C'était par une tiède matinée d'été, ma sœur Elise cherchait désespérément des sites sur Saiyuki en grommelant « ça veut pas buger, ça veut pas buger, ça veut pas buger » (la pauvre a abusé de la fic Hochi no Chiri made by Kaya), et moi, je lisait tranquillement le tome 4 dudit manga. Moi, c'est Alice, 17 ans et encore toutes mes dents, les cheveux bruns et bouclés, le corps plutôt à la Ririn (grosse goutte de sueur). Tout le contraire d'Elise (ma PETITE sœur, bien qu'elle fasse dix centimètre de plus que moi) qui à 16 ans en paraissait facilement trois de plus (re-grosse goutte de sueur). Les cheveux lisses et clairs, on nous prête difficilement un lien de parenté.
« P de p de m ! CA VEUT PAS BUGER ! »
Je réalise qu'une main m'empoigne par le col et que je m'envole du sol.
« ALIIIICE, CA VEUT PAS BUGEEEEEER »
Je n'aime pas être méchante, mais là, elle va trop loin. Je lui mets une claque pour la calmer.
« WAAAA MAIS CA VA PAS LA TETE ? »
« Du calme Elise, ça bugera peut être un autre jour » dis-je, conciliante.
« JE VEUX QUE CA BUG MAINTENANT ! »
(J'ai oublié de préciser à quel point ma sœur est fan de Saiyuki)
Alors que la conversation sur un bug éventuel pouvant ramener le quatuor des héros cinglés dans notre merveilleuse réalité menaçait de s'éterniser, je sens quelqu'un me tapoter l'épaule.
« Bonjour, je ne voudrais pas vous déranger, mais j'ai une lettre pour vous » dit une chose qui ressemble étrangement à une grenouille.
« Mais qui êtes vous ? » je demande, étonnée.
« Une grenouille bien sur »
« Ah »
« Bon, alors, vous nous la donnez cette lettre ? » s'énerve ma sœur, qui en plus d'être impatiente, est vraiment malpolie.
Le batracien lui tend une enveloppe en la foudroyant du regard.
« Pardonnez son manque d'éducation, elle lit trop de manga douteux » lui expliqué-je.
La grenouille hoche la tête d'un air compréhensif.
« Moi-même, j'ai une nièce qui… »
« On s'en fout » coupe Elise « Alice, mate moi un peu ça »
J'abandonne le pauvre batracien pour jeter un coup d'œil à la lettre. C'est un questionnaire.
« Viens, on va le remplir » s'exclame ma sœur avec enthousiasme (car elle aime beaucoup remplir des questionnaires) « Merci pour tout et au revoir monsieur ou madame la grenouille ». Sur ce, elle empoigne la chose verte et la vire par la fenêtre de la chambre.
Je sens une grosse goutte de sueur descendre le long de mon crâne
« Voyons voir … alors…. Nom et prénom : Elise Edinguant.
Nom et Prénom de la fille qui se tient juste à côté de vous : Alice Edinguant
Quel est votre genre de caractère : ……agréable »
« Euh ….»(Mes yeux sont réduits à l'état de traits)
« LA FERME ALICE.
Pourquoi avez-vous jeté la grenouille par la fenêtre : Elle me saoulait trop
Vous aimez les sushi : jamais goûté
Aimeriez vous manger des sushi sur une personne nue : si c'est sur Sanzo, oui.
Y a-t-il des gens qui parviennent à vous supporter ? (Une veine apparaît sur la tempe de ma sœur si sensible)
Que pensez vous du Bodhisattva Konzeon : c'est qu'un vieux débris hermaphrodite qui va se recevoir mon poing dans la gueule pour avoir osé rouler une pelle à Sanzo»
« Elise, tu trouve pas que ce questionnaire est un peu bizarre ? » je demande, légèrement inquiète.
« J'ai dit LA FERME ALICE. Je reprends :
Vous avez l'air d'apprécier Genjyo Sanzo : t'es pas si con que ça finalement
Pourquoi ? Il est très désagréable pourtant : (Une veine, encore plus grosse que la précédente, vient de réapparaître sur la tempe de ma sœur) si tu es sain d'esprit, tu ne répétera plus un truc pareil.
Du calme, inutile de s'énerver : bon, ça vient, la suite des questions ?
Ok, ok, alors, que pensez vous de Goku : Il est BOOOO (le truc qui sort des tripes)
Vous avez des goûts bizarres : ……………………t'as de la chance de n'être qu'un bout de papier
Un bout de papier ! Je ne vous permet pas de m'insulter : Alors tu ferme ta gueule et tu balance la suite des questions.
Bien, j'abrège, êtes vous fan de Saiyuki : OOOOOOOUUUUUUIIIIIIIIIII
Vraiment ? YESSSSSSSSSSS
Non, mais vraiment vraiment ? t'es bouché ou quoi ?
Vas-y, répète encore une fois : OOOOOOOOUUUUUUUUUIIIIIIIIIIII ! »
Mais moa, je ne suis pas du tout rassurée.
« Elise, t'as remarqué que tu es en pleine conversation avec un questionnaire ? (Grosse goutte de sueur) »
Mais avant qu'elle ne puisse me répondre, un bras se met à émerger de la feuille de papier. Une claque retentit.
« NON MAIS T'ES MALADE ? » hurle Elise.
Bosatsu venait de sortir du questionnaire.
« Ca, dit elle/il d'un air digne, c'est pour le vieux débris hermaphrodite qui va se recevoir un poing dans la geule pour avoir osé rouler une pelle à Sanzo »
Hélas pour Bosatsu, Elise ignorait tout du respect dû à une divinité. Je me mets entre les deux dingues avant que le sang ne se mette à couler.
« Caaaaaaalme…….Eliiiiiiise, caaalme toi…caaaaaAAHHH ! » J'évite de justesse une chaise qui va s'écraser contre le mur d'en face. Le poster de Gojyo en prend un coup.
« ELISE ! IL FAUT TOUJOURS QUE TU SOIS MALPOLIE ! QUAND ON RECOIT UN INVTE, QUE CE SOIT UN HERMAPHRODITE DERANGE OU NON, ON DIT B-O-N-J-O-U-R ! »
« Celui qui osera porter la main sur moi sans en payer le prix n'est pas encore né » fulmine ma sœur, le visage couvert de veines grosses comme des patates.
« Je propose qu'on reparte de zéro, déclaré-je. D'abord monsieur…euh….madame…euh….Bosatsu, que diable nous voulez-vous ? »
Le dieu épousseta ses vêtements transparents avec une moue dédaigneuse.
« Je venais vous dire que vous êtes les grandes gagnantes de notre loterie Saiyuki. Tous les 50 ans, on tire au sort deux fans pour qu'ils passent six mois avec les héros de la série. Vous avez une chance monumentale, y a plus de 30 milliards de candidats recensés »
« Mais il n'y a que 6 milliards d'habitants sur Terre, objecté-je. Et Saiyuki n'existait pas il y a 50 ans…. »
« Les mystères de l'univers sont insondable », réplique Bosatsu d'un air mystérieux.
Elise ne semblait pas avoir enregistré la totalité du message. Elle n'avait retenu qu'une chose : on va passer 6 mois en compagnie des quatre héros.
« Je vais voir SAAANZOOOOOOOOO » hurle-t-elle, les yeux comme des soucoupes volantes, des cœurs tout autour de la tête.
« Bon bah, je vais pas vous faire attendre plus que ça » dit Bosatsu en disparaissant dans un tourbillon de fumée rose bonbon.
Nous attendons, silencieuses, pendant deux minutes entières. Rien ne se passe. Rien, nada, nothing, rien à gratter.
« C'est quoi cette arnaque ? » grogne Elise, qui, comme je l'ai déjà dit, n'est pas très patiente.
Alors même qu'elle prononçait ces paroles, quelqu'un me tapote l'épaule. M'attendant à une autre surprise du genre de la grenouille verte, je tourne la tête au ralentit. Un machin avec des antennes rouges me regarde.
« T'es qui toi ? Tu veux qu'on aille s'envoyer en l'air ? »
J'entends le bruit d'un pistolet qu'on charge.
« Dégage sale pervers, tu vas lui faire peur. »
« KYAAAAAAAAAAAAAAAAAA COME HERE MY BELOVED ! » ( Amène ta fraise mon bien aimé)
Une chose non identifiée (enfin si, comme vous l'avez deviné, c'est Elise) atterrit en plein sur la poitrine du bonze. Il se met à hurler et à lancer des coups de feu à tort et à travers.
Goku se cachent derrière moi et utilise mon corps comme bouclier. Hakkai tente vainement de calmer Sanzo, mais pas étonnant qu'il perde la boule avec ma sœur qui danse autour de lui en hurlant (et en lui arrachant sa robe de moine de toutes ses forces). Gojyo profite de la situation pour me peloter.
« Viens, on se tire pendant que les autres s'éclatent, dit-il avec un large sourire très inquiétant. Nous aussi on y a droit (ajoute-t-il en soulevant mon T-shirt d'un cran) »
« Don't touch me» ( bas les pattes)
Hakkai se désintéresse soudain des deux malades mentaux (l'un déjà à moitié déshabillé) pour accourir vers moi.
« Oh , you speack the same language as me ! There must be some trouble with the translation, since I don't understand a word of French » ( Oh, vous parlez la même langue que moi ! Il doit y avoir un problème de traduction car je ne comprends pas un mot de français). Visiblement, ce Hakkai venait de la version anglaise de Saiyuki.
« Euh, don't worry, we'll find a solution » (Ne vous inquiétez pas, on trouvera une solution)
Je monte sur le bureau pour contempler l'ensemble du désastre. Elise s'amuse à traumatiser ce pauvre Sanzo, Goku est tellement terrorisé qu'il n'a pas ouvert la bouche, ne serai-ce que pour dire qu'il a la dalle, Gojyo essaye de m'enlever mon haut (il est monté sur le bureau lui aussi) et Hakkai est complètement déboussolé. Il est temps de calmer tout ce beau monde.
« Euh, écoutez moi s'il vous plaît…..EEH, JE VOUS PARLE BANDE DE BOUFFON, ALORS AYEZ LA POLITESSE DE FERMER VOS GUEULE ET DE M'ECOUTER !»
Un silence de mort s'abat sur la pièce. Des morceaux de peinture s'écroulent des murs, délogés par les coups de feu de Sanzo.
« Alice, fait Elise d'une petite voix, tu vas bien ? »
Je lui réponds d'un regard terrible. Tout le monde me fixe d'un air émerveillé et/ou terrifié. Je ne suis pas mécontente de mon effet.
« Et si on commençait par se présenter ? » je demande d'un air joyeux.
« Wééééé »dit Goku
Personne d'autre n'est en état de parler.
« Je commence alors. Je m'appelle Alice Edinguant, et je suis la sœur de la furie qui se trouve dans les bras du présent bonze en face de moi. »
Elise ne comprend pas tout de suite que c'était d'elle dont il était question.
« Et moi c'est Goku ! J'aime manger » dit le petit singe de bon cœur.
« My name is Hakkai. I love reading » ( Mon nom est Hakkai. J'aime lire)
«Moi, c'est Gojyo. J'aime les filles.» (Le sieur jette un coup d'œil à mon décolleté pas si décolleté que ça avant qu'il ne l'élargisse)
« Moi c'est Sanzo, j'aime mon sutra »
« Moi c'est Elise, j'aime Sanzo »
Un silence se réinstalle. Personne ne sait quoi dire, Elise brûle d'envie de sauter sur Sanzo, Sanzo brûle d'envie de sauter par la fenêtre, Hakkai brûle d'envie de sauter sur les bouquins de la bibliothèque, Gojyo brûle d'envie de sauter sur moi et Goku brûle de …
« MANGEEEER» hurle le singe en découvrant ma réserve secrète de kinder bueno (soigneusement cachés dans un tiroir secret de mon bureau).
« Ah non ! Ça c'est ma bouffe à moi ! »
« Mais j'ai faiiiim »gémit-il.
Il me lance un regard si implorant que je ne peux que lui céder mes précieuses provisions. Après un soupir à fendre l'âme, je prends de nouveau la parole :
« Maintenant qu'on s'est présentés, j'ai quelques questions à vous poser…Elise, laisse ce pauvre Sanzo tranquille. Tout d'abord, est-ce que vous savez ce que vous faîtes ici ? »
Ils secouent tous la tête en un signe négatif catégorique, sauf Hakkai qui n'a pas compris et à qui je traduit la question (do you know what you're doing here ?)
« Donc Bosatsu s'est foutue de notre gueule »
Ils hochent tous la tête en un signe positif catégorique, sauf Hakkai qui n'a toujours pas comprit et à qui je doit encore traduire (So Bosatsu made fools of us).
« C'est la première fois que vous venez dans ce monde ? »
Nouveau signe positif. (et je re re traduis pour Hakkai : Is that the first time you're coming to our world ?)
"Conclusion : on est dans une grosse merde (je prend les devants et je traduis directement) : So we're in a big shit. »
Acquiescement unanime.
