Mémoires d'un Détenu d'Azkaban... Chapitre 2...
C'est comme cela que je rencontrais pour la première fois celui qui deviendra l'un de mes meilleurs amis... Et surtout l'un des membres du mystérieux groupe des Maraudeurs sous le surnom de Moony, en référence à Sa Particuliarité. En effet, si cette lune me rappelle cette fameuse nuit, elle me rappelle aussi que Moony est mon Loup Garou préféré ! Je ne l'appris que quelques semaines après notre rencontre. Curieux de savoir la cause de ses absences mensuelles, je le suivis discrètement et assistait impuissant à l'une de ses terribles transformations qu'il devait subir avant que la potion Tue-Loup ne soit inventée. Celle-ci permettait de rendre à Remus sa part d'humanité pendant ses transformations. Ils passaient donc les nuits de transformations cloîtré dans La Cabane Hurlante à attendre patiemment que le temps passe.
C'est à ce moment-là que nous décidâmes – James, Peter et moi même – de passer les épreuves pour devenir Animagus afin d'accompagner notre ami dans ses longues nuits de solitude mensuelles. Ce fût l'avènement du groupe des Maraudeurs composé de Moony, Prongs, Wormtail et Padfoot...
En cette nuit d'hiver, j'étais le seul à l'accompagner. (Prongs et Wormtail étant retournés chez eux pour les fêtes de fin d'année...). Je devais rejoindre Moony à la Cabane Hurlante comme d'habitude et attendre patiemment qu'il eût terminé sa transformation avant de pouvoir s'échapper tranquillement...
Quelques mètres avant le passage permettant d'accéder à cette baraque soit le Saule cogneur, je vis mon ami adossé à un arbre. Les yeux fermés, sourcils froncé, la tête légèrement en arrière, il semblait réfléchir ou du moins je l'espérais... Inquiet, je jetais un coup d'œil au ciel. L'astre lunaire était au rendez-vous, rond, lumineux. Magnifiques aux yeux de certains, synonymes de malheur pour d'autres... Sans hésiter, je me précipitai vers Moony en l'appelant, sentant que quelque chose n'allait pas. Il ouvrit doucement les yeux en m'entendant et me lança un petit sourire embrumé. Un tremblement agitant l'une de ses mains, trahissant son état. Ses cernes, toujours présentes sous ses yeux dorés, était presque effrayante à présent et se détachaient très nettement de son teint pâle presque transparent. Fournissant un grand effort, il se détacha de son appui et se dirigea vers moi en titubant, ce qui accentua mon inquiétude et mes craintes... Quand je fus assez proche de lui, Moony se laissa presque tomber dans mes bras et je ne pus que constater les dégâts. Son corps, déjà bien maigre, était à présent squelettique, son front appuyé sur mon bras était plus chaud que la moyenne...
« Moony ! Tu es brûlant de fièvre ! » Le principal intéressé leva vers moi des yeux dorés légèrement voilés et embrumé. Haletant, il me répondit doucement qu'il pensait qu'il y arriverait seul et qu'il ne voulait pas que je m'inquiète... C'était gagné !... Soupirant, je le pris dans mes bras et l'emmenait au Saule cogner dont la silhouette se dessinait quelques mètres plus loin. C'était à présent le seul obstacle avant la destination. Moony se mit à trembler de plus en plus fort, ce qui n'arrangeait pas les choses. Réfléchissant à toute allure, je le reposais à une distance raisonnable de l'arbre meurtrier pour partir en quête d'un objet me permettant d'immobiliser le végétal. Je sentis la main de Moony me prendre un pan de ma cape et me tournais vers lui. On pouvait voir à son visage qu'il luttait contre quelque chose en lui. D'une voix faible, il me demanda de m'enfuir tant qu'il était encore tant. C'est dans l'éclat de ses yeux dorés que je compris tout de suite la gravité de la situation. La potion « tue-loup »... Il avait dû ne pas la prendre, ou pire ses effets étaient diminués lorsqu'il était fiévreux. J'eus la force de lui sourire malgré la panique qui resserrait son étau sur mon cœur et lui souffla qu'on y arriverait. Sur ces belles paroles, je me transformais en Padfoot, ce chien noir aux poils hirsutes, et fonçait tête baissée dans l'arbre tueur, zigzaguant pour éviter les branches. Ses feuilles me fouettait ou m'entaillait légèrement mais j'étais décidé. J'atteins mon but et l'arbre s'immobilisa. Haletant je revins vers Moony, me transformait en humain et l'emportait à travers le passage qui s'était ouvert à travers les racines...
Arrivés enfin dans la Cabane Hurlante, le corps de Moony était secoué de soubresauts et l'éclat doré de ses yeux commencèrent à perdre toute humanité. Le posant contre un mur de la baraque, je me précipitais vers les chaînes qui le maintenait à l'époque où ses transformations étaient d'une telle violence. Alors qu'il commençait à se métamorphoser, je lui sautais littéralement dessus et lui enfilais les menottes comme je pouvais en essayant d'éviter ses griffes et ses dents fraîchement apparues. Un violent coup me projeta sur un mur. J'atterris lourdement mais trouvais la force de me relever. Moony s'était bel et bien transformé. Son visage s'était allongé, laissant la place à un museau, des poils était apparus le long de son corps. Mais il était attaché à présent et ne pouvait m'atteindre malgré ses efforts. Après quelques minutes, il haletait et se laissa tomber comme une masse. Aussitôt endormi. Appuyé contre mon mur, je récupérais doucement de l'effort que je venais de fournir. Titubant à présent, j'essayais de m'approcher et finit par tomber moi aussi à genoux et m'allonger sur lui sans me soucier des conséquences. Sa chaleur irradiait et me réchauffait... Paisiblement, je m'endormais.
Moony...
J'ouvris les yeux lentement et scrutait la pièce d'un air hagard. Mon esprit embrumé mit de longues minutes à s'extirper de ce doux rêve qui me berçait. Recroquevillé dans un coin froid de ma cellule sombre, je revins peu à peu à la réalité... Le cauchemar. Depuis combien de temps suis-je ici ? Tournant faiblement la tête, je regardais les fines lignes tracées sur le sol rocailleux et les comptais... 2... 4... 6... Six ans. Six longues années et des brouettes... Fixant un point invisible au delà des marqueurs de temps, je partais à la recherche de ce paradis perdu. Le sommeil. Qui referme dans son cocon chaud et doux tous mes rêves... Ou plutôt mes souvenirs –comment peut-on rêver lorsque l'on est enfermé ?...- Les souvenirs d'une époque qui me paraît déjà si lointaine. Lorsque j'étais encore libre comme l'air... Peut-être un peu trop... Aurais-je brûlé la « bougie-liberté » par les deux bouts ? Est-ce mon châtiment ?... Alors que je ruminais de mornes pensées, une faible lueur éclaira la pièce sombre. La lune fit une apparition à travers l'unique lucarne de ma cellule. Ronde, pleine... Pâle comme Sa peau... Brillante comme Ses yeux... La Lune... The Moon ... Moony... Un flot de souvenirs me submergea, bon ou mauvais, seuls ou accompagnés de Prongs, Lily...
Où sont-ils à présent ?
