Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.


Harry lui sourit. Ginny, la première de ses fans, et la plus enthousiaste. Je ne vois pas non plus ce qu'il y a d'insultant là-dedans…Il est simplement stupéfait chaque fois par l'enthousiasme de ses amis à son sujet, et celui de Ginny est de loin le plus démonstratif…

Quant à leurs relations, je vous laisse découvrir ce qu'il en sera…

Pour les autres questions… vous aurez vos réponses au fur et à mesure de la lecture…


Chapitre 62

Complots

La deuxième semaine de vacances passa très vite ; trop au gré de Ron et Harry. Ron parce qu'il avait réussi à s'imposer dans l'emploi du temps d'Hermione et qu'il trouva le temps trop court ; Harry parce qu'il voyait revenir la rentrée avec appréhension. Hermione leur faisait réviser les cours de Botanique et d'Histoire de la Magie à tous les deux de manière intensive depuis que McGonagall lui avait touché deux mots quant à ces matières. Dans le labo secret, ils s'entraînaient aux enchantements, sortilèges et métamorphoses. C'était assez drôle parfois quand Ginny participait aux séances. Elle était vraiment douée. Tout lui semblait facile et son frère maugréait parfois contre ses dons indéniables. Harry avait voulu qu'Hermione enchantât les miroirs pour elle également. Ron n'avait pas manqué d'en demander les raisons.
- On ne sait jamais… avait répondu le jeune homme évasivement.
Il ne voulait pas assombrir la bonne humeur de son ami en évoquant un été loin de sa bien-aimée.

Les cours avec Rogue étaient de plus en plus précis et de plus en plus intéressants. Il avançait dans la maîtrise de la magie plus vite qu'il ne l'avait jamais fait. Rogue bien sûr n'était jamais satisfait. Il ne le félicitait jamais, même lorsqu'il réussissait des charmes difficiles d'un niveau bien supérieur à celui d'un Sixième ou d'un Septième Année. Il le poussait constamment jusqu'à ses limites de patience, d'orgueil et de maîtrise de soi.

Harry sentait à présent très souvent la magie qui montait jusqu'au bout de ses doigts. L'expérience que Rogue lui avait fait subir, la pratique quotidienne de la magie ancienne, avaient fait reculer ses craintes et la censure qu'il exerçait sur lui-même et ses pouvoirs. Il se sentait plus fort, plus sûr de lui. Il avait tenté d'expliquer à Ron ce qu'il ressentait de nouveau. Cette puissance entre ses mains et son esprit qui concevait plus clairement quels chemins il devait prendre. Ses craintes étaient toujours là, mais il les dominait. Il acceptait enfin ce qu'il était. Ni une abomination de la nature, ni un taré, ni un super héros à mode moldue. Il était un sorcier, tout simplement. Un sorcier au potentiel extraordinaire.
- Prends garde quand même de ne pas laisser gonfler ta tête un peu trop gros, lui conseilla Ron tandis qu'il tournait pour Hermione les pages d'un magazine.
- Si ce n'était pas le cas, crois-tu que Rogue prendrait la peine de m'enseigner ce qu'il sait ? insista Harry.
- Ne t'inquiète pas, Ron, répondit Hermione distraitement. Au besoin, notre cher professeur Rogue saura crever ce trop plein de vanité d'un coup de baguette magique.

Harry lui sourit. Elle était elle-même très satisfaite. Tout ce qu'elle lui avait tant de fois conseillé – de laisser remonter les souvenirs de la puissance de Voldemort, de ne plus refuser la magie qui était en lui, d'avoir confiance en ses pouvoirs- s'avérait exact. Il s'étonnait cependant qu'elle ne lui eût pas fait remarquer, d'une manière plus appuyée que le sec "Tu vas peut-être te décider à m'écouter à présent" qu'elle lui avait lancé quelques jours plus tôt, son incroyable perspicacité et son infinie clairvoyance. Il soupçonnait que la crainte d'entendre Ron reparler de Krum l'empêchait de prétendre qu'elle ne se trompait jamais.

Il n'était plus question entre eux de ce triste épisode de la guerre. Harry évitait ce sujet comme Peeves le Baron Sanglant et Ron n'osait plus en parler depuis que Ginny l'avait traîné dans les toilettes pour lui passer un savon. D'autres sujets de disputes avaient aussitôt ressurgis, beaucoup plus futiles. Hermione faisait chaque fois mine de céder. "Tu as raison, Ron" disait-elle simplement, les yeux au ciel, et elle s'en allait aussi sec n'en faire qu'à sa tête. Cela amusait beaucoup Harry. Cela le rassurait aussi. Voir ses amis heureux l'un auprès de l'autre lui donnait l'espoir qu'il pourrait un jour en être de même pour lui.

Car plus il progressait dans la maîtrise de la magie, plus sa cicatrice lui faisait mal. Malgré tous ses efforts pour fermer son esprit à celui de Voldemort, il était certain que celui-ci sentait sa puissance magique augmenter. Il essayait parfois de le surprendre lorsque sa vigilance était assoupie et il fallait alors à Harry tout son pouvoir de concentration pour rejeter ce sentiment de haine désespérée qui emplissait son âme. Et pourtant, lorsqu'il réussissait à tenir éloigné de lui les pensées corrompues du Maître des Ténèbres, il se sentait vide. Terriblement seul et insignifiant. Il n'y avait que lorsqu'il pratiquait la magie dans les cachots qu'il se sentait bien. La voix de Rogue le guidait, sèche, cassante, précise. L'exaspération du professeur le stimulait, son approbation le rassurait. Il laissait la magie combler le vide de son cœur et de son esprit. Il eût voulu que les cours durassent encore et encore. Il serait resté des heures à entendre Rogue lui expliquer qu'il s'y prenait fort mal pour réussir ses sortilèges, à le regarder lui montrer combien il était bien meilleur que lui.

Le vendredi, alors qu'il n'avait pratiquement pas ouvert la bouche de tout l'après midi qu'il venait de passer avec Rogue, le professeur le retint dans son bureau.
- Avez-vous eu des nouvelles de votre ami, Potter ? demanda-t-il en touchant son front.
- Non, Monsieur, répondit Harry.
- Vous me semblez bien sombre pourtant…
Harry leva vers lui un regard interloqué. Depuis quand Rogue s'intéressait-il à ses humeurs ? si ce n'était pour les critiquer et les tourner en dérision. Il crut qu'il allait lui demander s'il avait des peines de cœur et se moquer de lui une fois de plus. Il fut sur le point de lui répondre que cela ne le regardait pas. Il y renonça. Il porta à son tour la main à sa cicatrice.
- J'ai l'impression qu'il sait que mes pouvoirs augmentent…
- Vous croyiez qu'il ne s'en rendrait pas compte ?
Rogue essayait l'ironie. Elle ne toucha pas Harry autant que celui-ci l'eût souhaité.
- Il cherche parfois à me faire mal. Il voudrait me montrer des images terribles. Il a…
Harry hésitait à prononcer les mots qui lui venaient à l'esprit.
- Peur ? termina Rogue à sa place. Pourquoi aurait-il peur de vous ?
- Parce qu'il sait que j'ai le pouvoir de le vaincre… murmura Harry malgré lui.
Rogue ne cilla pas. Harry sentit son cœur se serrer.
- Mais, reprit le professeur, toujours impassible, cela il le sait depuis très longtemps déjà.
Harry ne répondit pas. Rogue se caressa le menton un long moment avant de continuer.
- Je vous l'avais dit, Potter, il n'est pas bon d'aller trop vite sur les chemins de la magie. Vous m'obligez à renoncer aux leçons que je comptais vous donner ce week-end.
Harry ressentit une légère déception.
- Profitez-en pour vous changer les idées, conseilla-t-il. La rentrée sera difficile et nous aurons peu de temps jusqu'aux vacances…
Il se tourna vers ses livres tandis qu'Harry traînait le pas vers la porte.
- Potter, le rappela-t-il le dos tourné, vous avez des amis. Ne les laissez pas s'éloigner de vous.
La porte s'ouvrit derrière Harry. Il se cacha sous sa cape et sortit. La porte se referma et il s'éloigna dans le couloir des quartiers de Serpentard.

Il ne comptait pas rejoindre Ron et Hermione. Ce furent ses deux amis qui le retrouvèrent.
- On va se promener, annonça Ron.
- Tu viens avec nous ! décida Hermione.
Elle prit son bras gauche, Ron son bras droit et ils l'entraînèrent vers le parc. Ils le lâchèrent pour prendre la main l'un de l'autre dès qu'ils furent certains qu'il les suivrait. Ron le questionna sur sa leçon avec le professeur de Potions. Harry répondit sobrement, par monosyllabes. Hermione ne disait rien.
- Tais-toi, Ron ! finit-elle par dire. Lorsque Harry aura envie de nous parler, il nous parlera.
Harry soupira. Autant parler tout de suite.
- Rogue sait pour la prophétie, murmura-t-il.
- Bien sûr, lui répondit Hermione avec évidence. Souviens-toi, Harry, c'est Lucius qui t'a parlé le premier de la prophétie au Ministère… et si Lucius est au courant, Rogue l'est aussi.
- Tu as toujours réponse à tout, n'est-ce pas ? fit Harry avec impatience.
- Pas toujours, répondit Hermione doucement.
Harry haussa les épaules.
- Tout le monde savait pour cette fichue prophétie ! sauf moi ! Je suis tout de même le premier intéressé non ?
Ron et Hermione échangèrent un regard inquiet.
- Pardonnez-moi ! leur dit Harry. Je ne sais pas ce qui m'arrive. Je suis un peu…
- Déprimé ? proposa Ron. Tu travailles trop !
- Tout comme toi, sourit Harry.
- Oui, mais moi, je sais doser mon effort. Et j'ai des compensations…
Il rendit à Harry un sourire malicieux. Hermione leur jeta un regard narquois.
- Si c'est une motivation qui vous manque, je peux suggérer à McGonagall de vous priver de Quidditch tant que vous n'aurez pas atteint un niveau acceptable dans les matières adéquates…
Ron cessa de marcher brusquement. Il observa son amie avec circonspection et se pencha vers Harry :
- Elle plaisante là !
- J'en suis pas sûr… lui répondit Harry sérieusement.

Ils se promenèrent un long moment encore. Harry songeait qu'il n'avait pas volé sur un balai depuis deux semaines et cela lui manquait. Dès qu'il reprendrait l'entraînement dans quelques jours, il se sentirait mieux. Il lui tarda la rentrée soudain -malgré le fait qu'il lui faudrait renoncer pour un temps aux leçons avec Rogue- le retour à l'activité fébrile de Poudlard, les jours déclinés en cours et les semaines rythmées par les entraînements de Quidditch… Ils rentrèrent au Château et montèrent dans le laboratoire d'Hermione. Ils avaient encore quelques journaux reçus le matin même à éplucher. Ils ne trouvèrent rien à se mettre sous la dent, à part le récit, enfin, de l'attaque de Mr Weasley dans son propre bureau par des Mangemorts qui s'étaient introduits dans le Ministère. L'article relatait que le Directeur du Département du Commerce Magique ne devait son salut qu'à l'intervention de quelques Aurors de service et à celle, inopinée, de son fils Perceval Weasley, qui avait déjà lui-même été la victime des partisans de Celui-Dont-On-Ne-Prononce-Pas-Le-Nom quelques mois auparavant. Le malheureux jeune homme n'avait pas reparu à son poste au Ministère et les nouvelles qu'avait bien voulu donner son père n'étaient guère rassurantes. Ils savaient par McGonagall que Percy se trouvait toujours au dernier étage de l'Hôtel Delacour. Son état était stationnaire, les plaies profondes cicatrisaient mal et s'il ne souffrait pas trop c'était grâce aux calmants qu'on lui faisait prendre régulièrement.

Le Chicaneur reprenait la nouvelle, précisant que les Mangemorts ne s'étaient pas introduits au Ministère mais en faisaient bel et bien partie. A grands renforts d'interrogations sur les méthodes de recrutement des agents du Ministère, il réclamait que tous ceux qui travaillaient pour le gouvernement sorcier, du moindre gratte-papier au plus haut des hauts fonctionnaires montrassent patte blanche, ou plutôt un poignet gauche vierge de toute marque. Ron fit remarquer que le père de Luna allait finir par s'attirer des ennuis à afficher ainsi des opinions si peu nuancées et radicales. Hermione lui répondit que la réputation de son journal le mettait encore à l'abri des interventions du Ministère qui préférait le silence à un démenti qui mettrait les articles incriminés en exergue. Elle craignait d'avantage les réactions des Mangemorts, mais comme elle l'avait déjà exprimé quelques temps plus tôt, ce n'étaient certainement pas les menaces qui empêcheraient Mr Lovegood de crier sur les toits qu'il n'aimait ni le Ministère, ni Voldemort, ni ses idées. Ginny avait écrit à Luna pour faire à son père la proposition d'article sur Voldemort. La jeune fille lui avait répondu qu'il n'attendait que leurs informations pour écrire un article qui ferait exploser ses ventes. Ils avaient sur-le-champ rédigé un texte sous la dictée d'Hermione et l'avaient envoyé, en espérant, ainsi que Ron le fit remarquer d'un ton lugubre, que seules les ventes du Chicaneur exploseraient à la parution de la nouvelle.

L'attente était insupportable à Harry. Il avait hâte de voir l'effet sur Malefoy des révélations de toutes sortes du Chicaneur. Il avait hâte de savoir où il passerait son été. Il avait hâte d'aller plus loin dans la pratique de la magie. Il avait hâte de savoir ce que manigançait Voldemort. Il avait hâte de se retrouver face à lui afin de faire cesser toutes ces questions. Il se sentait fébrile, comme à la veille d'un match important. Il était assailli de sentiments contradictoires. Il était réellement heureux pour Ron et Hermione ; en même temps leur entente, les gestes qu'ils avaient l'un pour l'autre l'agaçaient autant que leurs disputes aussi brèves que brutales à propos de tout et de rien. Il appréciait la discrétion de Ginny. Et il ne pouvait s'empêcher de penser qu'elle n'avait pas été très présente auprès d'eux toute cette dernière semaine de congé.

Elle avait reçu le vendredi matin un paquet de la part de Fred et George, qui contenait entre autre chose, un sachet de poudre d'Estourbinette, subtilisée à leurs risques et périls au stock de Maugrey, précisaient-ils. Le sachet avait été confisqué aussitôt par Hermione qui voulait d'abord l'analyser, afin, d'une part, de savoir exactement de quoi il retournait, pour pouvoir l'utiliser sans risque que cette satanée poudre leur explosât au visage ; et, d'autre part, d'en fabriquer elle-même si son utilisation s'avérait probante. Elle avait bien essayé de savoir ce que contenait le reste du paquet, en bonne Préfète soucieuse de la légalité des actes de ceux qu'elle surveillait, fussent-ils eux aussi Préfets. Ginny, en digne sœur des jumeaux lui avait répondu de se mêler de ses affaires et que ce qu'on ne sait pas ne fait pas de mal. Ron avait fait un clin d'œil à Harry et avait murmuré "Boite à Flemme" tandis qu'Hermione avait le dos tourné ; ce à quoi la jeune fille avait répliqué sur un ton pincé que si Boite à Flemme il y avait, elle n'était sûrement pas pour Ginny qui n'avait rien d'une tire-au-flanc. Ron avait alors montré son œil à Harry dans un sourire goguenard à l'intention d'Hermione. Celle-ci s'était aussitôt retournée vers le jeune homme et lui avait rappelé qu'il était aussi Préfet avant de courir à son labo pour étudier la nature de la poudre d'Estourbinette tout en espérant suivre les pas de Ginny pour découvrir ce qu'elle cachait. La grimace de Ron avait fait rire Harry, tandis qu'il murmurait qu'il était un Préfet coincé entre sa Préfète de sœur et sa Préfète de petite amie. Et Harry commençait à penser, comme Ron, que Ginny complotait quelque chose…

Il passa la majeure partie du samedi seul, malgré l'insistance de ses amis à vouloir l'inclure dans leurs projets. Il ne voulait pas assombrir leur journée par son humeur maussade, ni troubler leur intimité naissante. Il ne doutait pas de l'amour qu'ils éprouvaient l'un pour l'autre. Pourtant, il avait l'impression étrange que leur relation était encore fragile et qu'il suffirait d'un rien pour qu'elle se brise. Il déambula dans les couloirs, sans but précis, jouant les pressés dès que l'un de ses condisciples faisait mine de vouloir échanger avec lui d'autres paroles que des paroles banales. Il fuit la Salle des Quatre Maisons dès qu'il aperçut les frères Crivey. Il crut que la Bibliothèque lui offrirait un refuge sûr. Il y trouva Ginny et Ellie McGregor plongées dans le même livre. Il jeta un œil dessus en passant devant elles et leur adressa un sourire moqueur en reconnaissant un livre de Septième Année sur la Défense contre les Forces du Mal. Il pensa que l'une d'entre elles voulait l'impressionner lors de leur prochaine séance de club de Duels. Les jeunes filles le regardèrent passer sans un mot, puis pouffèrent dans leur livre, dès qu'il leur tourna le dos. Une exaspération incommensurable monta de son cœur à sa tête. Il leur jeta un regard noir et les livres posés près du coude de McGregor se retrouvèrent par terre dans un bruit qui emplit la haute salle d'étude. Mrs Pince fut près d'elles en quelques secondes pour les prier de traiter les ouvrages que l'école avait la bonté de mettre à leur disposition avec le minimum de respect que des béotiennes comme elles leur devaient. Harry s'installa près d'une fenêtre devant un rayonnage de grimoires anciens sur l'Histoire de la Magie. De sa place, il pouvait voir Ginny aider McGregor à ramasser les grimoires tombés au sol, sous l'œil sévère de Mrs Pince. Les deux jeunes filles lui remirent la pile de livres et s'esquivèrent avant de s'attirer les foudres de la terrible bibliothécaire. Harry ouvrit lui-même un livre qu'il prit au hasard sur l'étagère à sa portée et se cacha derrière. Il n'était pas certain que Rogue apprécierait l'usage qu'il venait de faire de son enseignement. Il n'était pas certain non plus que Ginny n'eût pas deviné qui était le réel responsable de la chute de si respectables ouvrages. ? Ça lui apprendrait à comploter avec une Serpentard… Il se demanda pourquoi cette pensée tout à coup lui venait à l'idée. Il les chassa toutes les deux de son esprit. Il était venu se cacher à la bibliothèque pour être tranquille, nom d'une gargouille ! pas pour s'encombrer la tête de leurs manigances stupides… Un chuchotement le tira de ses pensées. Il provenait de derrière le rayonnage. Malgré lui, il leva les yeux vers Mrs Pince. Elle ne tolérait aucun bruit, ni aucun désordre. Elle n'allait pas tarder à intervenir. Elle était cependant occupée de l'autre côté de la salle à ranger les livres de Ginny et McGregor. Harry tendit l'oreille.
- Qu'est-ce qu'elles font ensemble, ces deux-là ? demandait une voix qui ne lui était pas inconnue.
- Elles font partie du même groupe d'étude. Elles travaillent par deux… expliqua la deuxième voix. C'est une idée de Granger !
Harry cessa de respirer. Il venait de reconnaître cette voix-là. C'était un dénommé Green, Cinquième Année de Serpentard, qui venait au Club de Duels et qui fréquentait la Salle des Quatre Maisons. L'autre voix émit un reniflement sarcastique.
- Alors ? reprit-elle. Que peux-tu me dire de plus sur leurs intentions ? Ils savent que nous allons nous aussi nous entraîner intensivement.
- Ils n'ont aucune intention particulière, que de continuer leur stupide Club de Duels… avec cet insupportable petit Potter. Ils s'imaginent que c'est pour l'embêter que Malefoy veut avoir son propre club.
L'autre ricana.
- Oh oui ! Potter sera bien embêté quand nous aurons envoyé le cercle de ses admirateurs à l'infirmerie pour un bon bout de temps. Il se réduira vite le nombre de ses amis, lorsqu'ils sauront ce qui arrive à ceux qui osent se lever contre l'héritier de Serpentard. Souviens-toi de ce qui s'est passé lorsque la Chambre des Secrets a été rouverte ! Plus personne n'osait s'approcher de lui.
Harry fut tenté de crier que c'était surtout parce que tout le monde croyait qu'il était lui-même l'héritier de Serpentard.
- Bien, reprit la voix qu'Harry n'arrivait pas à reconnaître. Continue comme ça, Green, et Malefoy sera très satisfait de toi. Ces deux idiots de Borneville et d'Inglethorp sont grillés… McGregor les a repérés. Pour toi, elle ne se doute de rien.

Il s'interrompit car la voix de Mrs Pince sermonnant quelques bavards se rapprochait du rayonnage. Harry se cacha derrière son livre posé en paravent. Il entendit les deux conspirateurs se séparer. L'un d'eux passa devant la couverture de son livre d'un pas rapide. L'autre fit de même quelques secondes plus tard. Harry risqua un œil lorsqu'il crut le danger écarté. Son cœur battait très vite. Il vit Green se diriger vers la porte de la bibliothèque. Il cherchait dans sa mémoire qui pouvait bien être l'autre. Une chose était certaine, cependant. McGregor ne laissait filtrer aucune des informations qu'elle avait apprises d'eux. La présence des deux espions reconnus y était sans doute pour quelque chose. Il devait l'avertir de se méfier de Green. Il devait avertir tout le monde de se méfier de lui. Il fut tenté de quitter illico la bibliothèque. Il se contenta de changer de place, au cas où "l'autre" reviendrait dans les parages. Il rangea son livre et quitta sa table discrètement. Mrs Pince avait filé à l'autre bout de la salle. Elle sermonnait apparemment un jeune homme qui n'avait pas rendu des ouvrages à la date prévue. Harry sentit une sueur baigner son front. Il venait d'identifier la voix qu'il n'avait pas reconnue, à sa façon hautaine de prononcer le mot "intention".
- Ah ! fit Mrs Pince, sarcastique. Puisque ce n'était pas votre intention d'oublier de rendre cet ouvrage, Mr Moon, vous n'oublierez donc pas que vous aviez l'intention de me le rapporter dans les plus brefs délais… où je me verrais dans l'obligation d'en référer à votre Directeur de Maison. Ce n'est pas la première fois que je vous rappelle à l'ordre à ce sujet, Mr Moon. Si vous avez besoin de plus de temps que nécessaire pour lire les livres que vous empruntez, je peux vous conseiller un excellent précis d'apprentissage de lecture, à moins que ce ne soit du fascicule de Meredith Joublitou "développer votre mémoire sans effort" dont vous ayez besoin. On vend également de très bons Rappeltout dans les diverses boutiques de Pré-Au-Lard…

Harry se demanda combien de fois Moon avait oublié de rapporter les livres empruntés pour mériter ainsi le courroux de Mrs Pince. Il profita que l'attention de tous était tournée vers la Bibliothécaire pour quitter la pièce sans se faire remarquer. Il s'empêcha de courir vers la salle des Quatre Maisons, où Ginny et McGregor, si elles voulaient travailler ensemble, devaient se trouver. Il croisa Rusard, qui l'observa de son œil soupçonneux avant de se précipiter vers un groupe de Première Année qui arrivait en riant. Si la guerre éclatait entre les deux factions ennemies au sein même de Poudlard, il aurait fort à faire. Peut-être en serait-il même la première victime. Il imagina l'oraison funèbre que ferait Dumbledore : Argus Rusard, notre fidèle et dévoué concierge, martyr de son devoir, tombé dans les couloirs de Poudlard, atteint par un sortilège perdu alors qu'il hurlait à deux belligérants qu'il était interdit, entre autre, de s'entretuer dans les couloirs de l'école… Il s'en voulut de rire de cette situation préoccupante. Mais comme il arrivait devant l'entrée de la Salle Commune, il se promit de faire amende honorable plus tard. Il entra dans la Salle et son regard fut tout de suite attiré par les deux jeunes filles qu'il cherchait. Il marcha vers leur table d'un pas très décidé, au début. Ginny leva la tête, ferma le livre qu'elles lisaient et le plaça sous ses affaires. Elle s'accrocha à ses bouquins lorsqu'il s'arrêta devant elles et Harry se sentit mal à l'aise. Les deux filles le fixaient franchement, sans faire le moindre effort pour lui venir en aide, alors qu'il se mettait à rougir. Il s'assit sans un mot, remonta ses lunettes sur son nez, joua un instant avec sa baguette sur la table. Elles le regardaient toujours sans parler.
- Je viens de la bibliothèque, dit-il soudain.
- On le sait ! fit Ginny, sarcastique.
Et elle savait aussi pour les livres, songea Harry. Il se racla la gorge. Il se pencha vers elles, face à lui.
- J'ai entendu Moon qui parlait à l'un de ses amis…
McGregor parut brusquement plus intéressée.
- Lequel ? demanda-t-elle.
- Tu ne devineras jamais… lui répondit Harry avec un sourire satisfait.
En fin de compte, cela ne lui déplairait pas de rabaisser le caquet de cette fille un peu trop sûre d'elle. Il continua :
- Et Hermione avait encore raison, Malefoy ne veut pas seulement faire le ménage dans sa propre Maison… il veut aussi faire peur aux amis de Potter. Pour que je me retrouve seul face à Voldemort lorsque celui-ci se présentera aux portes de Poudlard…
McGregor grimaça.
- Tu ne penses tout de même pas que le Seigneur des Encapuchonnés oserait venir lui-même défier Dumbledore sur son propre terrain ?
Ginny haussa une épaule.
- Il essaie de saper les fondations de Poudlard de quelque manière que ce soit… acquiesça-t-elle. Et puisqu'il n'a pas réussi à obtenir le moyen de briser la protection de Poudlard, il envoie ses futurs disciples semer le doute et la terreur parmi les défenseurs pour prendre le contrôle de l'intérieur, puisque pour l'instant il ne peut intervenir de l'extérieur.
- Croit-il vraiment que nous serons dupes de ses manœuvres de diversion ? demanda McGregor.
- Il est très sûr de lui, assura Harry. Il ne doute que rarement, car le doute est une faiblesse.
- Une trop grande confiance peut l'être également, dit Ginny. Quand elle empêche de voir les défauts des plans établis.
- Oui, approuva Harry. Dans ce cas nous avons plusieurs avantages. Le doute nous est familier, du moins à la plupart d'entre nous…
McGregor fit une nouvelle grimace narquoise.
- Et, contrairement à Voldemort qui n'accepte de conseil de personne, car il se croit bien trop supérieur à tous pour écouter leurs avis, nous avons plusieurs spécialistes en stratégie.
McGregor fronça son nez en une mimique moqueuse :
- Vraiment ? fit-elle. Quels sont les autres ?
Harry leva les yeux au ciel. Il vit entrer à ce moment le dénommé Green. Il lui trouva soudain un regard fuyant qui furetait partout dans tous les coins de la salle. Il se tut et reporta son attention vers les filles. Les yeux de McGregor s'allumèrent soudain en un éclair de compréhension.
- Cette chiffe molle ? murmura-t-elle. En y repensant bien… c'est vrai qu'il a la tête d'un sale espion…
Harry serra les dents. Il se traita de tous les noms qu'il connaissait. Et Rogue pouvait bien rire de lui, et tous les Serpentard de son regard si naïf… Il fallait absolument qu'il apprenne à fermer son regard comme il fermait son esprit.
- N'empêche que sans moi, finit-il par dire sur un ton qui n'était pas aussi détaché qu'il l'aurait souhaité, tu ne t'en serais jamais doutée.
- Mais bien sûr… chuchota McGregor. Nous attendons tous la parole du Maître, le grand Harry Potter. Et nous nous prosternons à ses pieds… Faut-il que nous baisions l'ourlet de ta robe, Potter ? ou simplement la marque de tes pas dans la poussière ?

Du coin de l'œil, il aperçut Ginny qui donnait un coup de coude à la jeune Préfète de Serpentard. Il se rendit compte que ses mains serrait sa baguette et qu'à nouveau ses yeux ne laissaient aucun doute sur la colère qui lui brûlait le cœur brusquement.
- Contentez-vous de suivre les conseils que je vous donne lors du club de Duels, reprit-il froidement. N'oublie pas que c'est Dumbledore que nous suivons tous, McGregor. Et je ne crois pas qu'il aimerait qu'on se conduise avec lui d'une manière aussi servile. Quant à moi, je me passerais fort bien de toute cette publicité faite autour de mon nom. Et je n'aime pas qu'on m'appelle le Survivant, ou Celui-Qui-A-Survécu, ou, le Balafré, ou tout autre nom qui ne soit pas le mien. Qu'il soit bien clair entre nous McGregor, que je n'ai aucun intérêt dans cette histoire que de voir Poudlard rester debout. Si tu n'as pas compris cela, tu n'as rien compris. Et je ne vois vraiment pas ce que tu fais à discuter avec moi autour de cette table dans cette salle.

Ginny fit quelques "hum ! hum !" qui pouvaient tout aussi bien s'adresser à l'un ou à l'autre de deux jeunes gens. Ellie McGregor observait Harry avec un étonnement exagéré.
- Aurais-je touché un point sensible ?
Ginny refit quelques "Hum!"
- Tu sais Potter, je suis sûre que tu sous-estimes ta propre faculté à susciter la sympathie, reprit Ellie. Je veux bien croire que certains se montrent réticents à voir en toi une alternative à la dictature de Malefoy dans cette école… mais je ne crois pas que ce soit pour des raisons aussi nobles que les tiennes. Je crois qu'ils sont tout simplement jaloux de toi…
- Il n'y a pourtant pas de quoi, murmura Harry avec amertume.
Le demi-sourire de McGregor réapparut sur ses lèvres. Elle leva les sourcils imperceptiblement. Ginny n'attendait qu'un mot pour éclater de rire. Harry tourna sa mauvaise humeur, qui cachait en fait une gêne incommensurable, vers la jeune Weasley.
- Tu crois que c'est drôle d'attirer les regards sur toi sans cesse ? Et de savoir que ces regards ce n'est pas toi qu'ils voient, mais ta fichue cicatrice ? Et de te demander si ceux qui sont auprès de toi, le sont pour toi ou pour eux-mêmes ? parce qu'ils pensent qu'un peu de ce qu'ils s'imaginent être de la gloire rejaillira sur eux ? Tu crois que c'est drôle de te demander si ceux qui disent t'aimer t'aiment pour toi ou pour leur propre estime de soi.
Ginny pâlit un peu. Ses lèvres tremblèrent avant de lui répondre.
- C'est ce que tu penses de nous ? De Ron, d'Hermione ? De moi ?
- Je pense que vous vous faites tous des idées sur moi, répliqua Harry. Vous ignorez qui je suis. Ce que je suis.
- On sait déjà que tu n'es pas drôle, que tu as un caractère de cochon, et que tu es d'une susceptibilité à faire peur… commença McGregor. Mais on peut le comprendre. Sauf pour le caractère ; mon père dit que le caractère, c'est la marque de fabrique d'une famille qui se respecte. Moi, j'ai pris celui des McGregor au grand désespoir de ma mère. Et crois-moi, je l'entretiens aussi jalousement que mon grand-père entretenait son épée claymore qui n'avait pas servi depuis des siècles mais à laquelle il tenait comme à son nom.
- Oh ! fit Harry bien décidé à lui montrer que son humour valait le sien. C'est pourquoi tu es toujours aussi tranchante.
Ginny ferma les yeux et secoua la tête.
- Tu ne sais pas à quel point je peux l'être, répliqua McGregor. Et c'est bien ce que je disais, tu n'es pas drôle du tout. Mais je suppose qu'on ne peut pas tout avoir.

Ginny se pencha sur la table les deux mains en avant, comme pour séparer deux adversaires. Elle les regarda tous les deux à tour de rôle :
- Par pitié ! pria-t-elle. Ça suffit ! Ellie, nous savons tous combien tu es vive, intelligente et piquante. Tu n'as rien à prouver à quiconque. Quant à toi Harry, je ne sais ce que tu cherches à jouer ainsi les malheureux incompris, mais ça ne marche pas ! Je pense que nous avons autre chose à faire ensemble que nous redonner la grande scène des abrutis de Serpentard contre les crétins de Gryffondor. Si vous avez quelque chose à vous dire, dites-le franchement qu'on passe à autre chose !…

Harry et McGregor se défièrent un instant du regard. Puis ils détournèrent la tête en même temps. Harry baissa les yeux, penaud. McGregor se mordit les lèvres.
- Non ? fit Ginny en se redressant sur son siège. Passons donc à autre chose ! Qu'est-ce qu'on fait avec Green ? On le vire de l'équipe ?
- Je m'en charge ! répondit McGregor.
Harry l'arrêta du geste.
- Je ne doute pas que tu saurais faire cela avec autant de délicatesse que de fermeté, McGregor, dit-il à peine caustique. Mais pour l'instant, il s'imagine que nous ne prenons pas au sérieux la menace que représente Malefoy et son cours d'entraînement. Il s'est empressé de le raconter à Moon qui l'a cru. S'ils s'aperçoivent que leur espion est repéré, ils ne manqueront pas de nous en envoyer d'autres qu'il nous sera difficile de confondre.

McGregor s'agita sur sa chaise. Elle ne pouvait que se taire. La présence de Green au sein de son groupe lui restait en travers de la gorge.
- Et qu'est-ce que tu proposes ? finit-elle par demander de mauvaise grâce.
- Prendre Moon à son propre piège, répondit Harry au bout d'un moment de réflexion.
McGregor plongea ses yeux dans ceux d'Harry lorsqu'il les leva sur Ginny et elle.
- Tu veux dire : nous servir de Green de la même manière que Moon se sert de lui ? chuchota-t-elle. C'est très risqué…
- Mais que vaudrait la vie sans un peu de risque ? lui renvoya Harry, un peu sarcastique.
Ginny souffla son exaspération, les yeux au ciel.
- D'accord, on le garde ! décida-t-elle. Mais Ellie et moi on l'aura à l'œil.
- J'aimerai mieux l'avoir à l'oreille… murmura McGregor. Je donnerais cher pour savoir ce qu'ils se racontent lors de leurs réunions dans notre salle commune.
- Ils ne se cachent donc pas ? demanda Harry.
McGregor lui jeta un oeil ironique :
- Pourquoi faire ? C'est à celui qui affichera ses opinions le plus haut… non, moi ce que je voudrais savoir, c'est ce qu'ils se disent exactement lorsqu'ils se mettent à chuchoter.
Harry et Ginny échangèrent un regard interrogatif. Ginny hésita.
- Je crois que je peux arranger cela… murmura-t-elle. A condition que tu gardes le secret et que tu ne te fasses pas prendre par Rogue…
- Et il faudra lui donner aussi de la poudre d'Estourbinette, elle risque d'en avoir besoin avant longtemps… Hermione doit avoir terminé de l'analyser…
- Si Ron lui en a laissé le temps, pouffa Ginny. Il n'arrêtait pas de lui tourner autour hier après midi pendant qu'elle essayait d'en trouver la composition.
Harry réfléchissait sans prendre garde aux explications de Ginny. Il leur faudrait aussi trouver un moyen de la lancer sur l'ennemi sans se trouver trop près et de la poudre et de ceux qu'ils désiraient éliminer ainsi.
- Si vous ne voulez pas que sache de quoi vous êtes en train de discuter, fallait pas parler devant moi !
McGregor se rappelait à leur attention.
- Tu crois qu'Hermione l'inviterait dans son antre ? demanda Harry en souriant.
- Hermione peut-être… répondit Ginny sur un haussement d'épaule.
Le problème risquait plutôt de venir de Ron. Harry en était bien conscient. Il se tourna vers Ellie
- Tu es libre mercredi prochain à l'heure de l'entraînement de Quidditch de l'équipe de Gryffondor ? l'interrogea-t-il.
McGregor haussa un sourcil :
- Ça dépend pourquoi… marmonna-t-elle. Bien que je doute que ce soit pour m'inviter à venir t'admirer voler sur ton balai.
- Je demanderai à Hermione si elle accepte de faire entrer quelqu'un d'autre dans le secret, déclara Ginny tandis qu'Harry se mordait la langue pour ne pas lui faire une réponse aussi maladroite que stupide.
- Je suppose que je ne saurais rien d'autre avant que Granger ait accepté de me mettre dans le secret… grommela McGregor.
Ginny se leva.
- Où vas-tu ? s'enquit Harry que la panique soudain prenait à la gorge.
Ginny se pencha à son oreille :
- Chercher mon oreille à rallonge, lui chuchota-t-elle. J'en serais quitte pour en commander une autre à mes frères… seulement cette fois, ils vont me la faire payer, je le crains.
Elle dégagea son bras qu'Harry retenait fermement par la manche et s'éloigna à grands pas. Harry cherchait fébrilement un prétexte pour quitter la place sans s'attirer les sarcasmes de la jeune Serpentard. Allons, mon vieux, s'exhortait-il, tu sais parler aux serpents d'habitude.

Il s'appuya nonchalamment au dossier de son siège.
- Alors ? fit-il. Qui crois-tu qui va gagner la coupe de Quidditch cette année ?
Il eut envie de se donner des gifles.
- Je dirais bien Serpentard… répondit McGregor. Mais comme cet idiot de Malefoy a viré tous ceux qui ne pensaient pas comme lui, ça me ferait plutôt plaisir s'ils se retrouvaient derniers du classement.
- Oh ! fit Harry. Le syndrome bulgare a atteint l'équipe de Serpentard ?
Un éclair amusé passa dans les yeux de la jeune fille. Harry fit une grimace :
- Tu as raison, je ne suis pas drôle, murmura-t-il.
Pas drôle du tout même ! songea-t-il. Il imagina Hermione en face de lui à ce moment et il eut honte. McGregor haussa les épaules :
- Si on ne s'amusait que des choses drôles, on ne rirait plus beaucoup… Et puis, je ne pensais pas ce que je disais quand j'ai dit que tu n'avais aucun humour et que tu étais trop susceptible. Parfois, je me laisse emporter et mes paroles dépassent ma pensée.
Ce qui signifiait qu'elle pensait donc vraiment ce qu'elle disait à propos de son sale
caractère… Harry hocha la tête. Pourquoi Ginny n'arrivait-elle pas ? Les yeux de McGregor pétillaient de malice sous ses longs cils bruns.
- Tu devrais être plus prudente, dit-il enfin en hésitant.
- A quel propos ?
- A propos de ce que tu dis et à qui… répondit Harry, embarrassé. Et à propos de qui tu vois. Si on devait te refaire le portrait, ce serait vraiment dommage. Je veux dire…que ce serait moins agréable à regarder… enfin… Ce serait sûrement très désagréable pour toi aussi… heu… surtout pour toi.
McGregor le regardait s'enfoncer, son sourire moqueur aux lèvres et un sourcil interrogateur levé. Il se demanda ce qui lui avait pris de reprendre les paroles qu'elle avait adressées à Bulstrode dans la salle Commune de Serpentard. Il tentait de retomber sur ses pieds et plus il essayait plus il bredouillait de bêtises. Il ne sut pourquoi l'image de Ron s'imposa à son esprit et il fut pris de regrets en songeant au nombre incalculable de fois où il s'était moqué de lui.

Il vit revenir Ginny avec soulagement. Elle ramassa ses affaires et chuchota à Ellie de la suivre dans les appartements de cette bonne vieille Myrtle. Elle quitta la salle la première. McGregor ramena lentement ses affaires vers elle.
- Merci pour tes conseils de prudence, Potter, dit-elle. Mais tu sais, je suis déjà sur la liste noire…
Elle se leva et glissa le long de la table pour s'arrêter devant lui.
- Si je dois me faire refaire le portrait, autant que ce soit pour un maximum de bonnes raisons…
Harry eut soudain très chaud au visage. Il ressentit une drôle d'impression au creux de la poitrine et il eut du mal à inspirer. Jusqu'à présent, il n'y avait qu'une fille au monde pour qui il avait été une bonne raison de prendre des coups dans la tête. C'était Ginny. Qu'il y en eût une autre, le dépassait totalement. Qu'elle eût l'audace de le lui confier ainsi lui collait des sueurs froides. Il savait qu'il aurait dû dire quelque chose, n'importe quoi… mais rien ne vint. Il sentit son regard qui effleurait sa cicatrice, elle eut un rire silencieux et s'éloigna vers le couloir.
Elle croisa le Préfet de Septième Année de Gryffondor qui la suivit un instant des yeux, d'un air connaisseur. Il s'appuya à la table d'Harry.
- Jolie fille, Potter… dit-il avec un sourire admiratif. C'est plutôt rare chez les Serpentard. Tu vas faire des jaloux ! Tu savais que ce grand prétentieux de Moon avait des vues sur elle avant qu'elle ne choisisse le camp adverse ? Remarque, je comprends à présent pourquoi elle s'est rangée de ton côté…
- Ce n'est pas "mon" côté, répondit Harry calmement. Et tu ne comprends rien du tout. Qu'est-ce que tu me veux ?
- Moi ? Rien ! C'est la vieille McGo qui t'attend aux pieds de l'escalier qui mène chez le Directeur.

Harry se leva d'un bond. Il sortit de la salle en courant, ralentit le pas devant Rusard qui traînait comme d'ordinaire dans les parages de la Salle des Quatre Maisons, pour se hâter à nouveau dès qu'il tourna le coin du couloir. Il arriva près de la Directrice-Adjointe, le cœur battant et le souffle presque court. Il glissa sur le sol pour s'arrêter tout juste devant elle, le visage contrit devant ses lèvres pincées et ses sourcils froncés
- Dépêchez-vous Potter, le pressa-t-elle. Le professeur Dumbledore sera là dans précisément dix minutes et il doit être reparti dans exactement une demi-heure.
Elle se tourna vers l'escalier, poussa Harry sur la première marche et dit :
- Tarte aux pommes !
Harry réussit à ne pas rire tandis que l'escalier se mettait à tourner sur sa vis. Il fit le tri des questions qu'il voulait poser au Directeur, tout en ayant conscience qu'il n'aurait le temps d'en poser que quelques-unes, et qu'il n'obtiendrait de réponses claires qu'à bien moins que cela. L'espoir de revoir Fumseck lui mit le sourire aux lèvres, l'idée de se retrouver face au portrait de Phineas Nigellus le transforma en grimace. Il arrivait à la fin de la vis. La porte du bureau s'ouvrit et Harry entra.