Par Nomad Octobre 2001.
Traduction benebu Juillet 2004
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7 : Beignets frais et humiliation.
Sam se tortilla sur son siège, incapable de se concentrer. Normalement, s'il avait eu un moment libre, il serait allé voir Josh pour voir s'il voulait aller déjeuner. Aujourd'hui, ce ne serait peut-être pas la meilleure des idées.
Ou alors ce serait pire de changer leurs habitudes ? Cathy et Ginger auraient encore plus de soupçons s'ils commençaient à s'éviter pour qu'on ne puisse pas imaginer qu'ils avaient une liaison.
Comme si elles n'avaient pas déjà assez de soupçons. Josh était tranquille, dans sa partie du bâtiment, mais Sam ne pouvait pas franchir sa porte sans tomber sur Cathy ou Ginger… ou même Bonnie, qui, il en était sûr, avait été informée de l'incident de ce matin maintenant. A la prochaine pause café, l'histoire serait arrivée jusqu'à Donna. Ce n'était pas un problème ; Donna était son amie, et à elle seule elle taquinerait Josh autant que les trois assistantes de la Communication réunies.
Mais à partir de ces quatre, ce n'était qu'une affaire de temps avant que la rumeur ne parvienne jusqu'à Carol ou Margaret… et que ce soit l'une ou l'autre, ce seraient e mauvaises nouvelles. CJ étant l'attachée de presse, Carol se sentait obligée de l'informer quand ce genre de rumeurs commençait à se répandre. Et Margaret avait pour habitude de dire les choses à Leo de façon imprévisible…
Sam attrapa un crayon, le regarda un moment, et considéra sérieusement l'idée de s'empaler avec.
Deux jours auparavant, les choses avaient été normales, aussi normales qu'elles pouvaient l'être quand on travaillait à la Maison Blanche et qu'on venait de découvrir que les vampires et les démons existaient. Puis, il avait été mordu par une fille, s'était transformé en loup-garou, et avait donné naissance à une rumeur de relation homosexuelle avec Josh.
Ma vie est un désastre.
Il savait bien qu'à un moment ou à un autre, il devrait sortir déjeuner, mais à dire la vérité il avait peur de sortir. Cathy, dans ses meilleurs jours, lui faisait déjà peur. En plus, dernièrement, il ne s'en sortait pas vraiment bien dans ses relations avec les femmes, alors l'idée qu'elles seraient toutes les trois à le taquiner était carrément effrayante.
La pire des choses, c'était qu'elles n'avaient pas l'air choquée ou inquiète à l'idée d'un tel risque pour sa carrière. Il y avait des moqueries affectueuses, des sourires entendus, des coups de coude complices, comme si l'idée qu'il avait une aventure avec Josh était la meilleure qu'ils aient jamais entendue.
Allez, Sam. Reprends toi. Tu ne peux pas te cacher là-dedans pour toujours.
Et pourquoi pas ?
Bonne question.
Parce qu'à la fin, Leo viendrait te sortir de là. Et par la même occasion, il verrait trois assistantes jouant la comédie de 'je connais un secret'.
Bonne réponse.
Il se raffermit et se leva pour aller ouvrir la porte. Cathy leva les yeux et lui fit un grand sourire. « Salut, Sam. » Même la manière dont elle prononça son nom laissait entendre un léger amusement.
Ne panique pas ne panique pas ne panique pas.
Respire, Sam, respire.
Peut-être qu'il n'avait pas besoin de sortir déjeuner après tout . « Cathy, tu peux me commander quelque chose ? Je vais rester travailler sur ce truc que j'avais commencé. »
Voilà. Vous entendez ? Pas de morsure de loup-garou et/ou d'expériences sexuelles, merci bien.
« D'accord. Au fait, ce beignet qui était sur ton bureau hier soir… »
« Tu l'as mangé. » Finit-il, en souriant avec soulagement. Normal. Retour à la normale.
« Oui. Je t'en commande un autre avec ton déjeuner ? »
« S'il te plait. » En fait, il ne mangeait jamais les beignets qu'il commandait. Lui et Cathy avaient un arrangement tacite. Il achetait des cochonneries, de préférence sucrées, et envisageait de les manger, et Cathy éloignerait la tentation, l'idée étant qu'un bon karma annulait les calories. C'était ce qu'elle racontait en tout cas. Peut-être que ce n'était que de la gourmandise.
Il n'était absolument pas sur ses gardes quand elle lui demanda avec un sourire « Tu veux que j'appelle Josh pour qu'il vienne te rejoindre ? »
Elle gloussa joyeusement quand il piqua un fard et s'enferma dans son bureau. Il appuya son dos contre la porte, et ferma les yeux, incrédule.
Là, tu viens de démontrer ton innocence, Sam.
Il s'assit pour revoir encore une fois le discours, mais il était trop agité pour se concentrer. Ses joues le brûlaient encore d'avoir rougi si fort. Mon Dieu, c'est tellement humiliant.
Il se laissa glisser de la chaise et se recroquevilla sous son bureau.
Je ne sortirai plus jamais de là.
