Chapitre III

Le successeur de Sirius

Harry se leva avec la ferme intention de massacrer le nouvel arrivant mais il s'arrêta soudain, plissa les yeux et serra les sourcils en scrutant Kreattur.

« Pourquoi m'as-tu appelé maître ? »

L'elfe se tortilla les doigts puis les essuya dans ce qui lui servait de vêtement puis il leva les bras et s'inclina.

« Parce que maintenant, c'est à vous que j'appartiens. » puis il se redressa en arborant un large sourire.

Harry se retourna vers Lupin. Ce dernier pouvait voir les joues du jeune homme s'empourprer de plus en plus alors qu'il essayait de faire sortir quelques paroles de sa bouche dans le bon ordre.

« Mais comment cela se fait-il ? Comment… »

Gêné et pour éviter une des crises de colère dont Harry avait été l'instigateur l'année précédente, Lupin décida d'aller droit au but, et le plus vite possible.

« Harry, c'est ce que je voulais déjà te dire hier soir et que je voulais t'annoncer avant l'arrivée de Kreattur. » Il s'arrêta quelques secondes et regarda avec un intérêt surdimensionné ses œuf brouillés.

« Quoi encore ? Vous allez me dire que j'ai la responsabilité de Kreattur et que je dois l'embrasser trois fois par jour ! Après ce qu'il m'a fait ? Apres ce qu'il a fait à Sirius ? Il n'en est pas ques… »

« Monsieur Harry Potter ne devrait pas dire ça » prononça Kreattur d'un ton de sermon, l'index levé et un sourire diabolique aux lèvres « D'ailleurs Kreattur doit retourner ans son grenier »

« C'est ça oui, et restes-y ! »

« Très bien monsieur Harry Potter » et il s'en alla en chantonnant et sautillant.

« Harry, tu devrais faire attention à ce que tu lui dis » lui murmura Lupin.

« Oh, c'est ça, et puis le remercier tant que j'y suis ! »

« Non, non, non, écoute Harry, assied toi. Je dois te parler de quelque chose de très important. »

Harry s'assit, ne sachant plus trop quoi dire. Sa tête bouillonnait à l'intérieur, et il ne savait pas ce qu'on allait encore lui révéler. Peut-être que Sybille Trelawney avait fait une autre prophétie et que finalement, et que cette fois-ci, c'était certain, Voldemort le tuerait lui ainsi que tous ses amis ! Ses bras étaient croisés, ses sourcils foncés et ses lèvres serrées lorsque Rémus Lupin prit place à côté de lui, prit une gorgée d'eau puis se lança.

« Ecoute Harry, si Kreattur doit t'obéir à toi maintenant, c'est que tu es le seul… comment dire…le seul héritier de Sirius et que tout ce qu'il… voyons… euh possédait est à toi. » Lupin se tortillait les doigts et Harry se leva subitement.

« Il ne manquait plus que ça ! »

Harry s'en alla en claquant la porte de la cuisine et en ignorant les appels de Lupin. Il se dirigea vers les escaliers qu'il grimpa quatre à quatre et ensuite, il voyagea dans cette grande maison sans faire attention à la direction qu'il prenait. Il ouvrit doucement une grande porte faite de chêne et entendit soudain un bruissement d'ailes et des cris perçants. C'est alors qu'Harry sourit et s'inclina simplement.

« Désolé Buck, je ne savais pas que tu étais là. »

C'est alors que l'hippogriffe s'inclina à son tour et Harry s'approcha de lui. Buck avait l'air si triste, son air majestueux avait semblait évaporé. Il se releva et s'avança à son tour vers Harry. Il fit alors une chose inattendue. Il se rabaissa et s'assit aux pieds de Harry, sa tête appuyée sur sa jambe. Harry sentit des larmes lui monter aux yeux et s'assit à son tour à côté de la magnifique créature.

« Oh ! Buck, il te manque à toi aussi ! »

Des larmes noires se mirent alors à couler de ses yeux jaunes. Harry ne put retenir les siennes et ils restèrent ainsi plusieurs heures à pleurer Sirius. Harry ne cessait de parler de lui. C'était la première fois depuis cette nuit où il l'avait quitté, puis lorsqu'il se souvint de la conversation qu'il avait eue avec Lupin, il comprit que Buck aussi était sous sa responsabilité.

« Ne t'inquiète pas, je vais bien m'occuper de toi maintenant. »

Plusieurs heures passèrent sans que Harry ne ressente aucune fin ni aucun signe qui le rattachait à la vie puis quelqu'un frappa doucement à la porte et il leva les yeux.

« Entrez » dit-il d'une voix lasse, et Lupin entra.

« Harry, le dîner est prêt, nous t'attendons. »

« Je n'ai pas faim. » Il détourna son regard et recommença à caresser son compagnon d'infortune.

« Le pauvre Buck, il ne veut plus rien avaler depuis des semaines. Il se meurt, je ne sais plus quoi faire. »

« Je vais m'en occuper, je vais lui faire manger quelque chose. »

« Mais tu ne le feras qu'après avoir avalé toi-même une bonne assiette » lui conseilla une troisième voix que Harry reconnu tout de suite. « Je le prépare depuis plus d'une heure et tout le monde t'attend en bas ». Mrs Weasley passa alors la tête par l'entrebâillement de la porte de chêne, l'air à la fois sévère et bienveillant.

« Très bien, mais je veux que Buck descende, il faut qu'il avale quelque chose. »

Mrs Weasley semblait peu enthousiaste à l'idée de partager son repas dans la même pièce qu'un hippogriffe, qui plus est, désespéré mais elle fini par accepter. Harry se leva et se dirigea vers les escaliers derrière Lupin et Mrs Weasley. Il avait l'impression de ne jamais être passé par là, la maison lui semblait plus sombre encore de ce côté.

« Où est Ron ? » demanda Harry machinalement, sachant bien qu'il ne pouvait être que dans la cuisine.

« Euh, il n'est pas encore arrivé, il doit faire de courses pour… des courses de dernière minute. Il arrivera ce soir avec Fred et Georges. »

« Ah » chuchota Harry avec déception. Même si il n'avait envie de voir personne, Ron faisait partie de ceux qu'il pourrait laisser entrer dans la même pièce que lui sans trop se fâcher.

« Allez Buck, un peu plus vite, on va manger en bas, allez mon vieux ! ».

Buck ne semblait pas vouloir avancer plus vite mais Harry l'y obligea :

« Ecoute Buck, tu dois avaler quelque chose de tout façon, et en plus, si tu ne descends pas, je ne descends pas non plus et je me laisse mourir de faim avec toi ! »

A ces mots, Mrs Weasley s'arrêta et fronça les sourcils en se préparant à obliger Harry à poursuivre quand même lorsque Buck se décida à enfin avancer plus rapidement, même si sa tête demeurait basse et si il semblait porter la tristesse du monde sur ses ailes. De temps en temps, on l'entendait soupirer. Enfin arrivés à la cuisine, Harry vit Tonks, Kingsley et Maugrey autour de la table en train de discuter. Il vit aussi ses bagages et soudain sentit le bec d'Hedwige lui mordiller affectueusement l'oreille.

« Bonjour Hedwige, bonjour à tous. »

Harry s'abaissa et déposa dans un coin de la cuisine la paille qu'il avait descendue pour Buck puis se dirigea vers chacun pour leur serrer la main, sauf à Tonks qui lui fit la bise. Mrs Weasley déposa devant Buck les restes du petit déjeuner qu'il grignota, bon, c'était déjà ça. Harry quant à lui s'assit et avala les premières bouchées de son assiette, plus par nécessité que par appétit.

« Nous sommes allés rechercher tes affaires ce matin » lui dit Tonks, la bouche à moitié pleine.

« Ma tante, oui, comment va ma tante ? » Harry avait complètement oublié de demander de ses nouvelles.

« Elle se remet bien, elle dit ne se souvenir de rien et ton oncle a voulu nous frapper, mais dés qu'il a vu Maugrey, il a cessé et nous a gentiment montré ta chambre, même si je savais déjà où elle se trouvait. Dis, tu ne t'améliores pas dans le rangement » termina-t-elle en lui faisant un clin d'œil.

« Ah, ma tante va bien alors ! »

« Oui Harry, ne te tracasse plus pour elle, et avale donc quelque chose ! »

Le repas passa. Les conversations étaient animées mais Harry préférait ne pas y prendre part. Buck mangeait de plus en plus de bon cœur, il en était de même pour Harry. La journée se termina dans cette ambiance faussement conviviale. Le soir arrivé, Harry se coucha avec la ferme intention de vider son esprit de toutes pensées. Il en était au stade de sentir la lourdeur dans ses mains lorsqu'il entendit des bruits bizarres en bas, des sortes de petits cris. Il sorti immédiatement de son état de demi sommeil en ayant l'impression de rebondir sur son matelas (ce n'était pas d'ailleurs qu'une impression), il saisit sa baguette, mit ses lunettes et accouru en bas des escaliers. Une faible lueur brillait dans la cuisine et de petits cris s'en échappaient. Et si Voldemort avait trouvé l'adresse de la maison de Sirius, et si… peut être était-ce de sa faute ? Peut-être le jour de leur bataille… Peut-être… Il fallait entrer. Harry avança tel un zombie, il saisit la poignée et ouvrit la porte…