Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Mais ils sont complètement largués les garçons dans cette histoire, là! Comme d'hab non ? lol ! Et puis, une Ginny, une Hermione, une McGregor ça fait beaucoup pour eux... Finalement, il n'y a que Neville qui garde la tête froide dans cette histoire...
Quant à savoir ce que complotent Ginny et Ellie... vous le saurez dans quelques chapitres. En attendant les spéculations vont bon train...
Le Mystère McGregor ! Que cherche-t-elle ? Est-elle si fiable que cela ? ou une espionne impliquée dans un immense complot contre ces abrutis de Gryffondor ? Qu'est-ce qu'elle fait avec Ginny ? Et qu'est-ce qu'elle veut à Harry ? Est-elle la Mary-Sue de la fic de Miss Teigne ? Vous le saurez en lisant la suite des Secrets d'Hermione...
Chapitre 63
Le Choixpeau Magique
Harry jeta son premier regard dans la pièce sur le tableau de Nigellus. Il était vide, ainsi que la plupart des autres cadres. Harry se demanda si l'autre tableau de l'ancien directeur de Poudlard se trouvait encore dans la maison des Black, dans la chambre à l'étage. Fumseck était également absent. Harry se résolut à attendre seul. Il s'assit dans les fauteuils moelleux devant le bureau surchargé d'objets de toutes sortes dont il n'avait même pas idée de l'utilisation.
- Bonjour, Harry Potter…
Harry sursauta. Il se tourna vivement vers l'étagère derrière lui, où reposait le Choixpeau Magique. Celui-ci ouvrit ses yeux sombres et son bord se fendit en un sourire bizarre.
- C'est toujours un plaisir de te voir, reprit le Choixpeau.
- C'est parce que vous manquez de compagnie, répondit Harry.
- Ha ! Ha ! Ha ! fit le Choixpeau. De l'esprit ? Chez un Gryffondor !
- C'est vous qui m'avez envoyé là-bas !
- C'est toi qui as voulu y aller !
- Je ne voulais pas aller à Serpentard ! corrigea Harry. Vous auriez pu m'envoyer ailleurs.
- Mmmmhhh ! marmonna le Choixpeau. Pas assez curieux pour Serdaigle et pas assez patient pour Poufsouffle. Je n'avais pas le choix puisque tu l'avais déjà fait à ma place…
- Hermione prétend que votre répartition de cette année est très particulière… Elle dit que vous n'avez pas désigné les élèves en fonction de ce que les Maisons pouvaient leur apporter, mais en fonction de ce qu'eux pouvaient apporter à leur Maison.
Le Choixpeau ferma les yeux et sourit d'un air malicieux.
- Durant plusieurs siècles Poudlard a dispensé à ses élèves le savoir et la connaissance. Grâce à l'école et aux efforts de ceux qui ont tout fait pour qu'elle perdure, ils ont vu leur avenir assuré. Certains lui doivent toute leur vie, car ils ont rencontré en ces lieux, outre la révélation de leur vocation, celui ou celle qui a partagé leur existence. Il est temps à présent que Poudlard reçoive la juste récompense de ses soins. Je suis là depuis presque aussi longtemps que l'Ecole, et j'entends durer au moins aussi longtemps encore… Cette petite Granger… elle a compris beaucoup de choses, n'est-ce pas ?
- Trop, répondit Harry à voix basse.
Il entendit encore rire le Choixpeau.
- La Salle des Quatre Maisons c'est son idée, vous savez, reprit Harry avec fierté.
- Je le sais, répondit le vieux chapeau. Dumbledore a beaucoup ri quand le jeune Rogue est venu lui annoncer la nouvelle idée qui avait germé dans le cerveau de cette petite.
- Il est venu nous dénoncer ? demanda Harry interloqué.
Le Choixpeau éclata de rire.
- Quoi ? fit-il. Bien sûr que non ! Il trouvait que cela n'allait pas assez vite. C'est bien pour cela d'ailleurs que Dumbledore a tant ri !
Le chapeau riait lui-même encore tout seul, plissant le feutre élimé de son bord. Une idée vint à Harry. Il tenta sa chance.
- Savez-vous pourquoi Rogue en veut autant aux Gryffondor ? questionna-t-il sans pouvoir cacher la pointe d'avidité de sa voix.
Le Choixpeau ne répondit pas tout de suite. Son sourire s'allongea tellement qu'Harry crut qu'il allait faire le tour de son bord. Ses petits yeux clignèrent, pleins de malice.
- Parce qu'il ne concevait pas d'aller ailleurs qu'à Serpentard…
- Vous voulez dire…
Harry ne sut jamais ce que voulait dire le Choixpeau. Un bruissement d'aile couvrit le rire moqueur du feutre noir et Dumbledore apparut. Fumseck se percha sur le fauteuil d'Harry qui se levait pour accueillir le Directeur. Il lui tendit son cou aux plumes de feu. Il déclinait déjà.
- Harry, mon garçon ! s'écria Dumbledore avec un enthousiasme un peu forcé. Je suis désolé de te recevoir entre deux courants d'air mais je ne peux faire autrement. Je risque d'être absent toute la journée de demain et dès lundi ton programme sera à nouveau très chargé.
Il s'assit derrière son bureau, se laissant tomber dans son fauteuil directorial. Il paraissait las, malgré son sourire. Harry le revit un an plus tôt, abattu et affligé. Il se souvint de ses propres cris de rage et de désespoir. Il n'avait pas voulu voir le chagrin du vieil homme.
- Je suppose que le professeur McGonagall vous a parlé de l'idée qu'Hermione avait eue au sujet d'un éventuel attentat contre la Reine… commença-t-il.
Dumbledore hocha la tête.
- Maugrey et Molly ont eu une autre dispute à ce sujet…. Soupira-t-il.
Un instant atterré, Harry se mit à sourire :
- Il voulait encore intégrer Hermione à l'Ordre ? Dans le service Protection et Connaissance des Moldus ?
- Ce à quoi Severus lui a répondu qu'elle serait plus utile dans notre nouveau service hospitalier… opina Dumbledore.
- Et Molly a mis tout le monde d'accord en hurlant qu'elle avait autre chose à faire : ses études par exemple… se moqua Harry.
Dumbledore agita l'index dans une imitation de la mère de Ron et Ginny.
- Je suis heureux de savoir que l'argent de Sirius servira la cause qu'il a toujours défendue, reprit Harry. Vous avez installé le nouvel hôpital de l'Ordre au dernier étage de l'hôtel Delacour ?
- Pour l'instant, soupira Dumbledore. Nous aménageons un local plus discret d'accès et moins proche du QG de l'Ordre. Arthur nous avait proposé le Terrier, mais il est trop petit et un regain d'activité chez les Weasley ne passerait pas inaperçu…
- La maison des Black ? demanda Harry avec une hésitation.
Dumbledore secoua la tête.
- Trop risqué également, murmura le vieil homme. Mais nous avons eu une proposition intéressante… L'un de nos nouveaux membres nous a offert sa résidence londonienne. Il n'y vient que rarement, pour affaires…
Le vieux directeur lui sourit :
- Mais ce n'est pas pour parler de l'avancement de l'hôpital que tu as voulu me voir, n'est-ce pas Harry. Tu t'inquiètes de savoir où tu vas passer l'été ?
- Je n'aimerais pas avoir à repartir chez ma tante… et je sais qu'elle ne le souhaite pas non plus. Je crains que la protection qu'elle m'offre ne soit plus si importante. Il se pourrait aussi que je les mette en danger. Je sais que Rogue… le professeur Rogue veut continuer cet été les cours que je prends avec lui. Et il y a Hermione aussi. Elle ne peut plus rentrer chez ses parents, pour les mêmes raisons que moi. A cause de moi. Molly n'aime pas nous savoir au siège de l'Ordre. Y passerons-nous deux mois ? C'est impossible ! Hermione va péter un câble sans son labo ! Et Rogue ? Où me donnera-t-il ses leçons ? Et Ginny, elle va se changer en Harpie si elle n'a pas le droit de mettre le nez dehors…
Dumbledore s'amusait de l'animation du jeune homme, qui montait au fur et à mesure qu'il parlait.
- Tu oublies Ronald, remarqua-t-il en souriant.
- Oh Ron, lui, pourvu qu'il se trouve à moins de dix centimètres d'Hermione, il vivrait dans un bunker !
Dumbledore éclata de rire. Puis il s'appuya au dossier de son fauteuil.
- Je retardais cette entrevue Harry pour la simple raison que je redoutais que tu me poses ces questions. Ton oncle et ta tante sont sous surveillance. Mrs Figg reçoit en ce moment sa nièce et son mari. Ce sont des sorciers comme tu peux t'en douter. Ils appartiennent à l'Ordre évidemment. Arabella nous avait déjà signalé des allées et venues suspectes dans les parages de Little Whinging, et en particulier autour de Privet Drive. Nous avons voulu mettre ta famille à l'abri, mais ton oncle n'a rien voulu savoir. Il s'imagine que tant que tu n'es pas chez eux, ils ne risquent rien.
Harry avala difficilement sa salive.
- Et ce n'est pas vrai ?
- Eh bien, soupira Dumbledore. Tout dépend des plans de Voldemort. Il sait bien que si tu n'as plus où aller, soit je te garderai à Poudlard comme l'année dernière ; soit je te garderai sous la protection de l'Ordre.
Harry sursauta comme s'il était soudain assis sur des pointes. Tonks n'avait-elle pas dit qu'elle était régulièrement suivie en sortant du Ministère ?
- La maison de ma tante n'est plus une protection sûre, n'est-ce pas ? demanda Harry, amèrement.
- Ni pour toi, ni pour personne, confirma Dumbledore.
- Croyez-vous qu'il sait pour la protection du sang ?
- Tom Jedusor pense vite et bien, rappela Dumbledore. Ce qu'il ne sait pas, il le devine.
Harry hésita avant de poser sa question suivante :
- Le professeur Rogue ne peut-il le savoir ?
Dumbledore laissa ses yeux pétiller de malice quelques secondes.
- Lucius est très occupé en ce moment à mobiliser ses troupes pour célébrer comme il se doit le deuxième anniversaire du deuxième avènement de son maître…
Harry hocha la tête, un peu honteux de s'être allé à une attaque si minime fût-elle contre le professeur de Potions.
- Le QG de l'ordre n'est pas très pratique non plus, reprit-il en baissant la tête.
- Il pourra toujours vous héberger quelques jours, affirma le Directeur. Un peu de jeunesse ne fait de mal à personne. Et Molly sera heureuse de vous accueillir, quoi qu'elle dise.
- Il ne reste que Poudlard, fit Harry désabusé. C'est le seul endroit qui m'offre encore une protection.
- Nous y travaillons, assura Dumbledore.
- Et Voldemort à son contraire… murmura Harry.
- Il essaie effectivement de nous prendre de vitesse, répondit Dumbledore. As-tu encore une question, Harry ? Le temps s'écoule et je vais devoir repartir.
- Comment va Percy ? demanda très vite le jeune homme.
Ron lui en voudrait s'il ne posait pas la question.
- Mal…
- Je croyais que les guérisseurs avaient réussi à cicatriser les plaies… reprit Harry, un peu interdit de cette nouvelle.
Dumbledore secoua la tête :
- On peut soigner les gens malgré eux, Harry. On ne peut les obliger à guérir.
Dumbledore se leva lentement. Le cœur d'Harry battait à se rompre.
- Et Charlie ? Avez-vous des nouvelles de Charlie ?
- Il a réussi à nous faire passer des nouvelles rassurantes.
- Karkarof est-il avec lui ? hasarda Harry. Il faut qu'il se méfie de lui.
Il n'osait parler de Krum. Il préférait l'incertitude à une vérité qui briserait le cœur d'Hermione.
- Charlie sait à qui il peut accorder sa confiance, Harry. Et nous ne savons pas tout de ceux avec qui il est en contact.
- Pourquoi ne revient-il pas en Angleterre ? insista Harry. Il serait plus utile ici qu'à se terrer là-bas !
- Il reviendra bientôt, Harry, lui assura Dumbledore sa vieille main parcheminée sur son épaule. Tu peux dire cela à tes amis : leur frère verra bientôt poindre la journée du retour…
Il sembla à Harry que les yeux de Dumbledore brillèrent d'une lueur victorieuse. Elle s'éteignit brusquement.
- …ou bien Tonks ira le chercher elle-même au milieu de ses dragons ! Et les dragons ne méritent vraiment pas cela !
Il se mit à rire. Il tendit la main vers le phénix.
- Allons Fumseck ! Au Ministère ! Le Premier Ministre veut que je l'aide à convaincre son homologue moldu que ses dispositifs antiterroristes ne suffiront pas pour arrêter les troupes exaltées que Lucius Malefoy pourrait jeter à l'assaut de la population londonienne !
Une volute mordorée tomba en paillettes d'or sur le sol du bureau à l'endroit où se tenait Dumbledore une seconde auparavant. Harry tourna la tête vers le Choixpeau magique. Il paraissait un vulgaire couvre-chef de carnaval, usé jusqu'à la corde, avachi et lustré de tous côtés. Harry savait qu'il ne lui parlerait davantage que s'il en avait envie. Et apparemment, il n'en avait aucune envie. Harry entendit du bruit dans les tableaux et se dépêcha d'ouvrir la porte. L'escalier le fit descendre dans le couloir. Il ne rencontra personne tandis qu'il descendait vers le Hall. Il n'en savait pas plus que lorsqu'il était arrivé dans le bureau directorial, mais au moins ses incertitudes avaient-elles été confirmées. La pensée qu'il ne retournerait pas chez sa tante le comblait d'aise, assez pour oublier que sa famille restait en danger. Et soudain, il se mit à courir vers la Grande Salle. Il venait de se souvenir pourquoi personne ne croisait dans les parages. C'était l'heure du déjeuner et il ne lui resterait rien à se mettre sous la dent s'il laissait Ron se resservir.
Harry somnolait dans un fauteuil de la salle commune qu'il avait traîné près de la fenêtre pour profiter des premiers rayons d'un frileux soleil de printemps, lorsque Ginny vint le secouer par l'épaule. Hermione voulait les voir dans le labo. Elle avait d'excellentes nouvelles. Harry suivit la jeune fille, à demi réveillé. Il frotta ses yeux sous ses verres pour voir l'éprouvette que Ron lui agitait sous le nez.
- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il en baillant.
- De la Poudre d'Estourbinette ! fit Ron fier comme un paon. Regarde !
Il fit reculer Harry. Ginny et Hermione se placèrent derrière lui. Il lança l'éprouvette contre le mur face à eux, de toutes ses forces. L'éprouvette se brisa dans un petit POP ! qui fit monter la poudre qu'elle contenait jusqu'à hauteur d'homme.
- Et voilà ! recommença à pavaner le jeune Weasley. Et on peut concentrer davantage selon l'usage qu'on veut en faire. Là c'était une concentration standard : ça te balance un coup derrière les oreilles et ça te laisse KO quelques minutes. Hermione peut en refaire autant qu'on en veut. C'est moi qui ai eu l'idée de l'éprouvette et du sortilège de projection.
- Et c'est Hermione et moi qui l'avons ensorcelée, cette éprouvette ! lui rappela Ginny.
- C'est très bien ! sourit Harry devant les airs de petit coq de la jeune fille.
Il se tourna vers Hermione :
- Tu peux nous en fabriquer combien et pour quand ?
- Avant de passer commande, tu ne veux pas savoir comment ça fonctionne ? l'interrompit celle-ci.
- Non ! répondit Harry, effrayé par avance à l'idée d'un cours magistral infligée à cette heure de l'après-midi par le Professeur Hermione.
- Très bien ! fit-elle un peu vexée. Avec ce que les jumeaux nous ont envoyé, je peux en faire le triple. Celle qu'ils nous ont fait parvenir est ultra concentrée. Il y aurait de quoi tuer un troupeau d'éléphants. Un jour, ces deux-là se feront sauter dans leur laboratoire !
Ron la regarda, horrifié. Il croisa les doigts des deux mains tandis qu'Harry souriait au souvenir des paroles de Rogue à l'égard des jumeaux. Hermione soupira, les yeux au ciel.
- Le plus difficile sera d'obtenir des éprouvettes, continua-t-elle. Le mieux serait que chaque "Compagnie" nous en amène un lot, histoire que les risques ne soient pas toujours pour les mêmes…
- Oh ! fit Ron un peu sarcastique. Dobby se lasserait-il de se transformer en voleur pour Hermione Granger ?
- Il le ferait peut-être pour Harry Potter ? dit Harry en retenant un rire.
- C'est Hermione Granger qui ne veut pas que Dobby ait des ennuis à cause d'elle ! répliqua-t-elle.
- T'inquiète ! trancha Ginny, si chacun d'entre nous réussit à piquer une éprouvette à chaque cours, on pourra constituer un stock avant peu. Et je suis sûre qu'Ellie trouvera le moyen d'entrer dans la réserve à côté de la salle de classe de Rogue. C'est là qu'ils entreposent les fioles, éprouvettes et autres objets fragiles.
Ron la contemplait la bouche ouverte. Son visage reflétait la plus totale des stupéfactions, un ébahissement mêlé d'admiration. Il s'écria :
- Tu fréquentes trop Dean et Seamus ! Je suis sûr qu'ils ont une mauvaise influence sur toi !
Ginny haussa les épaules.
- Je suis la sœur de mes frères, c'est tout ! Et pour en revenir aux éprouvettes, je suis sûre que ça ne posera aucun problème aux Serpentard de subtiliser quelques tubes de verre à leur Directeur de Maison !
Ron se tourna vers Hermione et s'exclama :
- Et toi, tu la laisses dire des choses pareilles ! Mademoiselle Je-suis-à-cheval-sur-le-règlement !
- J'aurais mieux aimé ne pas savoir comment vous allez vous procurer les éprouvettes, en effet… murmura Hermione d'une petite voix.
- Je ne te savais pas hypocrite ! se moqua Ron.
- Ce n'est pas de l'hypocrisie, se défendit Hermione avec moins de mordant que d'ordinaire. C'est que si on me demande comment j'ai eu ces tubes, je ne pourrais répondre que je ne sais pas sans mentir.
- Parce que ça te gêne de mentir à un professeur, maintenant ? continua Ron sarcastique.
- A un professeur, oui… répondit Hermione la tête dans les épaules.
Ron la regarda un moment les sourcils froncés.
- Ooooh ! fit-il très très ironique. Miss Granger a des scrupules à mentir à son cher professeur de Potions !
Harry trouva que son ami imitait Rogue à la perfection. Ginny bouscula son frère pour s'approcher d'Hermione.
- Ça te fera un bon entraînement pour tes séances d'occlumancie ! s'exclama-t-elle. Tu as réussi à lui cacher le labo, pourquoi pas ceci ?
Hermione fit une grimace.
- Je n'en suis pas tout à fait certaine, marmonna-t-elle.
- En tous cas, il n'a pas encore débarqué ici, non ? dit Ginny avec évidence.
Harry mit la main devant sa bouche.
- Oups ! fit-il. Je crois que j'ai vendu la mèche à Dumbledore ! Et ce qui est curieux, c'est qu'il n'a pas bronché !
Ginny secoua la tête en soupirant.
- C'est tout toi, Harry ! Tu vas voir ce vieil Albus pour lui soutirer des informations et c'est lui qui tire de toi tout ce que tu veux lui cacher !
- J'aurais voulu t'y voir, toi ! râla Harry. Tout ce que j'ai pu apprendre c'est que Maugrey s'est disputé avec Rogue et Molly parce qu'il voulait engager Hermione dans l'Ordre !
- Encore ! ne put s'empêcher de rire cette dernière.
- Parfaitement ! renchérit Harry. Maugrey te voulait au service de la communication moldue et Rogue te voyait plutôt à l'hôpital ! Et Molly s'est disputée avec chacun d'eux.
Ginny éclata de rire. Ron ne disait rien. Il était décomposé. Sa sœur s'installa autour de la table. Elle invita Harry à leur raconter son entrevue, afin de libérer cette colère qu'il essayait de ravaler.
- Je ne suis pas en colère, répondit Harry plus calmement. J'ai à nouveau ce terrible sentiment d'injustice.
Hermione s'approcha de lui.
- Il veut que tu retournes chez ton oncle et ta tante ?
- Non, expliqua Harry. Il ne veut plus que je m'approche d'eux et il désire que Voldemort le sache pour leur laisser une chance de survivre à ce drame. Ils sont tellement stupides qu'ils ont refusé la protection de l'Ordre.
- Alors, s'il leur arrive quelque chose, ce ne sera pas ta faute, mais la leur ! trancha Ginny avec évidence. Oublie ces moldus sans cervelle ! Tu passeras tes vacances avec nous, dans ce cas.
- Une partie, peut-être, dit Harry prudemment. Mais la plupart je les passerais à Poudlard à travailler avec Rogue. Du moins c'est ce que j'ai compris.
Il tourna la tête vers Ron, souriant déjà à une remarque saignante, du genre : "chouettes vacances, Harry !" Le jeune homme se tut. Il paraissait troublé.
- C'est encore ici que tu es le plus en sécurité, estima Hermione d'une voix qui tremblait un peu.
Elle songeait qu'elle aussi passerait des vacances loin des siens.
- Il a dit qu'ils y travaillaient… et Voldemort au contraire, acquiesça Harry, un peu amer. Qu'est-ce que tu crois que cela veut dire ?
- Exactement ce que tu as compris, lui renvoya Hermione sans cesser de ranger le sachet de Poudre d'Estourbinette dans une boite hermétique ainsi que ses instruments de mesure. Dumbledore et l'Ordre sont en train de prendre des mesures pour que la protection de Poudlard ne faiblisse pas davantage. Et Voldemort, bien entendu, tente de les en empêcher…
- Alors cela veut dire… commença Ginny avec appréhension, qu'il sait en quoi consiste la protection de Poudlard.
- Cela veut simplement dire, reprit Hermione très calmement, qu'il en sait assez pour pouvoir mettre des bâtons dans les roues de Dumbledore…
Il parut à Harry qu'elle était sur le point de dire quelque chose, mais elle se tut. Et comme les filles attendaient qu'il continuât son récit, il poursuivit :
- Ensuite je lui ai demandé des nouvelles de Percy et de Charlie.
Ces paroles semblèrent tirer Ron de sa torpeur stupéfaite.
- Qu'est-ce qu'il a dit sur Charlie ?
- Il m'a dit de vous dire que votre frère verra poindre bientôt la journée du retour…
- Quoi ? fit Ron.
Hermione lui sourit :
- La Journée du Retour, Ron, répéta-t-elle. Cela signifie qu'il aura gagné le droit de rentrer à la maison goûter un repos mérité…
Un écho s'éveilla dans la mémoire d'Harry. …et parce que Charlie Weasley n'a jamais laissé une tâche inachevée.
- Hermione ! insista-t-il. Qu'est-ce qu'il fait Charlie, en Roumanie ?
Et comme Hermione se taisait, Ginny leva les yeux sur elle, un sourire narquois aux lèvres.
- Je parie qu'elle va nous dire qu'elle ne peut pas nous le dire….
Hermione lui lança un regard assassin. Ginny ne retint même pas un geste de victoire.
- Et pour Percy, qu'est-ce qu'il en pense ? demanda Hermione, le ton pincé.
- Il a dit qu'on ne pouvait obliger quelqu'un à guérir, même en le soignant très bien, répondit Harry l'esprit encore préoccupé de Charlie.
L'éclair de triomphe de Ginny s'éteignit dans ses yeux. Hermione poussa un long soupir.
- Je lui ai fait remettre par McGonagall une lettre de Pénélope, leur apprit Ginny. Il l'a refusée. Maman l'a gardée, au cas où il changerait d'avis.
- S'il s'imagine que Pénélope va attendre qu'il cesse de délirer ! grimaça Ron.
A la grande surprise de tous, Hermione se mit à rire :
- Pénélope attendra ! J'espère simplement qu'elle n'aura pas vingt ans à attendre ! Je me demande quelles épreuves devra encore endurer ce pauvre Percy avant que lui soit rendue sa propre Journée du Retour.
Ron se pencha vers Harry, un peu inquiet :
- Qu'est-ce qu'elle dit ?
Harry secoua la tête. Il préféra changer de sujet.
- J'ai parlé de toi avec le Choixpeau Magique, dit-il brusquement.
- J'en suis flattée ! répondit Hermione. J'espère que tu lui as dit ma façon de penser concernant sa répartition de cette année !
- Je ne sais pas si j'ai bien résumé tes pensées… mais cela a eu l'air de l'amuser beaucoup. Et j'ai l'impression qu'il a apprécié également ton idée de Salle des Quatre Maisons. Rogue aussi d'ailleurs…
- Hein ? fit Ron. Tu as sans doute mal compris !
Harry se tourna vers lui, un sourire ironique sur les lèvres.
- J'ai fort bien compris, au contraire ! Et je sais pourquoi Rogue en veut tellement aux Gryffondor…
Ginny était tout oreille. Ron s'approcha encore. Hermione regardait Harry un sourcil levé, étonnée qu'il eût eu l'audace de poser cette question.
- Parce qu'il ne concevait pas de se retrouver ailleurs qu'à Serpentard… cita Harry d'un air satisfait.
Il y eut un silence. Tous le regardaient fixement.
- Et alors ? demanda Ron décontenancé.
- Moi non plus, je ne l'imagine pas ailleurs qu'à Serpentard… murmura Ginny.
- Tout comme Harry ne s'imaginait pas dans cette Maison…? Glissa Hermione.
- Tu veux dire que le Choixpeau aurait pu l'envoyer ailleurs… ?
Harry se mordit les lèvres. Ginny venait de le devancer. Il était d'ailleurs soulagé de n'avoir pas à prononcer lui-même ces paroles.
- Et où crois-tu qu'il l'aurait mis ? se moqua Ron. A Poufsouffle ?
- C'est un travailleur acharné, approuva Hermione sans paraître se rendre compte du ton sarcastique de leur ami. Il est aussi assez intelligent pour prétendre à aller à Serdaigle et suffisamment courageux pour entrer à Gryffondor…
- Tu plaisantes ! fit Ron d'une voix éteinte.
- Tu ne lui reconnais pas le courage ? demanda Hermione froidement. Il lui en a fallu pourtant pour renoncer à tout ce qui faisait sa vie avant de se mettre du côté de Dumbledore.
- De l'opportunisme ! cracha Ron. Il a senti tourner le vent et il a quitté le navire ! Je ne veux plus t'entendre dire que ce type aurait pu faire un Gryffondor ! Ce n'est qu'un sale… rat !
- Le rat, c'est Peter Pettigrew, Ron, lui rappela Harry. Et lui, il était à Gryffondor !
Ron se retourna vivement vers Harry, rouge du lobe des oreilles à la racine des cheveux.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? cria-t-il, comme s'il se sentait insulté. Je sais que j'ai reconnu que Rogue n'était pas forcément une mauvaise personne, à présent… Mais c'est quand même lui qui a voulu aller à Serpentard, non ? si l'on en croit le Choixpeau-qui-ne-ment-jamais…
- Tu veux dire que le Choixpeau aurait pu hésiter entre Gryffondor et Serpentard pour Rogue ? traduisit Ginny. Et que Serpentard l'a emporté de peu ?
- Parce qu'il lui a demandé de l'y envoyer, acquiesça Harry. L'ambition l'a emporté sur le courage à ce moment là.
- L'ambition, ou la tradition, murmura Hermione.
Ron leva les yeux et les bras au ciel.
- Et qu'est-ce que ça a à voir avec le fait qu'il déteste tous les Gryffondor ?
Il regardait Harry mais ce fut Hermione qui répondit.
- Parce qu'il n'accepte pas qu'une part de lui soit telle que ce qu'on lui a appris à mépriser.
Harry baissa les yeux. Il se souvint de ce que lui avait dit Dumbledore dans son bureau, quand il lui avait ramené l'épée de Godric Gryffondor. Ce sont nos choix qui nous font ce que nous sommes. Et il comprenait mieux à présent ce que voulait lui dire le Maître des Potions quand il prétendait que la magie n'était qu'un instrument dans la main de celui qui décidait ce qu'il voulait en faire.
- Il a peut-être regretté son choix, hésita-t-il à prononcer.
- Oui, nargua Ron ! C'est pourquoi il s'est empressé de le confirmer en devenant Mangemort. Harry ! Parfois tu es vraiment très naïf !
Hermione haussa les épaules :
- Personne n'a droit à l'erreur selon toi ? demanda-t-elle.
Ron leva les mains devant lui :
- Je ne veux pas me disputer avec toi à cause de ce type, Hermione. Je t'ai dit que je lui accordais le bénéfice du doute, mais de là en faire une victime, il y a de la marge. Je ne l'aime pas, c'est tout. Il me met terriblement mal à l'aise. Voilà, on en reste là. Je ne te dirai plus rien contre lui, à condition que tu cesses de vouloir me convaincre qu'il est un grand homme incompris.
Hermione pinça les lèvres. Elle se tourna vers son chaudron vide.
- Tu les veux pour quand tes tubes de poudre d'Estourbinette ? demanda-t-elle à Harry d'une voix un peu cassée.
- Le plus rapidement possible ! répondit très vite Harry, heureux de changer de sujet. Malefoy rentre ce soir et je voudrais que McGregor ait dès demain de quoi parer ses attaques surprises.
- Tu n'as qu'à t'y mettre tout de suite, proposa Ron à Hermione. Tu pourras bien préparer une dizaine d'éprouvettes d'ici le repas du soir, non ?
Hermione se tourna à nouveau vers lui :
- Tout de suite ? répéta-t-elle. Tu ne voulais pas que nous allions…
- J'ai changé d'avis, dit Ron sans la regarder. Ginny, si tu nous aidais, on pourrait aller plus vite.
Il sortit du placard à ustensiles une dizaine d'éprouvettes, qu'il avait comptées un peu plus tôt dans l'après midi pour savoir à combien d'essais ils auraient droit avant de manquer de munitions. Hermione se mit au travail. Elle mesurait précautionneusement la poudre des jumeaux, la mélangeait à une autre poudre tandis que Ginny remplissait les tubes. Harry les fermait avec un petit bouchon de liège. Le travail le plus délicat fut de les envelopper dans du papier pour ne pas qu'ils se brisent. Le silence régnait dans la pièce, interrompu par moment par les recommandations d'Hermione. Harry mit de côté quatre éprouvettes que Ginny devait faire passer à Ellie McGregor dans la salle des Préfets avant l'arrivée des élèves. Il en partagea quatre autres entre eux, conservant les deux dernières pour Luna et Neville.
- Crois-tu que ce soit bien prudent de leur en confier une chacun ? hésita Ron. Neville est si maladroit et si tête en l'air que s'il ne casse pas le verre il risque de mettre son nez dedans pour essayer de se rappeler ce que cette chose fait dans sa poche ! Quant à Luna, elle peut très bien s'asseoir dessus sans même s'en rendre compte.
- Prends garde toi-même ! lui répondit Harry en riant.
Hermione rangeait à nouveau ses instruments. Elle demanda à Ginny de lui passer le récipient de poudre de Perlimpinpin. Harry éclata franchement de rire. Il crut que la jeune fille se moquait de lui. Il lui tendit le mortier remplit d'une poudre qui rappelait la poudre de Cheminette.
- Il n'y a rien de drôle, lui fit remarquer Hermione un léger sourire malgré tout au coin des lèvres. C'est ainsi qu'elle s'appelle, je n'y peux rien. C'est la poudre de base pour toutes les autres, la Cheminette notamment. Tout dépend ensuite des ingrédients supplémentaires et des enchantements additionnels… Tu veux que je te montre ?
- Non ! s'écrièrent simultanément Harry et Ginny.
Cette dernière ramassa prudemment les éprouvettes sur la table et les rangea dans ses poches. Hermione lui rappela les recommandations à faire à McGregor. Ginny referma la porte sur elle en maugréant quelques "Oui ! Oui !" impatients. Les trois autres quittèrent la pièce un peu plus tard. Ron et Harry s'en furent dans la salle commune de Gryffondor commencer une partie d'échecs tandis qu'Hermione montait dans le bureau des Préfets.
Peu avant le repas du soir, les élèves arrivèrent à bord des diligences et se déversèrent dans le Grand Hall. Peeves piaillait de joie au retour de ses victimes. Il se frottait les mains d'avance. Lorsqu'il vit entrer Malefoy, il fit une cabriole au milieu du couloir qui menait aux quartiers des Serpentard, avant de précéder le jeune homme de moult ronds de jambes et salutations de son bonnet de bouffon.
- Ça commence fort pour Malefoy ! commenta McGregor à Ginny venue accueillir Dean à son arrivée.
Ginny hocha la tête. Elle n'aimait pas l'air de l'héritier des Malefoy. Il semblait avoir recouvré la superbe qu'il avait quelque peu perdue avant les vacances. Crabbe et Goyle lui ouvraient le passage, tentant vainement de chasser Peeves du chemin de leur chef. Les Serpentard s'écartaient sur leur passage et les autres n'avaient d'autre choix que de subir les bousculades des deux brutes de service.
- Comme en pays conquis ! grogna Dean avec un regard désabusé à Neville et Luna qui se tenaient par la main.
- Non mais qu'est-ce qu'il croit ? Qu'on va le laisser faire ? grommela le jeune Londubat.
Le rire de McGregor les fit sursauter.
- Pas de danger ! s'exclama-t-elle.
Elle les salua d'un geste de la baguette et tourna les talons.
- Elle va s'attirer des problèmes, prévint Neville.
- Entre Serpentard, qu'ils s'arrangent ! fit Dean.
Ginny lui tapa sur le bras.
- C'est de ma copine dont tu parles ! l'avertit-elle en riant.
Dean ouvrit tout grand ses yeux.
- Dis donc ! il s'en est passé des choses pendant ces vacances alors ! s'étonna-t-il.
- Oh ! plus que tu ne le crois !
Ron et Harry rejoignirent la table des Gryffondor d'un pas nonchalant. Ils saluèrent quelques-uns de leurs camarades revenus. Neville paraissait très heureux de les retrouver. A la table des professeurs, son oncle leur faisait de grands signes, ce qui avait apparemment pour conséquence première d'agacer prodigieusement le professeur Rogue assis à sa gauche. Hermione haussa les épaules lorsque Harry en fit la remarque.
- Ce n'est pas cela qui l'énerve ! fit-elle les yeux au ciel. Du moins pas que cela ! regardez donc vers la table des Serpentard !
"Discrètement !" ajouta-t-elle en retenant Ron par la manche alors que celui-ci se levait de son banc pour jeter un œil par-dessus les têtes de Neville et Seamus. Le jeune homme laissa échapper un juron avant de s'effondrer sur son banc, écroulé de rire. Harry lui n'avait aucune envie de rire. La table des Serpentard était séparée en deux. D'un côté, ceux qui entouraient Malefoy et sa suite. De l'autre, McGregor au milieu de ses amis. Et au milieu, un trou de plusieurs places séparait les deux factions. Harry comprenait fort bien l'agacement de Rogue. Sa mine renfrognée disait qu'il se préparait à des jours sombres pour sa Maison. Au moins, songea Harry, les choses étaient claires à présent. Il n'y avait plus aucun doute, la guerre était déclarée et ceux qui n'étaient pas du côté de Malefoy seraient contre lui.
