Au pays des Vivants
Disclamer : tout appartient à JKR sauf la trame de mon histoire
Rating : M
avis aux homophobes : passez votre chemin!
Le passé l'a changé. Maintenant qu'Il sait qui Il est, il se sauvera pour Leur payer, quels qu'ils soient. Et surtout essayer de le sauver des Ténèbres…
Souvenirs et Réminiscences
-II-
J'étais assis. Il m'avait détaché. Mes poignés me faisaient mal. La trace des liens était encore visible. Mais il ne m'a pas enlevé le foulard. Un accord tacite entre nous a été établi ; si je l'enlève, il me tue ; si je fais quelque chose de suspect, il me tue.
Il m'a ordonné de dormir, un peu, de récupérer. Et il a dit qu'il avait besoin de me parler de choses graves. Très graves. Que j'étais le seul à les comprendre. Qu'il ne fallait pas lui en vouloir. Pour tout ce qu'il m'a fait subir. Bizarre, je l'ai cru. Mais avant tout, récupérer de l'énergie. J'en aurais besoin. Il se peut que je ne m'en remette pas. Un choc au cœur apparemment…
Couché sur la paillasse, meilleure que la planche qui en faisait office précédemment, la vue toujours cachée par le foulard noir, j'essaye de fixer un point, dans mon imaginaire. Je pars dans des sphères autrement plus hautes que celles que j'ai connu auparavant. Suis-je drogué ? Je me le demande. Mais je suis bercé par de douces mélodies. Un souffle d'air me balaye le visage, plusieurs fois, doucement, lentement. Un doigt se pose sur mon front, descend jusqu'entre les deux yeux, continue en passant sur le foulard, glisse mon nez, et s'arrête sur mes lèvres, meurtries et gercées. Et j'entends sa Voix. « Dors… »
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Je suis accoudé à une balustrade. Dehors. Je n'en pouvais plus de ces cirages-de-pompes outrageant pour les gens qui sont tombés pour que cette soirée puisse avoir lieu un jour. Voldemort n'est plus de ce monde. Il est passé dans celui des Ombres. Il aura pourtant laissé sa trace, ici, dans les cœurs et dans les corps, par la souffrance qu'il a semée.
Mais il n'était pas le seul responsable du désastre. Les autres sont toujours parmis nous ; ce sont les mêmes qui me serrent la main en me félicitant de mon action, tout en pensant à leur réélection ou à leur futur promotion.
Je peux tenir le coup. Je l'ai déjà fait. Il y a 16 ans déjà. Mais tout-le-monde n'est pas comme moi. Non, Harry Potter n'est définitivement pas comme moi. Bien ou mal, je n'en sais rien.
Il sort lui aussi de cette atmosphère étouffante et odieuse. Ses amis ont presque tous survécu. Il pleure depuis deux ans la perte de son parrain. C'est sûrement le deuil le plus difficile qu'il ait eu à faire. Même la mort de Hagrid qui s'est sacrifié pour lui permettre de continuer sa mission ne l'en a pas affecté autant.
Il vient poser ses mains, à quelques mètres de moi, sur la balustrade. Il ne me regarde pas mais je sais pourquoi il est là. Il ne veut les entendre, à s'auto-féliciter de leurs actions, alors qu'ils n'ont rien fait, et qu'ils se seraient vendus, à n'importe qui, pourvu que ce soit le vainqueur. Il est dégoûté de la nature humaine. Il a passé sa vie à porter la dette des autres. Mais ce n'est pas pour autant qu'il a pu s'en débarrasser. Pour lui, il en est presque à regretter Voldemort. Au moins avec lui, les règles du jeu étaient connues. Et elles étaient inchangeables par nature.
"C'est ce qu'il se passe depuis la nuit des temps. On ne remercie jamais le vrai sauveur, seulement celui qui nous intéresse. Tel est la nature humaine. C'est à quelque chose près, la même chose chez les moldus, lui dis-je."
Il ne me répond rien. Il pense. A ce qu'il a fait. A ce qu'il n'aurait pas du faire. Ou à se laissait imposer. Mais c'est partout pareil. Les causes les plus justes seront toujours détournées.
"Est-ce normal alors que je le regrette ? Ce n'était pas la loyauté incarnée mais au moins on savait à quoi s'attendre avec lui. Il était honnête avec lui-même. Quand il disait qu'il ferait quelque chose, il le faisait. Même si je reconnais que ce n'est pas une bonne chose en toute circonstance."
"Ne vous accusez pas, Potter. Vous, vous ne pouviez pas savoir. Il était du devoir de certains de vous prévenir. Mais ils n'ont jamais vu en vous l'adulte que vous étiez."
"Dumbledore m'a avoué ce que j'étais, à la suite du combat. Il ne voulait pas que je me mêle de la reconstruction et de la politique à mener. Il me l'a dit ! « Harry, s'il te plait, arrête de faire l'enfant. Tu sais très bien que nous nous sommes servis de toi en tant que pantin. Comme tu n'y as émis aucune objection, nous avons continué. Mais maintenant, laisse-nous tu veux bien, nous allons parler de choses importantes que tu n'as pas à savoir. »"
Il laissa un moment avant de continuer. Comme pour me comprendre quelque chose que je n'arrivais pas à saisir.
Il m'expliqua ce qu'il avait vraiment ressenti, durant toutes ces années à se sacrifier pour une cause, qui se demandait-il, en valait-elle vraiment la peine. Je le laissai parler. Et je l'écoutais. Sans rien dire. Simplement écouter ce qu'il avait sur le cœur depuis si longtemps et qu'il n'avait pu dire à personne. J'avais une idée de ce qu'il pouvait ressentir, mais je ne l'imaginais pas aussi grande, aussi désespérée.
"Comprenez-moi, Professeur. Vous avez été le seul, oui, le seul, à me considérer comme un être humain. Jamais vous n'auriez cru l'entendre, mais je vous admire. Depuis si longtemps. Depuis le jour où, dans votre classe, vous m'avez remis à ma place. Je me rappellerai toujours de « Potter notre nouvelle célébrité. ». J'ai mis du temps à me rendre compte que vous étiez mon sauveur. Celui qui voulait m'aider, qui voulait essayer de me sauver de ce Monde où l'on m'avait plongé, de me sortir de l'engrenage infernal…"
"Vous étiez parfois un cas désespérant, Potter. Toujours à mettre cette méchanceté sur le dos de ma haine pour votre père…"
"J'ai compris qu'il n'en était rien. Vous vous serviez de ce prétexte pour me protéger. Quand j'aurai du mériter une paire de gifles, tout le monde me félicitait de mon courage ce qui était plutôt de la témérité. Mais vous, vous me la donniez cette paire de baffes. Pas physiquement bien sûr, sinon vous risquiez la radiation, mais vos paroles…"
"« …aussi tranchantes que les lames d'un coteau me transperçaient le cœur… ». Oui Potter, vous avez compris. Mais il me semble bien tard maintenant pour pouvoir inverser le Destin. Regardez donc ces bouffis se féliciter. Ils vous oublieront, soyez en sûr, à moins que vous vouliez peser dans la balance politique, au tel cas ils se feront un plaisir de vous ridiculiser, de vous traîner dans la boue, de vous mordre la poussière. Ils vous feront regretter d'avoir voulu se mêler à leurs petites affaires. Nul n'est innocent ici."
"Vous avez raison, Professeur. Mais je ne suis pas seul dans ce cas…"
Il laissa sa phrase en suspend. Je savais ce qu'elle voulait dire. Personne n'avait besoin de la finir. J'étais également un élément gênant pour le gouvernement. Je continuerai toujours à être considérer comme un mangemort. Quoique je fasse. Personne ne voulait me voir encore en vie. Pas même Dumbledore. Il aurait voulu que je périsse, et ainsi emmenant avec moi tous les secrets que j'ai pu connaître dans cette vie d'agent double ou triple. Je ne sais plus des fois.
J'ai peur pour Potter. Peur qu'il se tourne vers ce qu'il a combattu de manière insensée. Peur qu'il disparaisse dans les Ténèbres, rejoindre son ennemi juré. Pour faire payer ceux encore vivants sur cette Terre de l'avoir abandonné à son triste sort. Qui pourrait tout aussi bien être le mien.
"Je n'ai jamais cru en un Monde où il y aurait eu d'un coté, les bons, et d'un autre, les méchants. Une chose à détruire serait le manichéisme. Mais ce n'est pas non plus le pouvoir qui dirigerait. Un système compliqué n'est-ce pas , Professeur ?"
"Je vous promets que si un jour je trouve un billet aller-simple, embarquement vers Utopia, je vous en mets de côté, à condition que je puisse également venir, répliquais-je avec un brin d'humour."
"Si cela ne vous dérange pas, prenez plutôt vers le Pays Imaginaire…"
Je vois bien qu'il n'aime plus la vie, sa vie. Il n'y voit plus aucun intérêt. Qui a raison dans cet effroyable déchaînement de violence ? Sûrement pas Voldemort. Sûrement pas non plus Fudge. Qui alors ?
"Pourquoi moi ? Je vous le demande."
"Personne n'est responsable de ses parents, Potter. Personne. Mais c'est souvent aux enfants que de réparer les erreurs de leurs aînés. C'est votre cas. Vos parents étaient gênants pour beaucoup de monde. D'ailleurs ils l'étaient plus pour le ministre que pour Voldemort. En vérité, Queudver a été acheté par le Ministère pour révéler la cachette de vos parents. Il ne voulait pas. Ce n'était pas le grand lâche que l'on a tant décrié. Il voulait protéger ses amis, même au prix de sa vie. Mais il n'était pas tout seul. Il avait de la famille. La menace du Ministère avait été claire. S'il ne donnait pas la cachette, sa famille était décimée. Choix cruel à faire… A cette époque, moi aussi je me suis demandé si je n'aurai pas mieux fait de rester chez Voldemort. Mais j'avais au moins la satisfaction personnelle de pouvoir me regarder dans la glace le matin. Et cela n'a vraiment aucun prix, Potter. Aucun…"
Je le laissai méditer quelques instants sur ce que je venais de lui dire. Je suis persuadé qu'il savait au fond de lui-même ce qui s'était passé. Mais il n'était pas encore prêt à entendre pourquoi ses parents étaient considérés comme des parias. Le moment n'est pas venu. Laisser retomber les émotions. Traiter à froid. Voilà ce qu'il fallait faire.
Je le vois faire un petit rire moqueur. A quoi pense-t-il, je ne sais pas. Mais il n'est pas fou. Perdre la tête après tant de choses, cela n'est pas imaginable.
"Ils sont aveugles. Tous aveugles. Dumbledore, Fudge, et toute la compagnie. Aveugles. Mais à quoi pensent-ils ? Que croient-ils ?"
"Qu'ils sont les bons, et que si vous vous étiez tu, vous en feriez parti aujourd'hui. Qu'il n'existe qu'un seul côté où il faut être, le leur."
"Alors ne partez plus du principe que je suis de votre côté."
Je ne dis rien. Il n'y a rien à dire. Il a simplement raison, face à eux. Je le laisse s'éloigner dans la nuit. Où se rend-il ? Je n'en sais rien. Mais peu m'importe. Il a dit ce qu'il voulait dire. Ce n'est maintenant plus qu'une question de temps…
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Cela fait déjà quelque temps que je n'entends plus rien dans la pièce. Serait-il parti ? Je pourrai alors enlever le foulard. Mais cela pourrait être un piège. Pour voir jusqu'où va ma dévotion ou du moins mon obéissance. Dans le doute, abstiens-toi me dit ma voix intérieure.
J'ai du m'endormir. J'ai les membres tous ankylosés. J'essaye de me remémorer ce que j'ai vu. Etait-ce une vision, un rêve totalement inventé, une réminiscence ? Cela semblait si réel…
Après plusieurs minutes de réflexion, je me décidai à croire ce que j'avais vu. De toute façon, c'était la seule chose à laquelle je pouvais me raccrocher en ce moment.
Je me remémorai ce que je savais. J'étais professeur, à Poudlard. De la fumée. Cuisine ? Non, je ne pense pas. Alchimiste ? Peut-être mais je ne l'enseignais sûrement pas. Potion ? Ce devait être cela.
Voldemort. Je savais que j'étais un des ses serviteurs. Mais il m'est revenu toutes ses horreurs, que j'ai vu. Mais aussi faites. Perpétré sur des innocents, femmes, enfants… Quel monstre étais-je ? Je revois les séances de torture. Le plaisir jouissif que l'on avait à les entendre crier de douleur.
Mais je vois également autre chose. Cette fois-ci, c'est moi qui rampe par terre. La figure en sang. Exténué. Me traînant sur les marches devant le trône du Maître. Demandant pardon et ne recevant que la douleur en échange. Je me vois, le regard perdu, attendant la sentence de mon échec. C'était donc la fois de trop. Celle qui m'avait fait basculé de l'autre côté. Celle qui avait changé mes convictions, ma vision des choses.
D'autres souvenirs viennes complétaient ceux-ci. La plupart est horrible. Comment ai-je fais tout cela ? Comment ai-je pu supporté tous ce sang sur mes mains ? Je ne sais pas. Peut-être est-ce la fin de ma pénitence ? De ma punition ? J'avais pourtant cru que c'était fini. Que me donnant corps-âme à la cause, j'étais absout de mes péchés. Je ne comprends pas…
C'est ce que m'avait dit la Voix. Qu'il ne fallait pas comprendre. Mais j'était pourtant en train de mettre un nom sur cette voix. Je me rappelais les premières impressions que j'avais eues en me réveillant, quand je cherchais mon nom, chose que j'ai abandonné pour un temps.
Elle était froide, posée. Envoûtante. Je l'avais déjà entendu, j'en étais sûr. Où, je ne savais plus. Sûrement à l'Ecole. Un élève peut-être. Ce n'était pas une voix d'adulte. Non, c'était celle d'un jeune homme. Mais qui ? Il fallait que je le sache. Pour me venger plus tard.
La porte grinça. Le son des pas qui claquent le sol résonna dans mes oreilles. Combien de temps s'était passé depuis qu'il était parti ? Il referma la porte derrière lui puis ce fut la consternation.
"Enlevez le foulard, Professeur Snape…"
Ce n'était pas La Voix. Elle était différente. La peur m'envahit. Mais je décidais, malgré tout, d'enlever le morceau de tissu noir qui me cachait les yeux. Aveuglé, l'espace d'un instant, à cause de la clarté de la pièce, j'essayai en vain de voir mon interlocuteur. Jusqu'au moment où…
"Vous ne vous attendiez sûrement pas à me voir de si tôt. Mais je me suis dit qu'un peu de liberté ne nous ferai pas de mal…"
