Théalie : je suis (hélas) une spécialiste des fics pas roses qui ne se terminent en général pas bien… Sniff…

C'est bizarre, cet engourdissement, cette apathie, ce sentiment d'indifférence au fond de moi. A peine si je peux encore ressentir quelques maigres émotions. Et bientôt, ce sera le vide. Il paraît que je n'ai pas le droit. C'est ce que me raconte cette satanée voix qu'on appelle conscience au fond de moi. Quelqu'un sait-il pourquoi la mienne me fait autant penser à Dumbledore ? Qu'ils aillent tous les deux en enfer ! Je ne veux plus les écouter, je ne veux plus les laisser dicter ce que je dois faire. Trop longtemps, je me suis laissé faire, trop longtemps je n'ai été que le gentil Harry, Celui-Qui-A-Survécu, saint Potter, qu'importe comment on m'appelle ; ce n'est jamais moi que l'on désigne, ou si peu… Celui qui incarnait ces surnoms est mort, je ne suis même pas certain qu'il ait un jour réellement existé. Et ce ne sont ni Ron, ni Hermione, ni Dumbledore qui pourront me convaincre du contraire.

Me connaissent-ils seulement ? Ils n'ont jamais vu de moi que ce que j'acceptais de leur montrer. Connaissent-ils l'assassin ? Celui qui a tué son professeur de défense contre les forces du mal en première. Celui qui l'année suivante a commis un autre meurtre ? Quelle importance que Tom n'ait été qu'un souvenir ? S'il avait été réel, je l'aurais peut-être aussi tué… Puis, en troisième, j'ai rencontré mon parrain et je lui ai sauvé la vie. Le monde est rose et les oiseaux chantent, n'est-ce pas ? Mais qui sait à quel point j'ai désiré le baiser du détraqueur alors qu'il se penchait vers moi ? Tout laisser derrière moi, ne plus avoir à me battre contre ces forces plus puissantes que moi. M'en aller, sans bruit, sans larme, tout simplement. Ensuite, Voldemort est revenu. Grâce à mon sang. Cédric est mort, sans raison, simplement parce qu'il était à côté de moi au mauvais moment. L'année suivante, ce fut le tour de Sirius. Ils meurent tous par ma faute…

Je suis fatigué. Je n'en peux plus de toutes ces morts. Je ne veux plus avoir à tuer. Je ne veux plus que l'on se sacrifie pour moi. Je n'ai rien fait pour mériter de tels gestes. Ma seule erreur fut de naître et d'être aimé par ma mère.

Ma vie n'a jamais été rose, mais avant la mort de Sirius, je croyais encore au bonheur, à la justice, à la nature humaine. Mais l'homme n'est qu'un amas de tripes béantes pourrissant au soleil… Rien n'est blanc, rien n'est noir. Et le monde sorcier est loin d'être le paradis que je m'étais imaginé. Lui aussi est rongé, pourri de l'intérieur… Tout ce en quoi j'avais cru se révèle illusion à la lumière de l'expérience. Alors, à quoi bon encore vivre ?

J'ai fait attention, Ron, Hermione. Vous ne m'avez pas suivi ce soir. Il est temps à présent de mettre à exécution cette idée qui m'obnubile depuis si longtemps. Mais je voudrais que vous sachiez que j'ai fait de mon mieux pour tenir le coup, j'ai essayé de vivre, de sourire, de rire parfois. Mais J'ai échoué. Et je vais m'en aller à présent. Parce que je n'ai plus la force, même pour vous. Votre amitié sera la seule chose qui va me manquer. C'est pour vous que je me suis battu si longtemps. Mais aujourd'hui, je vous demande de me laisser partir et de comprendre… Pardonnez-moi…

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Je m'assieds à même le sol, adossé au mur. Les pierres en sont froides et humides. Je frissonne à leur contact mais ne bouge pas. Un genou replié sur lequel repose l'un de mes bras, je lève les yeux vers le plafond lézardé et je prends une profonde inspiration. Un calme surnaturel m'envahit, je clos les paupières et profite du silence. Au bout d'un moment, glacé par le froid des pierres, m'agenouillant sur les dalles fissurées du couloir. Ce coin de l'école est très peu fréquenté, c'est pour cela que je l'ai choisi.

Ma main gauche va chercher dans ma poche le couteau que j'ai 'emprunté' aux cuisines. Mon pouce glisse sur la lame effilée, en évaluant le tranchant. Puis je le rapproche de mon poignet et du bout des doigts, je dessine le filet des veines qui y courent, les caresse, les frôle. Puis c'est au tour de la lame de se poser sur ma peau. Elle tremble un peu puis se raffermit. Un mouvement fluide et la chair est tranchée. Le sang se met à couler, rouge écarlate sur ma peau blanche. Peu à peu la douleur m'envahit, par vagues successives, de plus en plus rapprochées. Mais j'ai déjà subi bien pire. Et cette fois, la paix est au bout du chemin… Je m'écroule sur le sol déjà poisseux. Le monde se met à tanguer et s'efface peu à peu. La douleur disparaît. Mes yeux se ferment.