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Chapitre 7 : Apparition

Quand Hermione était revenue essoufflée de son rendez-vous avec Osborne, les cheveux ébouriffés, la robe pleine de terre, et les joues couvertes de larmes, ses compagnes de dortoir n'avaient posé aucune question et s'étaient occupées d'elle calmement, la déshabillant et la couchant comme si elle était encore une enfant. Le lendemain, Ginny avait essayé d'obtenir quelques renseignements sur son entretien de la veille, mais la Gryffondor était restée muette, et ses amies avaient été effrayées par la violence contenue dans son regard, signe de sa grande souffrance. Depuis ce jour, Hermione assistait aux cours de manière automatique, et ne parlait à personne. Son travail était toujours fait, elle connaissait toujours le dernier mot de passe de la Salle Commune, mais son esprit était comme absent, en dehors d'elle. Tous ses amis s'inquiétaient, Harry le premier, et personne ne comprenait ce qui avait pu plonger la Préfète en Chef dans une telle détresse. Seul dans sa chambre, une fois le soir venu et les lumières éteintes, Harry s'interrogeait et culpabilisait en silence. Il se souvenait si bien de ce matin où il avait ordonné à Hermione de se rendre à ce rendez-vous... Il était donc entièrement responsable de son état actuel…

Un matin, n'y tenant plus, le jeune homme déclara à Ron et Ginny qu'il allait trouver Osborne pour tirer la situation au clair. Les trois Gryffondors prenaient leur petit-déjeuner en silence, comme c'était souvent le cas depuis la décision d'Hermione d'éviter au maximum la Grande Salle, et la déclaration de Harry fit l'effet d'une bombe. Ron s'agita nerveusement sur sa chaise.

— Harry… tu n'es pas sérieux, quand même ?

— Je t'ai connu plus téméraire, Ron, remarqua sarcastiquement Harry.

— Mais Osborne… Enfin, il vient de Durmstrang !

— C'est une maladie dangereuse ?

— Non, mais une véritable réserve à Mangemorts !

— Ron, je pense qu'Harry sait ce qu'il fait, intervint calmement Ginny.

— Merci, Ginny.

La Gryffondor rosit légèrement.

— Nous n'avons aucun cours en commun avec les Serpentards aujourd'hui, Harry ! tenta Ron une nouvelle fois.

— Et alors ? Il me suffira de le rencontrer à un autre moment, dans la soirée par exemple.

— Mais... comment pourras-tu décider d'un lieu de rendez-vous si tu ne le vois pas auparavant ? demanda timidement Ginny, qui ne voulait pas s'attirer les foudres de son ami.

Harry poussa un soupir excédé.

— Je me débrouillerai. Bon, MacGonagall doit nous attendre, il faudrait songer à y aller.

Les deux autres acquiescèrent silencieusement, et suivirent le Gryffondor sans plus poser de question.


Harry se levait de table après le déjeuner, quand il aperçut Osborne au milieu de ses amis, paradant avec une nouvelle grue à son bras. Celles-ci n'avaient pas cessé de défiler auprès de lui depuis la rentrée, et Harry se sentit rempli de dégoût et de haine pour un individu pouvant disposer aussi facilement de la gente féminine de Poudlard. Il lui faisait penser à Malefoy...

Mais il lui fallait mettre sa rancœur de côté s'il voulait tenir avec le Préfet une conversation à peu près civilisée, et Harry tenta de se calmer tout en se dirigeant vers la table des Serpentards. Osborne le vit arriver vers lui et haussa un sourcil surpris, empreint d'une certaine ironie.

— Tiens donc, Monsieur Potter nous fait l'honneur d'une visite ! s'exclama-t-il.

— Il faut qu'on parle, Malef... Osborne.

Harry se mordit nerveusement la lèvre. Il devenait fou ! Il avait failli appeler Osborne par le nom de son ancien ennemi... « Chassez le naturel, il revient au galop », aurait murmuré Hermione en souriant si elle avait été là. La pensée de son amie renforça le Gryffondor dans sa détermination, et il ne tint pas compte des ricanements moqueurs des autres Serpentards. Mais quand il releva la tête, il fut surpris de découvrir de l'inquiétude dans le regard d'Osborne, comme si le Serpentard craignait d'apprendre ce que le jeune homme voulait lui dire...

— J'aimerais qu'on se rencontre... seuls, demanda Harry d'une voix forte.

— Tu me proposes un duel ? ironisa Osborne.

— Si tu m'y pousses... Mais ce n'est pas l'objet premier de ma demande. Donne-moi une heure et un lieu qui t'arrangent pour notre rendez-vous.

Le Serpentard jeta un regard tendu vers son groupe d'amis, et, se dégageant sans ménagement du bras de « Jennifer », il tira le Gryffondor à l'écart.

— 21h, la troisième porte du deuxième couloir après notre Salle Commune.

Osborne s'éloignait déjà quand Harry le rappela.

— Et où trouverai-je votre Salle Commune ?

Le Serpentard rit légèrement, et répondit en fixant Harry de ses yeux bleus :

— Et où serait la difficulté si je te le disais ?


Ginny s'était fait du souci pour Hermione toute la journée, mais son inquiétude se tournait désormais vers Harry également. Elle l'avait vu parler avec Osborne à l'heure du déjeuner — auquel n'avait pas participé la Préfète — et bien qu'elle ait toute confiance dans le Gryffondor, elle ne pouvait s'empêcher de craindre les conséquences d'un tel entretien. Elle aussi désirait un changement dans le comportement d'Hermione, mais elle restait persuadée qu'avec le temps tout rentrerait dans l'ordre. Il n'y avait en tout cas nul besoin d'envenimer les choses par une confrontation avec le Serpentard, dont tout semblait indiquer qu'il était à l'origine de la détresse d'Hermione...

La cinquième année se dirigeait pensivement vers sa Salle Commune à la fin de la journée, quand elle s'arrêta à la vue d'un petit groupe, qui semblait étrangement désemparé devant le portrait de la Grosse Dame. Ginny ne put retenir un hoquet de surprise quand elle réalisa qu'ils appartenaient à la maison vert et argent. Pourtant, elle avait l'impression de les connaître... La mémoire lui revint subitement : il s'agissait des trois sorciers du Poudlard Express qui étaient tombés en admiration devant Hermione. Ceux-ci se tournèrent vers Ginny, et leurs visages s'éclairèrent quand ils la reconnurent.

— Je peux vous aider ? demanda Ginny en souriant.

— Oui, nous... Euh... nous aimerions parler à Hermione, répondit timidement la petite fille.

Ginny pinça les lèvres en signe de désapprobation.

— Hermione est un peu malade. Elle se repose...

— C'est vraiment important ! cria le garçon aux chevaux bruns. Et nous promettons que nous ne la fatiguerons pas.

— Je ne sais pas si...

— S'il-te plaît... gémirent les trois sorciers.

Ginny jeta un coup d'œil anxieux derrière son épaule et vérifia que personne ne se trouvait dans le couloir.

— Bon, d'accord. Mais retournez vos capes ! Les Serpentards ne sont pas les bienvenus ici...

La mine réjouie des trois sorciers réveilla l'appréhension de la Gryffondor, mais il était trop tard pour revenir en arrière. Lentement, elle prononça le mot de passe qui permettait d'entrer dans la Salle Commune...


— Hermione ?

La jeune fille se leva lentement de son lit, et posa rapidement une robe de chambre sur ses épaules, avant de se rendre vers la porte du dortoir qu'elle entrebâilla de quelques millimètres.

— Qui est-ce ?

Sa voix était rauque. Elle avait encore pleuré de longues heures pendant l'après-midi, et avait perdu l'habitude de parler depuis... assez longtemps.

— Hermione, c'est nous ! Louisa, John, et Andrew...

La petite bande se pressait pour tenter d'entrer dans la chambre, mais la Gryffondor en barrait fermement l'accès. L'aspect d'Hermione alarma encore plus les trois sorciers que ce qu'ils avaient entendu dire sur son comportement des dernières semaines. Les cernes lui mangeaient les yeux, et des plis amers creusaient les coins de sa bouche. La joie de vivre semblait avoir disparu de son visage fatigué, et les trois Serpentards opérèrent un mouvement de recul, qui n'échappa pas à la Préfète.

— Qu'est-ce que voulez ? demanda sèchement Hermione. Je n'ai pas de temps à perdre.

— Nous voulons te parler... Nous avons l'impression que tu nous évites, et... Pourquoi es-tu devenue ainsi, Hermione ? Pourquoi ?

— Je n'ai pas de comptes à rendre aux Serpentards. Disparaissez, maintenant.

Hermione repoussa violemment la porte, mais le pied de John s'interposa comme par magie.

— Non ! Tu vas écouter ce que nous avons à te dire !

— Et si je n'en ai aucune envie ? ricana la Gryffondor.

La jeune fille ne pouvait croire que c'était elle qui avait prononcé ces paroles. Etait-elle donc devenue si cruelle ? Mais les Serpentards ne reculèrent pas.

— C'est la même chose... Hermione, pourquoi es-tu si agressive ? As-tu réalisé ton comportement des dernières semaines ? Plus personne ne te voit rire, ni ne t'entend parler... Tu ne remplis même plus ton rôle de Préfète, ce qui d'ailleurs alourdit considérablement la tâche de ton collègue...

Hermione en avait assez entendu.

— Parlons-en, de mon collègue ! S'est-il plaint, lui, de mon état ? A-t-il lui aussi déploré que je passe mon temps à pleurer, et a-t-il regretté mon absence ?

Le silence des trois sorciers constituait le plus clair des aveux, et Hermione ricana une fois encore d'un air désabusé.

— Partez, s'il vous plaît. Maintenant.

Cette fois-ci, la bande n'insista pas, mais Hermione reçut de plein fouet leur regard empli de tristesse. John prit une dernière fois la parole.

— Peut-être qu'Osborne est insensible, Hermione. Peut-être. Mais n'oublie jamais que nous sommes nombreux à ne pas l'être. Et nous, nous désirons te voir revenir.

— Au revoir, John, murmura Hermione d'une voix brisée par l'émotion.

Après le départ des trois Serpentards, Hermione se jeta sur son lit, et réfléchit profondément, les yeux brûlants. Avait-elle pris la bonne décision ? La Gryffondor avait conclu que la solution la plus simple pour apaiser son esprit était de présenter sa démission à Dumbledore, et elle avait décidé de s'en occuper le jour même. Mais l'air perdu de ses protégés lui avait fait prendre conscience de tous ces élèves auxquels elle s'était attachée dans l'exercice de ses fonctions. Elle ne pouvait pas les abandonner ainsi. Et l'Ordre... Ils avaient besoin d'elle là-bas...

Non, elle n'allait pas démissionner. Cela aurait constitué une réaction démesurée. Qu'aurait-elle dit pour justifier sa décision : Osborne me harcèle ? Le Serpentard aurait éclaté de rire, en déclarant qu'il n'avait jamais vu de fille plus consentante. Et il aurait eu raison...

Pourtant, Hermione ne comprenait pas comment elle avait pu laisser Osborne l'embrasser avec ce qu'elle soupçonnait à son égard. Pour elle, Alex constituait toujours un danger : Serpentard provenant de Durmstrang, les chances qu'il mène un double jeu étaient énormes. Bien sûr, elle lui avait rapporté ce que les trois sorciers lui avaient appris, devant se conformer à sa mission. Mais tout aurait dû s'arrêter à ce moment précis. Elle aurait poliment décliné son invitation à rester dîner au bord du lac, et se serait directement rendue à la cuisine. Mais sa révélation à propos de Malefoy l'avait bouleversée, et elle s'était sentie perdre tous ses moyens, précipitant ainsi... l'incroyable. Car leur baiser avait été à proprement parler inoubliable...

Cependant, Hermione avait été marquée au fer rouge par le regard dégoûté qu'Osborne avait posé sur elle après leur étreinte. Ces yeux l'avaient blessée de manière plus cruelle que la pire des insultes. Oui, elle était une Sang de Bourbe, indigne du Serpentard... La Gryffondor avait vu sa fierté piétinée et depuis, le soleil avait disparu de son existence, une honte sans nom la rongeant de l'intérieur. Mais devait-elle laisser Osborne gâcher sa vie ? Elle n'avait pas besoin de lui pour être heureuse. Au contraire, le tourmenter serait pour elle la plus grande des délivrances...

L'entrée de Lavande et Parvati dans la chambre la tira de ses réflexions, et Hermione se redressa lentement. Ses amies lui envoyèrent leur habituel regard inquiet, et cherchèrent rapidement leurs affaires de Métamorphose. Mais Hermione se mit à rire, d'un rire cristallin qui sembla remplir la pièce d'une atmosphère de gaieté. Les deux jeunes filles se regardèrent d'un air franchement alarmé, et la Gryffondor réalisa que son attitude devait paraître légèrement étrange à leurs yeux.

— Hermione... tu vas bien ? s'enquit doucement Lavande.

La Gryffondor leur fit un énorme sourire, et se précipita pour les serrer dans ses bras.

— Oh oui, je vais bien ! A vrai dire, je ne me suis pas sentie aussi bien depuis de longues semaines !

— Hermione, tu... commença Parvati.

Mais la jeune fille se mit à pleurer, et, renonçant à articuler quoi que ce soit, elle serra fort Hermione dans ses bras.

— Si tu savais comme tu nous as manqué... murmura Lavande.

— Oui, vous aussi, vous m'avez manqué... J'ai dû vous paraître...

— Non, ne reviens pas là-dessus, c'est mieux ainsi. Je préfère connaître les raisons de ta joie plutôt que de ta douleur.

Hermione sourit devant la formule employée par son amie, mais ne répondit rien. Elle n'avait pas envie de leur parler de son rendez-vous avec Osborne, ni du fait qu'elle avait décidé de harceler le nouveau Préfet. Elles allaient de toute façon s'en rendre compte facilement par elles-mêmes...

— Hermione ? demanda timidement Parvati, qui avait apparemment retrouvé sa voix.

— Oui ?

— Euh... Ne le prends pas mal, surtout, mais je t'offre mon aide pour... enfin...

Hermione avait compris. Elle se tourna franchement vers le miroir qu'elle n'avait pas regardé depuis trois semaines.

— Oui, Parvati, j'accepte ton aide.

Elle rit doucement.

— Je te souhaite bonne chance, d'ailleurs...


Harry ne cessait de descendre. Plus bas, toujours plus bas... Il avait dépassé les cachots de Rogue depuis longtemps maintenant, mais les escaliers ne semblaient jamais devoir finir. La Salle Commune des Serpentards devait suinter l'humidité, ce n'était pas possible ! Harry réalisa la pensée qui venait de lui traverser l'esprit : ce n'était pas possible... Non, effectivement, la possibilité que les Serpentards habitent à cet étage semblait définitivement exclue. Mais quand le Gryffondor se retourna en soupirant et entreprit le chemin en sens inverse, il s'aperçut rapidement que rien autour de lui ne stimulait sa mémoire. Il s'était complètement perdu...

Après plusieurs tours et détours dans les sous-sols de Poudlard, Harry en eut assez et s'arrêta en plein milieu du couloir. La pensée qu'Osborne ait réussi à l'attirer dans cette situation l'exaspéra, et dans un geste de frustration il cogna du pied une pierre qui se trouvait là, la faisant rouler sur le côté dans les obscurités du château. Cependant, au lieu de l'habituel choc rocailleux qu'il s'était attendu à entendre, Harry discerna distinctement un son métallique, parfaitement incongru à cet endroit. Intrigué, le Gryffondor s'approcha doucement du mur.

Lumos !

La faible lueur produite par sa baguette le fit plisser les yeux, et il approcha doucement sa main jusqu'à sentir un métal froid sous sa paume. Harry approcha sa baguette, et distingua alors nettement une vieille porte en fer, sans grand intérêt. Le Gryffondor commença à repartir en direction d'hypothétiques escaliers, mais l'apparition d'un rai de lumière vertical le fit s'arrêter brutalement. La porte était ouverte, et la pièce derrière elle n'était apparemment pas vide...

Le cœur battant, le Gryffondor augmenta très légèrement l'espace de lumière, sans qu'aucun grincement ne survienne. La porte était donc fréquemment utilisée... Quelques centimètres plus tard, l'interstice était suffisant pour que le jeune homme ait un aperçu précis de la scène qui se jouait à l'intérieur. Harry retint son souffle : il assistait à l'un des événements les plus étranges de sa scolarité...

Au centre de la pièce, tranchant avec la sobriété des murs froids et nus, se tenait un miroir haut de deux mètres, décoré de dorures éblouissantes, et dont émanait une puissante lumière blanche. Des formes indistinctes se mouvaient dans le verre, et leurs étranges mouvements semblaient être à l'origine du phénomène lumineux.

Mais ce qui retint l'attention d'Harry ne fut ni la taille imposante du miroir, ni sa projection de photons, ni même les esprits qu'il semblait contenir. Car devant la glace, éblouie par sa luminosité, Pansy Parkinson se métamorphosait peu à peu, devenant l'une des plus belles créatures que le Gryffondor ait jamais rencontrées... Le miroir cessa soudain de produire son éclatante lumière blanche. La jeune fille qui se tenait désormais devant lui n'avait plus rien à voir avec les traits disgracieux de la Serpentarde. Sa longue chevelure brune dansait au rythme de ses pas, alors que l'inconnue admirait son reflet sous toutes les coutures, et le Gryffondor eut du mal à ne pas se précipiter vers elle en entendant son rire perlé. Elle était... éblouissante.

Mais le charme ne sembla durer qu'un instant. Déjà, la luminosité était présente à nouveau, et Pansy commençait à réapparaître. Une fois la métamorphose terminée, la jeune fille caressa tristement le miroir en signe d'adieu, et commença à se diriger vers la porte de fer. Harry se jeta précipitamment sur le côté en s'apercevant qu'elle s'avançait vers lui, et se fondit dans l'obscurité. La Serpentarde ferma la porte à clé, et s'engagea résolument dans le couloir. Sans hésiter, le Gryffondor la suivit, certain que la jeune fille allait le conduire à la Salle Commune des Serpentards. Quelques minutes plus tard, son espoir se trouva confirmé, et il abandonna avec regret la jeune fille, se mettant immédiatement en recherche de la salle où Osborne devait l'attendre.

Celle-ci ne fut pas difficile à trouver. A l'intérieur, deux fauteuils étaient disposés devant une belle cheminée, un magnifique tapis persan couvrant le sol. A l'arrivée d'Harry, le Préfet leva négligemment la tête du dossier, et jeta un coup d'œil à sa montre.

— Pas mal, tu n'as que quarante minutes de retard.

Harry sentit la fureur lui serrer la gorge.

— Toi, tu vas te taire immédiatement ! Compris ?

— C'est à ton Préfet en Chef que tu parles ainsi ?

— Non, je parle au type responsable de la souffrance d'une amie très chère !

— Oui... Granger, je suppose ? demanda sarcastiquement Osborne. J'imagine qu'elle s'est longuement étendue sur tous les supplices que je lui ai fait subir..

— Elle n'a rien dit ! cracha Harry. Hermione est une personne loyale, et il ne lui viendrait pas à l'idée de critiquer des individus absents... contrairement à d'autres !

— Et je dois évidemment me compter dans ces « autres »...

Harry resta muet.

— Eh bien, dis-moi pourquoi tu désirais me voir au lieu de rester planté là ! s'énerva Alex.

— Que lui as-tu fait ? attaqua Harry.

— Pardon ?

— Je répète : que lui as-tu fait ?

— Je ne vois pas de quoi tu veux parler, s'impatienta le Préfet.

— Hermione n'est pas revenue bouleversée de votre rendez-vous parce qu'elle n'a pas obtenu satisfaction sur la date de la prochaine sortie à Pré-au-Lard ! C'est toi le responsable de sa détresse, et j'exige de savoir pourquoi !

— Et si je te dis que je ne suis pour rien dans son état actuel ?

— Je ne te crois pas une seconde.

— Je ne lui ai rien dit, tu sais. Je te donne ma parole que rien de ce que je lui ai déclaré n'est à l'origine de sa « détresse », comme tu dis.

— Là encore, je ne te crois pas.

Le Serpentard ne répondit rien, mais leva les yeux au ciel dans un geste d'agacement.

— Bon, et bien dans ce cas c'est quelque chose que tu lui auras fait ! poursuivit Harry. Quoi ?

— Tu t'aventures dans des questions qui ne te regardent absolument pas.

— J'en étais sûr... Tu l'as frappée, c'est ça ?

— Tu sais quoi, Potter ? Tu es un des types les plus soûlants que je connaisse. Alors va la retrouver, ta Granger, et laisse-moi tranquille maintenant.

— Tu étais censé nous aider... murmura Harry.

— Et qui te dit que je ne le fais pas ? Sache que j'ai obtenu des informations assez intéressantes, dernièrement. Mais comme ma coéquipière était hors service, j'ai dû m'en référer directement à Dumbledore, voilà tout.

— Voilà tout, répéta Harry sombrement. Inutile de te faire remarquer que le fait qu'Hermione soit « hors service » est entièrement de ta faute... Tu me répugnes, Osborne.

Et Harry tourna silencieusement des talons.


Resté seul, Malefoy se surprit à méditer sur son comportement des dernières semaines. La détresse ouvertement affichée par Hermione l'avait légèrement surpris, mais il n'y avait accordé que peu d'importance, surtout parce qu'il s'était persuadé que la Gryffondor l'avait longuement critiqué à ses amis. Il avait éprouvé un peu de culpabilité quand il s'était aperçu que la Préfète sautait les repas, et qu'elle gardait des yeux rougis du matin au soir, mais finalement, ne restait-elle pas Granger l'emmerdeuse ? Et la venue de Harry aujourd'hui ne faisait que confirmer cette impression... Il ne savait pas exactement ce qui l'avait poussé à l'embrasser, mais gardait le souvenir d'une bouche diablement attirante, sous ses yeux voilés par l'émotion. Qu'est-ce qu'elle avait été belle, ce jour-là...

Draco secoua ses épaules d'un air impatienté. Granger, séduisante ? Ce n'était qu'un rat de bibliothèque, oui, malgré ce qu'elle pouvait en dire ! Mais ce John... Malefoy n'arrivait pas à définir l'impression d'agacement qu'il ressentait à chaque fois que la pensée du mystérieux Gryffondor lui traversait l'esprit. Ce garçon était resté introuvable malgré ses recherches approfondies, mais Hermione n'était pas arrivée en retard pour rien...

— Draco ?

Kate se tenait dans l'embrasure de la porte, distante. Malefoy poussa un soupir. Les ennuis continuaient, il se devait maintenant de supporter la compagnie de Katharine la raisonneuse après Potter le saint ! Ils étaient bien assortis ces deux-là !

— Tu te lèves ? On t'attend, dans la Salle Commune. Tu as même droit à un vrai petit comité de réception...

— Oui, c'est bon, j'arrive... Tu ne pourrais pas me laisser respirer un peu ?

Draco regretta immédiatement son mouvement d'humeur, et s'excusa silencieusement. Kate le condamnait depuis maintenant trois semaines pour son attitude avec Granger... Typiquement Serdaigle, comme attitude ! La jeune fille admirait visiblement Hermione, et elle n'avait pas du tout apprécié son changement de caractère, qu'elle attribuait très justement à Draco. Avait suivi une longue discussion entre les deux sorciers, mais Draco n'avait pas lâché le morceau, et Kate le traitait désormais avec une froide politesse en privé, devant toutefois garder son rôle de Pansy auprès des autres élèves.

— Qu'as-tu fait ce soir pendant que je n'étais pas là ? demanda Draco.

La Serdaigle marqua un temps d'hésitation, mais celle-ci disparut rapidement tandis qu'elle répondait d'une voix forte.

— Rien… Je me suis ennuyée dans la Salle Commune, à supporter les gloussements de Sylvia. Ah si, je me suis absentée à la bibliothèque quelques minutes… Pourquoi ?

Draco sourit.

— Pour rien… Ça t'étonne que je m'intéresse à toi ?

— Un peu, oui… répondit Kate en riant.

Mais la jeune fille retrouva vite son sérieux.

— Tu sais, quand je t'ai parlé tout à l'heure d'un comité de réception… je ne mentais pas. Mandelstan est remonté à bloc et il t'attend dans la Salle Commune avec tous ses « copains »… D'ailleurs, cela m'étonne un peu de sa part. J'ai toujours pensé que ce type n'avait pas de tripes !

Le Serpentard rit bruyamment.

— Moi, ce qui m'étonne est plutôt le fait qu'il ait attendu si longtemps avant de me faire sa déclaration d'amour…

— Tu n'appréhendes pas votre confrontation ? répliqua Kate, surprise.

— Mmm, non, pas vraiment. Enfin… disons que j'ai plutôt hâte de voir comment ça va se passer…


Harry se dirigeait rapidement vers la porte de sa chambre, quand il entendit un éclat de rire provenant du canapé de leur Salle Commune. Et il le reconnaissait si bien…

— Hermione ! cria Harry en se retournant.

Elle était là, rayonnante, entourée de tous ses amis, riant d'une blague de Ron ou Seamus. Le changement était si brutal que le Gryffondor en perdit la voix un court instant. Puis il se précipita pour la serrer dans ses bras.

— Harry ! s'écria son amie. Ouch ! Harry, tu m'écrases !

— Ce n'est pas grave… Hermione, que t'est-il arrivé ?

— Rien… murmura la Gryffondor, mais son regard laissait entendre tout autre chose. On peut se voir un moment ?

— Oui, je crois qu'il y a effectivement un grand besoin de ce côté, vu que je ne t'ai pas parlé depuis trois semaines…

Hermione eut un sourire d'excuse pour le cercle d'amis rassemblé autour d'elle.

— Je dois parler avec Harry… A plus tard !

Un murmure de protestations se fit entendre, mais la Gryffondor s'éloigna rapidement avec son ami. Une fois sortis de leur Salle Commune, Harry prit brusquement le bras d'Hermione et commença à l'entraîner en direction des cachots.

— Harry, où m'emmènes-tu ?

— Là où j'ai fait dernièrement une découverte extrêmement intéressante.

— Concernant Voldemort ?

— Je ne sais pas encore. Cependant j'ai des doutes… Mais parlons plutôt de toi : qu'est-ce qui a motivé cette renaissance, Hermione ?

Un éclair de tristesse parcourut le visage de la jeune fille.

— Demande plutôt ce qui a motivé ma déchéance…

— Pour ça, je suis au courant. J'ai vu Osborne ce soir.

— Ah bon ? s'inquiéta aussitôt Hermione. Ginny ne m'en avait pas informée… Et il t'a dit… tout ?

— Non, pas tout…

Hermione soupira de soulagement.

— …mais assez pour que je puisse comprendre à travers les lignes. Ça n'a pas dû être une partie de plaisir pour toi, n'est-ce pas ?

La Gryffondor se demanda si l'ironie cruelle de cette dernière phrase était voulue ou pas. Osborne avait-il, oui ou non, parlé à Harry de leur baiser ?

— Ecoute, Harry… commença-t-elle.

Mais le Gryffondor lui intima l'ordre de se taire. Hermione réalisa qu'ils s'étaient enfoncés très profondément dans les entrailles du château. Harry lui désigna soudainement un coin de mur, qu'il éclaira avec sa baguette. Une porte.

— Harry… souffla Hermione.

— Chut !

— Quoi, chut ?

— Elle est peut-être revenue.

— Mais qui, elle ? Tu ne pourrais pas être un petit peu plus explicite ?

Le Gryffondor se tourna vers elle et lui sourit d'un air penaud.

— Je t'expliquerai tout dans quelques minutes. Mais aurais-tu en tête un sort assez puissant d'ouverture de serrures ?…

— Seulement Alohomora. Je doute que ce soit suffisant…

— On peut toujours essayer.

Le Gryffondor se concentra et la porte s'ouvrit sans aucune difficulté devant le visage ébahi des deux sorciers.

— Dis, Harry, tu es sûr que cela concerne Voldemort ? Il se serait mieux protégé que cela, non ?…

— Je n'en sais rien, je te répète…

Une exclamation étouffée le fit soudain s'interrompre. Hermione avait les yeux fixés sur le miroir.

— A quoi te fait-t-il penser quand tu le découvres ainsi ? demanda Harry.

La réponse d'Hermione ne se fit pas attendre.

— Au miroir du Riséd et à celui de la marâtre de Blanche-Neige.

— C'est bon, nous avons les mêmes références.

— Tu veux dire que toi aussi… Blanche-Neige ?…

— J'ai grandi chez les Dursley, je te rappelle. Et Dudley était particulièrement accro. Mais là n'est pas le problème. Figure-toi que ce miroir exerce la même fonction que le Polynectar.

— Qu'as-tu vu exactement ? demanda Hermione calmement.

— J'ai vu Pansy Parkinson se métamorphoser, ce soir. Le miroir envoyait une sorte de lumière blanche, et ses cheveux devenaient plus bruns, sa peau plus claire, ses dents plus blanches, sa taille plus mince…

— En clair, tu es complètement sous le charme, sourit Hermione.

— Pas du tout ! Puis la lumière est réapparue, et Pansy est redevenue elle-même.

— Attends une minute : Pansy est redevenue elle-même, ou l'inconnue a repris l'apparence de Pansy ? La différence est de taille.

— Je penche pour la deuxième solution.

— Alors c'est grave. Et tu es sûr n'avoir jamais vu l'inconnue auparavant ?… Non, d'accord, j'ai compris, tu l'aurais remarquée, ne me fusille pas du regard !

— Qu'est-ce que tu proposes ?

— Une enquête discrète. Pas la peine d'affoler Dumbledore, nous ne savons rien encore de précis. Mais si nous découvrons que cette fille n'est pas Parkinson, il faudra en avertir Dumbledore et…

Hermione avala péniblement sa salive.

— …et Osborne.

— Et si tu nous faisais un rapide bilan de nos alliés au moment présent ?

La Gryffondor inspira profondément.

— Nous avons toi, Dumbledore et moi qui sommes du côté de l'Ordre. Nous avons Osborne qui est censé jouer le rôle d'agent double pour nous. Et nous avons Parkinson, qui est encore une énigme.

— Que veux-tu dire avec « censé » ?

— A mon avis, Osborne est contre nous.

— Ce qui nous donne comme définition d'Osborne : agent quadruple. Il espionne les Serpentards et nous donne les infos qu'il reçoit, mais en même temps il est allié avec les Serpentards, il nous espionne puis donne ces nouvelles infos à Voldemort. Un peu tiré par les cheveux, non ?

— Ne te moque pas de moi au sujet d'Osborne.

— Si tu veux. Bon, si on rentrait ? Il n'y a plus rien d'intéressant ici.

Alors que les Gryffondors remontaient, Harry réengagea la conversation.

— Osborne m'a dit ce soir qu'il avait appris des informations intéressantes récemment. Tu es au courant ?

— Non, il ne m'a rien dit. Et Dumbledore non plus, soupira la Préfète. J'ai vraiment manqué à toutes mes obligations dernièrement…

— Si tu veux en parler… proposa Harry.

— Chut ! siffla Hermione. Tu entends ?

Le Gryffondor s'immobilisa et parcourut les lieux du regard.

— Nous sommes devant la Salle Commune des Serpentards ! s'exclama Harry.

— Ecoute !

La voix nasillarde de Mandelstan leur parvint, étouffée par l'épaisseur du mur en pierre. A laquelle répondit la voix sensuelle d'Osborne.

— Demain, tu entends ! A six heures ! Et ne t'avise pas de te défiler ! pérora Mandelstan. Il faut qu'on s'explique…

— Pas la peine de me répéter trois fois la même chose, répondit nonchalamment le Préfet en Chef. J'avais compris. Mais ne t'inquiète pas, je serai présent. D'ailleurs, je ne voudrais rater ça pour rien au monde…

Un brin d'incertitude perçait dans le ton de Mandelstan quand il reprit la parole.

— Bon… euh, très bien. Prépare-toi intensivement si tu tiens à ta vie !

Hermione coula vers Harry un regard inquiet.

— Mais de quoi parlent-ils, Harry ?

— D'un duel… répondit sombrement le Gryffondor.

— Les duels non officiels sont interdits en Grande-Bretagne !

— Apparemment, ça ne les dérange pas… Mandelstan désire se venger.

— A cause du poste de Préfet ?

— Evidemment.

— Et quels sont les enjeux, d'après toi ?

— Le poste ou…

— …la mort… trembla Hermione.

— N'exagère pas ! Mais pas loin de ça, malheureusement…

— Potter et Granger ! Quelle excellente surprise !

Les deux sorciers se retournèrent brusquement. Et souhaitèrent ne l'avoir jamais fait. Car le regard furieux de Rogue n'était lui pas du tout une excellente surprise…

Fin du septième chapitre !

Un chapitre de transition (qui fait quand même 14 pages…), avant le chapitre 8 qui lui va être particulièrement… enfin… je pense que vous allez aimer ! (oui, oui, il est déjà écrit en grande partie). Vous en savez désormais un peu plus au sujet du miroir, et avez dû remarquer quelques petites cachotteries parmi nos sorciers préférés… En attendant la suite qui vous éclairera sur ces différents points, n'oubliez pas d'envoyer une review !

Bisous, Caraibos.

PS. Je suis trop désolée, mais comme je suis vraiment débordée, je répondrai aux reviews dans un chapitre annexe, qui sera (peut-être) consacré exclusivement à cela… J'ai dit peut-être, le chap 8 est déjà écrit donc il y a des chances pour que vous ayez tout très rapidement…