Disclaimer : Bon, ben comme d'hab, les personnages de Harry Potter ne m'appartiennent pas, blablablabla… Mais, je suis l'heureuse propriétaire de Whilelmina Evans et Margaret Byron parce que c'est moi qui les ai fait !!!
Je voudrais remercier du fond du cœur toutes les personnes qui m'ont laissé des reviews sur les différents sites où ma fic est publié. J'ai vraiment apprécié vos encouragements. Ils me donnent la volonté de continuer jusqu'au bout, merci à tous. BSX.
Chapitre huit : Adieu.
Harry se laissa tomber avec un lourd soupir sur son lit. Son regard erra un long moment sur le plafond, au fil de ses pensées. Demain, il partait. Il déglutit et se passa la main sur le visage. La journée avait été…bizarre. Un mélange de tristesse, de colère et de fatalisme avait dominé l'humeur du jeune homme, tempéré par l'urgence d'en profiter un maximum : c'était sa dernière journée à Poudlard, avec ses amis. Les évènements de la veille revinrent en mémoire du Survivant. Après sa petite conversation avec Dumbledore, Harry n'était pas tout de suite retourné en cours, il avait telle une âme sans but dans les couloirs de l'imposant château, la tête bouillonnante, incapable de réfléchir, sans plus aucune perception du monde extérieur. Il avait finalement rencontré Miss Teigne, et fatalement Rusard qui l'avait enguirlandé et ramené par le col de la chemise à son cours de Divination. A partir de là, les choses étaient flous. Les cours étaient passés extrêmement vite pour une fois et Harry n'avait rien écouté, plongé dans ses pensées et refusant de répondre aux questions pressantes et inquiètes de Ron et Hermione. Il avait attendu jusqu'au dîner avant d'avouer ce qui se passait. Ils s'étaient rendus tous les trois à la Salle sur Demande et avaient longuement discuté. Jamais Harry ne s'était senti aussi mal, aussi en colère, mis à part le jour où il avait réalisé la mort de son parrain. Il avait l'impression que tous les efforts qu'il avait fait pour remonter à la surface, pour revenir à la vie après la disparition de Sirius n'avaient servit à rien. Il allait devoir tout sacrifier pour une lutte qu'il n'avait jamais demandé, pour détruire un mage de pacotille qui s'était évertué à anéantir sa vie depuis qu'il avait 1 an. Un sentiment d'injustice lui étreignit la poitrine et le fit presque suffoquer. Pourquoi lui ? Soudain, il pensa au massacre du Chemin de Traverse et à toutes les familles touchées par cette tragédie. « Peut-être que ce sacrifice en vaut la peine finalement » soupira-t-il mentalement. « C'est certainement ce qu'aurait dit Hermione…Quoi que…non. » Hermione était loin de penser cela en ce moment, tout comme Ron. Ils estimaient que cette prophétie était injuste et qu'Harry, après tous les sacrifices et les malheurs qu'il avait consentis et enduré, ne devait pas avoir à subir ça.
Harry mérite une existence tranquille !!! s'était révoltée la jeune femme. Il a eu suffisamment d'ennuis avec Voldemort comme ça !!
Et le jeune homme n'était pas loin de penser comme elle. Mais, le souvenir de tous ces ennuis et des morts qui en avaient résulté le convainquait qu'il fallait que ça cesse. Or il était le seul à pouvoir arrêter Voldemort. Il se redressa et regarda autour de lui, tentant d'inscrire l'image du dortoir dans sa mémoire. Il voulait que chaque moment de cette journée soit marquée au fer rouge dans sa tête, il ne voulait rien oublier. Rien oublier de la partie d'échec déchaîné qui l'avait opposé à Ron pendant 2 heures, du fou-rire qu'il avait partagé avec Hermione face aux imitations plus que réussi de Ron de ses professeurs préférés, des ricochets sur le lac, de la promenade dans le château et du jeu de cache-cache avec Miss Teigne qu'il en avait résulté, de la course-poursuite avec un verre d'eau le midi dans la Grande Salle avec Ginny. Ils avaient d'ailleurs tous écopé d'une détention pour le lendemain avec McGonagall et c'est avec une boule dans la gorge qu'Harry avait réalisé qu'il ne la ferait jamais. La voix de Ron le fit sursauter :
Hey Harry ! Tu viens, on descend manger.
Ouais, j'arrive.
Ok.
Il entendit le pas lourd du rouquin descendre les escaliers. Harry soupira. Son regard tomba sur sa malle, bouclée depuis déjà deux heures. Appuyé contre celle-ci, il y avait son balai, son Eclair de Feu, sa cape d'invisibilité en boule et cachée dans les plis du tissus soyeux et magique de la cape, la Carte du Maraudeurs. Il ne les emmènerait pas, il savait qu'il n'en aurait pas besoin là où il allait. Les yeux verts du jeune homme se voilèrent tandis qu'il fixait intensément ces objets qui avaient été si important dans son existence à Poudlard. Ce fut la voix pressante de Ginny qui le fit tressaillir :
Potter, tu bouges ton petit cul ou sinon je viens te chercher !!!(N/A : Bon, Ginny a bien grandi et elle est moins timide avec Harry, comme vous avez pu le remarquer)
Ledit Potter soupira, amusé. Il se décida enfin à sortir du dortoir, quittant ses sombres pensées, pour rejoindre ses amis.
Quelques heures plus tard, Harry, Hermione, Ron et Ginny pénétrait en rigolant dans la Salle Commune des Gryffondors.
Tu as vu la tête de Malefoy !! s'extasiait Ron, les larmes aux yeux de béatitude et de rire.
Je n'ai aucun conseil à recevoir de toi avec tes deux neurones mal reliés !! imita Ginny en prenant une petite voix. Franchement, Hermione, tu claques !!
La jeune femme, toute rouge, sourit.
Oh, c'est sortit tout seul, fit-elle modestement.
Tu parles !! Je suis sûr que ça fait deux semaines que tu attendais pour la lui sortir, celle-là !!
Insinuerais-tu, Ronald Weasley, que je n'ai pas le sens de la répartie ?
Fais gaffe à ce que tu dis, vieux !! lança Harry en s'asseyant sur le canapé.
Ginny se plaça à ses côtés. Ron sourit :
Non, bien sûr que non !! Mione, tu as le meilleur sens de la répartie de l'école. Que dis-je ?!! De la planète, de l'univers entier !!!
J'aime mieux ça… murmura la jeune femme en attirant son homme vers elle.
Ils s'embrassèrent. Aussitôt, Ginny se cacha le visage en s'écriant :
AH BEURK !!! Mais, faîtes ça ailleurs, espèces de dégoûtant !!
Ouais, franchement, y a des hôtels pour ça !! renchérit Harry en riant.
Ron s'écarta de sa bien-aimée et fit, hilare :
Eh, Harry, te plains pas !! C'est toi qui n'arrêtais pas de dire qu'il fallait que j'aille la voir !!
Comment ça ? Harry, tu savais que Ron mourrait d'amour pour moi ?!! s'écria Hermione en prenant un air faussement surpris et scandalisée
Euh…
Et tu ne m'as rien dit ?
Ben…
Tu te rends compte du temps qu'on a mis pour se mettre ensemble ?
Eh, c'est pas de ma faute si ton copain a les deux pieds dans le même sabot !!
Tout le monde se mit à rire et Ron balança un coussin du fauteuil voisin sur Harry. Ils discutèrent ainsi pendant plusieurs heures, jusqu'à ce que la Salle Commune commence à se vider, les élèves allant se coucher, et qu'il ne reste plus qu'eux. Ginny étouffa un bâillement et s'étira, les paupières commençant à tomber.
Bon, je crois que je vais me coucher. J'ai Potion demain et je sens que Rogue va être d'une humeur exécrable, déclara-t-elle en se levant du canapé.
Comme tous les jours, fit judicieusement remarquer Ron.
M'ouais, raison de plus pour ne pas avoir l'air endormie, alors j'y vais. Bon, à demain les gens.
Le cœur d'Harry fit un bond dans sa poitrine et il se leva précipitamment.
Euh, Ginny ?
Oui ? fit la jeune fille en se retournant.
Euh…
Harry jeta un coup d'œil vers ses amis qui regardaient attentivement la scène. Il hésitait : devait-il lui dire ou non ? S'il lui disait, ça risquait d'être compliqué. Elle poserait des questions, voudrait fatalement savoir pourquoi il devait les quitter et il ne savait pas vraiment s'il devait lui dire la véritable raison. Et puis, il ne se sentait pas le courage de lui mentir. Pas aujourd'hui. Mais, s'il ne lui disait pas, il se comportait comme un lâche et il ne pourrait pas lui dire au revoir. Il ne pourrait pas lui dire combien elle était importante et combien elle avait changé à ses yeux. Et ça, il savait qu'il devait lui dire avant de partir. Ginny leva ses grands yeux marrons plein de questions vers lui et Harry sentit son cœur se fendiller. Non, il ne pouvait pas. Il avala sa salive et choisit la facilité :
Ginny, je voulais te dire…je…je suis super heureux de t'avoir connu.
Un sourire perplexe se dessina sur les lèvres roses de la jeune fille :
Harry, ça va ?
Euh…oui, oui, je…je voulais juste te dire que t'es une fille géniale et que…hum…tu es marrante et tout…
Et tout ? fit Virginia en levant un sourcil.
Ouais…et tout…
La jeune fille hocha la tête lentement puis fit, en souriant :
Merci Harry, c'est le plus beau compliment qu'on m'ai jamais fait.
Le jeune homme sentit qu'il avait été nul, mais vraiment nul et qu'elle se foutait bien de sa gueule. Prenant son courage à deux mains, il se pencha vers elle et lui planta un bécot sur la joue.
Bonne nuit, fit-il simplement.
Il se détourna le visage rouge comme une pivoine et se rassit dans son canapé en essayant de ne croiser le regard de personne, surtout celui de Ron et encore moins celui de Ginny. Cette dernière, d'ailleurs, était restée planté sur place, les yeux ronds comme des billes et le visage aussi rouge que celui d'Harry.
Bon, j'y vais, parce que là, ça devient vraiment du délire, grommela-t-elle.
Elle tourna les talons et monta rapidement les escaliers menant à son dortoir.
C'est bien parce que tu pars que je te laisse faire ça, fit Ron, un peu goguenard, une fois que Ginny eut disparu.
Hermione donna un coup dans les côtes de son petit-ami tandis qu'Harry blanchissait à vue d'œil. Ron se mit à rire :
C'est bon, Harry, je plaisantais !! Mais si tu lui fais du mal, je te jure…
T'inquiètes pas Ron, elle n'auras pas le temps de souffrir avec moi, coupa le Survivant plus sèchement qu'il ne l'aurait voulu.
Il y eut un moment de flottement où chacun se rendit compte de ce qui avait été dit.
Harry !! s'écria Hermione en fronçant les sourcils.
Le jeune homme piqua un fard monumentale ( N/A : une vraie lampe, on le voyait dans le noir, lol !!) et réalisa combien ses baskets étaient intéressantes. Ron, lui, arborait une tête choquée, la bouche grande ouverte et les yeux exorbités ( N/A : genre carpe qui attends qu'une mouche passe pour la gober, très sexy, n'est-ce pas ? ). Hermione demanda, scandalisée :
Pourquoi as-tu dit cela ?!! C'est…c'est stupide !!
Le sang du jeune homme fit un tour. Il releva vivement la tête :
Hé !! Faut pas se leurrer !! Ce n'est pas Malefoy que je vais affronter, mais Voldemort !!!
Ron frissonna de la tête aux pieds.
Vous croyez peut-être que je vais y aller et revenir comme une fleur, sans aucune égratignure, en disant : « voilà, le travail est fait, on peut vivre en paix maintenant !! » Tu crois ça, toi ?!!
Non, non, bredouilla Hermione en écarquillant les yeux.
Alors ne me dis pas que c'est stupide parce que ça ne l'est pas !!
Il avait presque hurler. Hermione posa sa main sur son front tandis qu'Harry détournait la tête, trop en colère pour pouvoir regarder ses amis. La main de Ron s'abattit sur son épaule. Leur regard se croisèrent :
Harry, on…on sait très bien ce que tu vas affronter. Je veux dire…non, on ne sait pas. Personne ne sait mais…on a conscience de…de l'importance et de la difficulté…enfin…Harry, je ne sais pas comment le dire mais, ce que je veux que tu saches c'est qu'on espère que tu reviendras. Non, en fait, on ne l'espère pas, on en est certain. Tu reviendras et on pourra vivre en paix, heureux, tout ensemble. On en est convaincu.
Le Survivant sentit les larmes lui monter aux yeux. D'un mouvement, il attira Ron à lui et l'étreignit avec force. Hermione les rejoint. Au bout de quelques minutes, Harry s'écarta des ses amis et respira à fond, les yeux baignés de larmes :
Je…merci pour tout. Merci pour votre amitié, votre présence, même…même si vous ne serez pas là physiquement pendant mon entraînement et l'affrontement mais vous…vous serez toujours là dans mon cœur et… Vous avez toujours été là quand il le fallait et ça…
C'est ce pour quoi sont fait les amis, compléta Hermione en souriant à travers ses larmes.
Ouais, sourit Harry. Vous êtes les meilleurs amis que j'ai jamais eu et que je n'aurais jamais.
C'est déjà pas mal, fit Ron en essuyant discrètement l'eau qui envahissait de plus en plus ses yeux bleus.
Harry sentit son cœur se gonfler un peu plus. Il se leva et se dirigea vers l'escalier menant au dortoir.
Attendez ici, fit-il alors qu'Hermione ouvrait la bouche pour lui demander où il allait.
Quelques minutes plus tard, il redescendait les escaliers, les bras chargés. Ron ouvrit les yeux tout grand lorsqu'il vit le balai de son ami et la cape d'invisibilité :
Harry,…commença-t-il mais son ami le coupa :
Je sais ce que vous allez me dire : « Non, Harry tu ne peux pas, ces affaires sont à toi, elles ont une grande valeur sentimentale pour toi etc… ». Bon, c'est vrai, mais…qu'est-ce que je vais en faire ? La carte du Maraudeur n'est utilisable qu'au château or je serais bien loin de Poudlard durant les prochains mois !! Mon balai…je ne pense pas que j'aurais le temps de m'entraîner là-bas et je ne pense pas non plus que j'en aurais besoin. Quant à la cape d'invisibilité, elle vous sera certainement plus utile ici qu'à moi. Rien que pour une petite virée nocturne romantique, elle pourra vous donner un coup de main !!
Hermione rougit jusqu'aux oreilles mais ne protesta pas, le sourire aux lèvres.
Et puis, je pense qu'il se passe pas mal de choses bizarres au château et je compte sur vous pour les découvrir. Alors, voilà…Ron, je sais que tu as toujours rêvé d'un balai comme ça et surtout je sais que tu en prendras soin comme tu peux prendre soin d'Hermione, alors je te fais confiance pour ce qui est de l'Eclair de Feu.
Compte sur moi, Harry.
Hermione, je te confie la carte. Je sais que tu en feras bon usage.
La jeune femme se contenta d'hocher vivement la tête, incapable de dire quoi que ce soit, l'émotion la submergeant.
Pour la cape…c'est ce qui est le plus cher à mes yeux… Mettez-la à l'abri. Je viendrais peut-être la récupérer avant…avant que je me lance à la poursuite de Voldemort. Je vous fait confiance.
Hermione serra vivement Harry dans ses bras, laissant ses larmes couler à flot et avec elles les sentiments de colère, d'injustice et de tristesse qui l'étreignaient depuis deux jours.
Harry était, avec le professeur McGonagall, debout sur le perron du château, sa malle et la cage d'Hedwige à ses côtés et regardait avec un pincement au cœur le soleil automnale se lever lentement. L'air était froid et vif, et les joues et le nez du jeune homme se colorèrent rapidement tandis qu'il admirait les lueurs mordorées et changeantes du lever de soleil, ses pensées vagabondant sans but précis, d'une idée à l'autre. Ca y était, il partait. Pour de bon. A la rencontre de sa destinée. C'était effrayant en soi, même carrément flippant mais, pour une fois, Harry se sentait bien. Oh, il y avait toujours cette boule qui lui plombait l'estomac, cet étau qui serrait sa gorge : l'idée de quitter Poudlard qui avait été pour lui comme un second foyer était déplaisante, mais il ne se sentait pas tourmenté, ni réellement effrayé. Il n'avait pas non plus forcément confiance. Il se sentait juste calme. Et un peu vide aussi. L'arrivée d'une diligence et la voix du professeur McGonagall le sortit de ses pensées et le fit tourner la tête. Il tressaillit : la vue des deux Sombrals remorquant la voiture lui rappelèrent douloureusement les évènements des dernières années. Les sombres chevaux noirs et efflanqués s'arrêtèrent en face du Survivant dans un faible hennissement et la porte de la diligence s'ouvrit, découvrant deux silhouettes familières à Harry. Le jeune homme écarquilla les yeux :
Fol Œil !! Remus !!
Bonjour à toi aussi, mon garçon, Madame, fit l'ancien Auror en faisant pivoter son œil magique dans son orbite et en descendant lourdement de la diligence.
Monsieur Fol Œil, salua sèchement McGonagall.
Bonjour Professeur McGonagall, bonjour Harry, belle journée, n'est-ce pas ? lança Remus Lupin en souriant.
La tête que tira le jeune homme en entendant cela fit disparaître le sourire sur le visage de l'ancien professeur de Défense contre les Forces du Mal.
Oh, je suis désolé…
Harry fit un triste sourire.
Ce n'est pas grave, Remus, je suis tout de même heureux de vous revoir, déclara-t-il en tendant la main aux deux hommes.
Et nous de même, Potter, répondit Maugrey Fol Œil en serrant la main tendu du Survivant.
Bien, puisque vous êtes enfin arrivé, nous allons pouvoir y aller, fit le professeur de Métamorphose en claquant dans ses mains.
Aller où, Minerva ? demanda Lupin en faisant un discret clin d'œil à Harry.
Apparemment, l'homme faisait tout pour détendre l'atmosphère et rendre les choses plus « digérables » à Harry. McGonagall pencha la tête sur le côté et regarda Remus avec un air de vague reproche sur son visage sévère :
Ne faîtes pas l'enfant Remus, s'il vous plaît…
Vous ne nous offrez pas le thé ? demanda Maugrey.
Monsieur Fol Œil, vous n'êtes pas sans savoir que vous n'êtes pas ici pour une visite de courtoisie, répliqua-t-elle.
Oui, bien sûr, nous avons un précieux colis à livrer, grommela sombrement l'ex-Auror.
Le cœur d'Harry cessa de battre un quart de seconde tandis que Remus jetait un regard d'avertissement à Maugrey. « Un précieux colis ?!! ». Il n'arrivait pas à y croire. C'était comme ça qu'on le voyait. Un objet, une sorte d'arme à utiliser contre Voldemort, un moyen pour Dumbledore d'arriver à ses fins : détruire le Seigneur des Ténèbres. Il n'était même plus humain !! Son cœur se plomba. Remus, visiblement mal à l'aise, lança, d'une voix un peu trop forte et qui sonnait faux :
Bon, ben, on va y aller, hein ? Hum, Maugrey, vous m'aidez à hisser la valise d'Harry ?
Bien sûr.
La malle fut hisser sur le toit de la diligence en quelques secondes tandis que McGonagall expliquait succinctement à Harry comment allait se dérouler le voyage :
Il se fera en plusieurs étapes, avec des moyens de locomotions différents et des personnes qui te prendront en charge différentes. Il y aura toujours deux Aurors ou deux membres de l'Ordre qui seront avec toi pour assurer ta sécurité. Je pense que tu devrais arriver, s'il n'y a pas trop de problèmes et si Monsieur Fol Œil ne fait pas trop de détour inutile, ce soir à la prochaine étape. Il y a en tout 4 étapes jusqu'à ton point d'arrivée que tu devrais atteindre d'ici deux jours et tu voyageras jour et nuit.
Jour et nuit ?!!
Oui, pour plus de sécurité.
Et, vous savez où je vais ?
Non, je suis désolé Harry, je ne suis pas autorisé à le savoir. Seul Dumbledore et ton instituteur sur place sont au courant de ta destination. Même le Premier Ministre ne connaît pas l'existence de ce projet.
Harry secoua la tête lentement :
Je comprends.
Ce qu'il comprenait surtout c'est qu'il était l'enjeu de la paix du monde et qu'il allait devoir batailler dure pour l'obtenir. La main de Remus s'abattit sur l'épaule du jeune homme :
Bien, Harry, si tu es prêt, on peux y aller…
Harry jeta un coup d'œil vers l'intérieur du château, désert, puis murmura :
Je crois que c'est bon.
Le bras de Lupin entoura les épaules du Survivant tandis qu'ils dirigeaient vers la diligence. Alors qu'Harry posait le pied sur le marche-pied, un cri se fit entendre :
HE, ATTENDEZ !!!!
Ron ?
Un rouquin, les joues rouges et essoufflé, flanqué d'une Hermione dans le même état et d'une Ginny encore en pyjama arrivèrent en courant.
Bon sang, Harry, t'aurais pu nous dire que tu partais si tôt !! s'écria-t-il en s'arrêtant pour reprendre son souffle.
Ginny, en chemise de nuit, les cheveux en pétards et les joues rouges, le dépassa, l'air particulièrement patibulaire.
Miss Weasley, vous êtes complètement folle de sortir dans cette tenue avec le froid qu'il fait !! Allez vous habiller tout de suite !!! s'écria McGonagall en découvrant Virginia.
La jeune fille ignora superbement son professeur et se dirigea droit sur Harry à qui elle décocha une claque magistrale.
Tu comptais me le dire quand ?!! demanda-t-elle d'une voix tremblante de colère en cherchant le regard vert du jeune homme.
Euh…
La main de Ginny s'éleva de nouveau. Ron suspendit son geste en attrapant le bras de sa sœur :
C'est bon, Gin, je crois qu'il a eu son compte.
Il n'avait jamais vu sa sœur aussi en colère qu'aujourd'hui. Elle était même plus en colère que le jour où il les avait suivi, elle et son petit-copain, Michael Corner et qu'il les avait surpris en train de s'embrasser dans un placard à fourniture. Et Dieu seul sait combien elle avait été furax ce jour-là !! Sa vengeance avait été terrible d'ailleurs. Ginny se recula et croisa ses bras sur sa poitrine, tentant visiblement de se calmer, la respiration encore haletante. Ron se tourna vers son ami :
Tu n'allais tout de même pas partir sans nous dire au revoir, tout de même ?
A ces mots, Ginny produit un drôle de son, mélange de dédain et de colère. Harry lui jeta un petit coup d'œil et répondit, penaud, en se massant la joue, là où la main de Virginia avait laissé une belle trace rouge :
Je ne voulais pas vous réveiller.
M'ouais, fit Hermione, l'air pas très convaincue.
Elle s'approcha de lui et tendit les bras. Harry descendit du marche-pied et prit son amie contre lui. Ils se serrèrent fortement pendant quelques minutes dans les bras jusqu'à ce que Ron grommelle quelques chose ressemblant à : « Hé, c'est ma petite-amie. » Puis, Harry attrapa le rouquin par l'épaule et l'attira vers lui. L'étreinte fut plus courte, mais empreinte d'émotion.
Prends bien soin de toi, grogna Ron dans l'oreille de son ami.
Et toi d'Hermione, répondit Harry.
Ron fit un petit geste de la tête signifiant : compte sur moi.
Allez vieux, fit-t-il en donnant un petite tape sur le bras au Survivant et en désignant Ginny de la tête.
Celle-ci attendait un peu à l'écart, les bras toujours croisés, le visage fermé. Harry se tourna vers elle et se dit que ça n'allait pas être de la tarte. Il se dirigea vers elle et toussota :
Gin…
Quoi ? demanda-t-elle sèchement.
Je suis désolé…
Ben, tiens !!
Gin, écoute-moi…
La jeune fille détourna la tête et Harry sentit le désespoir s'abattre sur lui. Si elle ne l'écoutait pas, comment allait-il lui dire au revoir et surtout comment allait-il lui avouer combien elle était importante pour lui et combien il ne voulait pas la faire souffrir. Comment allait-il lui expliquer tout cela. Pris d'une soudaine inspiration, il attrapa son bras et la força à se tourner vers lui. Les yeux bruns de Virginia étaient remplies de larmes. Le cœur d'Harry se serra :
Je suis désolé de ne t'avoir rien dit mais… je…je voulais… je voulais éviter ça, tu comprends ?
Ginny secoua vivement la tête :
Eviter quoi, Harry ?
Le jeune homme soupira :
Les larmes, les…questions…
La jeune fille poussa un petit cri de stupéfaction :
Les question ?!! Tu ne m'as rien dit parce que tu pensais que j'allais poser des questions ?!! Tu ne penses pas que c'est matière à se poser des questions ?!! demanda-t-elle d'une voix suraigu en désignant de la main la diligence, prête à partir.
Si, bien sûr que si !! Mais…ça implique beaucoup trop de choses…
Quoi ?!!
Je…je n'aurais pas pu répondre à tes questions, Gin.
Les yeux de la rouquine s'élargirent :
Tu as bien répondu à celle de Ron et Hermione, non ?
C'est différent…
C'est différent ? Qu'est-ce qui est différent ? Je croyais qu'on était ami, Harry, que…que depuis quelques temps, ça se passait mieux entre nous !! A moins que je me sois trompé…
Non, bien sûr que non. Ginny, nous sommes amis. Je…je tiens énormément à toi, avoua-t-il dans un souffle.
La jeune fille cilla .Elle s'approcha un peu de son ami et murmura :
Alors pourquoi ne m'as-tu rien dit ?
Harry leva ses grands yeux verts vers elle et elle put y lire de la détresse et surtout une trouille bleue. Ginny respira à fond et se passa la main sur le visage.
Tu n'as pas pensé à moi, Harry ? Tu n'as pas pensé à ce que j'aurais pu ressentir en découvrant en me levant le matin que tu n'es plus là et qu'on ne s'est pas dit au revoir ? demanda-t-elle dans un souffle, le regard blessé.
Harry baissa la tête :
Je suis désolé, murmura-t-il d'une voix étranglée.
Ouais, fit la jeune fille, écœurée, en s'écartant de lui.
La panique traversa les yeux verts d'Harry et il releva la tête :
Gin, non, écoute, je… je suis vraiment désolé, je…j'ai agit comme un lâche, je suis un imbécile et…et…
« JE T'AIME !!!! » cria son cœur à plein poumon. Mais les mots ne franchirent pas les lèvres d'Harry. Il resta planté là, la bouche ouverte, choqué par ses propres pensées.
Et ? demanda Ginny en fronçant les sourcils.
Un ange passa avant que le cerveau du Survivant se remette à fonctionner correctement.
Et…et…et tout, lâcha-t-il tout doucement.
Cela eut l'effet d'une bombe dans le cœur de Ginny. Leur regard se croisèrent. La jeune fille poussa un faible soupir, s'avança vers Harry et ouvrit les bras pour l'accueillir. Le jeune homme enfouit son visage dans la chevelure rousse et soyeuse de son amie et respira à fond son odeur. Ginny ferma les yeux, laissant les larmes couler le long de ses joues, et murmura, d'une voix étranglée :
Tu vas me manquer, Harry.
Le jeune homme serra plus fort la jeune fille contre lui et sourit dans son cou avant d'y déposer un baiser :
Toi aussi.
Ils s'écartèrent l'un de l'autre. Ginny, la vue brouillée par les larmes, tapota de l'index le torse de son ami et fit :
Mais, t'inquiète pas, j'en ai pas fini avec toi, parce que si tu crois que tu va t'en tirer comme ça, tu te mets le doigt dans l'œil jusqu'au coude !!
Harry sourit, prit la main de la jeune fille dans la sienne et se dirigea vers la diligence et le petit groupe qui attendait qu'ils aient fini. Le Survivant monta dans la diligence après avoir fait ses adieux au professeur McGonagall. Son regard erra un instant sur le château où il savait que quelque part se trouvait Dumbledore. La voix de Ginny le fit sortir de ses pensées :
Harry ?
Oui ?
J'espère que tu auras un bleu, déclara-t-elle en le regardant droit dans les yeux à travers la vitre à moitié baissée de la fenêtre de la diligence.
Le jeune homme toucha sa joue douloureuse et sourit :
Je n'en doute pas.
Bon, allez, on y va, coupa Maugrey.
La diligence se mit en route. Harry appuya sa main contre la vitre tandis que Ginny, Hermione, Ron et McGonagall levaient leur main pour un dernier au revoir. Tout à coup, la diligence fit une embardée qui souleva le cœur du jeune homme et il vit avec stupéfaction la voiture quitter le sol.
Il fallait t'y attendre, Harry, fit tranquillement Remus en se calant dans le siège en face du Survivant. On n'allait tout de même pas traverser Londres en diligence.
Harry ne dit rien et regarda par la fenêtre. Ginny, Hermione, Ron et McGonagall n'étaient plus qu'un petit point, et , de plus en plus, Poudlard s'éloignait. Très vite, Harry ne put même plus distinguer ses amis et c'est avec le cœur lourd qu'il détourna le regard.
