Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.


Merci Frudule je corrige tout de suite...


Chapitre 61

Réunion au sommet

Ginny ramena McGregor dans les toilettes de Mimi Geignarde après la collation de fin d'après midi. La jeune Préfète de Serpentard attrapa son homologue de Gryffondor par le col de sa robe.
- C'est un guet-apens, Weasley ? demanda-t-elle tandis qu'elle toisait Hannah Abbot, Hermione Granger, Ron Weasley et Harry Potter devant les robinets des toilettes.
Harry s'avança les mains levées.
- Disons que c'est… une réunion d'Etat-Major ?
McGregor lâcha Ginny.
- Si tu me prends par les sentiments, Potter…
Elle s'avança à son tour vers Hannah qui la regardait avec surprise.
- Serpentard, Gryffondor, Poufsouffle… énuméra-t-elle. Aucun Serdaigle n'a daigné descendre de son repaire pour participer à notre juste cause ?
- Ne t'inquiète pas pour les Serdaigle, ils seront au rendez-vous quand le moment sera venu…
McGregor toisa Ronald Weasley avec morgue.
- Si tu le dis…
Elle se tourna vers Harry :
- Bien, nous écoutons le Commandant en Chef…
Harry retint une réflexion agacée devant le sourire moqueur de la jeune fille. Il appela Mimi Geignarde qui vola jusqu'à lui les cils battants derrière ses lunettes et lui confia la tâche de faire le guet devant la porte des toilettes afin d'empêcher une intrusion quelconque.
- Tout ce que tu voudras, Harry, minauda Mimi.
Harry emmena ses troupes au fond des toilettes.
- Vous ne vérifiez pas si quelqu'un se cache derrière les portes ? se moqua McGregor tandis qu'ils passaient entre les rangées de portes.
- Déjà fait ! répliqua sèchement Ron.
Il lui jeta un regard vipérin. Cette fille les prenait vraiment pour des amateurs ! Il ne fit aucun autre commentaire, car, d'une part, Hermione levait déjà les yeux au ciel, et d'autre part, Harry faisait des "hum ! hum !" dans son poing.
- Voilà… commença-t-il, pas besoin de vous faire un dessin, vous connaissez la situation. Nous savons que Malefoy a l'intention de monter un club de duels pour s'entraîner à lancer des sortilèges sur ceux qui s'opposent à Voldemort. Nous craignons qu'il ne veuille nuire à l'unité de Poudlard…
- C'est sûrement son but en effet ! s'exclama McGregor, ironique. Et s'il pouvait en même temps se payer une ou deux petites vengeances personnelles, il ne cracherait pas dessus non plus.
- Nous devons savoir sur qui nous pouvons compter, reprit Harry. C'est pourquoi nous avons demandé à Hannah de nous renseigner sur la tendance de sa Maison. Quand Luna Lovegood rentrera de vacances nous lui demanderons de faire de même.

McGregor leva un sourcil. Le nom de Luna Lovegood ne lui semblait apparemment pas être d'une pertinence absolue dans cette histoire. Elle interrogea Hannah sur un signe du menton :
- Alors ? Quid de Poufsouffle ? puisqu'il est inutile que je vous renseigne sur Serpentard… Vous connaissez la situation. Ceux qui sont contre Malefoy viennent au Club de Duel. Sauf deux ou trois que je soupçonne de jouer les espions. Ceux qui le suivent iront à son propre entraînement. Nous sommes à peu près à égalité en nombre – en qualité, nous sommes de beaucoup supérieur à ces imbéciles ! D'ici la fin de l'année, j'espère en convaincre encore quelques uns de rallier la cause anti-Malefoy et compagnie. Certains craignent de s'opposer ouvertement à lui. Et d'autres…
Elle parut hésiter, adressa à Harry un sourire goguenard et termina :
- D'autres se sont joints à lui parce que Potter leur donne des boutons…
Hannah toussota.
- Dans notre Maison, c'est un peu pareil… dit-elle d'une voix timide. Enfin, je n'ai jamais entendu quiconque déclarer qu'il était prêt à devenir Mangemort… je veux dire que beaucoup ont peur de Harry, presque autant que de Vous-Savez-Qui. Et puis, il y en a aussi qui ne sont pas contre toutes les idées de… Vous-Savez-Qui, mais qui ne sont pas d'accord du tout sur les méthodes qu'il emploie.
McGregor renifla :
- Poufsouffle, la Maison des timorés et des indécis…
- Ce n'est pas vrai ! s'écria Hannah. La majorité d'entre nous est prête à suivre Harry.
La jeune fille était rouge et elle serrait ses poings devant McGregor.
- Et si… intervint Ginny.
Tous se tournèrent vers elle avec intérêt.
- Et si au lieu de Harry, on mettait Dumbledore, proposa-t-elle.
- Elle a raison, dit Hermione. Que Malefoy veuille faire de cette guerre une affaire personnelle, c'est son problème. Nous, nous sommes l'Armée de Dumbledore… C'est aussi pour cela que nous avons besoin de vous tous. Moins le nom de Harry sera prononcé, mieux nos affaires se porteront.
McGregor hocha la tête, d'un air approbateur. Hannah haussa les épaules. "On peut toujours essayer" avait-elle l'air de dire.
- Mais, au club de Duels, c'est Harry qui donne les cours… insista Ron.
- Quand les premiers mauvais coups commenceront à pleuvoir, tu verras rappliquer au club même ceux qui pensent que Harry est un fou dangereux ! répliqua Ginny.
Harry lui sourit. Ginny, la première de ses fans, et la plus enthousiaste.
- Vous savez, reprit McGregor après un moment de réflexion, il se pourrait que nous ayons quand même de la chance… Son cours de sortilèges, je ne vois pas Malefoy l'ouvrir aux autres Maisons.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? questionna Ron.
- Je veux dire, que même s'il y a de futurs Mangemorts dans les autres Maisons, ils vont se trouver bien seuls à Poudlard. Parce que ça m'étonnerait que Malefoy accepte des Gryffondor dans son équipe, encore moins des Poufsouffle. A la rigueur des Serdaigle… et encore… je n'en suis pas certaine. Il est terriblement sectaire.
Elle fit une grimace dégoûtée.
- C'est juste ! fit Harry en réprimant un rire. On sait tous qu'il n'est pas pour l'unité des Maisons de Poudlard. Il voudra travailler seul pour la plus grande gloire de la Maison de Serpentard.
- Alors que nous nous oeuvrons pour le renom de Poudlard ! s'écria Ginny.
Elle se tourna vers Hannah, le visage radieux :
- Tâche de te renseigner encore, Hannah, sur ce que pensent tes camarades de Maison… Je suis sûre que Luna pourra nous parler des siens dès la rentrée. Nous, nous savons sur qui compter.
- Il y en a encore parmi les Gryffondor qui me prennent pour un fou dangereux également, tempéra Harry avec le sourire.
- Tant que tu nous feras gagner la Coupe de Quidditch tu trouveras des partisans, Harry ! se mit à rire Ginny. Et je ne crois pas qu'un seul de nos camarades, même s'il ne te portait pas spécialement dans son cœur, veuille s'allier à Malefoy, qui lui le méprisera ouvertement. Les Gryffondor sont fidèles à Dumbledore.
- Les Poufsouffle aussi ! se crut obligée d'ajouter Hannah.
McGregor ne put retenir un demi sourire narquois.
- Bien ! fit-elle. Nous avons pris les ordres. Je suggère à présent de nous pencher sur l'organisation de votre Armée de Dumbledore…
Tous la regardèrent, soit avec surprise, soit avec irritation.
- Tu veux dire notre Armée de Dumbledore… corrigea Hermione avec un sourire forcé.
- N'est-ce pas ce que j'ai dit ? C'est que ma langue aura fourché…

Ron se détourna vers Harry, la main sur la bouche. Tous entendirent pourtant presque clairement les mots de "normal" et "Serpentard". Harry se mordit les lèvres, tandis qu'Hermione lançait son coude dans les côtes de Ron. McGregor, elle, paraissait s'amuser beaucoup.
- Que veux-tu dire ? demanda Harry à la Préfète de Serpentard tout en espérant garder son sérieux et ses joues de la couleur chair qu'elles arboraient d'ordinaire.
- Je veux dire qu'il ne fait aucun doute que le commandement suprême te revient, puisque tu es l'instigateur de la lutte contre Vol… Voldemort. J'imagine que Weasley pourrait fort bien être à la tête de la Compagie Gryffondor. Et moi-même je ne dédaignerai pas de me voir confier le rôle d'officier de liaison avec la Compagnie Serpentard. Mais… je suis désolée, Abbot, ne prend surtout pas cela comme une critique personnelle… mais qui commandera les Compagnies Poufsouffle et Serdaigle ?
Harry observa du coin de l'œil la réaction d'Hannah. A son grand étonnement, elle parut soulagée.
- Ernie se chargera fort bien de cela ! assura-t-elle.
- A condition qu'il ferme sa grande bouche ! maugréa Ron.
- Il sait être discret ! s'offusqua Hannah.
- J'aimerais mieux Justin Finch-Fletchey ! insista Ron.
- Oui, mais Ernie est Préfet… rappela Hermione. Et il a une certaine autorité naturelle…
- De gros bras, tu veux dire ! pouffa Ginny.
- Aussi… admit Hermione en souriant.
- Mais Justin est plus malin ! renchérit Ron.
- Eh bien ! fit McGregor avec une pointe d'agacement. Mettez Finch-Fletchey au Renseignement et McMillan comme capitaine ! Et chez les Serdaigle ? Vous pensez approcher laquelle de ces grosses têtes ?
- On a déjà Luna au Renseignement, estima Ginny avec une grimace dubitative. Goldstein me semble une bonne recrue. Il m'a l'air d'avoir une bonne audience dans sa Maison. Et c'est bien de prendre des Préfets : il ont l'autorité, ils peuvent se déplacer comme ils veulent ou presque, et ils ont tous loisirs de se rencontrer dans leur salle.
- Je te signale, au cas où tu l'aurais oublié, que Malefoy aussi a ses entrées chez les Préfets… fit Ron sur un ton amer.
- Il faudra faire attention, trancha Hermione. N'est-ce pas déjà ce que nous faisons chaque jour ? Il suffira de mettre un peu plus de circonspection et de prudence dans nos propos et dans nos actes. Je verrais Anthony à la rentrée, assura-t-elle.
- Et pourquoi toi ? demanda Ron.
- Parce qu'il est en admiration devant un cerveau comme le mien.
Elle battit des cils et Ron se mordit les lèvres pour s'empêcher de faire un quelconque commentaire tandis que Ginny et Hannah pouffaient ouvertement.

Il y eut ensuite un silence qui se teinta peu à peu de gêne. Ils se regardaient tous à tour de rôle, sauf Harry qui essayait d'éviter le regard narquois de McGregor.
- Bien ! fit le jeune homme. Ce sera tout pour aujourd'hui. Prochaine réunion à la rentrée ? Que diriez-vous le mardi en fin de Club de Duels ?
Chacun admit que ce serait une bonne date et un moment où leur conciliabule passerait inaperçu… pour peu que certains se chargent d'éloigner les importuns. Ginny partit la première sous le regard curieux de son frère. Hannah la suivit peu après. Hermione demanda alors comment se sentait le camarade de McGregor qui avait subi le sortilège de Moon. La jeune fille se mit à rire.
- Il a une fâcheuse tendance à traîner des "Haaann" en fin de phrases… mais dans l'ensemble, ça va, quand il se tait. Je pense que cela aurait pu être pire. Rogue n'aurait pu faire autrement que de le punir sévèrement si les autres avaient pu apporter la preuve indiscutable qu'ils avaient été attaqués. Je me demande comment Rogue va s'en sortir quand Malefoy reviendra. Le professeur lui a toujours apporté son soutien jusqu'à présent. Mais je crois qu'ils se méfient l'un de l'autre maintenant. Je ne voudrais pas être à la place de Rogue… soupira-t-elle. Vous saviez qu'il avait été Mangemort ?
- Nous le savons… répondit Harry sur un sourire triste.
- Vous saviez qu'il avait été enfermé à Azkaban ? reprit McGregor.
Il semblait à Harry qu'elle cherchait à se rassurer sur son Directeur de Maison.
- Des gens très bien ont été enfermés à Azkaban… dit-il en essayant de sourire.
- Ouais ! fit Ron. Hagrid par exemple…
McGregor leva un sourcil. Hagrid ne lui semblait guère une référence solide en matière de "gens bien"…
- C'est un drôle de bonhomme, mais il est plutôt sympathique… concéda-t-elle cependant.
- Et Sirius Black également ! continua Hermione.
McGregor se tourna vivement vers elle. Etait-elle devenue folle ?
- Harry ? persistait Hermione. Ne crois-tu pas que notre amie mérite la primeur des prochaines révélations du Chicaneur ?
McGregor sursauta. Granger avait définitivement perdu l'esprit. Elle écouta pourtant Harry lui raconter la véritable histoire de Sirius Black, de ses parents et de Peter Pettigrew. Il alla même jusqu'à lui raconter leur dernière descente dans la Chambre des Secrets et la destruction du journal de Serpentard que Voldemort convoitait afin de faire tomber les défenses de Poudlard. Ron se mit à toussoter, de plus en plus fort, au fur et à mesure qu'Harry parlait. McGregor en vint à lui conseiller d'aller trouver Mrs Pomfresh afin qu'elle lui donnât un sirop contre la toux et Harry se mit à rire.
- Ce sera quand dans le Chicaneur, tout cela ? demanda McGregor vivement intéressée.
Harry haussa les épaules. Il n'en savait encore rien.
- Mais prévois de t'y abonner, McGregor, lui conseilla-t-il. Le Chicaneur va s'arracher comme des petits pains dans quelques temps, tu peux me croire. Et Malefoy va en manger son chapeau.
- S'il pouvait s'étouffer avec, j'achèterais tout un stock de cette feuille de chou pour en tapisser les murs de notre salle commune ! répondit McGregor en riant.
Elle se tut et les regarda tour à tour.
- Pourquoi me racontez-vous cela ? demanda-t-elle soudain.
- Eh bien, fit Harry… Tu seras en première ligne. Il te faut quelques munitions d'avance. En savoir autant que lui, et peut-être même plus sur certains points, te donne un avantage sur l'adversaire.

Elle sourit encore une fois et fit un signe de tête, comme pour le remercier. Elle amorça une retraite vers la porte où Mimi montait toujours la garde.
- Au fait, Granger, appela-t-elle quand elle eut la main sur la poignée de la porte. Ta pommade, elle est vraiment efficace.
Elle plongea la main dans la poche de sa robe et en retira un petit pot d'onguent. Elle le lança vers Harry qui le rattrapa d'un geste vif.
- Beau réflexe, Potter ! Je vais commencer à croire que Malefoy se trompe également quand il dit que seule la chance te met le Vif-D'Or entre les mains ! Tu devrais essayer cette crème sur ta cicatrice si elle te gêne tant que cela… Bien que, moi, je ne vois pas pourquoi tu la caches toujours derrière tes cheveux. Je trouve qu'elle ajoute à ton… charme.
Elle referma la porte sur elle et Mimi se hâta vers les trois amis stupéfaits.
- Quelle fille culottée ! s'exclama-t-elle. Mais elle a raison. Tu as un charme fou, Harry…
Elle poussa un long soupir et battit des paupières derrière ses lunettes. Harry était rouge vif, bien qu'il n'y eût personne pour profiter de son embarras. Ron se mordait les lèvres pour ne pas faire de quelconque commentaires. Hermione s'était détournée pour ne pas éclater de rire. Harry leur jeta un regard assassin.
- Tu vois Hermione, c'est bien ce que je te disais. Il n'y a que ma cicatrice qui les intéresse.
Ron renifla.
- Ce n'est pas mon impression à moi ! grogna-t-il.
- Ron a raison, Harry, réussit à dire Hermione sans rire. La preuve, elle te donne même les moyens de la faire disparaître, cette cicatrice…
Harry lui renvoya la petite boite d'onguent.
- Vous êtes deux idiots… marmonna-t-il en s'éloignant.

Ron tendit la main à Hermione qui remerciait Mimi d'avoir bien voulu prêter ses appartements pour cette réunion discrète. Elle la prit dans la sienne, un grand sourire sur ses lèvres. Avant de sortir des toilettes, elle se hissa sur la pointe de ses chaussures et embrassa Ron avec une fougue dont le jeune homme s'étonna.
- Waow ! fit-il. Que me vaut cet élan inhabituel ?
- C'est pour avoir admis que Rogue faisait partie des gens bien, répondit Hermione.
- Je n'ai jamais dit cela ! répondit Ron.
Hermione lui jeta un regard de côté tandis qu'ils sortaient dans le couloir.
- Je sais… murmura-t-elle avec un sourire en coin.
- Mais je veux bien reconnaître que…
- Que quoi, Ron ?
- Puisque Bill a dit qu'il avait bien soigné Percy… et puis Harry a l'air de dire que…
Hermione retenait avec beaucoup de difficultés le coin de ses lèvres qui frémissaient.
- Je suppose qu'on peut bien lui laisser le bénéfice du doute… finit par consentir le jeune homme.
Hermione lui sauta au cou au milieu du couloir, devant la file des armures qui gardaient le passage. Ils entendirent du bruit et Ron l'entraîna dans le renforcement d'une ancienne meurtrière murée, entre deux armures vides. S'il avait su quelle en était la récompense, il aurait dit beaucoup plus tôt qu'il renonçait à sa méfiance envers le professeur de Potions ; même s'il ne le pensait qu'à moitié. Il entendit à nouveau le bruit qui avait failli les surprendre au milieu du couloir. Il tourna la tête vers l'armure à sa droite. Il lui sembla qu'elle avait bougé. Des bruits de baisers s'échappèrent du heaume. Hermione ramena le visage de Ron vers elle.
- La ferme, Peeves !

Du coin de l'œil, Ron la vit baisser vivement la visière du heaume. Un "Beurk !" retentit, l'armure s'effondra et Peeves fonça dans les couloirs de l'école en hurlant "Tenue indécente ! Tenue indécente !". Rusard qui traînait par là se précipita. Il vit deux Préfets de Sixième Année qui remontaient une armure démantibulée par ce voyou de Peeves. Ron le salua d'un sourire tandis qu'Hermione lui demandait poliment des nouvelles de sa santé.
- Je vous aurais… Je vous aurais, sale petits morveux… murmura-t-il quand ils passèrent devant lui.
- Je vous ai à l'œil ! leur cria-t-il alors qu'ils disparaissaient dans le corridor qui menait au tableau de la Grosse Dame.

Harry, dès qu'il sortit des toilettes de Mimi, se dirigea vers le bureau de McGonagall. Il fallait qu'il vît Dumbledore. Il avait à présent un prétexte valable pour lui demander une audience au cas où la sévère Directrice de sa Maison voudrait savoir ce qu'il avait de si urgent à communiquer au Directeur. Il se présenta à nouveau devant la porte et celle-ci s'ouvrit. Assise à son bureau, McGonagall consultait des dossiers. Elle le regarda par-dessus ses lunettes et lui fit signe de s'asseoir.
- Le Professeur Dumbledore n'est pas à Poudlard, dit-elle tandis qu'Harry prenait place dans le fauteuil face à elle. Il ne reviendra pas avant un ou deux jours. Si ce que vous avez à lui dire est urgent, je peux lui transmettre un message.

Harry hésita. S'il parlait de la menace de Voldemort sur les moldus à McGonagall, il n'aurait plus d'excuses pour revenir voir Dumbledore. D'un autre côté…
- Hermione Granger et moi avons réfléchi à ce que pouvaient signifier les avertissements de la Tour de Londres, Professeur…
Il nota tout de suite l'intérêt du professeur. Elle fit apparaître une assiette de petits gâteaux qu'elle poussa vers lui. Il en grignota quelques uns pendant qu'il expliquait l'idée qui leur était venue à l'esprit au sujet des manifestations de l'anniversaire officiel de la Reine d'Angleterre. McGonagall pâlit un peu. Elle se domina cependant.
- C'est en effet une éventualité qu'il ne faut pas négliger, répondit-elle en tentant de maîtriser le tremblement de sa voix. Je fais parvenir une note à Alastor Maugrey sur-le-champ.
Comme Harry ne bougeait pas elle releva la tête, une interrogation dans les yeux.
- Oui, Potter ? Auriez-vous autre chose à nous apprendre ?
- Non, Professeur… répondit Harry en rougissant. Je me demandais juste si vous saviez ce que j'allais devenir dans les semaines qui viennent…
McGonagall posa sa plume et se cala dans le dossier de son fauteuil.
- Que voulez-vous dire ?
Il sembla à Harry qu'elle essayait de gagner du temps. Il décida de ne pas lui laisser le loisir de le mener comme elle l'entendait.
- Pettigrew a dit que Voldemort en savait plus sur moi que je ne le croyais… il a ajouté qu'il en savait bien plus sur tous ceux qui se croyaient à l'abri. Je sais que ces paroles conviennent à d'autres que moi, mais je crains que la maison de ma tante ne soit plus un abri sûr et qu'elle et sa famille ne soient eux-mêmes en danger de mort. Je me demande ce qu'il adviendra de moi lorsqu'il faudra quitter Poudlard pour les vacances. L'école pourra-t-elle m'accueillir comme l'été dernier ? Je ne voudrais être un poids pour personne…
- Personne ne vous considère comme un poids, l'interrompit vivement le Professeur. Qui a eu l'audace et le cœur de vous dire une chose pareille ?
- Personne, Professeur ! se hâta de dire Harry, tout en reculant sur son siège devant l'indignation de McGonagall. C'est moi qui ne veut pas mettre en danger mes amis et leur famille.
- Sachez, Potter, se leva le Professeur, que ceux que vous prétendez mettre en danger ne le sont pas de votre fait. Ils livrent un combat qu'ils ont choisi. Ils connaissent les risques. Et…
Sa voix trembla. Elle battit plusieurs fois des paupières, reprit son souffle et acheva :
- …ils les acceptent.
Elle quitta son bureau pour se rapprocher de la fenêtre. Harry voyait le terrain de Quidditch dans la lumière du jour déclinant. Il tenta une approche.
- Professeur McGonagall ? demanda-t-il doucement. Avez-vous des nouvelles de Charlie Weasley ?
Il sentit la vieille dame se raidir dans le contre-jour. Il savait qu'elle avait pour le cadet des Weasley une affection particulière.
- Il est toujours en Roumanie, répondit-elle d'une voix sourde.
- Pourquoi… pourquoi n'est-il pas rentré lorsque les choses se sont gâtées ? demanda encore Harry.
- Parce qu'un capitaine ne laisse pas tomber son équipe quand le vent se met soudain à tourner, Potter… et parce que Charlie Weasley n'a jamais laissé une tâche inachevée.

Harry vit McGonagall passer son doigt sous ses lunettes. Elle se tourna vivement vers lui et revint vers son bureau. Elle ouvrit un dossier et pointa son index dessus.
- Je vois que vos résultats en Potions se sont améliorés, Potter. Et le professeur Londubat ne tarit pas d'éloges sur vous… Vous vous maintenez en botanique, mais vous devriez faire un effort. Tâchez de travailler avec Mr Londubat, Neville, cela vous serait profitable, j'en suis sûre. Il n'y a guère qu'en Histoire de la Magie que vos résultats restent irréguliers. J'ai dit que je vous aiderai à devenir Auror, aussi je vous laisse jusqu'à la fin de l'année pour faire vos preuves en ces deux matières où vous n'êtes pas, j'en suis sûre, au maximum de vos possibilités. Si vos notes à vos examens n'atteignent pas les soixante-dix pour cent de la note maximale, je me verrais obligée de vous donner des leçons particulières pendant les vacances, où que vous les passiez… S'il y a une chose que je n'aime pas, Potter, c'est qu'on me fasse manquer à ma parole.

Elle maîtrisait une agitation que Harry sentait malgré tout. Elle lui fit un signe et Harry comprit qu'elle le congédiait. Lorsqu'il fut à la porte, elle le rappela.
- Je ferai part de vos craintes au Professeur Dumbledore, dit-elle d'une voix plus douce. Je vais être obligée moi aussi de quitter Poudlard pour quelques jours. Si vous aviez à nouveau, vous ou Miss Granger, une information importante à faire passer aux responsables de l'Ordre, vous pourriez toujours vous adresser au Professeur Rogue.

Harry acquiesça de la tête. Il tenta à nouveau sa chance.
- Je sais que cela ne me regarde pas, Professeur… commença-t-il en feignant hésiter. Mais je me demandais si le Professeur Rogue restait à Poudlard pour les vacances parce qu'il estime que l'enseignement qu'il me prodigue est plus important que ses occupations ; ou parce qu'il n'a d'autre endroit où aller… ainsi que moi… ?

McGonagall fronça les sourcils. Elle parut réfléchir, pinça ses lèvres et plissa les yeux derrière ses verres.
- Peut-être un peu des deux…
Harry balança encore une fois.
- Professeur ?
McGonagall pencha la tête sur le côté.
- Potter ?
- Savez-vous ce que mes parents ont fait quand ils sont sortis de l'école ?
Les yeux de Minerva McGonagall s'élargirent de stupeur.
- Vous l'ignorez ?

Harry se sentit honteux. Elle lui fit un geste impératif de la main. Il revint à son bureau. McGonagall se dirigea d'un pas vif vers une armoire qu'elle ouvrit d'une main ferme. Il l'entendit fouiller et elle ressortit avec un livre un peu poussiéreux qu'elle ouvrit sur le bureau. Elle le feuilletait rapidement. Bien que le livre fut à l'envers pour lui, Harry aperçut deux articles de presse sur lesquels il reconnut la photo de Charlie Weasley. McGonagall parut trouver enfin ce qu'elle cherchait. Elle ouvrit la page devant Harry et tourna l'album vers lui. Il baissa les yeux avec appréhension vers l'article que le Professeur lui présentait. Tout d'abord, il vit la photo. Son père, guère plus vieux que dans la pensine de Rogue, montrait une coupe de Quidditch, entouré de l'équipe toute entière. La légende prétendait que le club dans lequel il jouait, et dont Harry avait vaguement entendu parler par Ron, allait bientôt posséder le plus jeune attrapeur national de l'histoire du Quidditch d'Angleterre.
- Il a joué dans l'équipe d'Angleterre ? demanda-t-il d'une voix rauque.
- Il y est entré comme remplaçant durant un an. Il a été titulaire une autre année. Et l'année avant la Coupe du Monde, il a dû se cacher… De toutes façons, elle a été annulée.
Il y avait du regret dans la voix du vieux Professeur. Elle reprit cependant :
- Mais son club a été en tête du championnat tout le temps où il y a été attrapeur !
Elle l'invita à feuilleter le livre à son tour. Harry tourna une page, puis deux, ensuite il referma le livre.
- Et ma mère ? questionna-t-il. Il parait qu'elle était douée pour les enchantements.
- Elle étudiait pour devenir Auror lorsque vous êtes venu au monde. Elle n'a jamais pu passer les épreuves terminales…
- Vous voulez dire qu'elle a échoué à son examen final… fit Harry, un peu amer.
- Si tel était le cas, croyez-vous que nous serions là, vous et moi à parler d'elle ainsi ?

Le silence était tendu. Pourtant ni le professeur, ni l'élève n'avait envie de le rompre. Dans un bruissement qui les fit sursauter, Fumseck apparut et se posa sur le dossier du fauteuil du professeur. McGonagall se ressaisit la première.
- Je dois partir, Potter. Veuillez refermer correctement la porte derrière vous.
Minerva McGonagall referma ses dossiers et les rangea dans l'armoire avec l'album photo de ses anciens élèves. Harry jeta un dernier coup d'œil sur elle. Il se demanda si lui aussi finirait dans le livre de souvenirs de la Directrice de Gryffondor.
- Merci, Professeur, dit-il la main sur la porte.
- Vous me remercierez quand vous aurez obtenu vos examens d'entrée à l'école des Aurors du Ministère, Potter. N'oubliez pas : Botanique et Histoire de la Magie. J'en parlerai à Miss Granger.

Elle tendit la main à Fumseck et disparut comme Harry refermait la porte sur lui.