Disclaimer : voir chapitre précédent
Mileslerenard : Merci pour ta review ! Elle m'a fait un plaisir énorme (sniff… ma première review sur ce site ! ) Je peux déjà te dire que cette fic est très courte (4 chapitres). Quant à ce qui va arriver à Harry… Et bien, tu as un nouvel indice dans ce chapitre ! Bizzzz
POV Draco
Vide. Je me sens vide. Un pantin sans âme. Incapable de la moindre émotion. C'est tout ce que je suis. J'ai dix-sept ans et je suis comme mort. Ca dure depuis trois mois. Depuis que père est en prison. Non ! Je me trompe… A ce moment-là, il y avait la haine. La haine qui me dévorait, qui me faisait avancer, me forçait à apprendre le plus de magie noire possible. Ma haine envers Potter. Cette haine que je croyais infinie. Je m'étais juré de le tuer à la rentrée. Je ne l'ai pas fait. A la rentrée, Potter ne m'intéressait plus. Car même le feu de ma haine s'est éteint.
C'était une belle journée d'août. Le ciel était bleu, le soleil brillait, les oiseaux chantaient et les fleurs n'en finissaient pas d'exhiber leurs pétales colorés. Je me rappelle de tout avec exactitude. Ma joie quand j'avais obtenu du ministère la permission de rendre visite à mon père, mon impatience, ma déception quand ma mère avait refusé de m'accompagner, tout est à jamais imprimé en moi. Je ne sais pas pourquoi il faisait si beau ce jour-là. Je pensais que la nature participait à ma joie. Maintenant, je crois qu'elle se moquait de moi.
Puis j'ai pénétré dans les bâtiments sombres d'Azkaban. Pour la première fois, j'ai vraiment fait face aux détraqueurs. Enfin, les quelques-uns qui étaient restés fidèles au ministère. Si j'avais pu, je me serais enfui en courant. Mais un Malfoy n'a pas peur. Un Malfoy est indifférent à tout. Il reste fier et se tient droit en toutes circonstances. C'est ce que mon père m'a appris. C'est ce que j'ai fait. C'est ce qu'il a oublié. J'aurais mieux fait de faire demi-tour en courant. Je n'aurais pas vu ce que j'ai vu. Lui, cette loque qui avait été mon père. Sans ses cheveux, je n'aurais pas reconnu Lucius Malfoy en cet homme roulé en boule, se balançant d'avant en arrière en répétant des mots sans queue ni tête.
C'est à ce moment-là que tout a basculé. En sortant d'Azkaban, je savais qu'une partie de moi était morte, que je ne serais jamais plus pareil. Et peu à peu, je suis tombé dans cet apathie qui me glace le sang. Je suis rentré à Poudlard et tout était différent. Je m'étais dit qu'ici, je reviendrai à la vie. Je m'étais trompé. Les seuls instants où je me sens encore vivant sont ceux où je provoque Potter. Mais même ce plaisir-là se fait plus rare. Car en lui aussi quelque chose semble s'être brisé à jamais. Et plus les jours passent, plus je dois aller loin pour le faire réagir.
Aujourd'hui, j'ai du lui reprocher la mort de son parrain. Je n'aurais jamais cru en venir là. Quoi que les autres en pensent, j'ai un code de conduite- je crois qu'il est apparu après ma visite à Azkaban… C'est bizarre. Toujours est-il que provoquer Potter sur ce sujet ne suit pas ce code. Et j'ai honte de ce que j'ai fait… Un Malfoy avec des remords… C'est aussi impensable qu'un troll intelligent…
Bien entendu, personne ne s'est rendu compte du changement. Je surveille mon comportement. Il ne manquerait plus que l'on sache que Draco Malfoy est mal dans sa peau ou qu'il n'est plus lui-même… Je ne le permettrai pas. Je continue à regarder les autres de haut, à les mépriser, à appeler Granger 'sang-de-bourbe'. Je reste le deuxième meilleur élève de Poudlard. Je reste le chef de ma maison. L'emprisonnement de mon père semble même m'avoir conféré une nouvelle aura de respect parmi les élèves de Serpentard. En résumé, je suis toujours le même salopard hautain. Mais seulement en apparence. Parce qu'un salopard hautain n'a jamais en vie de pleurer, de hurler de douleur. Parce qu'un salopard hautain a encore des émotions joyeuses, même si elles sont pauvres et fausses. Moi, je n'ai plus rien de tout cela.
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Les cours sont terminés. Potter a séché le cours de potions. Il va se faire descendre par Snape. Ca promet d'être amusant. Enfin quelque chose que je ne manquerais pour rien au monde. Je devrais rentrer directement au dortoir et étudier, comme je le fais chaque jour, mais je n'en ai aucune envie. A quoi va me servir d'étudier ? Je n'aurai de toute façon pas besoin de mon diplôme. Je ne me fais plus d'illusions. Si la guerre se termine par la victoire de Potter, mon nom m'empêchera de trouver un emploi. Même si je n'ai pas combattu aux côtés du Seigneur des Ténèbres, je finirai en prison. J'ai donc tout intérêt à m'engager à ses côtés. S'il gagne, il me donnera une place dans la direction de son empire. Pourquoi laisserais-je passer cette chance ?
De plus, ce que nous avons appris aujourd'hui, je le maîtrise déjà. C'est bizarre, mais en s'entraînant pour devenir mangemort, on apprend un nombre incalculable de sorts de guérison, histoire de pouvoir faire durer les séances de torture…
Non, je n'ai pas envie d'aller étudier… Je me balade dans les couloirs, sans faire attention aux chemins que j'emprunte, laissant mes pas me guider, sans but précis. Je monte des escaliers, descends un nombre incalculable de marches, traverse couloirs sur couloirs, jusqu'à ce que mes jambes ne me portent plus. Je suis dans une aire quasiment abandonnée de l'école, où les élèves ne viennent que rarement. C'est pourtant ma partie préférée du château, peut-être à cause de la solitude qu'elle m'offre. Je pourrais hurler sans que personne ne vienne me déranger…
Une légère odeur de renfermé flotte dans l'air. Je marche à présent vers un but précis, une petite salle dont les Black se transmettent le secret depuis la fondation de Poudlard et dont ma mère m'a parlé lors de mon entrée à l'école. Il fait sombre, comme toujours, mais quelque chose me semble changé. Peut-être le sentiment de ne pas être seul, ou cette légère odeur, à la fois suave et métallique. Je ralentis le pas, cherchant à discerner les formes dissimulées dans l'ombre. C'est alors que je trébuche sur une forme étendue sur le sol. Par réflexe, j'ai tendu les mains pour me rattraper. Le sol est humide et poisseux. Je retiens un cri et lance d'une main tremblante un sort de lumos. La faible lueur qui échappe à ma baguette me permet de distinguer le liquide qui recouvre mes mains. Du sang. Je sens un frisson glisser le long de mon échine. Avalant difficilement ma salive, je le vois, là, étendu sur le sol dans une mare rouge. Potter.
