Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.


Ayako : Une question tu le tires d'où le nom de Jezebel?(De la bible je pense mais où?)
de la Bible en effet, duLivre des Rois pour plus de précisions… Jézabel (Jezebel en anglais) est la femme d'Achab et mère d'Athalie (cf la tragédie de Racine…), instigatrice des persécutions contre les prophètes juifs, et réputée sorcière, prêtresse de Baal. Archétype de la femme avide de pouvoir et immorale.

Tu sais que t'es pire que moi pour Sev? tu en fais presque l'homme parfait que toutes les femmes veulent avoir (si bien sûr on lui met un sort presque permanent de Silencio) guerisseur, passioné par son boulot et surement cuisinier émérite (bin vi quand on est passé maître dans l'art de coconcté une potion, une recette de cuisine c'est pas ce qui fait le plus peur...) il a évidemment de bon points pr plaire ;p... : oui, mais quel caractère de cochon !

Croockshank
A quand un peu de rigolade? Je m'inquiète... Serais-tu une réincarnation de JKR si parfaite que tu nous entraînerais dans une atmosphère de plus en plus sinistre? Comptes-tu faire mourir quelqu'un? Je frissonne... C'est comme dans la vie… des moments tristes et mélancoliques. Des moments gais. Et parfois des moments gais dans les moments tristes et vice versa… Mais bon… c'est pas une fic comique quand même.

Bienvenue à Mimi Geignarde ! On va se croiser encore quelques fois dans les couloirs et dans des lieux plus… comment dire… intéressants…

Ainsi qu'à Popov… je sais que ce n'est pas facile de reviewer… Tu peux simplement dire ce que tu as aimé, ou pas… toutes les critiques sont bonnes à prendre quand elles sont argumentées…

Et un merci à Belphégor de me re-lire encore !

Et pour rassurer Ayako : je ne visais personne en particulier en ce qui concerne le langage SMS… et merci d'avoir fait l'effort.

J'espère n'avoir oublié personne... Si j'ai zappé quelque question rappelez-la moi...

Alors, on va enfin savoir ce que Percy a ENCORE ! fait !


Chapitre 56

Percy

Lorsque Hermione était entrée dans l'appartement que Fleur partageait à présent d'une manière officielle avec Bill Weasley, elle avait été saisie par la vision de Percy sur le divan clair taché de sang.

Le jeune homme avait changé. Il n'était plus mince, il était maigre. Son visage émacié portait le masque de la douleur et de la peur. Adossé au fauteuil, il serrait contre lui le bras de Bill qui le retenait. Dans ses yeux, derrière ses lunettes tordues, Hermione vit passer un éclair d'incompréhension quand il la vit entrer. Elle se ressaisit et s'avança vivement vers lui en essayant de sourire.
- Bonjour, Percy, dit-elle d'une voix qui tremblait un peu. Remus est allé chercher un guérisseur. Je suis venue voir ce que je pouvais faire en l'attendant.
- Je croyais que tu ne voulais pas devenir médicomage, s'étonna Bill malgré lui.
Hermione sourit. Elle ne répondit pas pourtant. Elle avança les mains vers la robe déchirée de Percy. Il resserra davantage le bras de son frère contre lui. Mr Weasley s'avança à son tour.
- Laisse la faire, Percy. Il faut d'abord voir quels sont les dégâts…
- Ça fait mal… murmura Percy.
Il laissa Bill découvrir sa poitrine. Hermione retint un frisson.
- C'est un sortilège de lacération ? demanda-t-elle d'une voix blanche.
- Non, répondit Arthur doucement en caressant les cheveux roux de Percy. C'est cette ordure de Pettigrew…
Percy souffla le nom de Croûtard. Il ferma les yeux tandis que sa poitrine se soulevait rapidement au souvenir de la bataille avec cet homme pour qui il éprouvait du dégoût.

Hermione examina les plaies avec inquiétude. Elles étaient profondes et le sang s'en échappait encore. Elle questionnait et Percy répondait dans un râle. C'était la main d'argent de Pettigrew qui l'avait blessé et cela sembla rassurer à demi Hermione. Les brûlures autour des plaies étaient dues à un sortilège qu'il lui avait lancé à bout portant avant de fuir. Percy ignorait lequel. Tout ce qu'il réussit à dire c'était que depuis il avait du mal à respirer. Hermione vérifia aussitôt que ses réflexes fonctionnaient. Elle constata avec soulagement qu'il bougeait normalement, malgré ses forces qui s'affaiblissaient. Il montra sa gorge et fit signe qu'il manquait d'air.
- Le sortilège de l'Etau ! s'écria Bill aussitôt.
Il sauta sur sa baguette qui gisait au sol entre les linges dont il s'était servi pour nettoyer les blessures de son frère. Il prononça la formule pour faire cesser le sortilège et Percy se remit à respirer normalement, le souffle encore un peu court toutefois.
- Quelques côtes cassées, je le crains ! dit-il à son père. Mais c'est un moindre mal.
Il revint vers Percy qu'Hermione allongeait sur le divan. Elle déchira la robe tout du long. Les trois entailles sanguinolentes descendaient jusqu'au ventre et ses sous-vêtements faisaient une charpie sanglante que les griffes d'acier de son agresseur avaient enfoncée dans les chairs.
- Il ne m'a pas laissé voir, disait Bill effrayé. Il voulait que j'écrive des noms. Il disait que c'était urgent et qu'il allait mourir, qu'il fallait absolument que j'écrive les noms de ces ordures.
- Pas les laisser courir… murmura Percy. Les sagouins ! Les ordures !

Il laissa sortir de sa bouche, entre deux gémissements de douleur, une litanie de grossièretés toutes plus insultantes les unes que les autres. Bill et Arthur échangèrent un regard inquiet. Etait-il en train de perdre à nouveau la raison ? Percy appela son père qui s'approcha aussitôt.
- Je les ai reconnus ! ils avaient tous un sac sur la tête, mais je les ai reconnus… J'ai déjà entendu leurs voix. Quand ils sont venus me voir. J'ai une excellente mémoire des voix, moi…
Il s'interrompit car Hermione retirait des lambeaux de vêtements de ses blessures, tandis que Bill comprimait la plaie avec un linge pour empêcher le sang de couler. Il reprit son souffle quand la douleur fut un peu passée.
- Granger, si je m'en sors encore une fois, je te jure que tu vas me le payer… et toi aussi Bill.
Il se laissa aller sur le divan, renonçant à parler davantage. Lentement, avec des gestes précis de la baguette, Hermione retirait peu à peu les souillures de la blessure de Percy. Elle luttait contre la nausée et se concentrait sur ses gestes. Elle revoyait ceux d'Hagrid sur Pattenrond lorsqu'il soignait ses blessures quelques mois plus tôt. Elle fit la liste des remèdes et des pommades dont ils auraient besoin pour désinfecter et cicatriser les plaies, si le guérisseur qui viendrait ne trouvait aucune complication supplémentaire.

Mr Weasley était anxieux. Le visage de son fils était de plus en plus pâle. Ses joues se creusaient davantage et les ailes de son nez paraissaient se coller l'une à l'autre quand il respirait. Il fallait l'empêcher de perdre conscience pour espérer le garder encore avec eux.
- Percy ? appela-t-il doucement. Parle-moi, Percy. Raconte-moi ce que tu faisais au Ministère aujourd'hui…
Percy releva les paupières lentement.
- Terminer le travail… dossiers pour lundi, murmura-t-il. Entendu du bruit et sorti dans le couloir…

Peu à peu il se remémora comment il avait ouvert la porte de son bureau à la fois surpris de voir qu'il n'était pas le seul à montrer un zèle somme toute méritoire, et outré qu'on se permît ainsi de gêner la concentration des autres. Il s'était dirigé vers le bureau d'où provenaient les éclats de voix, vers le vacarme qui s'amplifiait. Et il l'avait vu, alors qu'il tournait le coin du couloir. Il était sous sa forme de rat, mais il l'avait reconnu. On ne passe pas treize ans avec une créature aussi abjecte sans en garder le souvenir ancré dans la mémoire. Il prit la même direction que Croûtard, allongeant le pas. C'est à peine s'il remarqua qu'il se dirigeait vers le bureau de son père. Il ne le réalisa que lorsqu'il vit les portes ouvertes, des mangemorts qui tentaient de prendre la fuite sous l'assaut d'autres personnes dont certains étaient des Aurors du Ministère. Son père était au centre de la pièce, sa baguette à la main et sa robe brûlée.

Il était resté au milieu du couloir, sans savoir que faire, pris entre le désir de retrouver Pettigrew pour lui faire regretter de n'avoir pas été tué par Sirius Black et l'envie irrésistible de prendre ses jambes à son cou dans la direction opposée. Il n'avait repris ses esprits que lorsque Croûtard avait retrouvé sa forme humaine sous ses yeux effarés. Il l'avait vu lever sa baguette depuis le pas de la porte et la brandir contre son père. Il avait hurlé "Papa " et s'était jeté sur le dos de Pettigrew. Ils étaient tombés tous les deux, avaient roulés dans la cohue. Il s'était agrippé au cou de cette sale engeance. Il entendait des cris autour de lui. La voix de son père qui criait son nom et celles de ces hommes qui s'interpellaient. La surprise, quand il les avait reconnues, l'avait mis à la merci de Pettigrew. Il avait crié leurs noms à son tourà ces racailles. Et soudain il n'y avait eu que la douleur dans son ventre et ses côtes qui l'enserraient à l'étouffer.

D'une voix haletante, il raconta comment plusieurs semaines auparavant, des collègues étaient venus le trouver dans son bureau à l'heure du déjeuner qu'il prenait solitaire. Il s'était un peu étonné. Il ne voyait jamais personne et soudain trois membres de l'éminent département de la justice magique venaient le voir manger son sandwich aux cornichons. Il avait cru qu'ils venaient lui annoncer un prochain retour en grâce et il les avait laissé parler. De ce morveux de Potter qui avait fait du tort à Mr Fudge. De Dumbledore qui manipulait le nouveau Ministre à sa guise. Seul Fudge serait à même de lutter contre Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Lui seul avait le pouvoir de faire taire la terreur qui s'installait et d'éviter que des "accidents" comme celui qui lui était arrivé durant l'été précédent ne se reproduise. Il les avait cru quand ils lui avaient assuré qu'ils étaient vraiment désolés pour lui, et qu'ils s'offusquaient que le nouveau Ministère l'ait relégué à des tâches subalternes, lui, le plus zélé, le plus compétent des représentants de l'ordre et de la justice magique de ce pays. Ils étaient revenus, discrètement, jour après jour, lui assurer qu'ils travaillaient à sa réintégration dans sa fonction initiale. Puis, un jour, ils lui avaient parlé des liens que sa famille entretenait avec Potter. Ils avaient prétendu que ce ne serait pas un mal si ce gosse disparaissait de la circulation. Dumbledore ne pourrait plus se servir de lui contre Fudge et l'ancien ministre aurait le champ libre pour revenir au pouvoir. Il lui serait sûrement reconnaissant d'avoir aidé à son retour sur la scène politique. Et là aussi, il les avait cru. Il avait profité de ses courriers à sa sœur pour poser quelques questions anodines sur Harry Potter et essayé aussi de renouer un contact plus fort avec son frère qui, il le craignait, fréquentait encore assidûment celui qu'il considérait comme un ami sûr. Ses collègues notamment s'intéressaient au lieu où serait Potter dans les semaines et les mois à venir, quand il quitterait Poudlard.

Percy s'interrompit, haletant. Il observa à travers ses paupières mi closes Hermione Granger qui agitait sa baguette au dessus de son ventre douloureux. Pourquoi la laissait-ils faire ? Elle n'était pas médicomage. Elle n'était même pas en Septième Année. Pourquoi ses parents avaient-ils la manie de faire confiance à de fichus étrangers ? Il réussit à lever la main vers le bras de la jeune fille. Hermione tourna la tête vers lui.
- Tu as l'air d'aller mieux que la dernière fois qu'on s'est vu… ânonna-t-il avec difficulté.
Hermione fit une grimace.
- J'aimerai en dire autant de toi…

La porte de l'appartement s'ouvrit brusquement. Lupin céda le pas à Rogue. Le Professeur de Potion bouscula un peu Hermione. Il posa la sacoche qu'il portait contre lui sur le tapis et s'agenouilla devant le canapé. Il examina les plaies, fronça les sourcils et interrogea Arthur sur les circonstances de la blessure. Hermione expliqua, d'une petite voix, ce qu'elle avait fait en l'attendant dans la perspective de soins ultérieurs. Elle attendait, la tête dans les épaules, le verdict de son professeur. Rogue ne dit rien. Il sortit une fiole dont il vida le contenu sur la longueur des lésions. Hermione reconnut le même remède qu'il avait administré à Ron lors de sa bagarre avec Malefoy dans les couloirs de l'école. Elle saisit les mains de Percy dans la sienne, et passa son bras sous sa nuque pour serrer sa tête contre elle. Percy poussa un long cri étouffé contre le cou d'Hermione et son corps se souleva dans une convulsion douloureuse. Arthur retint Bill qui s'avançait pour repousser Rogue. Lupin fit un pas en avant, la main levée, vers le jeune homme pour l'inciter au calme.

Ça ira pour le moment, dit le Professeur Rogue. Joli travail, Miss Granger. Vous pouvez disposer à présent. Ce ne sont pas de jolies blessures, j'ai besoin de plus de remèdes que je n'en ai apporté, ajouta-t-il à l'intention de Mr Weasley. Et d'un calmant puissant. Lupin, préparez-vous à repartir. Le professeur McGonagall vous fournira ce dont j'ai besoin. Mr Weasley, il faut trouver un endroit calme pour ce garçon, et sûr.

Il se pencha sur le visage de Percy et souleva ses paupières.
- Weasley, restez avec nous ! Vous avez décidemment la manière pour vous mettre dans des situations impossibles… C'est de famille je suppose !
Il se leva, fit apparaître sur la table un encrier, un plume et une feuille de parchemin. Il allait se mettre à écrire lorsqu'il se ravisa. Il tourna la tête vers Hermione :
- Puisque vous êtes encore là, Granger… qu'est-ce qui me fera besoin pour soigner ce jeune imprudent ?
Hermione s'avança d'un pas.
- Tout d'abord, Professeur, il faudra lui administrer un peu de Goutte du Mort-Vivant pour l'anesthésier pendant que vous opérerez.
Rogue griffonna sur son parchemin.
- Ensuite ?
- Il faudra désinfecter mieux que je n'ai pu le faire. Je crains que le contact avec Pettigrew ne soit vraiment malsain.

Rogue hocha la tête. Il écrivit quelques mots tandis qu'Hermione expliquait ce qu'elle ferait, elle, si elle avait en charge un patient tel que Percy. Rogue replia le parchemin et le tendit à Remus.
- C'est bien, Miss Granger, c'est à peu près ce que j'aurais fait aussi… Il est dommage que vous ne souhaitiez pas devenir guérisseuse…
Lupin appela Hermione d'un tapotement sur son épaule.
- Que dois-je dire à Molly ? demanda-t-il.
- Rien encore, répondit Rogue avec un regard sur Percy.

Hermione trempa les lèvres dans le thé que Deepher lui avait préparé. Il était tiède. Ils avaient voulu qu'elle parlât d'abord, sans presque lui laisser le temps de respirer. Ensuite les questions étaient venues, sur la gravité des blessures, sur les raisons de la présence de Percy au Ministère, sur ces hommes qu'il disait avoir reconnu. Elle répondait comme elle pouvait, ce qu'elle avait compris, ce qu'elle avait déduit de ses paroles parfois incohérentes. Tout ce qu'elle pouvait leur dire, c'était que Percy n'était pas avec ceux qui avait attaqué Arthur, qu'il avait été blessé par Pettigrew en voulant l'empêcher d'atteindre son père, et qu'il n'était pas hors de danger.
- Mais, demanda Mrs Weasley, pourquoi ne peut-on l'emmener à Ste Mangouste ?
- Je suppose que ce serait le premier endroit où ces hommes qu'il a reconnu iraient le chercher pour l'empêcher de parler davantage…
Harry ouvrait la bouche pour la première fois depuis des heures.
- Je viens d'avoir une excellente idée en ce qui concerne l'utilisation de l'argent de Sirius, Mrs Weasley. Un hôpital de campagne serait fort utile à l'Ordre par les temps qui courent, qu'en dites-vous ?
- Nous avons déjà contacté divers guérisseurs de Ste Mangouste, avoua celle-ci. Jusqu'à présent, ils se sont toujours débrouillés pour soigner les membres de l'Ordre sans attirer trop l'attention. Mais la sécurité reste précaire. On ne peut chaque fois et pour chacun de nos blessés déployer un service de sécurité comme nous l'avions fait pour toi, ma chérie, ajouta-t-elle en caressant la joue d'Hermione. Bien sûr, si nous pouvions aménager les bureaux qui restent vacants et garder sur place le matériel qu'il faut… Il suffirait de faire venir les médicomages quand nous en aurions besoin. En espérant ne pas avoir à faire appel à eux trop souvent.

Elle soupira fortement, au moment où Fleur entrait dans la cuisine.
- Oh ! Mais c'est insensé ! s'écria-t-elle. Je n'ai même pas pu entrer chez moi ! Cet horrible Professeur Roquet m'a proprement jetée dehors de mon appartement ! Savez-vous donc ce qui se passe ?
- Percy est allongé sur ton divan, il a mis du sang partout, il va peutêtre mourir et son fantôme hantera pour toujours ton appartement ! lui dit Ron très sérieusement.
- RON ! cria Mrs Weasley, ouvrant enfin les vannes de sa profonde angoisse. COMMENT OSES-TU PLAISANTER ALORS QUE TON FRERE EST A L'AGONIE !
Fleur pâlit.
- Alors c'est vrai ? murmura-t-elle. C'est bien vrai qu'il y a du sang partout dans la maison ?
Deepher fut près d'elle en un claquement de doigts. Il prit sa main et lui dit d'un air ravi :
- Miss Fleur ne doit pas être inquiète. Deepher nettoiera tout. Miss Fleur veut une tasse de thé ?
- Donne lui plutôt toute une théière d'infusion de coquelicot, fit Ginny en pouffant de rire.
Sa mère se tourna vers elle, encore plus furieuse.
- HORS D'ICI ! Allez réfléchir dans votre chambre à votre attitude indigne ! Moi, il faut que je prépare le repas de midi.
La plus profonde déception se peignit sur le visage grimaçant de Deepher. Fleur se laissa tomber sur une chaise et retint Harry pour qu'il lui raconte ce qui était réellement arrivé. Ginny se sauva et Ron entraîna Hermione avec lui dans le petit salon.

Lupin fut absent plus longtemps que Mrs Weasley ne l'escomptait. Il repartit presque aussitôt sans l'autoriser à aller auprès de son fils. Tonks fit elle aussi une courte apparition pour venir chercher Arthur. Molly vérifia qu'on avait pensé à soigner les blessures de son mariéclipsées par celles de Percy. La métamorphomage et Mr Weasley quittèrent l'appartement, en main la liste de noms que Percy avait dictés à Bill. Harry réussit à se débarrasser des questions de Fleur et s'enfuit de la cuisine. Il traversait le couloir comme Ginny sortait de sa chambre.
- Je t'attendais, dit-elle. Ron et sa Hony sont dans le petit salon et je commençais à m'ennuyer toute seule.
- Pourquoi ne pas les avoir rejoints ? demanda Harry.
- Est-ce que j'ai une tête à tenir la chandelle ? répliqua Ginny. Eh Harry ! Faut descendre sur terre de temps en temps ! Je comprends pourquoi tu as mis si longtemps à remarquer le manège de McGregor !

Ils entrèrent dans le salon. La tête de Ron et un bout des cheveux d'Hermione dépassaient du dossier du fauteuil qui leur tournait le dos.
- Fichez le camp ! Qui que vous soyez ! grogna la voix de Ron.
- Vous avez eu tout le temps pour vous bécoter, répondit Ginny en refermant la porte du salon derrière elle. Et plus que tu ne nous en as laissé à Noëlà Dean et moi !
- Je croyais que tu avais oublié, fit Ron dans une grimace.
- La vengeance, mon cher frère, est un plat qui se mange très froid ! répliqua Ginny en se laissant tomber dans le fauteuil en face de celui où Ron et Hermione se tenaient serrés l'un contre l'autre.
Harry prit le sofa pour lui tout seul. Il étendit ses jambes et retira sa baguette de la poche arrière de son pantalon pour jouer avec elle. Il songea à Maugrey l'espace d'un instant et il faillit sourire. Une réflexion de Ron l'en empêcha.
- Qui sera le prochain ? demanda-t-il. Bill ?
Harry comprit aussitôt qu'il faisait allusion à ce rêve, où il avait entendu Pettigrew, Malefoy et Voldemort menacer sa famille.
- Je comprends… fit Hermione à voix basse. Oui, je comprends à présent ce que voulait dire Drago Malefoy quand il a dit que "d'autres" se chargeraient de ta famille, Ron. Et je comprends aussi les phrases bizarres dans les courriers de Percy.
- Quelles phrases bizarres ? demanda Ginny.
Hermione ferma les yeux pour se souvenir des mots exacts.
- Si Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom ne se chargeait pas de lui bientôt, d'autres qui lui reprochaient la destitution de Monsieur Fudge ne se priveraient pas de régler son compte à ce petit morveux… cita-t-elle. En tous cas quelque chose du même genre…
- Apparemment, fit Harry, il ne se doutait pas que ceux qui s'étaient présentés comme des partisans de Monsieur Fudgeétaient en fait des Mangemorts qui espéraient savoir où je passerais mes prochaines vacances…
- Et moi qui trouvais qu'il était en train de changer d'avis… murmura Ginny. Je lui répondais volontiers que tu étais plus que jamais notre ami, et que nous espérions que tu passerais les vacances avec nous. Heureusement que je n'ai rien dit de l'endroit où nous devons les passer… parce que je n'en sais rien, en fait…
Elle se renversa dans son fauteuil et passa ses mains dans ses cheveux flamboyants.
- Mille gargouilles maudites ! On se demandait si on pouvait faire confiance à Krum et voilà qu'on ne peut même pas se fier à sa propre famille !

Hermione tressaillit. Elle ne dit rien cependant. Ron se tut. Harry se racla la gorge tout en remontant ses lunettes sur son nez. Il y eut un silence qui se prolongea jusqu'à ce qu'on frappât légèrement à la porte du salon. Tous les quatre crièrent "Entrez " en même temps, soulagé de cette diversion, quelle qu'elle fût. Les cheveux rouges de Tonks apparurent et son sourire leur fit du bien.
- Vous m'acceptez dans vos conciliabules secrets ? demanda-t-elle.
Harry lui montra le sofa tandis qu'il ôtait ses jambes du fauteuil. Elle s'avança à travers la pièce et lança à Ron un livre qu'il faillit prendre sur la tête.
- Désolée, Ron ! dit-elle en s'asseyant à côté d'Harry.
Ron feuilleta le livre. Il s'exclama :
- Génial Tonks ! Tu l'as retrouvé !
Il montra avec ravissement la couverture à Harry. "Code du Transplanage" réussit à lire ce dernier depuis sa place.
- Génial ! répéta celui-ci. On va pouvoir commencer à l'étudier pour passer notre permis au mois d'août !
- Maman ne va pas être contente, pouffa Ginny. Elle était persuadée que tu ne le retrouverais pas, vu que toutes tes affaires ont été détruites avec ton appartement.
Tonks lui adressa un clin d'œil.
- L'était pas dans mon appartement ! L'était au bureau ! J'ai besoin de me rafraîchir la mémoire de temps en temps ! Et puis quand je fais une promesse, en général, c'est que je sais que je pourrais la tenir ! Au fait, les garçons, Charlie m'a dit que vous vouliez devenir Aurors ? J'ai tous les bouquins au bureau ! Si ça vous tente d'un jeter un œil d'ici la fin de vos études, histoire de savoir dans quoi vous mettez les pieds ?

Harry et Ron la remercièrent tandis qu'Hermione feuilletait le Code à son tour. Si un tel ouvrage existait, c'est qu'il devait être possible d'apprendre à transplaner dans les livres.
Tonks l'observait tourner les pages avec intérêt et murmurer "C'est passionnant ! C'est vraiment passionnant " Elle parut se rendre compte que Ron et elle partageait le même fauteuil. Elle donna un coup de coude à Harry et de l'index lui montra les deux jeunes gens. Harry haussa une épaule et Ron surprit le hochement de tête de Tonks qui lui fit un clin d'œil à lui aussi.
- Hum ! fit soudain Ginny. Tu as eu des nouvelles de Charlie, aujourd'hui ? demanda-t-elle.
- Non, répondit Tonks. Avec tout ça, Arthur a raté la vacation. Il réessaiera ce soir…
Elle n'avait pas terminé sa phrase que Fleur se ruait dans le salon et sur elle pour la saisir par le bras.
- Tonks ! Il faut vraiment que tu viennes mettre la panique dans la cuisine ! S'il te plait ! S'il te plait !
Elle l'obligea à se lever et commença à l'entraîner avec elle.
- Mais !…Mais !… s'esclaffait Tonks, décontenancée. Qu'est-ce qui se passe ?
- Elle a recommencé à parler mariage ! s'affola Fleur.
Tonks éclata de rire et la suivit, un bras posé sur les épaules effondrées de la jeune femme.

Les jeunes gens restèrent un moment dans le salon, avec leurs sentiments mêlés et leurs questions sans réponse. Le rire qui les avait saisi à l'entrée et la sortie de Fleur, s'estompait. Ginny répugnait à parler de ce qui se passait en Bulgarie devant Ron et surtout Hermione. Harry n'osait pas demander à Hermione ce qu'elle pensait de "l'histoire de famille" entre Sirius et Rogue alors que Percy quelque part dans l'immeuble luttait contre la mort. Hermione, comme d'habitude, cachait ses émotions entre les pages d'un livre. Puis Ron dit "J'ai faim "
Ils se levèrent et se rendirent à la cuisine où Tonks détournait allègrement, et à la plus grande joie de Deepher, les pensées de Mrs Weasley de son désir de marier l'un de ses fils.

Ils prirent leur repas rapidement et en silence. Tonks repartit retrouver Maugrey, qui réussit-elle à laisser échapper, interrogeait les Mangemorts qu'ils avaient arrêtés au Ministère. Il avait lancé sur les traces de ceux qui avaient fui les Aurors disponibles, grâce à la liste de Percy. Pettigrew, quant à lui avait une fois de plus échappé à la justice. Une voix dans la tête d'Harry murmura "les mailles du filet". Il fit un sourire amer que personne ne vit.

Bill arriva alors qu'ils se levaient de table. Il demanda à Fleur l'autorisation d'installer Percy dans l'un des bureaux inoccupés au dernier étage.
- Pourquoi pas ici ? s'étonna la jeune femme.
- Il n'est pas dans le secret, répondit Bill, un peu gêné.
Fleur hocha la tête.
- J'avais oublié, murmura-t-elle.
Elle quitta la table pour aider à mettre en place une chambre correcte, susceptible d'accueillir un grand blessé. Mrs Weasley voulut la suivre, espérant entrevoir son fils quelques minutes. Bill la retint à l'intérieur de l'appartement avec un sourire rassurant.
- Plus tard, Maman, quand il sera installé… lui promit-il en déposant un baiser sur son front.
Ginny, Ron, Hermione et Harry se retrouvèrent une fois de plus dans le salon. Au bout d'un long moment de silence Ron proposa à Harry une partie d'échecs, une vraie cette fois. Harry accepta plus pour éviter l'ennui que par envie réelle de jouer. Hermione se plongea dans le Code du Transplanage. Ginny s'enfonça dans le sofa et une douce torpeur commença à la gagner. Elle entendait les commentaires de Ron et le bruit des pièces qui explosaient sous les coups. Elle bailla et croisa les doigts : pourvu qu'on les oblige à retourner à Poudlard avant la fin des vacances, afin qu'elle ne mourût pas d'ennui d'ici-là.