Lorsque John se réveilla le lendemain matin, il sentit aussitôt l'odeur des œufs et du bacon grillé et entendit son ventre émettre un borborygme. Affamé, il s'extirpa des couvertures et se dirigea vers Cynthia qui se tenait debout, face à la minuscule cuisinière, faisant le déjeuner.
« Salut » lança John tout en passant ses bras autours de la taille de sa copine.
Celle-ci se retourna en souriant.
« Salut. Bien dormi ? »
« Stu ronflait » dit John pour toute réponse.
« Tu dois avoir l'habitude. »
« Non. »
« T'as faim ? » demanda Cynthia.
« Je meurs de faim. »
« Je te sers des œufs ? »
« Évidemment ».
Pendant que sa petite amie lui préparait une assiette, John passa aux toilettes. Lorsqu'il en ressortit, Cyn était assise à la table qu'elle, John et Stu avaient achetés récemment, et mangeait son petit déjeuner.
Avant de s'asseoir, John lui déposa un baiser sur la joue et attaqua ensuite son assiette.
Lorsqu'ils eurent terminés de manger, le jeune homme s'approcha de sa petite amie et l'enlaça. Il lui caressa la cuisse.
« Dis donc, c'est un de mes t-shirts » observa t'il, faussement outré.
« En effet. Tu trouves pas qu'il me va bien ? » rétorqua Cynthia moqueuse.
John sourit.
« Je crois que tu devrais pas te balader comme ça devant Stu ; ça pourrait lui donner des idées. »
« Il m'a encore dessinée hier. »
John partit pour répliquer, mais fut interrompu par des coups frappés à la porte. Cynthia s'avança pour aller ouvrir, mais n'eut pas le temps de s'y rendre, que Paul, George et Pete entrèrent en trombe.
« Salut ! » lancèrent-ils joyeusement en pénétrant dans l'appart.
« Salut » répondirent John et Cynthia.
Cette dernière jeta un coup d'œil vers le lit de Stu. Il était maintenant réveillé.
« Mais qu'est-ce que c'est que tout ce raffut ? » demanda t'il d'un ton bourru.
Cynthia remplit une tasse de café et alla la porter à son ami.
« Tiens » dit-elle en la lui tendant. « Désolée pour le réveil brutal » continua t'elle.
« Merci » fit-il en s'emparant de la tasse de café.
Il leva les yeux vers Paul, George et Pete qui se tenaient devant lui.
« Vous croyez que c'est une heure pour entre comme ça chez les gens ? »
« Dure nuit ? lâcha Pete, espiègle.
« Pas plus que d'habitude, alors ta gueule. »
« Hum, t'es pas du matin toi » observa Pete.
« Je te conseille fortement de ne pas lui parler avant une heure ou deux » rétorqua Cynthia mi-figue, mi-raisin.
« Elle a raison » approuva Stu.
« Un peu d'harmonie s'il vous plaît ! » lança John.
« Laisse-moi ce plaisir, j'adore quand Pete et moi on s'envoient des vannes» répliqua Stu.
« Et moi qui croyait que tu ne pouvais pas me sacquer » rétorqua Pete, en levant les yeux au ciel.
« Je ne peux pas te sacquer. Mais c'est un vrai plaisir de te rabrouer. »
« Ça suffit vous deux » coupa Cynthia.
Stu avait un réel problème à s'entendre avec Paul et Pete ce qui provoquait parfois des frictions dans le groupe d'amis.
« D'accord maman » lança Stu à Cyn.
« On ne te dérangera pas longtemps » dit Pete d'un ton tranchant à Stu.
« On voulaient juste savoir l'heure de la répet » renchérit Paul tout en regardant John.
« On a vraiment besoin d'une répet ? » s'enquit celui-ci.
« Tu veux qu'on se plantent ce soir ? » répliqua George.
« Nan. Mais je crois pas qu'on ait besoin de répéter. On se plantera pas. On s'est jamais plantés. »
Paul et George échangèrent un regard entendu.
« La modestie t'étouffe » lâcha Paul.
« Vous voulez vraiment une répet ? Bon très bien, on se retrouvent chez Paul à deux heures. Ça vous va ? »
Les garçons hochèrent la tête.
« Vous voulez déjeuner ? » offrit Cynthia à Paul, George et Pete.
« C'est déjà fait, mais c'était gentil de le proposer » répondit George.
« Eh ben y'a au moins quelqu'un de sympa ici » marmonna Paul.
« Je t'ai entendu » rétorqua Stu sur le même ton.
« C'est fou ce qu'on s'éclatent ici ! » lança Cynthia, ironique.
Stu lui fit un clin d'œil.
« Imagine quand on habitera tous les trois ensemble. »
« Qui va habiter ensemble ? » demanda Paul.
« Johnny, Cyn et moi » répondit Stu.
« Cool » approuva George.
"On vous invitera à pendre la crémaillère » ajouta John. « N'est-ce pas Stu ? » continua t'il.
Pour toute réponse, le jeune homme émit un grognement.
« Je crois que ça voulait dire oui. » lança joyeusement Pete.
« Je crois que oui » répliqua Cynthia. « Je suis devenue une experte pour décoder le langage matinal de Stu » ajouta t'elle avec un sourire.
« Toi, je donne pas cher de ta peau » répliqua Stu, faussement outré.
Il s'extirpa du lit et s'empara de son oreiller pour la lancer à son amie.
« Hé ! » protesta t'elle en se laissant tomber sur le lit de John.
Elle renvoya l'oreiller à Stu, John et George s'en mêlèrent et bientôt la pièce ne fut plus qu'un énorme capharnaüm avec des oreillers éparpillés un peu partout.
« Trève ! » lança Cynthia.
« D'accord, on arrêtent » sourit Stu.
« On dirait une bande d'enfants » grogna Pete entre ses dents.
« Ta gueule ! » fit John.
« Hum, t'es susceptible Johnny » se moqua Pete.
« Un mot de plus et je te flanque à la porte ».
« L'hospitalité, c'est pas ta première qualité. »
John prit place sur le lit, près de sa petite amie et s'alluma une cigarette.
« Vous avez de la bière ? » demanda Pete tout en ouvrant la porte du frigo.
« Fais comme chez toi » lâcha sarcastiquement Stu.
« Hé il est à peine dix heures » s'exclama Cynthia en voyant Pete une bouteille de bière à la main.
« Et alors ma belle ? »
John lui jeta un regard noir.
Cynthia qui n'avait pas aimée le ton de Pete, se leva, se dirigea vers lui et lui arracha la bière de la main.
« Hé ! » protesta le garçon.
« Et alors ? » fit Cynthia. « Alors, t'es pas chez toi ici et ça c'est la bière de Stu ».
Par provocation, elle prit une lampée de la bière et regarda Pete avec un air de défi.
John et Stu, satisfaits, observaient la scène.
Ils ne tenaient pas Pete en haute estime et de plus, il avait souvent rabroué Cynthia.
« D'accord » dit Pete. Je sais pas à quel jeu tu joues, mais t'es qu'une petite connasse !
« Fous-lui la paix ! » s'énerva Stu.
John bondit sur ses pieds et se planta devant Pete.
« Tu veux bien répéter ? Parce que je suis pas sûr d'avoir bien entendu ».
Il ne hurlait pas, mais c'était bien pire. Il y avait de la hargne dans sa voix.
Au lieu de se faire tout petit, comme chaque fois que John lui faisait face, Pete releva la tête.
« J'ai dit qu'elle était une connasse. Si ça te fait pas plaisir, frappe-moi ».
Au lieu de ça et contrairement à son habitude, John n'en fit rien. Il dit plutôt :
« T'es viré du groupe ».
Paul et George le regardèrent ahuris. Pete aussi semblait étonné. Mais il ne se laissait pas démonter.
« Au cas où tu l'oublierais, on a un show ce soir. »
« Aucun problème. Paul jouera de la batterie et Stu le remplacera à la basse ».
Celui-ci leva les yeux éberlué.
« Hé, attends un peu… »
John le fit taire d'un geste et continua de regarder Pete.
« En ce qui me concerne, je ne veux plus rien avoir à faire avec toi ».
Pete lui lança un regard meurtrier et sortit de l'appart.
Tous regardèrent John sans prononcer un mot.
« Ben quoi ? » lança celui-ci.
« T'as viré Pete et tu veux que je joue de la basse » répondit Stu.
« Et alors ? »
« Je ne suis pas assez bon pour ça ! » s'énerva Stu.
« Et le concert est ce soir » crut bon de rappeler Paul.
« Bon ça va inutile de lui mettre plus de pression qu'il n'en a déjà » s'en mêla Cynthia.
« T'en est capable j'en suis sûr » fit John.
« Oui, t'as déjà pratiqué avec nous et t'étais pas trop mal » renchérit George.
« Pas trop mal, ça ne veut pas dire bon. »
« Tu vas être génial Stu » dit Cynthia.
Paul leva les yeux au ciel.
Stu se tourna vers Cyn.
« Merci d'essayer de me rassurer Cyn, mais ça ne change rien au fait que je vais me planter. »
« Mais non ! » tenta de le rassurer John.
« Putain, le concert est dans quoi ? Onze heures ? Et toi tu veux que je sois capable de jouer de la basse d'ici là ? »
« Tu sais déjà jouer de la basse » répliqua George.
« Et tu connais la plupart des chansons qu'on interprètent » ajouta Paul.
« Quoi ? Toi tu veux que je me joigne au groupe ? » lâcha Stu incrédule.
Paul haussa les épaules.
« Je crois que c'est la meilleure solution. Sinon c'est la fin pour Johnny & the Moondogs. »
« Il existe sûrement un batteur pas trop minable quelque part qui serait prêt à joindre le groupe. »
« On veut que tu sois dans le groupe » dit John.
Stu sembla hésiter, puis flancha finalement.
« Ok » dit-il en murmurant presque.
« Génial » s'exclamèrent John, Paul et George.
« Désolée de t'avoir mis dans cette situation » dit tout à coup Cynthia.
Stu tourna brusquement le regard vers la jeune femme.
« Cyn tu n'y est pour rien. Je ne veux surtout pas que tu te sentes coupable. Tout est de la faute à Pete, il a toujours cherché à te provoquer. »
« C'est vrai » approuva John avec véhémence.
« Ouais bon, mais j'ai peut-être poussée un peu trop tout à l'heure… »
« Non, il le méritait » fit George.
« Absolument » approuvèrent John, Stu et Paul, ce qui n'empêcha pas Cynthia de se sentir un peu coupable.