Chapitre 4: Prise de conscience et prophétie

"NON!"

Harry ouvrit les yeux. Il prit sa baguette sur sa table de chevet, puis éclaira le vieux réveil de grand-mère qui se trouvait juste à coté: 6h30. Dans une demie-heure, l'heure habituelle à laquelle Mme Weasley se levait, il aurait la possibilité de descendre prendre son petit déjeuner. Pourtant, ce n'était pas vraiment ce a quoi il pensait pour le moment.

Une fois de plus, il venait de rêver de Sirius. Il avait beau tenter de surmonter ses sentiments et de reprendre goût à la vie, presque toutes les nuits, il faisait le même rêve: son parrain repassait à chaque fois à travers l'arche mystérieuse...

Harry pensait qu'évoquer son rêve avec ses amis lui permettrait de mieux le supporter, voire peut-être même de ne plus le faire. Il s'était donc d'abbord adressé à Lupin, puis à Hermione, et en avait même touché quelques mots à Ron. Mais tout cela n'avait rien changé. Ou presque.

La seule chose qui avait un tant soit peu évolué était l'état d'esprit dans lequel il se trouvait après ses cauchemars, mais Harry doutait que cela ait un quelconque lien avec le fait qu'il ait eu plusieurs discussions avec ses amis. Pourtant, il était manifeste qu'il ne ressentait plus exactement les mêmes choses qu'auparavant. Bien sûr, il était toujours très triste, mais désormais, il ne sombrait plus dans cette léthargie excessive du début des vacances.

Ce qu'il sentait bouillir en lui, c'était de la colère. Pas une colère de culpabilité, ni même une colère vengeresse, simplement, de la colère. Ce n'était plus vraiment la mort de son parrain qu'il refusait, mais plutôt tout ce qu'elle impliquait: son infinie tristesse, celle de Lupin, le fait qu'il se soit éloigné de Ron, sa solitude, mais par dessus tout, la victoire de Voldemort... Car malgré l'arrestation de plusieurs Mangemorts, c'était bien Voldemort qui avait vaincu, au ministère.

Il avait refusé d'y penser, depuis qu'il avait quitté Poudlard, mais ce matin là, il ne pouvait faire autrement. Il revoyait le visage de Bellatrix Lestranges se fendre en un large sourire. Il ressentait la douleur que lui avait infligé Voldemort en prenant possession de son corps. Il voyait aussi divers visages, des visages qui ne semblaient plus croire en rien... Voldemort était de retour, et sa puissance ne cesssait de croître...

C'est alors que Harry s'aperçu que quelque chose s'était réveillé en lui. Quelque chose qui faisait vibrer son sang. Mais le souvenir des dix minutes, à Privet Drive, durant lesquelles il ne savait pas ce qui s'était réellement passé, était encore tros frais dans son esprit pour qu'il laisse ses sentiments déborder.

Il essaya donc de se calmer, en inspirant de grandes bouffées d'air, puis se leva et s'habilla. Cependant, il avait pris une décision. Il allait reprendre le combat, reprendre espoir, et pour cela, il devait avant tout savoir ce qui se passait pour l'Ordre... et pour le Seigneur des Ténèbres.

Lorsque Lupin descendit déjeuner, Harry le stoppa alors qu'il allait passer la porte de la cuisine.

- Rémus?

- Oui Harry?

- Heu... est-ce que je pourrais te parler quelques minutes... c'est au sujet de l'Ordre... et des évènements actuels.

- J'espérais justement que tu poses quelques questions à ce sujet... En vérité, cela nous inquiétait un peu que tu ne l'ais toujours pas fait. Mais le professeur Dumbledore préfèrerait t'en informer lui même. Il doit passer demain soir, pour la réunion. Vous pourrez sans doute vous voir après!

Harry hocha la tête en signe d'approbation.

- Et maintenant Harry, que dirais-tu de m'accompagner déjeuner?

Le lendemain soir, alors que les membres de l'Ordre suivaient Albus Dumbledore dans la cuisine, Harry, Ron, Hermione et Ginny étaient tous les quatres assis dans le couloir du premier étage, près de la rembarde. Ginny tenait Pattenrond sur ses genoux et le caressait d'un air égaré.

Ils savaient qu'aucune parole importante ne serait échangée en dehors de la salle de réunion. Ils savaient également que Molly Weasley avait déjà jeté un sortilège d'impassibilité sur la porte, et que, par conséquent, ils ne sauraient rien de ce qui se passerait à l'intérieur. Pourtant les quatres adolescents avaient tout de même décidé de se regrouper dans ce couloir, quelques mètres au dessus des têtes de ceux qui entraient.

La réunion avait l'air d'être importante, si l'on en croyait le nombre impressionant de personnes qui traversaient le hall dans le plus grand silence. Ils avaient déjà vu plusieurs professeurs de Poudlard, dont Hagrid, qui craignait visiblement de réveiller le portrait de Mme Black.

Il y avait également plusieurs Aurors, dont Tonks, qui semblait remise de ses blessures, et Maugrey Fol'oeil, ainsi que beaucoup d'autres têtes, qu'ils ne conaissaient ni d'Eve, ni d'Adam. Mais Harry manqua de s'étouffer, lorsqu'il vit les deux dernières personnes entrer.

En effet, Mme Londubat, la grand mère de Neville, fermait la marche précédée de peu par... le barman à l'air méfiant de la Tête de Sanglier!

En un éclair, Harry se rappela la photographie de l'ancien Ordre du Phénix, que Maugrey lui avait montré un an auparavant. Bien sûr! Pourquoi ne l'avait-il pas reconnu, lorsqu'il s'était rendu dans ce pub!

- Eh! Regardez! murmura Ron, le vieux à la barbe, là-bas, c'est le...

- C'est le frère de Dumbledore, coupa Harry. Abelforth Dumbledore.

- Hein! firent en choeur Hermione, Ron et Ginny.

- Sur le coup, à Pré-au-Lard, je ne l'avais pas reconnu, mais maintenant, ça me revient, Maugrey m'avait montré sa photo, l'été dernier.

- Le frère de Dumbledore? Celui qui pratiquait les sortilèges interdits sur des chèvres? s'exclama Ron. Apparemment, Ron se rappelait une vieille conversation qu'ils avaient eu avec le directeur, dans la cabane de Hagrid. Ca alors!

Harry, lui, pensait à ce que lui avait dit Dumbledore dans son bureau, au retour du ministère. Lorsqu'il lui avait parlé du professeur Trelawney, il avait alors précisé qu'il l'avait rencontré... à la Tête de Sanglier. Il allait faire part aux autres de cette réflexion, lorsqu'il se rappela qu'il ne leur avait toujours pas parlé de la prophétie. Le moment était peut-être venu de leur dire... Même si cela allait les mettre en danger...

- Venez, dit-il aux trois autres qui semblaient toujours abasourdis par l'identité du barman. J'ai à vous parler.

Ils se dirigèrent vers la chambre de Ron, qui était la plus proche. Pendant qu'ils montaient les escaliers jusqu'au deuxième étage, Hermione se demanda à haute voix quel pouvait bien être le rôle de Mme Londubat. Visiblement, elle avait du mal à l'imaginer en plein combat contre des Mangemorts, malgré son air plutôt revêche, et Harry comprenait parfaitement cela...

Lorsqu'ils furent tous assis, répartis sur les deux lits qui occupaient la chambre, Harry annonça:

- Je dois vous confier une des choses que Dumbledore m'a dit, il y a quelques semaines. Je suis désolé de vous l'avoir caché jusqu'ici, mais j'avais peur de vous choquer, et en plus, disons que... je n'avais pas vraiment la tête à ça...

Il leur dévoila alors ce que lui avait dit le directeur: la Tête de Sanglier, Trelawney, et bien sûr, la prophétie. Un long silence suivit ses paroles. Hermione et Ginny avaient la mine sombre, alors que Ron gardait la bouche grande ouverte.

- Mais c'est impossible Harry ,tu es beaucoup trop jeune! gémit-il, utilisant les mêmes mots que ceux de Fleur Delacours, deux ans plus tôt. Ce sont les Aurors, et Dumbledore qui peuvent, qui doivent vaincre Tu-Sais-Qui!

Hermione prit alors la parole sur un ton ferme qui les surprit tous.

- Si l'on en croit ce qu'il nous a dit, c'est bien à Harry de tuer Voldemort. Ils est très rare que les prophéties soient fausses, et si Dumbledore pense qu'elle ne l'est pas... Ce n'est pas pour rien que Harry a dû faire face à toutes ces épreuves. Vous ne comprenez pas? "Le Seigneur des Ténèbres le marquera comme son égal"... Ron, je ne crois pas que Trelawney se soit trompée.

- Je suis d'accord, murmura Ginny, fixant Harry de ses yeux remplis de larmes. Harry était surpris que Hermione et Ginny réagissent ainsi à la situation. Ron regardait le sol d'un air hagard, mais semblait s'être résigné.

- Mais la prophétie dit bien que tu as un pouvoir que Celui-Dont... que Vol... que Voldemort ignore? poursuivit Ginny, surprise d'être parvenue à prononcer le nom du mage noir. Ce pouvoir, c'est celui qui t'a permit de survivre à l'Avada Kedavra, ou bien un autre, dont tu dois te servir pour vaincre définitivement?

- Je ne sais pas... répondit Harry. Pourtant il savait, comme le lui avait expliqué son directeur, que ce pouvoir, c'était "son coeur", ce coeur qui l'avait poussé à vouloir sauver Sirius...

Ils restèrent sans bouger pendant un moment, perdus dans leurs pensées, jusqu'à ce que quelqu'un frappe à la porte. Dumbledore apparu alors sur le seuil. Ginny, Ron et Hermione firent mine de se lever, mais il leur fit signe de rester où ils étaient.

- Je crois que vous pouvez assister à cette conversation. Il est temps que je répare mes erreurs, et vous m'avez déjà assez prouvé que je pouvais avoir confiance en vous...