Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.


Je poste ce soir car je ne pourrais pas le faire demain. Je sais que j'ai deux reviewes de plus. Elles apparaîtront dans le prochain chapitre… Merci à tous pour vos reviewes d'encouragement !

Chapitre 77

Réflexions

AH ! MES GAILLARDS ! JE VOUS TIENS !
Ron se retourna en sursautant vers Rusard qui arrivait précédé de Miss Teigne.
- Mr Rusard ! s'écria-t-il. Venez vite, il faut aller chercher le Directeur !
Rusard ricana.
- Mais bien sûr que je vais aller chercher le Directeur. Et vous allez m'accompagner ! Vous êtes pris sur le fait, cette fois. Flagrant délit ! Vous comptiez faire le mur ? Et deux Préfets encore !
Il jeta un œil attendri sur la chatte décharnée qui lui tenait compagnie.
- Belle prise, ma douce. C'est du beau travail, ça, ma toute belle. Je suis fier de toi.
- Mr Rusard, essaya Hermione. Je vous en prie, il faut absolument aller chercher le Professeur Dumbledore. Il y a quelqu'un qui appelle à l'aide ici.
Rusard s'avança. Il saisit Ron par le bras et le fit sortir de l'entrée du passage secret. Il avança la main vers Hermione.
- Vous me prenez vraiment pour un imbécile, en plus, grinça-t-il entre ses dents. Mais c'en est fini ! Vous êtes cuits, tous les deux ! Je vous avais bien dit que je vous aurais…
Il ne put terminer sa menace. Une plainte venue de l'obscurité lui ferma la bouche. Il se mit à trembler de tous ses membres, tandis que Miss Teigne se hérissait de peur et miaulait à petits cris perçants.
- QU'EST-CE QUE VOUS AVEZ FAIT ?
- Rien, Mr Rusard, assura Hermione. Il y a quelqu'un qui appelle à l'aide. Il a ouvert le passage de l'intérieur. Il demande Professeur Dumbledore. On ne sait pas qui c'est ni s'il est blessé gravement. Laissez-nous aller le voir.
Rusard paraissait tétanisé. Ron le saisit par le bras à son tour et le fit sortir dans le couloir.
- Monsieur Rusard, commanda-t-il. Allez chercher le Professeur Dumbledore ! Vite !
Rusard hocha la tête, les yeux exorbités, la bouche encore ouverte. Il paraissait hagard. Trop ! C'était trop en peu de jours ! Il tituba, se rattrapa au mur, et se dirigea vers le passage secret qui menait au couloir où l'escalier montait vers le bureau du directeur. Hermione s'était déjà enfoncée dans l'ombre. Elle appela Ron dans une exclamation. Avec appréhension, le jeune homme remit les pieds dans le passage secret. Il faillit buter sur Hermione accroupie devant un vieil homme hirsute. Ses longs cheveux et sa barbe gris étaient tachés de sang. Il était recroquevillé contre le mur de pierres et haletait de douleur.
- Aide-moi à l'emmener dehors, demanda Hermione.
Elle prit l'homme par l'épaule et Ron l'imita de l'autre côté. Ils le traînèrent vers le couloir et l'étendirent devant l'entrée du passage. Ils n'auraient pu aller plus loin. Le vieil homme semblait délirer. Il prononçait le nom d'Albus sans discontinuer. Il ouvrit les yeux sur les deux jeunes gens. Il contemplait Hermione qui essayait de l'examiner sommairement pour déterminer la cause de ses blessures. Il leva la tête vers Ron et le fixa longuement.
- Weasley ? dit-il dans un souffle.
Ron fit une grimace. Il s'accroupit auprès de lui. Les yeux bleus de l'homme ne le quittaient pas. Il portait sur son visage plissé de rides des traces de blessures anciennes et sa barbe était brûlée.
- Je crois que c'est le gars de la Tête de Sanglier… murmura-t-il à Hermione.
Celle-ci leva les yeux vers lui, soucieuse.
- Va chercher Rogue, s'il te plait, Ron, dit-elle à voix basse. Et Mrs Pomfresh aussi.
- Je ne te laisse pas seule ici, s'indigna le jeune homme. Ça peut être dangereux !
Elle haussa une épaule.
- Que crois-tu que cet homme soit en état de faire ? Va chercher Rogue ! Vite !
Ron hésita. L'homme recommença à délirer. Il prononçait des paroles étranges entre deux gémissements de douleur. D'un regard sévère, Hermione le poussa à lui obéir. Il bondit sur ses pieds et courut vers les quartiers des Serpentard.

Lorsque Rogue lui ouvrit, pâle et fatigué, il comprit que sa journée était loin d'être finie.
- Qu'y a-t-il encore, Weasley ? demanda-t-il d'une voix lasse.
Ron ne savait comment présenter la situation.
- Il y a un homme blessé dans le couloir du quatrième étage, Monsieur, dit-il simplement. Il vient de Pré-Au-Lard… enfin je crois.
A ces mots, Rogue devint encore plus livide. Il poussa Ron hors de son bureau d'une main ferme sur son épaule.
- Le directeur… commença-t-il.
- Rusard est allé le prévenir, l'interrompit Ron.
- Mrs Pomfresh…
- Je vais la chercher !
Ron partit en courant, heureux d'échapper à l'œil de lynx du professeur de Potions.

Harry vit passer Ron pour la deuxième fois devant la salle des Quatre Maisons. Il lui courut après et, pour toute explication, son ami l'envoya devant le miroir du quatrième étage. Harry se souvint qu'un passage secret se cachait derrière, qu'ils n'avaient jamais eu l'occasion d'utiliser pour cause d'éboulement, dixit les jumeaux. Il trouva Hermione auprès d'un vieil homme qu'il reconnut comme le tenancier de la Tête de Sanglier, qu'il avait vu pour la première fois l'année précédente.
- Qu'est-ce qui s'est passé ? demanda Harry.
- D'après toi ? lui répondit Hermione.
Elle lui montra le bras gauche paralysé de l'homme, la blessure sanglante sur son torse…
- Et je suis sûre que ce n'est pas tout, murmura-t-elle.
Harry déglutit, ses yeux dans ceux de son amie.
- Les mangemorts ? réussit-il à prononcer.
A ces mots, l'homme rouvrit des yeux hagards. Il rencontra le visage d'Harry et lança son bras vers lui. Harry eut un mouvement de recul. Il ne put empêcher la main de l'homme de se refermer sur le col de sa robe.
- Dis à Albus qu'ils sont venus… Dis lui qu'ils nous ont surpris cette nuit… Il n'était pas là. Il les a envoyé pour nous tuer tous… Tu es sauf… Albus ne voulait pas que tu viennes…
Harry réussit à arracher la main crispée sur sa robe. Le vieil homme saisit sa main et la serra dans la sienne. Une ombre passa sur eux et Harry leva la tête. Le vieil homme suivit son regard. Il y eut un éclair de terreur dans ses yeux quand il vit le visage de Rogue penché sur lui.
- Que faites-vous là, Potter ? Toujours à chercher les ennuis ?
- Professeur Rogue, s'empressa Hermione. Regardez…
Rogue posa les yeux sur la blessure que lui montrait la jeune fille. Le vieil homme parut se calmer. Il lâcha la main d'Harry. Il regardait tout le monde autour de lui, Harry, Hermione, Rogue, Algie Londubat que son collègue avait alerté au passage devant la Salle des Quatre Maisons. Il paraissait chercher quelqu'un qu'il désespérait de trouver.
- Où est Albus ? haletait-il. Jamais là quand on a besoin de lui…
Rogue repoussa Harry et fit reculer Hermione. Algie Londubat pénétra dans le passage secret. Il s'avança la baguette en avant et on ne le revit pas d'un long moment.
La voix empressée de Rusard se fit entendre.
- C'est par ici, Monsieur le Directeur, disait-il. C'est là que je les ai trouvés, tous les deux… Sûr qu'ils avaient en tête quelque forfait. Ils sont tombés sur cet homme-là… Un vagabond, Monsieur le Directeur…
- Merci, Argus… murmura Dumbledore.
Son chuchotement fit taire Rusard.
- Albus ! trouva la force de s'écrier l'homme.
Dumbledore s'agenouilla près de lui sans peine malgré son grand âge.
- Par Merlin ! Abelforth, que t'est-il arrivé ?
- Ils étaient là, Albus. Il les a envoyé à Pré-Au-Lard !
- Qui ? demanda Dumbledore. Calme-toi, Abel. Dis-moi ce qui s'est passé.

Alberforth tourna la tête vers Rogue, un regard méfiant au fond de l'œil.
- Parle sans crainte, lui dit Dumbledore.
- Ils étaient là, répéta le vieil homme. Les Mangemorts. Des dizaines et des dizaines de Mangemorts… J'ai tué cette crapule de McNair de ma main, Albus. Il était coriace, le bougre. Mais je ne pouvais rien faire d'autre que me défendre… sans baguette, tu le sais bien. Ils étaient si nombreux. Ils ont mis le feu au Trois Balais… et chez Honeyduke, et à la poste aussi. J'ai eu juste le temps de sortir Mrs Rosmerta avant que son auberge soit détruite. La pauvre femme, elle est complètement folle. Je suis retourné à la Tête pour venir t'avertir et c'est là qu'ils me sont tombés dessus. McNair, et Lestrange…
- Rodolphus Lestrange ? s'interrompit Rogue, avec anxiété.
- Non, le plus jeune, répondit Abelforth dans un souffle.
- Et Lucius ? Vous avez vu Lucius parmi eux ? s'inquiéta le Professeur.
L'homme secoua la tête.
- Ni Malefoy, ni Rodolphus Lestrange. C'était le jeune Lestrange qui les menait tous. C'était lui qui donnait les ordres…
Harry vit Rogue et Dumbledore échanger un regard sombre. Il aperçut Ron qui revenait presque en courant, accompagné de Mrs Pomfresh. Algie Londubat réapparut.
- Il n'a pas été suivi, dit-il avec satisfaction. Oh ! Albus ! J'ai l'impression que notre ami a cherché à nous impressionner une fois de plus.
Dumbledore se redressa, sérieux et grave.
- Je craignais quelque chose de ce genre quand Argus est venu me prévenir que l'un des passages avait été rouvert et qu'il s'agissait de celui qui mène à la Tête de Sanglier. J'ai fait prévenir les Aurors. Mais je crois que nous ne serons pas de trop s'ils tardent à arriver, et s'il n'est pas déjà trop tard.
Rogue se mit sur pied aussitôt, laissant sa place à Mrs Pomfresh.
- C'est risqué, Severus, dit simplement Dumbledore.
- Je le sais, répondit tout aussi laconiquement Rogue. Mais une baguette de plus n'est pas à dédaigner…
- Attendez-moi !
La voix pressée de McGonagall les fit tous se retourner. Elle arrivait en courant, au grand dam de Rusard, son chapeau de travers et son manteau boutonné à la hâte.
Dumbledore se tourna vers les jeunes gens.
- Harry, et vous Ronald, vous resterez ici. Avec le Professeur Rogue.
Rogue tressaillit. Son visage se ferma.
- Professeur… dit-il d'une voix blanche.
Dumbledore ne le laissa pas poursuivre. Il posa sa main sur l'épaule de Rogue et le força à le regarder dans les yeux.
- Je vous confie Poudlard, Severus. On ne sait jamais ce qui pourrait nous attendre de l'autre côté. Il faut conserver de hardis défenseurs à l'école.
Rogue baissa la tête. Il fit un sourire amer. Il n'était pas dupe du compliment. Harry évita de croiser son regard. Rogue se voyait une fois de plus confiner à Poudlard alors que le danger était à l'extérieur. Lucius, apparemment tombé en disgrâce, ne lui fournissait plus de renseignements valables. Il devait se sentir inutile. Elle était loin l'illusion de son importance. Il ne faisait que se cacher à nouveau, tandis que les autres luttaient pour leur cause. Harry ressentit pour lui, au lieu de la satisfaction qu'il aurait dû éprouver pour celui qui humiliait Sirius pour ces mêmes raisons, une réelle compréhension. Le jeune homme regarda les professeurs disparaître dans le passage secret. Dumbledore se retourna vers ceux qui restaient. Il baissa les yeux sur Abelforth et interrogea Rogue du regard.
- Il a besoin de soins, répondit le Professeur, mais il survivra à ses blessures, Monsieur.
Dumbledore leur rappela le mot de passe et referma le miroir sur lui. Harry sentit un pincement au cœur. Il releva la tête et croisa le regard de Rogue. Il y eut un moment de gêne que Rusard rompit.
- Quels sont vos ordres, Monsieur ? demanda-t-il l'œil soudain allumé d'une lueur gourmande.
- A quel propos, Mr Rusard ? questionna Rogue.
- Au sujet de la fête, en bas ? Je renvoie tout le monde dans ses quartiers ?
- Avant toute chose, j'aimerai qu'on m'aide à transporter mon patient à l'infirmerie ! trancha Mrs Pomfresh en se relevant d'auprès du vieil homme.
Hermione fit un pas en avant. D'un signe de tête Rogue l'autorisa à accompagner la guérisseuse. D'un Mobilis Corpus Mrs Pomfresh transporta le corps du vieil homme au travers des raccourcis du château.

Rusard attendait toujours, un sourire sardonique aux lèvres, certain que le Professeur Rogue n'allait pas manqué de lui ordonner de faire cesser le chahut et de ramener tout le monde dans leur dortoir.
- Weasley, commanda le maître des Potions, le Professeur Flitwick attend des nouvelles. Allez lui dire ce qui est arrivé. Ensuite revenez nous rejoindre, Potter et moi. Mr Rusard…
Rusard le regarda, implorant.
- Mr Rusard, reprenez vos rondes. Tout doit paraître aussi normal que d'ordinaire. Inutile d'affoler les élèves…
La déception la plus totale se peignit sur le visage du concierge. Il rappela Miss Teigne cachée dans un coin et reprit son office, plus décidé que jamais à tomber sur le dos de quiconque aurait l'idée d'enfreindre la moindre règle de l'école. Harry toussota. Quel rôle lui réservait Rogue ?
- Monsieur ? demanda-t-il. Que dois-je faire ?
- Attendre que votre heure arrive, Potter, répondit sombrement Rogue quand ils ne furent que tous les deux devant le miroir. Si elle arrive un jour…
Harry se mordit les lèvres. Le ton amer du professeur lui faisait penser qu'il parlait plus pour lui-même qu'en réponse à sa question. Un soupir de Rogue lui confirma cette impression.
- Nous montons la garde, Potter, reprit le maître des Potions. Comme nous l'a recommandé le Professeur Dumbledore.
- Vous croyez qu'ils avaient l'intention de s'emparer de Pré-au-Lard pour investir Poudlard par les passages secrets ? continua Harry. Pettigrew les connaît, puisqu'il a créé la carte du Maraudeur avec…
Il n'osa pas prononcer les noms de son père et de ses amis. Rogue resta silencieux un moment.
- Une armée ne passerait pas par ces passages secrets, répondit le professeur après réflexion. Ou bien il lui faudrait trop de temps et nous aurions largement l'occasion de les cueillir à la sortie un par un…
- Ils pourraient investir ainsi le château pendant la nuit…
- Non, le Maître des Ténèbres emploie des moyens bien plus expéditifs… S'il a envoyé ses Mangemorts à Pré-au-Lard, c'est pour une tout autre raison.
Harry le vit frotter sa manche gauche avec une grimace découragée.
- Il les a appelé cette nuit ? demanda Harry à voix basse.
Le silence de Rogue fut une confirmation.
- Mais Malefoy n'était pas avec eux, n'est-ce pas, continua le jeune homme conscient qu'il remuait le couteau dans la plaie vive de sa chair. Il sait que c'est par lui que vous renseigniez Dumbledore. Il l'a mis à l'écart…
- Taisez-vous Potter, gronda Rogue.
- C'est quand même une bonne chose, n'est-ce pas… persista Harry. Malefoy était le plus utile de ses serviteurs. Comme dirait Ron, il a perdu son meilleur Cavalier… D'ailleurs je me demande pourquoi Rodolphus Lestrange n'était pas au village, si le vieil homme a dit vrai. C'aurait dû être lui qui devait mener la charge. Et Peter, pourquoi n'était-il pas là, lui non plus.
Rogue fixa longuement Harry au travers de son regard rétréci.
- Potter ! Potter ! vous réfléchissez trop, vous allez vous rendre malade…
Harry sourit.
- Oh ! fit-il. Serais-je sur la bonne voie ?
- Il n'est pas tout de poser les bonnes questions, Potter, se moqua Rogue. Il faut aussi trouver les bonnes réponses.
Harry hocha la tête. Si Rogue voulait jouer à ce petit jeu, il n'allait pas le priver de cet amusement. Le pauvre homme avait eu de tristes moments depuis quelques temps.
- Eh bien ! Harry négligemment appuyé au mur près du miroir. Lucius Malefoy est tombé en disgrâce… pour le moins. Pettigrew et Lestrange sont absents… Où peuvent-ils bien se trouver ? A quelque peu ragoûtante besogne, sans doute. Quelle est la spécialité de Pettigrew : rameuter les créatures sordides que compte le monde magique. Les gerbilloises à crête sont dans la Forêt Interdite. S'il se trouvait avec elles, il aurait pu être à Pré-au-Lard, c'est tout près et quelles alliées efficaces… Non, son terrain de prédilection ces derniers temps, à part les souterrains de Poudlard, c'est aussi… l'Europe centrale.

Il prononça ces derniers mots la gorge sèche. Il songea à Charlie. Son malaise ne fit qu'augmenter quand Rogue en put empêcher un tic de déformer sa joue plusieurs fois de suite.
- Et il est fort probable que Rodolphus Lestrange l'ait accompagné cette fois… reprit-il les yeux fixés sur le visage de Rogue.
Le professeur s'était ressaisit. Il était à nouveau impénétrable. Mais son silence en disait plus long que des discours. Harry renonça à aller plus loin dans ses déductions. Ron revenait et il ne voulait pas l'inquiéter au sujet de Charlie. Il reprit sur un ton plus enjoué :
- Vous avez raison, Professeur. Les Mangemorts n'ont pas attaqué le village pour prendre Poudlard par ses passages secrets… Le vieil homme a dit qu'ils avaient détruit Honeyduke, les Trois Balais, et qu'ils étaient en train de faire de même pour la Tête de Sanglier. Ils auraient songé d'abord à rechercher les passages avant de réduire ces lieux en tas de ruines…
Rogue hocha la tête :
- C'est ce que je pense aussi, approuva-t-il.
- Et vous savez ce que je crois ? dit Ron qui s'appuya à son tour contre le mur à côté d'Harry.
Rogue leva les yeux au ciel.
- Je crains que nous ne puissions vous empêcher de nous faire part de vos réflexions, Weasley…
- Je crois que Voldemort –Ron vit avec plaisir une grimace douloureuse tordre la bouche de son professeur de potions- s'en est pris à Pré-au-Lard parce que Poudlard est à quelques lieues. Histoire de dire à Dumbledore : je me rapproche et je serais bientôt tout près de toi et de ce que tu protèges…
- Weasley… commença Rogue avant de pincer ses lèvres.
Il pencha sa tête comme pour mieux regarder le jeune homme.
- Et vous savez quoi ? reprit Ron avec amertume. Je crois qu'on peut dire adieu à toutes nos sorties de l'année prochaine…
Rogue s'approcha de lui vivement et le fixa droit dans les yeux.
- Qu'est-ce que j'ai encore dit ? fit Ron désabusé.
- Rien que de très intelligent, Ron, fit Harry dans un rire retenu. C'est bien ce qui inquiète le professeur…

Rusard fit passer sa ronde plusieurs fois devant le miroir du quatrième étage. Juste pour vérifier que tout allait bien, dit-il. Et pour signaler qu'il n'avait… rien à signaler d'anormal. Hermione rejoignit ses amis et le professeur en faction une heure environ après qu'elle eût accompagné Mrs Pomfresh et aidé la guérisseuse à panser le vieil homme. Elle leur donna des nouvelles rassurantes du blessé. Puis Rogue conseilla aux deux Préfets de se rendre dans la salle commune du rez-de-chaussée afin d'aider le Professeur Flitwick à renvoyer tout le monde dans ses quartiers. Les deux jeunes gens obéirent. Un concert de protestations accueillit la fin de la musique et les paroles du Professeur d'Enchantements lorsqu'il déclara la soirée terminée. Les élèves cependant se dispersèrent. Les Préfets furent chargés de regrouper leurs camarades dans le grand hall et de ramener chacun à ses quartiers sans détour. Hermione n'échappa pas aux questions de ses amies sur son absence prolongée. Lavande et Parvati ne se privèrent pas de glousser. La Préfète glissa à l'oreille de Ginny un "Je te raconterai…" qui l'inquiéta un peu. Nul doute qu'Hermione ne comptait pas lui faire de confidences sur son intimité avec son frère. A moins que celui-ci se fût une fois de plus conduit comme un imbécile… Un coup d'œil sur Ron la rassura. Il avait l'air normal. Du moins pas plus mal à l'aise qu'à l'ordinaire. Sauf quand le Préfet en Chef s'approcha de lui et que Ron lui remit assez discrètement un mystérieux objet que Ginny ne reconnut pas. Elle n'entendit pas non plus ce que lui demanda le Poufsouffle, mais l'embarras de Ron était visible à des lieues à la ronde. Le garçon se mit à rire et tapa sur l'épaule de Ron qui grimaça. Ginny se débrouilla pour rester à distance d'oreille de son frère et Hermione. Ils fermaient la marche du groupe des Gryffondor et la jeune fille entendit Hermione murmurer :
- Je suis vraiment désolée, Ron…
- Pas autant que moi… lui répondit Ron. Mais, ce n'est pas grave, les bièraubeurres ça se conserve…

Les Gryffondor à l'abri dans leur salle commune, Ron et Hermione s'apprêtaient à rejoindre Harry et Rogue, bien qu'ils n'eussent aucun ordre à ce sujet. Il leur fallut retenir Ginny qui voulait les suivre. Ron avait beau lui assurer qu'elle aurait toutes les explications voulues dès leur retour, elle ne voulait pas les laisser partir avant qu'ils lui eussent dit où était Harry et où ils allaient encore. Neville se joignit à elle, implorant qu'on ne le laissât pas sans nouvelle de leur ami. Ron était près de piquer une colère qui n'eût pas manqué d'attirer sur eux l'attention de ceux qui n'étaient pas encore montés dans leurs dortoirs. Heureusement, Harry entra dans la salle des Gryffondor. Ginny et Neville l'accaparèrent. Son visage était sombre et il n'avait visiblement aucune envie de parler. Il s'assit dans le fauteuil que Neville lui présenta. Le jeune Londubat tira à ses côtés un second fauteuil dans lequel il s'installa. Ginny s'assit en tailleur à leurs pieds. Ron ramena des chaises pour lui et Hermione. Il s'assit sur l'une d'elle et désigna l'autre à Hermione. Elle préféra rester debout, derrière le jeune homme, ses mains serrées sur le dossier.
- Ils sont rentrés ? ne put-elle s'empêcher de demander.
Harry hocha la tête. Ils attendirent un moment que la salle se vidât. Lorsqu'il ne resta que Dean et Seamus et que ceux-ci vinrent s'asseoir à leurs côtés, Ron et Harry se décidèrent à parler de ce qui était arrivé à Pré-au-Lard. Neville pâlit lorsqu'il apprit que son oncle Algie était parti porter secours aux habitants du village. Il faillit défaillir quand Harry leur apprit que le Professeur de Défense Contre les Forces du Mal avait dû monter à l'infirmerie soigner ses blessures. Il se rattrapa vite en précisant qu'il ne s'agissait que de simples brûlures qu'il avait ramassées lorsqu'il avait voulu tirer hors des flammes de leur maison plusieurs des villageois. Les Professeurs étaient arrivés trop tard pour empêcher le désastre. Les aurors prévenus n'avaient pu arrêter que quelques uns des trop nombreux Mangemort dépêchés sur les lieux. Ils n'avaient mis la main que sur quelques blessés. Nombreux étaient les morts, des deux côtés. Les habitants de Pré-au-Lard s'étaient fait surprendre certes, mais ils avaient montré qu'ils avaient de la ressource et que leur réputation de valeureux combattants acquise durant les siècles précédents n'était pas usurpée. Dumbledore avait confirmé que le corps de McNair, l'exécuteur des basses œuvres du Ministère et de Voldemort, avait été retrouvé sous les décombres de la Tête de Sanglier. Harry ne connaissait aucun des autres noms qu'il avait cité à Rogue. Le professeur avait d'ailleurs confirmé que le Seigneur des Ténèbres recrutait de nouveaux Mangemorts car les anciens, pour efficaces qu'ils fussent étaient recherchés activement et devaient se cacher. La marque noire avait été lancée au-dessus de Pré-au-Lard encore fumant et devait se voir à des lieux à la ronde.
- Ce sera dans la Gazette demain, murmura Hermione. Le Ministère aura beau vouloir étouffer l'affaire pour ne pas affoler la population, et les parents des élèves de Poudlard en particulier, il est certain que les journaux ne voudront pas laisser passer un tel évènement.
- Surtout que le Chicaneur ne se privera pas de relayer l'information… renchérit Neville. La Gazette a déjà en travers de la gorge le fait qu'il continue à paraître malgré tout, ils ne voudront pas lui laisser le champ libre sur ce coup-là.
Dean se passa les mains sur le visage dans un geste d'angoisse rétrospective. Seamus lui donna un coup de coude.
- Fais passer le reste des bièraubeurres, dit-il. Ce n'est pas parce qu'on se couvrira la tête de cendres qu'on ramènera les morts…
Harry lui lança un regard noir.
- Il a raison, fit Ginny en tendant la main vers une bièraubeurre. Voldemort veut nous faire peur. A nous de lui montrer que nous l'attendons de pied ferme. Dès demain, il faudra faire passer le mot : rester droit et fier devant l'adversité. Il faut que nous soyons nombreux à revenir à la rentrée à Poudlard.
- On n'a pas le choix, de toutes façons, murmura Dean. Moi, je ne veux aller dans aucune autre école que Poudlard. Et mes parents n'ont pas les moyens de m'envoyer ailleurs.
- Moi idem ! répliqua Seamus.
Neville soupira :
- Grand-Mère a une entière confiance en Dumbledore !
- Eh ! fit Ron, indigné. Nous avons tous que Poudlard est l'endroit le plus sûr du monde face à Voldemort ! Ce n'est qu'une manœuvre d'intimidation, comme à son habitude. Poudlard est encore debout et elle le restera tant que nous lui resterons fidèles.
- Quand je pense que nous faisions la fête… murmura encore Neville en avalant une gorgée de bièraubeurre.
- Et alors ? fit Ginny, un peu brusque. Si nous avions été en train de nous lamenter, tu crois que les Mangemorts auraient renoncé à attaquer le village pour autant ?
Harry frissonna. Les paroles de McGregor lui revinrent à la mémoire : si je meurs ce soir, au moins aurai-je profité de la vie… Elle ne croyait pas si bien dire. La foudre était tombée tout près de l'école cette fois.
- Vous croyez qu'ils nous laisseront retourner à Pré-Au-Lard l'année prochaine, regretta Neville.
- Ca m'étonnerait, si le village est vraiment dans l'état que le dit Harry, estima Dean.
- Avec de la magie, on reconstruit très vite, murmura Ginny.
- Parce que vous croyez qu'on nous donnera l'autorisation de retourner quelque part où les Mangemorts peuvent débarquer sans prévenir ? ricana Ron. Non, c'est pas demain qu'on pourra boire un wisky pur feu chez la mère Rosmerta, ou à la Tête de Sanglier…
- Ron ! souffla Hermione, sur un ton sévère.
Il leva les yeux au ciel :
- Je sais ! Je suis Préfet ! imita-t-il dans une grimace exaspérée.
Dean et Seamus ricanèrent à leur tour, s'attirant un regard hargneux de leur ami. Ils restèrent tous un moment silencieux, perdus dans leurs pensées à tourner et retourner leur bouteille dans leur main.

Puis Dean, Seamus et Neville montèrent dans le dortoir. Ginny prit la place de Neville dans le fauteuil à côté d'Harry.
- Bon maintenant, dites-moi ce qui vous tracasse réellement…
Ron jeta un œil inquiet sur Harry.
- Moi… hésita-t-il, je voudrais bien savoir pourquoi ni Lucius, ni Lestrange ni Pettigrew étaient sur place… si jamais le type de la Tête a dit vrai…
- Lucius est en disgrâce auprès de son maître, répondit très vite Harry.
Il espérait que cette réponse suffirait à son ami.
- Depuis que Voldemort a découvert que c'est à travers lui que Rogue connaissait toutes ses intentions, ou presque, il l'a mis à l'écart. Il ne lui confie plus rien. Et il ne participe plus à aucune opération d'envergure.
- Argh ! fit Ginny. Coup dur pour ce cher Severus…

Ron eut un sourire satisfait qu'il réprima pourtant. Hermione s'était assise sur la chaise qu'avait laissée Seamus et il ne voulait pas lui donner l'occasion de recommencer une discussion à ce sujet.
- Mais pour Pettigrew ? insista Ginny. Vous croyez qu'il est retourné en Europe…
Ron fit une grimace.
- J'espère que non, murmura-t-il.
Il leva les yeux vers Hermione. Elle se taisait. Ce n'était pas très bon signe, d'ordinaire. Il se tourna vers Harry.
- Je suppose que Rogue n'a rien voulu dire à ce sujet…
Harry hocha la tête. Au moins pouvait-il répondre à cette question sans avoir l'impression de vraiment mentir.
- Mais qu'est-ce qu'il serait allé faire en Europe ? reprit Ginny.
Harry la foudroya du regard. Ron souffla, le visage dans ses mains.
- J'en ai marre de leurs énigmes ! Je vais me coucher ! Après tout, tout ce que je demande c'est que Pettigrew ne s'approche pas de Charlie ! Les rats ne réussissent pas aux Weasley ces derniers temps…
Il se leva en s'étirant et bailla à s'en décrocher la mâchoire.
- Pourquoi les adultes ne savent-ils pas s'exprimer clairement dès qu'ils ont passé la trentaine ? marmonna-t-il. Entre Rogue et Remus, ils pourraient faire un concours de sphinx ! Et je ne parle pas de Dumbledore.
Ginny se leva aussi et s'apprêta à monter à son dortoir. Son frère la rappela.
- Dis donc, toi ! Qu'est-ce qu'il te disait ce Serpentard au moment de quitter la salle commune ?
- Qu'il avait passé une excellente soirée en ma compagnie, répondit Ginny. Et ce n'était pas un Serpentard.
- Tu te moques de moi !
- Ce n'était pas un Serpentard, c'était Dennis.
- Dennis Crivey ? hasarda Harry conscient qu'il mettait de l'huile sur le feu.
Il savait pertinemment que Ginny avait dansé quasi exclusivement avec le Préfet de Serpentard. Ginny se tourna vers lui, une grimace aux lèvres.
- Gérald Dennis ! précisa-t-elle.
Ron se renfrogna.
- Tu as bien vite remplacé Dean… fit-il acerbe, avec un regard de reproche non pas à sa sœur mais à Harry.
Elle haussa les épaules.
- Je n'ai pas à te demander la permission pour danser avec qui j'en ai envie. Et danser avec quelqu'un ne signifie pas forcement sortir avec lui.
- J'aime mieux ça ! répliqua Ron en fronçant les sourcils. Parce qu'avant d'aller chercher un Serpentard, tu devrais peut-être…
- Trouver quelqu'un de mieux ? proposa Ginny, ironique. Tu sais, Ron, un jour il faudra que tu m'expliques ce que tu entends par quelqu'un de mieux… Mieux que quoi ? Mieux que qui ? Et surtout mieux pour moi ou mieux pour toi ?

Elle tourna les talons sans attendre sa réponse et monta dans son dortoir. Harry baissa la tête, un peu rouge à la fois de confusion et de rire retenu. Ron, vexé, se pencha vers Hermione pour l'embrasser et lui souhaiter une bonne nuit.
- Tu ne vas pas te coucher ? lui demanda-t-il.
Elle secoua la tête :
- J'ai encore quelque chose à dire à Harry, fit-elle. Ne t'inquiète pas, je ne le retiendrai pas longtemps.
Harry ouvrit de grands yeux étonnés sous le regard accusateur de Ron. Le jeune homme se dirigea vers le dortoir, digne et droit, pour montrer qu'il était froissé de la confiance qu'on ne lui accordait pas.

Dès qu'il eut disparu, Harry se pencha vers Hermione.
- Qu'est-ce qui t'a pris de dire quelque chose de ce genre ? Tu veux nous fâcher avec lui ? Tu m'en veux pour quelque chose que j'ignore et tu tiens à ce que ce soit Ron qui me le fasse regretter.
- Chut ! fit Hermione la main sur son poignet.
Elle se rapprocha de lui et pencha sa tête contre celle d'Harry.
- Tu voulais vraiment que nous parlions de Pettigrew et de Charlie devant Ron et Ginny ? demanda-t-elle.
Harry baissa les yeux.
- Pourquoi veux-tu que nous parlions de Pettigrew et Charlie ? hésita-t-il.
- Parce que cela a forcément un rapport avec la colère de Voldemort il y a quelques jours ? proposa Hermione. Rogue t'a avoué que la colère qu'il ressentait lorsque tu as eu ton malaise en cours de potions n'avait rien à voir avec l'anniversaire de la reine. Et Dumbledore t'a dit que Charlie aurait bientôt terminé sa mission en Roumanie.
Harry releva la tête vivement.
- Il n'y avait pas que de la colère, se rappela-t-il dans un frisson. Il y avait une sorte de joie sardonique aussi. Quelque chose qu'il attendait et qui est enfin arrivé… mais pas comme il l'aurait voulu.
Hermione prit une grande inspiration.
- Il a eu la confirmation que ses déductions étaient justes, murmura-t-elle. Et en même temps, il voyait Dumbledore remporter cette manche… C'est pourquoi il était heureux de connaître enfin le secret de Poudlard et à la fois furieux de s'être laissé prendre de vitesse.
Harry papillonna des paupières derrière ses verres. Il avait l'impression de manquer d'air soudain.
- Tu veux dire que Pettigrew avait raison quand il disait que Voldemort saurait bientôt tout ce qu'il y a à savoir sur la protection de Poudlard… et que la mission de Charlie en Roumanie a un rapport direct avec cette protection ?
Hermione baissa les yeux.
- Je n'ai pas le droit de parler de la protection de Poudlard. Je n'ai pas le droit de parler de la mission de Charlie. Je crois que Voldemort connaît à présent une partie du secret de Poudlard. Et je crois que toi aussi tu devrais le savoir. Car on ne peut protéger efficacement quelque chose que si on sait comment le faire. Les bribes d'informations que tu pourrais voler à l'esprit de Voldemort ne te seraient d'aucune utilité si tu ne sais pas qu'elles sont importantes. Nous pourrions passer à côté de renseignements fondamentaux et rater l'occasion d'éliminer le danger une fois pour toute.
Harry sentit une sueur froide couler sur son front.
- Hermione… balbutia-t-il.
Ses yeux se posèrent malgré lui sur la baguette de la jeune fille qui dépassait de sa poche. Elle mit sa main par-dessus.
- Il faut que je réfléchisse à la manière de procéder, dit-elle simplement.
Harry ne put empêcher ses mains de trembler tandis qu'il jouait encore avec sa bouteille de bièreaubeurre vide.
- Tu risques de perdre ta baguette, dit-il la tête basse.

Elle haussa les épaules.
- Crois-tu qu'entre ma baguette et l'enjeu que représente le secret de Poudlard je pourrais hésiter ?
- Ron ne te laissera pas faire, essaya de sourire Harry.
- Pourquoi crois-tu que je voulais te parler seul à seul ?
Harry fit rouler encore une fois la bouteille entre ses paumes.
- C'est pour cela que Pettigrew est reparti en Europe, pour empêcher Charlie de mener sa mission à bien ?
- C'est fort probable. Voldemort n'abandonne pas facilement une partie, tu le sais. La preuve en est ce soir. Il vient narguer Dumbledore jusque devant ses fenêtres. Je me doutais bien qu'il chercherait à tirer vengeance de son plan avorté à Londres, mais de là à imaginer qu'il frapperait ici… Il se sent sûr de lui, Harry. Il s'imagine près de la victoire.
- C'est ce qu'il croit… grinça le jeune homme. Il n'a pas encore gagné. Il connaît peut-être le secret de Poudlard, mais ce secret n'est pas la seule protection de l'école. Il reste Dumbledore, et chacun d'entre nous. Même Neville se battra pour Poudlard !
Hermione se leva doucement, une main sur l'épaule de son ami. Elle resta un moment ainsi. Il comprit qu'elle voulait encore lui dire quelque chose qui lui coûtait.
- Harry, commença-t-elle en s'éclaircissant la gorge. McGonagall m'a fait prévenir cet après midi. Je passe le premier mois de vacances avec mes parents –j'ignore encore où. Je crois que c'est top secret, si tu vois ce que je veux dire…- et le second ici à Poudlard avec toi. Je ne l'ai pas encore appris à Ron.
- Il va être très déçu, murmura Harry, qui se voyait ainsi passer son mois de juillet seul lui aussi. Peut-être que Molly voudra envoyer Ginny et Ron à l'abri, comme l'année dernière, et qu'on se retrouvera tous ensemble ici au mois d'août.
- J'espère que ce sera aussi simple, murmura-t-elle.

Elle se força à sourire.
- Demain, il fera jour, et tout nous semblera plus clair.
Il sembla au jeune homme qu'elle essayait de se convaincre elle-même. Elle se pencha sur le front d'Harry et l'embrassa à côté de sa cicatrice. Puis elle arrangea quelques mèches brunes sur sa tête. Elle reprit :
- J'ai parlé à Dame Agnes ce soir quand je revenais de l'infirmerie. Elle te trouve vraiment charmant, tu sais… Sir Nicholas lui a beaucoup parlé de toi et elle aimerait avoir un entretien avec toi, un de ces jours, dans les jardins. Je lui ai dis que tu passais tes vacances ici et que vous auriez sûrement l'occasion de vous y rencontrer.
- Mais qui est Dame Agnes ? demanda Harry interloqué.
- Elle était Dame de suite de la Reine Aliénor et quand à seize ans elle a reçu sa lettre d'admission à Poudlard…
- Seize ans ?
- Le système scolaire de l'époque n'était pas tout à fait le même, tu sais… Donc quand elle est partie pour Poudlard, ses parents ont prétendu qu'elle était entrée au couvent. J'imagine qu'il ne faisait pas bon en pleine période de Croisades de parler sorcellerie à la cour de Richard Plantagenêt. Or, elle s'était fiancée en secret à un jeune chevalier qui…
Harry l'arrêta d'un geste de la main.
- Hermione, je n'ai pas le cœur à entendre un cours d'histoire. Je voulais juste savoir qui était Dame Agnes ! Sir Nicholas n'a que son nom à la bouche et je voulais savoir si elle était une de ses anciennes conquêtes.
Hermione se mit à rire doucement.
- On l'appelle la Dame Grise, Harry et elle est le fantôme de Serdaigle…
- Ahhhhh ! fit le jeune homme. La Dame qui est morte de chagrin !
Il esquissa un sourire au souvenir de la larme qu'avait versée un jour Ginny en évoquant la fin romantique du fantôme, d'après elle morte d'amour. C'était bien une idée de fille. Hermione lui tapa sur l'épaule.
- C'est pourtant vrai, car celui qu'elle aimait et qu'elle n'avait eu le temps de prévenir de son départ -elle craignait également de lui avouer qu'elle était une sorcière- s'embarqua pour les Croisades, désespéré, en même temps que le Roi Richard. Il n'en revint jamais. Elle mourut de chagrin à son retour de Poudlard.
- C'est idiot ! dit Harry. Puisqu'elle était une sorcière elle pouvait le rejoindre n'importe où !
Hermione leva les yeux au ciel et poussa un soupir agacé.
- Ces garçons ! Ils ne comprennent rien à rien ! s'exclama-t-elle. En tout cas ne va pas lui répéter quelque chose de ce genre quand tu lui feras la conversation dans les jardins.

Elle décoiffa les cheveux du jeune homme qui riait. Quand elle eut disparut en haut des marches de son dortoir, Harry rassembla les bouteilles de bièraubeurre près de l'âtre pour que les elfes qui feraient le ménage les trouvent et les fassent disparaître. Il remonta dans sa chambre. Bercé par le ronflement régulier de Neville, il s'endormit, les idées tourbillonnant dans sa tête. Il rêva qu'il était chevalier et se battait l'épée à la main contre des serpents aux yeux rouges qui naissaient de leur propre sang mêlé à la terre.


Ayaminne : c'est toujours aussi génial, mais que de rebondissement, nos jeunes amis vont-ils se reposer pendant les vacances? Ha ! ça ! c'est une bonne question !
Le couple Ginny/Dennis a-t-il des chances? Si Ron ne lui met pas des bâtons dans les roues, qui sait…
Pourquoi Ellie parle-t-elle de ses vacances, elle ne peut pas retourner chez elle ou elle veut que Harry l'invite? Elle pose juste la question comme ça… pour faire la conversation.

Hermione99 : Bon courage, que ton inspiration ne te lâche pas. Merci ! Et t'inquiète pas ! si l'inspiration me lâche se ne sera pas avant quelques chapitres.

Lyane : Non, mais tu veux ma mort? Mais… Non voyons… T'arrêter là, alors qu'on ne sait pas ce qui se passe, c'est du sadisme (mais je crois que tout les auteurs ont un fond sadique, lol). Je le crois aussi… et un peu de masochisme également !

Titia69 : aie aie aie... tout ca ressemble à un traquenard... Ca commencait à bien se passer... snif... Mais en meme temps, personne n'aurait pu savoir qu'ils viendraient par la ! Hahahahahahahahahaha ! J'adore vous torturer les méninges…