Au Pays des Vivants

Tout appartient à JKR

Rating M

Son nom lui est revenu. Ses démons aussi. Maintenant que Raison lui est donné, il saura quoi faire. La liberté lui est rendue : le trépas commencera-t-il pour certains ?

Onalurca : voici enfin la suite j'espère qu'elle te plaira!

Morrigane : maintenant que je sais ne pas être la seule à connaitre cette chanson, je suis soulagée de ne pas être folle! Sinon, c'est vrai que j'aime bien les ambiances sombres ( quand je pense à la première fic que j'ai écrite -et malheureusement publiée- une sorte de ramassi de guimauve, j'essaye de pas retomber dans ce travers. Quant à un futur slash, je sais pas trop...

Snapye : voici la suite ! Dans le prochain chapitre, Dumbledore montrera sa vraie nature (je me suis bien amusée à le décrire -ça va saigner...)

Adriatik : j'aime beaucoup ton "quand le Bien est le Mal...", j'espère que tu auras un peu moins faim...


Raisons

Je sens des mains qui me touchent. Qui essayent de défaire le nœud derrière ma tête. Qui ne me font pas mal. Qui me font du bien. Je sens le bandeau, jusqu'alors collé à mes yeux, s'en aller. Je ne vois que du blanc. Je ne suis pourtant pas au Paradis. Je cligne plusieurs fois des paupières. La vue me revient peu à peu. Les yeux me piquent, de cette trop longue attente à l'exposition d'une douce lumière.

Je cherche, je parcours du regard pour trouver à qui appartenaient ces mains salvatrices. Mais je ne peux pas encore voir suffisamment pour distinguer son visage. Ce n'est rien. Il me laisse pendre mon temps. De là où je suis, je ne peux apercevoir qu'un jeune homme. Qui s'approche vers moi.

« Bonjour Professeur Snape. Désolé pour ce réveil brutal. Mais pour me faire pardonner, je vous ai apporté quelques muffins. Et aussi du thé, du café, et du jus de citrouille. Je ne me rappelais plus ce que vous preniez au petit déjeunez à Poudlard. Remarquez, je doute que je l'ai su un jour. »

J'hoche simplement la tête, en guise de remerciement. Je ne peux pas parler. Ma gorge est trop sèche. De mes mains fébriles j'attrape un petit gâteau. Je le plonge dans du café chaud. Ses arômes m'enivrent. Cela fait si longtemps que je n'ai plus senti cela. Je ne réfléchis pas. Peut-être est-ce un nouveau piège. Je m'en moque. Je ne veux me concentrer que sur cette douce chaleur, qui de ma bouche, réchauffe ma gorge, et qui change tellement de cette bouillie infâme. Mes dents me font mal. Je n'ai plus l'habitude de manger autant. Bien que mon estomac crie famine depuis si longtemps, j'ai du mal à avaler. Ma gorge se noue.

Il se passe de longues minutes, avant que je ne daigne lever la tête, pour savoir qui était ce visiteur. Il me tourne le dos, son regard portant sur la porte. Je l'entends marmonner quelques incantations. J'aimerai tant lui parler, lui demander ce qu'il fait ici, mais la perspective que ce n'est que le début de la fin qui commence me retient d'ouvrir ma bouche, pour en laisser sortir un son. Je finis de boire les boissons qu'il m'a apporté et de manger tous les biscuits. C'est alors à ce moment qu'il reporte toute son attention sur moi.

« Je ne serai pas étonné, Professeur, que vous ne vous souveniez plus de moi. J'ai appris seulement hier que vous étiez ici. Croyez-moi, je serai venu plus tôt sinon. »

Je ne sais pas quoi répondre. J'ai réussi à me relever de la paillasse. Mes muscles endoloris me font mal. Maintenant que je suis sur ma couchette, j'arrive à mieux distinguer mon interlocuteur. Impossible de mettre un nom finalement sur cette voix. Pourtant, l'espace d'un instant, j'ai cru savoir de qui il s'agissait. Mais cette pensée s'est bien trop vite envolée.

« Professeur, puis-je vous appeler Severus ? »

Je fais « oui » de la tête, encore trop heureux de n'avoir pas à parler. Ce moment arrivera bien vite.

« Severus, à ce que je vois, vous ne savez pas qui je suis. J'ai été un de vos élèves, il y a quelques temps de cela. Pas un de vos préférés, ou du moins, vous ne me l'avez jamais montré de façon évidente. »

Je sens un peu d'amertume, une certaine déception dans sa voix. Peut6être que …

« Mais je m'égare. Je me nomme Harry Potter. »

Je me souviens maintenant. Mon rêve. Cette réception. La discussion. Harry Potter.

« Finalement, vous n'avez pas tout oublier. »

J'essaye d'ouvrir la bouche pour dire quelque chose, mais une force invisible m'en empêche.

« Ho, attendez. »

Je le vois faire quelques moulinets en l'air avec sa baguette.

« Allez-y Severus, ce n'était qu'un simple sort de mutisme. Pour vous empêcher de crier. Mais je doute qu'il y eu besoin de l'enclencher. Vu votre état. »

« Je … Comment … »

« Ne vous pressez pas. Nous avons tout notre temps. »

Prenant le reste de mon courage à deux mains. Il faut que je sache. Il faut que je sache … mon leitmotiv.

« La dernière fois que je vous ai vu … c'était bien à une réception. En votre honneur. »

« Oui, c'est exact. »

Aucune incompréhension par rapport à ma question ne se lit dans son regard. Le collégien colérique et distrait que je connaissais à disparu pour laisser place à un homme. Un vrai.

J'ai besoin de savoir. Découvrir la vérité.

« Quand était-ce, s'il vous plait ? »

« Vous ne le savez pas ? »

Je baisse les yeux. Cela fait longtemps que j'ai arrêté de compter les jours.

« Cela fait un peu plus de deux mois que nous nous sommes rencontrés. Mais j'ignore la durée exacte de votre … disons 'séjour' en ces lieux. »

« Si je savais seulement pourquoi … »

Potter se retourne vers la fenêtre, en laissant s'échapper un petit rire.

« Je sais que cette expérience vous affectera durablement Severus. Mais je vous demande de ne pas en vouloir à celui qui vous l'a fait subir. C'est difficile. J'en suis conscient. Mais nécessaire. »

Comment pardonner cette déshumanisation ?

« Pardonnez-le. Parce qu'il s'est laissé aveuglé par la colère. Vous étiez le seul qui lui rappelle sa vie passée. Il s'est seulement trompé de personne. Mais cela n'arrivera plus. Il m'a caché que vous étiez ici. Il en a déjà été puni, croyez-moi. Il s'est puni lui-même. Le remord, la culpabilité… des sentiments qu'il s'était efforcé de refouler au fond de lui… »

Je crois mettre un nom sur cette description. Mais quelque chose m'interpelle. « Il m'a caché que j'étais ici ? Qu'est-ce que cela veut dire ? »

« Calmez-vous. Cela ne servirait à rien si vous vous énerviez. Draco Malfoy travaille pour moi. Mais disons plutôt que c'est une collaboration. Aucune hiérarchie entre nous deux. Mais il semble qu'il est voulu se faire un petit extra. »

Je n'en peux plus. Je souffre le martyr, mais je me force et je m'arrache de ce lit. La douleur inonde mon corps, mais je m'en moque. Je veux comprendre quel pantin je suis. Moi qui croyais à un libérateur, j'ai l'impression de me retrouver face à un bourreau bien pire.

« Détrompez-vous Severus. Je ne suis pas un bourreau. Ni un sauveur d'ailleurs. Seulement quelqu'un qui a une dette envers vous. »

« Mais… »

« Je vous en reparlerais plus tard. Pour l'instant – et rasseyez-vous, je vous en supplie- je vais vous expliquer pourquoi vous êtes ici. C'est la moindre des choses. »

D'un coup, j'ai un doute. Si jamais Malfoy Jr. débarquait ici…

« Ne vous inquiétez pas pour cela. Il ne viendra pas. Il sait que je suis ici, et ce que je fais. Comme je vous l'ai dit, il s'en veut déjà. Chose exceptionnel pour un Serpentard comme lui. Mais comprenez. La guerre était finie. Le nom de 'Malfoy' n'était plus aussi respectable, alors que Draco avait combattu, de manière plus que courageuse- un nom serait d'ailleurs à inventer. La rancœur ou l'humiliation lui étaient insupportables. Pourtant certains étaient arrivés à s'en sortir avec quelques honneurs. Ou du moins sans aucune calomnies. Vous faisiez parti de ceux-la. De plus vous aviez connu –très bien- Lucius. Une chose importante à ses yeux. Il n'arrivait pas à vous comprendre. Moi, j'ai abandonné depuis bien longtemps… »

A nouveau ce regard vague, vers ce que je distingue comme les buildings d'une ville.

« Oui, j'ai abandonné cela il y a bien des années… Mais pas lui. Quelque soit le côté où vous êtes véritablement, vous avez trahi, d'une certaine manière tout le monde. Et lui, vous en veut. Il vous en veut. Sur des choses difficiles à définir. Mais en vous mettant ici, il croyait pouvoir guérir de ses démons… »

Draco. Mon élève favori. Avec Potter. N'ai-je pas été aveugle ? Ou plutôt, ne l'ai-je pas fait exprès ? Trop de mal a été fait pour faire table rase. De son côté. Je sais ce qu'il me reproche. Pourquoi n'ai-je pas été là au bon moment ?

« Vous l'avez été pour moi. »

Sa remarque me fait sortir de mes pensées.

« Je vous demande pardon ? »

« Je disais que vous aviez été là pour moi, au bon moment. »

Cela fait déjà plusieurs fois qu'il répond à une question que je me suis posé mentalement. Peut-être que j'ai sombré dans la folie et que je parle à haute voix.

« Vous n'êtes pas fou. Et je ne lis pas dans vos pensées. Je sais que vous n'aimez pas ses termes mais rassurez-vous, je suis un excellent légilimens – grâce à vous- mais jamais je n'utiliserai ce pouvoir à des fins personnelles. Simplement, votre étonnement ce lit sur votre visage. »

J'ai du mal à réaliser que je suis en vie. Et que je vais être libre.

« Je ne vois pas pourquoi j'aurai été là quand vous en aviez besoin. Vous m'avez toujours méprisé… »

« Belle bêtise de ma part. mais sachez-le, d'une manière, vous avez été un père pour moi. Pas celui qui vous félicite, ni celui qui donne cadeaux et gâteries. Non. Vous avez été l'autorité personnifiée. Celle que personne ne m'aurait fait connaître à par vous. A toujours me traiter d'élève normal, sans plus, vous avez été mon garde-fou. Toujours. Je me plaisais à croire que je vous détestais. Mais la mort de mon parrain m'a ouvert les yeux. Vous m'aviez prévenu. Si je vous avais écouté, Sirius sera peut-être encore là. Dès lors, j'ai essayé de me rattraper. »

Je me rappelle d'un 'optimal' aux Aspic pour un certain Mr. Potter…

« Jamais je n'avais eu cet besoin de parler à quelqu'un. Quand Voldemort est tombé, je m'étais pourtant préparé à ce moment, tous les murs qui m'entouraient se sont effondrés. D'un coup. J'ai durant toute mon existence essayer de survivre. Et voilà que la mort m'apparaissait comme la seule solution pour retrouver mon calme. Et puis je vous ai rencontré à la réception. J'ai réussi à mettre enfin quelques mots sur mes angoisses. Je pense que le comportement de Dumbledore m'est apparu comme une trahison. J'en suis même arrivé à préférer Voldemort à lui. »

Il s'interrompt. Je comprends ce qu'il a ressenti. J'ai vécu la même expérience quand Voldemort a disparu la première fois. Je m'étais tourné vers le camp 'du bien'. Et j'avais découvert les mêmes idées. Nous étions tous des hommes. Peut-être ceci explique-t-il cela …

« Vous m'avez remis sur la bonne voie. Enfin, je prenais vraiment conscience de ma condition. Et puis j'ai su très vite que ma vie était menacée si je continuai mes aspirations sur le pouvoir. Mais je n'étais pas le seul dans une telle situation. Draco Malfoy l'était aussi. Notre ministre se plait tellement à voir le monde en noir et blanc. Si bien qu'aucune demi-teinte ne peut plus perdurer. Et Draco en était l'exemple même. »

« Vous étiez bien trop dangereux. Vous l'êtes encore d'ailleurs. »

« Et pour longtemps. Cela ne fait que commencer. »

Je ne perçois aucune colère dans sa voix. Aucune rancœur. Ce n'est pas la haine qui le pousse. Non. C'est un sentiment bien plus noble…

« Alors nous nous sommes exilés – ensemble. Nous voulions nous venger. Mais pas de manière brutale. Ni de manière sournoise. Nous voulions juste faire payer, comme l'aurait fait la véritable justice. Seulement, tous les juges sont corrompus. Mais pourtant, je me force à avoir un peu d'espoir. Bones n'est pas encore morte. » Dit-il avec un rire désabusé.

« Ayez de l'espoir. Gardez-en toujours un peu au fond de vous. C'est le meilleur moteur qu'il existe en ce bas monde… »

« Dès lors, nous avons commencé à établir quelques plans. Les personnes 'à abattre'. Le moyen pour y parvenir. Et puis Draco a commencé à me parler de vous. Ce serait bien trop long à vous rapporter. Mais les sentiments de colère, d'admiration, de trahison, de remerciement s'entremêlaient. Il a eu du mal à accepter le fait que vous lui laissiez se faire marquer, en ne prévenant pas Dumbledore, et puis que vous tuiez son père. Alors qu'il vous croyait amis. »

Je commence à comprendre. Ce n'est peut-être pas trop tard. Je l'espère. Il faut que je le récupère. Avant qu'il perde entièrement la raison. C'est mon devoir.

« Vous voyez pourquoi je vous disais qu'il fallait le pardonner… »

« Je le comprends du moins pour l'instant. Me laisser moisir ici, en me maltraitant, je ne suis pas sûr d'oublier cela très vite. »

« Je ne vous en demande pas tant. Seulement allez-lui parler. Il a plus que besoin d'une oreille attentive. J'ai tant bien que mal essayer de jouer ce rôle. Je l'ai empêché de se suicider. Mais je doute connaître toutes ses blessures pour le guérir. Aidez-moi. Il le mérite. »

J'hoche la tête, conscient du service que l'on me demande. Mais nul besoin de me supplier.

« Bien sûr. Je connais suffisamment Draco pour savoir où il a mal. Mais je ne me suis pas aperçu assez tôt de sa souffrance… »

« On ne reviendra pas en arrière. Maintenant, dites-moi si vous voulez, oui ou non, vous joindre à notre petite entreprise. Si vous refusez, je le comprendrais. Mais je devrais vous faire subir un sortilège d'amnésie- pour notre propre sécurité. Imaginez que vous soyez interrogé sous véritaserum… »

Pas d'hésitation. Aucune.

« Si cela ne vous dérange pas, je me ferai un plaisir de me joindre à vous. Je crois que nous avons quelques intérêts en commun… » Dis-je avec un sourire.

« Alors, direction Dublin… »