Chapitre II

Papillon et symphonie

Quelque chose avait changé chez Harry cette nuit. Quelque chose l'avait rendu plus fort mais pas assez pour qu'il ne le comprenne. Il devait expliquer tout de suite au professeur Dumbledore ce qui venait d'arriver.

« Professeur, ma tante s'est transformée en sa sœur, en maman… Elle est repartie. Il faut aider ma tante Pétunia, elle s'est évanouie, ils lui ont lancé des sorts mortels, l'Avada Kedavra. »

Harry avait terminé sa phrase aussi bas et lentement qu'il l'avait débutée vite et fort.

« Tu me raconteras ça plus tard Harry. Maintenant nous devons nous en aller, tu ne peux plus rester ici. »

« Mais ma tante… »

« Une équipe de l'hôpital Ste Mangouste est en chemin, ils seront ici d'une minute à l'autre. »

Dumbledore se tut un instant en regardant Harry dans les yeux. Il lui sourit comme pour le rassurer.

« Harry, ta tante est en sécurité maintenant. Allez, prend ma main et ferme les yeux, nous devons partir, Voldemort pourrait encore sentir ta présence ici, vite Harry. »

Harry prit la main de Dumbledore après avoir embrassé sa tante, et ce pour la première fois de sa vie. Il ferma ensuite les yeux et se sentit voler. Lorsqu'il les rouvrit, il se trouvait dans le hall sombre du 12, Square Grimmaurd, le quartier général de l'ordre du Phoenix, une main refermée sur celle du professeur Dumbledore, et l'autre contenant toujours la lettre qui provenait de Poudlard.

Harry ne savait que dire, il suivait Dumbledore vers la cuisine où étaient assis Tonks et Lupin. Ces derniers accoururent aussitôt en le voyant arriver.

« Que s'est-il passé Harry ? » lui demanda Tonks en le faisant tourner sur lui-même, cherchant une trace de blessure.

Harry semblait bloqué en position 'stand by', les images des quelques minutes qui avaient précédé lui parcouraient l'esprit, encore et encore. C'est alors que Dumbledore prit la parole.

« Asseyez-vous tous » demanda-t-il d'un ton calme et reposant, tous s'exécutèrent, même Harry. « Harry, maintenant, j'aimerais que tu nous explique tout ce qui s'est passé. »

Il ne faisait jamais que ça : raconter ce qui lui arrivait. Il en avait assez de toutes ces choses qui lui arrivaient sans cesse. Dumbledore sembla percevoir ces sentiments et le rassura :

« Ne t'en fais pas, ça ira vite. »

Harry commença alors à expliquer sa soirée. Dès le début, Dumbledore réagit à l'annonce de l'absence de Mrs Figg et se tourna vers Tonks en lui demandant d'aller voir ce qui était arrivé à la voisine des Dursley. Lorsqu'elle quitta la pièce, un regard du directeur de Poudlard encouragea Harry à continuer son récit. Il parla alors de l'arrivée du groupe de Mangemorts, de la façon dont ils l'ont encerclé, de l'arrivée de son oncle et de sa… tante. Il expliqua comment elle se transcenda. A ce moment, l'attention de Dumbledore et de Lupin redoubla, puis Harry termina.

« Professeur, c'est la protection dont vous m'aviez parlé ? »

Harry posa cette question sans même l'avoir désiré. Ce qu'il voulait, pourtant, c'était ne plus parler à Dumbledore, et cela depuis des mois.

Ce dernier ne répondit pas tout de suite. De toute évidence, il semblait plongé dans ses pensées, un sourire bienveillant sur le visage.

« En partie, oui Harry. » Mais que pouvait-il y avoir d'autre ?

Dumbledore continua :

« C'était prévisible, Voldemort a voulu savoir en quoi la protection que je t'ai fournie consistait » il sourit alors « mais il n'a pas tout vu… »

Les yeux de Harry s'arrondirent comme des balles de golf. Que pouvait être cette protection. Il fut coupé dans ses réflexions par le retour de Tonks.

« Elle va mal, professeur, mais je l'ai emmenée à Ste Mangouste et ils m'ont dit qu'ils feraient tout ce qui est possible pour la maintenir en vie. »

« Très bien, je crois que je dois y aller Harry. Sois courageux et passe une bonne fin de vacances. J'ai l'impression que ce que tu as en main va t'y aider » puis il disparut dans un bruissement de cape.

Harry regarda alors l'enveloppe marquée des insignes de Poudlard. Lupin, jusque là pensif sortit de sa réserve.

« Ce sont tes résultats, ceux de tes BUSE ! Ouvre-les, vite Harry ! »

Harry sentit son cœur bondir, la pression qui l'avait épargné durant les premières semaines de juillet sembla se venger et prendre son cerveau pour un punching ball.

« Allez Harry » continua Tonks.

Il prit alors l'enveloppe dans les deux mains pour la décacheter, c'est alors qu'une feuille argentée s'envola comme un papillon et voleta dans toute la cuisine du Square Grimmaurd. Quelques minutes plus tard, elle revint devant Harry, Tonks et Lupin. Ces derniers entendirent comme un petit toussotement. Le papillon se courba en deux comme pour saluer son public, puis soudain, une musique digne d'un orchestre symphonique résonna dans la cuisine. Des chœurs se mirent alors à susurrer une mélodie très académique quant une voix de ténor survola ces superbes harmonies.

Monsieur Harry Potter,

Nous avons l'immense honneur

De vous transmettre enfin

Les résultats

Qui de votre destin

Seront l'appât.

Vous avez enfin accompli

Cinq ans de votre vie

Dans le collège Poudlard,

Le meilleur de Grande-Bretagne

Et afin d'évaluer

Vos meilleures capacités,

Nous avons prévu

La passation des BUSE.

Si vous obtenez un T

Troll vous resterez

Si s'affiche un D

Vous êtes désolant nous sommes navrés

Si apparaît un P

Piètre vous resterez

Lorsque se montre le bel A

Votre performance est acceptable

Si le E vous titille les oreilles,

Vous avez fourni un effort exceptionnel

Et si enfin le grand O brille

Votre note est optimale dans cette partiiiiiiiiiieeeeee !

La musique cessa sur cette fioriture finale et fit place à un roulement de tambour. Lupin et Tonks arboraient un large sourire alors que Harry essayait d'enlever les doigts de sa main gauche pour en faire quelque chose de très important dont il avait oublié le but. C'est alors qu'une voix féminine retentit et proclama :

Soin des créatures magiques

Un grand E brillait dans un halo de fumée blanche. Tonks et Lupin applaudirent.

Herbologie

Un A en fit de même.

Enchantements

Un grand O !

Divination

A ? Comment est-ce possible ?

Astronomie

Un P apparut. Lupin posa sa main sur l'épaule de Harry comme pour dire « Allez va, ce n'est pas grave »

Histoire de la magie

Un autre P, aïe, ça commence !

Métamorphose

Un grand E passa à son tour

Potions

« Faites que j'aie réussi » se dit Harry au plus profond de lui-même. Un grand E apparut, Lupin et Tonks applaudirent de plus belle.

Et enfin défense contre les forces du mal

Un grand O éclata dans un magnifique feu d'artifice. Harry n'en croyait ni ses yeux ni ses oreilles. Le papillon se transforma alors en un diplôme doré avec tous les résultats mentionnés, les 'A, E, O,…' volant dans tous les sens. La musique cessa et le diplôme se posa calmement sur la table de la cuisine.

« Félicitations Harry ! clamèrent lupin et Tonks. Tes parents et Sirius seraient fiers de toi !! »

Ce compliment alla droit au cœur de Harry, même si la joie n'en était pas la seule raison. Il vit alors d'autres feuilles dans l'enveloppe. Il prit la première, ce devait être celle des fournitures. Elle débutait de la même manière mais au lieu des habituels livres, il était écrit :

Vos livres vous seront fournis par Mme Pince en cette sixième année

Nous vous prions…

« Ok, donc pas besoin d'aller toute la journée au Chemin de Traverse. Je n'aurais pas aimé y passer la journée ! Lupin souffla un grand coup, soulagé. C'est vrai qu'il ne devait pas passer inaperçu avec ses cheveux grisonnants et ses vêtements miteux.

« Pourquoi, vous auriez dû y aller à ma place ? »

« Et oui, mais c'est une simple précaution. Le chemin de traverse n'est pas très sûr ces temps ci » lui répondit Tonks « Dis Harry, il y a encore quelque chose dans ton enveloppe, oh c'est peut être le professeur McGonagall qui t'écrit pour t'annoncer que tu es le nouveau capitaine de Quidditch de l'équipe Gryffondor !!! »

« Non, je ne crois pas, notre capitaine, Angelina, entre seulement en dernière année » Harry prit alors la lettre et la lut à voix haute.

Mr Potter,

Nous avons pris connaissance des réunions que vous dirigiez et qui n'ont, malheureusement, pas été soutenues l'année dernière. Nous souhaitons que cette initiative soit récompensée par une autorisation officielle, c'est pourquoi vous pourrez disposer de la Salle sur Demande une fois par semaine (ou plus) et aurez la visite d'un professeur par mois lors d'une de ces séances. Malheureusement, ces réunions devront rester relativement secrètes et un éventuel agrandissement du nombre de vos membres devra être mûrement réfléchi, ce que je pense que Miss Granger prendra de toute façon très au sérieux…

Je vous prie blablabla, j'ai toujours eu horreur des fins de lettres qui sont tellement ennuyeuses. A bientôt.

Albus Dumbledore

Harry n'en revenait pas, cette nouvelle était aussi inattendue que merveilleuse.

« Oh ! En plus je le savais, je dois aller vous voir en janvier et avril ! » s'exclama Tonks

« Vous, vous… vous allez être professeur à Poudlard ? »

« Oui, en Défense Contre les Forces du Mal, mais en alternance avec Kingsley, je n'ai pas encore assez d'expérience et Kingsley et moi avons tous les deux un métier d'Auror à assumer » elle prit un air plus sérieux « et j'espère que j'en suis capable… »

« Oh ! Ne fait pas ton calimero Tonks ! Dis lui Harry qu'elle est un bon Auror. »

« Euh oui ! Et en plus comme prof, vous ne pourriez pas être pire que… que cette Ombrage. »

Harry avait prononcé ces derniers mots avec une telle grimace que Tonks et Lupin éclatèrent de rire. Il se faisait tard et tous trois étaient épuisés. Tonks prit l'initiative : « Si vous alliez dormir tous les deux. »

« Oh je crois que ça vaut mieux, aussi non ma mâchoire se décrochera la prochaine fois que je bâillerai ! Allez viens Harry. »

Tous deux montèrent alors que Tonks se dirigeait vers la cheminée. En gravissant les escaliers, Harry ressentit une gêne, il avait du mal à supporter le silence dans cette demeure. Même Mrs Black ne s'était pas réveillée à leur passage. La maison semblait vide sans les membres de l'Ordre du Phoenix, sans les Weasley, sans… Sirius. Lorsqu'ils arrivèrent devant la porte de la chambre où Harry et Ron avaient passé une bonne partie de l'été précédant, Lupin salua Harry

« Allez, au lit, demain nous allons avoir une rude journée. Et ne me demande pas pourquoi, c'est une longue histoire. »

Lupin bâilla et donna une accolade à Harry en guise de bonne nuit avant de se diriger vers sa propre chambre. Pour Harry, Lupin devait avoir hérité de la maison et des biens de Sirius. Ca y était, on recommençait à lui cacher des choses, que devrait-il faire demain ?

Il s'assit sur son lit et découvrit une pile d'exemplaires de la gazette du sorcier avec un petit mot griffonné au dessus « Pour les nuits blanches, Tonks ». Il s'allongea tout habillé sur le lit et parcouru plusieurs lignes du journal avant de sentir monter la fatigue. Il se prépara donc en enfilant un pyjama et en ôtant ses lunettes rondes. Avant de s'endormir, il s'allongea et vida son esprit de tout pour éviter les visions que pourrait lui envoyer Voldemort. C'était devenu ne habitude depuis le début des vacances, et même si Harry ressentait de temps en temps des douleurs au niveau de sa cicatrice, il parvenait à conserver son esprit impénétré.

Le rituel était toujours le même, Harry se concentrait sur sa respiration et tentait de vider son esprit. Alors, les yeux clos, il visualisait ses bras et sentait son sang descendre le long de ses artères et remonter dans ses veines. Il sentit aussi la lourdeur s'en emparer. Il faisait ensuite de même avec sa nuque, son dos, son torse, son ventre ses hanches, et enfin ses jambes, et lorsque le bout de ses orteils était à son tour devenu lourd, Harry pouvait enfin s'assoupir, aussi serein que possible. En fait, il ne se rendait pas compte à quel point cette méthode était efficace, ce que pouvait remarquer quelqu'un. Ce quelqu'un se trouvait dans sa peinture, caché derrière une tenture. Il voyait Harry s'enfoncer dans son matelas jusqu'à être totalement caché. Il apercevait même son corps descendre bien plus bas que le sommier, encore plus bas que le plancher. Cet homme se dit « Et bien, en voilà un qui va donner du fil à retordre au seigneur des ténèbres ! Pff, comme si il croyait pouvoir lui résister longtemps ! » Soudain, il entendit quelqu'un l'appeler « Phineas ».

« Oh, non, encore ce vieil idiot de Dumbledore ! Vivement qu'il s'en aille ! Je commence à en avoir assez de son bon cœur !!! » puis son image disparut du cadre du tableau adossé au mur de la chambre de Harry.

Le lendemain, Harry se réveilla de bonne heure et descendit dans la cuisine pour y prendre son petit déjeuner. Il ouvrit les armoires pour trouver celle où se cachait le frigo. Il y prit des œufs et les prépara accompagnés de bacon.

« Alors, on ne prévient pas les autres quand on mange ? » Lupin venait d'apparaître dans l'entrebâillement de la porte, le sourire aux lèvres.

« Oh, je ne savais pas, je croyais que j'étais le seul réveillé. Aussi non, je vous en aurais préparé aussi. »

« Ne te tracasse pas Harry, je vais le faire tout seul, de toute façon, j'y suis habitué, Kreattur passe son temps dans le grenier avec ses vieilleries. »

Harry se leva avec la ferme intention de tuer cette bestiole répugnante mais Lupin le saisit par l'épaule et lui fit signe de se rasseoir mais Harry ne se laissa pas faire.

« C'est à cause de lui que… que… Sirius est … c'est sa faute si il est mort. »

« Du calme Harry, tu sais que Kreattur ne peut quitter cette maison, et de toute façon, il est attaché au nouveau maître de cette maison. »

« Mais comment êtes-vous devenu le maître de Kreattur ? Je croyais qu'il était seulement attaché à la famille Black… »

« Oh oh oh, je ne suis pas son maître Harry. Il faut que tu saches que le lien entre un elfe de maison et son maître se perpétue jusqu'au dernier héritier d'une famille, et en l'occurrence, ce n'est pas moi ! C'est… »

Soudain la porte de la cuisine s'ouvrit en claquant et Kreattur apparut. Il se tourna alors vers Harry, l'air hypocrite mais on ne peut plus heureux sur son horrible visage ridé et malfaisant.

« Bonjour maître que puis-je pour vous ? »