarrassé l'école de la sang-de-bourbe qui fait de l'ombre à son fils…
- Mais Ron est arrivé à temps, n'est-ce pas… demanda Ginny la voix tremblante.
Dumbledore lui sourit doucement.
- Il l'a arrachée aux mains de ses tortionnaires en effet, et Hermione n'a pas parlé…
- Malgré le Doloris ? questionna Rogue. Etes-vous certain de cela ? N'a-t-elle vraiment rien laissé échapper ?
Dumbledore hocha la tête.
- Sa baguette se serait brisée, vous le savez comme moi puisque vous avez été le témoin de son serment, Severus… Et elle l'avait près d'elle lorsque je l'ai interrogée.
Rogue fronça à nouveau les sourcils.
- C'est Rodolphus Lestrange qui lui a infligé le Doloris ?
Dumbledore hocha à nouveau la tête :
- Et Lucius l'Impérium…
Rogue ne put cacher sa stupeur.
- Elle n'a pas pu résister à l'Impérium de Lucius !
- Je l'ai bien fait moi ! répondit Harry, plein de hargne.
Rogue reporta un instant ses yeux sur lui.
- Mais vous… vous… vous êtes le Survivant… finit-il par dire à regrets.
- Le Professeur Maugrey… je veux dire Barry Croupton Jr, nous a appris à résister à l'Impérium en quatrième année ! rappela Harry. Ce n'était sans doute pas son but, mais c'est ce qui en a résulté…
- Mais vous ne comprenez pas ! se mit en colère Rogue. Vous en comprenez pas que Lucius Malefoy maîtrise l'Impérium mieux que quiconqueà part le Seigneur des ténèbres ! Et tous les sortilèges de persuasion existants…
- En effet, c'est ainsi, toujours d'après Hermione qu'il a réussi à convaincre Rodolphus Lestrange de l'interroger eux-mêmes avant de la livrer à Voldemort, malgré la peur panique qu'il ressentait quant à la colère anticipée de leur maître.
- Vous voyez bien ! s'exclama Rogue qui s'avança d'un pas vers Harry. Il est capable de briser la volonté des plus fiers et des plus forts…
- Sans doute Hermione est-elle plus forte que vous ne le croyez, Monsieur ! riposta Harry froidement.
Il se sentait curieusement rassuré. Sa rancune envers le professeur était intacte. Il allait pouvoir se raccrocher encore un peu à elle pour garder le cap, parmi toutes ces certitudes qui s'effondraient et les doutes à nouveau qui l'assaillaient. Ce fut presque avec plaisir qu'il vit le Maître des Potions pâlir soudain. Il fit un sourire si amer qu'il se transforma en grimace.
- Les imbéciles… murmura-t-il.
Il se détourna vers la cheminée. Dumbledore, d'un geste de la main, ramena l'attention d'Harry vers lui. Le professeur Londubat les attendait dehors pour les ramener à l'école, lui et Ginny. Il leur conseilla de faire un tour à l'infirmerie pour soigner les petites blessures qu'ils pouvaient avoir. Ils jetèrent un dernier regard vers Hagrid, qui courbait toujours la tête. Le géant essuya soudain ses yeux d'un revers de sa manche et Harry fut soulagé de sortir afin d'échapper au spectacle toujours affligeant du désespoir d'Hagrid.
Ginny et Harry passèrent d'abord au vestiaire des Gryffondor afin de changer de tenue. Ils remontèrent ensemble vers le château, en silence. Harry lisait dans les yeux que Ginny levait sur lui une farandole de questions auxquelles il ne pouvait répondre. Du moins pour la plupart. Et celles dont il avait les réponses, il préférait qu'elle ne les posât pas. Ils croisèrent Neville et Luna devant la porte de l'infirmerie et leurs deux amis décidèrent de les attendre là car Mrs Pomfresh ne les avait pas laissé entrer.
Lorsqu'ils pénétrèrent dans l'infirmerie, la guérisseuse porta les mains à son front dans un geste de consternation.
- Mais pourquoi étais-je certaine que j'allais vous voir rappliquer, Potter ? s'exclama-t-elle.
Un "chut" impératif vint de derrière un rideau à demi tiré. Ginny se précipita. Elle avait reconnu la voix de son frère et ouvrit le rideau d'un geste inquiet. Ron était assis au chevet d'Hermione. Il tenait sa main dans la sienne, tout contre sa joue. Il caressait ses cheveux étalés sur l'oreiller. Ginny eut un coup au cœur.
- Est-ce qu'elle… hoqueta-t-elle.
- Elle dort, dit doucement Ron.
Il désigna Mrs Pomfresh d'un geste de la tête.
- Elle lui a donné quelque chose pour qu'elle dorme… reprocha-t-il.
- Il faut qu'elle se repose ! trancha la médicomage. Il est tout aussi éprouvant de résister à un Doloris que de le subir !
- Mais elle était en train de dire quelque chose quand elle s'est endormie…
- Si vos petits secrets sont si importants, elle s'en souviendra à son réveil ! répliqua Mrs Pomfresh.
Elle soigna les petites égratignures de Ginny et d'Harry tandis que Ron bougonnait dans son coin. Ensuite, elle mit tout le monde dehors. Neville leur sauta dessus, avide d'avoir des nouvelles d'Hermione. Quand il fut rassuré, il fallut lui expliquer ce qu'elle était allée faire dans la Forêt Interdite. Luna eut l'air de trouver normal qu'un géant eût élu domicile à quelques pas de l'école. Neville, lui, ce qui le gênait, n'était pas tant la présence de Graup. C'était plutôt le fait qu'Hermione, si raisonnable d'ordinaire, eût accepter de l'approcher d'aussi près. Ron approuva d'un '"Ha " vigoureux à l'égard d'Harry, comme s'il le considérait responsable de cet état de fait. Ginny, cependant n'avait pas ouvert la bouche encore, les yeux fixés sur la porte de l'infirmerie que Mrs Pomfresh avait refermée derrière eux. Harry sentait son esprit bouillonner et il toussota pour faire avancer leur petit groupe dans l'espoir que la jeune fille renoncerait à poser la question qui la tracassait manifestement.
- Ce qui me gêne, moi, dit-elle pourtant, ce n'est pas qu'ils aient voulu enlever Hermione. C'est comment ont-ils su qu'elle savait quelque chose ?
Luna et Neville froncèrent le sourcil sur elle. Ron hocha la tête. Lui aussi s'était posé la question. Ginny tourna la tête vers Harry, comme s'il était capable de donner une réponse. Il fit un sourire contrit.
- Je crains de le leur avoir dit…
Ron fit un pas vers lui, bouleversé.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Je veux dire que c'est moi qui ai dit à Voldemort qu'Hermione savait comment fonctionne la protection de Poudlard… enfin, je crois…
- C'est ce que je crois aussi !
La voix du Professeur Rogue claqua dans le couloir comme un coup de fouet dans l'esprit d'Harry. Il se rapprocha à grands pas d'eux, l'air à la fois soucieux et mécontent.
- Votre célèbre et prétentieux ami s'est cru assez fort pour narguer le Seigneur des Ténèbres ! Il s'est à nouveau laissé prendre au piège de la vanité !
- Mais… Mais…. balbutia Ron qui hésitait à comprendre. Il ne l'a pas fait exprès, n'est-ce pas…?
- Et croyez-vous que ce soit une excuse ? gronda Rogue.
Ron ne savait s'il devait éprouver de la colère à l'égard du professeur ou à celui d'Harry. Mais déjà Rogue reprenait.
- Et croyez-vous qu'il soit bien malin de discuter de ces choses-là au beau milieu d'un couloir ?
Les jeunes gens furent soudain tous pris de l'envie irrésistible de faire quelque chose de très important. Ils détalèrent sans demander leur reste tandis que Rogue entrait dans l'infirmerie. Ils passèrent la soirée chacun de leur côté : Harry devant la cheminée de la salle de Gryffondorà ruminer de sombres pensées ; Ginny dans son dortoir, au grand désespoir de Dean qui ne comprenait pas pourquoi elle le fuyait ; Ron dans le sien, les rideaux de son baldaquin tirés sur son désarroi. Neville et Luna restèrent ensemble dans la salle des Quatre Maisons jusqu'à l'heure du couvre-feu. Ils ne parlèrent pas et quand ils se souhaitèrent une bonne nuit au moment de se séparer, Neville soupira :
- Ce n'est jamais qu'une mauvaise journée de plus, n'est-ce pas ?
Luna le serra contre elle en silence et elle l'embrassa doucement la première, pour la première fois depuis qu'elle avait accepté de porter Saturne et ses anneaux à ses oreilles.
Harry remonta lentement dans son dortoir. Il toussota devant le rideau du baldaquin de Ron. Celui-ci l'entrouvrit.
- Oh ! fit-il. C'est toi…
Il baissa les yeux sur la main d'Harry qui lui tendait la barrette brisée d'Hermione.
- Je l'ai ramassée dans la forêt… dit-il d'une voix un peu étranglée. Avec un "reparo" cela devrait aller…
- Et tu crois qu'il suffira d'un "reparo" pour Hermione ? demanda Ron froidement.
Harry s'attendait à une réflexion de ce genre.
- Tu m'en veux ?
Autant crever l'abcès tout de suite. Avec Ron, mieux valait ne pas laisser s'envenimer la situation. Ron se redressa d'un bond. Il rouvrit les rideaux d'un geste brusque.
- Je savais qu'elle n'aurait jamais dû entrer dans cette forêt. Seulement je pensais tout bêtement que le danger viendrait de Graup… ou des gerbilloises… ou des Centaures… ou des araignées… ou même d'une chute de balai ! Mais j'étais loin d'imaginer que ce qu'elle risquait le plus là-dedans ce serait de prendre au mieux un Doloris de ce psychopathe de Lestrange au pire un Avada de cet assassin de Malefoy…
Harry enleva ses lunettes pour en redresser les branches.
- Tu m'en veux ! constata-t-il en les remettant sur son nez.
- Oui, je t'en veux ! Et j'en veux à Hagrid aussi ! Et à Rogue !
- A Rogue ? s'étonna Harry.
- Parfaitement ! A Rogue et à Dumbledore, même ! Car ils savaient ce qu'elle faisait et ils l'ont laissée faire ! Je comprends que Rogue la laisse risquer sa vie ! Mais Dumbledore ! Et surtout je m'en veux à moi-même ! Parce que si j'avais su lui dire combien… Elle m'aurait écouté peutêtre si je m'y étais pris autrement…
Harry fit une grimace dubitative.
- Tu sais quand Hermione a une idée dans la tête… C'est comme pour l'affaire avec Bellatrix Lestrange… C'est quand même elle qui a voulu passer la première… Ou comme l'histoire du Troll… En fait, c'est vrai que c'est à cause de toi qu'elle s'est retrouvée dans les toilettes pour pleurer toute seule, mais bon… Ce n'est pas toi qui a fait entrer le Troll. Et ce n'est pas toi qui a lancé le "Neuro Mortis"…
- Et ce n'est pas toi non plus qui tenait la baguette qui lui infligeait le Doloris… termina Ron. C'est ce que tu veux dire ? Tu veux dire qu'elle se trouvait au mauvais endroit au mauvais moment et que personne n'en est responsable ?
Harry haussa une épaule.
- A moins qu'on n'en vienne aux mêmes conclusions que Percy… car c'est depuis que vous avez croisé mon chemin que vous avez frôlé mille fois le danger et la mort…
- Ah non ! se récria Ron. Je t'interdis de dire des choses pareilles !
Harry le regarda avec un sourire moqueur :
- Percy n'a pas le droit de dire que je suis responsable de vos malheurs. Je n'ai pas le droit de dire que je suis le seul coupable de tout ce qui peut vous arriver. Mais toi, tu en as le droit. C'est bien ce j'ai compris… ?
Ron réfléchit quelques minutes, le sourcil froncé.
- Bon sang, Harry ! s'écria-t-il enfin. Tu as l'esprit plus tordu qu'un Serpentard quand tu t'y mets !
- Tu sais ce qu'a dit Hermione… il faut que j'exploite tout ce potentiel serpentard que Voldemort m'a bien involontairement transmis…
Son rire se figea soudain. Il poussa un juronà la manière de Fol-Œil.
- Quoi ? fit Ron. J'ai encore dit des bêtises ?
Harry secoua la tête :
- Je viens de comprendre ce que voulais dire Lupin le jour où il est venu me chercher à Privet Drive.
- Et il a dit quoi ? Et à quel propos ? demanda Ron, faussement indifférent.
- Je déteste voir les gens gâcher leur potentiel… A propos de ma paresse intellectuelle, répondit Harry. Mais juste avant nous étions en train de discuter de Rogue et des cours que je devais prendre avec lui…
Ron s'assit sur son lit, dégoûté.
- Alors ça veut dire qu'Hermione a vraiment raison… pour la magie noire, déglutit-il.
- Y a des chances… soupira Harry.
Il s'assit à côté de son ami.
- Mais on peut toujours espérer… murmura-t-il.
Ils entendirent un sifflotement joyeux monter de l'escalier et Neville entra dans la chambre. L'air sombre de ses deux camarades ne réussit pas à le défaire de sa bonne humeur. Il prit place à côté d'Harry sur le lit de Ron et mit son bras sur ses épaules.
- Vous savez quoi les amis ? Ce n'est pas parce que la situation parait désespérée qu'elle l'est réellement !
Harry fit un pauvre sourire
- Tu le crois vraiment ?
Ron émit un reniflement sarcastique :
- Harry ! s'exclama-t-il… C'est à Neville que tu parles ! Ce type est le petit ami d'une fille qui croit à l'existence des Ronflaks, des Dralènes, des Aspimageurs et d'autres choses dont nous n'avons aucune idée ! C'est lui qui est dans une situation désespérée !
Neville se mit à rire.
- Peutêtre bien, Ron ! Mais ma petite amie, lorsqu'elle met les pieds à l'infirmerie, c'est uniquement parce qu'elle va y voir la tienne !
Ce fut Harry qui se mit à rire, cette fois. Il donna une bourrade à Ron qui se renfrognait déjà.
- Vous savez quoi, les amis ? imita-t-il. Finalement, quand je vous vois, je ne suis pas mécontent de n'avoir pas de petite amie !
Ron s'éveilla à l'aube le lendemain matin. Il avait fait des cauchemars toute la nuit. Les gerbilloises à crête avaient à nouveau envahi son sommeil, sauf qu'elle avaient toutes la tête de Lucius Malefoy. Il les écrasait de ses sabots rageurs, car il était un Centaure à la robe fauve et aux cheveux roux. Il galopait dans la Forêt Interdite à la recherche d'Hermione retenue prisonnière par un monstrueux géant. Lorsque enfin il la retrouvait, elle était inconsciente et il s'agenouillait auprès d'elle pour l'éveiller d'un baiser. Elle ouvrait les yeux et murmurait "Oh Ron !…." Et il s'était réveillé en sursaut car il venait de se souvenir qu'au moment où elle s'était endormie à cause de la potion de Mrs Pomfresh elle était en train de dire la même chose "Oh Ron… " Bien sûr, chez elle cela pouvait vouloir dire pas mal de choses. Ce qu'il savait, c'était que cela avait l'air d'être terriblement important pour elle. Il se retourna sous ses couvertures pour chercher son sommeil enfui. Il ne pouvait penser à autre chose qu'à ces mots et à son regard éperdu. Jamais elle ne l'avait regardé ainsi. Pas même le jour où ils avaient échangé leur premier baiser derrière le terrain de Quidditch. Pas même le jour de la Saint Valentin lorsqu'il n'avait pu lui dire combien il l'aimait. Ni à aucun des moments où ils s'étaient retrouvés seuls dans la salle sur demande, et où elle avait daigné lever les yeux de ses cornues pour lui accorder un peu d'attention. Il se leva et s'habilla sans bruit. Il remarqua les rideaux ouverts du lit d'Harry et l'absence de celui-ci dans le dortoir. Il eut un coup au cœur. Il dévala les escaliers et ne reprit sa respiration que lorsqu'il vit son ami penché sur un parchemin à la lumière de sa baguette. Harry leva vers lui une tête échevelée –du moins davantage qu'à l'ordinaire- et des yeux encore ensommeillés.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda Ron totalement estomaqué.
- Je termine mon devoir pour McGonagall, bailla Harry. Je devais le faire hier soir, mais comme tu le sais j'ai eu un empêchement…
Ron fit une grimace. Il faillit se mettre à rire. Un instant, il avait cru qu'il était reparti dans la Chambre des Secrets. Il se traita d'idiot. Il n'y serait sans doute pas descendu sans lui, ni sans Hermione.
- Et toi ? reprit Harry dans un autre bâillement. Tu es bien matinal aujourd'hui…
- Je vais chercher Hermione ! répondit Ron.
- Elle connaît le chemin pour rentrer, se moqua Harry. Et puisà cette heure-ci, Mrs Pomfresh risque de te mettre à la porte de son infirmerie avant même que tu aies eu le temps d'y entrer. Mais c'est toi que cela regarde : si tu tiens à affronter les foudres de Pom-Pom afin de surprendre Hermione au réveil, libre à toi !
Ron allait se récrier lorsque les paroles d'Harry évoquèrent l'image de son rêve. Ses oreilles devinrent rouge vif. Harry se mit à rire et lui conseilla de se dépêcher car Hermione était plutôt matinale. Ron se sauva, plus pour éviter les moqueries de son ami que par crainte d'arriver trop tard à l'infirmerie.
Ron croisa simplement le Professeur McGonagall qui s'enquit des raisons de sa présence dans les couloirs de l'école à cette heure silencieuse. Il lui répondit qu'il allait prendre des nouvelles d'Hermione Granger à l'infirmerie. McGonagall eut un demi sourire narquois et lui rappela l'heure précise de son cours. Ron se dépêcha de monter jusqu'au domaine de Mrs Pomfresh. Celle-ci le laissa entrer, le visage sévère et la bouche pincée. Hermione terminait de tirer ses rideaux et pliait sa cape sur son bras prête à partir. Elle remercia la guérisseuse et s'avança vers Ron en boitant légèrement.
- Tu as encore mal ? s'inquiéta ce dernier en lui tendant les bras.
- J'ai la jambe toute bleue ! lui chuchota Hermione. Pire que ta tête après le match contre Serpentard.
Ron fronça les sourcils.
- Et elle n'a pu rien faire ? demanda-t-il sur un coup de tête vers Mrs Pomfresh qui fermait la porte sur eux.
- Elle a dit que plus longtemps j'aurai mal, moins je songerai à revenir la voir.
- Mais elle n'a pas le droit ! s'écria Ron, indigné.
Hermione se mit à rire et mit son doigt sur ses lèvres. Elle lui fit signe de la suivre et ils se dirigèrent vers les toilettes de Mimi Geignarde. Le couloir était désert et ils entrèrent dans le laboratoire. La jeune fille chercha dans son armoire à fioles et montra à Ron un pot de pommade. Elle prit place sur une chaise et posa son pied sur une autre. Et tandis qu'elle relevait sa robe sur sa jambe blessée, elle lui fit raconter tout ce qu'il avait appris de Harry et Ginny la veille au soir.
- J'imagine que Malefoy et Lestrange se sont envolés… murmura-t-elle en massant sa jambe bleuie d'ecchymoses.
- Je crois qu'ils ne se sont pas risqués à aller vérifier… fit Ron, embarrassé.
Il détourna le regard de la jambe nue d'Hermione.
- Ce n'est pas très joli, n'est-ce pas, dit-elle dans une grimace. Et encore, tu n'as pas vu dans quel état elle était hier soir… Mrs Pomfresh est vraiment une experte dans les réductions de fractures, tu sais. J'en avais deux au tibia et une fêlure au péroné. Je ne sais pas si je suis prête à remonter sur un balai…
Elle posa la pommade sur la table et fit quelques "hum ! hum " confus que Ron ne remarqua pas tant il était préoccupé de la manière dont il pourrait aborder le sujet qui lui tenait à cœur.
- Hony… commença-t-il sans vraiment avoir une quelconque idée de la suite de sa phrase.
- C'est d'accord ! l'interrompit très vite Hermione, la tête baissée.
Elle rabattit le pan de sa robe sur sa jambe et mit le pot de pommade dans sa poche.
- Mais je ne sais pas comment je vais l'annoncer à Hagrid… reprit-elle sur un pauvre sourire.
Ces paroles firent à Ron l'effet d'une légère décharge magique.
- Tu veux dire que tu renonces à retourner voir Graup ?
Hermione tourna des yeux étonnés vers lui.
- Ce n'est pas ce que tu voulais m'entendre dire ?
- Non… Enfin, oui, bien sûr ! mais… C'est moi qui l'apprendrai à Hagrid.
En deux enjambées, il la rejoignit, la prit dans ses bras et la souleva de terre.
- Tu ne vas pas lui crier après au moins ? s'inquiéta-t-elle. Tu saisça ne servirait à rien. Et il aurait beaucoup de peine.
Ron la rassura. Il n'avait aucune intention de crier après Hagrid. S'il l'avait trouvé la veille, juste au sortir de leur chevauchée effrénée, là, il n'aurait juré de rien. Il ne se serait sûrement pas privé de lui dire son fait, tout professeur qu'il était.
- Et tu ne vas crier après moi non plus ? continua-t-elle d'une petite voix.
- Je n'ai même pas crié après Harry ! soupira Ron.
- Pourquoi Harry ? s'inquiéta Hermione.
Ron la reposa au sol et lui raconta les aveux de leur ami quant à son rêve de la semaine précédente. Hermione admit qu'elle avait songé à quelque chose de ce genre lorsqu'elle avait reconnu Lucius Malefoy dans la Forêt. Elle prit les mains de Ron dans les siennes.
- Tu comprends à présent pourquoi il fallait que je prenne des leçons d'occlumancie…
- Oui… reconnut Ron du bout des lèvres. Mais fallait-il absolument que ce soit avec Rogue ?
Elle se mit à rire. Elle mit les bras autour du cou de Ron et l'embrassa.
- Mais toi, de quoi voulais-tu parler puisque apparemment ce n'était pas de Graup et Hagrid ?
- Je sais plus, murmura Ron.
Il se pencha pour lui rendre son baiser. Il se redressa vivement :
- Ah oui, je sais ! Qu'est-ce que tu allais dire hier soir quand tu t'es endormie ?
Les joues d'Hermione s'empourprèrent brutalement.
- Rien ! fit-elle très vite. C'était une idée idiote… qui m'est venue quand je devais être sous l'effet de la potion de Mrs Pomfresh…
Elle s'éloigna de Ron pour se diriger vers la porte.
- Par contre, je sais comment on peut se débarrasser des Gerbilloises !
- Il faut éliminer leur chef, lui rappela Ron avec évidence.
- Oui, justement ! fit Hermione.
Elle ouvrit la porte avec prudence. Les couloirs étaient encore vides mais ils ne tarderaient pas à se remplir très vite.
Ils descendirent dans la Grande Salle pour prendre leur petit déjeuner. Les Gryffondor vinrent prendre des nouvelles d'Hermione et Ginny la serra contre elle un long moment.
Les Préfets s'inquiétèrent de sa santé et certains félicitèrent Ron. Aucun n'osa leur demander de confirmer la rumeur qui parlait d'une attaque de mangemorts. On disait qu'elle avait échappé à un Avada et que Ron était intervenu juste à temps pour la sauver des maléfices d'une dizaine de mangemorts. Le seul qui ne parut manifester aucun intérêt pour cette nouvelle aventure des Gryffondor fut Drago Malefoy. Harry, arrivé entre temps, sentait pourtant en lui une frustration intense malgré la distance qui séparait leurs tables respectives. Le jeune Potter ne put s'empêcher de lui adresser un sourire narquois. Il se serait fait une joie de lui apprendre que son cher père était à quelques pas de lui la veille et qu'il n'en avait pas connaissance. De cela, il en était certain. Les regards furieux que Drago jetait vers eux ne laissaient aucun doute sur son ignorance de ce qui était arrivé. Il avait beau hausser les épaules en clamant que la Sang-de-Bourbe voulait une fois de plus se rendre intéressante en racontant des histoires à la Potter, il mourait d'envie de savoir le fin mot de cette affaire.
Harry sentit sur lui le regard perçant de Rogue. Il se souvint de son avertissement la veille quand lui et Ginny étaient repartis vers Poudlard avec Algie Londubat. Il secoua imperceptiblement la tête pour lui signifier que la rumeur n'était pas née d'eux.
La journée commença avec le cours de Métamorphose du Professeur McGonagall.
Harry rendit son devoir achevé à la toute dernière minute. Il mentit à Hermione quand il prétendit qu'il avait travaillé la veille et que Ron avait corrigé son travail. Elle fit semblant de le croire. MacGonagall leur donna plusieurs devoirs à rendre pour la rentrée des vacances et chacun des professeurs de la journée en fit autant. Ron se comporta avec Hermione de la même manière qu'il l'avait fait lorsqu'elle était revenue de Ste Mangouste. Elle avait beau lui assurer qu'elle allait bien et qu'elle ne se ressentait en rien, ni de sa fracture de la jambe, ni de rien d'autre, il s'obstinait à vouloir porter ses livres en plus des siens et à lui demander toutes les dix minutes si elle se sentait bien. Le soir au Club de Duels, il s'imposa à elle comme partenaire et ne lui opposa que des sortilèges de moindre puissance. Neville lui fit remarquer qu'elle était bien patiente avec lui et qu'elle n'avait pas une seule fois levé les yeux au ciel depuis le début de la matinée.
- Je ne peux lui en vouloir, répondit-elle simplement. Si je suis ici, c'est grâce à lui.
Ginny s'approcha à son tour.
- Mais ce n'est pas une raison pour le laisser te pomper l'air comme il l'a fait tout aujourd'hui ! estima-t-elle. Regarde-le ! Il récolte plus de gloire pour une course à dos de Centaure que toi pour avoir résisté un Avada !
- Je n'ai pas résisté à un Avada, répliqua Hermione en souriant. Et laisse-le profiter de son heure de gloire. Personne ne pourra douter de son courage à présent. Et tout le monde sait maintenant qu'il ne craint pas d'affronter plusieurs Mangemorts, ni les dangers de la Forêt Interdite. Et sans Harry Potter cette fois !
Ron avait toute une cour autour de lui. Il se montrait volontairement évasif sur le nombre et le nom des Mangemorts qu'il était sensé avoir combattu. Il était plus disert en revanche sur sa chevauchée sur le dos de Firenze, sa rencontre avec les autres Centaures et ces fichues gerbilloises à crête. Il raconta leur attaque mille fois au moins entre la fin du cours d'Harry –qui se résigna à écourter la leçon car tous étaient plus enclins à demander à Weasley quels sorts il avait utilisés lors du sauvetage de Granger qu'à l'écouter leur rappeler les plus élémentaires règles de sécurité. Même les Serpentard manifestèrent de l'intérêt aux récits de Ron. McGregor se permit de le féliciter pour son à-propos et sa bravoure. Son sourire était un brin moqueur, mais Ron fit celui qui ne s'en aperçut pas et accepta les éloges de bonne grâce. Les jeunes filles l'entouraient et Jezebel Dawson était verte de jalousie.
Ils quittèrent la salle de classe du Professeur Londubat pour cette dernière session du Club du trimestre. Harry resta un peu en arrière, avec Hermione, Ginny, Luna et Neville. Hermione le trouva soucieux. Il lui fit des excuses pour l'avoir révélée à Voldemort.
- Mais ce n'est pas ce qui t'inquiète, lui souffla-t-elle tandis qu'ils refermaient la porte de la salle derrière eux.
Harry secoua la tête.
- Je crains que ce nouvel échec ne pousse Voldemort à avancer la date de son expédition, murmura-t-il. Et que Dumbledore n'ait pas le temps de faire le nécessaire.
- Harry ! Je suis sûre que Dumbledore fait surveiller la forêt et ses alentours. Ils ne pourront revenir de sitôt…
Harry haussa une épaule. Elle avait sûrement raison. Et le lendemain, il verrait Rogue. Il ne lui avait encore donné aucune réponse. Il avait prétexté diverses réunions avec le Professeur Dumbledore pour annuler leurs séances. Cependant, il lui avait fait savoir qu'il l'attendait dans son bureau après son entraînement de Quidditch le lendemain.
Luna partit vers les quartiers des Serdaigle sous le regard attendri de Neville. Ce dernier, Ginny et Harry rentrèrent chez les Gryffondor. Hermione remonta jusqu'au bureau des Préfets. Sa jambe lui faisait à nouveau mal. Elle était seule dans la salle réservée aux Préfets. Elle sortit sa pommade et la passa sur ses bleus. Les ecchymoses s'étaient estompées mais la douleur était aussi tenace que la veille. Sans doute était-ce un reste du Doloris de Lestrange qui ne voulait pas quitter sa mémoire. Elle refermait le pot d'onguent lorsque la porte s'ouvrit et un groupe de Préfètes de Septième Année entrèrent, dans un gloussement de rires. Hermione les entendit échanger quelques commentaires sur les charmes soudain de Ronald Weasley. Elle les salua avec un sourire moqueur, tandis qu'elles gloussaient de plus belle. Cela irrita Hermione au plus haut point et elle se surprit à leur adresser un regard assassin. Elle se promit de surveiller tout particulièrement les manigances de la préfète de Poufsouffle qui avait toujours semblé avoir un faible pour Ron depuis l'affaire de la Salle des Quatre Maisons. D'ailleurs n'était-ce pas elle qui entrait en même temps que Ron et lui adressait ce sourire éhontément enjôleur ? Et Ron n'affichait-il pas lui-même un sourire comblé, qui lui donnait l'air idiot. Il s'approcha d'elle, visiblement très heureux.
- Hermione, tu es là !
Elle passa derrière la chaise pour l'empêcher d'avancer les mains vers elle.
- Tu t'aperçois quand même de ma présence, dit-elle presque malgré elle. Etait-ce bien la peine de coller à mes semelles toute la journée pour oublier que j'existe dès que quelques pimbêches viennent te tourner autour ?
Ron la regarda, la bouche ouverte. Il ne l'avait jamais vue dans cet état. Ses yeux lançaient des éclairs aux filles qui sortaient pour rejoindre leur dortoir.
- Tu es peutêtre un héros, Ronald Weasley, mais il ne faudrait pas oublier que c'est quand même grâce à moi que tu l'es…
Elle croisa les bras d'un air revêche.
- Mais Hermione… bredouilla Ron. Tu es jalouse !
Il se mit soudain à rire. Elle s'empourpra.
- Certainement pas ! nia-t-elle fermement.
- Oh que oui ! insista-t-il en riant.
Il fit le tour de la chaise pour la prendre dans ses bras.
- Peut-être un tout petit peu… avoua Hermione à voix basse.
- C'est la chose la plus gentille que tu m'aies jamais dite ! murmura Ron en se penchant sur ses lèvres.
Elle se mit enfin à rire et dit "Oh ! Ron…"
La porte s'ouvrit et Ron sut que McGregor venait d'entrer au "Beurk" qui retentit derrière eux. Des rires répondirent à cette exclamation moqueuse. Les préfets de l'école venaient aux nouvelles.
- Vous ne pourriez pas faire ça ailleurs ? demanda la Préfète de Serpentard. Je vais faire des cauchemars maintenant moi !
-Ça ne me ravit pas non plus de savoir que tu rêves de moi ! lui répondit Ron.
Les rires repartirent. Dennis, le Préfet de Septième année de Serpentard s'avança à son tour :
- Je comprends à présent pourquoi tu n'as pas hésité à t'enfoncer dans cette dangereuse Forêt, Weasley ! s'exclama-t-il.
Il toisa Hermione et fit une grimace :
- Finalement non, reprit-il. Je ne comprends toujours pas ce que tu es allé faire là-bas…
Hermione s'apprêtait à lui répondre, les mains sur les hanches, lorsque Malefoy entra. Il laissa un rictus ironique relever un coin de ses lèvres.
- Tu entres en campagne pour être Préfet en Chef, Weasley… Ou bien ton ambition s'arrête-t-elle à avoir une plaque à ton nom dans la salle des Trophées…
- Pour qu'on l'installe à côté de celle de Tom Jedusor ? demanda froidement Ron. Non, merci !
Le regard de Malefoy se rétrécit et ses narines frémirent de colère.
- C'est juste, dit-il avec une rage retenue, lui il a vraiment rendu service à l'école…
Hermione leva les yeux au ciel et retint Ron par la manche de sa robe de sorcier.
- Tout ce qu'il a réussi à faire c'est boucher pour l'éternité les toilettes des filles du premier étage ! se moqua-t-elle. Tu parles d'un service !
Malefoy ferma les poings. Il jeta un regard aux autres attentifs et étonnés. Il ravala les paroles qu'il avait sur les lèvres et réfréna son envie de lancer à cette Sang-de-Bourbe n'importe quel sortilège qui lui aurait fait fermer sa grande bouche indigne. Ron se mit à ricaner soudain et son visage prit un air réjoui qui surprit Hermione. Il prit la main de la jeune fille et lui fit un signe de tête pour l'inviter à quitter la pièce. Les jeunes gens s'écartèrent pour laisser passer les deux Gryffondor. Quelques filles applaudirent discrètement Ron et Hermione soupira d'exaspération.
- Qu'est-ce que tu as derrière la tête au sujet de Malefoy ? demanda-t-elle à Ron lorsqu'ils se furent éloignés de la salle.
Ron recommença à s'esclaffer.
- Si je te le dis ce ne sera plus une surprise… lui répondit-il.
Puis, quand il eut fini de rire tout seul, il repensa à la question qu'il voulait poser juste avant l'arrivée de McGregor et ses collègues.
- Et toi, reprit-il tandis qu'ils arrivaient en vue du tableau de la Grosse Dame. Tu es sûre que tu ne veux pas me parler de cette idée idiote qui t'a traversé l'esprit hier soir ?
- Pour cela il faudrait que nous ayons une conversation sérieuse, Ron… accepta Hermione après un moment de réflexion.
Ron haussa une épaule, comme pour dire qu'il ne voyait pas où était le problème.
- Mais, quand tu veux, Hony…
La Grosse Dame lui envoya un baiser de sa main potelée avant de faire pivoter le cadre de son tableau. Hermione et Ron froncèrent un sourcil en même temps. Ils entrèrent dans la salle commune des Gryffondor et :
- Je crois qu'on va remettre notre conversation à demain… confia Ron à Hermione tandis qu'une pluie de confettis tombait du plafond et que la banderole lumineuse de Jezebel Dawson faisait clignoter "Ronald ! Ronald ! Ronald " dans la grande pièce.
Les applaudissements couvrirent la réponse d'Hermione et celle-ci fut bientôt séparée de son ami par tous les Gryffondor qui voulaient féliciter personnellement leur héros.
