Chapitre VIII
Action, réaction

- Debout Harry !

Ron était prêt. Il était huit heures du matin et normalement les cours commençaient vers 8h15.

- Pourquoi tu ne pas réveillé plus tôt ?

- Ben, c'est ce que j'ai fait mon vieux, mais tu m'as dit un truc du genre « Encore dix minutes, il y a encore trois nuages à évacuer ». Bon, j'avoue que j'ai pas tout compris, mais je t'ai laissé dix minutes de plus, mais c'était il y a 20 minutes... et je viens juste de me rendre compte que je t'avais pas re-réveillé...

- Bon, ben c'est pas grave » Harry avait sauté du lit et était en train de se brosser les dents. « Mais dechan touchou cheché è orè, on che retoufra dan e o dentré. Charif. »

- Ok, à tantôt, je file ! » Ron avait bien l'impression d'avoir compris deux ou trois mots mais il avait décidé de quand même descendre, comme ça il pourrait prendre les horaires.

Il quitta le dortoir en un coup de vent. Harry et Neville étaient les derniers, ils s'habillèrent en deux temps trois mouvements puis dévalèrent les escaliers en ajustant leurs cravates rouge et or. Arrivés devant la sortie de la tour des Gryffondor, Neville passa en premier.

- Vite Neville !

- Je sais, plus que cinq minuuuu...... aaaaaaaargh !!!!

- Sur quoi t'as encore trébuché ? Ron !

Ron était étendu sur le sol, le regard fixe et les membres raidis. Il semblait avoir été stupéfixé en pleine course, mais lorsque Harry prononça 'Enervatum', il ne se réveilla pas.

- Aide moi Neville ! Ron...Rooooon ! Il respire toujours. » Harry lui tapotait sur la joue « Mais qui lui a fait ça, il n'y a aucune raison ! ». Il paniquait, vraiment, jamais il n'avait vu Ron comme ça.

- Attend Harry, on va le conduire à l'infirmerie. Recule toi,... allez, recule Harry. Wingardium Leviosa.

Le corps de Ron s'éleva dans les airs et Harry et Neville le dirigèrent tant bien que mal dans les couloirs vers l'infirmerie de Mrs Pomfresh. Une fois arrivés, ils le déposèrent sur un lit et elle accouru.

- Qu'avez-vous déjà... ! Oh mon Dieu ! Que lui est-il arrivé » s'écria-t- elle les mains plaquées sur les lèvres.

- On ne sait pas madame, on est sortis de la tour et il était là, on dirait que quelqu'un l'a stupéfixé en pleine course, mais en essayant l'enervatum, il s'est pas réveillé !

- Non ? Bon, et bien il faut prévenir le professeur Dumbledore. Je crois qu'il me reste un peu de Mandragore de l'année dernière, c'est la seule solution... ». La peur se lisait dans sa voix.

- Mais...ça ne peut pas...ça ne peut pas être un Basilic, Harry l'a tué en deuxième année ». Neville se souvenait des victimes de ce monstre, qui avaient, elles aussi, été stupéfixées. La seule solution avait alors été de leur administrer du jus de Mandragore.

- Mhmh, je sais. Potter, Londubat, allez chercher le professeur Dumbledore. Quand vous reviendrez, on verra si le jus de Mandragore a fait effet. Allez-y, vite !

Ils se levèrent et se précipitèrent vers le bureau du directeur. Ils croisaient dans les couloirs des tas d'élèves qui les dévisageaient. Pour le moment, ce n'était pas ce qui importait à Harry. Ils arrivèrent enfin devant la gargouille mais s'aperçurent alors que Mrs Pomfresh ne leur avait pas donné le mot de passe.

- Comment on fait, je l'ai pas moi le mot de passe...

- D'habitude, c'est le nom d'une friandise. On va essayer toutes celles qu'on connaît. Fizwizzbizz, Chocogrenouilles, Dragées surprise de Berthie crochue... euh, il y a quoi encore ?

- Il y a Sorbet Citron, puis... euh, je crois que c'est tout ce qu'il y a chez Zonko.

- Eh ! Mais il y a aussi les Farces et Attrapes pour Sorciers Facétieux maintenant !!! Qu'est-ce qu'ils ont ? Des Crèmes Canari, Pralines Longue Langue... Attend, j'en ai eu d'autres pour mon anniversaire, mais je ne sais plus comment ça s'appelait ! » Harry frappait sur le sol du pied et se prenait la tête entre les mains « Allez, c'est des trucs à tentacules.

- Ah, mais c'est sûrement des Pieuvrottes Variantables !

- Oui c'est ça !

C'est alors que la gargouille s'ouvrit pour leur laisser le passage. Ils grimpèrent l'escalier en colimaçon en même temps qu'il les portait encore plus haut. Arrivés devant la porte, ils frappèrent et entendirent le professeur Dumbledore les inviter à entrer, ce qu'ils firent immédiatement.

- Professeur... » Harry s'arrêta net, il n'avait plus vu Rogue depuis l'année précédente. Il leur lança son regard sarcastique.

- Entrez, Harry, Neville. Que se passe-t-il ?

- Professeur, c'est Ron, on l'a stupéfixé, enfin pas nous,... on l'a trouvé à la sortie du dortoir. Il est à l'infirmerie. Il ne s'est pas réveillé avec l' 'enervatum'. » Harry était essoufflé d'avoir tant couru. Il ne se rendait pas encore compte de ce qui était arrivé à son meilleur ami. Dumbledore se leva tout de suite, l'air inquiet.

- Severus, je crois que vous devriez retourner chercher cet antidote dont nous venons de parler. J'ai bien peur que vous aviez raison. Je vais me rendre à l'infirmerie. Suivez-moi vous deux.

Et Harry et Neville firent le chemin inverse, sauf que cette fois, les couloirs étaient déserts. Le pas de Dumbledore était rapide, beaucoup plus que le leur. Ils devaient presque courir pour pouvoir le suivre. Aucun d'eux ne se sentait d'humeur à lui poser des questions. Ils arrivèrent enfin à l'infirmerie. Ron était toujours immobile. Si la potion avait été efficace, il devrait être éveillé...

- Pompom, lui avez-vous déjà donné le jus de Mandragore ? » Dumbledore s'était approché du lit, l'air anxieux.

- Oui, professeur ! Et il ne semble pas réagir.

- C'est bien ce que je craignais » il se retourna alors vers Harry et Neville « Je dois vous parler de quelque chose qui est très important ».

Il regarda l'horloge murale, puis Ron, puis Harry et Neville.

- Bon, la réunion des sixièmes années doit être presque terminée. Je vous demanderai de m'attendre quelques minutes. Je dois prévenir Molly et Arthur. Restez ici. » et il s'éloigna.

- Une réunion ? Harry, tu savais qu'il y avait une réunion pour les sixièmes années ? Ca a l'air important en plus !

- Si tu veux, vas-y, je reste auprès de Ron, et puis Dumbledore doit revenir.

- Non, Harry, je reste avec toi. Je suppose qu'Hermione aura bien écouté et qu'elle aura pris les horaires pour les absents, même si à mon avis, il n'y a que nous deux... » ils restèrent ainsi quelques minutes, silencieux. Harry murmura alors.

- J'aurais dû être avec lui. Si je ne m'étais pas réveillé en retard, on ne l'aurait pas attaqué...

- Je crois que si, ils l'ont eu par surprise, et je crois que ça aurait été la même chose avec ou sans toi. Et puis,... tu ne peux pas être partout, Harry.

- Je pense que Neville a raison. » Dumbledore venait de revenir et Harry vit Fumseck s'envoler au loin avant de disparaître parmi les nuages. Il s'assit alors à leurs côtés. « Je voulais vous voir pour vous parler de quelque chose, quelque chose de très important. »

Il regarda Ron attentivement et posa ses longs doigts sur son front. Il semblait très soucieux. Il donnait l'impression de ne pas savoir ce qu'il devait faire, ou comment il pouvait réparer tout cela. Il semblait plus petit que d'habitude. Puis il se redressa et redevint l'homme fort qu'il avait toujours semblé être. Il prit une grande inspiration et dirigea son regard vers Harry et Neville. Harry était soulagé que cette fois il le regarde dans les yeux.

- Je pense que vous devriez vous réunir au plus vite. Les membres de l'AD sont en danger. Je ne peux pas vous expliquer exactement en quoi, mais sachez que ce qui est arrivé à Ron Weasley » il fit une pose et posa les yeux sur le jeune rouquin « ce qui lui est arrivé ce matin peut vous arriver à tous. Vous devez vous organiser de façon à ce que d'éventuelles attaques sur les membres de votre groupe soient rendues impossibles. Vous devez à tout prix être les plus discrets possible. C'est tout ce que je peux vous dire. Je crois que Poudlard n'est plus la même école sûre pour tous. Je crois que certaines personnes sont décidées à tout gâcher. Mais je voudrais que vous vous comportiez en exemples et que ce qui s'est passé, et se passera reste le plus secret possible.

- Vous voulez qu'on se taise ? Qu'on se taise alors qu'on ne sait même pas ce qui est arrivé à Ron ? Qu'on se taise alors qu'on ne sait pas si il va jamais guérir ? » Harry ne criait plus, ça ne servait à rien de crier. Il était simplement décomposé, et perdu.

- Rassure-toi Harry, il guérira, le problème c'est qu'on ne sait pas encore quand. Severus cherche l'antidote depuis plusieurs semaines.

- Mais comment saviez-vous... Comment connaissiez vous ce sort ?

- Je ne peux pas te répondre Harry. Il faut juste que tu saches que nous faisons tout notre possible.

- Ca recommence hein ! Je ne peux rien savoir et...

- Non Harry, bizarrement, nous ne sommes actuellement que six à connaître l'existence de ce sort. Je ne l'ai pas encore révélé aux membres de l'Ordre. Je crois que maintenant vous devriez laisser Mrs Pomfresh faire son travail et tâcher de soulager votre ami, même si elle ne peut le réveiller. Je vous demanderais juste de rejoindre vos autres camarades et de fixer votre première réunion le plus tôt possible.

L'esprit de Harry était partout sauf dans sa tête. Il se leva machinalement, suivi de Neville et ils quittèrent l'infirmerie en se dirigeant vers la Grande Salle. Pendant tout le chemin, Neville lui exposa ses idées qui allaient d'arrêter simplement les réunions à devenir des animagus pour ne pas être repérés « Tu crois qu'on peut tous se transformer en puces ? ». Ils arrivèrent enfin devant les portes de la Grande Salle d'où sortaient les élèves de leur année. Hermione se précipita vers eux.

- Mais où étiez-vous ? Vous avez raté la réunion. Mais que s'est-il passé ? » elle ralentit la cadence de ses mots en voyant les visages des deux garçons, en voyant le teint grisâtre de Harry. « Où est... où est Ron ? Harry ? » ses yeux imploraient une réponse « Neville ? Où est... Ron ? ». Elle venait de poser cette question de sa petite voix aiguë. Neville lui répondit enfin.

- Il a été attaqué, stupéfixé. Ni l' 'enervatum', ni la potion de Mandragore n'ont d'effet.

- Mais où ? Et quand ?

- Ce matin, devant le portrait de la grosse dame. Mais écoute Hermione, on doit faire quelque chose » Neville se lança car Harry semblait lui aussi supéfixé. Il prit Hermione par les épaules « on doit... »

- Oh que non. Non, non, non. Moi je ne vais rien faire, je vais aller à l'infirmerie » et elle se dégagea de la prise de Neville. Elle n'était plus elle-même. Elle était irréfléchie.

- HERMIONE, attend !!! On ne peut pas aller à l'infirmerie. »Il l'avait rattrapée par le bras. « Hermione, Dumbledore nous a dit qu'on devait... Harry ? » il attendait un peu de son soutient mais Harry était bloqué en position 'stand by'.

Son regard se fit tout à coup sévère alors que Malfoy sortait à son tour de la Grande Salle, l'air satisfait. Harry se rua alors vers lui et l'empoigna, oubliant sa baguette magique dans sa poche.

- TOI, c'est toi qui l'as attaqué. C'est toi qui lui as fait ça. Je vais te tuer !!!

- Ola Potter ! On se calme. Je ne sais pas ce que je suis censé avoir fait, mais sache que je suis ici depuis huit heures du matin » Malfoy rayonnait. C'était clair, il était au courant de ce qui s'était passé, mais il avait été trop lâche pour s'en mêler, trop fourbe.

Ernie McMillan s'interposa entre les deux garçons et les sépara enfin.

- C'est vrai Harry. Il est arrivé en même temps que moi. Je ne sais pas ce qui est arrivé, mas il ne peut pas y avoir participé.

- Oh, ça ne m'étonne pas de lui, il l'a fait exprès, il...

- Que se passe-t-il ici ? Mr Potter et Malfoy, pouvez-vous cesser ce carnaval et retourner chacun dans votre maison ! » le professeur McGonagal venait de sortir à son tour de la Grande Salle, les bras chargés de parchemins. Elle avait les yeux cernés et ne semblait pas de très bonne humeur.

- Harry, viens, on va dans le parc » lui dit alors doucement Hermione en le tirant par le bras et il les suivit à contrecoeur, lançant des regards noirs au serpantard et ses complices.

Ils s'assirent au bord du lac. Hermione ne parvenait plus à cacher sa nervosité. Elle avait peur, peur pour son... ami.

- Maintenant, expliquez-moi ! Qu'est-il arrivé à Ron ?

Harry lui raconta alors tout ce qui s'était passé depuis ce matin, sans la regarder, et d'un ton monocorde. Elle semblait rapetisser à chaque mot, à chaque phrase. Quand Harry eut terminé, elle resta silencieuse puis sembla se réveiller. Elle reprit, avec la voix forte, grandie par je ne sais quoi.

- D'accord, ils veulent la guerre ? Ils l'auront. Réunion ce soir. Je préviens les autres. » elle sortit alors un gallion de sa poche et tapota dessus avec sa baguette « Ce soir, 19 heures ! Neville, préviens tous les membres que tu vois qu'ils doivent au moins se trouver avec quelqu'un de confiance. On ne doit pas rester seul. Avec Harry, on passera à la sortie de chaque maison pour les désillusionner. Qu'ils soient prêts à l'heure. Sois clair Neville.

Il se leva et se précipita sur les premiers membres de l'AD qu'il vit et fit passer le message autant de fois qu'il le put. Harry commençait doucement à sortir de sa torpeur. Son regard se faisait plus décidé. Hermione se laissa tomber par terre comme si ce sursaut de force venait de l'épuiser et elle éclata en sanglots, se réfugiant sur l'épaule d'Harry.

- Pourquoi Harry ? Pourquoi Ron ? Pourquoi lui ? » et il la serra dans ses bras.

- Parce qu'il est MON meilleur ami. Ils veulent ME toucher MOI. Je dois vous dire certaines choses que vous ne savez pas encore. Il est temps, je ne peux plus vous le cacher.

- Harry ? Tu me fais peur. Que se passe-t-il ?

- Rien, tu le sauras tout à l'heure, même si je suis décidé à en parler, je ne pourrai pas me répéter. Allez, debout, on doit bientôt avoir cours non ?

- Reste là. Reste ici Harry. On n'a pas cours aujourd'hui, on avait juste la réunion. On a la journée pour réfléchir aux EFAS. » Harry sentait qu'ils devaient parler d'autre chose, du moins jusqu'à ce soir.

- Dis-moi Hermione, qu'est-ce que le professeur McGonagal a dit ce matin ?

- Oh, elle a juste expliqué à peu près ce que je t'ai dit hier soir » elle avait toujours la tête posée sur les genoux de Harry « On doit choisir notre matière préférée, ou celle qui nous intéresse le plus et puis créer quelque chose dans ce domaine. Quand on a une idée de la matière, on doit aller rencontrer le professeur qui en est responsable et lui demander ce qu'il peut nous proposer. Après ça, on doit chercher de la documentation et trouver un maximum d'idées. En gros, cette année, on doit préparer le sort ou la potion, ou je ne sais quoi, et on ne le créera que l'an prochain. J'ai pris une feuille d'information pour vous, enfin pour toi... Ah oui, et j'ai aussi votre, enfin ton horaire de cours. » elle sorti alors des feuilles froissées de sa poche et les tendit à Harry. « Tu as tes cours principaux les matinées, un cours par matinée, puis les optionnels l'après midi, deux heures par semaine. Et il y a plus d'heures libres pour les travaux pratiques et les recherches. » Harry lut à voix basse son emploi du temps.

Lundi : Métamorphose (4h) et Soin des Créatures magiques (2h)
Mardi : Enchantements (4h) et Herbologie (2h)
Mercredi : Défense Contre les Forces du mal (4h) et Divination (2h)
Jeudi : Potions (4h)
Vendredi : Réunion avec vos maîtres d'EFAS.

Ils se turent alors tous les deux et restèrent ainsi plusieurs heures, à contempler le lac. Depuis ce matin, Hermione avait elle aussi changé, tous les évènements qui étaient arrivés les années précédentes l'avaient touchée, c'est vrai, mais jamais elle n'avait été remuée à ce point. Harry n'y comprendrait rien si il n'avait pas assisté à sa conversation avec Ron cet été au Square Grimmaurd. Maintenant, il savait qu'ils étaient amoureux l'un de l'autre, fous amoureux, même si ils ne se l'avouaient pas encore. Puis ils rejoignirent la tour des Gryffondor où régnait un tel tumulte que l'ont ne s'entendait plus parler. Neville leur expliqua alors ce qui se passait. Ginny avait appris ce qui était arrivé à son frère et avait piqué une crise folle, criant sur tous ceux qui l'approchaient, puis elle s'était renfermée à double tour dans sa chambre. Hermione monta alors les marches des escaliers qui menaient aux dortoirs des filles.

- Je vais aller lui parler. Soyez prêts à 18 heures 45, si on ne se revoit pas avant. Et Harry, n'oublie ni ta cape, ni ta carte. A tout à l'heure.