Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.

Crookshrank : Surtout avec une blonde, une brune et une rousse qui se sont associées pour lui en faire voir de toutes les couleurs... Alors attends… la rousse, ok, je vois… La brune aussi, c'est bon… La blonde ? Quelle blonde ? J'ai beau chercher… je ne vois pas. Luna ?

- Pour ce qui est de Cho, je trouve que tu vas un peu loin... Moi je la trouve plus stupide que méchante, dans le tome 5! Tu la trouves méchante ma Cho ? Pourquoi ? parce qu'elle vient demander à Harry de la laisser gagner en usant de ses charmes ? Moi je la trouve plutôt idiote de croire qu'il a la mémoire si courte en fait… Ou parce qu'elle lui dit qu'elle le laissera pas avoir la victoire facile ? Ben, elle est stupide… Elle vient de dire que le meilleur attrapeur qu'elle connaissait était Harry… si elle pense gagner, c'est qu'il lui manque une case…

- Pas assez de McGregor à mon goût dans ce chapitre... Hahahahahahahahahahahahahahaha ! Mais vous n'avez donc pas pitié de ce pauvre Harry !

Alors alors ? que va faire Cho ? Que mijote Ginny ? Va-t-on entendre parler de McGregor un peu plus dans ce nouveau chapitre ? Et Nott ? Il fait quoi Nott ?


Chapitre 68

Projets d'avenir

Lorsque Ron Weasley lui demanda ce qu'il en était de la sortie à Pré-Au-Lard prévue après les vacances de printemps, le professeur McGonagall lui répondit, les lèvres pincées, qu'elle n'était plus à l'ordre du jour. Chacun comprit qu'elle était purement et simplement annulée. Tout le monde s'y attendait, il n'y eut que Ron pour maugréer toute la journée. Agacée, Hermione lui fit remarquer qu'il ne s'agissait que d'une sortie et qu'il aurait tout le temps de sortir de l'école une fois les vacances arrivées. Harry échangea avec son ami un sourire attristé. Ron s'était confié à lui. Il rêvait de cette sortie depuis des semaines. Il s'était imaginé dans les rues de Pré-Au-Lard, à faire du lèche-vitrines, sa main dans celle d'Hermione, sans cet absurde insigne de Préfet accroché à la poitrine. Il l'aurait ensuite emmenée chez Mme Rosmerta, goûter aux délices d'une bièraubeurre mousseuse, puis à la douceur parfumée de ses baisers dans l'ambiance chaleureuse des Trois Balais où personne n'aurait fait attention à eux. Il avait vu s'envoler ses rêves de bonheur dans un seul battement de cils de la Directrice Adjointe.
Il maudissait tous les Mangemorts du monde et les Première Année firent les frais de sa mauvaise humeur, Jezebel Dawson en particulier qu'Hermione dut consoler plusieurs fois en une seule semaine. Il poussa au bout de leurs possibilités les joueurs de Quidditch de Poufsouffle qui, eux, lui en furent reconnaissants. Harry vit s'envoler ses inquiétudes quant au futur match contre Serdaigle lorsqu'il constata que sa déception rendait Ron très virulent envers leurs adversaires. Il explosa littéralement à l'entraînement, se transcenda véritablement au Club de Duels et rivalisa d'acrimonie avec le professeur Rogue pendant les cours.

McGregor leur avait appris que la Marque des Ténèbres avait réapparu sur l'un de ses camarades de Serpentard, une jeune fille de Première Année qui avait commis l'imprudence de questionner Malefoy sur un article de la Gazette du Sorcier. L'article en question, sorti peu de temps après celui du Chicaneur sur Sirius Black, annonçait que Mrs Narcissa Malefoy, épouse de Lucius Malefoy, Mangemort recherché activement par tous les Aurors du Ministère, venait de perdre le procès qui l'opposait au dit Ministère au sujet de la confiscation et la mise sous scellés magiques des biens de son époux. Déchu d'office de ses droits et prérogatives, Lucius Malefoy n'avait plus rien. Son coffre chez Gringott's avait été ouvert, malgré les protestations des Gobelins attachés à leur politique du secret bancaire, ses comptes épluchés et ses biens immobiliers perquisitionnés. Mrs Narcissa Malefoy et son fils avaient dû quitter le Manoir ancestral et déménager dans un appartement hérité de la famille Black dans le vieux Londres. L'article rebondissait alors sur le sujet de Sirius Black et rappelait les liens familiaux entre Narcissa, Bellatrix Lestrange et Sirius. Le Ministère reconnaissait à demi-mot qu'une "erreur" avait, semblait-il, été commise et dépêchait une enquête à ce sujet. Bref, une fois de plus, les Malefoy étaient mis en exergue, au grand dam de l'héritier du nom, qui n'hériterait sans doute que de cela une fois que toutes les exactions du père auraient été prouvées. Donc, cette jeune fille de Première Année avait eu l'audace de demander à Drago s'il était vrai qu'il était ruiné. La gêne de ceux qui l'entouraient causa sans doute plus de rage à Malefoy que la question idiote de cette fille tout aussi idiote. Il fut tenté d'envoyer Crabbe et Goyle menacer la fillette. Puis il changea d'avis et demanda à Moon d'organiser un accident. Ce fut facile, la gamine n'avait pas douze ans, et le sortilège qui la toucha aurait assommé un adulte de bonne taille. Elle resta dans un placard à balais durant toute une après midi. Quand les filles de son dortoir se décidèrent à aller trouver McGregor pour lui signaler son absence celle-ci se méfia aussitôt d'un coup en traître de ces imbéciles de Crabbe et Goyle. Elle les suivit, les écouta grâce aux oreilles à rallonge de Ginny et apprit ainsi que la pauvre petite ne reprendrait connaissance que dans la soirée. Elle courut à l'endroit où les deux brutes l'avaient déposée sous les ordres de Moon. Elle trouva la marque accrochée à la robe de la petite. Elle ôta le papier, le mit dans sa poche et referma d'un sortilège la porte du placard. Puis elle courut chez le professeur Rogue, où elle trouva Potter apparemment en plein cours de rattrapage. Elle raconta d'abord qu'elle avait trouvé une camarade ensorcelée dans un placard et comme Rogue lui demandait avec impatience pourquoi elle n'avait pas fait prévenir Mrs Pomfresh plutôt que lui, elle lui montra le papier qu'elle avait ramassé sur elle. Depuis la porte entrouverte du laboratoire, Harry vit Rogue pâlir comme s'il allait défaillir. Il envoya McGregor chercher Mrs Pomfresh puis congédia Harry qui se hâta d'obéir. A peine eut-il refermé la porte sur lui qu'Harry entendit un grand bruit dans la pièce comme si tous les livres de la bibliothèque du maître de Potions venaient soudainement de faire écrouler leurs rayonnages. Harry se cacha dans le renforcement d'un cachot. Il vit passer Rogue, le visage blême et agité de tics nerveux, qui se pressait vers le passage secret qui montait au bureau de Dumbledore. Il disparut derrière une tenture, dans le tourbillon sombre de sa robe noire.

Harry attendit impatiemment la séance du club de duels pour pouvoir parler avec McGregor sans attirer l'attention. Elle fit son rapport aux habitués. La fille s'était réveillée à l'infirmerie, totalement stupéfaite de se trouver là. La dernière chose dont elle se rappelait était qu'elle se demandait si elle avait bien emporté avec elle le devoir d'Histoire de la Magie qu'elle devait rendre. Elle n'avait vu personne, ne s'était rendu compte de rien. Rogue et Dumbledore étaient passés à l'infirmerie pour l'interroger et elle n'avait rien pu leur apprendre. Ensuite, Rogue avait questionné Ellie. Elle avait dû avouer que ce n'était pas la première fois qu'elle voyait la marque des ténèbres sur l'un de ses camarades. La première fois, un mouvement d'humeur l'avait contrainte à déchirer le papier et à le faire manger à celui qui avait attaqué Dennis. Elle dut donner des noms. Rogue fulminait, mais la présence de Dumbledore dans l'infirmerie l'empêchait apparemment de laisser libre cours à sa fureur. Elle ne l'avait jamais vu ainsi. D'ordinaire, les colères de Rogue étaient froides et cassantes. Là, ses yeux lançaient des éclairs, ses mains tremblaient et les tics de son visage semblaient s'être multipliés. Il s'était maîtrisé pourtant, devant le sourire tranquille du Directeur, pour lui dire d'une voix neutre :
- Je suppose que je ne peux vous interdire de vous défendre, vous et vos amis, McGregor. Mais je veux que rien ne sorte des cachots. Je veux que vous me fassiez immédiatement savoir tout incident qui surviendrait, même sans gravité. Et je veux que vous vous taisiez, McGregor, même si cela vous est très difficile ! La Marque des Ténèbres à l'intérieur même de Poudlard ! Ce serait la panique chez vos camarades et l'école devrait fermer ! Vous entendez, McGregor ! Pas un mot !
Dumbledore lui avait fait remarquer que la jeune fille n'avait pas l'air si affolé que cela et qu'il devrait peut-être accorder à ses élèves un minimum de jugement. Il s'était tourné vers Ellie, l'avait remerciée et félicité pour son magnifique sang-froid.
Bien entendu, il fallut que Ron fît une remarque moqueuse sur les animaux à sang-froid légendaire qu'étaient les Serpentard et Harry ne put s'empêcher de penser à la réflexion de Ginny, celle qui le trouvait plus intelligent depuis qu'il avait Hermione pour petite amie.
- Bien, soupira-t-il cependant. Nous voici donc officiellement chargés de veiller à ce que cette fichue marque ne fleurisse pas dans les couloirs.
- Tu crois ? hasarda Neville, à qui l'idée même de la marque donnait des sueurs froides.
- Je crois bien, répondit Ellie McGregor. Rogue m'a demandé de lui faire un rapport à chaque "incident", ce n'est pas pour rien.
- Très bien, insista Harry comme s'il voulait se persuader lui-même du bien fondé de ce qu'il allait dire. Je propose que nous constituions des patrouilles de surveillance sur le modèle des Brigades Inquisitoriales, mais en plus discret bien sûr.
Les murmures s'élevèrent. Il n'y prit pas garde. Il tourna la tête vers McGregor :
- Tu peux essayer de nous renseigner sur les noms des victimes potentielles ?
- A vos ordres, commandant ! se moqua Ellie.
- Et qu'est-ce qu'on fait avec Green ? demanda Ginny. Il commence à se méfier.
- Je m'en charge ! fit Ron en remontant ses manches.
- Non ! trancha Harry. Green, tu me le laisses. Toi, tu vois avec McGregor pour nous concocter un plan de défense infaillible.
- Hein ? fit McGregor.
- Quoi ? fit Ron.
- Heu ?… hésita Anthony Goldstein. Tu n'as pas peur qu'ils se tapent dessus ?
- Pourquoi se taperaient-ils dessus ? demanda Harry d'un air faussement innocent. Je suis sûr qu'ils auront tous les deux à cœur de démontrer à tous qu'un Gryffondor et un Serpentard peuvent s'entendre…
Ron tourna son nez. McGregor fit une grimace. Ginny lui donna un coup de coude dans les côtes pour l'empêcher de parler et Hermione se hâta d'ajouter :
- Surtout quand l'intérêt de tous est en jeu…
Ron haussa les épaules.
- Je ferai tout ce que tu veux, Harry, accepta-t-il. Pourvu qu'on ne me demande pas d'aller cafter chez Rogue… Il est du genre à faire exécuter les porteurs de mauvaises nouvelles…
- Merci pour moi ! renchérit McGregor. Mais j'ai l'impression que je ne serai pas la seule à profiter de la mauvaise humeur du professeur Rogue…
Elle posa ses yeux dorés sur Harry avant de terminer sa phrase.
Hermione frappa dans ses mains pour rappeler qu'il était l'heure de rentrer dans les dortoirs. Chacun prit le chemin de ses quartiers. Lorsque Ron, Hermione et Ginny revinrent de chez les Préfets, ils prirent place à la table où Harry faisait semblant de s'intéresser au devoir qu'il avait commencé.
- Vous en faîtes des têtes ! constata-t-il. C'est à cause de Malefoy ? s'inquiéta-t-il soudain. Il a menacé l'un d'entre vous ?… ou quelqu'un qu'on connaît ?
- Non ! répondit Ron, l'air sombre pourtant.
- Pas directement, corrigea Ginny dans une grimace.
- En fait, expliqua Hermione, on réfléchissait à ce que nous a dit Ellie ce soir, à propos de la Marque des Ténèbres… et de la colère de Rogue.
- Il en a jeté ses livres par terre, je le sais, leur apprit Harry. Il était encore plus en colère que le jour où il est intervenu dans les couloirs de Serpentard…
Hermione toussota, comme si elle craignait de parler.
- On pensait que la marque servait à semer la panique parmi les élèves, commença-t-elle avec hésitation…
- Comme lorsque Jedusor a ouvert la Chambre la première fois, approuva Harry. Oui, c'est ce que nous avions tous conclu.
- Mais Jedusor voulait "simplement" s'attaquer aux enfants de Moldus, rappela Ginny. Il a cessé lorsque le Ministère a menacé de fermer l'école… Il ne voulait pas que l'école ferme… à l'époque…
Harry releva brutalement la tête vers la jeune fille.
- Oh ! fit-il. Tu veux dire que si la Marque réapparaissait, Poudlard fermerait ?
- Ben… hésita Ron à son tour. Je ne crois pas que ma mère voudrait nous voir revenir ici si elle savait ce qui s'y passe… Et je pense que de nombreux parents refuseraient de confier leurs enfants à cette école, où la marque noire apparaît au nez et à la barbe du Directeur.
- Mais… murmura Harry. Ce n'est pas possible ! Poudlard ne peut pas fermer…
- S'il ne peut pas te faire renvoyer de Poudlard, reprit Ginny avec un soupçon de rage dans la voix, Malefoy voudra trouver le moyen de t'empêcher d'y rester quand même.
Harry se tourna vers Ron :
- C'est ce que tu penses aussi ? demanda-t-il durement pour ne pas laisser trembler sa voix.
- C'est lui qui nous en a parlé le premier, dit Hermione en posant sa main sur celle du jeune homme.
- C'est vrai quoi ! se défendit Ron qui pensait qu'Harry l'attaquait. Puisqu'il ne peut entrer, il doit te forcer à sortir. Et il a envoyé Malefoy tenter par tous les moyens de le faire. Te faire renvoyer, ou mieux encore : faire fermer l'école. Si Poudlard fermait, tu serais obligé d'en partir et là plus rien ne te protégerait… pas même la maison de ta tante, parce qu'il lui serait si facile de les éliminer… beaucoup plus en tous cas que de se débarrasser de la protection de Poudlard…
- Ça va ! fit Harry qui se rendait compte que Ron continuait à parler pour ne pas avoir à subir le silence anxieux de ses amis.
Harry dut admettre qu'il avait sûrement raison. Il ne voulait pas penser à cette éventualité, mais Ron avait raison.
- Alors, reprit-il, tu as une raison de plus pour t'entendre avec McGregor et vous dépêcher de nous pondre une stratégie pour prendre Malefoy et compagnie de court.
Ron rentra la tête dans les épaules. Harry le vit serrer la main d'Hermione dans la sienne.
- Tu ne penses pas quand même qu'il irait jusqu'à… pour faire fermer l'école…
Harry sentit un frisson dans tout son corps.
- Il aurait une victime toute désignée en tout cas, murmura-t-il.
- Et une raison de plus pour s'entendre avec Miss Grande Gueule ! fit Ron avec un sourire contraint. Vous vous imaginez McGregor hantant les cachots de Serpentard pour l'éternité !
- Connaissant McGregor, je crois plutôt qu'elle hanterait la salle de bains des Préfets… commenta Ginny avec une grimace forcée en sourire.
- Moi je dirais plutôt les douches des vestiaires du terrain de Quidditch…
Harry leva les yeux vers Hermione. Son sourire l'étonna.
- Allons ! Allons ! Nous n'en sommes pas encore là ! dit-elle devant le visage défait du jeune homme. Malefoy sait qu'il doit jouer fin. Il a assez répété que ceux qui n'étaient pas avec le Maître des Ténèbres étaient contre lui, pour ne pas se douter que tous les soupçons se porteraient sur lui, inévitablement, si la marque des Ténèbres réapparaissait à Serpentard sans qu'il ait un excellent alibi. On ne doit pas trouver le coupable, s'il veut arriver à ses fins. Donc, il sait qu'il ne peut compter que sur peu de ses amis. Certains sont trop bêtes pour faire dans la discrétion et d'autres trop peu sûrs. Lui ne tentera rien de sa main. Il restera bien à l'abri derrière ses fidèles lieutenants… D'ailleurs Peeves le suit comme son ombre et l'empêche de faire quoi que ce soit de lui-même…
- Oui mais, l'interrompit Ginny, tu n'as pas peur que Peeves se lasse…
- Il voudra faire mieux que Ron, sourit Hermione avec un regard en coin à son ami.
- Et de deux points pour ma pomme ! fit celui-ci, heureux que son idée prît soudain une importance qu'Hermione ne pouvait que reconnaître.
- Et nous lui rappellerons au besoin que si Poudlard ferme, il n'aura pas d'autre endroit où on tolèrera ses… fantaisies… continua Hermione sans relever la pique de Ron. Celui qu'il faudra avoir à l'œil, c'est Moon. Il est intelligent et discret. Assez en tous cas pour ne pas s'être trop fait remarquer encore. Et il est ambitieux, aussi. S'il se fait bien voir de Malefoy, il espère peut-être avoir une place de choix dans le futur état-major de Voldemort quand ils seront sortis de l'école…
- Il y en a qui voient loin ! Moi je ne sais même pas ce que je vais faire quand je quitterai Poudlard ! soupira Ron.
- Eh ! fit Harry. Tu as dis que tu voulais être Auror ! Me laisse pas tomber, s'il te plait !
- Ce serait cool d'être Auror… soupira une fois de plus Ron. Mais faut être drôlement bon en tout et le niveau des ASPIC dans ces matières est plutôt élevé.
- Allons ! Allons ! répéta Hermione en tapotant sa main. Si Tonks a réussi à entrer chez les Aurors, tu as toutes tes chances, mon cœur.
Ron rougit. Autant de la confiance qu'Hermione montrait à l'égard de ses possibilités de carrière que parce qu'elle l'avait appelé "mon cœur" en public. D'ailleurs, Ginny sourit, moqueuse.
- En fait, dit-elle, c'est Maugrey qui a fait entrer Tonks chez les Aurors… Et vous savez pourquoi ? Parce qu'elle est métamorphomage et qu'on ne peut se cacher derrière un philtre de polynectar pour prendre la place d'un métamorphomage. Parce que la personne sous polynectar prendrait l'apparence réelle de celui dont elle veut prendre la place, mais elle serait incapable de changer de forme… Pourquoi croyez-vous que Tonks garde toujours sa tête aux cheveux rouges ?
- Parce qu'elle s'aime bien comme ça, non ? proposa Ron.
- Oui, approuva Ginny, et aussi parce que Maugrey lui a demandé de choisir une apparence une bonne fois pour toute, pour que ce soit plus simple dans ses relations avec ses collègues de travail, mais qui n'est pas la sienne propre. Ainsi, le premier qui voudrait l'imiter serait dévoilé dès le premier regard de ce vieil Alastor, qui lui connaît la véritable identité de Nymphadora Tonks.
- C'est elle qui t'a raconté ça ? demanda Harry interloqué.
- Pas dans les mêmes termes, mais c'est en gros ce qu'elle m'a expliqué.
Hermione haussa une épaule.
- C'est vraiment très intéressant, Ginny, répondit-elle d'une voix pincée. Mais il n'empêche que si Tonks a pu obtenir le nombre d'ASPIC nécessaire pour passer l'examen d'entrée à l'école des Aurors, Ron peut le faire aussi. Et il a d'autres qualités que celles d'un métamorphomage pour faire un bon Auror. C'est un excellent sorcier. Il fera un excellent tacticien, et il sait se mettre à la place de l'adversaire pour anticiper ses réactions… Je suis sûre que s'il se donne un peu de peine maintenant pour passer dans les classes supérieures, il ira loin dans la carrière. Peut-être même fera-t-il partie de la Brigade Magique.
- Heu… fit Ron, les joues rosées. Tu vois un peu loin, là, Hony. Je me contenterais déjà de passer avec succès mes ASPIC l'année prochaine.
- C'est le reproche que je te ferais, Ron, reprit Hermione sérieusement. Tu te contentes toujours de ce qu'on te laisse… Si je ne t'avais pas poussé à accepter de devenir l'entraîneur des Poufsouffle tu n'aurais même pas songé à proposer ta candidature alors qu'Harry était en train de refuser.
- C'est peut-être parce qu'il n'est pas aussi ambitieux que tu peux l'être pour lui, fit Ginny malicieusement. Il ne rêve sans doute pas d'être l'épouse du futur chef du Département de la Justice Magique.
Hermione rougit à son tour légèrement.
- J'ai d'autres ambitions que de devenir l'épouse de…, Ginny, reprit-elle. Tu le sais très bien d'ailleurs. Ce que je souhaite, c'est que Ron ait d'autres ambitions que celle d'être le frère de, ou le fils de…
- Et tu voudrais nous en parler ? demanda Ron pour dévier le cours de la conversation. De tes propres ambitions, je veux dire ?
Hermione ferma la bouche et leva les sourcils. Ginny lui fit un grand sourire pour l'inviter à répondre à la question de son frère.
- Tu les connais, répondit simplement Hermione. Passer avec succès l'examen d'entrée à Ste Mangouste… pour y commencer des études de guérisseuse. Ensuite… tout dépendra d'Harry et de la suite des évènements…
Harry déglutit comme si ses amygdales avaient soudain gonflées du triple de leur taille.
- Eh ! fit-il. Tu ne trouves pas que j'ai assez de responsabilités sur le dos pour y ajouter encore celle-là ? Moi qui étais justement en train de me dire que la seule ambition que je nourrissais était celle de ne pas finir précocement ma triste et misérable existence !
Hermione rougit. Ron essaya de se faire tout petit. Ginny baissa les yeux.
- Désolée, Harry… murmura Hermione. Nous devons te sembler bien frivoles…
Harry l'était tout autant. Il n'avait voulu faire de reproche à quiconque. Il essayait juste de plaisanter.
- Non ! s'exclama-t-il. En fait, je me disais que cela faisait du bien d'avoir des amis qui ont tellement confiance en moi qu'ils n'hésitent pas à faire des projets d'avenir.
Il remonta ses lunettes sur son nez. Ron, Hermione et Ginny avaient toujours la même tête embarrassée. Il posa une main sur celle de Ginny, et l'autre sur celles de Ron et Hermione aux doigts entrelacés.
- Je vous assure que c'est vrai, dit-il. Je n'y arriverai jamais sans vous.
Il réussit à les faire sourire. Ron fit le tour de la pièce du regard pour cacher son trouble.
- Ah ! fit-il. Neville va avoir des problèmes ! Il n'est pas encore rentré !
- Tu es sûr ? s'étonna Ginny. Il n'est pas dans la chambre ?
Harry lui assura qu'il n'y était pas quand il en était descendu et qu'il ne l'avait pas vu entrer ensuite. Hermione se mit à rire.
- Je l'ai vu qui partait raccompagner Luna avec les Serdaigle. Il a dû oublier l'heure…

Elle tendit la main à Ron.
- Tu viens le chercher avec moi. Il vaudrait mieux que nous le trouvions pendant notre ronde que Rusard pendant la sienne…
Elle terminait de parler que Neville faisait son apparition, rouge d'avoir couru, essoufflé et embarrassé devant toutes ces paires d'yeux qui le fixaient avec curiosité. Quelqu'un se mit à rire. Un autre émit un long sifflement mi-admiratif, mi-moqueur. Neville se sauva dans le dortoir. Ron et Harry pouffèrent.
- Ce n'est pas drôle ! les gronda Ginny, elle-même au bord de l'éclat de rire.
Ron se leva et prit la main d'Hermione qu'elle ne lui tendait plus. Il l'embrassa sur le nez.
- C'est quand même plus pratique d'avoir sa petite amie dans la même Maison que soi ! dit-il.
Il fit un clin d'œil à Harry tandis qu'il quittait la salle commune avec Hermione afin de récupérer les retardataires. Ginny leur cria d'être prudents, puis elle rejoignit la table de Seamus et Dean où elle prit place avec un livre. Harry se dit que Ron était vraiment à côté de la plaque, mais il renonça à tenter d'élucider le nouveau mystère que représentait Ginny. Il préféra monter se coucher. Il trouva Neville qui parlait à son Mimbulus, comme tous les soirs avant d'aller au lit. Il entendit la plante chanter sous la caresse de son propriétaire. Neville lui adressa un joyeux "Bonne nuit, Harry !" auquel le jeune Potter répondit par un bâillement. Au bout d'un moment, Harry se dirigea vers les toilettes du dortoir. Il s'arrêta devant le baldaquin de Neville et l'appela :
- Tu sais ce que tu voudrais faire, plus tard, en sortant de l'école, et après… tout ça ?
Neville le regarda un instant puis lui sourit :
- Oui, répondit-il simplement.
- Et c'est… ? insista Harry un peu gêné.
- Epouser Luna et partir avec elle en Suède chercher les Ronflaks cornus. Ensuite quand on en aurait marre de les chercher, on rentrerait et on ouvrirait un parc botanique avec toutes sortes d'espèces de plantes et d'essences rares. Des plantes utiles pour faire des potions de soins, et d'autres totalement dingues : des dangereuses qu'on mettrait sous serres transparentes et où moi seul aurais le droit d'entrer pour leur donner à manger. Des très jolies à regarder, toutes en couleurs, rien que pour le plaisir des yeux. Et d'autres encore qu'on n'a pas encore découvert mais que Luna et moi on partirait chercher aux quatre coins du monde…
- Chouette idée…murmura Harry avec un sourire.
- Oui ! Il faut juste que j'en convainque Grand-mère ! se mit à rire Neville. Elle veut que je passe les examens d'Auror. Pauvre Granny, sa vie n'est qu'une suite de désillusions…Mais franchement, Harry, est-ce que j'ai une tête à courir après des mages noirs toute ma vie ?
Harry se mit à rire avec lui. Il allait repartir vers les toilettes quand Neville le rappela.
- Heu… Harry… ce dont je t'ai parlé, tu le gardes pour toi, hein ? Ce sont plus des rêves que des projets alors… Tu es le seul à qui j'en ai parlé… sauf à Luna… enfin juste le Jardin Botanique…
- Et qu'est-ce qu'elle en a dit ? demanda Harry curieux de la réaction de la jeune fille.
- Oh ! Elle a trouvé l'idée merveilleuse…
- J'imagine, dit Harry presque pour lui-même. Tu sais, Neville, reprit-il après un moment de silence gêné, c'est elle qui est merveilleuse.
Le regard de Neville s'illumina.
- C'est vrai ? Tu le penses vraiment ?
- Je suis incapable de dire pourquoi, mais… On se sent bien avec elle.
- Moi, je sais pourquoi, répondit Neville. C'est parce qu'avec elle, tout parait possible.
Harry hocha la tête.
- Ça ne m'était jamais arrivé, reprit Neville avec une hésitation, de penser que ceux qui m'entourent ont plus foi en moi que moi-même… Avec Luna, c'est comme si… comme si….
- Comme si un grand poids s'enlevait tout à coup de tes épaules, termina Harry à sa place.
Neville fit oui de la tête.
- Hermione dit qu'elle voit au-delà de l'apparence que se donnent les gens, continua Harry.
- Alors je me demande ce qu'elle a vu en moi, se mit à rire Neville.
- Sans doute quelque chose qui lui aura plu…
Harry fit signe qu'il devait aller aux toilettes. Il y resta un long moment à faire couler l'eau froide sur ses mains. Ils faisaient tous des projets d'avenir, ils avaient tous des rêves plein la tête et le cœur. Ils comptaient tous sur lui pour qu'ils se réalisent. Ou du moins pour espérer les voir se réaliser un jour. La voix étrange de Trelawney lui revenait aux oreilles. Car aucun des deux ne peut vivre tant que l'autre survit…Le Survivant. C'était son nom. Comme Vous-Savez-Qui était celui de Voldemort, alias Tom Jedusor. Il se souvenait parfaitement avoir dit à McGregor qu'il ne supportait pas qu'on l'appelle d'un autre nom que le sien. Elle l'appelait Potter. Mais Potter n'était qu'un nom. Un nom comme ceux qu'il avait du mal à se mettre en tête lorsqu'il lui fallait apprendre l'Histoire de la Magie. Il n'avait pas le choix. Il lui faudrait affronter Voldemort, non pas s'il voulait sauver le monde des sorciers. Non par abnégation. Non parce qu'il avait une âme de héros. Mais bien pour se donner à lui-même une chance de pouvoir faire des projets d'avenir. Même si son avenir était de servir d'exutoire à ce malade de Voldemort. De Jedusor. De cette crapule qui avait tué ses parents et l'avait privé de toute chance de bonheur. Les larmes qui montèrent à ses yeux lui firent autant de mal que sa cicatrice lorsque le Maître des Ténèbres voulait le torturer. Il mit sa tête sous le robinet et il n'entendit la voix de Ron qui tambourinait à la porte qu'au bout d'un long moment de malaise.
Lorsqu'il ouvrit la porte –parce qu'il fallait bien qu'il sortît de ces fichues toilettes- il savait qu'il allait trouver le visage bouleversé de Ron.
- Tu… tu vas bien ? lui demanda-t-il comme il l'avait prévu.
- Ça va, lui répondit-il.
- C'est à cause du match de samedi prochain ? demanda Ron.
- Oui. Mentit Harry. Il faut à tous prix qu'on le gagne…
Ron fit semblant de le croire, ainsi qu'Harry s'y attendait. Ron le laissa passer vers le dortoir et il attendit que son ami fût enfermé derrière les rideaux de son baldaquin pour rejoindre son propre lit. Harry lui en fut reconnaissant. Il n'avait aucune envie de parler avec lui de ce qui le préoccupait. Il n'avait envie d'en parler avec personne.

Le jour du match contre Serdaigle, Harry était étrangement calme. Lorsqu'il fit le tour du terrain de Quidditch pour prendre la direction du vent avant d'aller serrer la main du capitaine de l'équipe adverse, il aperçut dans les tribunes la banderole de Jezebel Dawson, qui n'était finalement pas rancunière. Hermione, son chapeau à tête de lion sur la tête, lui fit de grands signes ainsi qu'à Ron. A ses côtés, Luna fit de même, coiffée d'un chapeau à tête d'aigle. Neville avait l'air de beaucoup s'amuser. Il faisait rugir son lion chaque fois que Luna faisait crier son aigle. On aurait dit deux gamins. Les Poufsouffle scandaient le nom de Weasley et étaient visiblement pour les Gryffondor. Une partie des Serpentard manifestait sa préférence pour les Serdaigle, ce que les Serdaigle n'appréciaient qu'à demi. L'autre partie des Serpentard se réservait pour la fin du match.
Harry évitait de regarder Cho, dont il sentait le regard sur lui.
- Tu es prêt à mordre la poussière ? lui lança-t-elle alors que Mrs Bibine sifflait le coup d'envoi.
- Et toi ? Tu as prévu le stock de mouchoirs ?
Il allait lui faire avaler son balai. Pour Marietta. Pour Isadora. Pour Hermione. Et surtout pour se défouler de cette tension qu'il sentait en lui depuis des jours. L'entraînement n'avait pas suffit à faire sortir de lui cette pression qui l'étouffait. Il lui fallait un bon match. Une belle bagarre. Des cris, de la colère et de l'adrénaline à n'en plus finir. Il n'eut pas besoin de crier ni de se mettre en colère. Les Gryffondor furent parfaits. Une entente comme celle-ci, il n'en avait jamais vu. Ginny était particulièrement inspirée. Ron était magnifique. Sloper se surpassa. Tous les autres étaient au mieux de leur forme. Les gradins scandaient la liste des joueurs rouge et or. Les lumières de la banderole de Dawson illuminaient l'après midi de ses scintillements multicolores. McGonagall resplendissait et le commentateur de Serdaigle faisait grise mine.
Lorsque le Vif d'Or apparut, les Gryffondor menaient par quatre-vingts dix à trente.
- Tu n'as pas encore gagné, Potter ! cria Cho Chang tandis qu'elle plongeait vers la balle dorée.
Harry se souvint que des sélectionneurs officiels se trouvaient dans les tribunes. Il faillit éclater de rire. Il plongea de son côté. Il passa sous le balai de Cho et décida de lui laisser une chance de montrer ce qu'elle savait faire. Il se mit à sa hauteur. Elle essaya de le pousser à la faute. Il tint bon. Les cognards furent sur eux. Sloper fut génial. Il renvoya un cognard sur le poursuiveur Serdaigle qui partait au but. Le deuxième atteignit Cho dans le dos. Elle se retrouva sur le côté, accrochée à son balai. Harry tendit le bras et la remit en selle. Le public frémit d'admiration pour un geste aussi fair-play. Harry se tordait de rire sur son balai, devant l'air mauvais de Cho. Elle se coucha sur le manche, dans une position plus aérodynamique. Le Vif était tout près. Harry se décala et partit sur le côté. Cho crut qu'elle avait le champ libre. Elle prit le temps de reprendre une assiette plus confortable et moins dangereuse. Elle ne comprit pas ce qui arrivait. Potter venait à nouveau de passer sous son balai. Couché sur le côté, le bras tendu, il lui avait soufflé le Vif-d'Or sous le nez. Mrs Bibine siffla la fin du match, dans un tonnerre d'applaudissements et de trépignements. Cho n'en croyait pas ses yeux. Tous les Gryffondor, les Poufsouffle ainsi qu'une partie des Serpentard étaient encore assis et tapaient du pied sur les tribunes. Les membres de l'équipe des Gryffondor entendirent scander leur nom chacun à leur tour. Sauf les Weasley qui l'entendirent deux fois. Harry mit pied à terre au milieu de ses équipiers au comble de la joie. Il ne réalisa pourquoi que lorsque Ron vint à sa rencontre et le serra contre lui, les larmes aux yeux.
- On a gagné la coupe ! hurlait-il totalement hystérique. On a gagné la coupe !
Puis il courut vers Hermione pour la soulever dans ses bras et lui faire remarquer qu'il n'avait pris aucun coup dans la tête cette fois.
Cho Chang passa près d'Harry sans un regard. Il faillit lui crier un "Sans rancune !" plus que provocateur, lorsqu'il y renonça. Sa mine défaite suffisait largement à son soulagement. Il rejoignit les vestiaires au milieu de ses camarades qui commentaient sa figure avec enthousiasme.
- Potter ? POTTER !
Le silence se fit dans les vestiaires. Harry se tourna vers le professeur McGonagall. Venait-elle dores et déjà le féliciter personnellement pour avoir gagné la coupe de Quidditch de l'école ? Elle était accompagnée d'un sorcier d'un certain âge qu'Harry ne connaissait pas. Il portait sur sa robe un badge "Invité par…" et Harry crut lire le nom de Mrs Bibine dessus. Il comprit que l'homme devait être l'un des sélectionneurs dont Cho lui avait parlé. Il s'étonna. Il ne pouvait s'agir de cela. Il avait encore une année à faire à Poudlard. Il s'avança tandis que le professeur McGonagall présentait, avec un léger tremblement dans la voix :
- Harry, voici Mr Gideon Glouster, le sélectionneur de l'équipe nationale de Quidditch.
Harry prit la main que l'homme lui tendait sans avoir conscience de ce qu'il faisait. Le silence de ses camarades était éloquent. Il entendit Ron s'exclamer d'une voix étouffée "Ah ! la vache !"
- Enchanté, Mr Potter, dit l'homme.
Il le dévisageait avec une insistance qui gêna Harry. Mr Glouster s'en aperçut et lâcha la main du jeune homme. Il se tourna vers McGonagall, résolument :
- Vous aviez raison, Minerva, ce garçon la même manière de voler que son père. Et un style autrement plus audacieux…
Il soupira fortement, comme de regrets.
- Vous avez réfléchi à votre future carrière, Mr Potter ? demanda-t-il à Harry.
- Heu ? fit Harry qui n'était pas encore remis de sa surprise.
- Réfléchissez-y, mon garçon… Je suis sûr que vous aurez pas mal de propositions l'année prochaine… N'hésitez pas à demander conseil à cette chère Minerva.
Il tendit une nouvelle fois la main à Harry.
- Heureux d'avoir fait votre connaissance… Je suis certain que nous nous reverrons.
Il adressa un salut à l'équipe :
- Joli match, messieurs et mad…
Il s'interrompit et sembla chercher quelqu'un du regard. Ses yeux s'arrêtèrent sur la tête rousse de Ron qui dépassait toutes les autres :
- Weasley, c'est bien cela ? dit-il en le montrant du doigt.
- Oui, Monsieur… répondit Ron en rougissant.
- Vous avez quelque chose à voir avec cet idiot de Charlie Weasley ?
- Heu ? C'est mon frère, Monsieur…
Gideon Glouster secoua la tête.
- Il pourrait être plus célèbre que Merlin à l'heure qu'il est ! Et plus riche que tous les Gobelins réunis ! Je vous jure ! Préférer la compagnie des dragons à la clameur des stades !
Il soupira une fois de plus. Il se tourna à nouveau vers McGonagall.
- Et la petite poursuiveuse rousse ? C'est une Weasley aussi, si je ne m'abuse…
- En effet, acquiesça Minerva.
- Elle a du style et de l'avenir, approuva Mr Glouster.
A ce moment, Ginny apparut à la porte en criant :
- Eh ! Les gars ! Vous venez ! Colin veut faire une photo de l'équipe sur le terrain ! Prenez vos balais.
McGonagall leur fit un signe de tête pour les autoriser à sortir.
- Je vais chercher la coupe, leur dit-elle. Le professeur Dumbledore ne nous en voudra pas si nous prenons un peu d'avance ! trois matches sur trois, personne ne peut nous égaler. Les prochains joueront pour l'honneur… Au fait, Mr Weasley…
Elle retint Ron par le bras tandis que les autres sortaient.
- Le professeur Rogue est venu se plaindre à moi du fait que vous entraîniez vos camarades de Poufsouffle dans le but évident de les aider à battre l'équipe de Serpentard…
- Hermione a dit que rien dans le règlement ne l'interdisait, Professeur ! se défendit Ron maladroitement. Et puis, c'est pas tellement contre les Serpentard… C'est surtout pour que Malefoy ne dise pas que les Poufsouffle sont des nuls…
- C'est bien ce que j'ai dit à Severus, opina le Professeur McGonagall. En ce qui concerne le règlement, bien entendu… ajouta-t-elle l'œil brillant.
Elle le retint encore un instant :
- Weasley, j'ai dit un jour que si vous continuiez à jouer comme vous l'avez fait lors de votre premier match, je chanterai Weasley est notre roi avec votre Fan club… Aidez les Poufsouffle à rabattre le caquet de ce… Malefoy dans quinze jours, et je vous jure que je le ferai !
Elle le laissa partir et Ron rejoignit, le cœur encore battant de bonheur, ses amis sur le stade. Lorsque McGonagall fit apparaître la Coupe entre les mains d'Harry, les supporters et les supportrices acclamèrent leur équipe. Les sélectionneurs les applaudirent chaleureusement également. Harry se demanda lequel était le représentant des Tornado.

Colin prit ses photos et Harry partit se changer dans les vestiaires. Il resta un long moment sous la douche. Cet homme, ce Glouster, il avait connu son père. Peut-être était-ce lui qui l'avait sélectionné pour faire partie de l'équipe nationale. Peut-être était-il venu le voir lui aussi lors d'un match de Gryffondor. En tous cas, c'était lui qui avait proposé la place d'attrapeur dans cette même équipe d'Angleterre à Charlie Weasley, il n'en doutait pas. Il attendit Ron qui était en retard pour avoir voulu que Colin prît une photo de lui avec la Coupe dans les mains, et une autre avec la Coupe dans un bras et Hermione dans l'autre. Colin était ravi. Il promit les photos pour la fin de soirée et courut au laboratoire que Dumbledore l'avait autorisé à installer pour faire les tirages. Hermione l'accompagna pour l'aider à préparer la potion qui devait animer la pellicule moldue.

Ron était heureux. Personne ne pouvait en douter. Ils se rendirent dans la salle des Quatre Maisons pour fêter la victoire. Les Poufsouffle étaient déjà là et acclamèrent leur entraîneur. Luna fut la seule Serdaigle, au début. Ensuite, les élèves de cette Maison commencèrent à arriver, attirés par les rires et la bonne humeur ambiante qui faisaient quelque peu défaut à l'école depuis quelques temps. Les Serpentard qui fréquentaient la Salle des Quatre Maisons étaient là également.
On félicita Harry quand on sut que le sélectionneur de l'équipe d'Angleterre était venu lui serrer la main. Il ne faisait aucun doute pour beaucoup qu'il était venu lui proposer le prochain poste d'attrapeur dans l'équipe nationale. Harry sortit dans le couloir pour avoir un peu la paix. Il tomba nez à nez avec Cho. Elle était furieuse.
- Tu t'es bien fichu de moi, Harry, lui dit-elle. Tu m'as ridiculisée ! Tu es content de toi, n'est-ce pas ? Tu devais bien rigoler quand tu avais tous ces sélectionneurs autour de toi, pas vrai ?
- Ecoute, Cho, commença-t-il…
Une voix à l'accent traînant l'interrompit.
- Laisse tomber, Chang ! conseilla Malefoy. De toutes façons, il ne profitera pas longtemps de sa gloire…
Cho se retourna vivement vers lui :
- Toi, tu la fermes Malefoy ! lui claqua-t-elle presque au visage. Quand on est si peu doué que toi en Quiddich on se tait ! Tu ne resteras pas longtemps capitaine quand tu ne pourras plus payer de balais neufs à tes coéquipiers ! Te voilà chassé de tes terres, parait-il ! Et bientôt c'est à coup de balai au derrière que tes petits copains te vireront de l'équipe… Je n'ai qu'un regret : je ne serai pas là pour voir ça !
Elle fit demi-tour et passa devant Harry. Si elle ne lui écrasa pas les pieds, c'est que le jeune homme eut la présence d'esprit de faire un bond sur le côté.
- Bien joué, Malefoy ! dit-il. Tu n'es peut-être pas doué au Quidditch mais tu l'es pour rendre les filles folles de rage…
Malefoy renonça à lui répondre. Le professeur McGonagall discutait au bout du couloir en compagnie de Mrs Bibine. Elle lançait cependant de longs regards courroucés vers la Salle des Quatre Maisons. Malefoy empêcha Crabbe de s'avancer vers Potter.
- Joueur de Quidditch, laissa-t-il tomber… c'est vraiment tout ce que tu peux espérer de toutes façons…
Il tourna les talons et repartit vers les cachots. Harry se sentit soulagé. Il craignait un affrontement. Avec plus de la moitié de l'école comme témoins et Ron à deux pas… Il avait pensé à Mimi Geignarde dans le couloir du cinquième étage et –Ron avait raison à ce sujet- sa colère était passée. Il s'apprêta à rentrer dans la salle à nouveau. McGregor était devant la porte. Elle lui sourit.
- Félicitation, Potter, dit-elle. C'était une fort belle démonstration.
- Tu veux parler du match, je suppose, hésita Harry qui ne savait vraiment pas comment il devait prendre les interventions de la jeune fille.
- Naturellement. Parce que pour le reste, tu as encore pas mal de progrès à faire…
Harry s'avança vers la salle. Il avait décidé de l'ignorer. Elle l'empêchait d'entrer.
- Sors de mon chemin, McGregor… dit-il avec une colère qui lui servait d'assurance.
McGregor s'écarta légèrement.
- Je voulais juste te demander si tu étais d'humeur à signer des autographes…
Harry lui lança un regard noir derrière ses lunettes.
- Oh ! Pas pour moi ! reprit-elle avec un sourire moqueur. Je ne suis pas du genre à donner dans le culte du chef… et les fans clubs très peu pour moi… je laisse ça aux gamines immatures…
Elle tourna imperceptiblement la tête vers la banderole de Jezebel Dawson qui clignotait toujours. Harry ne put retenir un sourire en pensant à Ron, qui, bien que prétendant le contraire, adorait ces marques de reconnaissance. McGregor se crut autorisée à poursuivre. Elle fit un pas à l'intérieur de la salle et s'écria :
- Betsie ! Arrive un peu par ici, Grenouille !
- Grenouille ? répéta Harry abasourdi.
Il se retint de rire lorsqu'il vit s'approcher une fille à l'air timide, qui paraissait à la fois craindre McGregor et lui porter une dévotion absolue. Elle était petite et menue, avec deux tresses blondes qui tombaient sur ses épaules et la rendaient encore plus petite fille qu'elle ne l'était. Une paire de lunettes, façon Sybille Trelawney, donnait à ses yeux bleus un regard globuleux. La Préfète poussa la fille dans le dos au devant d'Harry.
- Potter, voici Bethsabée Singleton, qui mourrait d'envie de t'être présentée… Allons Betsie, dis bonjour à Harry Potter, ma grande… ou bien il va croire que les méchants Serpentard que nous sommes avons mangé ta langue.
Une seconde Harry crut que la fille allait faire la révérence. Elle tenait sa robe pincée entre le pouce et l'index de chaque main et paraissait absolument tétanisée.
- Bonjour, finit-elle par expirer dans un souffle.
- Salut, lui sourit Harry.
Les cils de la petite battirent à la volée derrière ses verres. Il lui tendit la main et elle la prit dans un geste incrédule. Harry ne savait quoi dire. Il avait une très forte envie de rire et il tâchait d'éviter le regard de McGregor pour ne pas ajouter à la gêne de Bethsabée Singleton. Il désigna ses lunettes de l'index.
- Tu es myope ? demanda-t-il. Moi aussi.
Betsie devint rouge de confusion. Elle balbutia une réponse incompréhensible et se sauva d'un bond dans la salle. Harry se mordit les lèvres. Il sortit un peu plus dans le couloir pour se cacher de la gamine au cas où elle aurait tourné la tête vers lui. Il se mit à rire. Non pour se moquer de la petite, mais parce qu'il était heureux. Bethsabée Singleton n'avait pas une seule fois levé les yeux sur son front.
- Bien joué, Potter, fit McGregor. A présent, elle va refuser de laver sa main droite jusqu'à la fin de sa vie et vouer un véritable culte à ses lunettes.
Harry reprenait ses esprits.
- C'est elle qui s'est retrouvée dans le placard à balais ? demanda-t-il sérieusement.
McGregor hocha la tête.
- Stupide gamine, n'est-ce pas. Aucune cervelle ! On se demande ce qu'elle fiche à Serpentard…
- Et toi ? Tu y fais quoi à Serpentard ? demanda Harry à brûle-pourpoint.
McGregor le regarda un moment sans sourire avant de répondre.
- Je suppose que ce que je fais de mes journées n'est pas le sens de ta question… dit-elle enfin.
- Pourquoi le Choixpeau t'a-t-il envoyée là-bas ? insista Harry.
McGregor fit semblant de réfléchir :
- Un tour de tête trop petit pour Serdaigle ; trop téméraire pour Poufsouffle ; et trop d'esprit pour Gryffondor… il ne restait que Serpentard ! Et peut-être aussi parce que coule dans mes veines le sang des McGregor qui ne laissent à personne le soin de leur dicter leur conduite… Car c'est cela le véritable esprit de la Maison de Serpentard que dévoient Malefoy et sa compagnie de moutons bêlants lorsqu'ils se prosternent devant leur Maître
Il y avait dans ses derniers mots tant de dégoût qu'Harry se sentit frissonner. Il n'y avait sur le visage de la jeune fille plus aucune trace de moquerie, qu'une farouche détermination.
- Tous les McGregor vont à Serpentard ? tenta de railler Harry.
- Non, répondit Ellie avec un sourire. Mon frère Quentin était à Serdaigle. Mais je suppose que c'est parce qu'il ressemble davantage à sa mère, même s'il est le portrait de notre père.
Il sembla à Harry qu'elle allait ajouter quelque chose. Elle se tut cependant et désigna d'un mouvement de la tête le fond du couloir, un éclair malicieux dans les yeux :
- Voici venir le photographe officiel de sa Majesté Potter, dit-elle. Ainsi que son Chef du Protocole…
Harry se tourna dans un réflexe. En effet, Colin Crivey et Hermione s'avançaient vers eux, le visage satisfait. Colin agitait un paquet de photographies qu'il tendit à Harry.
- Les voici ! s'exclama-t-il. Toutes chaudes à peine sèches ! Elles sont hyper réussies, n'est-ce pas Hermione !

Hermione hocha la tête. Harry regarda les photos en souriant de l'enthousiasme du jeune homme. Elles étaient plutôt réussies, en effet. Il échangea un regard complice avec Hermione lorsqu'il eut en mains celles où Ron posait avec elle. Colin lui proposa de prendre celles qui lui plaisaient. Harry en mit une de côté, l'une de celles où il était entouré de l'équipe. Il allait rendre les autres au jeune photographe, lorsque son regard fut attiré par la dernière. C'était une photo de lui, la coupe en mains. Il eut un coup au cœur. Elle ressemblait en tous points à l'une celles qu'il avait vues dans l'album de McGonagall, parmi celles qui concernaient son père. Il tendit la main vers elle et Colin fit un petit "Hum !" gêné.
- Celle-ci, McGo a dit qu'elle la voulait, Harry…
Une brusque chaleur monta au visage du jeune homme. Sa main resta en suspens. McGregor se pencha vers la photo.
- C'est aussi celle que j'aurais choisie… dit-elle juste avant d'entrer dans la Salle des Quatre Maisons.
Harry leva la tête et la regarda s'éloigner au milieu de leurs camarades. Colin lui prit les photos des mains pour les montrer au reste de l'équipe. Hermione donna un coup de coude à Harry.
- Pourquoi n'as-tu rien dit ? demanda-t-elle. A Ellie, insista-t-elle. Franchement, Harry, il faudrait être aveugle…
- Ça va, Hermione ! grogna Harry.
Il fixait son attention sur la photo de l'équipe qu'il tenait entre ses mains.
- Elle ne te plaît pas ? continua Hermione.
- Ça va ! répéta Harry.
- Je sais qu'elle peut être un peu intimidante, mais je t'assure qu'elle n'attend qu'un seul mot de ta part…
- Tu es devineresse ? se moqua Harry un peu acerbe. Ou bien as-tu commencé la légilimancie avec Rogue toi aussi ?
Hermione pinça les lèvres.
- C'était juste le conseil d'une amie !
- Je ne t'ai rien demandé ! grommela Harry.
Hermione se mordit les lèvres. Elle ouvrit plusieurs fois la bouche et la referma autant de fois. - Tu veux que je te dise ? finit-elle par se décider. Ne viens pas te plaindre quand tu recevras ce que tu mérites !

Elle entra à son tour dans la salle, au moment où Ron en sortait. Il agita des photos sous le nez d'Harry. Il en avait choisies deux qu'il destinait à Hermione. Une où il était seul et l'autre où ils étaient tous les deux.
- Colin m'a promis qu'il pouvait refaire celle-ci pour moi, jubilait-il. Et tu sais quoi, Harry ? Cette année, je suis certain qu'il n'y aura personne d'autre dans son album !
Harry ne put s'empêcher de rire avec lui. Incorrigible Ron. Hermione pouvait bien garder ses conseils pour elle-même ! Dans la salle l'équipe l'appelait. Il glissa sa photo dans sa poche et entra avec Ron sous les applaudissements. Au premier rang des admirateurs, Jezebel Dawson et Bethsabée Singleton trépignaient et gloussaient, sous la banderole scintillante de mille couleurs.