Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.
Merci aux revieweurs(ses). J'espère que vous continuerez à apprécier McGregor. C'est en effet l'image des Serpentard que j'ai, loin des clichés et clivages de Maisons… après tout personne n'est catégoriquement classable et étiquetable.
Ce qui m'amène à Rogue : je n'ai pas dit que le Choixpeau aurait envoyé Rogue à Gryffondor… J'ai juste dit que Rogue a choisi d'aller à Serpentard parce que c'était là qu'on s'attendait qu'il aille. Mais il aurait très bien pu aller dans une autre Maison : c'est ce qu'essaie de dire Hermione : à Poufsouffle en raison de son acharnement au travail, à Serdaigle en raison de sa grande intelligence, à Gryffondor en raison de son courage (si ! si ! j'en suis persuadée…) courage qui au moment de la répartition n'a pas fait de grandes étincelles, mais il n'avait que 11 ans, sous la coupe et la pression sans doute d'un père intransigeant… Après tout, voilà peut-être les raisons de la haine qu'il ressent envers Sirius. Sirius Black qui lui a eu le courage d'appartenir à une autre Maison que celle où on l'attendait. Qui a fait le choix de s'attirer le mépris et la réprobation des siens… ce que Rogue n'a pas fait… Fier d'être Serpentard oui, mais peut-être pour se prouver qu'il ne s'est pas trompé de choix…
C'est vrai que Rogue à Gryffondor parait impensable… Mais Peter y était bien, lui…
Chapitre 64
Retour de vacances
La première semaine du troisième trimestre commença sur les chapeaux de roues. Tout d'abord la tête de Sir Nicholas traversa l'assiette de Neville qui manqua en avoir une attaque au petit déjeuner. Toujours hilare, Ron demanda au fantôme ce qu'il pensait de la situation à Serpentard. D'un ton lugubre, Nick-Quasi-Sans-Tête lui répondit qu'il n'en pensait pas du bien avant de s'envoler rejoindre la Dame Grise, le Baron Sanglant et le Moine Gras pour un Conseil des Fantômes exceptionnel au sujet de cette situation préoccupante.
Le professeur Flitwick les informa qu'il travaillait ce trimestre en relation avec le professeur de Défense Contre les Forces du Mal, afin de les prémunir contre les surprises qui pourraient les attendre quelques semaines plus tard, au cours des vacances. Le professeur Dumbledore avait approuvé ce changement dans le programme, cela allait sans dire. Ils étudièrent durant son cours Mobilis Corpus, au cas où ils auraient à transporter une personne inconsciente ou blessée, ainsi que Ferula pour fabriquer une attelle efficace. Harry, Ron et Hermione maîtrisaient ces deux sorts. Ron grommela qu'ils feraient bien de leur apprendre des charmes plus offensifs et plus utiles contre des mangemorts chevronnés, comme le bouclier renvoyeur de sorts qu'avait employé Bellatrix Lestrange contre la grand-mère de Neville. Ainsi, si on leur envoyait un Avada Kedavra ils pourraient au moins se défendre avec les mêmes armes de l'ennemi. Harry le fixa profondément quelques minutes.
- Ça peut s'arranger, murmura-t-il.
Ron soupira de soulagement. A le voir, les sourcils froncés et le regard rétréci, il avait cru qu'il avait encore dit une bêtise.
Le cours suivant avait lieu dans les cachots, avec les Serpentard. Cette fois, c'était les Gryffondor qui cachaient, fort mal d'ailleurs, leur satisfaction de voir les Serpentard désunis. L'humeur de Rogue était un désastre. Personne n'osait broncher. S'il se montrait froid avec les élèves de la Maison au Lion, sa voix claquait lorsqu'il s'adressait à ceux de la Maison dont il était Directeur. Il laissait alors ses phrases en suspens, comme si les qualificatifs qu'il évitait de prononcer eussent été encore trop doux pour désigner de tels abrutis congénitaux.
Harry savourait la colère de Rogue avec délectation. Même le regard que Malefoy posait sur lui, froid et venimeux, ne pouvait l'empêcher de sourire en coin. Il s'aperçut d'ailleurs que ce sourire mettait dans les yeux de Malefoy plus de rancœur encore. Sans doute se méprenait-il sur les raisons de sa bonne humeur apparente. McGregor avait raison : Drago faisait de cette histoire une affaire personnelle. Lui devait se garder d'entrer dans son jeu. Ce n'était pas contre Malefoy en particulier qu'il devait se battre. C'était contre ceux qui voulaient mettre Voldemort à la tête de tout pouvoir.
Ils quittèrent le cours de Potions avec des frissons dans le dos et le visage sévère de McGonagall leur parut un vrai soleil. Les autres cours furent tous plus intensifs les uns que les autres. L'approche des examens de fin d'année n'y était pas pour rien. A la fin de la journée, ils avaient déjà autant de devoirs à rendre qu'ils en avaient rédigé pendant les vacances. Ron était consterné ; Harry démoralisé. Seule Hermione s'accommodait de la situation. Elle avait déjà rappelé à Hannah qu'elle devait expliquer à Ernie ce que l'Armée de Dumbledore attendait de lui, glissé un mot discret à Anthony Goldstein et Justin Finch-Fletchey à ce même sujet, et lu la maquette de l'article que Mr Lovegood comptait publier quant à la véritable histoire de Sirius Black. Le Chicaneur fustigeait l'ex ministre Fudge pour son obstination coupable à poursuivre un innocent, et à gaspiller l'argent du gouvernement dans des recherches coûteuses et inutiles… alors qu'il aurait dû se consacrer à la lutte contre Celui-Qui-Etait-de-Retour ! L'histoire de Sirius était rappelée, un peu romancée –Mr Lovegood ne voulait pas démordre de son idée de chanteur de Rock- mais terriblement poignante dans l'évocation de ce qu'avait dû être son séjour à Azkaban. Le récit de sa mort, plein de mystère, était un prétexte pour révéler le nom de son assassin, Bellatrix Lestrange, ainsi que celui de ceux qui l'accompagnaient : de dangereux criminels évadés, et un membre éminent de l'aristocratie sorcière. Leur présence dans les locaux du Ministère, comme celle du Seigneur Noir, au cœur même de ces lieux hautement sécurisés, faisait craindre le pire. Il appelait, comme d'ordinaire, le gouvernement sorcier à plus de transparence, le priait fermement de réhabiliter la mémoire de Sirius Black et terminait en le sommant de ne plus prendre ceux qu'il gouvernait pour de stupides scroutts à pétards !
- C'est bien, fit Harry avec un sourire forcé tandis qu'il laissait Ron terminer de lire l'article pour lui-même. Malefoy va en faire une jaunisse.
Il tourna la tête vers la fenêtre. Ce n'était pas vraiment une journée pour penser à Sirius. Il écoutait d'une oreille distraite les commentaires ironiques de Ron. Hermione lui prit la maquette des mains. Il lui fallait la rendre à Luna, prétendit-elle. Harry lui fut reconnaissant d'essayer de le faire taire. Elle tenta de l'emmener avec elle dans la Salle des Quatre Maisons où elle devait soumettre un projet d'atelier de révisions des BUSES aux Cinquième Année. Ron refusa, à la grande contrariété d'Harry.
- Et tu feras ça quand ? demanda Ron un peu agressif.
- Pendant ton entraînement de Quidditch ! lui répondit Hermione en riant. Puisque les leçons à Graup sont interrompues, je suis libre à ce moment-là !
Elle échangea un sourire malicieux avec Harry et quitta la salle de Gryffondor, sans pouvoir éviter de traîner derrière elle Jezebel Dawson qui réclamait, elle aussi, un programme de révision pour les examens de fin d'année. Dès qu'elle eut tourné le dos, Ron se pencha vers Harry :
- Qu'est-ce qu'elle a voulu dire ? Les leçons à Graup sont interrompues ! Je suis sûr qu'elle manigance quelque chose ! Tu crois qu'elle espère les reprendre ?
Harry soupira :
- Ron ! la seule chose à entendre dans ce qu'elle a dit, c'est qu'elle avait placé son projet de révisions pendant l'entraînement pour passer plus de temps avec toi…
Il réalisa soudain que ce qui était valable pour le présent l'était aussi pour le passé :
- Et je crois qu'elle partait pour la Forêt à ce même moment, non pas pour te contrarier ou éviter ta compagnie, mais bien pour garder un peu de temps à être avec nous… et donc avec toi.
Ron fit un "Oh!" dubitatif.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda soudain Harry. Vous vous êtes disputés sans que je le sache ? Tu nous fais encore une crise de jalousie aiguë ? Pourquoi tu n'es pas comme d'habitude, collé à elle comme un filet du Diable ?
Ron battit des cils, la bouche ouverte et les joues brusquement colorées.
- Mais… Mais… non ! balbutia-t-il. C'est juste que tu as raison : j'ai décidé de lui donner un peu d'air.
Harry renifla, empli d'un doute.
- Mais qu'est-ce que vous manigancez tous ? grogna-t-il. Ginny et McGregor. Hermione. Toi !
- Mais…Mais… non ! bredouilla Ron, avec un sourire aussi peu naturel qu'agréable à regarder.
Il joua avec sa plume un petit moment avant de reprendre :
- Tu as vu la tête de Rogue ce matin ! Et celle de la grosse Bulstrode ? Elle tremblait tellement que j'ai cru qu'elle allait renverser son chaudron.
Harry se dérida un peu.
- Pour une fois qu'il en avait plus après les Serpentard qu'après nous !
Ron se pencha en avant et chuchota :
- Quand même, tu n'as pas trouvé qu'il nous regardait d'un drôle d'air ?
- Pas plus qu'à l'ordinaire, répondit Harry. Peut-être même moins…
Ron se redressa :
- Et tu continues les cours d'occlumancie avec le professeur Londubat ?
Harry opina de la tête. Ron toussota dans son poing.
- C'est comment quand tu lis dans les pensées ? Je veux dire, tu vois des images, tu entends des choses ? Ou bien tu lis comme dans un livre ?
Harry haussa un sourcil :
- Ça dépend, commença-t-il. Tu vois des images souvent, tu ressens des sensations, des émotions… Pourquoi ?
Ron leva les épaules.
- Comme ça. C'est bizarre, c'est tout… Tu crois qu'Hermione est douée pour l'occlumancie ?
- Elle doit l'être … répondit Harry sérieusement. Rogue ne se donne du mal que quand il estime que cela en vaut la peine. Il ne choisit que les meilleurs…
Le sourire ironique de son ami le fit rougir.
- Je ne parlais pas pour moi ! se hâta-t-il de préciser. Moi, il est obligé de faire avec…
- Avec Hermione aussi, non ? S'il se donne tant de peine pour nous cacher des choses, et s'il l'a obligée à jurer sur sa baguette, il ne va pas la laisser te dire simplement : puisque je ne peux pas parler, tu n'as qu'à lire directement dans mon esprit… Et puis, peut-être qu'elle n'est pas si douée que cela, hein ? et que ça l'arrange bien…
- Et peut-être qu'un jour tu cesseras de douter de tous et de tout ? se moqua Harry. A propos de douter, je te rappelle que mercredi on reprend l'entraînement ! Tu n'as plus aucune excuse maintenant pour jouer comme une patate !
Il se leva et rangea ses affaires. Ron lui demanda où il allait. Harry grimaça :
- Faire ma visite de politesse à ce bon vieux Rogue…
- Déjà ? fit Ron. Oh ! Tu comptes traîner un peu dans les couloirs des Serpentard auparavant…
Harry secoua la tête :
- Travaille, ça t'occupera l'esprit ! lui conseilla-t-il.
Il descendit vers le Hall. La dernière chose qu'il souhaitait, c'était de traîner chez les Serpentard. Il sortit sa baguette dès qu'il dépassa la salle des Quatre Maisons. Il jeta au passage un œil à l'intérieur. Hermione n'y était pas pour la bonne raison qu'il la trouva sur le chemin qui menait au bureau de Rogue. Elle tenait contre elle des livres reliés à la main.
- Les secrets du professeur Rogue ? demanda-t-il goguenard.
Elle lui sourit :
- Oh non ! Harry ! les secrets du Professeur Rogue ne m'intéressent pas du tout !
- Hum ! fit-il. Comment est-il ? Toujours aussi furieux ?
- Désabusé, je dirais… et contrarié, et peiné, et exaspéré, et inquiet, et… oui, en fin de compte, il est toujours aussi furieux… Oh ! Oh !
- Tiens ! Tiens ! Tiens !
Harry n'eut guère besoin de se retourner pour savoir que Malefoy et sa suite étaient dans son dos. Le visage soudain préoccupé d'Hermione, ainsi que l'accent traînant qui venait de se faire entendre par-dessus les ricanements ineptes de Crabbe et Goyle ne pouvaient annoncer que la présence du jeune homme dans les parages.
- Potter aurait-il besoin d'un cours de rattrapage en Potions ? se moqua-t-il. Ou bien est-ce la Sang-de-Bourbe qui fait du zèle ?
Hermione secoua la tête de gauche à droite, une fois. Harry baissa les yeux sur sa baguette. Il se retourna lentement vers Malefoy.
- Qu'est-ce que cela peut bien te faire ? dit-il froidement.
- Cela me dérange, répondit Malefoy.
Il passait sa main sur son insigne de Préfet.
- Oui, cela me dérange que quelqu'un comme toi se promène librement dans les quartiers réservés à l'élite de la société sorcière.
Malgré lui, les yeux d'Harry se portèrent sur Crabbe et Goyle. Un fou rire lui vint, qu'il ne put contrôler, malgré les coups de coudes d'Hermione dans ses côtes. Un instant déconcerté, Malefoy reprit son assurance.
- Tu peux rire, Potter, tu ne riras pas longtemps… Menaça-t-il. Partout les partisans du Seigneur des Ténèbres se regroupent, chaque jour plus nombreux. Au fait, tu connais la nouvelle… ce jeune joueur de Quidditch adulé des foules… comment s'appelle-t-il déjà ? Mais oui, suis-je bête : Krum. Ce bon vieux Viktor Krum qui était en admiration devant cette vulgaire engeance de moldus a fini par ouvrir les yeux sans doute…
Harry entendit Hermione souffler "Oh mon Dieu !" tandis que s'ouvrait la foule soudain entassée dans le couloir. Crabbe et Goyle grognèrent alors qu'on les bousculait. Harry sentit sa respiration se bloquer dans sa poitrine. Ron repoussait la suite de Malefoy, suivi d'un feu-follet écumant de rage qu'il finit par reconnaître pour Ginny. La jeune fille rejeta ses mèches en arrière et se planta aux cotés de son frère, devant Harry et Hermione. Malefoy se mit à rire. Il se pencha légèrement en arrière, comme pour faire une confidence à Moon qui se tenait juste derrière lui.
- Il ne manquait que ces deux traîne-savates ! ricana-t-il à haute voix. Cette école décidemment est tombée bien bas ! Que n'avons-nous comme professeurs des personnages de la notoriété et de l'efficacité de Krum pour rehausser le renom de Poudlard !
Harry tourna légèrement la tête vers Hermione. Elle était pâle et serrait les dents. Il voyait ses mâchoires crispées et son souffle rapide qui soulevait sa poitrine à un rythme saccadé.
- Harry ? dit-elle brusquement d'une voix froide. Tu vas être en retard et ce n'est vraiment pas le moment !
Le jeune homme admira le sang-froid d'Hermione. Il ne pouvait cependant laisser ses amis seuls face à l'ennemi.
- Dépêche-toi, Harry ! intima Ron sur un ton qui convainquit Harry de ne pas bouger.
Il se demanda si Ron appréhendait l'ironie de la situation. Ne venait-il pas de le prier d'aller retrouver Rogue ?
- Quand tu m'auras dit ce que tu fais là ! répliqua le jeune Potter.
- J'étais certain que tu ferais de mauvaises rencontres à traîner dans des quartiers si peu fréquentables… Va vite ! ou il passera sur toi sa mauvaise humeur de la journée…
Il n'attendait que le moment d'en découdre. Et Harry se rendit compte avec stupeur que Ginny était dans le même état d'esprit. Hermione serrait contre elle les livres de Rogue. Elle aussi considérait l'affrontement comme inévitable. Le sourire sardonique de Crabbe s'élargit lorsqu'il sortit sa baguette de sa poche. Ron fut plus rapide, il tendit sa baguette vers lui. Goyle leva aussitôt la sienne et Ginny le menaça à son tour. Une voix se fit entendre du bout du couloir :
- Par la barbe de Merlin ! Que se passe-t-il encore ?
McGregor se fraya un passage au milieu de l'attroupement.
- J'en étais sûre ! continua-t-elle. C'est encore Potter qui joue les vedettes !… Ah ! cette fois, Malefoy a décidé de lui donner un coup de main pour se faire remarquer…
Les baguettes de Crabbe et Goyle se tournèrent d'un même mouvement vers la jeune fille. Elle leur fit un sourire ravi :
- Je ne rêve que de cela ! leur dit-elle.
- Eh ! Toi ! Là-bas ! glapit Ginny, hors d'elle. N'essaie même pas !
Harry saisit le geste de Moon qui laissa retomber son bras derrière l'épaule de Malefoy. Ce dernier lança à son condisciple un regard mécontent. Il fit signe à ses amis de poursuivre leur chemin. Il pâlit légèrement à son tour tandis que McGregor clamait brusquement :
- Bonsoir, Professeur !
Harry se tourna vivement. Rogue se tenait au milieu du couloir, les bras croisés. Il fulminait. D'un seul regard, il embrassa la scène.
- Cinq Préfets ! tonna-t-il. Et aucun n'a été capable de faire cesser ce désordre !
- C'est ce que j'essayais de faire, Monsieur, juste avant votre arrivée, intervint McGregor avec aplomb. Mais la grosse tête de Potter bloque la moitié du couloir et celle de Malefoy bouche l'autre moitié.
Il y eut un frémissement parmi les badauds. Harry entendit Hermione rire dans les livres. Derrière lui, Rogue grogna un "McGregor !" horripilé.
- Les Gryffondor n'ont rien à faire dans ces quartiers, à moins d'avoir expressément été invités par moi-même ! reprit-il. Potter dans mon bureau !
La voix de Rogue était impérative. Hermione poussa Ginny et Ron en avant. Ginny entraîna McGregor avec eux. Et comme Harry ne bougeait pas, Rogue gronda sourdement :
- Potter !
L'attroupement se dilua soudain. Harry se hâta d'obéir. Il entra dans le bureau de Rogue et celui-ci ferma la porte presque sur ses pas.
- Etes-vous inconscient ? s'écria aussitôt le professeur.
- Je vous assure… tenta Harry.
- Que croyez-vous qu'il se passerait si vous étiez renvoyé de l'école ?
- Mais, Monsieur…
- Tenez-vous éloigné de Malefoy le plus possible !
- C'est bien ce que j'essaie de faire !
- N'essayez pas ! Faites-le !
Harry resta stupéfait. Le professeur l'avait maintes fois méprisé, souvent provoqué, menacé parfois ; il n'avait jamais été aussi proche de l'exaspération. Harry n'eût jamais cru que Rogue put éprouver une émotion quelconque et surtout pas à son sujet.
- Je vous assure, Monsieur, reprit-il, que je n'avais aucune intention de…
- Je me fiche de vos intentions ! Malefoy se fiche de vos intentions ! Les siennes sont suffisamment affermies pour faire fi de tout ce que vous pourriez vouloir ou ne pas vouloir ! Le professeur Dumbledore ne pourrait rien pour vous si vous étiez convaincu d'avoir commis un acte condamnable. Et c'est aussi valable pour vos amis !
Il paraissait se maîtriser à peine.
- Vous n'êtes pas passé loin de la catastrophe l'année dernière, Potter, à cause de votre caractère fier et emporté. Un coup d'éclat ne rendrait pas votre situation plus facile à vivre.
Harry se tut. Rogue n'était pas prêt à écouter ce qu'il avait à dire pour sa défense. Il n'était pas certain d'ailleurs qu'affirmer une fois de plus qu'il n'avait pas fait exprès de provoquer cette situation était la meilleure des choses à dire au professeur.
- Oui, Monsieur, murmura-t-il quand il fut presque sûr que Rogue n'ajouterait rien de plus.
Ce dernier parut satisfait.
- Nous avons assez perdu de temps ! Au travail, Potter.
Harry le suivit dans le laboratoire en songeant qu'il lui faudrait encore deux jours entiers avant de pouvoir reprendre son balai et oublier un moment l'injustice du monde.
Ron, Ginny, Hermione et Ellie McGregor se retrouvèrent sur le perron du château. Les yeux du jeune homme lançaient des éclairs. Il foudroyait du regard Ginny et Ellie à tour de rôle. Il ne regardait pas Hermione. Ginny laissait passer sa propre colère. Hermione ne disait rien. McGregor faisait grimace sur grimace et mordait ses lèvres pour ne pas laisser échapper des paroles que ce grand idiot de Weasley prendrait mal.
- On l'a échappé belle ! ne put-elle s'empêcher de s'exclamer au bout d'un moment. Vous avez vu ces deux abrutis de Goyle et Crabbe, ils ne savaient plus ce qui leur arrivait !
- Et cette limace de Moon ! fit Ginny avec dégoût. Il fait ses coups en douce celui-là ! Heureusement que Malefoy a bougé juste au moment où l'autre levait sa baguette, sinon ç'aurait été la panique totale.
- Rogue aurait empêché que cela tourne trop mal, dit Hermione sur un ton égal.
Elle était encore un peu pâle et serrait toujours le livre de Rogue contre son cœur, dans un geste de protection. Ron renifla bruyamment. Ellie McGregor paraissait s'amuser beaucoup.
- Pourriez-vous m'expliquer pourquoi le nom de Krum dans la bouche de Malefoy vous met dans un tel état ?
Trois paires d'yeux la dévisagèrent aussitôt.
- Il était l'un de nos amis, lui répondit Hermione.
La tête de Ron Weasley faisait pourtant penser le contraire à la jeune Serpentard. Elle comprit pourquoi quand Ginny ajouta qu'il était surtout celui d'Hermione. McGregor hocha la tête.
- Je suis désolée, dit-elle.
- Mais nous pensons, commença Ginny avec précipitation, comme si les mots sortaient d'elle sans qu'elle l'eût voulu, qu'il se pourrait que cette trahison apparente n'en soit pas une !
Ron ricana.
- Tais-toi donc, Ginny ! Tu es bien la seule à penser cela ! Même Hermione n'a pas ouvert la bouche pour défendre son cher Viktor cette fois.
- Parce que Malefoy a raison, déclara froidement la jeune fille.
Ginny secoua la tête avec obstination.
- Ginny ! insista Hermione. Si la voie que Viktor a choisi passe par Durmstrang, alors nous n'y pouvons rien. Laissons-le faire son chemin comme il l'entend…
McGregor fronça les sourcils. Ginny se tut.
- Tant que ce chemin ne croise pas celui de Charlie ! gronda Ron sombrement.
Hermione sourit à Ron. Elle posa sa main sur son épaule.
- Charlie n'est pas un imbécile, murmura-t-elle. Il sait ce qu'il a à faire.
Les portes du château s'ouvrirent et Neville en sortit. Il courut vers eux en criant "Ils sont là !". Il les observa avec inquiétude tandis que Luna, Dean et Seamus se précipitaient à leur tour vers le groupe.
- On nous a dit qu'il y avait eu une bagarre entre Harry et Malefoy, vous deux et Crabbe et Goyle et toute une troupe de Serpentard ! s'écria Dean. Qu'est-ce que tu fais là McGregor ?
- Je joue le rôle de la troupe de Serpentard ! répondit McGregor ironique.
- Laisse tomber, Dean ! fit Ginny en souriant.
- Où est Harry ? s'inquiéta Neville.
- Avec Rogue ! dit Ron.
- Oh non ! murmura Neville. C'est encore lui qui va prendre à la place de cette fouine de Malefoy !
Hermione sourit.
- Peut-être pas…
- En tous cas, moi, fit McGregor un peu rêveuse, je voudrais bien savoir pourquoi Rogue lui donne des cours de rattrapage… Tout le monde sait que Rogue ne donne jamais de cours de rattrapage… Il donne des devoirs supplémentaires, mais pas de cours de rattrapage ! Est-ce qu'il t'a donné des cours de rattrapage à toi Granger, quand tu es revenue de Ste Mangouste ?
Ron baissa la tête. Ginny se tourna vers Dean et lui demanda de la raccompagner dans la salle des Quatre Maisons. Hermione sembla réfléchir un instant. Elle allait parler quand Neville la devança.
- Tout le monde sait bien qu'Hermione n'a pas besoin de cours de rattrapage ! Les cours de rattrapage c'est elle qui les donne !
Les Gryffondor se mirent à rire en chœur. McGregor consentit à sourire.
- Bien ! fit-elle en se frottant les mains car il ne faisait guère chaud à l'extérieur à l'heure où le jour déclinait. Au moins les doutes sont levés ! Ceux qui croyaient qu'on échapperait à un affrontement à Poudlard avaient tort ! Je retourne dans mon nid de serpents ! A plus tard, si on m'en laisse l'occasion…
Elle leur fit un signe de la main et retourna au château. Neville frissonna.
- Elle ne vous fait pas froid dans le dos cette fille ? demanda-t-il. On dirait que ça l'amuse de devoir se coltiner avec ses camarades de Maison !
La voix légère de Luna les surprit tous :
- Mon père dit que les McGregor ont toujours été des rebelles, aussi loin que remonte leur histoire. Et leur devise est "Jamais !" Vous savez, il a fait un article sur eux au début de l'année, quand ils ont tous failli se faire tuer par les Mangemorts qui ont attaqué leur château…
- On sait ! l'interrompit Ron, les yeux au ciel.
Ils rentrèrent à l'abri du château en silence. Neville déclara qu'il allait dans la salle des Quatre Maisons écouter ce que racontaient les Serpentard, avec Luna. Ses yeux brillaient en prononçant ces mots et Hermione eut envie de rire.
- Si tu pouvais chercher à savoir ce que racontent les autres, ce serait pas mal aussi… lui rappela Ginny.
Elle demanda à Hermione si elle comptait passer à son labo avant le repas du soir et comme celle-ci lui répondit que non, elle annonça qu'elle réservait la salle pour y réviser tranquille. Dean fit la grimace, il avait bien compris qu'il ne faisait pas partie des projets immédiats de la jeune fille. Seamus l'entraîna avec lui dans la salle commune des Gryffondor. Ron et Hermione se dirigèrent vers le cinquième étage et le bureau des Préfets. Ron s'attela à la tâche ardue qu'était le rangement de son bureau. Il surveillait du coin de l'œil Hermione qui feuilletait le livre qu'elle avait ramené de chez Rogue. Il avait reconnu la couverture et la reliure caractéristique des mémoires du professeur. Il se demandait s'il ne s'agissait pas de l'un de ses ouvrages sur la magie noire dont elle avait parlé. Ernie Mcmillan s'approcha d'elle et, avec des airs de conspirateur, l'informa qu'il était à ses ordres pour toutes sortes de missions qu'elle voudrait lui confier. Anthony Goldstein le remplaça dès qu'il quitta Hermione. Le jeune Préfet de Serdaigle prit la chaise du bureau de Ron sur un simple "Tu permets ?" auquel il n'attendit pas de réponse. Il s'assit devant celui d'Hermione et sortit un calepin. D'une oreille faussement distraite, Ron écouta le jeune homme faire un rapport détaillé de la situation chez les Sixième Année. D'après lui, les Serdaigle étaient loyaux à Dumbledore dans l'ensemble. Certains trouvaient que Vous-Savez-Qui n'avait peut-être pas tout à fait tort en ce qui concernait le droit de préséance aux plus vieilles familles de sorciers, mais de là à éliminer systématiquement tous ceux qui n'étaient pas de sang-pur, il y avait une marge. Le discours que Malefoy ne se lassait pas de répéter depuis le début de l'année les avait convaincus que ceux qui n'étaient pas avec le Maître des Ténèbres étaient contre lui. Ils se rangeaient donc pour la plupart dans le lot de ceux qui étaient contre. Il n'avait entendu aucun de ses camarades proclamer ouvertement son admiration pour Voldemort. Même si certains hésitaient à rejoindre le coté de Potter. Hermione le laissa parler patiemment. Elle savait qu'il ne fallait pas froisser la susceptibilité des Serdaigle en général et celle d'Anthony en particulier. Elle se contenta de lever les yeux au ciel chaque fois qu'il s'interrompait lorsqu'un Préfet entrait dans la pièce. Luna lui avait déjà dit tout ce qu'il y avait à savoir sur les Serdaigle. Le sens aigu de l'observation de la jeune fille, qui s'attachait sans doute à des choses que les autres auraient trouvées futiles, lui permettait d'engranger des informations précieuses. Elle savait qui parlait à qui, de quoi et de qui. Elle savait également ce que ces "qui" pensaient les uns des autres. On parlait facilement devant elle, parce qu'on la croyait ailleurs. On l'oubliait parfois et on se laissait aller à des commentaires personnels. Certains la prenaient même pour une idiote, et se permettaient de parler sans fard. Elle lui avait fait la liste de tous ceux qui suivraient Harry sans hésiter ; de ceux qui n'aimaient pas particulièrement le jeune homme mais qui s'opposaient à l'arrogance de Malefoy et à son idée de l'élite qui s'opposait à la leur; de ceux qui étaient des partisans de la ségrégation des enfants de moldus ou des sang-mêlés mais qui n'étaient pas prêts à se salir les mains, ainsi que de ceux dont elle n'était pas sûre. Hermione demanda à Anthony de surveiller ces deux dernières catégories de personnes, voire de les tester au besoin de la manière qu'il jugerait nécessaire, afin de les répertorier dans l'une des deux alternatives : Voldemort ou Dumbledore. Anthony s'empressa de noter les noms sur son calepin. Hermione lui demanda plutôt de les apprendre par cœur et de brûler ses notes. Si Luna avait pu lui citer de mémoire toute la Maison de Serdaigle, il pouvait bien, lui, apprendre une dizaine de noms. Anthony ne se le fit pas dire deux fois. Il relut sa liste puis déchira la feuille sur laquelle il l'avait écrite et y mis le feu d'un geste de la baguette.
Accroupi sous son bureau, où il faisait semblant de ramasser quelques magazines échappés, Ron se demandait s'il devait admirer la manière qu'avait Hermione de manipuler parfois le monde, ou s'offusquer de la voir user de son sourire pour convaincre Goldstein de faire ce qu'elle avait décidé qu'il ferait.
Lorsque le Préfet de Serdaigle quitta enfin la place devant le bureau d'Hermione pour rejoindre la sienne, Ron récupéra sa chaise avec humeur. Il la posa bruyamment devant son propre pupitre et s'assit dessus en maugréant contre ceux qui empruntaient des objets et ne les remettaient pas à leur place. Son travail de rangement n'avait pas beaucoup avancé. Cela amusa Hermione. Elle s'approcha de lui et le força à lever la tête vers elle, tandis qu'il s'obstinait à chercher dans son fouillis quelque chose qu'il savait trouver ailleurs.
- Tu es encore agacé parce que tu n'as pas pu passer tes nerfs sur Malefoy ? demanda-t-elle à voix basse.
- Non ! Non ! répondit Ron avec un sourire narquois. Malefoy recevra sous peu la leçon qu'il mérite.
Hermione s'appuya au bureau, tout en essayant de ne pas faire tomber la pile de livres et parchemins qui s'entassait dessus. Elle s'efforça de sourire.
- Tu m'inquiètes, Ron, dit-elle. Tu fais tellement de menaces insensées et violentes en ce moment…
Elle s'interrompit pour saluer Hannah et Ernie qui quittaient la salle. Anthony Goldstein suivit ses deux camarades de Poufsouffle peu après. Ils se retrouvèrent bientôt seuls. Hermione se rapprocha de Ron. Elle mit sa main sur sa joue.
- Tu me fais vraiment peur parfois… reprit-elle. Je ne veux pas que tu tues quiconque à cause de moi. Je serais trop malheureuse si on t'envoyait à Azkaban.
- Eliminer Pettigrew ne serait pas un meurtre ! Ce serait une œuvre de salut public !
Elle se mit à rire discrètement tout en caressant sa joue.
- Je suis d'accord avec toi ! Mais je préfèrerais que quelqu'un d'autre s'en charge. Et je t'en prie, reste éloigné de Malefoy… Si tu étais renvoyé pour lui avoir tapé dessus nous ne serions pas plus avancés. Je ne veux même pas imaginer que tu pourrais faire pire que lui taper dessus.
Ron retira la main d'Hermione de sa joue.
- Tu veux une promesse ? demanda-t-il âprement.
Elle se rapprocha encore, cherchant son regard qu'il détournait. Il voulait fixer sa pensée sur une seule chose : quand il était assis, elle était aussi grande que lui. Il secoua la tête pour l'empêcher de passer sa main dans ses cheveux.
- Je veux juste être sûre que lorsque nous serons séparés, tu te garderas des dangers inutiles.
Elle mit ses bras autour de son cou. Sa joue effleurait sa joue. Elle se serra contre lui.
- Si quelqu'un entrait… murmura Ron.
Il l'entendit rire dans son cou. Il sentit ses lèvres sur sa joue.
- Tu es vraiment bizarre en ce moment, mon cœur…
Elle l'embrassa. Il mit ses mains autour de sa taille dans un geste pour la serrer à son tour contre lui et… il l'éloigna de lui. Il se leva rapidement, balbutia qu'il avait du travail et quitta l'étude des Préfets. Un moment perplexe, Hermione rejoignit son bureau, ressortit le livre du professeur Rogue et se plongea dans sa lecture.
Lorsqu'elle quitta le cinquième étage pour retrouver la salle commune des Gryffondor, elle croisa Harry qui revenait de sa leçon. A sa tête, elle comprit que la mauvaise humeur du professeur n'avait pas dû s'estomper beaucoup. Elle l'interrogea d'un signe de tête. Harry haussa les épaules.
- Si cette première journée préfigure le reste du trimestre, grogna-t-il, autant aller se jeter tout de suite du haut de la tour d'astronomie !
- C'est terrifiant, n'est-ce pas, comme les choses peuvent changer du jour au lendemain… approuva Hermione. Au fait, tu sais ce qu'a Ron ?
- Il a été bizarre toute la journée, reconnut Harry. Il n'a pas arrêté de me questionner sur Rogue…
- Ah ! fit Hermione. Je m'inquiète vraiment pour lui, tu sais, Harry. J'ai eu l'impression d'avoir en face de moi… un Ron qui ne serait pas Ron… et il n'y a pas que cela. Je viens de m'apercevoir qu'on m'avait volé quelque chose…
- Quoi ? s'inquiéta Harry.
- Une boucle d'oreille… répondit Hermione à voix basse.
- Qu'est-ce qu'on ferait d'une seule boucle d'oreille ! s'exclama Harry.
- Justement… C'est l'une des boucles d'oreilles que Viktor m'a offertes.
- On te l'a volée où ?
Hermione fit une grimace un peu embarrassée.
- Je l'avais mise dans le tiroir de mon bureau, chez les Préfets, la semaine dernière. Je voulais… tu comprends, Harry. Je n'avais pas très envie de les garder… Mais je ne pouvais me décider à les jeter… je me suis dit que je pourrais peut-être en faire de la poudre de météorite pour certaines potions et j'ai voulu les apporter au laboratoire. Seulement, la semaine dernière Ron était toujours derrière moi et s'il les avait vues entre mes mains… Tu vois ce que je veux dire !
Harry hocha la tête. Il voyait parfaitement en effet.
- Alors, continua Hermione, je les ai cachées dans mon tiroir du haut. Et c'était juste, parce qu'il est entré avec Ginny à ce moment là. J'ai eu peur qu'il me demande ce que je faisais parce que je n'étais pas très à l'aise. De plus, Ginny m'a demandé de lui prêter ma plume à papote et j'ai dû rouvrir le tiroir. J'avais si peur qu'il fasse une scène que mes mains tremblaient comme des feuilles.
- Ce n'est pas très prudent de laisser des choses précieuses dans cet endroit, dit Harry. J'espère que tu ne laisses rien de compromettant dans ton bureau.
- Bien sûr que non ! s'indigna Hermione. Et puis mes tiroirs sont hermétiquement et magiquement fermés ! Nous sommes trois à connaître la formule, au cas où… Ron, Ginny et moi…
Harry réfléchit quelques minutes. Ils ralentirent le pas pour avoir le loisir de terminer leur conversation avant d'arriver devant le tableau de la Grosse Dame.
- Franchement, Hermione, je ne vois pas pourquoi Ron aurait pris une de tes boucles d'oreille…
- Je ne sais pas, avoua Hermione désemparée. Mais mon tiroir n'a pas été forcé. Peut-être voulait-il simplement m'empêcher de les porter… et comme il ne pouvait me faire de scène sans admettre qu'il avait ouvert le tiroir…
Harry secoua la tête négativement.
- Dans ces cas-là Ron beugle avant et réfléchit ensuite !
- Mais alors pourquoi a-t-il refusé de m'embrasser ? Il prétend toujours que je suis distante avec lui et depuis hier soir il n'arrête pas de me repousser.
Harry fronça le sourcil. Quelle mouche piquait Ron ?
- Tu es sûre que c'est bien lui ? Et pas quelqu'un d'autre sous polynectar ? demanda-t-il.
Hermione resta un instant perplexe, puis elle se reprit.
- Ce n'est pas gentil, Harry, de te moquer de moi comme ça ! Je me fais vraiment du souci pour lui. Avec Malefoy qui a l'air bien décidé à secouer le cocotier !
Harry ne put retenir une grimace.
- C'est aussi ce que Rogue pense. Il croit que son but est de me faire renvoyer de Poudlard.
- Non, Harry, le professeur Rogue sait que c'est son intention ! Demande donc à Ron ce qu'il pense que Voldemort va faire à présent.
- Continuer à essayer de briser la protection de Poudlard ! répondit Harry avec évidence.
- Oui, approuva Hermione, mais comme cela ne va pas assez vite à son goût, il cherchera non seulement à pouvoir entrer à Poudlard, mais à t'en faire sortir pour t'avoir à sa merci !
- Alors ma tante et sa famille sont vraiment en danger ?
- Je le crains. Et je crains aussi que tu ne puisses rien pour eux !
Harry soupira si fort que la Grosse Dame l'entendit au fond du couloir.
- Vivement mercredi ! grogna-t-il.
- Qu'est-ce qui se passe mercredi ?
- Quidditch ! prononça Harry avec délectation. J'ai hâte de monter sur un balai, de faucher la batte à Sloper, et de taper dans un cognard !
- Si ça peut empêcher de cogner sur Malefoy… emmène donc Ron avec toi !
Elle lança le mot de passe et ils entrèrent dans leur salle commune. Ils travaillèrent un peu avant l'heure du repas. Ils descendirent ensemble à la Grande Salle s'interrogeant sur les raisons de l'absence de Ron. Il arriva à la table des Gryffondor juste avant que les plats n'apparussent. Il était gelé et garda son manteau serré contre lui une bonne partie du repas.
- Quelle idée de rester dehors à cette heure et à cette époque de l'année ! le sermonna Neville. Tu vas être bon pour la potion Pimentine, Ron !
- J'avais besoin de me changer les idées ! grogna Ron que l'idée de fumer des oreilles n'enchantait guère.
Hermione avala de travers. Il lui servit un verre d'eau.
- Je suis allé chez Hagrid, mais c'était pire que tout ! Il est d'une humeur massacrante lui aussi. Dumbledore lui a fait promettre de ne plus aller dans la forêt tout seul et personne ne veut s'y risquer avec lui. Voici plus de quinze jours qu'il n'a pas vu son frère et il s'inquiète terriblement.
Ron contrefit la grosse voix du professeur de Soins aux Créatures Magiques :
- Comment va-t-il se débrouiller tout seul ? Il est si petit !
Les garçons se mirent à rire.
- Il s'inquiète, c'est normal, estima Hermione.
- Mais, Hony, murmura Ron. C'est un Géant !
Hermione remua sa fourchette dans son assiette un instant. Elle se décida enfin à dire :
- Je suppose que l'intensité de l'inquiétude qu'on peut ressentir pour ceux qui nous sont chers n'est pas fonction de leur taille…
Harry et Neville échangèrent un regard qui manqua déclencher un fou rire chez les deux jeunes gens. Le dessert qui se matérialisa au milieu de la table dispensa Ron de répondre. Il en fut fort aise. Lorsqu'il eut terminé sa seconde part de mousse au chocolat, il vit arriver depuis la table des Poufsouffle le capitaine de leur équipe de Quidditch. Ron le désigna à Harry qui s'étonna de le voir s'avancer vers lui le sourire aux lèvres.
- Salut, Potter, dit-il sur un ton enjoué. Je peux m'asseoir avec vous un instant.
Neville se poussa pour lui laisser une place, curieux de savoir ce qui l'amenait.
- Qu'est-ce que tu veux, Malone ? demanda Ron un peu brusquement.
- Vous savez qu'on joue les Serpentard ce trimestre, commença le dit Malone.
Ron ricana.
- Vous allez prendre la pâtée ! même si votre nouveau batteur leur en met plein la tête, Crabbe et Goyle sont très doué pour casser celle de tout le monde.
- Tu en sais quelque chose ! glissa Hermione qui achevait sa coupe de mousse au chocolat.
Malone adressa un sourire reconnaissant à la jeune fille. Il fit une grimace pour continuer.
- C'est pour cela qu'on vient te voir, Potter. On a perdu contre vous et contre les Serdaigle, si on perd cette fois, on est bons derniers. Et ça me gaverait de perdre contre Malefoy. Rien que pour lui montrer qu'on peut ne pas être des sangs-purs et avoir le Quidditch dans le sang… Alors, avec l'équipe on s'est dit que tu pourrais nous aider…
- Moi ? fit Harry qui ne voyait pas où il voulait en venir.
- On voudrait que tu sois notre entraîneur.
Ce fut au tour de Ron d'avaler de travers. Hermione poussa un verre d'eau devant lui.
- Mais… fit Ron dans une quinte de toux. C'est pas possible !
- Pourquoi pas ? demanda Hermione.
- Parce que… Parce que… balbutia Ron. Parce que ! Ça ne s'est jamais vu, ça !
- Qu'est-ce que tu en sais ? questionna Neville. Ça ne fait que six ans que nous sommes arrivés à Poudlard.
- Charlie et Bill n'ont jamais parlé de choses pareilles !
- Ils ne te racontaient pas tout non plus, sourit Hermione.
- Rogue ne nous laissera jamais faire ! asséna Ron, péremptoire.
- Il ne le saura pas ! fit Malone.
- Tu rêves ! contredit Ron. C'est bien le genre de choses qu'il sent sans même sortir le nez de ses cachots !
- Doucement ! fit Harry. Je n'ai pas dit que j'acceptais !
La consternation se peignit instantanément sur le visage de Malone.
- En effet, renchérit Hermione. Je crains qu'Harry n'ait beaucoup trop de travail à rattraper. Par contre Ron est libre, lui.
- Moi ? dit Ron, ne sachant comment il devait prendre la proposition.
- Pourquoi pas ? s'écria Harry. Après tout, tu as bien dirigé l'entraînement plusieurs fois alors que j'étais retenu par Rogue. Tu t'en es pas mal sorti, je crois. Et tu es mon capitaine en second, ne l'oublie pas.
Ron sourit, le visage soudain éclairé.
- Tu veux bien, Weasley ? Si je dis à l'équipe que c'est toi qui dirige les entraînements des Gryffondor, ils chanteront Weasley est notre roi lors de ton prochain match.
- Eh bien… fit Ron vraiment très tenté.
Il se demanda toutefois pourquoi l'idée venait d'Hermione. Elle qui n'avait aucun goût pour le Quidditch et qui trouvait qu'il accentuait les clivages entre Maisons : pourquoi l'envoyait-elle perdre du temps avec une autre équipe que la sienne.
Elle lui donna un coup de coude pour l'inciter à se dépêcher de répondre.
- Dis oui, Ron ! insista-t-elle.
- Alors…c'est oui ! dit Ron.
Malone se leva pour se pencher en travers de la table pour serrer des deux mains celle de Ron.
- Le prochain entraînement c'est jeudi. Je te le rappellerai dans la journée.
- D'accord, accepta Ron. A condition qu'on nous laisse faire.
- Rien dans le règlement n'interdit de faire appel à un entraîneur extérieur à l'équipe, assura Hermione. J'ai lu toutes les règles, celles du Quidditch à travers les Ages et celles de l'école. Et rien ne dit qu'on n'a pas le droit d'avoir pour entraîneur quelqu'un qui n'est pas un joueur, ni quelqu'un d'une autre Maison.
Malone se pencha vers elle et lui donna une grande claque sur l'épaule. Il repartit vers ses camarades pour leur annoncer la nouvelle en se frottant les mains.
Harry se pencha vers Hermione :
- Depuis quand tu t'intéresse au Quidditch ? se moqua-t-il.
- Depuis que son petit ami fait partie de l'équipe ? proposa Ginny venue aux nouvelles dès qu'elle avait vu Malone discuter avec ses amis.
Elle entoura les épaules de son frère de ses bras et fit claquer un baiser sur sa joue.
- Félicitations, Entraîneur !
A ce moment, à la table des Poufsouffle un cri de joie s'éleva et des applaudissements retentirent. Les professeurs tournèrent leur attention sur cette explosion de contentement qui tranchait avec l'ambiance morne et tendue de la soirée. Curieusement, Harry se trouva un peu réconforté de ce regain d'entrain chez ses camarades. C'était bien joué de la part d'Hermione d'avoir proposé Ron à sa place. Tout d'abord parce qu'il n'aurait pu tenir un tel engagement à cause de son programme chargé ; ensuite parce que cela aurait été une provocation flagrante pour Malefoy. Ron serait très bien dans ce rôle d'entraîneur. Il avait déjà fait ses preuves avec l'équipe de Gryffondor. Il tourna la tête vers son ami qui répondait aux signes des Poufsouffle. Il sourit car il ne le sentait pas très à l'aise.
- J'espère qu'ils ne me lyncheront pas après le match ! grimaça Ron.
- Du moment qu'ils ne te lynchent pas avant qu'on joue contre les Serdaigle… fit Ginny. J'ai vraiment envie de faire avaler son balai à cette prétentieuse de Cho !
- T'es pas la seule ! renchérit son frère d'un air sombre. Je veux la voir comme l'année dernière : pleurant de dépit et de rage.
- Oui ! approuva Harry. C'est le seul moment où ses larmes sont supportables.
Hermione leva les yeux au ciel.
- Quidditch ! soupira-t-elle.
Tous se mirent à rire, sauf Ron qui la regardait d'un air… méfiant.
- Tu as des projets ? demanda-t-il soudain.
- Pardon ? répondit Hermione.
- Tu n'aurais pas dans l'idée de retourner donner des leçons dans la Forêt pendant que je serais occupé à apprendre à jouer au Quidditch à ces bras cassés de Poufsouffle.
Hermione le regarda un instant, partagée entre l'indignation et la désolation.
- Je voulais juste t'offrir une occasion de te changer les idées sans avoir à te rendre malade, ni à subir les lamentations d'Hagrid pour cela.
Elle se leva et salua tout le monde.
- Qu'est-ce qui se passe ? questionna Ginny, un regard lourd de reproche vers son frère.
Celui-ci se leva à son tour.
- Je dois avancer dans mon travail, prétexta-t-il, puisque je vais peut-être avoir de nouvelles occupations.
Ginny tourna ses questions vers Harry.
- Tout ce que je sais, c'est que Ron est bizarre en ce moment ! Il tient Hermione à distance et elle croit qu'il a pris une des boucles d'oreilles de Krum dans son tiroir.
- Hein ? fit Ginny, pâle soudain. Mais… non !
- Moi non plus je n'y crois pas, continua Harry. Quand il lui fait une crise de jalousie il est beaucoup moins subtil que cela, d'habitude. Par contre, je crois qu'il lui en veut encore à cause de Rogue et de ses séances d'occlumancie. J'espère qu'ils vont s'expliquer parce que je n'ai vraiment pas envie de les entendre se disputer à nouveau à longueur de temps.
Ils quittèrent la table ensemble, en même temps que Neville qui attendit Luna devant la porte de la Grande Salle. Ginny et Harry montèrent dans leur salle commune. La jeune fille paraissait inquiète.
- Elle était vraiment fâchée, à cause de la boucle d'oreille ?
- Pas fâchée, corrigea Harry. Elle croit que Ron l'a prise parce qu'il croit qu'elle veut les garder près d'elle… C'est compliqué, Ginny ! Et moi aussi je suis soucieux : si elle a tort et que ce n'est pas Ron, qui est-ce ? Si on a pu ouvrir son tiroir pour y prendre quelque chose, on peut aussi très bien l'ouvrir pour y mettre quelque chose qui lui ferait du tort d'une quelconque façon…
Ginny ne répondit pas. Ils regagnèrent la salle commune en silence. Harry monta chercher ses affaires scolaires pour commencer à travailler. Il s'installa près de Ron déjà à la tâche. Ginny redescendit de son dortoir avec ses livres. Il l'entendit dire qu'elle se rendait dans la salle des Quatre Maisons. Il essaya de se concentrer sur ses leçons. Le grattement de la plume de Ron sur son parchemin le gênait étrangement. Il leva les yeux sur le visage de son ami. Ron fronçait le front et s'appliquait en tirant la langue à pondre le nombre de lignes réglementaires pour son devoir de sortilèges.
Harry n'y tint plus. Il se pencha vers Ron et lui demanda ce qui n'allait pas.
- …. ? fit Ron.
- Avec Hermione ! précisa Harry. C'est à cause de Krum ?
- Non ! se récria Ron.
- De ses séances avec Rogue ?
Ron ne répondit pas. Il baissa les yeux sur son livre.
- Enfin, Ron ! Tu es ridicule ! reprit Harry qui ne savait s'il devait rire ou se désoler pour lui.
- Tu crois ? N'empêche que depuis qu'elle a ses cours avec lui, il me regarde bizarrement. Comme s'il se moquait de moi. J'ai pensé à tout plein de choses hier soir et je me suis souvenu de certaines petites phrases qu'il m'a dites.
Harry prit sa tête entre ses mains.
- J'ai eu ma dose de devinettes, Ron ! Et je ne suis pas doué comme Hermione ou même Ginny pour découvrir la clé de l'énigme qu'est ton cerveau embrouillé. Qu'est-ce qui te gêne tant dans les leçons d'occlumancie d'Hermione ?
- Qu'il puisse lire dans ses pensées ! s'écria enfin Ron. Tu as dit qu'il pouvait voir tous ses souvenirs…
Harry ferma les yeux et ne put s'empêcher d'éclater de rire tandis que Ron rougissait des deux oreilles.
- Tu as peur qu'il voie combien tu peux te montrer stupide et maladroit avec elle ! s'exclama-t-il.
- Pas seulement, murmura Ron.
- C'est à cause de tout ce que tu lui dis contre Rogue. Tu crains qu'il n'apprenne ce que tu penses vraiment de lui ?
- Je m'en fiche ! répliqua Ron.
Il se pencha lui aussi sur la table.
- Hier, quand Ginny a parlé de cacher le labo à Rogue pendant les séances d'occlumancie, j'ai réalisé qu'il avait accès à toutes les pensées d'Hermione. Et depuis, quand elle est près de moi et que… je ne peux m'empêcher de penser que c'est comme si Rogue était là quelque part caché derrière un fauteuil à nous épier…
Ron se tut, non plus rouge, mais pâle et décomposé. Harry n'avait plus envie de rire. Il se souvint de la colère qui l'avait saisi lorsque le professeur avait surpris dans son esprit le baiser de Cho. Il comprit le malaise de Ron et lui sourit.
- Ce sont les pensées d'Hermione qu'il voit, dit-il enfin pour le rassurer. Si quelqu'un doit être mal à l'aise, c'est elle et pas toi. Je n'ai d'ailleurs pas l'impression qu'elle le soit tant que cela devant lui. Bien sûr… ajouta-t-il comme Ron hésitait à se laisser convaincre, bien sûr s'il pouvait lire dans ton esprit à travers le sien, là, tu aurais plus de soucis à te faire !
Ron lui lança le bouchon de son encrier à la tête. Harry se mit à rire. Il était rassuré. Du moins en partie. Car s'il était évident à présent que ce n'était pas à cause de Krum que Ron faisait la tête qu'en était-il de la boucle d'oreille disparue ? Puis il trouva ridicule de se tracasser ainsi pour un stupide bout de caillou.
Il déroula un parchemin, trempa sa plume dans l'encrier de Ron et commença à travailler.
