Chapitre 49
Lendemain de Fête
Le réveil des Gryffondor fut très difficile. La fête à la gloire de Ron avait duré jusqu'à assez tard dans la nuit malgré les efforts d'Hermione pour renvoyer tout le monde dans ses dortoirs à une heure raisonnable. Même la Préfète en Chef l'avait traitée de rabat-joie. Hermione avait fini par monter dans sa chambre toute seule, mais n'avait pas plus dormi que les autres. Elle avait réalisé que désormais elle ne pourrait plus retourner chez elle avec ses parents. Elle l'avait brusquement compris alors qu'elle essayait de coiffer ses cheveux pour la nuit. Jusqu'à ce que Voldemort soit détruit, ou qu'il ait fini par prendre Poudlard –ce qui était aussi une éventualité, même si elle refusait d'y songer- elle devrait se cacher. Elle sentit un grand vide en elle tandis que les rires montaient de la salle commune. Elle ne dormit pas beaucoup plus que ses compagnes de chambres qui rejoignirent leur lit quand la fête fut finie.
Au petit déjeuner, Neville s'endormait sur son assiette et Ron affichait encore le même sourire heureux que la veille. Harry, luiétait aussi sombre qu'Hermione. Il avait rêvé de la chambre des secrets ; toujours ce rêve où il cherchait pouce par pouce un cabinet, un placard, un réduit quelconque qui aurait pu receler les révélations de Salazar Serpentard. Quelque chose le poussait à revenir dans cet endroit. Il ne savait si c'était encore Voldemort qui le manipulait ou son intime intuition qui le pressait à agir.
La journée passa trop lentement. Ron l'énervait à paraître aussi joyeux alors que tout allait mal. L'annonce par la Gazette de la guerre civile en Bulgarie n'entama pas sa bonne humeur. Hermione se forçait à sourire, et Harry coinça Ron dans les toilettes juste avant le premier cours de l'après midi.
- On t'a jeté un sortilège d'allégresse ? l'agressa-t-il brusquement.
- Quoi ? fit Ron un peu décontenancé.
- Qu'est-ce que tu as à rire bêtement depuis ce matin ?
- Rien ! Tout va bien !
- Tu trouves ? La guerre en Bulgarie entre les partisans de Voldemort et les autres ! Les Mangemorts aux portes de Poudlard ! Hermione qui est prête à pleurer au moindre mot de travers ! Et toi qui n'arrête pas d'afficher ton sourire stupide à la Gilderoy Lockhart ! Que ta gloire soudaine te soit montée à la tête, je veux bien le croire ! Mais tu pourrais au moins t'inquiéter de ta petite amie !
- Mais ce n'est rien ! s'exclama Ron. Elle est juste un peu jalouse ! et ce qui l'embête c'est qu'elle a renoncé à donner ses leçons à Graup. Tu la connais !
- Jalouse ? Hermione ? De quoi ? De qui ?
- Des filles qui venaient me parler hier soir ! Mais ce n'est rien je te dis ! Ecoute-moi, Harry, pour une fois : c'est le dernier jour du trimestre, nous sommes toujours vivants, et demain on rentre à la maison alors…
Harry pâlit. Il frappa sur le bras de Ron.
- TU rentres à la maison Ron !
- Mais… bafouilla Ron, vous venez avec moi…
Harry soupira.
- J'aimerai bien ! Mais j'ai du travail à rattraper ! dit-il comme des élèves entraient dans les toilettes. Quant à Hermione… je crois que "rentrer chez elle" ne se fera pas avant longtemps.
- Je ne crois pas que nous reverrons le Terrier de sitôt non plus ! grimaça Ron.
Harry hocha la tête.
- Mais toi, Ron, tu vas quand même retrouver ta famille…
Ron perdit son sourire.
- Je suis désolé Harry… murmura-t-il.
- Moi, c'est pour Hermione que je le suis ! répondit Harry dans une grimace.
Ils regagnèrent leur salle de classe et croisèrent Ginny qui s'avançait vers eux, le regard sévère. Elle s'adressa à son frère :
- Qu'est-ce que tu as fait à Hermione ? interrogea-t-elle sans préambule.
- Rien ! se hâta de répondre Ron.
- Alors pourquoi pleurait-elle quand je suis entrée dans son laboratoire où elle s'était réfugiée ? Elle a fait semblant de rien, mais elle avait les yeux rouges ! Et je n'ai jamais vu Hermione pleurer qu'à cause de toi !
Ron fronça les sourcils. Il n'écoutait plus Ginny. Il fonça vers la salle cours. Elle attendait devant la porte avec les autres, ses livres serrés contre son cœur. Il s'approcha d'elle, un peu inquiet. Il posa son bras sur ses épaules et l'entraîna à quelques pas.
- Tout va bien, Hony ? demanda-t-il doucement.
Il l'obligea à lever son visage vers lui et vit en effet ses yeux rougis.
- Qu'y a-t-il ? Quelqu'un t'a fait du mal ? Ce n'est pas Malefoy ou l'un de ses acolytes ?
Elle secoua la tête.
- Ce… ce n'est pas moi, au moins, qui ai fait ou dit quelque chose qui t'aurait peinée ? se décida à demander Ron. C'est à cause d'hier soir ? Parce que je ne suis pas resté avec toi ?
Elle lui sourit.
- Je sais très bien que je ne suis pas de joyeuse compagnie.
- Tu n'est pas la seule, lui répondit Ron. Harry n'est pas en forme aujourd'hui non plus… Il est même d'une humeur exécrable !
Hermione se mit à rire, d'un rire un peu triste.
- Oh ! Ron ! tu es d'un tact et d'une délicatesse incroyable quand tu veux !
Ron n'eut pas l'occasion de répondre. Le professeur McGonagall s'avançait vers eux et leur faisait signe d'entrer en classe d'un air pressé.
Les cours de l'après-midi coulèrent plus vite que ceux du matin, aussi bien pour Harry que pour ses camarades. Peutêtre parce qu'ils terminaient le trimestre. Ou parce qu'Harry avait de moins en moins hâte de retrouver le Professeur Rogue. Non qu'il craignît de reprendre les cours de narcomancie avec lui. Il craignait simplement que celui-ci refusât sa proposition de devenir son maître en magie. Il ne doutait pas que le professeur eût largement débattu avec lui-même. Il l'avait tenté, il le savait. Il ignorait seulement ce qui de la haine ou de l'orgueil serait le plus fort.
Lorsqu'ils quittèrent le cours du professeur Londubat, Harry prit le chemin du cachot de Rogue. Ron lui rappela qu'ils devaient se retrouver sur le terrain de Quidditch un peu plus tard et Harry lui confia la direction de l'entraînement au cas où il serait indisponible. Ron regarda partir son ami avec appréhension. Il prit à son tour la direction du bureau des Préfets avec Ginny et Hermione. Il réalisa que cette dernière ne partirait pas vers la Forêt Interdite ce soir-là et le serrement de cœur qu'il ressentait en pensant à Harry disparut brusquement. Il retrouva aussitôt un sourire radieux et il rappela à la jeune fille qu'ils devaient avoir une "conversation sérieuse" ce soir-là. Hermione hocha la tête pour lui signifier qu'elle s'en souvenait. Il allait partir avec Ginny pour l'entraînement lorsqu'elle le rappela :
- Je n'ai pas droit à mon bisou aujourd'hui ? demanda-t-elle en montrant sa joue.
Il revint vers elle, avec un air qu'il essayait de rendre contrit mais dont il ne pouvait cacher le contentement.
- Tu pourrais assister à l'entraînement, eut-il soudain l'idée. Si Harry ne vient pas, c'est moi qui serais le capitaine aujourd'hui.
Hermione fit une grimace embarrassée :
- J'avais prévu de passer au labo pour finir une potion qu'il me reste à terminer pour Harry, au cas où on nous renverrait pour les vacances…
Le visage du jeune homme refléta la plus grande des déceptions. Il lui sourit quand même. Elle avait accepté de renoncer à ses incursions dans la Forêt, il n'allait pas faire le difficile. Et puis, Hermione et le Quidditch… Il lui promit de la rejoindre dans son laboratoire dès que la séance d'entraînement serait finie. Et il suivit sa sœur, le cœur joyeux, oubliant que l'avant-veille il avait une fois de plus failli la perdre.
Harry frappa à la porte du bureau de Rogue. Ellie McGregor lui ouvrit tandis qu'elle en sortait. Elle adressa un sourire légèrement narquois à Harry :
- Encore en retenue, Potter ? dit-elle sur le ton moqueur qui lui était coutumier.
Elle fixa son regard aux reflets dorés dans les yeux verts d'Harry. Celui-ci rougit, sans même savoir pourquoi. Elle éclata de rire tandis que le jeune homme refermait la porte sur lui. Rogue était à son bureau.
- Encore une de vos conquêtes, Potter ? ironisa-t-il.
- Je ne crois pas, Monsieur… répondit Harry qui se remettait peu à peu de son trouble.
- C'est heureux, reprit Rogue sérieusement. Car vous n'aurez guère de temps à consacrer à votre cœur d'artichaut lorsque j'aurais entrepris de parfaire votre… éducation.
A nouveau le cœur d'Harry se serra. Mais cette fois, c'était un sentiment d'une violence extrême qui le poignait. Il baissa les paupières pour ne pas laisser voir l'éclair de victoire dans ses yeux. Il sentit monter la chair de poule depuis son gros orteil jusqu'au sommet de son crâne et un violent frisson le parcourut.
- Vous comprenez que cela ne sera une partie de plaisir ni pour vous ni pour moi, continuait le Professeur sans le regarder lui non plus.
- Oui, Monsieur, répondit Harry, les mâchoires serrées pour ne pas laisser trembler l'émotion dans sa voix.
- Vous comprenez que je vais vous emmener sur des chemins que peu de jeunes gens de votre âge ont suivis… sans y perdre un peu d'eux-mêmes.
- Oui, Monsieur.
- Vous comprenez que vous seul porterez la responsabilité de ce vous ferez de ce que je pourrais vous apprendre.
Harry hocha la tête. Il releva les yeux vers le Professeur Rogue.
- Je vous remercie, Monsieur, dit-il comme le professeur se taisait.
Rogue sourit. Ou plutôt sa joue se creusa d'un tic qui ressemblait à un sourire figé.
- Ne me remerciez pas encore Potter. Vous vous engagez dans une voie plus périlleuse que vous le croyez.
- Alors, je vous remercie de vous y engager avec moi, Professeur, répondit Harry avec une sincérité qui l'étonna lui-même.
- Moi ? fit Rogue dans un borborygme qui n'était qu'un éclat de rire étouffé. Ne craignez-vous point que je m'y engage avec vous plus pour vous perdre que pour vous y accompagner ?
- C'est une pensée que je garde à l'esprit, Professeur, reprit Harry simplement.
Rogue se leva.
- Gardez aussi à l'esprit que la voie de la magie noire est une voie sans issue et qu'on passe sans même s'en apercevoir le point de non retour.
- L'avez-vous franchi, Professeur ? demanda Harry conscient qu'il poussait Rogue un peu plus dans ses retranchements.
- Je l'ai largement dépassé, Potter, répondit-il pourtant. Mais j'ai trouvé quelqu'un pour me ramener, moi aussi.
Son sourire amer fit mal à Harry.
- Mais contrairement à vous ce n'est l'amour de quiconque qui m'a sorti du chemin où je m'étais fourvoyé…
Il plongea son regard noir dans celui d'Harry. Le jeune homme sentit la force de cet homme qui luttait chaque jour contre la douleur de sa chair, contre les souvenirs qui torturaient son âme, contre tout ce qui se levait devant lui pour lui reprocher d'être ce qu'il était.
- Vous viendrez demain, ici même, après le départ de la dernière diligence pour la gare de Pré-au-Lard. Et vous direz à Granger que nous doublerons les séances d'occlumancie pendant les vacances. Une le matin, une autre l'après midi. Et si elle doit s'en plaindre qu'elle ne le fasse pas auprès de moi. Je ne suis pas responsable de cette situation.
Harry encaissa le sarcasme sans un mot. Il s'apprêta à se retirer. Il revint vers Rogue cependant :
- Professeur, commença-t-il, ne craignez vous pas que l'enlèvement manqué d'Hermione ne change les plans de Voldemort ?
- Votre arrogance, ou votre imprudence, comme vous préférerez l'appeler, pourrait en effet lui faire changer les dates de son intervention à Poudlard… c'est ce que vous vouliez dire, Potter ?
- Oui, Monsieur, grinça Harry.
- Voulez-vous descendre à nouveau dans les profondeurs glacées de l'école pour monter la garde devant la porte, Potter ? Ou bien avez-vous une autre idée en tête ?
Rogue s'appuya à son bureau, le sourcil froncé.
- Que vous a dit cette petite idiote, Potter ?
- Rien, Monsieur, mentit Harry.
En fait, ce n'était pas vraiment un mensonge. Hermione n'avait rien dit. Ils avaient eux-mêmes tiré des conclusions de ses silences.
- Potter !
La voix de Rogue était presque un murmure, pourtant Harry l'entendait clairement, comme s'il se fût trouvé tout près de son oreille.
- Il y a des choses qu'il vaut mieux ignorer, pour sa propre sauvegarde !
Harry se mit à rire, un peu blasé.
- C'est en effet ce qu'on m'a répété durant des années, Professeur… et l'ignorance dans laquelle on m'a tenu ne m'a apporté que des ennuis.
Il ouvrit la porte et sortit dans le couloir. Un groupe de Serpentard passa devant lui. Ils l'ignorèrent et Harry fit de même. Il avait reconnu de nouveaux venus au Club de Duels et quelque chose lui dit de se dépêcher de quitter les lieux. En effet, il entendit derrière lui les pas d'un autre groupe, de la bande à Malefoy cette fois, qui arrivait. Il se hâta de quitter les quartiers des Serpentard. Il se rendit dans le laboratoire d'Hermione où la jeune fille terminait de ranger son domaine. Il savait au moment où il lui apprenait qu'ils restaient à l'école pour les vacances qu'elle n'en éprouvait aucune surprise et qu'en même temps elle en avait le cœur serré.
- Tu n'as pas rejoint les autres pour l'entraînement, demanda-t-elle pour changer de sujet.
- Je n'en ai pas envie…
Hermione cessa toute activité pour se tourner vers lui :
- Tu te sens bien ?
Harry ne répondit pas. Il paraissait réfléchir.
- Qu'est-ce que tu éprouves pour Rogue ? demanda-t-il soudain.
Hermione ouvrit la bouche sans pouvoir articuler un son. Elle resta interdite un moment avant de prononcer :
- Je… Je ne sais pas…
- Allons, Hermione ! Ron n'est pas là pour te faire de scène : dis-moi sincèrement ce que tu ressens pour Rogue ! De la pitié ?
Hermione haussa une épaule :
- La pitié n'est pas le genre de sentiment qu'il aimerait susciter, tu sais, Harry. En tous cas, ce n'est pas ce que j'éprouve, moi. J'ai longtemps ressenti de la colère, de l'incompréhension, de la révolte… mais aujourd'hui, ce que j'éprouve c'est… de l'admiration.
Harry la regarda par-dessus ses lunettes. C'était bien la dernière chose qu'il s'attendait à entendre d'elle.
- A quel propos ? demanda-t-il abasourdi.
- A tous les niveaux, répondit Hermione très sérieuse : en tant que professeur, en tant que chercheur, et en tant qu'être humain également.
- Ron a raison, Hermione, il t'a dérangé le cerveau… Bien que je comprenne que tu lui sois reconnaissante.
Hermione sourit, un peu triste.
- Pourquoi me poses-tu cette question, Harry ? Tu crains de ne plus le haïr assez ? Tu crains de trahir ton père et Sirius en faisant confiance au Professeur Rogue ? Regrettes-tu de lui avoir demandé de t'enseigner la magie noire ? Il peut t'apporter beaucoup. Tu as besoin de lui.
- Il le sait ! soupira Harry.
Il comprenait à présent les raisons de son consentement. Il faisait de lui à nouveau un débiteur.
- Et toi, tu seras le moyen de prendre sa revanche sur son passé…
Harry se leva de sa chaise sur laquelle il s'était avachi. Il courut à Hermione et embrassa sa joue.
- Je ne sais pas comment je ferais sans toi Hermione.
- Tu chercherais constamment tes mots, répondit la jeune fille sur un ton moins léger qu'elle ne le voulait.
Harry revint à sa place.
- A propos de mots, commença-t-il. Qu'est-ce que Ron t'a dit pour te convaincre d'être sa petite amie ?
- Tu sais bien que chez Ron, c'est surtout ce qu'il ne dit pas qui est important…
Elle fronça les sourcils :
- Pourquoi ? Devait-il me dire quelque chose de particulier ? A quel sujet ?
- Heu… fit Harry, un peu mal à l'aise. Non… je me demandais juste comment il s'y était pris, parce que jusqu'à présent, il n'a pas vraiment fait preuve de subtilité…
Hermione se mit à rire franchement :
- C'est le moins qu'on puisse dire ! Mais ce n'est pas non plus ce qu'on lui demande, n'est-ce pas.
Harry se mit à rire avec elle, de soulagement. Elle se tourna à nouveau vers ses chaudrons.
- Ce qu'il est supposé me dire a-t-il un rapport avec ce qu'il me cache depuis cet été ? demanda-t-elle sans le regarder.
Harry aurait voulu trouver quelque chose à dire. Il resta silencieux, comme pris en faute. Il savait qu'elle l'observait du coin de l'œil. Et il se mit à rougir.
- Est-ce que cela a un rapport quelconque avec ce que je ne dois jamais apprendre, Harry ?
Harry déglutit. Elle lui souriait à présent et il murmura :
- Il va me tuer si je te le dis !
Hermione vint lentement s'asseoir près de lui.
- Je ne te demande pas de me dévoiler ce qu'il me cache, Harry, le persuada-t-elle. Je préfèrerai qu'il m'en parle lui-même. Je veux juste que tu me répondes par oui ou par non.
Harry haussa une épaule.
- Cela a-t-il quelque chose à voir avec ce qui est arrivé dans les sous-sols ? questionna Hermione.
- Pas vraiment… fit Harry.
- Après ?
- Bien après ! acquiesça le jeune homme.
- Est-ce que cela a un rapport avec Viktor ?
- Krum ?
Il se sentit totalement idiot en prononçant ce nom. Il poussa un soupir d'exaspération.
- Eh bien oui ! voilà ! Il était complètement désespéré ! Autant de savoir que tu pouvais mourir que de voir arriver Viktor Krum ! Et pourtant il était prêt à le laisser t'embrasser comme le voulait Ginny ! Uniquement pour avoir le bonheur de te voir vivante !
- Mais pourquoi ne l'a-t-il pas fait lui-même ?
- Mais c'est ce qu'il a fait ! Bien qu'il prétende le contraire. Il affirme qu'il voulait simplement te dire adieu et il était prêt à laisser Coq partir en Bulgarie pour faire venir Krum !
Pendant un moment Hermione ne parla pas. Harry entendait son souffle depuis sa place, saccadé et rapide.
- Sais-tu ce qui nous a sauvé en bas ? demanda-t-elle soudain.
- Un bouclier ? Tu as dit qu'il avait crié Protego deux fois.
Elle secouait la tête de droite à gauche, comme pour dire non. Et puis de haut en bas comme pour dire oui. Elle repoussa sa chaise et se mit à marcher dans la salle, avec des gestes des mains et des bras. Elle avançait, s'arrêtait, reculait; levait la main et recommençait. Elle prit brusquement sa tête à deux mains et s'exclama :
- Je me trompais Harry ! Je me trompais !
Elle revint vers lui, le regard un peu hagard. Elle le saisit par les épaules.
- J'ai cru que le bouclier de Ron m'avait protégée à cause de l'amour qu'il éprouve pour moi.
- Et ce n'est pas le cas ? l'interrogea Harry, un peu inquiet.
- Oui ! Il voulait me protéger moi ! Et moi je voulais le protéger lui ! Mais même deux Protego simultanés n'auraient rien pu contre le pouvoir qui s'est déclenché à ce moment-là.
- C'est ce que Rogue n'arrête pas de dire depuis cet été, approuva Harry.
- Il y a eu un troisième pouvoir qui nous a protégé également, murmura Hermione.
Harry pâlit tout à coup.
- Tu veux dire… le pouvoir de Poudlard ? ou de quoi que ce soit d'autre ? Mais n'est-ce pas plutôt ce qui t'a "endormie" ?
- Non ! fit Hermione dans un rire surexcité. Ça c'est plutôt ce qui protège la "protection" de Poudlard !
Elle mit aussitôt la main sur sa bouche et se précipita vers sa baguette. Elle poussa un soupir de soulagement en constatant qu'elle était toujours intacte. Elle se tourna à nouveau vers Harry.
- Je crois que je sais ce que veut nous dire le choixpeau depuis deux ans !
Harry remonta ses lunettes dans une grimace dubitative.
- Tu as bien de la chance ! dit-il.
- Sais-tu comment Ron m'a ramenée de mon sommeil ensorcelé ? reprit Hermione.
- Il t'a embrassée, fit Harry sur un haussement des épaules.
- Non ! le coupa Hermione.
Elle se mit à rire :
- Enfin, oui ! Mais il ne m'a pas ramenée pour lui…
- Il voulait simplement que tu vives, murmura Harry.
Il commençait à comprendre.
- Il était prêt à sacrifier son amour pour toi, comme ma mère était prête à offrir sa vie à Voldemort pour que je vive… Crois-tu que ce soit ainsi que les pouvoirs de l'ancienne magie se révèlent ? Et que ce n'est pas uniquement par le sacrifice et la mort qu'on sauve ceux qui nous sont chers ? Mais par le don consenti de la vie ou de ce qui fait battre notre cœur ?
Elle s'approcha d'Harry, lentement. Dans ses yeux, il voyait une flamme vive et son sourire fit naître sur ses propres lèvres un autre sourire sans qu'il sût pourquoi.
- Sais-tu ce qui fait battre le cœur de Poudlard, Harry ? demanda-t-elle doucement.
Il secoua la tête, souriant toujours.
- L'amour que les élèves qui y passent leur scolarité ont pour elle. C'est ce que le Choixpeau veut nous dire : si nous aimons Poudlard, il nous faudra nous battre ensemble pour elle et non les uns contre les autres en son sein !
- Bien sûr, dit Harry. C'est pour cela qu'il prône l'unité des Maisons ! Tout le monde l'avait compris. Enfin, presque tout le monde…
Hermione sourit un peu sarcastique :
- Et comment es-tu prêt à montrer ton attachement à Poudlard, Harry ? Qu'es-tu prêt à sacrifier ? Ton orgueil ? Ton ambition ? Ton avenir ? Tes pouvoirs ? Ta vie ?
- Tu crois que nous devrons aller jusque là ?
Hermione posa une main sur l'épaule de Harry.
- Toi, je ne le crois pas, Harry. Tu as une autre mission, ne l'oublie pas. Même si pour l'instant les deux se rejoignent, elles finiront par se séparer un jour. Mais il se pourrait que nous, nous soyons là pour permettre à Poudlard de survivre à ceux qui veulent la détruire.
Harry frissonna. Elle disait "nous" et il entendait "je".
Lentement, Hermione retira sa main de l'épaule d'Harry. Elle retourna vers ses fioles et les rangea encore une fois. Harry se racla la gorge.
- Qu'est-ce que tu vas dire à Ron pour ce que je t'ai raconté ? s'inquiéta-t-il.
- Rien, répondit Hermione. Nous devions avoir une conversation sérieuse ce soir, parce que j'avais dans l'idée que c'était lui qui m'avait ramenée. Ce n'était pas une idée précise mais je voulais lui parler enfin de ce qui était arrivé cet été.
- Vous auriez dû en parler plus tôt ! la réprimanda Harry.
- Sans doute, murmura Hermione. Mais dans ce cas rien de ce qui est arrivé ne serait arrivé…
- Et alors ? fit Harry sur un haussement d'épaule.
- Alors ? reprit Hermione une main sur sa hanche. Comment aurions-nous su que Voldemort tramait quelque chose si je n'étais pas allée pleurer dans les toilettes de Mimi parce que la cuillère à thé qui sert de cervelle à Ron n'a pas supporté l'overdose d'émotions de notre premier baiser ?
- Oh ! fit Harry. Je n'avais pas pensé à cela !
Hermione se mit à rire.
- Mais si tu t'inquiètes de savoir si je vais aller tout déballer à Ron en lui précisant bien que c'est toi qui as tout raconté… tu n'as rien à craindre. Je saurai être discrète.
- Je n'en doute pas, murmura à son tour Harry.
Puis il enleva ses lunettes pour les essuyer à sa robe. Quand il les eut remises sur son nez, il s'éclaircit la gorge pour demander :
- Qu'est-ce que tu sais de McGregor ?
Hermione lui jeta un coup d'œil en coin :
- Que c'est une Serpentard, qu'elle n'aime pas Malefoy, qu'elle n'a ni les yeux ni la langue dans sa poche, qu'elle est intelligente, qu'elle aime rire, qu'elle est plutôt jolie fille et qu'elle est très assidue aux séances du club de Duels… Elle t'intéresse ?
- Je voudrais savoir à quoi elle joue…
- Pose plutôt la question à Ginny ou à Luna… elles ont des cours communs. Elles te répondront mieux que moi.
Harry fit une grimace.
- J'interrogerai Luna ce soir, pendant que toi et Ron aurez votre "conversation sérieuse"…
- Tu auras un avis objectif, approuva Hermione. Mais pourquoi ne pas le faire tout de suite.
Hermione prit ses affaires sur la table et se dirigea vers la porte. Elle lui fit un signe de tête impératif. Harry la suivit. Elle était remise de sa déprime du matin et il n'était pas certain que ce fût une bonne chose pour lui.
Luna et Neville discutaient botanique dans la salle des Quatre Maisons. Quelques tables plus loin, McGregor et ses amis Serpentard s'entretenaient ensemble de sujets qui ne regardaient qu'eux. La Préfète de Cinquième Année adressa un sourire à Harry.
- Le cours de rattrapage de Potions est déjà terminé, Potter ? demanda-t-elle, ironique.
Hermione fit une grimace à Harry :
- Si elle a des vues sur toi, elle a une drôle de manière de le montrer !
- Je n'ai jamais dit ça ! répondit Harry.
Il s'assit à côté de Luna et engagea la conversation avec elle.
- Tu la connais ? Tu as des cours avec elle ? Comment elle est ?
Luna ouvrit ses grands yeux sur lui :
- Bonjour, Harry ! dit-elle. Merci, je vais bien. Et toi ? Tu m'as l'air un peu énervé ce soir.
Harry grommela un "désolé, Luna" et lui fit un sourire. On ne pouvait rester longtemps fâché contre elle.
- Qu'est-ce que tu veux savoir sur Ellie McGregor ? reprit Luna en plissant son front. Je sais plein de choses sur elle et sa famille. Papa a fait un article sur eux en janvier quand ils ont tous failli se faire découper en rondelles.
Harry l'invita à parler. Luna lui apprit que le père d'Ellie, Rory McGregor avait été le représentant du Ministère au conseil d'administration de Gringott's durant plusieurs années avant de démissionner quatre ans auparavant suite à des divergences de point de vue avec le Premier Ministre Fudge. C'était un homme au caractère affirmé qui ne craignait pas d'exprimer ses opinions. Aussi, lorsqu'il avait quitté le Conseil d'Administration en claquant la porte, il n'avait pas manqué d'informer la presse des raisons de son départ. La Gazette du Sorcier, alors contrôlée pas le Ministère n'avait fait aucun écho de ce désaccord entre les représentants du gouvernement sorcier. Le Chicaneur, lui, avait repris à son compte les accusations de fraude qui commençaient à circuler contre le Premier Ministre. Rory McGregor ne cachait pas non plus son antipathie à l'égard de certains membres du ministère soupçonnés d'allégeance envers Celui-Dont-On-Ne-Prononce-Pas-Le-Nom. L'attaque dont sa famille avait fait l'objet à l'aube de la nouvelle année était le fruità n'en pas douter, de ses tentatives d'exclusion des membres douteux des divers Conseils d'Administration dont ils faisaient partie. Ellie était son unique fille, née de sa deuxième épouse. Il semblait qu'elle avait hérité du fort caractère de son père. Luna la trouvait fort sympathique au demeurant, et intelligente. D'une intelligence intuitive et d'une perspicacité à toute épreuve. Elle était fière, sans arrogance. Elle était maline, mais droite. Elle savait parler aux gens. Les professeurs l'estimaient et elle les respectait. Son seul défaut, de l'avis de Lunaétait son sens de la moquerie dont elle usait et abusait aux dépens même de ses propres amis… Son sens de l'humour allait jusqu'à se moquer d'elle-même, et cela la rachetait aux yeux de la jeune fille.
Harry écoutait Luna la bouche ouverte. Il leva les yeux sur Neville qui la regardait avec un sourire ravi.
- Tu veux que je demande à mon père de m'envoyer des copies des articles sur les McGregor ? termina Luna.
Harry secoua la tête. Non, tout ce qu'il voulait savoir c'était si Ellie McGregor se moquait de lui parce qu'elle aimait cela, pour l'embarrasser, ou parce qu'elle "avait des vues sur lui" comme disait Ron.
- Et toi ? Elle t'intéresse ? demanda Neville en riant.
- Elle est plus jolie qu'Isadora ! fit Luna.
- Qui ?
La voix de Ron les fit se retourner. Il avait l'air ravi. L'entraînement devait s'être divinement bien passé. Il tenait Hermione par la taille et celle-ci le priait de se tenir correctement sous le regard moqueur de Ginny.
- Ellie McGregor, répondit Luna avant qu'Harry ait eu le temps d'ouvrir la bouche.
Ginny éclata de rire. Ron pâlit.
- Tu plaisantes ! s'exclama-t-il en regardant Harry avec des yeux effarés.
- Mais je n'ai jamais dit qu'elle m'intéressait ! s'écria Harry à voix basse tout en s'efforçant de ne pas rougir.
- Mais peutêtre qu'elle elle s'intéresse à toi ! dit Ginny.
- Tu plaisantes ! répéta Ron.
- Elle te trouve un peu coincé, mais très mignon…
- Tu plaisantes ! murmura Ron d'une voix blanche.
- Pourquoi ? fit Ginny. C'est vrai qu'il est mignon.
Harry prit son front à deux mains et émit un grognement agacé. Neville riait et Luna laissait errer son regard de Ginny à Harry et de Harry à Ron.
- Mais qu'est-ce qui vous gêne donc tous les deux dans le fait que McGregor trouve Harry à son goût ? demanda Hermione en souriant.
- Hony ! souffla Ron en lui jetant un regard épouvanté. C'est une Serpentard !
Ginny éclata de rire encore une fois. Elle donna une claque dans le dos de son frère.
- Attention, Ronnie, tu vas être mis à l'amende pour propos discriminatoires !
Elle quitta ses amis pour rejoindre la salle de bains des Préfètes. Ron s'assit à côté d'Harry.
- Dis, Harry, commença-t-il. Tu n'as pas l'intention de…
- Je n'ai aucune intention d'aucune sorte, articula lentement Harry en retenant une furieuse envie de taper sur Ron, et même sur Neville qui hurlait de rire en face de lui.
Ron soupira de soulagement.
- Non, parce que j'allais dire, il faudrait quand même que tu choisisses un peu mieux tes petites amies…D'accord, Isadora ça pouvait passer ! Mais Cho et l'autre-là…
- Qu'est-ce que tu leur reproches, Ronald ? demanda Luna, un peu étonnée.
- C'est vrai ça, Ronald ? se moqua Hermione. Après tout, nous savons tous que Harry est celui qui travaille le plus au rapprochement des Maisons de Poudlard. Une Serdaigle, une Poufsouffle, quoi de plus naturel qu'une Serpentard soit la prochaine ?
Harry lança un regard furibond à Hermione.
- Mais puisque je vous dis….!
- Tu as droit à une vie privée, le coupa Neville. Et loin de nous l'idée de te dire ce que tu as faire…
Ron ouvrit la bouche. Hermione mit sa main dessus pour l'empêcher de parler.
- Heureusement, tu pars demain, Ron ! soupira Harry.
Ron fit "non" de l'index, car Hermione avait toujours sa main plaquée sur sa bouche. Il la retira pour apprendre à ses amis qu'il avait trouvé, ainsi que Ginny, une note sur son bureau de Préfet en rentrant de l'entraînement. McGonagall les informait que leurs parents avaient renoncé à les accueillir pour les vacances. Ils restaient donc à Poudlard et leur tiendrait compagnie. Il souriait à Hermione tandis qu'il annonçait cette nouvelle.
- Ont-ils dit pourquoi ? demanda Hermione, sérieuse.
- Je m'en fiche ! s'exclama Ron. Je reste avec toiça compense.
Il avança sa main vers la taille d'Hermione. Celle-ci lui montra son badge de Préfet sans un mot.
- Fichus badges ! maugréa Ron. On a le droit de les enlever pendant les vacances ?
Hermione ne répondit pas. Elle leur rappela que le repas de fin de trimestre allait bientôt être servi. A table, Dean et Seamus proposèrent de fêter la fin du trimestre dans la salle des Quatre Maisons. Neville fut tout à fait d'accord. Harry n'émit aucun avis. Il était fatigué, comme si toute la tension accumulée depuis les dernières vacances le lâchait soudain. Une sourde inquiétude enserrait son cœur et il n'avait guère envie de rire. Il ne resta pas longtemps dans la Salle des Quatre Maisons. Il n'arrêtait pas de passer la main sur son front, suivant du doigt les contours de sa cicatriceétonné qu'elle ne se rappelât pas à lui plus fortement qu'à l'ordinaire, alors qu'il ressentait une fois de plus une excitation diffuse et inexplicable. Il jeta un dernier regard à Ron qui ne lâchait pas Hermione d'une semelle. Il songea qu'ils avaient dû remettre leur "conversation sérieuse" à plus tard, puisque les Weasley passeraient leurs vacances à Poudlard. Il remarqua que des Serpentard participaient à cette fête. Ils n'étaient pas très nombreux, moins en tous cas que ceux qui fréquentaient la salle d'ordinaire. Ellie McGregor était là. Elle paraissait en grande discussion avec Ginny. Il se dépêcha de quitter la salle avant que l'une d'entre elles n'eût l'idée saugrenue de l'interpeller.
Il n'avait aucune envie de dormir. Il resta dans la Salle Commune des Gryffondor, affalé dans un fauteuil à ruminer de sombres pensées et son impatience. Les quelques rares élèves qui ne faisaient pas la fête en bas, montèrent se coucher bientôt. Il savait que les professeurs avaient autorisé les Préfets à retarder l'heure du couvre-feu. Il ne serait pas dérangé de sitôt. Il répugnait à monter dans son lit. Il préférait somnoler dans un fauteuil, comme si l'inconfort pouvait le protéger d'une incursion de l'esprit de Voldemort.
Il entendit entrer ses camarades mais ne fit pas un geste. Certains s'approchèrent de lui en chuchotant. La voix de Ginny murmura à Dean de le laisser dormir. Les retardataires essayaient de ne pas faire de bruit. Puis ce fut le silence. L'obscurité de la salleà peine troublée par la lueur du feu dans la cheminée, envahissait peu à peu l'esprit d'Harry. Il sursauta. Un rire le réveilla. Il reconnut la voix d'Hermione.
- Chut ! faisait-elle. Ron ! Tu n'as rien écouté de ce que je t'ai dit !
- On parlera demain, Hony ! Ou un autre jour ! On a tout le temps ! chuchotait Ron en riant.
- C'est important, Ronnie…
Harry devinait la haute silhouette de Ron qui se penchait sur celle d'Hermione, les bras levés. Il se demandait comment il pourrait se débrouiller pour quitter les lieux discrètement, lorsque qu'il sentit le long de sa cicatrice une sensation étrange. Des picotements vifs qui se changèrent en brûlure.
- Bon sang ! jura-t-il à voix basse.
- Il y a quelqu'un ! s'exclama Hermione d'une voix pressée.
Ron leva sa baguette "Lumos " chuchota-t-il.
- C'est moi ! dit Harry précipitamment. Il est à nouveau là !
- Qui ? demanda Ron, très pâle.
C'était une question stupide, il en avait tout à fait conscience. D'autant qu'Harry se tenait le front en grimaçant.
- Je vous l'avais dit ! cria soudain Harry. Je vous l'avais dit qu'il n'attendrait pas ! Il faut l'empêcher de trouver ce qu'il cherche ! Il faut y retourner tout de suite.
- Allons trouver Rogue d'abord ! murmura Hermione. S'il est vraiment là, nous aurons besoin de lui !
- A quoi bon ! décida Harry, impatient. C'est moi qui ai le pouvoir de le vaincre, pas Rogue !
Il était déjà debout, tourné vers la sortie de la salle.
- On t'accompagne Harry, dit Ron. Tu auras besoin de deux préfets avec toi, si tu rencontres Rusard en chemin ! Pour une fois, ils vont servir à quelque chose ces fichus badges !
Il emboîta le pas à Harry et Hermione les suivit. Ils se rendirent au premier étage, tandis qu'Hermione continuait à conseiller d'alerter Rogue, tout en refusant de les laisser continuer sans elle. Au détour d'un couloir, ils tombèrent nez à nez avec Neville qui soupira de soulagement quand il les reconnut.
- Vous n'allez pas me punir ? s'inquiéta-t-il.
- Non ! dit Hermione. Tu tombes bien, au contraire !
- Oui ! fit Ron, pressé. Va chez Rogue et dis lui que le signal d'alarme d'Harry s'est mis en route !
- Quoi ? balbutia Neville. Mais chez Rogue ça veut dire chez les Serpentard… Et si je me fais prendre par Rusard ? Ou par Peeves ? Ou pire par un Serpentard ?…
- Dis-lui que tu veux voir Rogue ! Et le couvre-feu est aussi valable pour les Serpentard…
- Oui, mais…
- Neville ! l'interrompit Harry avec hargne.
Neville tourna les talons et se hâta vers les quartiers des Serpentard en faisant des vœux pour ne rencontrer personne.
Harry se mit à courir. Sa cicatrice l'élançait sérieusement et une joie sardonique lui nouait le cœur.
- Il a trouvé ! haleta-t-il devant la porte des toilettes des filles.
- Quoi ? Quoi ? fit Ron atterré.
- Je ne sais pas ! répondit Harry en reprenant son souffle. Mais il a l'air vraiment content.
- C'est qu'il a rouvert que le cabinet secret, conclut Hermione. S'il avait retrouvé le livre, il exulterait bien davantage. Pressons !
Elle prit soudain la direction des opérations, ouvrit la porte des toilettes, et se dirigea vers les robinets. Mimi Geignarde ne fit aucune apparition intempestive au grand soulagement d'Harry et de Ron. D'une voix impatiente, Harry ordonna à la porte de leur laisser le passage. Il se laissa glisser le premier sa baguette à la main. Hermione le suivit et Ron ferma la marche.
