la douleur d'un monstre

Mon nom?

Ça n'a pas d'importance à vrai dire, ça n'en a jamais vraiment eu. Ce nom en a fait frissonné plus d'un, frisson de dégoût, de peur, parfois de pitié, souvent les trois.

Que suis-je? Je ne le sais pas moi-même. Une sorte d'ombre, un monstre Rien de bon en soit.

J'ai eu des amis, oh oui croyez moi. J'ai réussi alors que je pensais échouer à jamais. J'ai fait mes études à Poudlard! Oui à Poudlard. Je me sentais bien là-bas. Presque invincible, rien ne pouvait nous toucher, à la vie à la mort. Mais la mort nous a frôlé bien trop vite.

Enfance gâchée à jamais. Je n'avais que onze ans quand ça c'est passé mais je m'en rappel comme si c'était hier.

Ce souvenir me hante, hante mes nuits, hante ma vie. Comment continuer comme ça?

À cet âge la, j'étais insouciant, rien ne m'effrayait et pourtant… Avec une mère médicomage et un père auror, j'étais le roi du monde. Quand j'ai vu cette femme à l'orée du bois, je l'ai suivit. Elle était tellement jolie, elle me demandait juste de l'aider. Elle avait des cheveux blonds et des yeux d'or, un sourire enfantin.

Magnifique.

Je l'ai regardé, moi, garçon plein de joie de vivre, ne me doutant de rien. Ni de l'amertume que cachait ces yeux ni encore de la souffrance. C'est plus tard, quand elle m'a conduit près de cette maison faite de bois que j'ai compris qu'elle n'avait nullement besoin d'aide. Je l'ai regardé. Elle m'a sourit. Et de nouveau, j'ai eu confiance.

Elle m'a demandé de rester la et je l'ai fait. Je suis resté, sans bouger. Il ne faisait pas encore nuit mais presque, on voyait déjà très nettement les étoiles. Et cette lune bien ronde.

J'ai entendu un grognement et, comme dans les vieux films hollywoodiens, je me suis retourné comme au ralenti. Une louve magnifique. Les mêmes yeux dorés, les poils blonds dorés. Elle me regardait comme pour me défier de l'approcher. J'avais onze ans et je ne comprenais décidément rien à la vie. Alors je me suis approché. J'ai mis ma main sur son poil. Doux et chaud. Elle n'a pas bougé, elle a attendu le bon moment.

Et d'un coup, elle m'a attrapé. Ces dents brillaient à la lueur de la lune. Elle m'a attrapé à l'épaule droite. Une grande griffe, elle en a perdu une griffe. Je n'ai pas compris ce qui m'arrivait, j'ai juste vu cet homme approcher. Cet homme qui était autrefois mon père. Il a crié mais je n'ai pas entendu se qu'il disait. La douleur était trop forte. La louve m'a regardé, comme contente d'elle. Et la, mon père a planté une lame d'argent dans son corps, son cœur. Elle n'a pas bougé Peu à peu, elle a repris sa forme originelle. Ces yeux sont devenus bleu éclatants.

Elle a simplement sourit comme libérée d'un poids. Elle m'a regardé et s'est excusé. C'était la dernière chose qu'elle ait pu faire avant de mourir. J'ai regardé un instant ma blessure. La griffe de la louve c'était transformé en ongle tout ce qui a de plus humain. Je me suis écroulé et me suis réveillé bien après, cette voix douce dans ma tête comme pour me narguer. C'est à partir de ce jour que je n'ai plus osé me regarder dans le miroir. Hanté par mes yeux dorés qui furent autrefois les siens.

J'aurais du le savoir. Ma mère me racontait souvent cette histoire pour m'endormir.

L'histoire de ces quatre femmes envoyées par Séléné. Ces femmes magnifiques qui emprisonnaient le cœur et l'âme des garçons qu'elles aimaient. C'était une légende. Du moins, je le croyais jusqu'à ce jour. La dernière était morte de la main de mon père. Morte sans jamais avoir vécu. Je n'ai jamais compris pourquoi elle m'avait choisi. Mais le destin est ainsi fait. Je pensais ne jamais pouvoir souffrir autant et j'avais tort. Une fois de plus.

Je me suis fait des amis à poudlard. Les meilleurs amis du monde. Pour preuve, l'un deux a trahis James et Lily. Les tuant ainsi sans pitié. Le deuxième a fini à Azkaban pour un meurtre qu'il n'avait pas commis. Et moi, je suis resté en vie. Du moins, en apparence. J'étais persuadé de la mort de Peter comme tout le monde. Mais j'aurais du savoir que Sirius n'aurait jamais fait ça à James. J'aurais du et je m'en veux encore. Maintenant, c'est trop tard. Sirius est mort à son tour.

Je suis le dernier. Et je souffre. Le loup garou ne connaît qu'un amour. Elle était cet amour, elle l'a toujours été et le sera toujours. Mais elle ne l'a jamais compris et elle est partie. Elle est partie loin avec quelqu'un qui ne la mérite pas. Nos routes devaient bien se séparer un jour. Mais je ne pensais pas que ce jour arriverait si vite. Ma vie s'arrête ici.

Adieu.

.:2:.

«Adieu» ma phrase se meurt lentement alors que je lève la tête.

Toutes ces personnes réunies pleurent sous leurs parapluies. Moi-même, je pleure. Mes larmes se mélangent à la pluie et l'orage gronde. Je dépose une rose sur sa tombe en essayant de ne pas me rappeler ce maudit jour. C'est plus fort que moi. Je revois encore ces images et j'ai encore cette peur au ventre. Je me vois arriver en courant. J'avais un mauvais pressentiment ce jour la. Une sorte de malaise. J'ai toqué à sa porte et, comme pour confirmer mes dires, personne n'a répondu. J'ai essayé de me persuader que c'était peut être tout simplement le hasard. Je suis rentré et ai monté ces marches aussi vite que j'ai pu.

Et je l'ai vu.

Lui aussi m'a vu. Il ne me tournait pas le dos, non, il était face à moi, comme si il savait que j'allais venir. Il a murmuré quelque chose. Ces mots, je les entends encore la nuit. Ces trois mots.

'Je t'aime'

Je lui ai crié que moi aussi je l'aimais mais je ne pense pas qu'il m'entendait encore. Il avait une dague plantée dans le cœur. Une dague d'argent. Je reprends mes esprits en sentant quelqu'un à mes côtés. Je retourne mes yeux brouillés de larmes vers elle.

«Morgane» soufflais je.

Elle me regarde, elle pleure aussi. Nous sommes seules maintenant. Je me retourne une dernière foi vers cette tombe.

- Rémus J. Lupin -

1959-1996

omnia vincit lupus