Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Je suis désolée, je n'ai malheureusement pas le temps de faire une revue détaillée de vos reviewes… je manque cruellement et chroniquement de temps en ce moment… Je reprendrais vos remarques une prochaine fois. Merci de votre fidélité. Et continuez à me faire part de vos commentaires…
Chapitre 60
Revue de Presse
Hermione revint seule des toilettes de Mimi Geignarde. Ron voulut l'interroger, mais elle lui fit signe de se taire et de continuer à manger. Elle glissa un regard vers la table des Serpentard. Bulstrode et ses camarades tournaient la tête vers l'entrée de la salle où se présentaient Ellie MacGregor et plusieurs autres élèves de sa Maison. Ils s'assirent à leur table en devisant sereinement, comme à l'accoutumée. La stupéfaction était visible sur les visages des partisans de Malefoy. L'incompréhension même le disputait à la rage. Hermione baissa la tête sur son assiette pour cacher un sourire.
- Alors, lui fit Harry en tâchant de ne pas regarder vers la table tendue de vert. C'était quoi ?
- Une embuscade, répondit Hermione qui étalait soigneusement sa serviette sur ses genoux.
Elle repoussa le coude de Ron qui empiétait sur son espace et se servit une ration de petits pois.
- Et alors ? insista Ron, la bouche pleine.
Il ne savait toujours pas pourquoi McGregor était venue chercher son amie et cela l'irritait au plus haut point.
- Les amis de McGregor ont tendu une embuscade au grand brun, là-bas. Celui qui se donne des airs de Malefoy bis… dixit Ellie. D'après elle, c'est lui qui a tondu le chat de Bulstrode pour que celle-ci se venge sur elle.
- Hein ? fit Ron.
Hermione promit de lui donner des explications plus tard.
- Oh ! fit Harry. Bulstrode fait sa fête à McGregor, et en voilà deux éliminées d'un seul coup.
- Mais Bulstrode fait partie de la bande à Malefoy ! s'exclama Ron à voix basse.
- Oui, mais elle est complètement idiote et très bavarde… répondit Harry en se mordant les lèvres. Certains voudraient bien se débarrasser d'elle sans avoir à le lui dire en face.
- Donc Moon voudrait bien faire un peu de zèle pendant que Malefoy est absent, reprit Hermione. Histoire de lui montrer qu'il n'est pas mal en bras droit et qu'il sait prendre des initiatives intéressantes… Mais Ellie est fine mouche. Elle a tout de suite compris son manège. Elle est aussi très fière et elle a décidé de lui montrer qu'elle savait à qui elle avait affaire. Mais ses amis n'ont pas voulu attendre de mettre au point un plan qui les mettent à l'abri et des représailles et de la colère du Professeur Rogue. Ils leur sont tombés dessus au croisement de deux couloirs. Quelques sortilèges d'entrave et de désarmement ont laissé Moon et deux autres au milieu du couloir alors que Rusard arrivait. Moon a juste eu le temps de marquer l'un de ses agresseurs d'un sortilège du Bonnet d'âne et quand Rogue l'a désensorcelé, il a clamé partout chez Serpentard que tout le monde saurait qui les avait humiliés ainsi, lui et ses amis.
Ron, qui venait de recracher ses petits pois jusqu'à la place en face de lui, heureusement vide, s'étouffait de rire.
- Du… Du… Bonnet d'Ane ? bafouillait-il en riant de bon cœur.
- Chut ! fit Hermione.
Elle épousseta le col de la robe du jeune homme des quelques petits pois qui n'avaient pas atteint l'autre côté de la table.
- Tu manges vraiment comme un cochon, Ron. C'est ce que j'ai pensé la première fois que je t'ai vu, à cette même table, lors de notre premier repas de bienvenue, et tu ne m'as donné aucune raison de changer d'avis en six ans.
- Qu'est-ce que le sortilège du Bonnet d'Ane ? demanda Harry qui s'amusait de voir Hermione essuyer le menton de Ron avec un coin de sa serviette.
- Quand quelqu'un te lance un sortilège du Bonnet d'Ane, lui répondit le jeune homme qui revenait à son assiette avec appétit, tes oreilles s'allongent et tes dents de devant aussi, les unes vers le haut et les autres vers le bas. Et tu ne peux plus parler qu'en faisant des "han ! han !". C'est très rigolo !
- Ca dépend pour qui ! répliqua Hermione.
- Mais je suis sûr que tu me plairais encore avec des oreilles de mule et des dents de cheval…
Harry secoua vivement la tête. Quel crétin ! Les dents d'Hermione étaient encore plus taboues que ses cheveux ! On ne parlait jamais du sortilège qu'elle avait utilisé pour ramener sa dentition à des proportions plus seyantes pour une demoiselle. Malefoy avait bien compris cela quand il lui avait lancé le maléfice de Dentesaugmento quelques années auparavant. Ron, lui ne paraissait pas s'apercevoir des raisons du regard courroucé de son amie. Il embrassa sa joue. Elle l'essuya d'un geste rageur.
- Non seulement tu manges comme un cochon, Ron, mais tu en fais aussi profiter les autres !
- Et alors ? demanda Harry. Ce n'est sans doute pas difficile d'annuler le sortilège.
Ron secoua la tête, en riant encore.
- C'est un sortilège limité dans le temps : tu ne peux l'annuler. Il faut attendre que cela passe…
Au sourire qu'Hermione lui adressa, il comprit qu'il avait tort.
- Pourtant c'est ce que Bill et Charlie disaient quand les jumeaux le lançaient sur Percy…
Il fit une grimace.
- Quel est le contre sort ? demanda-t-il. Je sais qu'un Finite Incantate ne suffit pas…
- C'est très simple… Il suffit de lancer un nouveau sort sur la tête de mule, qu'un Finite Incantate annule et le tour est joué. Revoilà notre victime avec sa tête originale sur les épaules.
- Percy n'y a jamais pensé ! fit Ron avec une pointe d'admiration dans la voix.
- Pourquoi as-tu été si longue, reprit pourtant Harry, puisque c'est si simple ?
Hermione leva les yeux au ciel.
- Parce que ces idiots de Serpentard n'ont pas voulu écouter McGregor tout de suite ! Ils ont essayé de désillusionner leur camarade pour tâcher de passer inaperçus, mais ils ont raté leur sortilège.
Ron ricana.
- Ce sont des nuls !
- Non, c'est un sortilège de Septième Année ! Et il n'y en avait aucun avec eux ! Réparez les dégâts magiques, croyez-moi, ce n'est pas une sinécure !
- C'est pourquoi il y a tout un service à Ste Mangouste qui est spécialisé là dedans ! répliqua Ron avec évidence.
- Surtout quand vous avez autour de vous des Serpentard qui s'offusquent de voir une Gryffondor lever sa baguette sur l'un d'entre eux, continua Hermione sans prendre garde à son interruption. Heureusement que McGregor a fini par arriver. Elle leur a dit que si les Serpentard n'étaient pas des crétins sans cervelle, la Gryffondor n'aurait pas à faire marcher la sienne pour leur sauver la mise. Dans deux ans, je la vois bien Préfète en Chef, cette petite.
- Non, ce sera Ginny ! trancha Ron. Et pourquoi ces Serpentard-là sont-ils venus chercher une Gryffondor pour leur sauver la mise d'ailleurs ? dans les toilettes de Mimi Geignarde, en plus ? Des choses bizarres ! Contre nature plutôt !
- Oh ! Ron ! Mais tais-toi donc ! Tu parles comme la vieille Mme Black ! Et d'ailleurs, Ginny s'en fiche d'être Préfète en Chef.
Harry se pencha en arrière pour apercevoir la sœur de Ron qui déjeunait un peu plus loin avec trois des filles de son dortoir. Il l'interpella et lui cria :
- C'est vrai que tu t'en fiches d'être Préfète en Chef ?
Elle retourna à sa discussion et fit un geste de la main qui signifiait que cela lui passait complètement au-dessus de la tête.
- Elle complote quelque chose, fit Ron soupçonneux.
Il revint vers Harry :
- Quant à toi, il ne faudrait pas me prendre pour un gnome de jardin ! Je vois bien que tu essaies de ne pas répondre à ma question : pourquoi des Serpentard sont-ils venus chercher Hermione ?
La jeune fille tapota sur sa main pour le calmer.
- Pas ici, Ron. Harry si tu veux faire ta réunion d'Etat-Major avant que je me rende à ma leçon avec Rogue, il faut y aller tout de suite.
Elle repoussa son assiette et esquissa le geste de se lever. Harry en fit autant.
- On n'a pas encore eu de dessert ! s'insurgea Ron.
Harry fit un geste de la tête à Ginny qui lui répondit qu'elle arrivait. Hermione était déjà au milieu de la pièce et Ron n'eut pas d'autre choix que de suivre ses amis.
Ginny prit place derrière la pile des Chicaneurs qu'elle avait épluchés durant la matinée. Elle fit son rapport, précise et efficace. Le journal de Mr Lovegood, outre ses sempiternelles accusations de fraudes plus ou moins vérifiables contre l'ancien ministre Fudge, n'apportaient guère de nouvelles intéressantes, dans le cadre de leurs affaires s'entend. Il reprenait cependant l'histoire des corbeaux de la Tour de Londres, rappelant au passage que le Chicaneur avait été le premier à montrer du doigt les évènements étranges qui se passaient dans ces lieux hautement importants pour les moldus. Il dévoilait, ce qu'avait tu la Gazette, que des inscriptions avaient été découvertes sur la porte. L'une d'elles n'était autre que la Marque des Ténèbres, de sinistre augure. D'autres menaçaient les moldus de la vengeance terrible de Celui-Dont-On-Ne-Prononce-Pas-le-Nom. Certains journaux moldus s'étaient fait l'écho de la nouvelle et annonçaient que la Terreur Sans Nom allait bientôt s'abattre sur le pays, dans une apocalypse de feu et de sang. D'autres indiquaient simplement l'émergence d'un nouveau groupe terroriste à tendance sataniste dont le symbole cabalistique fleurissait sur les murs de la capitale britannique. Tout d'abord persuadés d'avoir affaire à de mystérieux et néanmoins habiles plaisantins, les autorités s'étaient enfin décidées à prendre ces menaces au sérieux.
Ginny montra les magazines que Dean avait envoyés et dans lesquels il avait souligné les articles qui avaient un rapport avec Voldemort.
- On est fixés… soupira Ron. Vous aviez vu juste tout les deux ! Et que croyez-vous qu'il va faire aux moldus ? mettre la ville à feu et à sang, comme il le fait chez nous ?
- Il a choisi un symbole très fort dans l'esprit de nos compatriotes, rappela Hermione. Il ne frappe pas au hasard. Et les mises en scènes macabres ne doivent pas nous faire oublier qu'il a été élevé chez les moldus. Des jours de malheur pour l'Angleterre…
- Et pour la monarchie ? hésita Harry.
Hermione sursauta.
- Sans doute… sans doute… commença-t-elle comme à regrets. Oui, sans doute Voldemort aura-t-il cette année à cœur d'oublier son échec de l'an dernier en célébrant le deuxième anniversaire de son second avènement par une action d'éclat…
Il y eut un silence lourd. Ron et Ginny regardaient Harry et Hermione, attendant d'eux la révélation des projets de Voldemort quant aux moldus.
- C'était le vingt-quatre juin, dit la voix d'Harry, rauque et étranglée.
- Et quelques jours avant ce sera l'anniversaire officiel de la Reine…
Harry et Hermione tournèrent lentement leurs regards l'un vers l'autre. Ils faisaient mentalement le compte de tous les présents à la cérémonie : la famille royale au grand complet, les chefs du gouvernement, de l'armée, de la police, et sans doute de la police secrète… et tous le public de Londoniens et de touristes. Des centaines de morts et l'Angleterre décapitée, symboliquement et effectivement. De quoi marquer les esprits, aussi bien moldus que sorciers. Ginny et Ron étaient atterrés.
- Vous croyez que Maugrey et les Aurors y auront pensé ? demanda Ginny, pâle comme un linge.
- Rien ne nous empêche de leur signaler la coïncidence quand même, murmura Harry.
Il songea qu'il n'avait toujours pas de nouvelles de McGonagall au sujet de l'entrevue qu'il souhaitait avoir avec le Directeur.
Il reprit ses esprits :
- Merci Ginny pour ton travail de fourmi. D'autres informations ? s'enquit-il comme la jeune fille tendait la main vers un autre exemplaire du Chicaneur.
Ginny hésita. Elle se décida quand même à lever devant son visage la une du magazine. "Prochainement : la vérité sur l'Ennemi Public N°1 ! Le Ministère n'a-t-il rien de mieux à faire que d'envoyer ses meilleurs éléments à la recherche de Sirius Black ! Dans une prochaine édition des révélations sur l'identité du plus recherché des évadés d'Azkaban !"
Ron haussa une épaule.
- Il va encore nous dire que Sirius se cache en Amazonie parmi les Demiguises qu'il charme de son répertoire de star du rock ! fit-il un peu gêné.
Harry lui sourit pour le remercier de vouloir chasser sa peine.
- Je ne crois pas. Luna était avec nous au Ministère et je lui ai raconté la véritable histoire de Sirius. Elle connaît aussi celle de Peter Pettigrew. Il serait peut-être bon de rappeler à tous ces amis que c'est lui qui a tué Bellatrix Lestrange… Je me demande ce que Rodolphus Lestrange pourrait lui faire pour se venger.
Hermione sourit à son tour. Rodolphus Lestrange pouvait bien faire à Pettigrew tout ce qui passerait par son esprit torturé du moment qu'il empêchait Ron de mettre ses menaces à exécution. Elle passa son bras sous celui du jeune homme et le serra contre elle. Ron embrassa ses cheveux. Il n'aimait pas plus entendre le nom de Lestrange qu'elle celui de Pettigrew.
- Ce serait en effet une bonne ouverture pour la campagne de presse contre Voldemort, murmura Ginny. La vérité sur Sirius Black ! Qui a tué Bellatrix Lestrange ? Et pour terminer : Voldemort l'Usurpateur de Nom ! Si on pouvait trouver quelque histoire croustillante sur Lucius Malefoy, ce serait l'apothéose ! J'ai bien l'impression que notre idée d'article sur Tom Jedusor va intéresser le Chicaneur.
Ron fixait sa sœur la bouche ouverte :
- C'est Rita Skeeter sous Polynectar ?
- Si tu avais passé une bonne partie de la matinée plongé dans ces feuilles de chou, tu commencerais à penser comme elle… ou presque ! s'écria Ginny.
Elle posa sur le côté les journaux qu'elle avait épluchés. La pile de ceux qui n'avaient pas encore été vérifiés était plus haute, mais Hermione lui assura qu'elle prendrait le relais après sa leçon avec Rogue et son tour de surveillance de l'étude des Cinquième Année.
- D'accord ! D'accord ! s'écria Ron alors que personne ne lui demandait rien. Je t'aiderai, Hermione !
- Nous l'aiderons tous, dit Harry sérieusement. Et à présent passons à autre chose…
Il se leva et arpenta la pièce. Sa baguette dans une main, il en frappait la paume de l'autre dans un mouvement nerveux.
- Il nous faut faire l'inventaire de nos forces pour pouvoir en déduire celles de l'adversaire, dit-il sans préambule. Malefoy prépare la guerre au sein de Poudlard, nous devons faire de même. Même si nous espérons que nous n'en viendrons pas à de telles extrémités, il nous faut nous tenir prêt dès qu'ils ouvriront les hostilités.
Il osa enfin lever les yeux sur ses amis, inquiet quant à leur réaction. Hermione rompit le silence lourd la première :
- Comment veux-tu que nous procédions ? Devons-nous attendre la rentrée ou devons commencer dès maintenant ? Je suggère que nous réunissions des personnes de confiance des différentes Maisons afin de nous informer sur l'évolution des idées de Serpentard parmi elles.
Harry soupira. Il lui fit un sourire soulagé.
- Et qui proposes-tu ? demanda-t-il.
- Pour Poufsouffle, nous avons Hannah Abbot qui me semble une personne sûre. Pour Serdaigle, Luna nous aidera. Elle est fort lucide, malgré sa propension à rêvasser et son regard étrange voit plus loin que certains ne le pensent. Pour Serpentard…
Ron l'interrompit :
- Tu as dit des personnes de confiance, Hermione, lui rappela-t-il avec ironie.
- … McGregor ne refusera pas de travailler avec nous, continua Hermione sans se formaliser de l'intervention du jeune homme.
- Réunion après le goûter dans les toilettes de Mimi ? demanda Ginny.
Ron la regarda se lever et se préparer à quitter la pièce.
- Où vas-tu ? questionna-t-il, soupçonneux.
- Ca ne te regarde pas ! lui répondit-elle la main sur la poignée de la porte.
Harry la rappela.
- Nous aurons besoin de munitions, aussi… ajouta-t-il. Tu peux nous faire un inventaire des inventions des jumeaux…
Hermione sursauta : "Tu n'y penses pas !"
- Bien au contraire ! Au fait comment appellent-ils cette poudre multicolore qui t'assomme pendant plus ou moins longtemps ?
- La poudre d'Estourbinette, répondit Ginny sans réfléchir. Mais… c'est encore à l'état de prototype… j'ignorais qu'ils avaient procédé aux essais.
- Je l'ignore également, lui sourit Harry. Par contre Rogue s'en est chargé. Et je veux tout savoir dessus… avant que Maugrey ne confisque leur stock pour s'en servir à des fins militaires…
Ginny hocha la tête.
- Je leur envoie un hibou aujourd'hui même. Au fait, Harry, tu ne nous as pas dit si Rogue avait des nouvelles de Percy.
Harry se demanda s'il ne valait pas mieux leur mentir. Il se troubla. Le visage inquiet de Ron lui dit qu'ils ne seraient pas dupe de son mensonge. Il secoua la tête.
- Il a dit qu'il n'était pas encore sorti d'affaire.
Ginny hocha simplement la tête et referma la porte sur elle.
- Elle complote quelque chose ! maugréa Ron.
Harry haussa les épaules :
- Fiche lui la paix, Ron !
Hermione se prépara à rejoindre le cachot de Rogue pour sa leçon d'occlumancie. Elle laissa ses livres dans un coin de la salle et en prit un dans la petite bibliothèque. Harry le désigna de la baguette.
- Qu'est-ce que c'est ?
- Un livre que je dois ramener au Professeur, répondit Hermione.
- Il te prête ses précieux livres ? s'étonna Ron, bien décidé à jeter un œil sur le titre.
- Il faut bien un prétexte pour mes allers-retours dans son bureau…
- Il te laisse toucher à ses livres ? répéta Ron, éberlué.
- Ce n'est qu'un livre, Ron.
- Oui, mais c'est un livre qui appartient à Rogue !
Il lui prit le livre des mains et l'examina sous toutes les coutures.
- Mais… mais… balbutia-t-il. C'est son écriture !
- Oui, fit Hermione, un peu gênée alors qu'Harry s'approchait lui aussi. Ce sont ses notes sur des potions de soins qu'il a étudiées. Il y a celle qu'il m'a prescrite cet automne. Je lui ai demandé en quoi elle consistait et il m'a prêté ce livre.
Harry prit le livre des mains de Ron. Il le feuilleta lentement. Les feuillets étaient reliés par un lacet et la couverture de cuir fin, sans être râpée, dénotait un usage fréquent. L'écriture penchée de Rogue, pressée et appuyée, s'étalait sur les pages, en listes d'ingrédients, mesures précises, et recommandations encadrées. Parfois, des notes en marge venaient rectifier un détail.
Harry tournait et retournait le livre dans ses mains.
- Il en a d'autres comme ça ? demanda-t-il.
Hermione le regarda avec incompréhension.
- Voyons Harry, tu connais son bureau aussi bien que moi, si ce n'est plus. Il a tout un pan de mur en bibliothèque. La plupart des livres qui y sont conservés sont des mémoires, des recueils de notes personnelles, ou des compilations de ses recherches.
Harry était stupéfait. Ce fut Ron qui exprima sa pensée :
- Rogue ? Il a fait des recherches sur les potions de soins ? Mais alors… il a fait des études de guérisseur !
- Bien sûr ! fit Hermione comme si ce fût évident. Et d'après ce livre et ceux que j'ai déjà eu en main, il aurait pu être un excellent guérisseur si…
- Si quoi ? insista Harry.
Hermione leva les yeux et les bras au ciel.
- Mais vous êtes totalement idiots tous les deux ? Entre le moment où Rogue a terminé ses études et celui où Dumbledore l'a pris comme professeur à Poudlard que croyez-vous qu'il ait fait ?
- Il était Mangemort ? hasarda Ron.
- Mais ce n'est pas un métier ! Pas plus que d'appartenir à l'Ordre du Phénix !
Son regard allait de l'un à l'autre des garçons comme si elle les voyait pour la première fois.
- Quand il est sorti de l'école, il a bien fallu qu'il choisisse un métier, comme tes parents Harry… Tu ne t'es jamais demandé ce qu'ils ont faits entre le moment où ils ont quitté Poudlard et celui où ils ont dû se cacher ?
- Tu veux dire que Rogue voulait être guérisseur ? demanda Ron.
- Ce sont ces études en tout cas qu'il a entamées !
- Mais que fait-il comme professeur de potions alors ?
Hermione se pinça le front entre les deux yeux.
- Vous êtes désespérants !
- Il se cache, lui aussi, répondit Harry.
Il repensa aux paroles de Lupin trois jours plus tôt. Cette seconde chance sais-tu combien il l'a payée ? Et combien il la paye encore ? A quoi et à qui avait-il dû renoncer pour avoir cette seconde chance ? Il tendit le livre à Hermione.
- Il en a d'autres qui concernent la magie noire ?
- Plusieurs, répondit la jeune fille. La plupart des sortilèges utilisés à des fins malfaisantes y sont étudiés, décortiqués, démontés… En fait, la magie noire n'est pas autre chose que de la magie commune détournée de son emploi premier. Il suffit de connaître les mécanismes de ce détournement pour contrer les effets pervers de ce genre de sortilège.
- Mais… l'interrompit Ron qui la voyait partir dans une explication circonstanciée. Il faut être bougrement calé en magie pour faire ce genre de choses… Tu imagines la somme des connaissances qu'il faut avoir ! Et il faut aussi être drôlement puissant pour maîtriser des charmes qui le sont également. Et il faut être d'une intelligence…
Il se tut, conscient que Rogue ne pouvait être que tout cela.
- Oui, Ron… fit simplement Hermione.
Ron lui fut reconnaissant de reprendre le livre des mains de Harry et de quitter la pièce sans insister davantage sur les qualités du Professeur Rogue. Ils restèrent un long moment à se regarder bêtement. Puis Ron dit :
- Et alors quoi ? De toutes façons, c'est quand même pas notre faute s'il n'est qu'un obscur professeur de potions !
- La tienne sûrement pas, murmura Harry.
Il fut heureux que Ron ne relevât pas sa remarque. Le jeune homme préféra se tourner vers une question qui lui parut plus capitale :
- Bon, tu m'expliques enfin pourquoi McGregor est venue chercher Hermione pour réparer les dégâts de ces imbéciles de Serpentard…
- Parce qu'en l'envoyant se faire soigner par elle la première fois, c'est comme si le l'avais invitée à le faire chaque fois…
Harry se hâta de marcher vers la porte. Il invita le regard noir de Ron à le suivre dans le parc. Tout d'abord parce qu'il avait besoin d'air après les révélations d'Hermione. Ensuite parce qu'il se dit que son ami hésiterait à l'étrangler de ses mains sous les yeux de leurs camarades.
