Le cap des 100 reviews a été dépassé ! Ça fait bizarre, je trouve… En tout cas, merci à vous tous pour vos reviews ! Et bonne lecture !

Chapitre 8 : Duel

— Potter et Granger ! Quelle excellente surprise !

Les deux sorciers se retournèrent brusquement. Et souhaitèrent ne l'avoir jamais fait. Car le regard furieux de Rogue n'était lui pas du tout une excellente surprise…

— Eh bien, votre explication ? Que faites-vous à cette heure dans les sous-sols de Poudlard ?

Hermione ouvrit la bouche pour commencer une justification, mais la jeune fille sentit distinctement une pression sur son bras. Le regard de Harry lui fit comprendre de garder le silence, et les deux sorciers se contentèrent de fixer leur professeur sans répondre.

— Vous alliez l'insolence au non-respect du règlement ? Votre cas s'aggrave, vous savez…

Rogue s'interrompit soudainement. La voix de Mandelstan se faisait clairement entendre dans le couloir.

— Tous les sorts seront utilisés… Je veux te voir hurler de souffrance à mes pieds !

— Tu peux toujours attendre… J'ai un vrai don pour les duels, répliquait Osborne froidement.

— Mais oui ! ricanait Stefan. Dommage pour toi, j'ai entendu parler de certaines de tes performances… Pas très brillant.

Un silence.

— Qu'est-ce que tu as à me regarder comme ça ? s'énervait Mandelstan. Ta tête m'agace, dégage maintenant. Mais n'oublie pas : demain six heures… et pense à rédiger ton testament auprès de quelques témoins.

— Mais qu'est-ce que… grogna Rogue.

Le professeur jeta un regard courroucé aux deux sorciers qui se tenaient près de lui.

— Vous deux, dans vos dortoirs. Mais ne croyez pas vous en tirer comme ça, nous reparlerons de cette soirée… plus tard.

Et sur ces paroles, Rogue se précipita dans la Salle Commune des Serpentards.


Les deux Gryffondors ne perdirent pas une minute et coururent à perdre haleine dans les couloirs de Poudlard. Une fois arrivés, Hermione envoya un regard admiratif à son ami qui s'asseyait dans un canapé.

— Bien joué, le silence absolu !

— J'étais sûr qu'on les entendrait… enfin, que Rogue les entendrait.

— Il faut qu'on fasse quelque chose, déclara Hermione d'un ton devenu très sérieux.

— A propos du duel ? C'est inutile, tu vois bien que Rogue s'en charge.

— Rogue soutiendra Mandelstan, mais Alex…

— Ce n'est pas ton problème, Hermione ! Dois-je te rappeler tout ce qu'Osborne t'a fait ? Tu n'as pas à devoir le protéger.

— Je sais, je sais… murmura la Préfète. C'est juste que… je ne peux pas m'empêcher d'être inquiète à son sujet.

— Il n'a pas dû te frapper en fait… sourit Harry à part lui.

— De quoi parles-tu ? s'étonna la Préfète.

Le Gryffondor fit un geste vague de la main.

— Une idée en l'air…

Mais la curiosité l'emporta sur la discrétion.

— Osborne t'a-t-il frappée, Hermione ? Lors de votre rendez-vous ?

— Comment ? demanda Hermione, ébahie. Mais où es-tu allé chercher ça ?

Une fois la surprise passée, la jeune fille sourit mystérieusement.

— Non, Osborne ne m'a pas frappée. Oh non…

Le silence s'installa, bientôt rompu par Hermione.

— Je vais me coucher. Bonne nuit, Harry.

— Bonne nuit, Mione.

Harry resta longtemps plongé dans ses pensées devant le feu ronflant dans la cheminée. Puis il se leva d'un air déterminé et marcha rapidement jusqu'à sa chambre. Un coup d'œil à son réveil le fit brusquement se décider concernant la marche à suivre au cours des prochaines heures. Le Gryffondor le régla à 6h moins 10…


Le lendemain matin, la nuit était totale quand Harry se leva. Mais il s'aperçut avec surprise que de nombreux Gryffondors étaient déjà debout dans la Salle Commune, occupés à écouter Nick Quasi-sans-tête. Poussé par la curiosité, le jeune homme s'approcha.

— Dans un quart d'heure ! Ils ont installé une estrade dans la Grande Salle, où les deux sorciers pourront s'affronter devant vos yeux.

Nombreux étaient ceux qui commençaient à se diriger vers la Grande Salle, et alors que la nouvelle se propageait à toute vitesse, de plus en plus de sorciers apparaissaient dans la Salle Commune, l'œil endormi et la joue portant encore la marque de l'oreiller. Hermione faisait partie de ceux-là.

— Harry, tu as entendu ? Dumbledore a rendu officiel le duel opposant Osborne et Mandelstan. Tous les élèves sont debout, on ne parle que de ça dans tout Poudlard…

La nervosité de la jeune fille était perceptible à travers les mouvements saccadés de ses mains qui fendaient l'air. Harry l'apaisa en lui répondant calmement.

— Oui, j'ai entendu Nick en discuter… Tu sais, je pense que c'est une excellente chose pour Osborne. Si Mandelstan avait raison hier, Alex n'est pas très doué pour les duels, et le fait que les professeurs soient présents atténuera certainement la brutalité de leur affrontement. Au pire, il ne sera que légèrement blessé.

Que légèrement blessé… Tu es insensible, ou quoi ? répliqua Hermione violemment.

L'arrivée de Ron et Ginny mit fin à la conversation des deux sorciers, et le groupe se mit en marche vers l'endroit où aurait lieu le duel. De partout, les élèves arrivaient, et Hermione découvrit avec stupéfaction les badges distribués à l'entrée de la Grande Salle. L'un vous rendait fervent supporter d'Alexander Osborne, tandis que l'autre faisait de vous « le meilleur ami de Stefan Mandelstan », et cela « jusqu'à la fin de votre scolarité ».

— Parce qu'après l'obtention de ton diplôme, tu as la chance de recevoir en ultime cadeau un Avada Kedavra de la part de ton cher ami Mandelstan le Mangemort… ironisa Harry.

Le Gryffondor ne prit aucun badge, et fut suivi dans son exemple par Ron et Hermione. Ginny, elle, choisit l'insigne à l'effigie d'Osborne et l'épingla fièrement sur sa robe.

— Ben quoi ? réagit-elle devant l'air dégoûté de son grand frère. J'ai le droit de le trouver mignon, non ?

Ron ne répondit rien, et les quatre sorciers s'installèrent dans les chaises prévues spécialement pour le public. Autour d'eux, la salle bruissait des conversations environnantes, mais le groupe s'obstinait dans son silence. Harry et Hermione partageaient une même angoisse au sujet du résultat du duel, qui pouvait mettre à l'eau toute l'organisation déployée pour la bonne circulation des informations obtenues. Ron restait furieux après sa sœur, et Ginny posait elle un œil insistant sur une Serpentarde assise au premier rang, tout en regardant fréquemment Hermione à la dérobée. La Préfète finit par s'apercevoir de son manège, et demanda à Ginny la cause de son comportement.

— Elle est la dernière copine d'Alex. Je compare, c'est tout.

Hermione s'étrangla.

— Tu quoi ? Tu… compares ? Avec moi ?

— Oui. Je ne suis pas complètement idiote, tu sais. Pour revenir en larmes d'un rendez-vous avec un garçon, il faut soit avoir passé un moment détestable du début à la fin, soit avoir connu une grande déception après… Tu comprends.

Hermione hocha tristement la tête, tandis qu'elle gardait les yeux fixés sur la Serpentarde. La dernière copine d'Alex, avait dit Ginny… Il en avait eu combien, au juste ? La Gryffondor se sentait mortifiée de penser encore à Osborne de cette manière, mais il lui était impossible de nier l'attirance qu'elle ressentait toujours pour le Serpentard. La jeune fille décida de se renseigner discrètement, sans répondre à la pique de Ginny qui avait une nouvelle fois deviné ce qui était à l'origine du désespoir d'Hermione.

— La dernière copine d'Alex, tu disais…

— Oui. Elle s'appelle Jennifer, et elle succède à Harriet, Serdaigle, Janice, Serpentarde, Faith, Serpentarde, et Olivia, encore une Serpentarde. Je crois que c'est tout, conclut-elle après un silence.

La liste était impressionnante, mais Hermione ne laissa rien transparaître de son désarroi alors qu'elle poursuivait la conversation. La découverte de la veille la poussa à poser une dernière question.

— Et Pansy ? A-t-elle enfin réussi à lui mettre le grappin dessus ?

— Non… Mais ils s'entendent comme larrons en foire, à ce qu'il paraît. D'ailleurs, tu sais que Parkinson s'est fait pas mal de nouveaux camarades cette année. Elle avait pris Osborne sous sa protection dès le début du voyage, et depuis ce sont les meilleurs amis du monde.

Hermione ne savait comment interpréter cette réponse. Se pouvait-il qu'Osborne soit au courant pour Pansy ? Et qu'il ne lui en ait rien dit ? La Gryffondor essuya rageusement les larmes qui lui montaient aux yeux. Elle en avait marre d'être prise pour une idiote ! D'abord, se faire embrasser par Osborne, pour être immédiatement remplacée par cinq lianes ravissantes en moins de trois semaines. Puis, ne pas être tenue au courant des mesures prises par Dumbledore pour se préparer à l'attaque de Voldemort. Et enfin, devoir compter sur Harry pour apprendre que Pansy n'était pas vraiment Pansy !

La voix de Dumbledore interrompit la Gryffondor dans ses réflexions, mais Hermione garda un œil vigilant posé sur Jennifer, qui riait à gorge déployée avec son voisin de gauche. Elle ne semblait pas particulièrement préoccupée par le fait que son copain allait se battre avec l'un des types les plus dangereux de Poudlard, après lui-même…

— Chers élèves, bonjour ! déclarait le directeur d'une voix forte. Je crois pouvoir affirmer sans me tromper que c'est la première fois dans l'histoire de Poudlard que vous êtes tous levés à cette heure-ci, surtout lors d'un week-end… Bravo !

Il y eut quelques rires dans la salle, puis le professeur reprit la parole.

— Avant que le duel ne commence, voici les points que vous devez garder en mémoire. Tout d'abord, les sorts que vous verrez utiliser ne visent qu'à choquer l'adversaire. Il n'y aura aucune effusion de sang, et aucune blessure non plus, du moins je l'espère. Et le plus important : le gagnant du duel se verra remplir la fonction de Préfet en Chef jusqu'à la fin de l'année, accompagné en cela par Mademoiselle Hermione Granger.

Dumbledore balaya d'un geste les murmures excités qui avaient suivi sa déclaration.

— Je vous demanderai de faire silence, et d'accueillir comme il se doit Stefan Mandelstan… et Alexander Osborne !

A ces mots, un concert d'encouragements se fit entendre dans la salle, qui s'amplifia quand les deux sorciers firent leur entrée. Le tonnerre d'applaudissements connut son point culminant quand Alexander Osborne envoya un sourire dévastateur au public. Hermione ne put s'empêcher de frissonner, mais grimaça quand elle aperçut Jennifer qui envoyait un baiser à Osborne.

— Jalouse ? murmura Ginny à son oreille en souriant.

— Ne dis pas n'importe quoi ! répliqua Hermione violemment.

Le silence se fit brusquement dans la Grande Salle, alors que les deux sorciers se plaçaient chacun à l'une des deux extrémités de l'estrade, et détachaient les liens qui retenaient leurs capes. Une fois libérés, Osborne et Mandelstan se saluèrent, mais chacun pouvait discerner la lueur meurtrière présente dans la pupille de l'ancien Préfet, évincé au début de l'année.

— A trois, le duel débutera, déclara Dumbledore. Un… Deux…

Expelliarmus cria Stefan, surprenant toute l'assemblée.

Mais Osborne avait prévu la manœuvre, et s'était protégé. Le sort de Mandelstan n'atteignit qu'un vieux vase qui n'avait pas été dégagé, au bas de l'estrade.

— Il n'a pas attendu la fin du compte à rebours ! chuchota Hermione à Harry.

— Oui… C'est étrange, cette scène me rappelle quelque chose.

— Ah bon ? s'étonna Hermione. Remarque, tu as peut-être raison…

Pendant ce temps, les sorts avaient continué de pleuvoir, et la Gryffondor découvrit avec consternation qu'Alex était déjà mal en point. Sa joue gauche était entaillée, et il se déplaçait avec difficulté. Au contraire, Mandelstan ne portait aucune blessure visible. Mais le duel se poursuivait, et Stefan s'essoufflait sensiblement, alors qu'Osborne semblait reprendre des forces à chaque sort échangé. Au bout de dix minutes, Stefan avait les yeux larmoyants, et combattait avec une voix proche du néant. A ce moment, Osborne dévoila la plénitude de son jeu, et envoya une série de sorts redoutablement efficaces, montrant quel duelliste exercé il était réellement.

Stupéfix ! hurla Osborne.

Mandelstan s'effondra. C'était terminé. Des cris de joie se firent entendre à travers les élèves, en quasi-totalité favorables à Alex. Hermione se leva comme les autres, et applaudit de toutes ses forces l'homme qu'elle admirait en secret depuis maintenant un mois. En ce moment, ses nouvelles résolutions de torture étaient bien loin…

Dumbledore monta sur l'estrade tandis que Madame Pomfresh s'occupait de Stefan. Il donna une accolade amicale au gagnant avec un grand sourire où perçait une pointe de soulagement, et prit la parole par-dessus le brouhaha.

— Chers élèves, j'ai le grand plaisir de vous présenter votre Préfet en Chef : Alexander Osborne !

L'enthousiasme atteignit son paroxysme, et le directeur dut s'interrompre quelques minutes.

— Monsieur Osborne, avez-vous quelque chose à déclarer ?

Aussitôt, un silence de mort plana au-dessus des élèves, suspendus aux lèvres de leur idole. Osborne eut une fois encore son sourire ravageur, et on entendit des soupirs étouffés un peu partout dans la Grande Salle. Son sourire devint encore plus éclatant, et il commença alors à chercher quelque chose des yeux dans le public.

Hermione aperçut aussitôt Jennifer faire de grands signes pour montrer sa présence, mais la Gryffondor réalisa soudain que le regard d'Osborne était plongé dans… le sien ! La jeune fille se mit à rougir intensément, et souhaita disparaître à la seconde, tout en en savourant secrètement ce contact visuel, qui ne devait sûrement qu'être passager… Mais Osborne gardait les yeux fixés dans les siens, tandis qu'il prenait la parole pour la première fois depuis sa victoire.

— Merci à tous ! Vos encouragements m'ont énormément aidé, et je suis très heureux de pouvoir me présenter comme Préfet en Chef à vos côtés… Cependant, cette réussite ne serait pas complète sans une personne qui compte beaucoup pour moi, une personne à qui je dédis entièrement cette victoire… ma collègue, la Préfète en Chef Hermione Granger !

Hermione sentit sa rougeur s'amplifier alors que tous les regards des élèves se fixaient sur elle. Elle ne pouvait croire ce qui venait de se produire, et ne réagit qu'après le coup de coude insistant que Ginny lui avait envoyé dans les omoplates.

— Dis quelque chose ! Maintenant ! lui murmura son amie.

Oui… mais quoi ? La Gryffondor avait le sentiment qu'il s'était écoulé plusieurs heures depuis la déclaration du Serpentard, et qu'elle se rendait plus ridicule de minute en minute. Hermione se racla finalement la gorge.

— Je suis très heureuse de cette victoire, et très flattée de la dédicace ! Merci beaucoup, Alex.

De nombreux élèves rirent, et Hermione se sentit reprendre confiance.

— J'envisage avec grand plaisir la continuation de notre collaboration en tant que Préfets, et puisque tu es mon champion, je me dois de récompenser dignement le vainqueur…

Devant les regards ébahis de Ron et Harry, Hermione s'avança jusqu'à l'estrade qu'elle grimpa aisément. Parvenue devant Osborne, elle plongea son regard dans ses magnifiques yeux bleus, et détacha prestement le médaillon qu'elle portait autour du cou. Demandant à Alex de baisser légèrement la tête, elle lui attacha alors la chaîne autour de sa gorge.

— Pour symboliser notre coopération… murmura-t-elle, alors que dans la Salle les élèves applaudissaient devant le geste.

— Merci, Hermione, chuchota Osborne.

La Gryffondor se sentit inexplicablement troublée. Il avait dit son prénom pour la première fois…

Sentant son émoi, le Serpentard eut un sourire carnivore et approcha doucement sa tête de la sienne. Hermione eut l'impression de revivre la scène près du lac, mais avant de pouvoir réagir la bouche d'Alex était déjà sur la sienne, pillant tout sur son passage.

Aussitôt, de nombreux élèves se mirent à siffler, et Hermione aperçut du coin de l'œil Jennifer se lever et partir en courant de la salle, après avoir claqué la porte du plus fort qu'elle pouvait. Mais elle n'y prêta qu'une attention distraite, captivée par le baiser qu'elle partageait avec le Serpentard. Au bout de longues minutes, Alex s'écarta doucement. Il ne posa aucun regard dégoûté sur elle. Au contraire, ses yeux semblèrent lui dire : Tu vois, je t'ai embrassée devant tout Poudlard, et je n'en ai pas honte…

— Merci, Hermione, chuchota-t-il pour la deuxième fois.

La jeune fille eut un sourire hésitant, et lissa pensivement une mèche rebelle du Serpentard dont elle était folle. Les deux sorciers descendirent lentement de l'estrade sous les hourras des élèves mais Hermione s'éloigna rapidement pour rejoindre ses amis. Alex ne lui dit rien, néanmoins la jeune fille sentit qu'il était contrarié. Pourtant, il devait bien comprendre qu'elle ne pouvait pas rester avec lui… Elle était une Gryffondor… Et il y avait Jennifer !

— Mais qu'est-ce qui t'a pris, Hermione ? jura Ron dès qu'elle fut à portée d'oreille. T'exposer devant tout le monde avec ce…

— Arrête, Ron ! le coupa Hermione avec colère. Tu ne le connais même pas !

— Mais qu'est-ce qu'il t'a fait pour que tu le défendes comme ça ? grogna Harry. As-tu oublié ce que je t'ai dit hier ? Ce type ne t'a attiré que des problèmes, tu t'es comportée comme une zombie pendant trois semaines à cause du lui, et tu le… tu l'embrasses devant la totalité des élèves !

— Inutile que j'essaie de vous expliquer, vous ne comprendriez pas, soupira Hermione.

Ginny, Lavande et Parvati apparurent soudain devant elle, une lueur interrogative dans le regard. Hermione soupira de plus belle.

— Viens, Hermione. Le petit-déjeuner ne sera pas servi avant une heure… et je crois que nous avons des choses à nous dire.

La jeune fille suivit Ginny sans répondre, et les trois Gryffondors s'installèrent en cercle sur le lit de la Préfète.

— Bon, maintenant, tu nous résumes tes relations avec Osborne depuis le début de l'année, exigea Parvati.

— Il n'y a pas de relations entre Osborne et moi, répondit calmement Hermione.

— Bien sûr…ricana Lavande. D'ailleurs, vous ne venez pas de vous embrasser, toute l'école a souffert de la même illusion d'optique pendant dix minutes !

La Préfète ne répondit rien. Ginny soupira et rabroua gentiment les deux autres sorcières.

— Lavande, Parvati… Hermione est sous le choc, c'est normal. Et je la crois quand elle dit qu'il n'y a rien entre Alex et elle. Après tout, il peut très bien l'avoir embrassée sous le coup d'une joie intense !

Les trois Gryffondors se mirent à rire, et Hermione hoqueta :

— Oui, je… je crois que c'est… exactement ça.

— Mais Parvati avait raison, reprit Ginny d'un ton autoritaire. Il faut que tu nous résumes précisément ce qui s'est passé entre vous.

— Honnêtement, à part une chose, il n'y a rien de très intéressant, murmura Hermione.

— Une, c'est déjà beaucoup ! s'exclama Lavande impulsivement, faisant rire la Préfète.

— Vous vous souvenez de ce rendez-vous, il y a trois semaines ? Osborne m'a embrassée lorsqu'il me parlait de Malefoy…

— De Malefoy ? s'étonna Ginny.

— Oui… et après il m'a regardée comme si je n'étais qu'une moins que rien, qu'il me méprisait, et qu'il regrettait amèrement ce baiser, alors que…

— Alors que ç'avait été incroyable, conclut Parvati d'une voix blanche.

— Oui, sanglota Hermione. Ç'avait été incroyable, et il m'a rejetée, comme ça ! J'avais bien vu qu'il me draguait, depuis le début de l'année, mais je ne pensais qu'il aurait pu faire ça…

— Ecoute, ce qui compte, c'est qu'il t'a embrassée aujourd'hui ! déclara Ginny. Et que tu es la fille la plus veinarde de cette école !

— Vous oubliez Jennifer… remarqua Hermione d'un ton misérable.

— Jennifer ? Mais elle n'est rien à ses yeux ! Il change de copine comme de chaussettes ! s'écria Parvati.

— Merci de ton soutien, Parvati…

S'apercevant de sa maladresse, la jeune fille rougit et ferma la bouche.

— Moi, ce qui m'intrigue est plutôt votre conversation à propos de Malefoy… dit Ginny. Qu'est-ce qu'il t'a dit exactement ?

— Malefoy a renié son père et Voldemort. Ce qui a entraîné sa disparition.

— Mais n'est-il pas à Azkaban ? demanda Lavande. Enfin, c'est une rumeur qui circule…

— Pourquoi serait-il à Azkaban ? s'étonna Hermione.

— Tu ne connais pas la suite de l'histoire ? Un des Mangemorts auxquels il s'était confié l'a trahi. Et comme Lucius a réussi à s'évader, il n'était plus du tout en sécurité. Seulement, on raconte qu'il a été emprisonné par Voldemort…

— Voldemort ne contrôle pas Azkaban ! se récria Hermione.

— Tu sais bien que de nombreux Détraqueurs lui obéissent… ce qui est une forme de contrôle indirect.

— Cela ne vous heurte-t-il pas d'envisager Malefoy comme un fidèle serviteur de Dumbledore ? demanda Hermione. Parce que personnellement, ça m'empêche de dormir…

— Je n'arrive pas à y croire… murmura Ginny.

La cinquième année était restée pétrifiée après la révélation d'Hermione.

— La fouine avec nous… C'est impensable !

— Oui, seulement si Lavande a raison et qu'il est à Azkaban, il ne nous est pas d'une grande utilité… remarqua Parvati.

— On ne peut pas savoir, répliqua fermement Ginny. Peut-être qu'en ce moment même, il oeuvre au péril de sa vie pour l'Ordre, pour Dumbledore, pour nous… contre Voldemort. Et aucune de nous n'en a la moindre idée…


— Draco, mais qu'est-ce qui t'a pris ?

Le Serpentard jeta un regard furieux à Kate, qui était entrée dans son antre sans prévenir, pour le critiquer une fois de plus.

— Je croyais que tu appréciais Hermione… remarqua-t-il sarcastiquement. Tu devrais être heureuse !

— Cela n'a rien à voir. Ou plutôt si, justement. J'apprécie énormément Hermione comme tu dis, et ne souhaite pas la voir souffrir encore à cause de toi. Jennifer va lui rendre la vie impossible… Et dire que tu me jurais qu'il ne s'était rien passé lors de votre rendez-vous…

— Ecoute, Kate, peux-tu me dire pourquoi je suis ici, à Poudlard, Préfet en Chef sous un faux nom ?

La Serdaigle, surprise par cette question inattendue, laissa passer quelques secondes avant de répondre.

— Tu es ici pour l'Ordre, tout comme moi, en mission d'espionnage. Tu tentes de te rapprocher de Caldwell depuis bientôt trois semaines pour obtenir des informations sur les Mangemorts de Poudlard.

— Bien. Et ces informations, que deviennent-elles ?

— Tu dois les transmettre à Hermione, afin qu'un réseau Gryffondor/Serpentard se crée, autour de Dumbledore.

— Très bien. Mais ce dont tu n'as pas conscience, c'est que Granger ne me fait pas confiance, car je suis un Serpentard, l'élément même qui est indispensable à notre mission. Et Granger, contrairement à toi, ne sait pas que je suis Draco Malefoy. J'ai donc dû trouver un moyen de gagner sa confiance…

— Quoi ? Tu vas lui briser le cœur, seulement pour une question d'obtention des informations?

Kate était hors d'elle. Elle jeta un regard méprisant au Serpentard.

— Draco, tu ne comprends pas qu'en agissant ainsi, tu ne vas réussir qu'à perdre la confiance d'Hermione, définitivement. Tu n'as pas le droit de jouer avec les sentiments des autres. Et même pour l'Ordre, tu n'avais pas le droit d'infliger cela à Hermione.

— Et qui te dit que je lui ai infligé ce baiser ? remarqua méchamment Osborne. Elle avait l'air plutôt réceptive tout à l'heure !

— Tu ne te rends pas compte de ce que tu gâches en te comportant de la sorte, Draco. Mais j'espère que quelqu'un t'en fera prendre conscience…

Kate resta silencieuse quelques minutes sous l'effet de la rage. Puis, se dominant, elle reprit la parole violemment.

— Tu as intérêt à t'expliquer avec elle… Et n'oublie pas que nous avons la première réunion de l'AD ce soir.

Et la jeune fille tourna les talons, laissant Malefoy ruminer en solitaire.


Hermione avait passé la journée en compagnie de ses compagnes de dortoir, évitant au maximum les regards accusateurs de Ron et Harry. Ses deux amis ne lui avaient pas pardonné son comportement de la matinée, dont ils lui attribuaient l'entière responsabilité : n'avait-elle pas offert son collier à Osborne ? La Gryffondor se reposait sur son lit, quand un hibou pénétra dans la chambre par la fenêtre ouverte. Aussitôt Ginny fut auprès d'elle, curieuse.

— Je parie que ça vient d'Alex ! s'exclama la cinquième année.

Son cri attira Lavande et Parvati, et les quatre sorcières furent bientôt toutes rassemblées autour du volatile. Hermione sentait son cœur cogner dans sa poitrine, espérant secrètement que Ginny ait raison. Elle fut vite déçue…

Espèce de garce, tu ne sais pas ce qui t'attend… On ne t'a jamais dit qu'il était dangereux d'embrasser un type alors qu'il était déjà pris, surtout devant les yeux de sa copine ? Dommage pour toi. Fais-toi la plus discrète possible, la plus insignifiante que tu pourras, si tu crois m'échapper ainsi.

Mais surtout… ne t'approche plus d'Alex. Jamais.

Signé : Jennifer Keane, Serpentard

— Et ben dis donc… elle t'en veut à mort, souffla Lavande.

Hermione repoussa cette remarque d'un sourire qu'elle essaya de rendre confiant.

— C'est normal, non ? Je pense que si j'avais été à sa place, j'aurais réagi de la même façon.

— En tout cas, à partir de maintenant, tu ne t'aventures plus seule dans les couloirs de Poudlard, ordonna Ginny. Seule, Jennifer n'est pas dangereuse, mais elle a de nombreux amis à Serpentard… pas très recommandables.

— Si tu veux… soupira Hermione. Bon, et si on se rendait à l'AD ? Harry m'a dit hier que la première séance avait lieu ce soir…

Quand les quatre sorcières arrivèrent dans la salle de l'AD, elles s'aperçurent rapidement qu'elles étaient bonnes dernières, et qu'un problème était survenu entre plusieurs membres. Hermione s'avança, et découvrit avec stupeur Osborne et Pansy en compagnie de Ron, Harry, Dean et Seamus parmi d'autres.

— Ah, Hermione ! s'exclama Osborne avec soulagement dès qu'il la vit. Tu vas pouvoir leur expliquer la raison de notre présence. Je ne peux rien leur faire entendre !

En un coup d'œil, la jeune fille avait jugé la situation. Ron, Dean et Seamus étaient fermement opposés à la participation d'Osborne à la réunion. Harry était conscient du caractère indispensable de sa collaboration, mais ne pouvait pas le dévoiler. Cependant, Hermione ne comprit pas pourquoi Alex avait amené Pansy… quand il lui revint en mémoire qu'Osborne était sûrement au courant de la véritable personnalité de Parkinson, et qu'il devait donc avoir une bonne raison pour la faire participer à l'AD.

Et c'était elle qui devait donner l'explication de leur présence !

Hermione réfléchit intensément, et pour la deuxième fois de la journée, prit la parole devant une assemblée qui gardait les yeux fixés sur elle.

— Excusez-nous pour notre retard, nous avons dû voir le professeur Dumbledore… commença Hermione en cherchant le soutien de ses amies.

Celles-ci hochèrent vigoureusement la tête pour confirmer son mensonge.

— Il voulait nous annoncer quelque chose de très important : en tant que Préfet en Chef, Osborne doit améliorer sa technique de combat.

— J'avais l'impression qu'elle était déjà assez au point ! remarqua Ron sarcastiquement.

Sans tenir compte de l'intervention, Hermione poursuivit calmement.

— Comme chacun de nous, Alex peut s'améliorer, et c'est pour cela qu'il est parmi nous, une condition rendue plus indispensable encore par sa fonction. Je sais que nombreux parmi vous l'ont acclamé ce matin. Est-ce que ce sentiment a déjà disparu ? Souvenez-vous plutôt qu'Osborne a combattu Mandelstan, notre ennemi à tous ! Et vous ne l'accepteriez pas ?

Sentant qu'elle gagnait des points, Hermione se mit alors à parler de Pansy.

— Dumbledore a également mentionné Pansy, une grande amie d'Alex. Comme vous le savez sûrement, Pansy a… beaucoup changé cette année.

Des murmures approbateurs lui répondirent.

— Vous êtes nombreux à lui avoir parlé, et vous êtes conscients que l'amitié Gryffondor/Serpentard est essentielle à Poudlard. Alors faites-lui bon accueil !

— On ne veut pas de Mangemorts ici ! grogna un élève.

— Tu crois vraiment que Dumbledore nous aurait envoyés des Mangemorts ? ricana Hermione.

L'élève ne répondit pas. Hermione comprit qu'elle avait gagné. C'était son duel, et elle l'avait remporté, tout comme Alex.

— Dans ce cas, c'est parti ! s'exclama Harry.

Trois heures plus tard, Hermione s'essuya machinalement le front alors qu'elle quittait la salle de l'AD. Bien que ce fût le début de l'année, et le premier entraînement, Harry n'avait été indulgent avec personne, et avait au contraire poussé chacun à se surpasser. Il n'avait d'ailleurs pas hésité à réaliser lui-même plusieurs Patronus en démonstration, bien que leur réalisation soit épuisante.

— Fatiguée ?

La jeune fille sursauta violemment, et découvrit avec stupeur le regard bleu d'Osborne posé sur elle. Elle croyait pourtant être la dernière à avoir quitté la salle…

— Je t'ai attendue à l'extérieur, expliqua le Serpentard. Pour te parler du prochain week-end à Pré-au-Lard… Dis-moi, tous les cours se déroulent-ils ainsi ? Parce que celui-ci était vraiment crevant !

— Non, je crois qu'Harry a voulu nous tester aujourd'hui. Les autres seront plus calmes, sourit Hermione.

Le Préfet s'abîma dans le silence pendant quelques minutes. Puis il plongea ses yeux dans ceux d'Hermione, la retenant prisonnière.

— Merci pour tout à l'heure, murmura Alex. Je ne sais pas combien de fois tu devras mentir à tes amis à cause de moi… Je t'en suis très reconnaissant.

Hermione hocha pensivement la tête. Allait-il lui parler du duel de ce matin et de ce qui avait suivi, ou continuerait-il à n'entretenir avec elle que des rapports… distants ?

— A propos de ce matin… commença Osborne, hésitant.

— Oh, tu n'as pas à…

— Je suis désolé, déclara abruptement le Préfet. Je ne sais pas ce qui m'a pris, c'était vraiment maladroit de ma part, te prendre ainsi par surprise devant toute l'école…

La Gryffondor secoua sa main comme pour l'empêcher de continuer.

— Non, ce n'est pas la peine de te justifier. Je… je comprends parfaitement. Tu es un Serpentard connu, maintenant… Tu n'as rien à faire avec moi… Et puis, j'ai eu ce geste stupide avec le collier…

Hermione avait de la peine à refouler ses larmes, alors que ce qu'elle faisait allait à l'encontre de tous ses rêves. Elle ne voulait pas repousser Alex !

— Hermione… essaya de l'interrompre le Serpentard.

— Non, je crois que vraiment…

— Hermione !

— Tout est de ma faute…

Arrivée à la fin de sa déclaration, la jeune fille releva la tête, les yeux brillants, et découvrit le regard tendre qu'Osborne posait sur elle. Et pour la deuxième fois de la journée, le Serpentard pencha sa tête vers la sienne.

— Mais… Alex ! Tu avais dit…

— Chut. Je viens de comprendre que je ne t'ai pas attendue pour te parler du prochain week-end à Pré-au-Lard…

Et défiant toute logique, Draco Malefoy embrassa pour la troisième fois son ennemie de toujours, Hermione Granger…

Fin du huitième chapitre.

Sympa, celui-là, non ? En tout cas, moi il m'a fait bien marrer à écrire… Mais que pense réellement Draco de cette « liaison » ?…

Toutes les réponses dans le prochain chapitre ! (enfin, une partie…).

Biz, Caraibos !