Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.


Crookshank :Ouf! J'ai vraiment eu peur que Ron se mette aussi à comploter... Mais il semble qu'il soit aussi crétin que d'habitude (mais non, Ron! T'énerve pas! C'est comme ça qu'on t'aime...) Oui, c'est vrai que c'est un crétin, mais franchement l'idée que Rogue puisse avoir accès à l'esprit d'Hermione, même et surtout dans leurs moments d'intimité… ça glacerait n'importe qui non ? Brr…moi oui en tous cas ! lol !
Dis, c'est Ginny qui a volé la boucle d'oreille, non? Elle fait quoi? Une potion "d'attachement" à l'intention d'Harry et McGregor? Lol Ha ha ! C'est qu'elle est capable de tout notre Ginny !

Frudule : Ouais!Trop bien!
Je suis sure que c'est Ginny qui a pique la boucle d'oreille d'Hermione mais je sais pas pourquoi...Peut-être pour une potion ou pour faire un enchantement pour prouver la sincerite de Krum...(ca va loin là non?)
Mystère ? Hum… je suis sûre que vous avez tous les éléments en mains pour deviner…
Sinon je veux le couple Ginny-Mc Gregor! Je suis pt la seule mais je trouverais çà drôle! MDR ! Moi par contre je me demande la tête que ferait Ron ! Parce que une fille passe encore ! Mais une Serpentard !
Ron en entraineur...ca va pt devenir sa vocation çà!
Qui sait ?
je me meurs d'attendre la suite! Hahahahahahahahahahahahaha ! on croirait entendre Dame Agnes ! Hein ? heu… qui est Dame Agnès ? Faudra demander à Sir Nicholas…

Luffynette : Alors contente de toutes mes reviews ? Oui, certes… ça en fait monter le nombre… mais j'aimerai que tu me dises ce que tu aimes ou que tu n'aimes pas… C'est une réaction très courante chez les « auteurs » -hum- Ils aiment qu'on disserte sur leurs écrits ! LOL ! non plus sérieusement, et franchement, j'aimerai bien savoir exactement ce que tu aimes dans l'histoire et ce que tu en penses. C'est parfois difficile de laisser un commentaire, je le sais… mais tu dois bien savoir ce qui te plait tout de même ?


Chapitre 65

Une situation embarrassante

Cette nuit-là, Harry rêva de Viktor Krum. Il se revit avec lui à l'orée de la Forêt interdite. Le jeune Bulgare l'accusait de vouloir séduire sa petite amie. Il portait le turban de Quirrell et une boucle d'oreille à l'un de ses lobes. Soudain, Ron sortait d'entre les arbres et sautait à la gorge de Viktor en hurlant qu'il l'avait vu lancer un Doloris sur Charlie. Krum se débattait en criant qu'il n'avait rien fait, que c'était le dragon qui avait usé de l'Impérium sur lui pour faire avouer à Charlie ce qu'il faisait en Roumanie. Puis Hermione, Ginny, Cho et McGregor transplanaient dans la clairière et sautaient au cou de Viktor comme des groupies déchaînées, tandis que Ron hurlait "On ne peut pas transplaner dans l'enceinte de Poudlard ! Combien de fois faudra-t-il vous le dire !" Harry sentait alors une colère sans nom monter à sa tête. Il sortait sa baguette et lançait un doloris sur Viktor pour venger Cédric. Cho se mettait à pleurer. Hermione criait : "C'est un sortilège impardonnable ! Tu vas aller à Azkaban !" McGregor se transformait en Détraqueur et voulait lui donner un baiser. Harry et Ron prirent la fuite dans la forêt alors que Ginny les poursuivait montée sur Firenze qui galopait derrière eux.
- Harry ! Cria Ron tout à coup.
Harry s'éveilla. Il faisait presque jour. Ron le secouait par l'épaule.
- Tu es resté jusqu'à quelle heure en bas ? demanda Ron.
Harry s'assit sur son lit, le souffle court.
- Tard, je crois. Vous dormiez tous quand je suis monté.
Ron lui lança ses vêtements.
- Dépêche-toi si tu veux qu'on déjeune avant d'aller en cours.

Harry referma son rideau pour s'habiller dans l'intimité. Il avait la tête dans du coton. Il était resté très tard pour terminer son devoir. Des tas de questions se bousculaient dans sa tête et l'empêchaient de dormir.
- Pourquoi n'es-tu pas descendu ? demanda-t-il à Ron. Toi aussi tu as eu du mal à te réveiller ?
- Non, lui répondit son ami à travers le rideau. Tu faisais un rêve agité et j'ai préféré rester avec toi au cas où… Tu vois ce que je veux dire !
Harry ouvrit les rideaux rouges sur la chambrée.
- Je ne rêvais pas de Voldemort, assura-t-il en souriant.
- De qui, alors ? voulut savoir Ron, dubitatif.
- De personnes qui me prennent la tête ! répondit Harry.
Ron prit un air pincé :
- Alors pourquoi tu criais : Arrête Ron ! Puisqu'il te dit qu'il était sous Imperium quand il a infligé le Doloris !
- Parce que tu fais partie des personnes qui me prennent la tête !
- Et quelles sont les autres ? marmonna Ron, vexé.
- Hermione, Ginny, Krum et quelques autres…
- Krum ?

Harry passa la tête dans sa robe de sorcier.
- Oui, Krum ! D'ailleurs cela me fait penser à une chose : quand je t'ai dit que je l'avais vu lancer un doloris sur Cédric, j'avais oublié qu'il était sous l'Impérium de Croupton Jr.
- Mais… Mais…. balbutia Ron. Tu es sûr ? C'est lui qui te l'a dit ?
- Non, c'est Croupton.
Il réprima un frisson de dégoût. Il prit son sac avec ses livres de cours.
- Viens vite, il faut le dire à Hermione.
- Qu'est-ce que tu veux dire à Hermione ? demanda Ron soudain figé au milieu de la chambre.
- Qu'il ne lui mentait pas quand il lui disait qu'il l'aimait. Il m'a même fait une scène de jalousie dans la Forêt. Et qu'il n'est pas quelqu'un de déloyal comme nous l'avions cru Cédric et moi ! Du moins, il ne l'était pas à ce moment là.
- Tu es sûr de devoir lui dire ça ? questionna Ron en avalant sa salive avec difficulté.
- Oui ! Elle ne doutera plus ainsi des sentiments qu'elle peut inspirer.
- Ça ne change rien de toutes façons au fait qu'il a rejoint les troupes de Durmstrang !
- Ron ! Tu es incorrigible ! râla Harry. Et tu devrais lui dire toi aussi pourquoi tu redoutes ses leçons avec Rogue.
- J'aurais trop honte ! dit Ron en rougissant.
- Tu préfères quoi, Ron ? Eviter la honte d'avouer que cela te gêne de n'avoir pas d'intimité avec elle, ou bien perdre la fille que tu aimes ?
Et comme Ron restait immobile, il ajouta :
- Dépêche-toi, Ron ! Il faut aussi que je voie Ginny !
- Pourquoi ? demanda Ron en se décidant à bouger.
- Parce qu'elle complote quelque chose et que je veux savoir quoi !

Ils descendirent en courant dans la salle commune et de là il se hâtèrent vers la Grande Salle. Harry se laissa tomber sur son banc à côté d'Hermione. Elle paraissait préoccupée et il lui dit précipitamment sans lui laisser le temps de parler à son tour tout en se servant un petit déjeuner rapide tout ce qu'il voulait lui préciser concernant Viktor Krum. Ron tournait un peu son nez, mais quand Harry vit le visage chagrin de leur amie s'illuminer d'un sourire, il sut qu'il avait choisi la bonne option.
- Peu importe quelle voie il a choisi de prendre aujourd'hui, conclut-il. Tout ce qu'il a pu te dire était vrai. Je suis désolé d'avoir tardé à t'en parler. J'étais plus soucieux de mon propre sort que de tes angoisses. Je voulais oublier tout ce qui avait trait à ce moment pénible, la mort de Cédric, le retour de Voldemort. J'étais très en colère et je ne pensais qu'à moi.

Hermione était au bord des larmes. Elle avait cessé de manger et regardait Harry avec des yeux humides pleins de reconnaissance. Harry sentit qu'il fallait qu'il détournât son attention.
- Et Ron a quelque chose à te dire aussi, ajouta-t-il à la plus grande panique de son ami.
Cela eut l'effet escompté : Hermione tourna son regard embué vers le cadet des Weasley. Ron ouvrit la bouche, non pas pour parler, mais parce qu'il manquait d'air. Hermione attendait toujours. Neville, qui avait terminé de déjeuner, ne cachait pas sa curiosité. Harry se rapprocha d'Hermione. Il glissa à l'oreille d'Hermione :
- Il vient juste de réaliser que chaque fois qu'il croyait que vous étiez seuls tous les deux, Rogue était avec vous !

Ron respira enfin dans un borborygme atroce. Hermione ne savait si elle devait rire ou se fâcher.
- Me crois-tu si mauvaise élève que je n'ai rien appris depuis plus de six mois de leçons intensives ? De plus, je ne crois pas que la nature des sentiments que j'éprouve pour toi soit de celle qu'on doive cacher. Je m'applique cependant à les lui cacher de la même manière je lui cache tout le reste. Je n'aime pas plus que quiconque qu'on fouille mon esprit.
- Mais ce n'est pas à toi qu'il reprocherait de porter son cœur en bandoulière, acquiesça Harry avec un sourire amer.
Hermione se retourna vers lui.
- Il a prononcé ces mêmes paroles, un jour, au début de nos séances, le reprit-elle. Mais je lui ai répondu qu'il valait mieux avoir son cœur en bandoulière que de ne pas avoir de cœur du tout. Et que je plaignais ceux qui avaient renoncé à l'amour.
- Il ne t'a pas fichue dehors de son bureau ? s'étonna Neville avec crainte.
- Non, répondit Hermione avec évidence. Sinon Ron ne serait pas là à se demander s'il ne ferait pas mieux de renoncer au nôtre.
- Non ! s'écria Ron. Ce n'est pas ce que je me demande ! Enfin… je veux dire que je ne veux pas renoncer à toi à cause de ce sombre et triste bonhomme ! Qu'il pense ce qu'il veut !
Il se pencha vers Hermione et déposa sur ses lèvres un baiser discret, qui déclencha néanmoins quelques sifflets à la fois moqueurs et admiratifs chez ses camarades de table. Harry se mit à rire. La journée commençait bien. Il tourna la tête vers Ginny en murmurant pour lui-même : "A nous deux, à présent !"

La jeune fille détourna le regard et se hâta de quitter la table du déjeuner. Il se leva à son tour, bien décidé à la coincer avant qu'elle n'eût le temps de se fondre dans la foule des élèves. Il la rattrapa dans le couloir et la retint par le bras. D'un geste de l'épaule il ouvrit une salle de classe encore vide et la poussa dedans sans ménagement. Les livres de la jeune fille tombèrent au sol :
- Qu'est-ce que tu sais de cette boucle d'oreille ? demanda-t-il brusquement sans la lâcher.
- Quelle boucle d'oreille ?
- Ginny ! Ne me prend pas pour un imbécile ! Si ce n'est pas Ron qui l'a prise, ça ne peut être que toi !
- Tu délires ! Qu'est-ce que j'aurais fait d'une seule boucle d'oreilles ?
- C'est ce que tu vas me dire !
Ginny se dégagea brusquement.
- Non mais ça alors ! s'écria-t-elle. Pour qui tu te prends ? Tu n'es pas mon frère pour me demander des comptes ! ni mon petit ami ! Et qu'est-ce que c'est que cette manie d'accuser sans preuve ! Innocent jusqu'à preuve du contraire !

Harry était stupéfait. Elle se dressait sur la pointe des pieds, le menton en avant, les cheveux rejetés en arrière. Il en aurait ri s'il n'avait été aussi furieux.
- Tu vas laisser Hermione s'inquiéter comme ça ? demanda-t-il effaré. La laisser soupçonner Ron ainsi ?
Ginny ramassa ses livres avec une dignité exagérée.
- Je ne sais pas de quoi tu parles !
Elle se dirigea vers la porte d'un pas ferme.
- Je viens de les réconcilier, Ginny, prévint Harry. Si tu ne dis pas tout à Hermione bientôt et qu'elle et Ron se disputent encore à cause de toi, je serais obligé de te dénoncer…
Elle se retourna vivement, la main sur la poignée de la porte.
- Et qu'est-ce que tu lui diras ? le nargua-t-elle.
- Tout ! menaça-t-il.
Ginny se mit à rire et haussa les épaules. Elle quitta la salle de classe sans un regard derrière elle. Bien, pensa Harry. Il allait lui laisser une chance de se dénoncer elle-même ensuite, il irait trouver Hermione et il lui dirait… il ne savait absolument pas ce qu'il dirait à Hermione, si ce n'était qu'il avait l'impression que Ginny complotait quelque chose.
- Deux sur trois ! se dit-il, c'est quand même mieux que rien.

Il se dépêcha de rejoindre ses camarades et s'assit à côté de Ron juste au moment où le professeur Binns traversait son tableau. Hermione mit en route sa plume à papote dès que le professeur fantôme prit la parole et ouvrit l'un des livres de Rogue. Ron se permit de renifler bruyamment pour attirer son attention.
- C'est du propre ! chuchota-t-il en lui montrant son insigne de Préfète.
Elle haussa les épaules et se tourna vers Harry qui l'appelait à son tour.
- Ginny t'a rendu ta plume ? demanda-t-il. Tu lui as parlé de la disparition de la boucle ?
Hermione secoua la tête. Elle lui fit signe de se taire devant Ron.
- Soyez attentifs tous les deux ! leur conseilla-t-elle.
Ron renifla à nouveau si bruyamment que les élèves assis devant lui se retournèrent. Neville le regarda avec un sourire ironique et les trois amis lurent clairement sur ses lèvres le mot de "Pimentine".

Tout au long de la journée Ginny évita soigneusement Harry qui lui-même tâchait d'éviter de se retrouver face à Malefoy lorsqu'ils avaient des cours ensemble. Hermione soupçonnait toujours Ron d'avoir ouvert son tiroir. Elle fit quelques allusions à son bureau dans la salle des Préfets, inviolable selon elle, où elle pourrait enfermer les secrets les plus intimes sans la moindre crainte qu'on ouvrît ses tiroirs… Ron ne bronchait pas, et pour cause songeait Harry. Durant le cours de Soins aux Créatures Magiques, elle en vint à suspecter Malefoy qui n'arrêtait pas, selon elle, de lui lancer des regards menaçants et pleins de morgue. Il laissa plusieurs fois échapper le nom de Krum lorsqu'ils passèrent près de lui pour assister Hagrid. Ce dernier avait recueilli une licorne blessée et comptait sur ses élèves pour l'aider à la soigner. Il demanda à Hermione quel était son diagnostic et celle-ci répondit avec évidence que la pauvre bête avait été attaquée par des gerbilloises à crête. Harry s'étonna à haute voix qu'elle ne fût pas morte et que ses blessures fussent si peu nombreuses. Hagrid rougit, bafouilla, fit quelques Ahem ! coupables.
- Vous êtes allé dans la Forêt ! s'écria Ron depuis la barrière de l'enclos qui protégeait la licorne. Vous aviez promis, Hagrid !… je veux dire Professeur !
- Oh mais c'était juste au bord des arbres ! se défendit le demi géant. Et j'avais mon arbalète. J'ai tué plusieurs de ces sales bestioles, elles n'étaient pas trop nombreuses, heureusement. Et j'ai chargé la licorne sur mon dos pendant qu'elles s'étaient soudainement arrêtées… J'ai pas compris pourquoi, d'ailleurs.
- Parce que vous avez dû tuer le chef de cette petite bande… lui dit Hermione.
- Mais Dumbledore a dit que leur chef était…

Hagrid regarda soudain Harry avec stupeur. Le jeune homme venait de lui donner un coup sur la main avec sa baguette. Il lui faisait de gros yeux derrière ses lunettes.
- Hein ? fit le professeur.
Il suivit le regard de Harry vers Malefoy, toujours aussi arrogant, un sourire méprisant aux lèvres, qui bâillait ostensiblement pour marquer son ennui de se trouver là. Hermione reprit :
- Les gerbilloises vivent en familles plus ou moins nombreuses. Chaque famille a un chef à qui les membres obéissent. Lorsqu'elles se regroupent un seul chef émerge alors et dirige les attaques. Voyez-vous, Professeur, ce chef dont vous parliez, il est un peu comme un commandant en chef qui dirigerait ses capitaines.

Elle échangea un regard amusé avec Harry qui lui fit une grimace à l'évocation des termes employés par McGregor.
- Ah ! fit Hagrid. Je comprends mieux à présent.
Un ricanement se fit entendre du côté des Serpentard. Nul doute que Malefoy se serait gaussé haut et fort du professeur qui prenait des cours d'un élève, si cet élève n'eût été la sang-de-bourbe Hermione Granger.
- Mais c'est égal, Professeur Hagrid, continua Hermione sur le ton du sermon. Vous n'auriez pas dû retourner seul dans la Forêt…
Une partie de la classe approuva d'un murmure.
- Oui, fit Hagrid penaud, mais j'ai quand même ramené la licorne…

Harry lui fit un sourire indulgent tandis qu'Hermione soupirait, désespérée. Elle se résigna à retourner aux soins de la licorne qui se laissa faire par elle malgré la crainte qu'elle ressentait manifestement. Puis Hagrid invita les élèves à s'approcher de l'animal blessé, un par un et avec douceur. Certains avancèrent la main pour la caresser comme l'avaient fait Harry et Hermione. D'autres comme Malefoy restèrent derrière les barrières tournant le dos à ce spectacle inutile. Il n'y aurait bientôt plus de licornes, à quoi bon se soucier d'étudier un cours sur ces bêtes. Ils furent les premiers à partir. Et tandis que Ron s'attardait à caresser la crinière blonde de la licorne, Hermione glissa à l'oreille d'Harry que le Serpentard faisait un excellent suspect dans l'affaire de la boucle d'oreille. Harry n'eut pas le loisir de lui répondre. Ron revenait vers eux, la mine réjouie. C'était le dernier cours de la journée et il paraissait particulièrement heureux. Quand Harry lui demanda pourquoi, il se mit carrément à rire et répondit : parce que c'est bientôt l'heure de l'entraînement de Quidditch des Serpentard…

Ils revinrent vers le château après avoir arraché à Hagrid la promesse qu'il ne s'aventurerait plus dans la forêt sans protection. Aucun des trois ne crut qu'il la respecterait davantage que celle qu'il avait faite à Dumbledore, non par manque de parole, mais bien parce qu'il considérait de son devoir de garde forestier de veiller sur les créatures qui s'y trouvaient.

Ils montèrent d'abord poser leurs livres dans leur salle commune avant de redescendre dans la Grande Salle où la collation de fin d'après midi était servie. Neville était déjà attablé. Il leur désigna de la tête la table des Serpentard. Dennis, le Préfet de Septième année, portait sur le visage les marques d'une bagarre récente.
- Il s'est pris une porte ! fit Neville en clignant de l'œil.
- Crabbe et Goyle ! grogna Harry.
Neville fit un geste qui signifiait l'évidence d'une telle affirmation.
- Ils l'ont coincé dans un cachot entre deux interclasses, leur apprit Neville. Ils lui sont tombés dessus par derrière, lui ont lancé un maléfice du saucisson, et lui ont tapé dessus. Ensuite ils lui ont volé son insigne de Préfet et à la place ont collé un papier avec la marque noire dessinée dessus !
- Quoi ? fit Harry.
- Comment tu sais ça ? demanda Ron ébahi.
- Entendu Crabbe et Goyle le dire à Malefoy pendant le cours avec Hagrid ! déclara Neville la bouche pleine.
- Et Rogue a laissé passer ça ? reprit Harry bouleversé.
- Mais pourquoi n'est-il pas allé voir Mrs Pomfresh ? s'interrogea Hermione.
- Parce qu'il a dit qu'il voulait que ces deux brutes voient son visage pour se souvenir que ce n'était rien comparé à ce que lui allait leur faire !
- La prochaine fois, ils ne se contenteront pas de le frapper, ils le laisseront pour mort… Je me demande comment Rogue a bien pu laisser passer cela ! grogna Harry avec dépit.
- Parce qu'il n'en sait rien… susurra une voix qui poignit légèrement le cœur du jeune homme.

Ils se tournèrent tous vers McGregor qui s'était approchée de leur table en silence en compagnie de Ginny. Elle leur montra discrètement l'insigne rouge qu'elle tenait entre ses doigts avant de le glisser à nouveau dans sa poche. Harry remarqua alors que ses cheveux retenus en une queue de cheval sur sa nuque s'échappaient de sa coiffure en mèches rebelles. Il chercha sur elle d'autres signes de lutte sans en trouver. Hermione fronçait les sourcils.
- A qui l'as-tu repris ? questionna-t-elle.
McGregor recoiffa ses cheveux de la main, sans réussir qu'à les rendre plus indociles
- Tu le sauras bientôt… murmura-t-elle assez contente d'elle-même.
Elle replaça ses mèches indisciplinées derrière ses oreilles et les toisa avec fierté :
- A ce soir ? leur dit-elle avant de quitter leur table. Pour le Club de Duels ?
- Plus que jamais… répondit Harry d'une voix blanche.

Ginny se fraya un chemin pour accéder à sa place. Harry voulut la retenir :
- Tu sais quelque chose ? lui demanda-t-il.
Elle mit son doigt sur ses lèvres.
- Elle vous racontera ça ce soir. Elle me tuera si je la prive du plaisir de tout dire elle-même.
Leur attention fut d'ailleurs attirée par la jeune Préfète de Serpentard. Alors qu'elle n'était pas encore arrivée à sa table, elle interpella Dennis, tout en prenant soin de montrer à tous l'insigne de Préfet qui lui appartenait. Elle le lui lança et le Septième Année l'attrapa au vol, un large sourire sur les lèvres et un regard de triomphe vers Crabbe et Goyle.
- La prochaine fois, lui cria McGregor, ne le laisse pas traîner n'importe où ! N'importe qui pourrait le ramasser !
Harry avait l'appétit coupé. Neville était pâle. Hermione fixait le bord de la table en marmonnant des paroles incompréhensibles. Seul Ron avait l'air terriblement confiant et cela horripilait Harry. Il n'eut pas le temps de lui faire la remarque acerbe qu'il avait sur le bout de la langue.
- Moon ! s'exclama Hermione à voix basse.
- Quoi : Moon ? fit Ron interloqué.
- Regardez, fit Hermione : Crabbe et Goyle, Bulstrode, Malefoy…Il manque Moon ! J'avais remarqué ça à mon retour de Ste Mangouste. Moon est toujours à côté de Malefoy cette année. Et là, il n'y est pas. L'idée des insignes des Préfets, c'est lui, j'en suis sûre. Il aurait voulu l'avoir à la place de Malefoy.
- Qu'est-ce qui te fait croire ça ? demanda Ron.
- Ça se voit comme le nez au milieu de la figure, voyons ! Il lorgne sur les insignes avec un tel regard de convoitise ! Comme il ne peut être Malefoy, il se contente d'être son ombre. Et comme il ne peut porter l'insigne de Préfet, il les vole aux autres.

Harry hocha la tête. Elle avait peut-être raison, mais cela ne répondait pas à la question qu'il se posait.
- Moi ce qui m'inquiète, répéta-t-il, c'est que Rogue n'ait pas réagi à l'apparition de la marque !
Hermione mit sa main sur celle du jeune homme qui se crispait sur sa baguette.
- On le saura ce soir, le calma-t-elle.
Ron pencha vers eux le sourire satisfait qu'il arborait depuis le matin.
- Qu'est-ce qu'on fait ? leur demanda-t-il.
- On travaille ! répondit Hermione avec évidence. Le professeur Flitwick a donné les mêmes devoirs que nous aux Serdaigle et nous devons les retrouver dans la salle des Quatre Maisons pour un atelier de travail commun.
- C'est nouveau ça ! s'exclama Ron.
- Ce n'est pas moi qui en ai eu l'idée ! se défendit Hermione par avance. Même si je l'ai inspiré.
Ron la toisa d'un air ironique :
- Ce que tu peux être prétentieuse !
- Je ne fais que répéter ce qu'on m'a dit ! reprit Hermione. Ce sont les Serdaigle qui l'ont organisé sur le modèle de mes groupes de révisions. Je dois dire que les professeurs McGonagall et Flitwick en sont particulièrement heureux. Le professeur Chourave m'a dit qu'elle comptait obtenir les meilleurs résultats de toute sa carrière aux divers examens de cette fin d'année. Quant au professeur Rogue…
Elle se tut brusquement et baissa la tête pour cacher l'expression de son visage.
- Quoi : le professeur Rogue ? imita Ron avec plus d'acrimonie qu'il ne voulait le laisser paraître.
Hermione reprit, l'air sérieux :
- Le professeur Rogue m'a dit qu'il s'attendait à un peu moins d'humilité de ma part concernant la salle des Quatre Maisons.
- Et ? fit Harry, déjà prêt à sourire de la réponse d'Hermione.
- Et je lui ai répondu qu'il n'était pas toujours bon d'attirer l'attention sur soi, reprit Hermione sur un ton dégagé.
Harry eut un rire discret.
- Et ? répéta-t-il.
Hermione se mit à rire avec lui.
- Ce à quoi il a répliqué qu'il saurait ce que je complote avant la fin de l'année…

Ron renifla. Il ne trouvait pas cela très drôle. Les livres de magie noire du labo et les expériences qu'elle y tentait en secret ne le rassuraient déjà pas sur la régularité de leurs agissements, si Rogue venait mettre son long nez crochu dans leurs affaires, cela risquait fort de tourner au vinaigre. Hermione haussa les épaules.
- Il sait déjà pour le labo… lui chuchota-t-elle. Cela me fait penser que je dois lui rendre les ingrédients que Dobby lui avait empruntés il y a plusieurs mois…
- Sinon quoi ? se moqua Ron. Tu crains de baisser dans son estime ? Ou bien qu'il n'enlève des points à Gryffondor à cause de toi ?
Hermione haussa à nouveau les épaules.
- La coupe des Maisons est bien loin de l'esprit des professeurs en ce moment… murmura-t-elle. Combien ont-ils accordé ou retiré de points ces derniers temps ? Les sabliers du Hall n'ont pas bougé depuis des semaines. Je crois que les derniers points enlevés ont été ceux que Mrs Bibine a retirés à Crabbe et Goyle pour leur comportement antisportif lors du match où vous vous êtes retrouvés tous les deux à l'infirmerie.
- Tu crois qu'eux aussi ont écouté le Choixpeau ? demanda Harry. Ils vont laisser les sabliers en l'état ? Ou annuler la Coupe des Quatre Maisons ?
- Ils devraient ! s'exclama Ron. Ils sont sensés donner l'exemple non ?
- Dans ce cas, il faudrait aussi annuler le Quidditch ! répliqua Hermione.
- Ca ne va pas non ? firent les deux garçons en même temps.
Hermione se mit à rire.
- Quoique le Quidditch me semble en fin de compte un excellent exutoire pour des esprits échauffés, reprit-elle… si tous les différends de cette école pouvaient se régler en disputant un match…
- Oui, fit Ron brusquement inspiré. Comme un tournoi : les meilleurs éléments de chaque équipe de Gryffondor, Serdaigle et Poufsouffle contre celle de Serpentard, avec Harry comme capitaine et moi comme entraîneur, et Jezebel Dawson comme supportrice en chef !
Harry fit un sourire amer :
- Oui, on en revient toujours à la même chose avec toi Ron : l'unité des Maisons de Poudlard passe par une opposition commune à Serpentard. Tu n'imagines pas que des élèves de cette Maison puissent faire partie de l'équipe ?
- Il faudrait d'abord qu'eux-mêmes puissent l'imaginer ! riposta Ron, vexé qu'on lui reproche d'être aussi sectaire que ceux dont il fustigeait sans cesse l'incapacité à s'intégrer dans le front contre les ennemis de Poudlard.
- Ce n'est pas ton attitude qui les fera changer d'avis, assura Hermione.

Ils tournèrent tous les trois la tête vers la table des Serpentard. A cette heure de l'après-midi, le clivage entre les deux factions n'était que plus visible. L'absence de nombre d'élèves déjà retournés à leurs occupations creusait le fossé entre les deux bouts de table. Les Gryffondor virent Crabbe et Goyle se lever pour laisser passer Malefoy. Ils passèrent devant leur table sans un regard.
- C'est l'heure de l'entraînement, murmura Ron.
Cela énerva Harry. Qu'est-ce que Ron pouvait trouver d'intéressant à l'entraînement de Quidditch des Serpentard !

Un doute lui vint soudain. Il hésita à parler devant Hermione. Celle-ci remarqua son trouble. Elle l'interrogea d'un regard alors qu'ils se levaient de table. Il leva les épaules :
- Je me demande pourquoi Ron n'arrête pas de nous parler de l'entraînement des Serpentard… dit-il en rougissant de crainte qu'elle ne lui demandât pourquoi.
Hermione se tourna brusquement vers Ron. A elle aussi, un doute venait de lui effleurer l'esprit.
- Tu n'as rien fait de stupide ? demanda-t-elle brutalement, le visage décomposé.
- Quoi ? fit Ron sans comprendre.
- Tu n'as rien fait qui puisse nuire à Malefoy quand il sera dans les airs ? insista Hermione au bord de la panique.
Ron comprit qu'ils craignaient qu'il n'eût ensorcelé le balai du Serpentard pour se venger de lui.
- Non ! s'exclama-t-il, indigné. C'est bon pour Malefoy de faire des choses de ce genre ! Et puis ce type, ce n'est pas dans sa chair qu'il faut le blesser, c'est dans sa fierté !
Hermione le fixa un moment sans rien dire, puis hocha la tête, encore un peu inquiète. Ron passa devant et Harry chuchota à la jeune fille :
- Je ne sais pas ce qu'il mijote, mais ça me fait peur…

Ils travaillèrent sur le devoir du professeur Flitwick avec les Serdaigle. Puis l'horloge du Hall sonna la fin de l'atelier d'étude. Ils rangèrent tous leurs affaires et se donnèrent rendez-vous au Club de Duels le soir même. Hermione rappela à Ron qu'ils devaient passer au bureau des Préfets et ce dernier invita Harry à les accompagner.
- Ce sera vite fait, lui dit-il. Ensuite on retournera ensemble dans notre salle commune.
Harry concéda qu'il n'avait rien de mieux à faire. Et il était curieux de savoir pourquoi Ron tenait à sa présence alors qu'ils ne s'étaient pas quittés de la journée. Ils montèrent au cinquième étage en devisant tranquillement. Au bout du couloir, ils trouvèrent Peeves, négligemment appuyé contre le mur, qui chantonnait une chanson paillarde. Hannah essayait vainement de le faire taire et de le chasser du couloir.
- Qu'est-ce que tu fais là, Peeves ? demanda Harry, de plus en plus soupçonneux.
- Il parait qu'il va y avoir de l'animation dans le coin… et je veux être aux premières loges, répondit Peeves dans un éclat de rire caquetant.

Ron et Hermione entrèrent dans la pièce réservée aux Préfets. Harry attendit dehors. Il fit quelques pas dans le corridor. Il s'arrêta devant la porte de la salle de bains des Préfets et se demanda si le mot de passe était toujours "fraîcheur des pins". Il faillit vérifier, juste pour passer le temps, lorsque la porte voisine s'ouvrit. Ellie McGregor sortait de la salle de bains des Préfètes. Harry remarqua que ses cheveux étaient recoiffés et qu'elle avait changé de robe. Elle portait un sac de linge sale dans une main et dans l'autre une trousse de toilette à petites fleurs dans un camaïeu de roses. Harry parut surpris. Ce n'était vraiment pas le genre de chose auquel il s'attendait chez quelqu'un comme elle. McGregor suivit son regard sur la trousse et fit une grimace :
- Ma mère a des goûts de chiottes ! dit-elle. La seule fois où elle n'est pas passée à côté de la plaque, c'est quand elle a accepté d'épouser mon père.
Harry s'efforçait de garder son sérieux. Il désigna d'un signe de tête la robe de la jeune fille.
- Tu as oublié d'accrocher ton insigne de Préfète, dit-il sans sourire.
La jeune fille referma la porte de la salle de bains derrière elle. Elle baissa les yeux sur sa poitrine dans un réflexe. Lorsqu'elle les releva, son sourire ne disait rien qui vaille à Harry.
- Effectivement, constata-t-elle sur un ton léger. Mais au moins me voilà assurée que ce n'est pas uniquement ce qui attire les regards sur moi.

Harry sentit son visage s'empourprer violemment. Les caquètements de Peeves le sauvèrent du désastre. Il se tourna vivement vers l'esprit, de l'autre côté du couloir. Il saluait à grand bruit l'arrivée de Malefoy qui rentrait de son entraînement de Quidditch. Le jeune homme affectait de l'ignorer. Ce Peeves de malheur commençait à lui taper sur les nerfs et cela se voyait assez nettement. Malefoy bouscula Harry qui se trouvait sur son chemin pour entrer dans la salle de bains.
- Tu n'as rien à fiche ici, Potter. Cet étage est réservé à ceux qui ont mérité l'honneur de représenter leur Maison…
Son regard tomba sur McGregor qui accrochait son badge sur sa robe. Il se tut et son visage se ferma.
- Vraiment ? fit la jeune fille presque indifférente. Cet insigne te tient donc à cœur, Malefoy ? Moi qui croyais que la seule marque d'estime qui t'importait était de celles qu'on porte dans sa chair…
Harry vit les yeux de Malefoy se rétrécir dangereusement. Il mit la main dans sa poche et agrippa sa baguette, prêt à toute éventualité. Il n'eut heureusement pas l'occasion d'intervenir. Malefoy parut se détendre un peu.
- Un insigne ça se reprend, McGregor ! dit-il. Tu devrais faire très attention à tes fréquentations… Cela pourrait te porter préjudice sinon.
- Mais c'est pourquoi j'évite les endroits que tu hantes, Malefoy, autant que faire ce peut…

Les élèves commençaient à ralentir le pas devant les salles de bains des Préfets. Les murmures bruissaient. Malefoy était seul. Il préféra entrer dans la salle d'eau. Harry soupira de soulagement. Tous ses efforts de la journée pour éviter Malefoy réduits à néant en quelques secondes. Fichu Ron ! Qu'est-ce qu'il cherchait donc ? Et pourquoi lui et Hermione étaient-ils si longs ? Il reporta sa mauvaise humeur sur McGregor. La jeune fille lui montra son badge :
- Cela te convient-il mieux ainsi ? lui demanda-t-elle.
- Qu'est-ce qui t'a pris de le provoquer ? gronda Harry à voix basse. Tu es complètement inconsciente ? Qu'est-ce que tu feras quand tu te seras fait renvoyer de Poudlard à cause de ce gars ?

McGregor le fixa un moment, l'air surpris. Elle n'eut pas le temps de répondre. Ron et Hermione sortirent enfin du Bureau. Hermione s'aperçut immédiatement que quelque chose était arrivé. Elle regarda à tour de rôle McGregor et Harry et demanda :
- Qu'y a-t-il ?
McGregor haussa une épaule.
- J'ai échangé quelques mots aimables avec Malefoy, expliqua-t-elle. Et cela n'a pas plu à Potter.
- Il est rentré de l'entraînement ? voulut savoir Ron.
Harry lui désigna la porte de la salle de bains, d'un air sombre. Ron se mit à ricaner et McGregor à rire. Harry jeta un regard noir à la jeune fille.
- Cela ne lui a pas plu du tout ! répéta-t-elle.
Harry souffla d'exaspération. McGregor passa entre Hermione et lui pour reprendre son chemin. Il sentit un parfum frais et léger qui émanait d'elle. Comme elle les dépassait, elle se tourna vers Harry :
- Tu sais que tu n'es pas mal non plus quand tu es en colère ! lui glissa-t-elle assez haut cependant pour que Ron et Hermione l'entendissent.

A ce moment là des cris retentirent dans la pièce où Malefoy était sensé prendre un bain. Des hurlements hystériques traversaient la porte.
- Mimi ? murmura Harry estomaqué.
Il imagina le spectre de la jeune fille surgir des robinets de la baignoire pour fondre sur Malefoy. Ron ne retenait plus son rire. Hermione se tourna vers le jeune Weasley.
- Qu'est-ce que tu as fait ?
McGregor se rapprocha vivement. Les hurlements ne cessaient pas. Ils montaient en puissance au contraire. Ils virent la poignée de la porte tourner dans tous les sens avant que cette dernière ne s'ouvrît à la volée. Malefoy, une serviette de toilette autour de la taille pour tout vêtement, se précipita hors de la salle de bain, harcelé par une Mimi Geignarde en furie. Le fantôme poussait de longues plaintes de colère.
- Ah ! comme ça je ne suis qu'un parasite ! Ah ! Comme ça ce grand imbécile de Jedusor a bien fait de me faire disparaître ! Ah ! comme ça je fatiguais tout le monde avec mes jérémiades ! C'est pas ma faute à moi si personne ne m'aime !
Elle frappait Malefoy de ses petits poings spectraux.
- Faites-là taire ! criait Malefoy. Qu'elle cesse de me toucher ! C'est désagréable !
- Oh oui c'est désagréable ! continuait Mimi hors d'elle. La Sang-de-Bourbe n'a pas fini de te faire ravaler tes paroles, sale petit morveux !

Ron s'appuyait au mur pour rire tout son saoul. Hermione, les mains sur la bouche, était figée devant ce spectacle. Harry repoussa McGregor en arrière pour que Malefoy, qui ne cessait de reculer sous les assauts déchaînés de l'esprit de Mimi, ne la bousculât pas. Peeves disparut du fond du couloir et réapparut à côté de Ron qui pleurait de rire. Un attroupement s'était créé et les Préfets encore dans le Bureau commencèrent à sortir aux nouvelles.

Hermione fut la première à reprendre ses esprits :
- Mimi ! gronda-t-elle avec sévérité. Ça suffit à présent.
- Ah non ! refusa Mimi.
Elle pointa le doigt sur Malefoy, blême, qui commençait à se sentir plus que gêné.
- Ce fils d'assassin a dit que ma mort était la meilleure des choses qui était arrivée à Poudlard ! Ce gringalet qui se croit supérieur à tous ! Quand il est dépouillé de ses vêtements chics, il n'est pas mieux que les autres ! Ce ne sont que des cache-misère ! Regardez donc cette sale larve dégénérée !
Mimi hurlait, toujours hystérique, le doigt tendu vers le torse creux de Malefoy.
- Si ce petit avorton croit qu'il peut me faire taire, il se trompe ! Je n'ai pas peur de lui ! Il est moche comme un pou en plus et tout rachitique ! Même pas agréable à regarder ! Et comme il fait le fier en se regardant dans la glace ! Et je bombe le torse ! Et je montre les muscles que je n'ai pas ! Ce serait à mourir de rire si ce n'était si pathétique !

Malefoy fulminait.
- LA FERME SALE SANG-DE-BOURBE ! hurla-t-il à son tour par-dessus les caquètements de ravissement de Peeves.
Drago s'agrippait à sa serviette, le visage déformé de rage. Il fixait d'un regard mauvais chacun de ceux qui étaient présents. Peeves lui barrait le passage vers la salle de bain.
- Malefoy est tout nu ! Malefoy est tout nu ! chantonnait l'esprit avec délectation.
Devant Harry, McGregor fit un pas en avant. Elle ouvrit la bouche. Dans un geste vif, Harry mit sa main dessus et la fit reculer encore, derrière le premier rang des spectateurs ahuris. Il la lâcha lorsqu'elle fut hors de vue de Malefoy.
- La prochaine fois c'est un Silencio, McGregor ! la menaça-t-il.
Cela n'impressionna pas la jeune fille. Elle lui sourit, de ce sourire qui avait le don d'exaspérer Harry.
- En tous cas, toi, tu n'es pas le gringalet que Malefoy prétend que tu es ! dit-elle.
Harry sentit qu'il allait se mettre à hurler plus fort que Mimi Geignarde. Heureusement pour lui, Mcgonagall s'avançait à grands pas vers eux;
- Potter ! cria-t-elle du plus loin qu'elle le vit. Qu'est-ce que vous faites ici ? Et qu'est-ce que c'est que ces hurlements !
- Ça va se corser pour Malefoy ! murmura McGregor à l'oreille de Harry.
Celui-ci ne put s'empêcher de sourire à ce qui attendait son ennemi intime. Il s'écarta du chemin du professeur Mcgonagall. Chacun en fit autant devant l'air courroucé de la vieille dame. Elle manqua s'étouffer devant la tenue de Malefoy dans les couloirs de l'école. Peeves faisait des cabrioles sur place et piaillait de bonheur. Ron était carrément assis par terre la tête dans les bras, les épaules secouées de soubresauts irréguliers. Hermione suppliait Mimi de se taire, et Malefoy criait après Hermione.

- SILENCE ! tonna Mcgonagall.
On n'entendit que le hoquet de Ron qui n'arrivait pas à calmer son fou rire. Tous les Préfets présents étaient sidérés, partagés entre l'envie de se réjouir de cette mésaventure et la crainte de la colère de la Directrice Adjointe.
- MALEFOY ! Allez vous rhabiller ! Vous me suivrez chez le professeur Rogue ! IMMEDIATEMENT.
Malefoy retourna dans la salle de bains, sous les huées de Peeves. McGonagall se tourna vers Mimi Geignarde qui tournoyait autour du cercle formé par les badauds en gémissant.
- MISS BROWN ! Veuillez vous taire ! Et disparaissez !
- J'AI PAS DE TUYAU ! hurla Mimi qui fit face au professeur.
- Miss Granger ! commanda McGonagall. Veuillez ouvrir la porte de la salle de bains des Préfètes à cette chère Myrtle !

Hermione se hâta d'obéir. Mimi s'engouffra dans la salle de bains et la jeune Préfète de Gryffondor ferma la porte sur elle. Puis, prévoyant que le professeur n'allait pas manquer de faire évacuer le couloir, elle s'accroupit pour saisir le bras de Ron et l'aider à se redresser. Effectivement, d'un seul regard, McGonagall fit s'égailler le reste des spectateurs. Les Préfets retournèrent dans le bureau. On entendit un large éclat de rire derrière la porte refermée qui fit repartir celui de Ron.
- Monsieur Weasley ! grinça McGonagall. Un peu de tenue je vous prie !
Hermione entraîna Ron. Harry conseilla à McGregor de ne pas rester là non plus. La jeune fille les suivit et Peeves les précéda de son rire en cascade. Ils se précipitèrent vers la première salle libre qu'ils rencontrèrent.
- Tu n'es pas invité, Peeves ! grogna Hermione.
- J'en ai rien à faire !

L'esprit s'installa sur le bureau du professeur. Ron s'affala sur un siège, le souffle court, un sourire d'extase sur le visage.
- Bon sang ! Jura-t-il. Je n'imaginais pas que ce serait aussi parfait !
McGregor siffla d'admiration :
- Parce que c'est à toi qu'on doit ce cirque, Weasley ?
Peeves glissa jusqu'à Ron :
- C'était pas mal comme situation embarrassante, Weasley ! admit-il. Mais je te parie que je peux faire mieux !
- Tant que tu veux ! répliqua Ron.
Il leva la main et Peeves frappa sa paume de la sienne.
- Je retire tout ce que j'ai pu dire sur toi, Weasley ! T'es un comique dans le fond !
Il se tourna vers Hermione.
- Comment tu fais pour supporter cet éteignoir à bougie ? demanda-t-il à Ron.
- Dégage Peeves ! menaça Hermione. Ou dès demain le Moine Gras saura pourquoi ta sale petite âme errante ne peut trouver le repos !
- Rabat-joie ! cria Peeves dans une grimace clownesque.
Il disparut en lui tirant la langue.
- Waow ! fit McGregor. Ça dure depuis quand votre grand amour à Peeves et toi, Granger ?
Hermione haussa les épaules. Elle s'avança vers Ron, enfin calmé.
- Tu vas me dire ce qui t'a pris ? Et d'où te viens cette idée ? le sermonna-t-elle, sévère.
- C'était juste pour lui rabattre son caquet, à ce Malefoy de malheur ! se défendit Ron. Et l'idée, c'est Harry qui me l'a donnée !

Harry ouvrit de grands yeux derrière ses lunettes. Le regard mécontent d'Hermione et celui malicieux de McGregor se posèrent sur lui en même temps.
- Moi ? fit-il d'une voix blanche.
- Oui, toi ! insista Ron, heureux de voir se détourner de lui la colère de sa petite amie. Le jour où tu m'as dit que Mimi la Sournoise se rinçait l'œil dans la robinetterie de la salle de bains des Préfets ! Depuis, je ne me déshabille que lorsque j'ai bouché les robinets avec des gants de toilettes ! ajouta-t-il à l'intention d'Hermione. Et quand Malefoy, l'autre jour a parlé de Mimi la Sang-de-Bourbe, ça a fait tilt dans ma tête.
Hermione s'approcha de lui et lui claqua une tape derrière les oreilles.
- Et là ? Ca fait tilt aussi, bougre d'andouille ? Un Malefoy furieux et humilié, qu'est-ce que tu crois que ça va donner dans les couloirs de Poudlard ? Il va chercher à redorer son blason ! Quand je le disais que tu allais faire quelque chose de stupide ! Comme si la situation n'était pas assez difficile comme ça !
Ron rentra la tête dans les épaules.
- J'avais pas pensé à cela ! murmura-t-il. En fait, la situation n'était pas si pire quand j'ai eu cette idée. Mais c'était avant les vacances. Je pouvais pas savoir que ça allait empirer.
- Allez, Granger ! fit McGregor avec indulgence. C'était drôle quand même ! Et puis ça lui fera les pieds ! De toutes façons, Malefoy n'a pas besoin de ça pour faire empirer la situation.
Ron en resta la bouche bée. Harry se mit à rire de la surprise de son ami. Etre défendu par une Serpentard, ça devait lui en boucher un coin. Son rire lui resta dans la gorge lorsque McGregor se tourna vers lui :
- Par contre, il faudra qu'on m'explique comment Potter s'est retrouvé dans la salle de bains des Préfets avec cette siphonnée de Mimi Geignarde.
- C'est une longue histoire, dit Harry. Une autre fois, d'accord ?
- Quand tu voudras, Potter, répondit McGregor. Mais je comprends à présent pourquoi Mimi te regarde toujours avec des yeux si langoureux qu'il y a de la buée sur ses lunettes…

Ron fit un drôle de bruit alors qu'il tentait d'étouffer son rire qui revenait. Il s'attira un regard courroucé de son ami et une autre tape de la part d'Hermione. Celle-ci avait bien du mal aussi à ne pas éclater de rire. McGregor se dirigea vers la porte.
- En attendant, je serais curieuse de savoir ce que ce bon vieux Rogue va faire à Malefoy… Après tout il n'a commis aucun délit. Ce n'était même pas une atteinte aux bonnes mœurs, vu le spectacle affligeant qu'il nous a offert, tout juste au bon goût ! Je comprends pourquoi cette vieille folle de Mimi était furieuse ! A sa place, j'essaierai plutôt les douches des vestiaires du terrain de Quidditch…

Elle referma la porte derrière elle, sur un battement de cil à la Mimi et un petit signe de la main comme ceux que le fantôme adressait à Harry.