Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Thomot512 : qu'était-ce que ces sois disant prédiction de Ron? de vrai prédiction, mais a se moment pk n'en a-t-il plus? ou des hasard (mais 4 d'affiler sa fais bcp). Ce sont ces fameuses phrases que dit Ron sans réfléchir…(comment ça c'est tout le temps ? ) Quand il a dit à Hermione qu'elle n'avait pas à user de sortilèges de coquette car elle était très bien comme ça et qu'à la rentrée tout le monde se retournerait sur elle… et que les garçons se bousculeraient pour l'emmener derrière le terrain de Quidditch et que Pattenrond risquait de ne pas revenir de sa ballade nocturne parce qu'il filerait le parfait amour avec Miss Teigne (celle de Rusard pas moi…) Tout ce qu'il a dit s'est réalisé : On se retournait sur Hermione lors de son retour de Ste Mangouste, il l'a emmenée derrière le terrain de Quidditch, et Pattenrond en effet n'est pas rentré de sa ballade… mais pas pour les raisons auxquelles il pensait à l'origine… Ce ne sont pas des prophéties, ce sont juste des bêtises qu'il a dite sans y penser et qui ont trouvé un écho dans la vie… Un hasard ? oui… mais qui sait ? Ron est peut-être plus perspicace qu'il ne le croit lui-même !
Frudule : Si je me souviens bien c'est contraint et forcé par l'imperium du "professeur Maugrey" que Krum avait lancé un doloris sur Cedric, non?
Dans ce cas il est pas vraiment responsable. puis avec toutes les indications qu'l avait donné dans sa lettre sur la necessite de mentir sur ses convictions en Bulgarie, ca m'etonne qu'ils l'accusent aussi vite (à part Ron!)d'être mangemort fini!
Nos amis seraient-ils proches du nervous breakdown?
Malice : Eh ! Eh ! Eh ! Moi j'aime bien Krum... et dans le tome 4 il est clairement expliqué qu'il ne lance l'impero sur Cedric qu'à cause du sortilège imperium de Croupton jr. Alors je trouve que Harry pourrait lui faire la justice d'en parler !
Oui, oui, oui ! Je sais tout cela et moi aussi je l'aime bien Viktor. Mais comme le dit Frudule, ils sont tous à cran. Ils ne savent que penser. A part Ron personne ne pense que Krum est un traître. Mais on ne sait jamais… et quand on ne sait rien on s'inquiète, surtout quand la vie de ceux qui nous sont chers est en jeu… L'incertitude et le doute, voilà aussi les armes dont use le Maître des ténèbres… Souvenez-vous ce qui est arrivé lorsque le soupçon planait sur les Maraudeurs quant à l'identité de celui qui risquait de trahir les Potter…
Titia : J'ai hate de voir un cours particulier de Rogue... Et surtout... Quand ? Quand Harry et Ellie se mettront ils ensemble ? Le cours c'est pour bientôt… Quant au reste… qui sait…
Ayako : Et j'ai aussi hate de voir la revanche d'Ellie sur Milicent, car si je fais les comptes des points elles sont à 1 partout, c'est pas bon pour le renom des McGregor... C'est surtout pas bon pour la Millicent, si tu veux mon avis…
Chapitre 59
Mises au Point
Harry devait reconnaître que chaque fois que ses pouvoirs s'étaient manifestés d'eux-mêmes, ils l'avaient fait quand il avait eu grand besoin d'eux. Souvent lorsqu'il était dans la détresse, toujours quand sa raison ne maîtrisait plus ses actes. Le sourire de Rogue l'agaçait au plus au point. Il crut qu'il allait encore lui faire remarquer combien il était novice et manquait d'expérience dans la magie. Il s'exhorta d'avance à la froideur qu'il voulait opposer à ses sarcasmes. Le professeur se tut et cela le crispa davantage que toutes les moqueries qu'il aurait pu lui servir. Il prit une inspiration pour empêcher sa hargne de monter à sa tête. Il serra les poings sur sa baguette. Rogue ne quittait pas son regard des yeux et semblait s'amuser beaucoup.
- Quand nous aurons terminé cette leçon, Potter, il faudra aussi que je vous apprenne à ne pas laisser vos yeux trahir vos pensées…
Harry sut qu'un éclair de colère passait dans son regard, au sourire goguenard que Rogue ne lui cacha pas. Il ferma les yeux dans un soupir d'exaspération tandis que le Professeur reprenait :
- Il semble que durant la majeure partie de votre existence, on se soit efforcé de vous faire oublier que vous étiez un sorcier… Le professeur Dumbledore pensait que l'immersion dans notre monde suffirait à faire ressurgir les pouvoirs qu'il est persuadé que vous possédez. Il est manifeste cependant que votre esprit obtus s'obstine à renier la part d'occulte qui réside en vous. J'avais formé l'espoir que mes cours intensifs vous ouvriraient les yeux. Il m'apparaît que vous êtes encore plus timoré et borné que je ne le croyais…
- Que voulez-vous ? l'interrompit Harry. Monsieur ? ajouta-t-il tandis qu'une lueur de ressentiment s'allumait dans l'œil d'ordinaire impassible de Rogue.
- Ce n'est pas ce que je veux, Potter, qui importe… grinça-t-il d'une voix basse. C'est ce que vous, vous voulez.
Harry ouvrit les yeux et la bouche tout grands.
- Vous voulez dire à part de vous voir quitter ma vie comme vous avez hâte de me voir quitter la vôtre ? réussit-il à dire, malgré la surprise.
- Exactement, Potter… siffla Rogue.
Il s'avança vers lui, dangereusement.
- Pour que je sorte de votre vie, comme pour que vous sortiez de la mienne, et que nos chemins n'aient plus à se croiser lorsque vous quitterez cette école, il n'y a qu'une chose à faire… Dumbledore est persuadé que la disparition du Seigneur des Ténèbres ne peut passer que par vous. J'ignore ce que cette incapable de Trelawney lui a glissé à l'oreille, mais il s'y fie assez pour vous considérer comme un instrument indispensable de la victoire. Et moi, j'ai assez perdu de temps…
Harry sentit sa baguette quitter sa poche sans que Rogue eût levé sa main. D'un geste vif, Rogue leva sa main gauche devant sa bouche et souffla au visage d'Harry une nuée de poudre multicolore. Harry porta les mains à sa gorge. Il manquait d'air. Comme s'il avait respiré une fiole entière d'ammoniaque. Il tendit sa main en avant, vers sa baguette qui prenait place dans celle du professeur.
- Non non non ! Potter ! Montrez-moi donc que vous valez le temps que j'use avec vous… Vous n'imaginez pas quelle joie se sera pour moi d'annoncer au professeur Dumbledore que les espoirs qu'il avait fondés sur vous se sont avérés vains… et que vous n'étiez pas celui que vous prétendez être.
La voix de Rogue était altérée et son visage distordu oscillait devant les yeux de Harry.
- Je… ne… prétends… rien…
Il entendait sa propre voix comme si elle fût sortie de quelqu'un d'autre. Rogue s'éloignait lentement. Son visage pâle concentrait toute la lumière de la pièce. Il faisait de plus en plus sombre. Il faisait de plus en plus froid.
- Qu'est-ce… que… vous… avez… fait… ? hurla Harry.
- Oh ! La panique ! vous me décevez Potter…
La voix était lointaine. Les lèvres de Rogue bougeaient au ralenti et le son de s'étirait de plus en plus.
- Sauvez-vous donc vous-même Potter avant de vouloir sauver le monde… Aucun de vos amis ne vous viendra en aide cette fois… Vous seul pouvez vous sauver de la mort.
Harry reconnut le froid qui s'infiltrait dans son corps et dans son âme. Il sentit l'effroi et le refus qui montaient en lui. Ils balayèrent l'affolement, la colère, la haine et l'incompréhension qui l'avait submergé quelques secondes auparavant. La lumière dans les yeux de Rogue s'éteignit. Il sombra dans la nuit de l'oubli, seul et désemparé.
La salle des Quatre Maisons était silencieuse. Hermione passait entre les tables, se penchant sur l'épaule des jeunes gens pour corriger un devoir ou répondre à une question. Ron levait de temps en temps la tête de ses livres pour observer la jeune fille. Elle n'avait pas l'air aussi bouleversé que le prétendait Ginny. Le frère et la sœur avaient eu une violente dispute dans les toilettes de Mimi Geignarde. Cette dernière leur avait d'ailleurs fait remarquer qu'il y avait d'autres endroits dans ce fichu château que ses quartiers pour y venir pleurer, crier, ouvrir des portes, rameuter les professeurs, et faire d'autres choses bizarres. Ginny ne s'était pas laissée démonter par la mauvaise humeur chronique du fantôme. Elle s'était simplement mise à crier plus fort que la malheureuse âme errante. Elle était furieuse et Ron pensait, non sans un frisson d'horreur, qu'elle ressemblait terriblement à leur mère dans la colère.
- C'est quand même pas moi qui ai forcé Krum à s'engager parmi les rangs de mangemorts notoires… dit-il enfin avec hauteur. Depuis le temps que je vous le disais que ce type n'était pas net ! Alors je ne vois pas pourquoi tu me reproches à moi le mal que lui a fait à Hermione. Et d'ailleurs, je ne vois pas non plus pourquoi elle serait si touchée que cela de voir enfin son vrai visage. A moins que les sentiments qu'elle éprouve pour lui soient plus forts que ceux qu'elle prétend ressentir
Il avait reculé de quelques pas tandis que Ginny pointait sa baguette sous son nez. A son grand soulagement, elle l'avait baissée aussitôt.
- D'accord, Ron. Krum est un traître. Il l'a toujours été. Il n'a jamais voulu se rapprocher d'Hermione. Il voulait obtenir par elle des informations sur Harry et sur l'Ordre. Il s'est lié d'amitié avec elle, il a prétendu qu'il l'aimait plus que tout au monde, il a obtenu d'elle sa confiance et plus peut-être… pour mieux anéantir tout ce en quoi elle croit, tous ceux à qui elle tient. La prochaine fois que tu voudras démontrer combien tu es bien plus clairvoyant que nous tous réunis, dis-lui donc qu'elle n'est qu'une cruche qui n'a jamais fait que se tromper sur toute la ligne. Ainsi, tu sauras pourquoi elle est malheureuse et tu pourras encore te mesurer à Krum pour ce qui est de la goujaterie. Je ne sais lequel de vous deux remporterait la palme, si j'étais seul juge.
Elle l'avait empêché d'ouvrir la bouche en agitant sa baguette.
- Alors, tu choisis, Ron : ou tu arrêtes de tourmenter Hermione avec cette histoire –car d'autres se chargeront la lui rappeler sois en certain ! Ou je te jette un sort de Chauve-Furie à vie !
Ron avait haussé les épaules. Comme si elle était capable d'une telle chose !
- Si tu veux en prendre le risque ! lui avait-elle crié depuis la porte des toilettes.
Resté seul, Ron avait cru pouvoir respirer sans encourir la colère d'une fille en furie. Il avait alors vu fondre sur lui le spectre déchaîné de Mimi Geignarde bien décidée à se venger sur lui de ses intolérables intrusions dans ses toilettes où elle était bien tranquille depuis plus de cinquante ans. Il avait pourtant ravalé les paroles acerbes qu'il lui destinait. Il lui en avait glissé d'autres dans le creux de son oreille fantomatique. Il était sorti des lieux d'aisance, le sourire retrouvé, tandis que Mimi Geignarde hurlait une rage sans nom dans tous les conduits de l'école.
Hermione répondit à l'appel du professeur McGonagall et revint vers les tables tandis que la robe du professeur disparaissait dans le couloir. Ron retint la jeune fille par la manche.
- Qu'est-ce qu'elle voulait ? demanda-t-il timidement.
- M'avertir que le professeur Rogue remettait notre leçon de ce matin à cet après midi, répondit-elle, un peu soucieuse.
- Et…? Fit Ron sans vouloir laisser voir sa satisfaction évidente.
- Et ? répliqua Hermione. Tu as vu revenir Harry de sa leçon avec lui ?
Le sourire de Ron fondit aussi sec.
- Mais je suppose que si quelque chose de grave s'était passé, reprit Hermione comme pour elle-même, McGonagall le saurait.
Harry sentit le froid de la dalle du cachot de Rogue dans son dos. Il était étendu les bras en croix sur le sol du laboratoire. La respiration qu'il prit lui fit mal dans le nez, la gorge et la poitrine. Il sentit un bras qui se glissait sous ses épaules pour le redresser vivement. Il eut une nausée violente. On le poussa en avant. Il se félicita de n'avoir presque rien pris au petit déjeuner du matin. Il le regretta aussitôt lorsqu'une crampe insupportable lui vrilla l'estomac. Il ouvrit les yeux comme si la lumière pouvait calmer sa douleur. Le sol se remit en place, les sons n'étaient plus distordus.
- Bien, Potter… fit la voix de Rogue dans son dos
Harry se leva d'un bond malgré le vertige qui le saisit. Il se tourna vers le professeur. Une furieuse envie de le frapper lui vint au bout des doigts. Il leva les mains vers lui. Rogue ne bougea pas, un sourire sardonique aux lèvres
- Alors, Potter, qu'avez-vous vu cette fois ? Les souvenirs sont parfois de terribles épreuves…
- Surtout quand ils ne sont pas les vôtres ! gronda Harry en cherchant son souffle.
Rogue souriait toujours, impassible et fort content de lui.
- Vous avez eu peur, Potter? Vous étiez impuissant, vous n'aviez pas votre baguette à vos côtés… Vous avez senti la colère et la rage étreindre votre cœur pendant que vous glissiez vers la mort.
Harry ne répondit pas. C'était exactement ce qu'il avait ressenti. Il avait cru qu'il sombrait dans l'inconscience. Des souvenirs lui étaient revenus. De haine, du plaisir morbide de donner la mort et de faire souffrir, de satisfaction aussi quand la douleur ne nous atteint plus, quand l'horreur n'est plus qu'une habitude. Des souvenirs qui n'étaient pas à lui. Mais il était conscient. Parfaitement conscient. Il n'entendait rien, il ne voyait rien du monde qui l'entourait. Il ne ressentait que le froid du cachot qui entrait en lui et qu'il avait pris pour le baiser glacé de la mort. La panique du départ avait cédé la place à la colère, puis la peur avait repris le dessus. Les paroles de Rogue lui étaient revenues à la mémoire. Il n'avait jamais autant douté de lui et de ses intentions. La haine qu'il avait mis tant de temps et d'énergie à enfouir au plus profond lui était remontée comme une bouffée de chaleur. Que cherchait Rogue ? Que voulait-il ? Tous ces sentiments se mêlaient en lui à ceux que Voldemort avait laissé au fond de son esprit et de son cœur. Que voulait-il lui faire comprendre ? Qu'il suffisait de rien pour qu'il ne devînt comme le Seigneur des Ténèbres ? Il ne pouvait le croire après le discours qu'il lui avait tenu une semaine auparavant. Il avait voulu crier son refus de se reconnaître en Voldemort. Et pourtant c'était son pouvoir qui l'habitait. Sa magie. Lui serait la main. Et le choix lui revenait de la voie qu'il prendrait.
Il avait senti le charme lentement relâcher son étreinte et le malaise l'envahir. Il l'avait refusé de la même manière qu'il avait refusé de se laisser emprisonner par le sortilège.
- Vous auriez tout aussi bien pu me lancer un sortilège du saucisson, Professeur, dit-il avec un demi sourire ironique.
- Je doute que cela ait eu le même effet sur vos sens…
Harry le regarda en face.
- Vous allez sans doute encore me trouver obtus, Professeur, dit-il, mais je ne comprends pas ce que vous avez essayé de faire.
- Vous vous êtes débarrassé de ce sortilège tout seul, non ? sans votre baguette. Alors que vous aviez fort bien compris que vous ne risquiez rien.
- Oui, admit Harry sans comprendre davantage. Mais avant vous m'avez monté un tel bateau que j'ai cru que vous…
Il s'interrompit. Il ne serait certes pas bienvenu de dire à Rogue qu'il avait cru qu'il avait une nouvelle fois retourné sa veste.
- Très juste Potter, mais l'important ce n'est pas ce que vous avez cru, c'est ce que vous avez fait… Vous n'avez pas laissé vos émotions vous dicter ce que vous aviez à faire. Vous vous êtes servi d'elles. Vous avez senti cette chaleur dans votre être ?
- Comme une poussée d'adrénaline ?
- Non ! L'adrénaline c'est dans la tête. Je vous parle de cette fièvre qui part de votre cœur et qui irradie dans tout votre corps…
- Jusqu'au bout des doigts ? Oui Professeur… je croyais que c'était cela l'adrénaline : une substance euphorisante qui court le long des centres nerveux…
- Sur un balai quand vous jouez à être le capitaine de l'équipe de Quidditch, certainement ! cracha Rogue presque avec aigreur. Mais quand vous vous exercez à la magie, c'est toute votre énergie magique que vous tenez entre vos mains.
Rogue levait la sienne devant le visage d'Harry.
- Il va falloir balayer toutes ces années d'éducation moldue, Potter. Il va falloir apprendre à avoir confiance en vous-même non au travers de votre stupide arrogance mais en sachant ce que vous êtes réellement capable de faire…
Il prit le poignet de Harry et le leva à la même hauteur que sa propre main :
- … avec ça uniquement ! Quand vous maîtriserez ce feu magique qui sommeille en vous, vous serez l'égal des plus grands et votre baguette ne vous sera plus qu'un jouet dont vous n'userez que par récréation.
Rogue paraissait transfiguré. Il semblait ne plus voir Harry en face de lui et celui-ci en était fort heureux. Les paroles du professeur l'avaient troublé. Il fixait sa main, blanche à force d'être enserrée par l'étau des longs doigts de Rogue. Sa voix tremblait quand il demanda :
- Vous voulez dire que j'ai autant de puissance dans ma main que Voldemort en a dans sa baguette ?
Rogue serra un peu plus le poignet d'Harry. Ses yeux s'agrandirent quelques secondes. La flamme qui brillait dans ses yeux s'éteignit soudain. Il lâcha le bras d'Harry. Il redevint froid, distant, professoral :
- Non ! Vous n'êtes qu'un apprenti, je vous le répète. Mais quand j'en aurai fini avec vous, la puissance de votre magie et les pouvoirs que le Maître des Ténèbres vous a transmis feront de votre main l'égale de la baguette de celui dont le cœur est mort.
Harry frissonna.
- Voldemort aussi a la magie ancienne en lui, murmura-t-il. Sinon il ne serait pas un aussi grand sorcier…
- Et vous, vous l'avez aussi, Potter. Sans les émotions fortes que vous a fait vivre votre cousin durant votre enfance, auriez-vous usé de la magie ancienne ? Si on vous avait mis en main une baguette dès votre plus jeune âge, auriez-vous puisé dans vos forces profondes pour refuser ce monde qui vous oppressait ? Le Maître des Ténèbres est un être froid que le feu de l'ancienne magie révulse. Voilà pourquoi il se sert d'une baguette, voilà pourquoi il fait faire le sale travail par ses fidèles suivants. Il use et abuse de la force de l'esprit, car la magie à laquelle il fait appel, même si elle puise son origine dans l'ancienne magie, ne l'oblige pas à faire couler dans ses veines cette fièvre dont nous parlions il y a un instant.
Harry observa un moment sa main et la ferma lentement en un poing qu'il serra à s'en blanchir les jointures. Hermione ! Elle avait trouvé le sens de la prophétie. De la main de l'autre ! Son plan était génial. Il possédait le corps de Voldemort. Il l'emplissait de magie ancienne et de l'amour qui habitait son cœur. Il le brûlait de l'intérieur, l'affaiblissait. Ensuite, il lui suffirait de faire appel à la magie ancienne par la puissance de sa main pour le réduire à néant. Il se mit à rire, toujours en contemplant son poing fermé. Cela ne marcherait jamais ! A combien faudrait-il s'y mettre pour lui lancer un Expelliarmus qui le désarmerait et enverrait voler sa baguette si loin que personne ne la retrouverait jamais ? Il ne s'aperçut pas qu'il avait parlé haut.
- Eh bien, si vous parlez du Maître des Ténèbres, et si vous faites votre travail correctement, tout en laissant les autres faire le leur… en s'y mettant tous, on devrait y arriver.
Harry leva les yeux sur lui. Rogue haussa une épaule et fit une grimace comme s'il évaluait les forces en présence.
- Bien sûr, je ne prends pas en compte ses éventuels partisans qui ne verraient pas la chose d'un très bon œil…
Harry lui sourit.
- En fait, reprit Rogue, je n'en sais absolument rien. Pas plus que je ne sais qui vous comptez parmi ces "combien"… j'ai comme la vague impression que vous avez perdu le sens des réalités, Potter. Cette expérience a soulevé bien plus de questions que je croyais vous apporter de réponses.
Harry se mit carrément à rire.
- Oh non, Professeur. J'ai eu ce matin beaucoup plus de réponses que je n'en espérais. Le pire, c'est que ces réponses, on me les avait déjà données et que je ne voulais pas y croire.
- Miss Granger gagnerait en force de persuasion si elle ne prenait pas ce ton péremptoire et poseur qu'elle affectionne, répondit Rogue faussement indifférent.
Un éclair amusé passa dans les yeux d'Harry. Il songea, mais trop tard que le professeur lui avait conseillé de ne pas laisser ses yeux se faire le miroir de ses états d'âme.
Rogue se raidit. Potter avait senti son intérêt pour ces réponses dont il parlait par énigmes. Il fut tenté de lui demander de lui envoyer Granger sur-le-champ. C'était inutile, il le savait. Cette petite avait une volonté de fer. Elle résistait à ses tentatives de légilimancie en tout ce qui concernait Potter. Il battit en retraite vers ses alambics.
- Vous pouvez disposer, Potter. Je vous laisse méditer notre conversation d'aujourd'hui.
Il lui tourna résolument le dos.
- Professeur, le rappela le jeune homme. Vous avez quelque chose qui m'appartient.
- Vous êtes libre de reprendre votre bien.
Harry se trouvait déjà près de la porte. Il sentait sur lui le regard de biais du professeur. Il tendit la main. Il sentit au bout de ses doigts la chaleur de la magie. Il se demanda si des étincelles multicolores allaient sortir de dessous ses ongles comme au bout d'une baguette. Ce serait drôle s'il pouvait faire suer un peu cette grosse brute de Duddley en pointant un doigt sur lui. Mais il était habitué à sa baguette. Et il en avait besoin. Il doutait qu'on le laissât pratiquer l'ancienne magie à Poudlard, officiellement du moins. Rogue attendait. Son sourire narquois renaissait sur ses lèvres. Harry dit :"Accio Baguette !" sur un ton décidé. Le sourire du professeur s'élargit, goguenard. Cependant, la baguette ne fut soudain plus dans la poche de sa robe, mais directement dans la main de Potter. Harry la rangea dans sa poche et quitta le laboratoire sans un mot. Il était manifeste que le professeur se demandait si le jeune homme ne mettait pas parfois quelque mauvaise volonté à suivre ses directives.
- Professeur ?
- Quoi encore, Potter !
- Cette poudre, c'était quoi ?
- Un échantillon que j'ai subtilisé aux jumeaux Weasley, aux fins d'analyse… répondit Rogue. Ces jeunes gens sont de véritables génies dans leur genre, mais ils se laissent parfois emporter par leur propre enthousiasme. Ils ont aussi souvent la main un peu lourde sur certains ingrédients. Et leur sens du danger est quelque peu faussé par leur suffisance et leur ego démesuré. Allez, Potter ! Nous reprendrons demain.
Harry se souvint brusquement qu'il avait cru entrapercevoir, la semaine suivante, dans l'armoire du bureau du professeur, la forme caractéristique d'une boite à Flemme. Il se rappela qu'il s'était demandé ce que Rogue pouvait bien faire d'un tel accessoire avant de décider qu'il devait avoir mal vu. Il remit en soupirant sa cape sur sa tête et sortit discrètement du cachot. Il aurait dû se sentir anxieux et préoccupé des informations qu'il avait obtenues concernant l'affrontement avec Voldemort. Il avait espéré durant toute l'année apprendre qu'Hermione s'était trompée. Il avait eu confirmation qu'elle avait vu juste à un point dont elle-même sans doute n'avait pas idée. Il aurait dû frissonner de terreur. Il avait du mal à retenir un sourire satisfait. Car si Rogue croyait avoir soulevé des interrogations angoissées chez son élève, Harry savait qu'il lui avait, lui, donné beaucoup plus matière à réflexion au professeur. Et l'idée de savoir qu'il avait les réponses aux questions que Rogue se posait, au sujet même de sa mission à ses côtés, lui procurait un plaisir sans nom. Au petit jeu qui les liait, le professeur Rogue venait de lui donner des points sans même en avoir eu conscience.
Harry retrouva Hermione et Ron dans la salle des Quatre Maisons avant le repas de midi. Ils n'osèrent l'interroger. Ron parut rassuré par son visage empreint de satisfaction. Harry adressa un sourire à Hermione, tout en sachant qu'il n'échapperait pas à un interrogatoire en règle dès que l'occasion se présenterait. Il jeta un œil sur le livre que Ron étudiait et reconnut le Code du Transplanage.
- Tu tiens tant que cela à l'avoir du premier coup ? lui demanda-t-il en riant.
- Si on le passe ensemble, ce ne sera pas avant août… et ça m'étonnerait qu'on nous laisse le repasser avant la fin des vacances vu le nombre des mesures de sécurité qu'il faudra inventer pour toi. Alors, toi aussi tu as intérêt à potasser ce fichu code !
- Vous avez, je crois, autre chose à "potasser" d'ici là, non ? dit Hermione en posant sa plume.
Elle contempla longuement la feuille devant elle, tandis que Ron lui adressait une grimace.
- Je crois que tout y est… estima-t-elle avec satisfaction. J'ai réussi à tout caser : l'heure supplémentaire de cours avec le professeur Rogue, l'étude de la revue de presse, et les activités habituelles…
Ron se saisit de l'emploi du temps de la jeune fille. Il renifla quelques fois, grogna, et le lui rendit d'un geste sec.
- Et moi, je me situe où dans tout cela ? demanda-t-il, sarcastique. Entre "Visite à la Bibliothèque" et "petit tour aux toilettes"?
Harry éclata de rire. Hermione pinça les lèvres.
- Voyons, Ron, nous sommes ensemble depuis que nous sommes descendus de nos dortoirs…
- Oui ! fit Ron de plus en plus caustique. Toi et moi, et des dizaines et des dizaines d'abrutis !
Harry lui donna un coup de coude dans le bras.
- Hé ! Je fais partie des abrutis !
Ron rougit un peu. Harry riait toujours.
- Vous avez testé les sortilèges d'allégresses avec Rogue ou quoi ? demanda Hermione, un peu perturbée par les éclats de rire de leur ami.
- Non, Hermione. Ce qui me fait rire, c'est que j'ai beaucoup de mal à admettre que tu as souvent raison.
- J'ai toujours raison, corrigea Hermione.
Ron toussota dans son poing quelque chose qu'Harry voulut prendre pour un "Hum!" dubitatif. Ils n'eurent pas l'occasion d'approfondir les intentions du jeune homme. McGregor entra dans la pièce et parcourut la salle du regard. Elle l'arrêta sur la table où étaient installés les Gryffondor et se dirigea vers eux d'un pas rapide.
- Granger ? commença-t-elle d'une voix pressée. Je peux te voir ?
- Tu as rendez-vous ? demanda Ron.
Il prit l'emploi du temps d'Hermione et fit semblant de l'étudier en détail.
- Pas de McGregor en vue ! Désolé, ma vieille, faudra repasser… Salut !
Hermione reprit son planning dans un soupir exaspéré.
- Ça ne peut pas attendre l'heure du groupe d'étude de cet après-midi ? demanda-t-elle. C'est moi qui le surveille.
- C'est urgent, insista McGregor, sans se soucier de l'intervention de Ron. Un différend à régler sur-le-champ et toi seule est capable de nous départager, grâce à ta science.
Elle pencha la tête sur le côté et passa sa main dans son cou, comme pour rejeter ses cheveux en arrière. Ebahi, Ron se tourna vers Harry, qui fixait McGregor les sourcils froncés. Hermione se leva.
- Je fais un petit tour aux toilettes et je vous rejoins, dit-elle avec une interrogation dans la voix.
McGregor hocha la tête. Ron regardait Hermione quitter la pièce, totalement abasourdi.
- Qui est-ce cette fois ? demanda Harry à voix basse, toute trace de bonne humeur disparue.
McGregor haussa les épaules.
- Un impatient de Troisième Année qui a voulu s'attaquer à un imbécile de Sixième Année ! répliqua-t-elle sur le même ton, un peu plus amère cependant.
Elle leva les yeux au ciel.
- Aucun sens de la stratégie ! Mauvaise appréciation des forces de l'adversaire ! Et une préparation qui laisse à désirer ! toute une éducation à faire ! Nous avons du pain sur la planche et une longueur de retard sur… l'ennemi.
Elle retrouva son sourire devant la bouche bée de Ron.
- Je croyais que ton père était dans la finance, pas aux affaires militaires, dit Harry avant qu'elle n'ait le temps de faire une remarque le jeune homme ne manquerait pas de prendre mal.
- Mais il est aussi le chef du Clan des McGregor, répondit la jeune fille, et la guerre est une tradition dans la famille. Père est de plus très féru d'histoire moldue. Il a toute une aile du château réservée à la reconstitution de batailles du temps passé. Lors des réunions de famille, mes frères, mes oncles et lui passent la majeure partie de leur temps à refaire les guerres. Question stratégie, ils sont plutôt doués. C'est très amusant, d'ailleurs, de mettre ces armées en marche d'un coup de baguette.
Elle ne put s'empêcher de jeter un regard moqueur sur Ron Weasley :
- C'est bien entendu d'un autre niveau qu'une simple partie d'échecs.
- Sans doute, admit Ron que la vision de milliers de figurines obéissant à ses ordres pour remporter la victoire rendait songeur. N'empêche que tu n'es pas fichue de la gagner contre moi cette simple partie d'échecs…
Il se leva et donna un coup de coude dans l'épaule d'Harry pour l'inciter à le suivre. McGregor le salua d'un petit rire moqueur. Elle quitta la salle juste après les garçons. Harry tourna la tête pour la voir prendre la direction opposée à la leur, vers le Grand Hall, tandis qu'ils se rendaient dans la Grande Salle pour le repas.
- Tu peux m'expliquer ? demanda Ron avec brusquerie. Et où est allée Hermione ?
- Elle l'a dit : aux toilettes ! répondit Harry qui jouait avec sa baguette. Et McGregor est allée l'y rejoindre.
Ron fit une grimace ironique :
- Mimi m'a bien dit ce matin qu'il se passait des choses bizarres dans ses toilettes, mais j'étais loin de penser à ça…
- Idiot ! se mit à rire Harry.
- Oh moi maintenant, je ne m'étonne plus de rien… depuis que j'ai vu cette Serpentard te dévorer des yeux comme elle l'a fait.
- Et alors ? dit Harry. Ça prouve qu'elle a bon goût, non ?
Ron hocha la tête, un peu vexé.
- J'espère en tous cas qu'elle n'est pas en train d'entraîner Hermione dans les problèmes… parce que si c'est le cas, unité des Maisons ou pas, je le lui ferai regretter !
- Tu as raison, Ron, soupira Harry. On ne peut laisser Hermione seule sur ce coup-là. On ne peut laisser personne se débrouiller seul. Trouve ta sœur. Réunion d'Etat-Major dans le labo après le repas. Il est temps en effet d'avoir une stratégie d'ensemble et une évaluation de nos propres forces, à défaut d'avoir celles de l'adversaire.
Ron hocha à nouveau la tête, pas certain de tout comprendre, mais sûr au moins d'une chose :
- Ça ne fait pas partie du planning d'Hermione…
- Ça en fera partie ! assura Harry.
- Ouais, soupira Ron. Et je sais bien au détriment de quoi !
