Chapitre 6 : Une Attirance… masquée
Hermione, Ron et Harry marchaient d'un pas rapide vers la serre de Madame Chourave, tenant leurs livres à bout de bras. Les deux garçons essayaient pour la millième fois au moins de raisonner Hermione à propos de son rendez-vous, mais l'après-midi était venu et la jeune fille demeurait inflexible : elle ne se rendrait pas à ce simulacre de rencontre, décidé par son collègue pour « faire plus ample connaissance ».
— Hermione, réponds-moi franchement : combien de temps crois-tu va mettre Osborne pour découvrir qu'il n'y a aucun garçon qui s'appelle John en septième année ? la questionna Harry.
La Gryffondor s'immobilisa brusquement, réfléchissant intensément.
— Il croira qu'il s'est trompé de nom… qu'il se souvient mal… qu'est-ce que j'en sais ?
Harry soupira.
— Franchement Mione, comment as-tu pu déclarer une aberration pareille ? Je te revois encore désigner de la main un illustre inconnu, qui ne sait sûrement pas lui-même qu'il a été choisi pour jouer le rôle de l'amoureux transi, censé t'emmener fuguer hors de Poudlard…
— Je sais, Harry, je sais… bougonna Hermione.
— Et s'il apprend de source sûre que tu n'avais aucun rendez-vous prévu ce soir ? insista le sorcier.
La jeune fille s'affaissa soudainement, et de longs sanglots se firent entendre.
— Mais qu'est-ce que vous voulez que je vous dise ? Que je vais accourir vers Osborne ce soir parce qu'il aura claqué des doigts, qu'il sera très gentil, que je serai très gentille, et que ce sera génial ? C'est ça ?
— Non, non, bien sûr… murmura Ron, en fusillant Harry du regard.
— Bien sûr que si ! En fait, vous vous fichez éperdument de savoir ce que je ressens ! Pourquoi tenez-vous absolument à ce que j'aille à ce rendez-vous, d'ailleurs ? Vous n'aimez pas Osborne, non ?
Le regard gêné qu'échangèrent les garçons mena la fureur d'Hermione à son comble.
— Eh bien ? J'attends !
— Nous croyons que ce serait mieux pour l'unité de Poudlard, Mione, lâcha finalement Harry.
— L'unité de Poudlard ? Qu'a-t-elle à voir avec ce rendez-vous ?
— Tu sais très bien de quoi de je veux parler ! s'exclama Harry, rouge de colère. Et puisque tu ne comprends pas les allusions discrètes, c'est un ordre que tu vas recevoir ! Un ordre de la part de celui qui se bat contre Voldemort depuis bientôt sept ans ! J'ai trop lutté, Hermione, pour qu'un simple caprice réduise à néant tout le travail accompli. Oui, Osborne est un Serpentard, il n'en reste pas moins pas ton coéquipier ! Et les relations entre vous deux seront déterminantes pour les relations entre tous les Serpentards et les Gryffondors, et donc…
— … pour l'unité de Poudlard, conclut Hermione d'une voix blanche.
— Oui… dis-moi que tu comprends, Mione, la supplia son meilleur ami.
La sorcière se redressa et fixa les prunelles vertes du Gryffondor à travers ses larmes.
— Je comprends, Harry, murmura-t-elle. Et je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t'aider.
— Merci Hermione, répondit doucement Harry. Je compte sur toi, tu sais…
— Je sais.
Et les trois adolescents échangèrent un long regard avant de pénétrer de pénétrer dans la serre où avait lieu leur cours de botanique.
Trois heures plus tard, l'agitation d'Hermione était palpable tandis que la sorcière retournait tous ses tiroirs afin de trouver LA tenue qu'elle porterait le soir-même. Osborne lui avait fait parvenir un court message dans lequel il lui demandait de se tenir prête dans le hall de Poudlard à 20h00 précises. En apercevant un hibou cogner à la fenêtre, la sorcière s'interrompit dans ses préparatifs et maugréa, certaine qu'il s'agissait encore d'Osborne. Ce type était manifestement exceptionnellement doué pour parvenir à s'immiscer dans son existence.
Mais à y regarder de plus près, le hibou mordoré qui se tenait désormais sur son lit n'avait rien à voir avec le grand-duc majestueux qu'elle avait accueilli précédemment. C'est donc pleine de curiosité qu'Hermione saisit délicatement l'enveloppe du bec du volatile. Celle-ci était simplement destinée à « La Préfète en Chef », et Hermione se demanda qui pouvait être à l'origine d'une telle missive. Elle finit par découvrir une lettre couverte d'une écriture déliée, indubitablement féminine, et signée par trois élèves de… Hermione s'interrompit dans sa lecture, et revint rapidement en arrière. Non, elle ne s'était pas trompée. La lettre était signée par des élèves de Serpentard…
Madame la Préfète en Chef,
Nous étant rencontrés dans le Poudlard Express voici deux jours, vous nous avez donné la permission de vous contacter ultérieurement afin de faire plus ample connaissance.
Encore ! songea Hermione avec un sourire.
Peut-être ne vous souvenez-vous pas de nous : nous sommes trois sorciers de première année, et nous vous admirons beaucoup. Nous avons d'ailleurs été extrêmement déçus après votre abandon à la gare de Pré-au-Lard, et nous nous sommes jurés de vous rencontrer une nouvelle fois. Il apparaît cependant que les relations entre nos deux maisons ne sont pas celles que nous aurions espérées…
Souhaitant que cela n'influencera en rien votre décision, nous vous remercions par avance, Madame la Préfète en Chef, pour l'intérêt que vous porterez à notre demande.
Signé : Louisa Fiennes, John Philips et Andrew Strawes, Serpentard.
Hermione riait aux larmes à la fin de sa lecture. Le style ampoulé de la lettre lui rappelait trop ses propres essais, quand elle tentait de s'adresser à des personnes haut placées. Elle saisit aussitôt une plume et s'installa à sa table, ne prêtant aucune attention à sa tenue assez déshabillée.
Chers Louisa, John et Andrew,
Votre petit mot m'a fait très plaisir ! Je serais évidemment enchantée de vous revoir, et vous n'avez qu'à m'indiquer quelle heure vous arrangerait. Ma colère sera par contre effroyable si vous continuez à m'appeler Madame… J'ai dix-sept ans, et je crois véritablement que je suis beaucoup trop jeune pour mériter cette appellation !
En espérant une réponse rapide de votre part, je vous adresse mes chaleureuses salutations,
Signé : Hermione Granger, Gryffondor
La jeune fille avait à peine refermé la fenêtre après le départ du volatile porteur de sa réponse, que trois visages apparurent soudainement à la porte de la chambre, suivis par trois éclats de rire.
— Hermione ! Mais que fais-tu dans cette tenue ? s'exclama Ginny Weasley.
Hermione jeta un coup d'œil à son jogging qui avait appartenu à sa mère, et réalisa qu'elle ne portait même pas de T-Shirt.
— Je… je me prépare, répondit-elle avec un grand sourire.
Parvati hurla, complètement surexcitée.
— Oh, Hermione, tu as accepté ! C'est… c'est magnifique ! Grandiose ! Non mais tu te rends compte ? Tu as rendez-vous avec le garçon le plus… mais le plus…
— Vas-y Parvati, je sais que tu peux y arriver, déclara Hermione, imperturbable.
— Le plus parfaitement parfait de tous les sorciers de Poudlard !
— Si tu le dis… commenta Hermione sombrement.
— Attends, tu n'es pas heureuse d'y aller ? s'exclama Parvati, incrédule. Hermione, approche ton front… Oui, c'est bien ce que je pensais : elle est malade, lança-t-elle aux deux autres sorcières. Et je connais cette maladie : elle s'appelle l'hallucination !
— Enfin, Hermione, ce type est une merveille ! se lamenta Lavande. Que te faut-il de plus ?
— Pas la peine de vous époumoner, vous deux, les interrompit Ginny avec un sourire espiègle. Hermione n'est ni folle, ni malade, et sait tout aussi bien que vous qu'Osborne est le garçon le plus séduisant de cette école. Elle s'amuse juste à vous faire enrager…
La Préfète éclata de rire.
— Voyons, Ginny, où vas-tu chercher tout ça ? Je t'ai déjà dit que je ne m'intéressais pas du tout à cet individu. Il est juste un collègue, et je dois le rencontrer pour parler travail.
— Si tu le dis… singea Parvati avec une grimace. Hermione, désolée de te décevoir, mais tu peux tout de suite renoncer à une carrière dans le cinéma. Ta performance pour démentir ton attirance pour Alex n'est pas franchement à la hauteur…
— Les filles, au lieu de vous disputer, vous ne croyez pas qu'on devrait montrer à notre chère Préfète les résultats de notre recherche ? lança soudain Ginny. Je crois que nos achats vont être appréciés, si on en juge par sa tenue actuelle…
— Mais de quoi parles-tu, Ginny ? demanda Hermione, soucieuse. Tu n'as quand même pas…
— Ne t'inquiète pas, nous n'avons rien fait de grave ! l'assura la jeune Gryffondor. Nous sommes simplement allées à Pré-au-Lard faire quelques courses.
Hermione s'étrangla.
— Et tu n'appelles pas ça grave ? Mais que te faudra-t-il la prochaine fois pour que tu consentes à admettre la gravité de ta faute ? Un aller-retour à Windsor en une nuit, avec en prime une photo d'Elisabeth II en chemise de nuit ? C'est ça ?
— Windsor ? demanda Parvati, brusquement intéressée. Ce ne serait pas le nom d'une des boîtes de nuit les plus branchées de Londres ? Mon père m'en a parlé un jour…
— Vraiment ? Et c'est une boîte moldue ? se renseigna tout de suite Lavande.
— Non, désolée Lavande, mais Windsor n'est pas une discothèque, soupira Hermione. Vous savez que vous allez finir par me rendre folle avec vos inventions ! Et j'enlève vingt points à…
— NON ! l'interrompirent trois hurlements.
— Comment ça, non ? s'offusqua la Préfète. Vous avez quelque chose à objecter ?
— Avant de commettre l'irréparable, Hermione, viens regarder nos acquisitions… demanda Ginny, enjôleuse.
— Tu tentes de me corrompre ?
— A vrai dire… oui, répondit Ginny en la regardant fixement.
A sa grande surprise, Hermione eut un large sourire et se précipita sur les différents sacs provenant des couturières les plus douées de Pré-au-Lard.
— La franchise est une qualité que j'admire beaucoup, Ginny. Alors ça passe pour cette fois. Mais que je ne vous reprenne pas à…
— Nooon… s'exclamèrent les trois sorcières en chœur. Tu ne nous croirais pas capables, quand même…
— Malheureusement si… soupira la Préfète. Mais montrez-moi plutôt ce que vous avez trouvé !
Et les trois sorcières disparurent rapidement sous une envolée de tissus, sacs et papiers en tout genre.
— Ah, monsieur Malefoy, je vous attendais.
Dumbledore redressa distraitement ses lunettes en demi-lune sur son nez, et adressa un large sourire à son élève. Mais sa bonne humeur disparut aussitôt quand il aperçut la personne qui se tenait derrière Draco.
— Miss Parkinson ? Mais que faites-vous donc ici avec…
— Professeur, j'ai appris la nouvelle, l'interrompit Draco timidement. Il ne faut pas en vouloir à Kate, je ne crois pas lui avoir véritablement laissé le choix : elle me renseignait sur son identité, ou je faisais de sa vie un cauchemar…
— Toujours les bonnes vieilles méthodes, à ce que je vois… murmura le directeur, malicieux.
— Toujours, Professeur.
— Bien… soupira le directeur, en se tournant vers la Serpentarde. Il nous faut donc changer nos plans, miss Seymour. Votre compagnon est décidément trop brillant pour nous.
Draco envoya un regard suffisant à sa nouvelle amie.
— Mais assez plaisanté, reprit le directeur, passons plutôt aux choses sérieuses.
La mine vexée du Serpentard fit rire Kate aux éclats.
— J'ai appris que vous désiriez me voir, monsieur Malefoy, parce que vous soupçonnez Caldwell d'avoir pris la tête des Mangemorts de l'école ?…
— Exactement. Son attitude indique qu'il est protégé par des gens puissants, et j'ai tout lieu de croire qu'il s'agit de Voldemort, si je songe à ma propre arrogance de l'année dernière.
— Intéressant… Très intéressant, même, car voyez-vous, vous n'êtes pas le seul à m'avoir fait cette réflexion.
— D'autres que moi soupçonnent…
— Que Caldwell est un élément à pas négliger, je dirais même un élément capital pour votre mission.
Draco grinça des dents. Ses doutes se trouvaient confirmés, et pour la première fois de sa vie il détestait cela. Il se voyait déjà en train de lécher le sol devant Caldwell, et devant cette vision répugnante, il se promit de ne faire que le strict nécessaire pour prouver son allégeance à Voldemort.
— Monsieur Malefoy, je tiens à ce que vous me procuriez des résultats le plus vite possible, reprit le directeur. Les dates de réunion des Mangemorts, les noms des différents adeptes, leurs projets, tout doit nous être révélé par votre intermédiaire. Alors il serait bon que vous vous comportiez autrement, désormais…
— Oui, Professeur, admit Draco en soupirant. J'ai cependant une dernière question : qu'est devenue Pansy ?
Dumbledore soupira longuement.
— Il est des choses qui doivent rester secrètes, Draco. Un jour, vous saurez…
— Mais ce jour n'est pas venu, c'est cela ?
— Oui… Vous comprenez ?
— Très bien, Professeur. Du moins, j'essaie…
— Dans ce cas, tout est réglé, et je ne vous retarde pas plus longtemps. J'ai cru comprendre que vous aviez une sorte de… rendez-vous, c'est cela ?
Le Serpentard grimaça. Les gens ne pouvaient donc pas s'empêcher de parler à tort et à travers, dans cette école !
— On vous a bien renseigné, je dois rencontrer Granger dans… exactement une heure et trois minutes !
— J'espère que tout se passera bien, remarqua Dumbledore en envoyant un regard complice à Kate restée en retrait derrière Malefoy.
— Moi aussi, professeur… soupira Draco. Moi aussi…
Hermione jeta un regard sceptique dans la psyché qui se trouvait au centre de la chambre. La jeune fille qu'elle apercevait ne lui ressemblait décidément pas. Elle se tourna vers les trois autres sorcières.
— Vous ne trouvez pas que c'est un peu… trop ? hasarda-t-elle.
Sa robe de sorcière était toujours la même dans les grandes lignes, mais de nombreuses améliorations avaient été faites. Des reflets argentés apparaissaient à chaque mouvement de la Gryffondor, et les broderies avaient été rehaussées de fils dorés. Le véritable changement se trouvait cependant au niveau de la coiffure : ses éternels cheveux en broussaille suivaient désormais un subtil dégradé, et un lissage magique les rendait plus brillants. Quelques boucles avaient été laissées ça et là, et l'ensemble était du plus bel effet. Ginny avait finalement absolument tenu à maquiller la Préfète en Chef, et les lèvres de la jeune fille paraissaient plus pleines, son teint plus vif, et ses joues plus roses.
— Trop ? s'indigna Lavande. Oserai-je te rappeler que tu as tenu à garder ta robe de tous les jours, et que nous avons dû te forcer à accepter notre aide pour la rendre plus attrayante ! Alors que nous nous étions procuré tant de belles choses… conclut-elle en soupirant exagérément.
— Vos robes sont superbes, mais elles conviennent mieux à une soirée qu'à un simple rendez-vous de Préfets.
Et sans faire attention à la toux subite de Parvati, Hermione poursuivit :
— Malgré ce que certaines pensent, je vous assure que je vous suis très reconnaissante de votre aide ! Grâce à vous, j'ai…
Mais la fin de sa phrase fut interrompue par le choc d'un bec sur la fenêtre. En tournant la tête, la Préfète reconnut le hibou mordoré qu'elle avait accueilli auparavant. Le message qu'il portait était relativement explicite :
Salut Hermione !
Nous avons organisé quelque chose pour toi, il faut que tu viennes IMMEDIATEMENT devant la nature morte située au premier étage.
Signé : Louisa, John et Andrew.
— Qu'est-ce que c'est ? Une lettre d'Alexander ?
— Non, Parvati, ce n'est pas une lettre d'Alexander, répondit Hermione en soupirant. Désolée de vous lâcher comme ça, mais j'ai un rendez-vous.
— Maintenant ? demanda Lavande.
— Mais il est 19h30 ! hurla Parvati.
— Avec qui ? s'enquit Ginny malicieusement.
Hermione relit la lettre qu'elle tenait à la main et un lent sourire se forma sur son visage.
— Avec John…
La Préfète chatouilla la poire, et pénétra dans l'immense cuisine de Poudlard en souriant. Un véritable festin se tenait sur les tables encombrant la pièce, présidé par trois élèves dont elle se souvenait très bien…
— Hermione ! s'écria Louisa dès qu'elle la vit.
— Bonjour ! Eh bien, je ne pensais pas qu'on vous affamait à ce point en première année ! Il faudra peut-être que j'en parle à Dumbledore…
Les élèves rirent, mais reprirent leur air sérieux très rapidement. Trop rapidement au goût d'Hermione.— Hermione, il faut que nous te parlions, commença John solennellement.
— Je suis tout ouïe, répondit la Gryffondor en cachant un sourire.
— C'est à propos de…
Le garçon s'interrompit, et les deux autres l'encouragèrent du regard.
— C'est à propos de Voldemort.
La Préfète ne souriait plus, désormais. Ce sorcier avait prononcé avait prononcé le nom du mage noir le plus puissant au monde, et il n'était qu'en première année ! Cela ne pouvait signifier que deux choses : ou bien il était de la même trempe qu'Harry, ou bien ce garçon était un Mangemort inconscient. Hermione priait de toutes ses forces pour que la première solution soit la bonne.
— Oui ?
— C'est une assez longue histoire… qui a commencé le jour de la rentrée. Dans le Poudlard Express, plus précisément. Nous étions seuls dans un compartiment, et après un certain temps nous nous sommes endormis. Enfin, ils se sont endormis, précisa le Serpentard en désignant ses amis. Moi, j'avais juste fermé les yeux. Et vers 16h, deux élèves sont entrés. Ils avaient une voix étouffée, mais j'ai très bien entendu leur conversation…
— Viens, asseyons-nous là.
— C'est occupé !
— Eux ? Non, ils sont endormis, il n'y a aucun danger. Alors ?
— C'est pour décembre.
— Si vite ?
— Le Maître ne veut plus attendre. Depuis que Malefoy a disparu, il se méfie de tout le monde, et préfère ne pas retarder la mise à exécution de la Grande Mutation.
— Humm… et du côté de Mandelstan ?
— Tout est prêt.
— Très bien… il ne reste plus qu'à régler le problème avec Granger.
— A ce moment-là j'ai bougé, et les deux sont partis très vite. J'avais entendu parler de ton attitude avec Mandelstan, et je ne comprenais pas bien quel était ce « régler » dont ils parlaient… alors j'ai pris peur.
Hermione était restée de glace devant la déclaration du Serpentard. Elle était en danger, c'était certain. Et il allait se produire un grand événement en décembre, capital pour Voldemort. Mais quoi ? De plus, quelle était cette histoire avec Malefoy ? Il avait disparu ? Hermione réalisa qu'elle n'avait de fait pas aperçu la fouine une seule fois… La Préfète prit soudain conscience que son silence effrayait les jeunes élèves, et elle commença à leur parler doucement.
— John, as-tu parlé à quelqu'un d'autre que moi de cette histoire ?
— A Louisa et Andrew, c'est tout.
— Tu ne dois plus la raconter à personne. La conversation que tu as surprise a une importance fondamentale… je m'étonne même qu'ils n'aient pas pris plus de précautions, mais…
— J'imite à la perfection les ronflements de mon père, ils n'ont pu se douter de rien.
— Dans ce cas… sourit Hermione. Ton acte a été très courageux, tu sais… Tu avais déjà entendu parler de Voldemort avant ton arrivée à Poudlard ?
— Dans ma famille, il n'y a pas de Mangemorts, si c'est cela ta question. Et dans celle de Louisa et Andrew non plus. Mais nous sommes ambitieux, et c'est là le seul élément qui a entraîné notre entrée à Serpentard, répondit fièrement John.
— Je ne voulais pas te blesser, mais tu comprends que la confiance que je peux placer en vous est une question très importante pour moi…
— Nous en avons conscience, Hermione, répondit Louisa, et personnellement tu ne m'as pas blessée. Mais toi, tu dois comprendre que nous te sommes entièrement dévoués. Nous ferons ce que tu nous demanderas, et si nous pouvons t'aider de quelque manière que ce soit…
— Vous ne devez pas vous mettre en danger inutilement ! protesta la Préfète, se souvenant trop bien de ce qu'elle avait vécu avec Harry et Ron. Nous sommes nombreux à combattre Voldemort, et je ne souhaite pas vous retrouver dans une telle situation ! Mais le renseignement que vous m'avez fourni est précieux, et je vous en remercie profondément, ainsi que de votre loyauté.
Les elfes de maison commencèrent soudain à s'agiter en déclarant que les tables devaient être débarrassées. Hermione jeta un regard à sa montre, et s'aperçut avec horreur qu'il était déjà 20h30. Elle s'empressa de dire un dernier au revoir à ses amis, et se précipita dans le Hall.
Osborne l'attendait d'un pied très, très ferme.
— Tu es en retard, Granger.
— J'avais un rendez-vous, répondit Hermione dignement, en empêchant ses jambes de trembler.
— Avec qui ? cria le Préfet.
— Avec John ! hurla la Gryffondor.
Le Serpentard pâlit, et son regard se fit menaçant.
— Je t'avais dit d'annuler cet entretien !
— Ah, parce que maintenant il faut que je fasse ce que tu me dis ? répondit Hermione dédaigneusement.
Il n'avait même pas émis une seule remarque sur son apparence ! Ce type n'était décidément qu'un rustre !
— Viens, poursuivons cette conversation dehors. Il y a trop de monde ici, grogna Osborne en la tirant par le bras, l'éloignant ainsi des nombreux regards de curieux assistant à la scène.
— Mais tu me fais mal ! Lâche-moi ! se débattit la Gryffondor, alors qu'ils descendaient les escaliers.
— Pas tant qu'on ne sera pas arrivés.
— Tu ne sais pas à quoi tu t'exposes… menaça la Gryffondor.
— J'ai ma petite idée sur la question, alors tais-toi !
— AAAAAAHHHHHHH !
Mais alors que le cri d'Hermione résonnait à travers la cour de l'école, les paroles de son entretien avec Harry lui revinrent en mémoire. « Je ferai tout ce qui est en mon pouvoir pour t'aider… ». Son appel mourut dans sa gorge, et Alex eut un sourire de satisfaction.
— Je savais bien que nous allions finir par nous entendre ! Au fait, merci de t'être arrangée pour ne pas me faire honte.
— Mais de quoi parles-tu ?
— De ton apparence… Tu étais déjà très mignonne avant, mais là tu es vraiment belle.
Hermione resta silencieuse quelques secondes sous l'effet de la surprise, et enchaîna immédiatement.
— C'est une avance ?
— Absolument pas !
— Parfait, cela t'épargnera un refus.
Et jouissant secrètement de l'air ahuri d'Osborne, Hermione poursuivit imperturbable :
— Nous devons mettre au point les sorties à Pré-au-Lard, les…
— Tu te conduis toujours de cette manière quand tu es gênée ? l'interrompit Osborne.
— Je ne vois pas de quoi tu veux parler.
— Dans cas moi non plus. Voici un premier planning de l'année, enchaîna le Serpentard sans insister.
Sa réaction prit Hermione de court. Elle ne savait décidément plus quoi penser d'Osborne. Mangemort potentiel ou espion dévoué à la cause de Dumbledore, un peu trop joli cœur à son goût ?
Deux longues heures plus tard, Hermione s'étira langoureusement dans l'herbe bordant le lac de Poudlard. Tout avait été mis au point concernant l'année, et la Gryffondor ne se sentait plus d'aise. Les étoiles brillaient dans le ciel, et elle était toute à la poésie de l'instant quand de longs gargouillements lui rappelèrent qu'elle n'avait pas mangé depuis de longues heures, n'ayant pas pu profiter du repas préparé par les trois Serpentards.
— On a faim, Granger ? remarqua Malefoy.
— Ça te pose un problème ? réagit Hermione sur la défensive.
— Nullement. En fait, j'avais déjà prévu cette petite… éventualité.
Le Serpentard tira de sa poche un petit panier auquel il fit reprendre rapidement une taille normale.
— Les elfes de maison m'ont aidé, je dois dire…
A ces mots, Hermione se souvint brusquement de la conversation qu'elle avait eue avec John, Louisa et Andrew, et dont elle devait absolument informer Osborne.
— J'ai appris quelque chose concernant notre mission, cet après-midi, murmura-t-elle.
Alex la fixa aussitôt, son attention subitement éveillée.
— Voldemort prépare quelque chose pour décembre. Et ils doivent « régler » quelque chose avec moi.
— Attends, ne va pas trop vite. Tu dis que Voldemort passera à l'attaque en décembre ? Mais c'est au milieu de l'année ! Et comment ça, régler ?
— Je n'en sais pas plus que toi. Mais je ne pense pas que ce soit très agréable pour moi…
— Il faut absolument prévenir Dumbledore. Comment l'as-tu appris ?
— Des élèves qui ont entendu une conversation entre deux Mangemorts. A ce propos, tu savais que Malefoy avait disparu ?
Le regard d'Osborne se fit fuyant.
— Malefoy ? Oui, on m'en a informé dans le Poudlard Express. Mais qu'a-t-il à voir avec notre mission ?
— Ce type était l'un des Mangemorts les plus influents de l'école. C'est un monstre. Il n'a jamais cessé de nous vouloir du mal, à Ron, Harry et moi. Sang de bourbe… C'était son insulte préférée… Je le hais ! Mais pourquoi aurait-il disparu ?
Hermione regardait fixement le lac, et ne put voir le masque de tristesse qui s'était abattu sur le visage du Préfet. Quand la voix d'Osborne s'éleva, celle-ci paraissait très lointaine :
— J'ai entendu dire qu'il avait renié son père…
— Quoi ?
Le cri d'Hermione avait déchiré la nuit noire.
— Il se cache pour échapper aux armées de Voldemort. On l'a dénoncé, et depuis…
— Mais pourquoi ? Pourquoi a-t-il défié ainsi Voldemort ?
Osborne haussa les épaules d'un air d'ignorance.
— Je ne suis arrivé que cette année et ne l'ai jamais rencontré. Il ne faut pas trop m'en demander…
Hermione restait muette sous le choc. Malefoy, avec Dumbledore… C'était contraire à tout ce qu'il avait bâti pendant sa scolarité… Elle s'aperçut soudain que des larmes roulaient doucement sur sa joue, et les essuya d'un mouvement rageur.
— Hermione…
La Préfète sentit sur son cou le souffle chaud de la respiration d'Osborne, mais ne fit rien pour s'écarter.
— Hermione… insista le Serpentard en tournant le visage de la Gryffondor vers lui. Hermione, pourquoi pleures-tu ?
— Je ne pleure pas, murmura la Gryffondor dans un dérisoire effort pour cacher sa détresse.
— Bien sûr que si. Ne me dis pas que tu pleures pour… Malefoy ?
Hermione ne savait plus où elle en était. Pleurait-elle sur Malefoy, sur elle-même, sur Harry ? Tout se mélangeait. Aussi, quand le Serpentard approcha lentement son visage et appuya doucement ses lèvres contre les siennes, elle se laissa faire, comme hypnotisée.
De longues secondes plus tard, la Préfète réalisa brusquement qu'elle était allongée au bord du lac, en train d'embrasser désespérément un des Serpentards les plus potentiellement dangereux de Poudlard. Hermione mit brutalement fin au baiser et se releva, haletante.
— Ne refais plus jamais ça, tu entends ?
Osborne la regarda, ahuri.
— Quoi ?
— M'embrasser… Je ne sais pas ce qui t'a pris, mais il est inutile que tu envisages une seule seconde de recommencer ! Comment as-tu osé ?…
Osborne sembla soudain lui aussi prendre conscience de ce qui s'était produit et regarda avec horreur le lieu où ils s'étaient allongés, à côté du panier désormais dérisoire. Il entendit des bruits de pas, et se retourna brusquement, mais c'était déjà trop tard.
Hermione s'était enfuie…
Fin du sixième chapitre.
Fin du chapitre le plus long que j'ai jamais écrit ! Petite larme de circonstance… Mes doigts sont pleins de crampes, mais j'espère que le résultat vous a plu ! ( Ne vous inquiétez quand même pas trop pour moi, je survivrai…lol).
Par contre, je répondrai aux reviews dans le prochain chapitre, n'ayant malheureusement pas le temps de m'en occuper cette semaine… Je préfère vous envoyer le chapitre plus tôt !
Alors, au prochain chapitre, et n'oubliez pas de reviewer !
Caraibos.
