Au Pays Des Vivants

A tout hasard, je rappelle que l'abus d'alcool – en l'occurrence de Guinness- est dangereux pour la santé…( et non je n'ai pas été payé par Guinness pour faire de la pub…)

Et vous remarquerez mon amour infini pour l'Irlande...

Réponse aux RV:

Mifibou : c'est tout choisi! Bien que ce chapitre laisse encore planer un peu le doute... merci pour ta review

Ann O'Nyme : 1984 est commandé pour de bons ( les fichier Pdf, ça marche pas bien). Sinon, bienvenue au club des détesteurs de Dumbledore...( même si je l'aime bien en schtroumph dans les fics de Lychee). Quant au futur pairing, ça y est c'est choisi (héhéhé je suis sadique dans ce chapitre...)

Morrigane : merci pour ton analyse! Je reconnais que je me suis beaucoup amusée sur ce chapitre, mais qui était vraimentnécessaire pour comprendre pas mal de chose sur Rogue... merci beaucoup de tes review quis ont toujours très constructives!

Adriatik : ce chapitre ne va pas vraiment éclairer la relation Harry/Sev, mais une autre assez improbable...

Snapye : désolé pour MAJ assez lentes! Je passais une partie de mon bac, alors c'était plutôt les révisions ces temps-ci, et puis la fic sur les hiboux ( car c'est divertissant à écrire). Quant à la relation platonnique, elle est un peu partie dans tous les sens dans ce chapitre...merci pour ta review.

Onarluca: j'espère que ce chapitre te plaira. Désolé pour ceux qui n'aime pas trop l'Irlande, je me suis vraiment lachée... merci pour ta review.

Tous les noms cités dans ce chapitre existent véritablement et sont relativement connus...


Celtic Spirit

IV-

Dublin.

Il fait froid. Il n'a fait que pleuvoir depuis notre arrivée, il y a déjà deux semaines. Mais la capitale irlandaise était le seul repli possible dans ce monde délation. Jamais un irlandais trahira un autre irlandais, pour le vendre à l'Angleterre. Les Anglais ont fait bien trop de mal sur ces terres pour espérer, un jour seulement, revenir en ami. 700 ans d'occupation forcée, voilà ce qu'a dû subir le peuple irlandais. Mon peuple.

Cela fait si longtemps que je n'ai pas remis les pieds dans mon pays natal. Je crois que la dernière fois que j'ai foulé le sol irlandais, c'était quand j'ai pris pour la dernière fois le Poudlard Express, il y a plus de trente ans…

Mais nous ne sommes pas tous les trois à Dublin pour le tourisme. Ni même pour se cacher. Oh non, car la chasse a déjà commencé, et pour nous la meilleure défense est l'attaque. Simplement, nous sommes trois face à la multitude ; tenter quelque chose dans cette situation serait plus que suicidaire. Ce serait griffondoresque comme je me plais à le rappeler à celui qui a survécu.

« - Bordel ! Il va encore faire ce temps de merde pendant longtemps ? »

Cela, c'est Draco Malfoy qui s'énerve. Surtout qu'il a interdiction formelle de sortir sans l'autorisation du Survivant. Sa dernière petite folle escapade n'était pas du meilleur goût – en l'occurrence, faire joujou avec ma personne… Il ne peut pas me regarder dans les yeux. Il n'y arrive pas. Pourtant, je n'attends qu'un seul mot de sa part. Juste « Pardon ». C'est tout. Mais c'est déjà tellement pour la fierté des Malfoy…

« - Mais franchement, qu'est-ce qu'on attend ? Harry, dis-moi ! »

« - Tu le sauras en temps voulu. Ne t'inquiète pas, je sais ce que je fais. »

Définitif. Nous sommes ici, à Dublin depuis deux semaines, mais qu'attendons-nous, je ne le sais pas moi-même. Nous sommes très légèrement à la merci du Survivant.

« - Draco, Severus, ne vous inquiétez pas. Il n'arrivera rien ici. J'attends juste un contact. S'il ne vient pas aujourd'hui, il viendra demain. »

- - -

Trois semaines déjà. Et aucune nouvelle de ce contact. J'ai confiance en Potter. Et de toute façon, je n'ai franchement rien à perdre. Alors l'attente ne fait que repousser le moment de l'épreuve finale, ce qui n'est pas plus mal…

« - Severus, pourriez venir ? »

Que me veut Potter ? Je n'en sais rien. Depuis trois semaines, il a dû dire une trentaine de mots, c'est tout. Peut-être m'annoncera-t-il la venue tant attendue de son homme-mystère…

« - Severus, pourriez-vous faire visiter Dublin à Draco. Je sais que c'est votre natale, ainsi peut-être arriveriez-vous à le sortir de cet état comateux dans lequel il stagne depuis notre arrivée ? »

Super, je vais jouer au guide touristique pour la bonne cause, avec comme client celui qui a failli me faire trépasser… Est-ce qu'il essaye d'expier ses gestes et ses actes envers moi en se saoulant au Whisky Pur Feu depuis trois semaines ? Je n'en sais rien, et je ne veux pas savoir. Ce qui a été fait est fait. J'ai déjà, en partie, pardonné Draco. Mais il ne le sera complètement, seulement s'il vient me parler. Cela ne sert à rien de s'acharner sur son sort de la sorte.

Je monte au deuxième étage de notre appartement, gracieusement prêté par des amis irlandais pure souche. Moldus. Mais je suis dans une telle configuration que sorcier et moldu ne font qu'un : l'être que nous sommes. Et ce ne sont jamais les idées racistes classiques des grandes familles sorcières qui m'ont animé pour j'aille chez les Mangemorts. La seule motivation était d'être quelqu'un. C'était du moins ce que je croyais. Et j'ai très vite réalisé que je m'étais lourdement trompé. Alors j'ai décidé de devenir moi-même. Certains feraient bien de prendre exemple…

« - Draco ? Draco ? »

Il ne répond pas. Il ne veut pas me parler. Pourtant il est dans la chambre, assis docilement sur son lit. La tête baissée, il ne veut pas me regarder.

« - Draco, venez avec moi. Nous allons nous promener. »

Je sens l'incompréhension la plus totale. Potter lui avait bien fait comprendre qu'il n'était pas autorisé à sortir, pour sa propre sécurité, entendons-nous bien.

« - J'arrive. Attendez juste cinq minutes. Je n'ai rien à me mettre… »

J'hésite à lui donner une de mes sempiternelles capes noires ; nous sommes quand même chez les moldus. Alors j'opte pour le classique duffle-coat de Potter. Je ne pense pas qu'il m'en voudra…

- - -

Nous marchons côte à côte depuis près d'un quart d'heure, totalement en silence. Finalement, je me décide à rompre cette atmosphère plus que lourde.

« - Draco, que connaissez de Dublin ? »

Il me regarde, les yeux désemparés face à une question d'une telle banalité. Il s'attendait sûrement à mes remontrances à son égard. Il est vrai que cela paraissait plus logique. Mais dans le monde où nous vivons, cette logique-là n'existe plus…

« - Pas grand-chose en vérité, Severus… »

« - Voyez-vous, Dublin n'est pas le genre de ville dont le visiteur tombe amoureux immédiatement, elle n'est ni cosmopolite ni raffinée. L'âme de Dublin se trouve dans ses pubs, qui sont les salons des habitants de la ville. Les Pubs … Si vous aviez plus de 21 ans, je vous y aurais emmené… »

Je sens très bien son sentiment de frustration. Bien sûr qu'il est déjà aller dans des Pubs à Londres. Mais ce n'était pas de vrais Pubs. Non, les véritables se trouvent en Irlande et en Ecosse, là où la souffrance des hommes est telle que la seule alternative possible ne réside pas dans l'alcool lui-même, mais dans sa capacité à réunir les hommes. Car ensemble, on arrivait à survivre. Mais seul, c'était la mort assurée.

« -Dublin est une ville qui a tellement souffert, Draco. Mais plus belle qu'elle, bien sûr qu'il en existe. Mais qui ont une âme aussi grande que la sienne, je n'ai pas encore trouvé… »

Nous remontons Grafton Street, la rue piétonne. Il s'arrête devant un enfant acrobate. Un enfant de la rue. C'est si nouveau pour lui. Ma souffrance, il l'a toujours vécu dans le luxe. Mais devant ses propres yeux, il se rend enfin compte que d'autres souffrent bien plus que lui, mais n'ont pas la satisfaction de s'endormir dans des draps de soie…

« - Quand vous serez plus âgé, je vous amènerai à Crown Alley. Si vous avez envi de découvrir la vie nocturne de Dublin, c'est là que nous avions tous rendez-vous… »

Je ne sais pas si la nostalgie que j'ai à évoquer ces lieux transparaît dans ma voix, mais je le vois devenir de plus en plus attentifs à mes dires. Tant mieux.

Nous marchons à travers Dublin depuis plus de trois heures. J'espère que je lui aurais fait comprendre toute ma culture ; l'Irlande a toujours été ma seule patrie au plus profond de mon cœur. J'ai vécu dans beaucoup d'autres pays, la France notamment, que j'ai du quitter à regret. Mais jamais je n'ai pu oublier mon Irlande. Jamais. Elle était encore mieux gravée dans mon cœur que la marque des Ténèbres sur mon bras.

« - Severus… Que faisez vos parents en Irlande ? On m'a toujours dit que les Rogue étaient une famille anglaise… »

Les Rogue, une famille anglaise. Quelle blague ! Je ne lui tiens pas rigueur de l'horrible blasphème qu'il vient de commettre. Comment pourrait-il savoir ce qu'a vécu ma famille ? Bien entendu les Rogue sont une vieille famille sorcier, et par les jeux de l'amour et du hasard, elle est presque restée pure. Presque, donc rejet totale des autres familles. D'un côté, être ami avec des gens comme les Black n'aurait rien eu de glorieux…

« - Bien que le nom Rogue n'est pas vraiment une consonance celte, nous sommes bien une famille Irlandaise. Nous n'avons jamais eu de « Manoir Malfoy » comme votre famille ; nous avions seulement notre petite maison familiale. Mais cela nous suffisait. Je ne peux pas dire que nous étions particulièrement heureux, mais vu le peu d'argent que nous recevions dans ces périodes de crise, nous étions du côté des chanceux. »

Parler de ma famille me rappelle la semaine la plus belle de l'année ; les vacances dans le Connemara.

« -Nous avions même assez d'argent pour nous payer une semaine de vacances dans le Connemara. Avec toute la famille bien sûr ; grands-parents, oncles et tantes en prime…le bleu profond de la mer, la teinte rouille de la tourbe, le gris des rochers de granit, et les nuances changeantes du ciel ; un véritable paradis pour qui sait l'apprécier à sa juste valeur. »

« - Mon père m'a envoyé une semaine dans la péninsule de Dingle. A part les Pubs… »

« - Dingle est pourtant un joyau de l'Irlande. Soyez parfois simple, Draco, et vous découvrirez tellement de mystères cachés… Car je doute que vous ayez un jour goûté à une véritable Guinness… »

IL fait froid, et finalement ma promesse secrète de ne pas l'encourager à boire quoique ce soit qui ait de l'alcool vole en éclat. Je l'amène directement St James Gate, où se trouve le musée Guinness. C'est fou comme un peu d'alcool peut me remonter le moral.

« - Pourquoi tenez-vous tant à l'Irlande, Severus ? »

Pourquoi ? Bonne question.

« - Je ne crois pas que cela puisse s'expliquer facilement. L'Irlande, c'est comme une grande famille. Où que vous alliez dans le monde, vous trouverez toujours des irlandais, ou des gens qui voudraient l'être. Même au fin fond de l'Amazonie, vous trouverez toujours quelqu'un avec qui vous partagerez votre Guinness, et avec qui vous parlerez des derniers exploits des Crécerelles de Kenmare, ou au contraire, vous vous rappellerez le temps de la lutte avec Michael Collins et Eamon De Valeira. C'est ça être irlandais. On ne peut pas se retrouver seul. »

« - Vous n'avez pas peur que justement, cette mentalité vous coupe des autres ? »

« - Draco, quand on est con, on est con. Des brebis noires, il en existe partout, dans tous les pays, dans toutes les cultures. Après, c'est à chacun de s'ouvrir sur les autres. Ce n'est pas la faute de notre culture. Je doute sérieusement que vous pensiez vraiment ce que vous avez dit… »

« -Au fait, vous ne m'avez pas répondu tout à l'heure. Que faisaient vos parents ? »

La Guinness l'a rendu bien trop curieux à mon goût. Finalement, je n'aurai peut-être pas du l'amener ici…

« - Ne me posez pas de questions, et je n'aurai pas à vous mentir Draco… »

Je le vois déçu. Ou est-ce de la peine ? Pour qui ? Je n'en vois pas l'intérêt. Mes parents étaient de simples ouvriers, et bien que sorciers, leur seule chance de faire vivre leur famille était de travailler chez les Moldus. Je doute que Draco puisse encore aujourd'hui que cet « abaissement » comme il l'appelle fût nécessaire. Et puis ce n'était pas si désagréable. Jusqu'au jour où mon père est mort. Pourquoi a-t-il fallu qu'il monte sur cette fichue grue ?

« -Severus, vous allez bien ? »

Je me rends compte trop tard que je me suis trop longtemps perdu dans ma nostalgie. Ce qui est arrivé après la mort de mon père n'a été qu'enfer et désolation, pour moi bien sûr. Mais surtout pour ma mère…

« - Je suis désolé, Severus, je ne voulais pas vous importuner… »

« - Ne vous inquiétez pas. J'étais juste en train de me demander si vous accepteriez de venir avec moi un jour dans le Connemara… Vous verrez, Galway est aussi très bien. Je ne crois pas que l'on puisse rivaliser avec les pintes de Guinness du The Quays… »

« - Vous me semblez bien connaître l'Irlande, et surtout à travers ses Pubs. Combien en avez-vous écumé ? »

Combien ? Sûrement tous…Et j'ai arrêté bien avant que j'atteigne ton âge, Draco. Mais cela, tu n'as pas à le savoir…

« - Je ne sais pas vraiment. A vrai dire, je m'en fiche. Quelle importance ? »

Depuis le début de cette promenade, nous n'avons pas abordé une seule fois ses actes. Ce n'est pas à moi d'en parler. Je n'ai pas à lui macher le travail. Ce serait tellement plus simple. Mais il faut lui apprendre d'ores et déjà à assumer ses actes. Car ceux qu'il va devoir perpétrer vont être bien horribles et bien plus cruels que ceux qu'il a expérimenté sur moi. Je ne sais pas s'il en a conscience.

- - -

Il se fait tard maintenant. Mais aucun de nous n'a envie de retourner à la moiteur de l'appartement, et avoir durant toute la soirée un Potter morose. D'un commun accord, nous décidons de finir cette après-midi au temps pourri dans un autre Pub ; nous optons pour Mullingan's, Poolbeg Street D2. Nous sommes contre toute apparence décider à ne pas nous bourrer. Mais je reconnais que cela va être une promesse très difficile à tenir, vu les petites bulles qui remontent jusqu'à la surface de mon verre et qui ne demande qu'une chose ; être bues. Je ne sais plus comment refuser cet appel au vice. Et je ne pense pas que ce sera mon compagnon de beuverie qui m'arrêtera.

Il ne faut pas que je compte là-dessus. Oh non, Draco est bien trop heureux de pouvoir enfin avoir pu sortir. Il n'a rien dit, il croit que je n'ai rien vu ; on pourrait difficilement me berner ; mais je reconnais qu'il a chipé trois bouteilles de Pur Feu de manière bien maligne. D'ici la fin de la semaine, je suis sûr qu'il me demandera de lui refaire faire une petite ballade touristique ; son stock sera épuisé…

« - Superbe définition… »

«- Comment ? »

« - Là. Regardez sur le mur. Votre patrie résumée en quelques mots… »

En effet, un grand panneau porte l'inscription du Centre Pour l'Irlande :

« Prenez une île. Pas trop grande pour qu'on puisse en faire le tour en pas trop longtemps, mais quand même assez.

Peignez-la en vert. Employez tous les verts que vous connaissez et même les autres. Ne lésinez surtout pas avec le vert.

Puis installez des montagnes près de la mer pour faire de jolies côtes.

Placez des rivières paisibles par-ci par-là, des collines et des lacs un peu partout.

Convoquez le soleil et les nuages et dites-leur de faire le plus beau ciel du monde et le plus grand. Arrosez pour que ça brille.

Mettez-y des hommes : faites-les roux, chaleureux, hospitaliers, poètes.

Puis reposez-vous : vous venez d'inventer l'Irlande. »

- - -

Finalement, nous ne nous sommes pas comportés en bon garçon. Il est excessivement tard. Et c'est un Potter très énervé, en apparence calme, qui nous attend sur le perron de l'appartement.

« - Mais bordel ! Où étiez vous passé ? Cela fait 10 heures que je vous attends ! Je vous ai dit d'aller faire une petite ballade jusqu'au coin de la rue, et vous, vous partez faire le tour de Monde ! »

Je reconnais, nous avons un peu exagéré. Mais je ne comprends pas une telle colère. Cela fait trois semaines que nous attendons désespérément la venue d'un homme que Potter imagine comme le Messie…

« - J'espère que vous n'êtes pas trop bourrés – en fait, vous avez intérêt à ne pas l'être – car notre invité vous attend depuis pas mal de temps. Et à côté de lui, je ne suis pas énervé. »