Entre Chien et Loup

Chapitre 8 :

Auteuse : Keres

Base : Harry Potter

Genre : suite du tome 5

Disclamer : Harry n'est pas à moi. Drago n'est pas à moi. Sirius n'est pas à moi. Mais je suis en train de prévoir un bishonen-napping et d'en faire ma propriété légitime. Les autres ? Ils ne sont pas à moi non plus mais je les laisse à leur estimée propriétaire, la géniale J.K.Rowling. (Comment ça je fais la lèche-botte dans l'espoir qu'elle ne me colle pas un procès une fois que j'aurais capturé les beaux mecs dont elle est l'heureuse propriétaire ?)

Y'a quelqu'un ?

Non, il n'y a personne ?

Oh, mais que vois-je ? Un lecteur qui est toujours là !

Vraiment avec le retard que j'ai, je crois que je n'ai qu'à m'écraser et faire platement mes excuses pour ces trois semaines qui se sont un peu étalées.

Je ne vous parlerai pas des circonstances atténuantes que j'ai eues, comme les problèmes d'ordinateur que tout le monde connaît, perdition de cahier sur lequel j'avais écris en attendant, les grosses panes d'inspirations et le lycée où je passe ma vie sans avoir l'impression d'y faire quoi que ce soit, ça serait trop long.

D'autant qu'au lier d'écrire ce chapitre, j'ai écris des morceaux d'Entre Chien et Loup qui ne seront publiés que dans un long moment... Bref, pour ceux ou celles qui lisent mon bla-bla, sachez que je suis bien décidée à finir cette fic, et un jour elle sera publiée dans son intégralité, même si ce n'est pas pour tout de suite...

Réponses aux reviews :

Ornaluca : Merci beaucoup pour tes reviews qui me font toujours aussi plaisir ! Mais si tu t'inquiètes pour Riry chéri, il va falloir attendre un peu pour qu'il aille mieux... Mais ça va s'arranger !

Saturne : Merci ! Et pour ta question, OUI ça va tourner en slash ! Contente ? Mais il va falloir attendre un pitit peu. Voilà « déjà » la suite, j'espère qu'elle va te plaire !

Shany-Blue Pendragon : Merci beaucoup pour ta review ! Je crains que ce moment de l'histoire ne soit pas très joyeux... Mais (normalement), ça s'arrange plus tard !

Ratonton : Voui, chef : Voilà la suite et désolée du retard !

Vif d'or : Désolée d'avoir « un petit peu » abusé de ta patience en postant ce chapitre en retard, j'espère que tu l'aimeras !

Sa: Merci beaucoup pour tes compliments, ils me vont droit au cœur! Voilà la suite, j'espère vraiment qu'elle te plaira! Sinon pour ma bio, je suis contente, bien qu'étonnée, qu'elle te plaise, et ce que je peux dire c'est que tu as vraiment de bons goûts si tu aime ma fic et les mêmes choses que moi! Lol! A bientôt j'espère et bonne lecture!

Kaori: Merci à toi... Je suis contente que les personnages t'aient touchée, c'est vraiment sur eux que j'ai le plus réfléchi! Bonne lecture et encore merci!

Bins: Tu as raison, le lycée et le collège, ce n'est pas du tout pareil! J'ai l'impression de ne rien faire de mes journées, et pourtant j'ai mis je ne sais combien de mois à écrire ce chapitre. Où est la logique? Merci beaucoup pour ta review, ça fait plaisir!

Yuki-chan: Merci! Je suis contente que les couples te plaisent, même s'ils ne sont pas très originaux... Et je suis sincèrement désolée de t'avoir fait m'envoyer deux review pour cause de chapitre plus que retardataire!

Et un grand merci à Ornaluca pour son mail qui m'a donné un coup de speed !

§§§§§§§

Encore un mardi.

Encore six heures et demi.

Encore un entretien avec Ombrage.

Encore ce couloir, où Malfoy attendait, une fois de plus arrivé le premier.

Mais cette fois le Serpentard ne le regardait plus de haut, avec dédain et moquerie, comme il le faisait aux autres entretiens.

Il le suivait des yeux avec la même expression que ces derniers jours, un sourire prédateur sans les lèvres, juste avec les yeux.

Et Harry, ne sachant pas comment réagir, garda une expression impassible en se laissant glisser par terre, le dos contre le mur.

Mais il ne put garder longtemps les yeux fixés ailleurs que dans ceux du Serpentard.

Ses yeux de métal toujours insondables, bien que légèrement différents, comme les lueurs d'un feu couvent sous la glace.

Harry ne savait plus que penser de Malfoy, mais cette impression de délire, de vertige même, le repoussait et l'attirait en même temps.

Son attention fut détournée des yeux d'acier par la porte qui s'ouvrait, laissant passer trois élèves.

Par la porte restée ouverte, ils purent entendre :

Entrez, messieurs, entrez...

Harry se leva et il entra le premier, mais il ne pouvait ignorer la présence presque oppressante du Serpentard juste derrière lui.

Ombrage était assise derrière son bureau, comme à son habitude, et était en train, d'un coup de baguette magique, de ranger au fond de la pièce l'un des trois fauteuils qui lui faisaient face.

Bonsoir. Asseyez-vous, je vous prie.

Harry et Draco s'exécutèrent, et attendirent qu'Ombrage entame la conversation, ou plutôt son long et habituel monologue.

Messieurs, vous n'êtes pas sans vous douter du sujet particulier dont je me dois de vous parler aujourd'hui, puisque la semaine dernière, notre entretien a été regrettablement remplacé.

Harry pensa que le « regrettablement » était de trop. Lui avait largement préféré regarder Malfoy se déshabiller plutôt que d'écouter Ombrage lui parler pendant une demi-heure...

Votre groupe, continuait Ombrage, est d'autant plus concerné qu'une des personnes enlevées en faisait partie, et il a partagé avec nous l'amitié qui lie les gens dans ce genre de circonstances...

Harry eut envie d'éclater. Mais il ne savait pas si c'était de rire ou en sanglots... A côté de lui Malfoy avait plutôt l'air de s'étouffer.

Je veux bien entendu parler de M.Longdubat, de son enlèvement ainsi que celui de M. Thomas.

Harry ne s'énerva même pas. Ombrage était devenue pour lui tellement insignifiante, et il était tellement fatigué de toutes ces histoires. Il n'avait envie que d'une seule chose : autre chose. D'autres problèmes, d'autres personnes, d'autres ennemis... N'importe quoi qui ne soit pas Voldemort et sa guerre.

Vous comprenez, messieurs, continuait inlassablement Ombrage, qu'un tel évènement ne pourra en aucun cas se reproduire et que vous êtes absolument en sécurité à Poudlard. Et pour vos petits camarades, vous êtes bien sûr déjà conscients que le ministère de la magie s'occupe activement de cette affaire et que la libération de ces élèves est une priorité.

Bein voyons, pensa Harry. Quel image se dégagerait d'un système incapable de protéger ses enfants ?

Mais il est de mon devoir de vous préparer à une éventualité... improbable, mais toujours possible. Vous n'êtes pas sans savoir que chaque crise, même passagère comme cette petite montée de mangemorts nostalgiques et sans chef, n'est pas sans conséquence... Et il est à craindre que ce soient Messieurs Londubat et Thomas qui les subissent...

Harry ne réagit pas et resta impassible. Il savait déjà que Dean et Neville étaient morts, ou presque. Chaque minute sans que le ministère ouvre des négociations ouvertes les précipitaient tous les deux vers leur fin.

Et Ombrage continuait de bavasser.

Et donc, il est bien évident que...

Je vous arrête tout de suite, intervint soudainement Malfoy. Il est absolument hors de question que pour des « raisons de sécurité », je sois privé de sortie à Pré-au-Lard ou ailleurs, ou qu'on m'impose un couvre-feu plus strict.

Harry ne réagit même pas. Quelque part, ce comportement typiquement malfoyen le rassurait, lui chuchotait que tout était comme avant.

L'inconnu que Malfoy devenait ces derniers temps, l'étranger que lui-même devenait, lui faisaient peur et l'attiraient. La peur de l'inconnu, le désir inconditionnel d'autre chose. Qui lui avait dit que le désir, à la différence de l'envie, méritait un saut dans le vide, de lâcher ses préceptes, de renier ses idées et ses croyances ? Il ne se rappelait plus.

Mon... Monsieur Malfoy...

La voix bégayante et effrayée d'Ombrage le sortit légèrement de ses considérations philosophiques.

Monsieur Malfoy, se reprit-elle d'une voix un peu plus assurée. Nous n'avons pas encore mis en place de telles mesures, mais vous devez bien comprendre que...

Pas encore ? Pas ENCORE ! Je vous préviens tout de suite que quoi que vous imposiez aux autres élèves, vous ne feriez mieux pas de tenter de me plier à quelque nouvelle règle que ce soit...

Harry aurait voulu tenir ce même discours à Ombrage. Un seul regard sur la femme lui rappelait l'année précédente, la « Grande Inquisitrice » et les retenues dont sa main gardait encore le souvenir.

Mais il ne pouvait pas. Ce n'était pas que la vision de cette montagne de graisse grelottante surmontée d'un nœud rose, effrayée par un élève, lui inspirait une quelconque pitié. Elle l'avait apitoyé, mais maintenant il ne voyait plus en elle qu'un défouloir totalement inintéressant.

Mais sur ce sujet là, il ne se sentait pas le droit d'intervenir.

Monsieur Malfoy, je vous conseille de faire attention. Ces paroles pourraient être interprétées comme des menaces...

C'était de sa faute à lui si Ombrage voulait les restreindre dans leur temps libre.

Tiens donc ! s'exclama ironiquement Malfoy. Rien d'étonnant, puisque ça en sont !

C'était de sa faute à lui si Dean et Neville étaient prisonniers de Voldemort. Toutes les actions dont découlaient leur capture étaient donc entièrement de sa faute à lui.

Monsieur Malfoy, je vous préviens que je ne tolérerai pas une pareille attitude...

Oh ? Et qu'allez-vous faire, m'envoyer la brigade inquisitoriale ?

Quelque part, le cynisme de Malfoy toucha Harry. Le Malfoy d'avant, si semblable pourtant à celui qu'il avait sous les yeux, n'aurait pu revenir sur ce qu'il savait être une erreur.

Monsieur Malfoy, pour la dernière fois, je vous prie de vous calmer...

L'héritier Malfoy, loin d'écouter sa « tutrice », se leva et quitta la pièce. Harry entendait Ombrage vociférer, mais ne prêta pas attention à ses paroles. Il ne pensait même pas que Malfoy était énervé, seulement lui aussi le petit jeu du ministère auquel il avait accepté de se prêtait ne l'amusait plus.

A son tour Harry se leva et sortit, avec en fond sonore Ombrage qui s'époumonait mais n'osait pas se lever pour les suivre.

Une fois dans le couloir, Harry eut envie d'une fille et partit à la recherche de Parvati Patil, toujours prête à s'amuser un peu.

§§§§§§§

Quand la sonnerie stridente du réveil retentit dans le dortoir, et Draco l'éteignit d'un geste brusque, encore dans un demi-sommeil. Il se réveilla après quelques secondes, à moitié affalé sur la table de nuit où son instrument de torture s'était tu pour dix toutes petites minutes.

Il se rallongea, et à peine sa tête eut-elle touché l'oreiller qu'il s'était déjà rendormi.

Et dix minutes plus tard, le réveil sonna à nouveau, et Draco l'éteignit de nouveau, se recoucha et se rendormit. Ce petit manège dura, comme tous les jours, plus d'une demi-heure. En attendant, le dortoir des sixième année de Serpentard s'était vidé, il ne restait plus qu'une demi-heure avant le début des cours.

Quand Draco s'en rendit compte, en faisant taire une fois de plus son réveil, définitivement cette fois, il se recoucha sur le dos dans un long soupire, et remonta son épaisse couette jusqu'au menton.

C'était le matin qu'il se sentait le plus mal. Il était épuisé, ses yeux le piquaient dès qu'il voulait les garder ouverts, il sentait la fatigue courir dans tous ses muscles, son estomac vide se soulevait, lui donnant la nausée. Et puis il y avait le froid. Il était si bien sous sa couette toute chaude, avec ses gros oreillers de plumes... Mais non, il fallait se lever, traverser ce grand dortoir mal chauffé pour accéder à la salle de bains. Et là se déshabiller, se doucher en vitesse, puis s'habiller, sortir...

Il savait qu'après ça irait mieux, même s'il y avait les cours, le devoir de métamorphose, les deux heures de sortilège en commun avec ces abrutis de Gryffondor...

Draco soupira de nouveau, et tendit le bras pour saisir sa baguette et allumer la lumière. Le soleil ne s'était pas encore levé, et même la faible lueur de la bougie posée sur sa table de nuit agressa ses yeux rougis par le manque de sommeil.

Il réussit à s'asseoir sur son lit, puis se leva au prix d'un effort incommensurable.

Vingt minutes plus tard, après être rapidement passé à la Grande Salle boire un café, il arriva, parfait comme à son habitude, juste à l'heure pour le devoir de métamorphose. Personne ne s'en étonna. Draco Malfoy n'arrivait jamais en avance ni en retard. La ponctualité est une qualité, or un Malfoy possède toutes les qualités.

Trois quarts d'heures plus tard, Draco reposa sa plume près de l'encrier, et relut sa copie. Parfait, aucune faute, une autre bonne note en perspective. A côté de lui, Blaise écrivait encore, comme la majeure partie de la classe.

Il laissa son regard partir par la fenêtre, sur le ciel bleu et glacial de la fin du mois de novembre, et en profita pour laisser vagabonder son esprit. Il fut tiré de sa rêverie par McGonagall qui ramassait les copies et les fit sortir.

Draco traversa les couloirs pour aller au double cours de sortilège, entouré de Grégory et Vincent qui parlaient de Quidditch, pour changer un peu, de Pansy qui refaisait le contrôle dans sa tête, livre à la main pour voir si elle avait fait des erreurs, et de Blaise, qui pour une fois ne disait rien.

Blaise Zabini était vraiment un garçon étrange, et Draco avait compris seulement dans le courant de l'année précédente que ses interminables babillages n'étaient qu'une surface, et que lui-même ne s'écoutait pas, préférant étouffer les autres sous des flots de parole pour qu'ils le laissent penser en paix. Alors pour une fois qu'il était plongé dans ses réflexions en silence, Draco préféra le laisser seul à ses songes.

Etrangement, il se sentait bien. Il se sentait presque flotter dans le couloir, même si le sol était ferme sous ses pieds.

Puis au détour d'un virage, il croisa Potter. Seul. Automatiquement, un sourire sardonique fleurit sur ses lèvres. Il avait envie de jouer avec le Gryffondor, comme jamais auparavant. Jusqu'à le fin de sa cinquième année, Harry Potter avait été un symbole de danger, d'adversité. Un ennemi personnel qu'il fallait vaincre.

Pendant un temps, les quelques mois de cette sixième année en fait, le comportement inhabituel du Gryffondor l'avait surpris, intéressé, même. Là… L'étonnement de la nouvelle attitude été passé. Il avait entendu sa mère parler par cheminée interposée avec une de ses cousines éloignées. Dans la noblesse sorcière, même les enfants répudiés font jaser. Surtout les enfants répudiés. Et la disparition du dernier Black, rejeté par les siens, n'était pas passée inaperçue.

Bref, Draco avait compris que c'était la mort de Sirius son parrain qui avait mis le grand Harry Potter dans cet état, et avait plutôt envie de s'en amuser.

Un jeu, un jouet pour le détourner de son ennui, de ses ennuis.

Comme d'habitude, une remarque acide allait sortir toute seule. Draco ne savait pas encore laquelle, mais il faisait suffisamment confiance à son cerveau et à son venin pour faire mal à qui que ce soit, et Potter, malgré sa nouvelle attitude d'indifférence, n'y échapperait pas.

Le solitaire Gryffondor planta soudain son regard dans les yeux d'acier de celui qu'on surnommait le petit prince des Serpentard. Sans un mot, celui-ci passa à côté d'Harry Potter. Et tandis que le Gryffondor s'éloignait, ses pas résonnant dans le couloir derrière eux, Vincent rompit le désagréable silence dans lequel l'héritier Malfoy flottait.

Draco, tu n'as rien dit à Potter ?

Agacé, il accéléra le pas, en sifflant presque :

Effectivement, Vincent Crabbe, on ne peut rien te cacher…

§§§§§§§

Fred, non ! Arrête ! George, rends-moi ça tout de suite !

Au détour d'un couloir, Ginny Weasley se faisait malmener par ses deux grands frères.

Alors, petite Ginny... Encore en route pour la salle de DCFM ?

Elle entendait au ton de sa voix le sourire goguenard que Fred, de derrière son dos et lui tenant les bras, ne devait pas manquer d'arborer, tandis qu'elle voyait sur son jumeau le même rictus, celui-ci tenant son sac de classe à la main.

Je vous rappelle que j'ai cours ! Si vous vous ennuyez vous n'avez qu'à arrêter de sécher au lieu d'embêter votre petite sœur adorée !

D'une secousse d'épaule, elle se libéra facilement de la parodie de poigne de son frère.

C'est pas notre faute si les entraînements de Quidditch ne sont pas assez nombreux ! Allez, p'tite sœur, qu'est-ce que tu vas encore faire chez M.Uphir ?

Je vous ai dit : j'ai cours ! Une notion que vous avez l'air d'occulter encore plus que d'habitude !

Elle récupéra d'un geste sec son sac des mains de George, fit trois pas et se retourna, l'air furieuse, vers ses abrutis de frères.

Si vous regrettez vraiment d'avoir redoublé et que vous avez décidé de ne pas en ficher une, trouvez-vous une copine au lieu d'embêter le monde ! A bon entendeur, salut !

Et elle repartit, entendant derrière elle les éclats de rires de ses deux abrutis de frères.

Et voilà, je suis en retard...

En arrivant devant la salle de DCFM, elle la trouva fermée, et entendit à travers la porte le professeur faire son cours. Elle soupira et frappa.

Entrez...

Poussant délicatement la porte, elle entra à moitié dans la classe, s'excusa discrètement et interrogea le professeur du regard. Celui-ci lui fit signe de s'installer et continua son cours.

Elle se glissa à pas de loup vers le fond de la classe, et s'assit à côté de Luna.

A la fin de l'heure, alors qu'elle allait sortir de la salle, Ginny entendit la voix de M.Uphir.

Miss Weasley ? Veuillez venir, je vous prie.

Ginny s'approcha de lui, sous les regards jaloux des filles de la classe.

Oui, Monsieur ?

Vous ne m'avez pas donné la raison de votre retard.

En posant cette question, il n'avait ni l'air sévère de Mc Gonagall, ni l'air hystérique de Trewlaney qui n'attendait qu'une mauvaise nouvelle, ni encore la petite étincelle de sadisme, seule expression lisible sur le visage de Rogue quand celui-ci s'apprêtait à enlever cinquante points à Gryffondor par seconde de retard. Il avait juste l'air de s'informer, de demander poliment et sans s'imposer s'il y avait un quelconque problème.

Euh... En fait, je n'ai pas vraiment d'excuse... J'ai croisé mes frères et ils m'ont... retenue.

Le professeur s'appuya contre son bureau, l'ai pensif.

Vos frères. Frédérique et George, n'est-ce pas ? On ne peut pas dire que je les vois souvent. Même si d'après les autres professeurs, j'ai l'immense privilège de les voir au moins une fois par semaine !

Oui. Ils sèchent beaucoup en ce moment. Je crois qu'ils s'ennuient, en cours.

Sûrement, ils sont brillants. C'est dommage qu'ils ne viennent pas plus souvent. Ils sont... intéressants.

Intéressants ?

Oui. Pour moi, il y a des gens qui sortent du lot, à leur façon. Chacun le fait différemment, bien sûr. Personnellement, je suis plutôt sensible aux gens qui donnent envie de les connaître. De comprendre leurs mystères. Pas vous ?

Si. J'aime le mystère...

Moi aussi, sourit le professeur. Mais j'aime surtout les dévoiler...

Dévoiler ceux des autres, alors. Vous ne révélez rien des vôtres.

L'homme ne répondit rien, comme si son élève n'avait rien dit. Comprenant qu'il refusait de s'engager sur cette voie là, Ginny n'insista pas.

Et il y a d'autres personnes que vous trouvez... intéressantes ?

Uphir sourit, replaçant une longue mèche dorée derrière son oreille.

Vous connaissez Harry Potter.

Ginny leva les yeux au ciel.

Oh, non ! Réponse trop classique, bien sûr qu'Harry Potter est intéressant ! N'importe qui, même à l'autre bout de la Terre, vous le dira !

Bien sûr. Mais je vous parle du vrai Harry Potter, pas de son image. C'est lui que vous connaissez, d'ailleurs. Il cache une telle souffrance sous cette image...

Ginny essaya de ne pas réagir. Mais comment son professeur pouvait-il ressentir toute la peine d'Harry depuis la mort de Sirius ? Elle savait que M.Uphir avait un exellent sens de l'observation, mais à ce point...

Ne connaissant que trop sa langue fourchue et ses lapsus révélateurs, Ginny préféra noyer le poisson.

Oui... J'ai été amoureuse de lui jusque en deuxième année.

Son professeur eut l'air amusé.

Et vous dites que je suis trop classique ? Pourtant ce n'est pas très original de tomber amoureuse d'Harry Potter...

Je n'ai appris à le connaître qu'après qu'il m'ait sauvé la vie.

Il vous a sauvé de Voldemort. J'ai entendu parler de cette affaire. Vous m'y avez fait allusion d'ailleurs.

Ginny acquiesça, mais ne savait trop que répondre. Sentant sa gêne, le professeur laissa filer et continua la discussion comme si de rien n'était.

Je dois vous avouer que la plupart des élèves intéressants sont en sixième ou septième année. Vous connaissez Jennyfer Adams, de Serdaigle ?

De nom...

Elle est passionnante. Vous vous entendriez bien, j'en suis sûr.

Je prend ça comme un compliment.

Il ne lui répondit que d'un sourire.

Beaucoup d'élèves ont une personnalité très marquée, même parmi les plus timides ou chez ceux qu'on attend le moins. Comme Malfoy.

Le sang de Ginny ne fit qu'un tour au nom de l'égérie des Serpentard. Le professeur parut s'en amuser.

Excusez-moi. Réaction typiquement Gryffondorienne...

Je vois ça... Tout ça pour dire que derrière sa façade de méchant fils de méchant, qu'il entretient avec soin, il a des idées et des opinions... originales. Et intéressantes.

Oui, sûrement... Dommage que les Serpentard soient trop bornés pour parler aux autres maisons.

Vous êtes sûre ? Et si les Serpentard pensaient la même chose que vous à propos des Gryffondor ? Je suis certain qu'à cause de ce mode de pensée les uns comme les autres manquent des rencontres plus qu'intéressantes.

Ginny réfléchit quelques secondes.

Vous avez sans doute raison...

Vous remarquerez bien vite que j'ai très souvent raison.

Ginny rit doucement en se demandant comment faisait son professeur pour plaisanter et rire en gardant son sérieux.

Alors que me proposez-vous ? Aller m'asseoir à la table des Serpentard et entamer la discussion avec Draco Malfoy ?

Je vous conseillerais plutôt de commencer par Blaise Zabini.

Zabini ?

Oui. Il n'en a peut-être pas l'air mais il est très ouvert et très tolérant. Nous avons souvent discuté tous les deux, et il est très curieux de tout.

Détournant la tête vers la fenêtre, Ginny réfléchit quelques secondes à ce qu'elle venait d'entendre avant de se tourner de nouveau vers son professeur.

Et moi qui pensait être ouverte d'esprit et que je ne faisais pas de discrimination...

Si ça peut vous rassurer, vous n'êtes pas la pire ! Et vous vous en rendez compte, ce qui est un premier pas pour changer. Mais ne changez pas trop. Vous êtes impulsive, ça fait partie de votre charme…

Ginny sourit, un rien gênée, et prit rapidement congé de son professeur.

Vous savez, lui dit-elle en se retournant dans l'encadrement de la porte, la personne la plus… intéressante ici n'est pas un élève… Kobal.

§§§§§§§

Ses longues robes noires claquant autour de lui, le visage inexpressif laissant paraître toute la froideur de son personnage, le professeur Rogue pénétra dans l'enceinte de Poudlard.

Il n'y avait personne d'autre que les cordeaux pour le voir traverser le parc de l'école, d'un pas plus ferme encore et plus décidé que d'habitude. Quand les lourdes portes en bois enchantées du château s'ouvrirent devant lui en reconnaissant son emprunte magique, il ne prit même pas le temps de s'arrêter pour enlever sa lourde cape noire, la faisant claquer avant de la tendre à un elfe de maison venu l'accueillir.

Sans même ralentir l'allure, il se dirigea droit vers la gargouille gardienne du bureau directorial. Un observateur extérieur n'aurait pas pu dire s'il marchait ainsi depuis des heures, ou seulement quelques minutes, tant sa foulée était régulière et assurée. Sa couse s'arrêta tout de même devant la simple porte de Dumbledore, dernier rempart, à l'apparence si modeste, avant son but. Il frappa trois coups secs sur le vieux bois, et une voix calme lui arriva de l'autre côté.

Entrez, Severus.

Il s'exécuta, et sans autre préambule, déclara :

Professeur, je les ai retrouvés.

Malgré son grand âge et son apparence fragile, Dumbledore se leva immédiatement de sa chaise, presque dans un sursaut.

- Où ?

Au château de WindWalker, chez de nobles mangemorts apparentés aux Lestrange. Une petite base du Maître, elle me paraissait bien surveillée.

As-tu été découvert, Severus ?

Non. Mais j'ai croisé Pettigrow. Il ne croit pas en ma fidélité au Maître, disant que j'aurais dû tuer Potter avant le retour du Seigneur.

Albus Dumbledore resta pensif quelques instants. Pettigrow ne se montrait presque jamais en présence de l'espion de Poudlard. Etait-ce une coïncidence, ou un autre plan machiavélique de Celui-qui-fut-Tom-Jedusor ?

Le directeur secoua doucement le tête, faisant onduler sa longue chevelure argentée.

Severus, le plus important est avant tout la sécurité des élèves. Je vais de ce pas prévenir le ministère, il faut préparer l'intervention des aurors.

Monsieur, qu'allez vous leur dire ?

Je crains, Severus, que Tonks ou Kingsley ne reçoive les honneurs qui vous sont dus…

Ne vous inquiétez pas, je ne mène pas cette vie pour les honneurs, et encore moins ceux de Fudge… Je crois avoir besoin de sommeil. Bonne nuit, professeur.

Bonne nuit Severus.

Le directeur regarda la porte se refermer, avec une fermeté tout à fait maîtrisée. Il soupira.

Dors bien, mon pauvre enfant…

§§§§§§§

Dean regarda Neville s'endormir.

Même si c'était totalement stupide et inutile, ils avaient tous les deux décidé de faire des « tours de garde ». Comme s'ils avaient leur mot à dire sur ce que leur ordonnaient leurs geôliers, ou s'ils pouvaient se défendre contre des mangemorts...

Mais ça leur permettait de se donner l'impression qu'ils contrôlaient vaguement quelque chose... Et ils évitaient de se monter la tête l'un l'autre.

Dean pour sa part préférait ne plus réfléchir. Il subissait, subsistait et attendait qu'il se passe quelque chose, en bien ou en mal. Ils n'avaient pas revu le soleil depuis qu'ils étaient prisonniers, et avaient perdu totalement la notion du temps. Peu après leur capture, ils avaient été changés d'endroits deux ou trois fois, pour finalement atterrir ici, où que ce soit, depuis un temps indéfini qui lui paraissait être deux jours ou deux ans.

Cette impuissance avait profondément marqué Neville. Lui aussi bien sûr. Mais Neville, une fois la peur passée, ou plutôt l'état de peur permanente accepté par son esprit et son organisme, n'eut aucun éclat de colère.

Dean lui, avait hurlé pendant des heures, s'était démené contre ses chaînes, crachant même sur un geôlier venu le calmer. Il n'avait récolté qu'une paire de coups de poings qui l'avait assommé pendant bien une demi-heure.

Mais Neville, lui, avait engendré et nourri une haine froide.

Tous deux s'étaient beaucoup rapprochés durant leur captivité. Et Dean, qui se considérait déjà comme l'ami de son compagnon d'infortune avant leur capture, le découvrait sous un nouveau jour. Il avait appris l'histoire de ses parents. Son histoire.

Il avait découvert un Neville plein de sensibilité, pas de faiblesse, mais vraiment une sensibilité aux choses et aux gens. Mais même si jusqu'à présent il n'avait fait que la cacher pour faire face à l'histoire de sa vie, ce qu'il avait vécu ces dernières semaines, voire même ces derniers mois, le forçait à se protéger par de l'agressivité.

Il soupira. Mieux valait ne pas trop y penser. Ne pas penser tout court d'ailleurs...

Comme souvent, ses pensées se dirigèrent d'elles-mêmes vers ses parents, mais en imaginant une seconde l'angoisse qu'ils devaient subir, il préféra penser à autre chose. L'image de sa petite sœur s'imposa à son esprit. Il embrassa mentalement la petite peste, et écarta cette pensée douloureuse.

Il se demanda comment allait Harry. Lui et Neville avaient bien fini par comprendre le plan de leurs geôliers. Ils ne leurs avaient rien dit, pas fait de longs discours sur le pourquoi et le comment de leurs actes et de leurs motivations comme tout bon méchant qui se respecte dans tous les livres qu'il avait lus, ou tous les films que Seamus lui avait montré.

Seamus. Son cœur sursauta à la pensée du roux. Il vit un instant son visage souriant.

Ça par contre, mon vieux, ça y est dans tous les bouquins et tous les films. Manque plus que les violons romantiques et un flash-back sur notre premier baiser...

Il se demanda comment son... petit ami réagissait face à toute cette histoire. Après tout, ils n'était ensemble que depuis cet été, personne n'était au courant et leur... couple n'avait jamais vraiment eu de coup dur.

Et peut-être n'était-ce après tout qu'une amourette d'école, de tendres amours de gosses, comme il en existait bien d'autres et qui n'était ensuite qu'un souvenir doux-amer parmi les quelques années de vie passées à Poudlard...

En attendant, Dean aurait aimé que Seamus soit là... Non, plutôt, il aurait aimé être dans leur dortoir à Poudlard, dans son propre lit chaud et confortable, et que Seamus vienne le rejoindre.

Il en avait tellement envie que si ça avait été le cas, il aurait enfin laissé Seamus aller un peu plus loin que d'habitude, comme il le lui avait proposé quelques fois.

Un courant d'air le fit frissonner. Il se recroquevilla ramenant ses genoux contre son torse. Le tintement de ses chaînes et le métal toujours froid se rappelant à ses poignets le glacèrent plus encore que la température extérieure et les épais murs de pierres humides.

Soudain, il entendit des bruits étranges venant de derrière la porte. Il tendit l'oreille, et reconnut le son caractéristique de sorts fusant dans l'air et des bruits de lutte. Réveillant Neville le plus vite possible, il se tendit et attendit que quelque chose se passe.

Ça ne devrait plus être long...

Au bout de quelques minutes, le silence se fit de l'autre côté du mur. Puis des voix d'hommes se firent entendre, fortes mais plus calmes que pendant la bataille. Dean se tourna vers Neville, mais celui-ci lui fit comprendre qu'il n'avait pas non plus compris les paroles prononcées.

Quand les bruits de pas se rapprochèrent de leur cellule, ils étaient prêts. Prêts à quoi, ils n'auraient pas pu le dire eux-mêmes vu leurs compétences magiques ou mêmes physiques, sans parler de leur état actuel, mais ils étaient prêts.

Alohomora.

La porte s'ouvrit.

Sur un auror.

§§§§§§§

La Grande Salle était en effervescence. En gros titre de la Gazette du Sorcier s'étalaient les mots « Enfin libres ». En dessous, les photos de Dean et Neville s'étalaient, seuls, encadrés d'aurors, avant leur capture, après leur libération...

Leur libération... Harry n'en croyait pas ses yeux. Ils étaient libres, libres et vivants...

S'il avait été en état de réfléchir, il aurait pu remarquer que le ministère avait bien fait les choses. Plus de la moitié du journal était consacré à « cette miraculeuse libération, due au travail intensif de nos recherches ».

Mais le Survivant ne prit même pas la peine de lire les différents titres, interviews, ou autres articles consacrés au sujet, comme la plupart des élèves.

Complètement hors de la réalité, Harry ne voyait même pas Ron s'agiter sous ses yeux, certainement en train de lui parler. Il prit machinalement Hermione contre lui quand elle se jeta dans ses bras, de soulagement.

Mais lui ne voulait pas voir Dean et Neville. Bien sûr, il était soulagé de les savoir en vie, mais... il ne voulait pas voir leurs regards pleins de reproches à son encontre.

Après tout, c'était sa faute, entièrement sa faute si Dean et Neville s'étaient fait enlever. Il aurait du être plus fort.

Il aurait dû tuer Voldemort avant que Sirius meure.

Avant que Cédric Diggory meure.

Il n'aurait pas dû laisser Pettigrow s'échapper. Il aurait dû laisser Sirius et Remus le tuer.

Il aurait dû tuer Voldemort en première année, alors que celui-ci était faible.

Il aurait dû tuer Voldemort à Halloween, l'année de ses un an.

Avant la mort de ses parents.

Tout était sa faute, et tout le monde le savait. Le Survivant survivait, mais il était le seul. Le Survivant ne se sauvait que lui-même.

Sans trop savoir pourquoi ni comment, Harry se sentit flotter quand il se leva de son banc, une sensation bizarre montant de sa gorge et raisonna à ses oreilles quand sa bouche, par automatisme, rassurait ses amis, et il vit son champ de vision, très flou, changer alors qu'il quittait la Grande Salle.

Traversant le hall désert et silencieux, il franchit la grande porte qui donnait sur le parc de l'école. Il marcha droit devant lui, et ses pas le menèrent près du lac.

Le soleil allait se coucher, et la lumière déclinante du jour disparaissait. Les ombres des grands arbres de la forêt interdite dessinaient des formes étranges, torturées.

Et Harry ne savait plus que penser. La joie, le soulagement de savoir Dean et Neville en vie et libres se mêlaient à la culpabilité de leur capture. Et l'égoïsme de cette culpabilité lui nouait les entrailles.

D'un coup l'énormité de son mal être l'assomma. Il n'était même pas capable de se réjouir de la libération de ses amis. De ses amis...

Et merde ! cria-t-il en shootant dans un caillou, l'envoyant au loin.

Les larmes au yeux, le chagrin au cœur, il fixa le lac, essayant de se calmer.

A l'horizon le soleil venait de disparaître, mais l'obscurité de la nuit ne s'était pas encore installée.

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A suivre…

Pour éviter d'autres retards, je ne vous direz pas quand sera posté l'autre, désolée…

Mais ne vous inquiétez pas, il viendra, ainsi que le reste de cette fic !

Merci beaucoup de suivre cette fic malgré sa publication plus que décousue, et n'oubliez pas que les reviews font toujours plaisir et motivent énormément !