Chapitre I

Grenier et lumière

Il pleuvait sur Privet Drive, il pleuvait depuis le début de l'été, le quartier semblait inhabité, mort, triste. Seulement quelques cris d'enfants mécontents témoignaient de la vie stagnante qui y régnait. Tous restaient à l'intérieur, devant leur télévision ou ordinateur, tous voulaient sortir : les plus jeunes voulaient sauter dans les flaques, les plus âgés voulaient voir leurs amis. Seul un jeune garçon semblait ne pas vouloir bouger, ne pas vouloir se lever, ne pas vouloir vivre. Ce jeune garçon s'appelait Harry Potter et avait passé l'année la plus affreuse de toute sa vie à l'école des sorciers, Poudlard. Ses camarades l'avaient pris pour un malade mental, puis il a du subir les tortures du professeur Ombrage, les sarcasmes du professeur Rogue. Il a du aussi affronter l'idée que son père n'était pas l'être si admirable qu'il imaginait. En plus, il devait supporter l'idée que Dumbledore, le sorcier qu'il admirait le plus dans le monde magique l'ignorait, et le pire, c'est que Harry savait que c'était pour le bien de tous. Le bien de tous, Harry s'en fichait. A cause du bien de tous, Harry n'avait pas su que Voldemort le manipulerait, Harry n'avait pas su que la vision qu'il avait eue de Sirius torturé n'était qu'une vision, Harry ne savait pas qu'une prophétie sur son avenir et celui de Voldemort était cachée au ministère de la magie, il ne savait pas non plus que cette prophétie le liait à jamais au destin du mage noir. Le bien de tous, Harry le maudissait ! Sirius était mort, à cause de lui, mort à cause de sa stupidité, mort à cause du bien de tous… Dumbledore avait eu beau lui expliquer que tout ça n'était pas de sa faute, Harry n'en avait cure. Harry ne voulait plus vieillir, il ne voulait plus que le temps passe, il ne voulait plus voir personne.

Pourtant ses amis étaient là, le soutenaient, lui écrivaient, lui racontaient des tas d'histoires (qui bien évidemment n'avaient rien à voir avec les évènements se passant dans le monde des sorcier pour éviter une interception du courrier…). Ron lui racontait ses vacances assommantes au terrier, en effet, il se retrouvait seul avec sa mère et sa sœur, Ginny. Apparemment, elle lui racontait ses déceptions amoureuses. Pour le moment, il s'agissait de Dean Thomas. De temps en temps, ces petites lettres redonnaient le sourire à Harry. Celles d'Hermione aussi, cette dernière essayait de parler de tout et de rien mais à chaque fois, elle ne pouvait s'empêcher de parler des résultats des BUSE. Ses prédictions oscillaient tantôt de 3 réussis à parfois 12. Harry, lui ne stressait pas. Même si il devait absolument bien réussir plusieurs cours pour pouvoir envisager des études d'Auror. Cet avenir là ne lui importait pas, tout ce qu'il savait, c'est qu'un jour, il devrait affronter Voldemort et le tuer ou être tué… D'autres personnes lui avaient envoyé des petits mots : Hagrid, de membres du DA qui n'en pouvaient plus d'attendre leurs prochaines réunions. A toutes ces lettres, Harry répondait par quelques mots, plus pour la forme qu'autre chose. Les lettres qui l'apaisaient le plus étaient celles de Luna Lovegood qui lui parlait de ses voyages avec son père, à la recherche de créatures étranges dont il n'avait jamais entendu parler !

L'humeur de Harry arrangeait bien les Dursley. Les membres de l'Ordre du Phoenix leur avaient « demandé » de mieux s'occuper de leur neveu. «Demander » n'est pas l'expression adéquate : la tante Pétunia et l'oncle Vernon avaient carrément été menacés par un fou à chapeau. Même si l'oncle Vernon le méprisait, il n'osait plus le dire tout haut, de peur de voir arriver toute cette bande de malades.

Pour eux, cet été n'était pas non plus le plus agréable qu'ils aient jamais passé… En effet, leur fils, Dudley, avait des travaux de vacances. Lorsqu'ils avaient reçu son bulletin de notes, ses parents n'avaient pu lui trouver aucune excuse : Dudley était en échec dans neuf des dix cours qu'il suivait ! Ses professeurs avaient donc envoyé un gros carton rempli d'exercices. Pour l'aider, ses parents avaient demandé à une ancienne élève qui avait fait ses primaires avec lui, Ally, de l'aider, moyennant une forte somme d'argent… L'oncle Vernon n'avait pas imaginé que cette solution marcherait si bien. En effet, Dudley était tombé fou amoureux d'elle et travaillait d'arrache pied pour lui plaire. Le problème, c'est que tous les efforts qu'il faisait ne servaient à rien. Ally était vraiment trop dégoûtée par ce gros lard vulgaire, idiot et prétentieux surnommé BIG D. Ce que Dudley ne savait pas non plus, c'est que lorsque Ally restait pour manger avec eux, c'était pour voir son cousin : un garçon à l'air triste qui dégage une force extrême malgré le masque de tristesse qu'il affiche. Ally mourrait d'envie de connaître ses secrets, de savoir pourquoi les Dursley l'ignoraient et pourquoi, ce qui l'intriguait le plus, Dudley avait tellement peur de lui. Harry était assez content que l'attention de la famille ne soit pas focalisée sur lui.

Après trois semaines de vacances, Harry a vu son calme troublé. Par une force du hasard qu'il ne connaissait pas, son oncle Vernon est monté dans sa chambre avec l'air effrayé d'une personne qui voulait se montrer sûre d'elle.

« Mon garçon, il est temps que tu apprennes à travailler, au moins pour te payer tes fichus vêtements. »

Harry n'en croyait pas ses oreilles. Son oncle avait-il oublié que les vêtements qu'il portait avaient appartenu à leur fils. Cette péniche ambulante osait lui demander de les payer et avant qu'il ne puisse répondre quoi que ce soit, Vernon poursuivit :

« Je t'ai trouvé un travail dans le quartier. Tu devras ranger sa maison de fond en comble, le grenier devra être repeint et la cave déblayée. Ca t'apprendra à te rendre compte de ce que vaut l'argent. Et tu as de la chance, tu seras payé 25 cents de l'heure en plus ! »

« Je ne suis pas un robot bon marché, ça ne vous est jamais venu à l'esprit que je pouvais penser ressentir des choses comme vous les êtres humains ! » Harry avait dit tout cela sur un ton monocorde et las. Pourquoi l'avait-il dit d'ailleurs ? Il n'avait jamais parlé de lui dans cette maison.

A sa grande surprise, l'oncle Vernon ne lui cria pas dessus. De toute évidence, il était aussi surpris qu'Harry par ce que ce dernier venait de lui dire, puis il reprit son air méprisant et grommela :

« Ce n'est pas la peine d'insister. Mrs Figg t'attendra cet après midi à 14 heures et elle ne veut pas que tu sois en retard ! »

Dès que son oncle eut tourné le dos, Harry esquissa un sourire, Mrs Figg. Ce sentiment de bonne humeur ne dura pas longtemps, il ne resta pas enchanté bien longtemps enchanté de rencontrer quelqu'un qui faisait partie du monde des sorciers et qui était au courant de ce qui c'était passé en juin. Et c'est avec une mine déconfite qu'il se décida à se rendre chez sa voisine, ce qui ne fut pas pour déplaire à la famille Dursley. Lorsqu'il le vit sortir, Dudley se vanta :

« Pauvre Harry, quel triste après midi tu vas passer… Et dire que moi, je vais rester assis à côté de la jolie Ally. Tu sais, en plus, elle est folle de mon corps mais je lui ai dit qu'elle devrait attendre son tour. Je n'en ai pas encore terminé avec Graziella ! »

« Ne prend pas tes désirs pour des réalités ma petite boule. »

« Bonjour Harry, passe un bon après midi ! » lui dit en passant Ally qui venait d'arriver devant le 4, Privet Drive et Harry éclata de rire, c'était la première fois depuis plusieurs semaines. Pendant tout le trajet qui le conduisait à la maison de Mrs Figg, il ne put ôter de son esprit l'image du visage violacé parsemé de boutons blancs de son cousin après qu'il ait compris qu'Ally venait d'entendre tout ce qu'il venait de raconter à propos d'elle…

Arrivé devant le numéro 23, Harry chercha la sonnette mais il ne vit qu'un chat fait de bronze à la place : allongé sur un vieux bois, sa longue queue pendait en se terminant par une boucle. « Tilt », c'était ça la sonnette. Harry tira alors lentement sur la queue et le chat de bronze ouvrit la bouche dans un miaulement langoureux. Quelques instants plus tard, Mrs Figg ouvrit la porte et mugit :

« Te voilà enfin ! Ton oncle ne t'a jamais appris à arriver à l'heure à des rendez-vous !!! Allez dépêche toi, le grenier t'attend, finit-elle en claquant la porte derrière lui. »

« Excusez moi, c'est mon cousin qui… »

Soudain, elle éclata de rire et Harry se demanda si elle n'avait pas perdu deux ou trois méninges pendant l'année. Sans tarder, son hôtesse lui proposa d'entrer puis de s'asseoir en lui présentant des biscuits secs.

« Il fallait bien satisfaire ton oncle et ta tante. Je parie qu'ils regardaient derrière les rideaux de leur salon pour voir si je te tuerais ou si je te couperais le pouce en gage de bienvenue. Il a fallu que j'insiste pour que ton oncle accepte de t'envoyer ici. Mais enfin, comment vas-tu ? As-tu reçu les résultats de tes BUSE ? Sale temps hein. »

Harry sourit, il se demandait si elle s'arrêterait de poser des questions pour qu'il puisse y répondre, et éventuellement ne pas oublier ce qu'il devait dire !

« Non je n'ai encore rien reçu, mais Hermione dit que ça ne devrait pas tarder et qu'ils sont très en retard cette année. »

« Quels cours dois-tu réussir ? Que veux-tu faire plus tard ? Moi j'aurais voulu être infirmière à Ste Mangouste, comme toutes les petites filles mais… » son regard s'assombrit un instant, Mrs Figg était une cracmol, puis elle reprit : « Alors ? »

Ca y était, c'était reparti, encore une conversation à laquelle il ne voulait participer, si Mrs Figg se rendait compte à quel point les résultats de ses BUSE ne l'importaient pas, elle se serait bâillonnée et n'aurait rein dit de tout l'après midi, mais par politesse il répondit. Il se souvenait vaguement qu'un jour avant le mois de juin, il avait voulu être Auror, il avait osé penser avoir un mot à dire sur sa destinée, enfin…

« J'aimerais être Auror et en ce qui concerne les cours, je dois réussir assez bien ceux de défense contre les forces du mal, potions, enchantements, métamorphose, et en plus il vaudrait mieux en réussir deux trois supplémentaires. »

« Et selon toi tu les as réussi ? »

Avec agacement, Harry se rendit compte que Mrs Figg ne lui ficherait pas la paix. Mais pour la première fois, il ressentit un malaise dans le bas du ventre. Maintenant qu'il prenait un instant pour y penser, son examen de potions n'était pas aussi bon que ce qu'il avait voulu, est-ce que le grade qu'il y obtiendrait serait suffisant pour mériter le cours des ASPIC ?

« Oh, on verra » se rassura-t-il en même temps que Mrs Figg. Pour enfin terminer cette conversation houleuse, il se leva, releva ses manches et se frotta le nez.

« Alors, où sont les escaliers qui mènent au grenier ou à la cave, je commence par ce que vous voulez. »

« Dis, Harry, tu ne pensais quand même pas que je te ferais travailler ! Non, tu peux faire ce que tu veux. Dumbledore m'a dit que tu aimerais peut-être lire quelques livres de contre sort. Il parait que tu donnes des leçons ? »

Ca y était se dit-il, c'est reparti pour une nouvelle conversation, je parie que cette fois-ci, ça va dévier sur les choux bouillis, vu l'odeur qui empeste cette maison ! Mais…

« Comment savez-vous que je donne des leçons ? Et quand avez-vous vu Dumbledore ? Il est venu ici, à Privet Drive ? »

« Oh oui ! Il m'a dit qu'il était très fier de toi et de ses élèves (la belle jambe se dit-il !). Il m'a dit aussi qu'il n'en espérait pas tant de votre part. Ah oui, quelle pipelette, j'ai oublié le principal, il m'a dit qu'il viendrait te chercher le lendemain de ton anniversaire pour retourner au même endroit que l'année passée, il m'a dit que tu comprendrais. »

Elle vit le visage de Harry se décomposer puis se recomposer en une fureur monstre :

« Et, je viens de te dire que dans une semaine, tu quittais les gros lourdauds, hop, ne soit pas en colère, c'est déjà bien tu sais… »

Ce que Mrs Figg ne savait pas, c'est que si Harry était dans une telle fureur, c'est uniquement à cause du souvenir qu'elle venait de raviver d'un habitant du Square Grimmaurd : une petite créature laide, méchante, et qui avait délibérément causé la mort de son parrain, cette bestiole avait d'énorme oreilles desquelles sortaient des touffes de poils tous gris et raides, cette bestiole, c'était Kreattur, le dernier elfe de maison de la famille Black.

« Mais elle est idiote cette Mrs Figg ! Elle me donne des informations sur les mouvements de Dumbledore, et moi je ne suis pas plus malin de penser au Square Grimmaurd. Et si Voldemort était en ce moment même en train de lire dans mes pensées ! »

Il y avait toujours un risque, mais Harry avait pratiqué régulièrement l'occlumencie, très régulièrement à vrai dire, et il n'avait plus partagé une seule image avec son ennemi. Malheureusement, il ressentait toujours de vives douleurs à sa cicatrice très souvent, et ces douleurs étaient toujours accompagnées du sentiment ressenti par Lord Voldemort. Selon ce que Harry évaluait, l'émotion la plus fréquente était la joie mais elle était souvent entrecoupée de moments de colère intense, ce qui lui laissait croire que l'Ordre du Phoenix lui mettait bien des bâtons dans les roues. Mrs Figg le coupa dans ses réflexions.

« Tu penses à Celui-Dont-On-Ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ? J'ai regardé et écouté les nouvelles, et j'ai pu voir que tu en faisais de même. Il est bel et bien revenu, ces morts de moldus si bizarres, et celles de sorciers aussi… mais elles sont encore assez clairsemées, heureusement. »

Mrs Figg avait de plus en plus la tête baissée et les épaules affaissées, comme si elle prenait en quelques secondes dix ans d'âge. Elle se redressa, réafficha un nouveau sourire comme pour balayer les derniers mots qu'elle venait de prononcer. Harry comprenait maintenant ce que le retour de Voldemort signifiait en plus des morts, cela voulait dire peur, tristesse. Cela faisait le même effet que l'approche de centaines de détraqueurs.

« Allez, je vais te laisser t'occuper. Ah oui, j'oubliais, l'argent, je donnerai de l'or de farfadet à ton oncle, il se rendra à peine compte qu'il lui en manque. Ecoute, je retourne dans ma cuisine, je dois retirer ma soupe aux choux du feu. Appelle moi en cas de besoin et rentre quand tu veux, de préférence tard, et tâche d'avoir l'air épuisé et malheureux. »

Mrs Figg laissa Harry seul dans le salon, il aurait juré l'entendre sangloter puis se moucher dans sa cuisine. Tout ce qu'il espérait, c'est qu'elle ne l'avait pas fait au dessus de sa marmite de soupe… Il se dirigea alors vers la pile de vieux bouquins qu'elle lui avait préparé, se demandant si il y apprendrait quelque chose d'intéressant. Cette première entrevue avec une personne du monde des sorciers depuis le début des vacances lui laissait un goût amer au fond de la gorge.

Après avoir feuilleté les tables de matière des différents ouvrages, il se rendit compte qu'ils étaient tous plus intéressants les uns que les autres. Comment cela se faisait-il que Mrs Figg, une cracmol, possède autant de livres de défense contre les force du mal, il se promit alors de ne pas le lui demander, on disait que c'était pour éviter une nouvelle sublime conversation, ou d'autres larmes au dessus de la marmite. Beurk !!!! Les jours suivants passèrent à une vitesse folle, Harry prenait des tas de notes, ces livres l'avaient remis dans son bain à lui, la magie, ce qu'il aimait le plus au monde. Bien sûr, il prenait le soin d'avoir l'air décomposé en rentrant le soir chez les Dursley. Il accomplissait tous les soirs le même rituel : il refermait son bouquin, se barbouillait de cirage, baissait les épaules et rentrait chez lui après avoir salué Mrs Figg. Il en avait été de même le jeudi 29 juillet, plus que trois jours, et il partait enfin, en grimpant les escaliers qui le menaient à sa chambre, il se demanda comment on viendrait le chercher, certainement de la même manière que l'année passée, sur des balais.

Lorsqu'il pénétra dans la pièce, il y vit deux hiboux, Hedwige, sa chouette blanche, et un majestueux hibou grand duc. Il portait une lettre aux insignes de Poudlard. Il ne put s'empêcher de penser qu'elle renfermait les résultats de ses BUSE. A son propre, étonnement, il ne l'ouvrit pas tout de suite et se rhabilla à la vitesse du Poudlard Express, descendit les escaliers et se précipita chez Mrs Figg pour partager avec elle ce moment. Enfin arrivé, il tira sur la queue du chat mais elle ne répondit pas. Déçu, il fit demi tour et se dirigea vers le 4, Privet Drive lorsqu'il entendit soudain un ricanement. Ce rire, il le connaissait, c'était la voix froide d'une femme qu'il avait rencontrée quelques semaines auparavant, c'était la voix de Bellatrix Lestrange. Il sortit aussitôt sa baguette magique de sa poche quand il se retrouva entouré par une demi douzaine de molosses masqués, des Mangemorts.

« Alors, on se revoit enfin, bébé Potter, et cette fois c'est la dernière, tu es seul, et ton ami Dumbledore ne viendra pas te sauver. »

Elle caressa doucement le chat posé à côté de la porte de Mrs Figg, les yeux plissés et les lèvres faisant une moue sensée être triste :

« Pauvre petit lapin ! »

Harry savait que c'était la fin, il n'avait aucune chance, et cette fois-ci, il comprit que la prophétie touchait à sa fin. C'est lui qui mourrait alors que Voldemort vivrait. Les Mangemorts se resserraient autour de lui…

« Alors, tu ne dis rien loulou » lui dit-elle en faisant glisser sa baguette le long de ses doigts décharnés et noueux, un sourire flamboyant affiché sur ses lèvres. « Vas-y pleure mon petit chou, ça nous fera bien rire. »

« Vous pouvez toujours courir » hurla une voix qui venait de sortir du plus profond de lui-même.

« Ah ! C'est comme ça ! Tu ne veux pas jouer, et bien tant pis ». Elle leva sa baguette et cria « Avada Ke… »

Soudain une voiture freina et la renversa. L'oncle Vernon et la tante Pétunia en sortirent. Le chef de famille s'apprêtait à faire un scandale lorsqu'il vit les hommes cagoulés munis d'une baguette magique et hurla :

« Pétunia, rentre dans la voiture, vite ! »

Mais elle ne rentra pas, ses yeux tournaient sur leur orbite, puis son regard se fit effrayant. Soudain, une lumière blanche jaillit du bas de son ventre et Bellatrix Lestrange cria aussitôt :

« Tuez-laaaaaaaaa ! Bande d'incapables ! »

Les autres Mangemorts s'exécutèrent et lancèrent chacun le sort mortel, mais tous ricochaient. Harry courut vers elle, il ne savait pas pourquoi. Il avait envie de se blottir en elle. Une sensation de chaleur émanait de sa tante Pétunia et lorsqu'il eût atteint la voiture, il brandit sa baguette à ses côtés. Désormais, c'était tout son corps qui se transcendait quand soudain elle dit d'une voix forte qui ne lui appartenait pas « Ne touchez pas à mon fils ». Cette voix, Harry la connaissait, il l'avait entendue maintes et maintes fois lorsqu'il avait été en présence de détraqueurs. Cette voix, c'était celle de sa… mère.

Les Mangemorts se regardèrent tous, effrayés, c'est alors que la lumière qui habitait sa tante Pétunia irradia toute l'assemblée. Ils se mirent alors à transplaner. Même Bellatrix Lestrange prit peur et disparut dans un 'PLOCKCH'. Le corps de Pétunia se retourna alors vers Harry et la voix terrifiante se fit douce et rassurante.

« N'aie plus peur maintenant. Je suis là mon chéri, je t'aime, je suis fière de toi » des larmes coulèrent alors de ses yeux chaleureux « Tu dois vivre Harry, tu dois vivre, et être heureux, ton père et moi sommes tellement fiers. »

« Mais comment est-ce que… » Elle posa sa main sur celle de Harry.

« Chuuut ! Maintenant cours à l'intérieur et emmène ma sœur. »

« Mais… »

« Vite ils vont revenir. »

Elle l'embrassa et le serra dans ses bras. Harry avait envie de rire et de pleurer en même temps. Toute la tristesse qu'il avait éprouvée les semaines précédentes s'évanouissait. Soudain, la lumière et la chaleur quittèrent sa tante Pétunia qui s'effondra sur le sol, laissant Harry seul criant :

« Noooooooon, pas encore ! ».

C'est alors que son oncle Vernon quitta sa voiture l'air blafard et hurla :

« Que lui as-tu fait, tu l'as tuée et… »

Harry ne lui laissa pas le temps de terminer sa phrase. Il prit sa tante dans ses bras, grâce à une force qu'il ne se connaissait pas, et se dirigea d'un pas rapide vers le 4, Privet Drive. Vernon et Dudley le suivirent. « Lâche-la, lâche ma femme, espèce de… »

« Tais toi et ramène Dudley à l'intérieur, ils vont peut-être revenir ».

Harry avait prononcé ces mots avec le même calme et la même impression de puissance qu'avait montré Dumbledore quelques semaines plus tôt face à Voldemort, mais il ne s'en rendit pas compte. Il était déjà arrivé à la porte de la maison qu'il ouvrit d'un coup de pied, il se dirigea ensuite vers le canapé du salon où il allongea sa tante en la recouvrant du plaid qui était disposé sur le fauteuil voisin. Vernon et Dudley rentrèrent à leur tour et regardèrent Harry d'un air effrayé quand celui-ci leur ordonna :

« Allez chercher du chocolat et mangez en, apportez-en aussi pour ma m…, pour ma tante. »

Elle respirait encore, il le savait. Il se pencha alors pour la regarder. Il y a quelques minutes de cela, elle avait abrité l'esprit de sa mère, elle l'avait serré dans ses bras. Elle avait été sa mère…

Tout se passa alors en un instant, un nouveau 'PLOCKCH' retentit derrière lui, il sorti sa baguette magique, bien décidé à se battre cette fois-ci. Lord Voldemort devait avoir trouvé un moyen de briser le sort de protection qu'avait effectué Dumbledore. Il allait voir ce qu'il allait voir. Harry se retourna en un sursaut en brandissant sa baguette mais il la rabaissa tout de suite, et souffla tout l'air qui se trouvait dans ses poumons. L'homme qui se trouvait derrière lui lui sourit.

« Bonjour Harry. »

« Bonjour professeur Dumbledore. »