Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Frudule
Sinon le rat Pettigrew commence à m'énerver à survivre un peu trop...Mais qui va le tuer en premier? Nous avons trois challengers : Trois seulement ?
(non!snif! spoilers please!) Tu veux vraiment ?
Titia 69
Sérieusement, envoies nous toute la fic d'un coup ca fera du bien, a chaque fois j'anticipe les mises à jour de fan-fiction pour essayer de lire les chapitres avant qu'ils ne soient officiellement disponibles (rires) et j'aimerais pouvoir lire tout d'affilée sans guetter tes upload lol : nan nan ! parce que si je balance tout d'un coup j'aurai plus de reviewes… et puis c'est très long de poster sur vous vous imaginez pas le travail que c'est d'uploader et de corriger et de sauvegarder et d'envoyer… enfin oui peut-être... Mais un ou deux chapitres par jour c'est déjà bien…j'ai un emploi du temps chargé.
J'ai hate de lire la fin mais en meme temps je regrette deja qu'on s'en approche ! il manque encore quelques chapitres, rassure toi…
Ayako :
Franchement, c'est crade, nous faire croire que Peter éT enfin arrêté alors que ce n'est pas le cas... : c'est ce qu'on appelle le suspens… lol !
Chapitre 52
La Salle Commune de Serpentard
Harry ne vit pas Hermione du reste de la journée du samedi. Après le repas, il monta dans sa chambre pour récupérer un peu. Il n'osait s'endormir de peur de subir dans ses rêves la colère et le dépit de Voldemort. Sa cicatrice l'avait élancé toute la nuit. Il n'y avait pas prêté attention, après la douleur qui avait manqué faire exploser son front dans la Chambre des Secrets. Il s'attendait à un débordement de rage, il avait attendu en vain. Il gardait simplement au cœur un sentiment étrange, dont l'amertume ressurgissait chaque fois qu'il pensait à Chambre aux Serpents.
Il se laissa lentement glisser dans le sommeil et commençait tout juste à s'endormir quand il entendit son nom dans le miroir qu'il tenait à la main, afin de ne pas rater l'appel de Ron. La première chose que celui-ci demanda fut des nouvelles d'Hermione. Ensuite, il raconta, lugubre, ce qui les attendait Ginny et lui, pour les vacances. Ils étaient consignés dans leurs chambres respectives, d'où ils n'avaient le droit de sortir que pour les repas qu'ils prenaient seuls dans la cuisine. Peutêtre, quand la colère de leur mère serait retombée, auraient-ils l'autorisation de se rendre dans le petit salon pour y travailler. Ils convinrent que Ron rappellerait Harry dans la soirée et ce dernier dut promettre de retenir Hermione à ses côtés pour que son ami pût lui parler.
Au repas du soir, Hermione réapparut. Elle tendit en silence un parchemin à Harry qui le parcourut avec effarement. Ce n'était rien d'autre que leur planning de la semaine.
- Tu sais quand même que nous sommes en vacances, Hermione ! s'exclama-t-il. Cet emploi du temps est encore plus chargé que celui de l'année scolaire !
- Tu as du travail en retard, Harry. Et les professeurs nous ont donné beaucoup de devoirs à rendre.
Elle leva les yeux vers son ami qui cherchait désespérément une plage inoccupée dans le programme qu'elle avait établi.
- Aurais-tu des projets dont tu aurais oublié de me parler, Harry ?
- Non, répondit Harry sombrement.
Il venait d'apercevoir du coin de l'œil Isadora Marchinson qui s'avançait vers leur table et il en avait brusquement l'appétit coupé, sans même savoir pourquoi. Il leva la tête, prêt à lui renvoyer de dures paroles si elle faisait une quelconque allusion à ses relations avec Hermione.
- Bonsoir, Hermione, dit la jeune fille.
Harry resta la bouche ouverte.
- Bonsoir Isadora, répondit aimablement Hermione
- Ronald Weasley est parti, parait-il… commença Isadora avec quelque hésitation. Je voudrais te demander si je pouvais prendre sa place dans ton groupe d'étude…
- Cela ne me gêne absolument pas, reprit Hermione avec un sourire. Mais je ne suis pas seule, dans ce groupe.
Elle se tourna vers Harry, l'air de dire : Et toi qu'en penses-tu ? Elle paraissait s'amuser énormément. Harry haussa une épaule. Il se tourna vers Isadora, et sur le ton le plus détaché qu'il pu prendre, il demanda :
- Cela ne te gêne donc pas de travailler avec Hermione Granger ? Ne crois-tu pas que c'est là une autre de ses manœuvres pour me garder auprès d'elle ?
Hermione fronça les sourcils. Isadora rougit un peu.
- Je suis désolée, Harry, je n'aurais jamais dû écouter Cho Chang. J'étais loin d'imaginer qu'elle était encore aussi jalouse…
- C'est d'Hermione qu'elle est jalouse, trancha Harry froidement. Cela ne me cause aucun problème que tu fasses partie de notre groupe d'étude, si les autres sont d'accord.
Isadora le remercia d'un signe de tête et repartit vers la table des Poufsouffle tandis qu'Hermione se penchait vers Harry pour lui demander ce que c'était encore que cette histoire ! Il lui fit signe de laisser tomber.
- Ca n'en vaut pas la peine, lui sourit-il. C'est cette idiote de Cho qui a essayé de semer la zizanie une fois de plus… S'il y a une chose pour laquelle est douée à part de pleurer à volonté, c'est bien celle-là ! Causer des problèmes à tout le monde… Franchement, je me demande comment j'ai pu être amoureux d'elle à ce point-là !
Hermione se mit à rire.
- C'est bien le genre de chose qui ne se commande pas ! L'amour est une chose qui ne se maîtrise pas…
- Tu parles d'un pouvoir, si on ne peut le maîtriser ! murmura Harry amèrement. Voldemort l'ignore parait-il… mais cela n'a pas l'air de lui avoir manqué et il s'en est très bien sorti sans cela !
- Crois-tu ? dit Hermione doucement.
Il détesta son air de compassion à ce moment là. Elle croyait toujours tout savoir de ce que ressentait les autres.
- En tous cas, toi, on ne dirait pas que ton amoureux te manque, lui envoya-t-il perfidement.
Hermione le regarda longuement, la bouche pincée.
- Tu tiens tant que cela à ce que je pleure des heures sur ton épaule ou me lamente sur l'injustice de ce monde ?
Harry se mordit les lèvres, un peu honteux. Il se mit à rire, gêné :
- C'est à peu près ce que Ron aurait fait ! dit-il.
- Tu sais bien que ce n'est pas mon genre ! Moi je vais me plonger dans le travail… et t'obliger à plonger dedans avec moi !
Harry hocha la tête. De cela, il en était certain.
Dès la fin du repas, ils remontèrent ensemble dans la Salle sur Demande pour attendre l'appel de Ron loin des regards indiscrets de leurs camarades. Ron fut heureux de constater qu'Hermione était là. Il s'ennuyait profondément tout seul et il avait déjà rempli plusieurs parchemins pour Flitwick et McGonagall. Il avait d'ailleurs décidé de ralentir l'allure car, au train où passeraient ces vacances, il aurait largement le temps d'étudier tout le programme de l'année suivante en plus des révisions pour les examens de fin d'année. Sa mère était toujours furieuse et les efforts de Bill pour la convaincre de rendre la punition moins sévère n'avaient fait que l'irriter davantage. Hermione lui conseilla d'adopter un profil bas et de ne surtout pas la contrarier. Quelques jours seraient vite passés, surtout s'ils pouvaient se voir et se parler régulièrement. Elle lui envoya un baiser du bout des doigts et se retira du champ de vision du jeune homme pour qu'il ne vît pas son visage triste. Harry rompit le contact quelques minutes plus tard, stupéfait du changement de physionomie de son ami dès qu'il avait pu apercevoir le sourire d'Hermione dans le miroir. Il se tourna vers elle pour lui en faire la remarque. Il se tut devant sa mine inquiète.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-il précipitamment.
- Il se passe quelque chose, répondit-elle.
- A quel propos ? redemanda Harry, soudain tout aussi inquiet qu'elle.
- Tout d'abord, ils restent à Poudlard alors qu'ils devaient partir. Ensuite, Molly vient les chercher, mais elle les consigne dans leur chambre…
- Elle est venue les chercher pour les punir, pas pour qu'ils passent de bonnes vacances en famille, corrigea Harry.
- Les séparer de leurs amis et les enfermer dans un appartement, aussi luxueux et confortable soit-il, sans la possibilité de sortir le nez dehors de quinze jours, c'est déjà une punition en soi… Et pourquoi ne pas les laisser prendre leurs repas avec tout le monde ? Tu as vu la Gazette ces jours-ci ?
Harry haussa une épaule.
- Il n'y a pas grand-chose dedansà part une énième accusation de fraude contre Fudge… et le Chicaneur c'est pareil à croire qu'ils ont les mêmes informateurs.
- Il se passe quelque chose de grave, Harry… ou bien il se prépare quelque chose qui peut avoir de terribles conséquences.
Harry songea aux menaces de Malefoy.
- Crois-tu que cela concerne les Weasley ? questionna-t-il d'une voix blanche.
- Je ne sais pas, avoua Hermione. Mais c'est bizarre. Surtout n'en parle pas à Ron. Il va encore s'inquiéter et peutêtre que je me trompe…
- Oui, tu te trompes sûrement, fit Harry avec autant de conviction qu'il en aurait mis pour dire à Malefoy qu'il lui souhaitait tout le bonheur du monde.
Ils quittèrent la Salle sur Demande pour se rendre dans leur Salle Commune en silence. Dans le couloir qui menait à la tour des Gryffondor, ils trouvèrent les armures tournées vers le mur dans une position obscène.
- Il y avait longtemps que Peeves n'avait pas fait des siennes, soupira Harry sans sourire.
Hermione retourna les armures l'une après l'autre d'un geste de sa baguette. Au bout du couloir, l'esprit les attendait, les bras croisés, une horrible grimace sur son visage de clown.
- Je recommencerai, Granger ! la prévint-il.
- Ca t'occupera, lui répondit Hermione sans le regarder.
Vexé de susciter aussi peu d'intérêt, Peeves se mit à les précéder tout en les observant d'un air malicieux.
- Quand le chat n'est pas là, les souris dansent… hein Potter ? Ce grand niais de Weasley est parti, et tu n'as pas mis longtemps à le remplacer, pas vrai, Granger…?
Hermione souffla avec exaspération.
- Tu pourrais te renouveler, Peeves… Ca devient lassantà force.
- Oh oui ! je sais ! répondit Peeves. Il en faut plus pour t'impressionner, Miss Je Suis Blasée de Tout ! Mais j'y travaille ! J'y travaille ! C'est pas facile de prendre ce petit malin sur le fait, Beauté, tu avais raison. Il fait faire le sale boulot par ces imbéciles qui croient qu'il est leur ami…
Il se mit à rire.
- J'ai même trafiqué des preuves pour lui faire prendre une bonne dérouillée par cette anguille visqueuse de Rogue… Il y en a toujours un pour se dénoncer à sa place.
- Ils ont peur, Peeves, dit Hermione. Ils savent que s'il dérouille, ils dérouilleront ensuite et dix fois plus que lui…
Peeves eut un sourire mauvais.
- Ils ont raison d'avoir peur… susurra-t-il à l'oreille d'Hermione. Et tu ferais bien de te méfier aussi, Beauté. Qu'est-ce que tu as bien pu lui faire ? Ou qu'est-ce que tu ne lui as pas fait ?
Il feignit un frisson de terreur.
- Il a une manière de parler de toi qui fait froid dans le dos ! Il n'y a guère que contre Weasley qu'il enrage autant… Par contre, Potter, il s'amuse énormément lorsqu'il parle de toi… Alors, comme ça tu vas servir de hochet à ce grand efflanqué de Tu-Sais-Qui ?
Harry lui jeta un regard mauvais.
- Tiens, celui-là aussi il faisait froid dans le dos ! Mais c'est une autre pointure que ce petit fils à papa… Je l'aurai, Granger ! Tu verras ! Dès qu'il rentre, je ne le lâche pas d'un pouce !
Hermione haussa les épaules. Elle tourna la dernière armure vers elle.
- Je recommencerai ! chantonna Peeves.
- Peeves ! fit Harry en retenant un rire. Le Baron Sanglant est derrière toi !
- Ha ! Ha ! Ha ! se moqua Peeves. C'est tout ce que tu as trouvé pour me faire peur, Potter ? Au secours ! Potter essaie de me faire peur ! Qui a peur de Saint Potter ? Qui a peur de Saint Potter ? C'est pas Peeves ! C'est pas Pee…AAAAAHHH !
- Bonsoir, Monsieur le Baron, dit Hermione en passant devant le fantôme.
- Bonsoir les enfants, répondit le Baron. Peeves ! Tu sais pourquoi je suis ici ?
Peeves hocha la tête très vite plusieurs fois de suite.
- Tu sais ce qu'il te reste à faire… conclut le Baron.
Peeves hocha la tête une dernière fois, tout tremblant. Il disparut vite fait. Le Baron pointa un doigt vers Harry, l'air menaçant.
- Alors, Potter ? Pas de ballade prévue dans les couloirs des Serpentard ce soir ? Pas de rendez-vous galant en vue ?
Il se mit à rire, fit un clin d'œil et passa son chemin.
- Tu savais que les fantômes pouvaient voir à travers les capes d'invisibilité ? demanda Harry, des sueurs rétrospectives sur son front.
Hermione pouffa de rire devant son air effaré.
- Un rendez-vous galant ? Nous cacherais-tu des choses ? La belle Ellie ne te laisserait donc pas indifférent en fin de compte ?
Harry haussa les épaules.
- Tu dis n'importe quoi… Et ne t'avise pas d'aller répéter ce genre de choses devant Ron…
- Si elle te plait, pourquoi ne tenterais-tu pas ta chance avec elle ? Ron n'a rien à dire. Ni personne d'autre, d'ailleurs… n'est-ce pas ?
Harry haussa à nouveau les épaules.
- Je n'ai pas dit qu'elle me plaisait.
Hermione le regarda d'un drôle d'air.
- Elle m'intrigue, c'est tout, reprit Harry.
- J'imagine que tu dois l'intriguer pas mal aussi alors, répondit Hermione. Vu l'intérêt qu'elle te porte…
- Justement ! fit Harry. Cet intérêt, c'est à moi qu'elle le porte, ou bien au Survivant…? Tu sais j'ai l'impression que Ginny, Cho, Isadora ne sont pas tombées amoureuses de moi mais d'Harry Potter, celui qui a vaincu Celui-dont-on-ne-prononce-pas-le-nom… Elles avaient une image en tête et je ne corresponds pas vraiment à ce qu'elles imaginaient. J'ai l'impression que dans toute cette école, il n'y a que deux filles qui me regardent pour ce que je suis vraiment. Toi, parce que tu es mon amie. Et Luna… parce qu'elle est Luna.
- C'est simplement parce que nous ne nous attachons pas aux apparences et voyons plus loin que l'image que les gens donnent d'eux, lui sourit Hermione.
- Ça non plus, ne t'avise pas d'aller le répéter devant Ron. Il croirait aussitôt que tu parles pour Rogue et même pour Krum…
- Et si cela était, Harry ? Pourquoi ce qui est valable pour toi et Ron, ne le serait-il pas pour le Professeur Rogue et Viktor ?
Harry lui fit un sourire amer :
- Je ne suis pas sûr d'apprécier que tu me mettes en balance avec Rogue, Hermione. Pas plus que Ron n'apprécierait que tu lui opposes Viktor Krum.
Hermione se mit à rire.
- Finalement, tu as peutêtre raison, dit-elle. Au sujet d'Ellie McGregor, je veux dire. Il n'y aurait pas que Ron qui le prendrait très mal…
- J'imagine la tête de Cho, moi aussi ! sourit largement Harry.
Hermione secoua la tête, avec un air sérieux.
- Je pensais plutôt à Malefoy, corrigea-t-elle.
- J'imagine aussi fort bien sa tête ! répéta Harry.
- Et moi celle de McGregor une fois qu'il lui aurait envoyé ses deux gros bras pour lui faire passer l'envie de fréquenter Harry Potter.
Harry frissonna. Il n'avait pas pensé à cela. Ils arrivèrent devant le tableau de la Grosse Dame. Hermione donna le mot de passe et elle les laissa entrer dans la pièce commune. Harry sentit la fatigue s'abattre sur lui. Il entendit à peine Hermione lui souhaiter une bonne nuit avant de monter dans son dortoir. Il se dirigea vers le sienà l'esprit une question lancinante : et si Percy avait raison. S'il n'apportait que le malheur et la tristesse autour de lui ? Si ceux qui l'approchaient et lui tendaient la main étaient irrémédiablement marqués du sceau de la mort ? Il s'endormit sur ces sombres pensées et les cauchemars qu'il fit n'eurent rien à voir, pour une fois, avec la volonté de Voldemort de lui faire du mal.
Dès le lundi, Harry se rendit à son cours de narcomancie. Rogue lui fit remarquer qu'il avait accepté de passer ses vacances à lui enseigner comment développer ses "dons" plutôt que de songer à prendre un repos mérité. Harry se contenta de sourire en coin. Espionner Lucius Malefoy pour le compte de l'Ordre à longueur de journée n'était guère ce qu'il appelait un repos mérité. Il faillit lui dire qu'apparemment il n'avait rien de mieux à faire qu'à se trouver enfermé dans un laboratoire glacial avec un apprenti qu'il n'aimait guère. Puis il songea qu'il ne s'était jamais demandé si Rogue avait de la famille, ou un chez lui autre que le sobre appartement de l'école. Il lui vint à l'esprit qu'il avait peutêtre dû couper toute attache avec ses proches et son passé lorsqu'il avait fait le choix de trahir Voldemort. Il réalisa qu'il ne savait de lui que les bribes d'histoire arrachées à Sirius et à l'esprit tourmenté du professeur. Il se demanda ce qu'Hermione pouvait voir au-delà de la froide apparence de cet homme distant et dédaigneux ; et que lui était incapable ne serait-ce que d'entrevoir.
Il partit ce jour-là dans les couloirs des quartiers de Serpentard. Il ne comprenait pas comment il se trouvait hors du cachot de Rogue. Il se sentait comme aspiré. Il ne maîtrisait pas son voyage. Il fermait son esprit aux pensées, aux voix, aux rires, aux peurs qui le heurtaient de plein fouet. Il fut dans la salle commune de Serpentard à son plus grand étonnement. Il sentait les regards méfiants et les chuchotements circonspects. Il était mal à l'aise. Puis il entendit un rire, un peu moqueur, et il reconnut la voix de McGregor. Elle tendait sa baguette vers une fille très laideà la carrure aussi impressionnante que celle de Vincent Crabbe :
- Essaie donc un peu, Bulstrode ! On ne sait jamais : si je te refaisais le portrait ce ne pourrait être pire que l'original !
Millicent Bulstrode fronça les sourcils, ce qui ne la rendit pas plus belle.
- Tu te crois maline, McGregor ? Tu as la parole facile quand Malefoy n'est pas là pour te rabattre ton caquet.
- Malefoy ? jeta McGregor avec mépris. Mais qui crois-tu donc que Malefoy soit ? Le fils d'un proscrit… un homme qui se cache sous une cagoule pour perpétrer des crimes odieux et qui n'a de courage qu'en paroles vaines… Malefoy est comme son père. Une baudruche pleine de vide qui se dégonfle en couinant comme un cochon qu'on égorge. Un pantin bouffi d'orgueil qui se cache derrière la crainte que suscite le nom du Seigneur des Mangemorts.
- Ton badge de Préfète ne te protègera pas toujours ! cracha Bulstrode. Malefoy connaît des sortilèges à faire dresser les cheveux sur la tête !
- Et alors ? répondit Ellie McGregor. Moi aussi je connais le sort d'Horripilus et je n'en fais pas tout un plat…
Il y eut quelques rires qui irritèrent Bulstrode. Son visage se crispa de colère.
- Tu t'imagines que les quelques sortilèges que tu apprends avec Potter pourront te protéger de ceux de Malefoy ?
- Pourquoi pas ? fit McGregor. Ils l'ont bien protégé lui de Malefoy père et de…
Elle prit une grande inspiration, maîtrisa un violent frisson et prononça clairement : Voldemort.
- Mensonge ! cria Millicent Bulstrode. Tout ce que raconte Potter n'est que mensonges et calomnies.
McGregor haussa les épaules d'un air agacé.
- Pourquoi cela t'inquiète-t-il alors ? Tu as peur de Potter, toi aussi ? Pourquoi ? Comment un si gentil garçon, avec un regard aussi naïf que le sien, peut-il faire peur à tant de monde ? Y compris à ce cher Malefoy ?
Millicent Bulstrode se mit à ricaner.
- Un si gentil garçon ? imita-t-elle en battant des cils, ce qui la rendit grotesque. Je commence à comprendre pourquoi Miss McGregor assiste à tous les cours de Duels du petit Potter ! Miss McGregor est attirée par les petits malins à grosse tête pas plus hauts qu'un Nain de jardin!
- Ah non ! Miss Bulstrode se trompe ! l'interrompit Ellie sur le même ton. Je ne suis en aucun cas attirée par le Professeur Flitwick ! Et Miss Bulstrode ferait bien d'arrêter de prononcer le nom de Potter, sinon on pourrait croire que Miss Bulstrode est totalement obsédée par le dit Potter.
Millicent Bulstrode grinça des dents. Elle avança la baguette à la main vers Ellie McGregor. Celle-ci leva la sienne devant elle.
- Tu y tiens vraiment ? demanda-t-elle froidement.
- Tu riras moins quand Malefoy reviendra à la fin des vacances, McGregor ! Nous aussi nous aurons notre maître en sortilèges…
- Bulstrode ! Ça suffit !
Tous les Serpentard se tournèrent vers celui qui venait d'entrer. C'était un garçon de Sixième Année, un certain Moon qu'Harry avait quelquefois vu traîner en compagnie de Malefoy. Il fit un signe de tête à Millicent Bulstrode et celle-ci rangea sa baguette. Elle se retira dans le fond de la salle commune en compagnie de ceux qu'elle fréquentait d'ordinaire. Harry vit McGregor suivre Moon d'un regard froid lorsque lui aussi prit place au milieu de ses camarades. Puis elle se tourna vers ses amies et changea de visage. Elle leur fit un clin d'œil :
- Alors les filles, qui avait raison ? Quand je vous disais qu'on faisait bien de s'inscrire au club de Duels pendant les vacances… Si Malefoy revient de son séjour dans le manoir paternel avec tout plein de nouveaux maléfices, nous avons intérêt à nous entraîner sérieusement.
- Alors c'est vrai ? Chuchota l'une des filles. Ce n'est pas que pour les beaux yeux de Potter que tu nous as traînées là-bas.
Elle reçut sur le crâne un coup de baguette qui lui fit rentrer la tête dans les épaules.
- Idiote ! fit McGregor. Si ce n'était que pour les beaux yeux de Potter, j'y serais allée toute seule !
Elle se mit à rire, tout en jetant un œil vers le groupe des amis de Malefoy qui discutaient ferme sur les bavardages intempestifs de Millicent Bulstrode. Elle changea de place et s'assit de manière à ne tourner le dos à aucun de ses condisciples.
Harry entendait sa propre respiration. Il réalisa qu'il était revenu dans le cachot de Rogue et qu'il s'éveillait lentement de sa transe. Il ouvrit les yeux. Il se sentait totalement épuisé. Il lut sur le visage du professeur une satisfaction qu'il ressentait lui-même.
- J'ignorais que les sorciers connaissaient les nains de jardins… dit-il, un peu moqueur.
Rogue lui adressa un regard légèrement dubitatif.
- Pardon ? fit-il.
- Connaissez-vous l'expression "pas plus haut qu'un nain de jardin", Monsieur ? demanda Harry en riant.
Rogue s'avança rapidement vers lui. Il le regarda dans les yeux et prit son pouls à son poignet.
- Vous vous sentez bien, Potter ? Pas de vertiges ? Une sensation d'euphorie peutêtre ?
Harry riait toujours.
- Non, Professeur… tout va bien. Je voulais juste savoir d'où des sorciers tenaient cette expression de nain de jardin, c'est tout.
- Eh bien, fit Rogue toujours décontenancé, ne sachant si son jeune apprenti ne se moquait pas de lui. Les Nains de jardin entretiennent les pelouses et les jardins des grandes maisons, des manoirs, des châteaux… enfin de tout ce qui nécessite l'entretien attentif et les soins d'un jardinier.
- Comme des Elfes de Maison, Monsieur ? demanda Harry en chaussant ses lunettes.
- En quelque sorte, oui… mais en plus irascible. Surtout si on piétine leurs plates-bandes… Pourquoi ? Auriez-vous croisé l'une de ces créatures durant votre voyage ?
Harry se remit à rire. Il secoua la tête.
- Où êtes-vous allé cette fois ? s'enquit Rogue sur un ton professionnel.
- Pas très loin, admit Harry. Dans la Salle Commune des Serpentard.
Rogue retint sa surprise.
- Pas bien loin, en effet… Mais assez cependant si l'on considère que c'est la première fois où vous sortez de ce cachot.
Il leva la main pour arrêter l'objection d'Harry.
- Je ne compte pas cette ridicule première fois où vous avez failli vous étrangler de peur à peine passé la porte !
Harry voulut se lever. Il vacilla.
- Où croyez-vous donc aller ? demanda Rogue goguenard. Asseyez-vous quelques minutes. Ensuite nous aurons un cours de potions.
Harry le regarda par-dessus ses lunettes était-il devenu fou ?
- Vous vouliez que je vous enseigne la magie d'une manière différente, Potter ? N'était-ce pas ce que vous demandiez ? Ou ai-je mal compris ?
- Non, Monsieur, vous avez parfaitement compris, se reprit Harry.
Il attendit quelques secondes, le temps de se remettre de son vertige. Une migraine enserrait sa tête à nouveau.
- Et quand trouverons-nous le temps de pratiquer l'ancienne magie, Monsieur ? demanda-t-il.
Rogue cessa de toucher à ses fioles. Il s'immobilisa un long moment. Puis il tourna légèrement la tête vers lui pour lui répondre :
- Et que croyez-vous donc que vous veniez de faire ?
Harry mit un moment pour assimiler ses paroles.
- Je croyais que vous m'ameniez sur le chemin de la magie noire, Professeur…
- L'ancienne magie est l'essence même de la magie, Potter… ce qui fait de chacun de nous des sorciers. Cette baguette que vous avez dans votre poche, ce n'est pas elle qui fait de vous un sorcier. C'est vous qui faites d'elle une baguette magique. Nous sommes tous, nous, les sorciers, porteurs de cette magieà des degrés différents, je vous l'accorde…
- Alors pourquoi une baguette ? demanda Harry en jetant à la sienne un regard étrange.
Rogue se tourna franchement vers lui, un sourire ironique sur ses lèvres minces.
- Vous avez très mal à la tête en ce moment, Potter, n'est-ce pas ? Où croyez-vous puiser l'énergie nécessaire pour faire ce que vous faites ? Votre baguette n'est peutêtre qu'un substitut mais, si elle est bien choisie, elle est le prolongement de votre main, de votre esprit et de votre puissance.
- Ollivander dit que ma baguette est la sœur de celle de Voldemort… murmura Harry presque malgré lui. Il dit aussi que grâce à cette baguette Volde… Vous-Savez-Qui… corrigea-t-il précipitamment devant la grimace de Rogue, a fait de grandes choses. Terribles, mais grandes.
- Grandes, en effet, répéta Rogue avec amertume. Car la magie ancienne est en lui, comme en les plus puissants d'entre nous.
Harry frissonna. Il n'aimait guère songer à ses points communs avec Voldemort. Il arrivait à chasser son malaise, d'ordinaire, en se disant qu'il les devait à sa cicatrice. Cette fois, il n'y parvint pas. Rogue venait de mettre le doute en lui. Si lui aussi avait l'ancienne magie en lui, et s'il prenait le même chemin que Jedusor, où le mènerait-il. Le Professeur détacha son regard de celui du jeune homme.
- La magie n'est ni bonne ni mauvaise, Potter, reprit-il d'une voix qu'il essayait de rendre neutre. C'est la main qui en use qui choisit ce qu'elle veut en faire.
Le reste de la semaine passa somme toute assez rapidement pour Harry. Il n'avait guère le temps de s'ennuyer et s'il donnait quelquefois l'impression de n'avoir rien à faire, Hermione lui trouvait alors de quoi combler le vide de son existence. Elle même ne chômait pas. Elle dirigeait les révisions pour les examens de fin d'année, et parfois même les révisions des BUSE. Tout le monde la trouvait pire que McGonagall, ou même que Rogue, dans son acharnement à traquer la moindre erreur. Mais personne ne manquait une séance. Harry s'amusait d'entendre McGregor la surnommer Professeur Granger, dès qu'elle avait à lui adresser la parole, ou même lorsqu'elle parlait d'elle à ses camarades. Il fronçait les sourcils cependant, dès que la jeune Préfète de Serpentard tournait la tête vers lui. Il croyait qu'un air sévère rendrait son regard moins naïf.
Il avait répété à Hermione la conversation entre elle et Bulstrode, du moins dans sa généralité. La jeune fille avait hoché la tête.
- Il fallait bien s'attendre à une réaction de leur part, soupira-t-elle tandis qu'elle rangeait son chaudron dans le laboratoire de la salle sur Demande, alors qu'ils attendaient un appel de Ron. Finalement, c'est une bonne chose d'avoir mis Peeves sur son dos. Il l'empêchera de mettre ses projets à exécution dans la sérénitéà défaut de l'en empêcher tout court.
- Et comme Peeves ne pourra s'empêcher lui-même de venir se vanter de ses exploits auprès de toi, sourit Harry, nous serons vite au parfum des dits projets de Malefoy.
- Nous les connaîtrons bien avant, fit Hermione un sourire au coin des lèvres.
Harry sentit son cœur battre la chamade.
- Vraiment ? demanda-t-il du bout des lèvres.
- Bien sûr, insinua Hermione. Lorsque tu laisseras errer ton esprit du côté de la salle commune des Serpentard…
Harry rougit, bien que ce fût la dernière des choses qu'il souhaitait faire. Heureusement, son miroir se troubla à ce moment précis.
Harry songeait qu'il ferait bien de demander à Hermione d'enchanter les miroirs de manière à ce que elle et Ron puissent se parler sans avoir besoin de lui. C'était très gênant de devoir garder un contact visuel avec Ron, qui n'avait d'yeux que pour Hermione. Ils ne se parlaient pas, d'ailleurs. Ron souriait bêtement. Il lui faisait répéter son emploi du temps de la journée, celui de la journée suivante ainsi que des heures à venir, pour mieux penser à elle disait-il. Il était beaucoup plus volubile quand elle n'était pas là. Même s'il ne parlait que d'elle. Lui n'avait rien à dire. Il ne voyait personne, sauf ses parents qui parlaient de choses totalement insignifiantes en leur présence. Bill se faisait reprendre constamment par leur mère dès qu'il laissait échapper une parole malheureuse. Tonks n'osait ouvrir la bouche, les rares fois où ils déjeunaient en sa présence. Mondingus semblait être atteint d'un Silencio perpétuel. Et Maugrey… Eh bien, Maugrey ne faisait que de rares apparitions. Il entendait parfois le bruit caractéristique de sa prothèse sur le sol, assourdi par le tapis du couloir, mais il ne s'était pas encore trouvé assez longtemps avec lui dans une pièce pour juger de son humeur. Quant aux jumeaux, ils avaient juré la main sur le cœur à leur mère de ne pas aborder un sujet ayant un rapport quelconque avec l'Ordre devant leurs frère et sœur. Et ils s'y tenaient ! au grand dam de Ron qui avait compté sur eux pour en savoir plus de ce qui manifestement se tramait au septième étage du Delacour Trade Hôtel. Il avait terminé tout son travail à rendre à la rentrée en quelques jours. Et il avait attaqué les révisions pour les examens de fin d'année. C'était bien la première fois que cela lui arrivait, dit-il à Harry en riant tristement. Mais il n'avait rien d'autre à faire… A part contempler le dessin que Dean avait fait d'Hermione et que Ginny lui avait offert pour son anniversaire. Et cela même lui mettait au cœur une mélancolie qu'il n'aurait jamais cru éprouver pour quiconque. Comme il n'avait personne sous la main à assommer de ses jérémiades et que pleurer sur son sort n'aurait guère fait passer le temps plus vite, il préférait avancer dans son travail, certain qu'Hermione devait faire de même de son côté. Ainsi, auraient-ils plus de temps l'un pour l'autre quand ils se retrouveraient à la rentrée. Harry l'écoutait patiemment. Lui même n'avait pas grand-chose à lui apprendre, une fois qu'il l'eût mis au courant des intentions de Malefoy de monter son propre club de Duels… Ron avait frissonné d'angoisse. Puis il avait froncé les sourcils :
- Tu crois qu'ils vont s'entraîner à lancer des Doloris et d'autres Impardonnables ? demanda-t-il à Harry.
- Je ne sais pas, réfléchit Harry. Peut-être…
- Et sur qui crois-tu qu'ils vont s'entraîner ? Les uns sur les autres ?
- Peut-être… répéta Harry. Connaissant Malefoy, il est capable de désigner l'un de ses camardes pour servir de cobaye… A moins qu'ils n'utilisent des Elfes de Maison…
- Si c'est cela, il faudra qu'Hermione ne l'apprenne jamais… émit Ron faiblement. Pour sa propre sauvegarde… et celle de ces abrutis de Serpentard…!
Harry sourit à son ami. Il avait les préjugés tenaces… Il devait admettre que lui même avait du mal à se départir d'une certaine méfiance. L'attitude de McGregor n'était pas étrangère à cette opinion mi-figue mi-raisin. Ils s'étaient retrouvés quelques fois dans la salle des Quatre Maison, et il savait qu'Hermione et elle avaient conversé ensemble chez les Préfets, sans qu'elle eût fait une quelconque allusion aux intentions de Malefoy de former son propre club de Duels. Hermione avait suggéré qu'elle voulait peutêtre se charger de l'affaire en interne, afin que le linge sale de Serpentard ne fût pas exposé aux yeux des autres Maisons. Harry se demandait d'ailleurs si parmi ceux qui étaient prêts à suivre Malefoy, il ne se trouvait que des Serpentard. Ron lui avait précisé, lors de leur propre répartition, que la plupart des sorciers qui avaient mal tourné –pudique expression de sa part pour désigner ceux qui avaient juré allégeance à Voldemortétaient issus de cette Maison. Les autres Maisons étaient-elles à l'abri des dissensions qui couvaient chez Serpentard ? A Gryffondor, en tous cas, il n'avait jamais rien entendu qui pût faire penser qu'un ou plusieurs de ses condisciples pouvait se ranger du côté du Seigneur des Ténèbres.
Lorsque Hermione n'était pas là, Ron demandait à Harry ce qu'elle faisait de ses journées, qui elle voyait, si elle parlait de lui. Harry lui assurait qu'il lui manquait autant qu'elle lui manquait. Elle avait simplement une autre manière de le montrer. Il devait reconnaître qu'après tout il préférait l'activité débordante d'Hermione à la mélancolie de Ron. Et sa fâcheuse tendance à vouloir l'entraîner avec elle sur la pente ardue du travail acharné l'aidait à oublier pour un temps ses propres préoccupations. Il voyait en effet arriver avec appréhension le premier anniversaire de la mort de Sirius. Il recommençait à rêver de la salle de la Mort. Il entendait chuchoter ces voix sans pouvoir comprendre ce qu'elles murmuraient. Il s'imaginait qu'elles l'appelaient, car il devrait être de l'autre côté de l'Arche depuis longtemps. Puis il voyait la chute interminable de Sirius derrière le Voile. Il tendait les mains vers lui, ses pieds restaient fixés au sol et il ne pouvait que crier son nom pour couvrir le rire de Bellatrix Lestrange qui lui perçait le cœur, l'âme et les tympans. Il songeait aussi qu'après les examens, les vacances d'été suivraient de près. Il se demandait s'il retournerait à Privet Drive. Il espérait que non. Il faisait dans sa tête la liste de toutes les raisons en défaveur de son retour chez les Dursley. Les cours avec Rogue en étaient la principale. Il sentait ensuite que toutes les protections autour de lui s'effaçaient peu à peu. La Protection du Sang n'était plus aussi efficace depuis que Voldemort avait pris le sien pour revenir à la vie. Dumbledore le présumait sans doute puisqu'il l'avait mis à l'abri à Poudlard. La maison des Black n'était plus un refuge certain depuis que le Sortilège de Fidelitas avait été levé pour protéger le nouvel emplacement de l'Ordre ; et surtout depuis que Nagini s'y était introduit pour tuer Kreattur. L'Hotel Delacour pourrait peutêtre l'accueillir quelques temps, seulement de manière provisoire. L'Oncle Vernon avait l'habitude de dire qu'il ne fallait jamais mettre tous ses œufs dans le même panier… et il avait raison même s'il en coûtait à Harry de le reconnaître. Il lui faudrait peutêtre à nouveau rester à Poudlard ; Poudlard à présent préservé de la convoitise de Voldemort grâce à leur intervention dans la Chambre des Secrets. Du moins, il l'espérait.
C'était une impression confuse. Comme un malaise diffus en lui. Il revoyait souvent les yeux rouges de Nagini qui fixaient son esprit pour insuffler le doute en lui. Le prochain face à face serait le dernier, lui avait assuré Voldemort et Harry savait depuis longtemps qu'il ne pourrait plus se cacher longtemps. Les efforts de Dumbledore et de l'Ordre pour tisser autour de lui un réseau invisible de protections seraient bientôt vains. Il lui arrivait parfois de le souhaiter, afin d'en finir avec l'attente et l'incertitude. Il travaillait avec Rogue d'arrache-pied. La hâte et la rigueur que le Professeur lui aussi mettait dans son enseignement le confortaient dans cette impression d'urgence. Il attendait le cœur battant d'impatience les cours avec Rogue. Il se cachait sous sa cape d'invisibilité pour se rendre dans le cachot du Maître de Potions, afin qu'on ne s'interrogeât pas sur la fréquence de ses allers-retours dans les quartiers des Serpentard. Il commença à s'entraîner sous les directives d'Hermione aux sortilèges de Métamorphoses et d'Enchantements. Rogue s'étonna même de ses connaissances, qu'il ne pensait pas si avancées. Harry s'étonnait lui-même. Hermione, elleétait la seule qui ne doutait pas de ses capacités.
- Ce qui te manque souvent, Harry, lui dit-elle le vendredi soir de la première semaine de vacances, tandis qu'ils revenaient du laboratoire et se rendaient à leur salle commune, ce n'est qu'un peu de motivation.
Harry lui fit une grimace.
- Tu parles d'une motivation, murmura-t-il. Se retrouver face au plus puissant des mages noirs de tous les temps, avec la quasi certitude de ne pas sortir vivant de cette entrevue…
Hermione ne répondit pas tout de suite.
- Comment ça se passe avec Rogue ? demanda-t-elle enfin.
- Bien, répondit Harry.
Il se mit à rire, d'un rire un peu narquois.
- En fait, il fait comme si je n'étais pas moi, et moi comme s'il n'était pas lui. C'est très étrange comme situation. Mais cela marche.
Il hésita, puis sourit pour lui-même :
- J'espère qu'il pense que je suis aussi bon élève que je trouve qu'il est un bon maître… Mais ne va surtout pas tirer de conclusions stupides ! l'avertit-il comme elle souriait également. Et ne le répète à personne ! C'est peutêtre un bon professeur, mais il est une personne exécrable ! Et je comprends tout à fait pourquoi personne ne l'aime.
Hermione n'eut pas le temps de répondre. Le Professeur McGonagall s'avançait vers eux le pas décidé et le visage un peu contrarié.
- Ah ! fit-elle, sarcastique. Vous daignez réapparaître ! Je vous cherche depuis des heures !
Harry sentit la main d'Hermione serrer son poignet avec appréhension.
- Il est arrivé un malheur, Professeur ? demanda-t-elle, la voix cassée par l'émotion.
- Non ! la rassura McGonagall, en changeant de visage.
Ses yeux s'adoucirent derrière ses lunettes carrées.
- Allez chercher quelques affaires de rechange pour le week-end, leur conseilla-t-elle à voix basse. Le Professeur Dumbledore vous attend dans son bureau. Il pense que vous saurez l'aider à convaincre Molly Weasley de lever la punition qu'elle inflige à ses enfants.
Hermione sauta de joie. Elle retint le cri d'enthousiasme qu'elle avait à la bouche et courut la première vers la tour des Gryffondor. Harry remercia McGonagall et la suivit d'un pas à peine moins vif. L'idée de passer le week-end en compagnie de ses amis lui souriait réellement, d'autant qu'il savait qu'Hermione avait prévu de ne le laisser oisif ni lendemain ni même le surlendemain.
Hermione attendait Harry dans la salle commune. Elle avait avec elle un petit sac à dos et deux livres de cours dans les bras. Harry faillit éclater de rire.
- Tu crois que Ron te laissera un moment pour feuilleter tes bouquins ? lui demanda-t-il. Tu penses vraiment qu'il supportera que tu tournes ton attention ailleurs que sur lui, après une semaine d'absence et ce qui s'est passé juste avant son départ ? Tu veux vraiment le rendre fou, Hermione ?
Hermione jeta un regard à ses livres. Elle hocha la tête :
- Ce n'est pas pour moi, Harry. C'est pour toi. Je savais bien que tu ne penserais pas à les emporter.
Elle passa devant lui pour soulever le panneau qui masquait l'entrée de la salle, Pattenrond sur les talons. Harry la suivit, bien décidé à ne pas se laisser gâcher son week-end. D'ailleurs, il était bien certain que Ron ne lui laisserait pas une seconde pour s'occuper d'un autre que lui. Il se demanda si les Weasley était averti de leur arrivée prochaine et il espérait que non. Il riait déjà à la surprise qu'ils allaient leur faire.
Dumbledore les accueillit d'un sourire bienveillant. La théière portoloin était déjà sur son bureau.
- Que diriez-vous si nous ramenions les Weasley avec nous à la fin de ce week-end ? Je suis certain qu'ils s'ennuient… et il n'est pas bon de laisser des jeunes gens de leur âge se morfondre alors que les beaux jours pointent leur nez.
Il leur désigna la théière. Ils posèrent leur main dessus en même temps et la pièce se mit à tourner autour d'eux.
