Chapitre 13 : Pleurs

Une ambiance fleur bleue flotte dans tout le château. La Saint Valentin donne de l'inspiration à tous. Même à Peeves, qui a trouvé de nouveaux jeux pour embêter les élèves. Comme ces ballons rouges en forme de cœur qu'il lâche en bombes à eau, ou plutôt à encre. Beaucoup de filles courent donc dans les couloirs, en larmes, pour changer de tenue afin d'être présentables pour leur flirt du moment. Et moi je souris gentiment à ce mignon tohu-bohu d'amoureux attendris par une fête traditionnelle que des commerçants ont perverti pour faire du chiffre.

Je sais, c'est très petit de se montrer cynique quand on a pour rendez vous un obscur camarade de maison d'un an, voire deux, plus jeune et qui vous invite pour obtenir le double de chocolats belges dont il se drogue littéralement. Mais que voulez vous, on ne se refait pas ! J'ai la curieuse impression, à ce propos justement, que la Sasha originale déteint gravement sur moi puisque c'est un peu ce que je pensait de la Saint Valentin. Avant d'arriver, j'étais une femme un peu cynique, peut être que ma maladie aidait à ce manque de considération pour les fêtes. Supporter d'être presque tous les jours alitée à cause d'une maladie de dos n'aide pas à apprécier les petits plaisirs de la vie tels que discuter avec des amies autour d'un chocolat chaud pour la Saint Valentin.

Ceci dit, je suis quand même préoccupée par cette vilaine manie toute féminine qui consiste à vider l'intégralité de son armoire sur son lit afin de revêtir LA tenue idéale pour ce curieux rendez vous. Après avoir enfilé tailleurs, robes ou pantalons, j'ai fini par revêtir ma tenue préférée, à savoir une réplique des tenues de gentilshommes du siècle des lumières. Après tout il ne s'agit pas d'un rendez vous amoureux mais d'une enquête précise sur l'objet de ma vision. Ce garçon a, j'en suis convaincue, maille à partir avec le côté obscur de la magie. Je n'ai jamais d'intuition trompeuse, alors cette vision doit avoir une signification précise.

Un dernier coup d'œil au miroir puis une autre à ma montre, pour me rendre compte que tout d'abord mon catogan est un peu échevelé mais surtout que je suis en retard. J'ai cinq minutes exactement pour traverser le château et être présente à l'appel des élèves susceptibles de se rendre à Hogsmeade pour l'après midi. J'y parviens, j'ignore encore comment, sans aggraver le cas de ma coiffure. Je signe la feuille de sortie juste au moment ou tout le groupe se met en branle sous l'œil maternel de la vieille MC Go et ceux plus inquisiteurs de Filch et sa serpillière espionne.

Les vitrines du village sont contre toute attendre de ma part, sobrement décorées. Je m'attendais à un essaim de cupidons voletants et des averses de cœurs de papier et de pétales de roses mais il n'en est rien. Juste la boue gelée de cet après midi d'hiver et des petits cœurs et des bouquets de roses rouges et blanches. Nous avons rendez vous à la devanture des frères Weasley. Xaviar m'attend sans en avoir l'air. En soufflant sur ses doigts gelés et en sautillant pour ne pas laisser ses pieds s'engourdir de froid. Ne vous y trompez pas, l'hiver en Ecosse est atroce, loin des gentilles gelées de cette belle ïle de France. Cet année est pire encore car de l'h'istoire de Hogwarts on ne tire que deux relevés de gelées aussi intenses que celle de cette année.

En effet, par trois fois le lac de Poudlard a servi de patinoire à des centaines d'élèves avec une couche de glace de plus de cinquante centimètres d'épaisseur. Hermione a émis une théorie voulant que les êtres et créatures marins peuplant le Lac aient usé de magie pour forcer la prise de la glace. Pour ma part, cette théorie est ridicule au plus haut point. Après tout, Granger n'est pas une Ravenclaw et nos étudiants n'ont jamais émis de théorie aussi ridicule que celle-ci. Qu'y comprend elle aux manipulations magiques ? Elle n'est même pas sur la liste des dix étudiant les plus brillants de cette école.

Oui, j'avoue que je fais montre d'une mauvaise foi abominable, mais que voulez vous on ne se refait pas. Mais revenons plutôt à mon rendez vous, gelé jusqu'aux os fort probablement, qui attend devant la vitrine de Georges et Fred Weasley. Il me sourit d'un air carnassier. Je comprends mieux cette attitude impressionnante quand je vois ses yeux lisser sur la boîte de chocolats que j'ai à la main. Un petit assortiment, confectionné pour moi par ma cousine, des meilleurs chocolats que l'on trouve à Paris, ce ne sont pas des bonbons de chocolat, non ! Ce sont des carrés de grands crus, voire même des crus exceptionnels, tous garnis d'éclats de fève de cacao. Je souris aussi et lui colle deux bruyants bisous sur les joues pour le saluer. Sans un mot, il me tire à l'intérieur de la boutique où Georges nous attend avec une lueur d'espoir. Par ce froid les clients doivent être rares.

- Bien le bonjour noble marchand, lui dis je d'un ton aussi théâtral que possible.

- Madame nous fait bien trop d'honneur en visitant notre modeste échoppe, répond il sur le même ton devant les rares clients médusés et Fred à moitié mort de rire.

- Il est des endroits incontournables que l'on ne peut se priver de visiter. Je viens chercher quelques unes de vos si fameuses boîtes « découverte ». Pouvez vous assurer des livraisons hors de la Grande Bretagne ?

- Bien entendu, il faut livrer ça ou ?

- Paris, le ministère de la coopération magique citoyenne

- Rien que ça ! S'exclame Fred après un sifflement admiratif. Et peut on savoir qui a l'honneur d'être ta connaissance au ministère ?

- Ma cousine Sélène.

- Ah, ta cousine travaille au ministère ? Demande Xaviar sans avoir l'air surpris.

- Oui. Alors, cette livraison ? C'est possible ou pas ? Demandé-je agacée par la question de Xaviar.

- Bien évidement que c'est possible ! S'exclame Fred, comme si prétendre le contraire relevait de l'hérésie.

- C'est parfait alors faites lui parvenir les deux boîtes pour ce soir. Je ne veux pas savoir ce que cela peut coûter.

- Pour deux boîtes découvertes complètes plus la livraison au ministère à Paris, faut compter dans les quatre galions.

- Ok, dis-je en posant les quatre pièces d'or sur la table. Avec ça, Georges, peux tu me préparer deux longues oreilles et quatre crèmes canari, trois sachets de pralines longue langue et une boite spéciale cours ?

- Ok, c'est comme si c'était fait. Dit il en préparant un sac de papier imprimé avec la devanture de « Farces pour sorciers facétieux » et des petits cœurs aux quatre coins.

- Edition spéciale Saint Valentin, on y a glissé des échantillons de quelques nouveautés, me dit Fred avec un clin d'œil entendu en regardant Xaviar.

Je lui souris en prenant mon sac, le paye et le remercie. Ils sont adorables, les frangins de Ronald. Brillants intellects au service de l'amusement sorcier, ils auraient pu faire de grands chercheurs si ils avaient eut envie d'étudier. Pendant tout ce temps, Xaviar a examiné, observé et certainement appréhendé les méthodes de travail des deux frères. C'est d'un air pensif qu'il me suit chez Honey Duke où il va récupérer ses commandes de chocolats avant que nous ne nous installions à une table réservée chez Tyffany Teaspoone. Ca c'est une sacrée prouesse, parce que ce salon de thé est un des plus réputés du monde sorcier et que la réservation est de rigueur.

La patronne serre Xaviar dans ses bras à notre arrivée et me dit bonjour chaleureusement avant de nous installer dans un coin très cosy de sa salle. Xaviar la remercie gentiment puis ouvre une des boîtes directement venues de Bruxelles pour lui. A mon interrogation concernant ses aises financières et ses connaissances, il me répond simplement qu'il est lié aux Malfoy par sa mère et que lui aussi dispose d'une fortune notable. Rien la dedans de bien étonnant quand on sait que les sangs pur britaniques se marient entre eux, il est obligé qu'à un moment donné les différentes branches se rejoignent. C'est la suite de ses explications qui me laisse perplexe. A ses dires nos familles sont également liées par le sang. A savoir, suivez bien c'est complexe, l'arrière grand père de Lucius aurait épousé la grand tante de ma grand mère. Bref tout ce sang mêlé fait que quelque part, Xaviar, Ronnie et Draco me sont liés par le sang. Yerk. Et Xaviar de conclure son discours par une troublante affirmation.

« Toi et moi sommes destinés l'un à l'autre »

Je manque recracher mon chocolat brûlant et toussote peu gracieusement. Il affiche sa belle assurance et me gratifie d'un sourire charmeur. Ah ! Que je déteste ça. Il me tend sa serviette galamment, que je refuse d'un geste, et appelle Tiffany pour commander un deuxième chocolat chaud. A ce moment précis, un détail de ma vision m'apparaît et le mot « voix » résonne à mon esprit comme s'il était capital.

- Tu parles comme si tu avais été éduqué dans cette optique. Lui dis-je en sortant ma bourse de cuir.

- C'est le cas, Sasha. Admet il. Ma mère a toujours le souci du devoir accompli, et me l'a transmis. Depuis ma plus tendre enfance, j'ai appris que la sauvegarde de ma famille et de mon sang passe par un mariage de raison convenable pour mon rang. Alors voilà pourquoi j'ai tenu à t'inviter et à avoir cette conversation avec toi.

- Attends un instant s'il te plait, dis je affolée, tu m'a invitée pour quoi exactement. Je ne saisi pas.

- Sasha, dit il en me prenant les mains de son air le plus sérieux, je te dis ça parce que tu es celle que j'ai choisi pour accomplir mon devoir.

- Vous imaginez bien que la stupeur ne m'a pas laissée muette longtemps. J'éclate donc d'un rire nerveux qui prend du temps à s'éteindre. Patiemment, il attend que je me calme et m'interroge du regard, anxieux. Là il me reste une alternative, soit la blague est savamment ficelée et je ne vais pas tarder à voir Malfoy sortir de je ne sais où et hurler « on t'a eue » ; ou bien il est sérieux et mon cas le devient. Seigneur, comment vais-je me tirer de là ?

- Qu'est ce que tu attends de moi exactement ? Dis je, un pointe de colère dans la voix. Que je te tombe dans les bras et que je hurle marions nous ? Tu vas pas bien ?

- Je n'attends rien, dit il simplement. Je crois qu'il fallait que je te le dise parce que cette histoire me trotte dans la tête depuis trop longtemps. Maintenant, comme je sais qui tu es, dis moi vite que je ne suis pas digne de toi et qu'on en finisse. Parce que j'aimerai bien passer à autre chose et que si je n'ai pas cette réponse je ne pourrais pas aller voir ailleurs si le temps est plus clément pour moi.

- Attends deux secondes. Dis je surprise. C'est quoi cette histoire d'être digne ou non de moi ? Qu'est ce qui te permet de penser que je choisi mes prétendant selon leur rang ? Qu'est ce qui te fait croire que je suis de celles qui ne pensent qu'à leur place dans la haute société ?

- Il faut bien que tu admettes que les seuls mecs que tu as fréquentés dans cette école sont des plus hautes lignées des familles sorcières. Dit il simplement. Je n'ai pas le rang ou la ligne de sang de Potter ou Malfoy mais je reste un sang pur. Ceci dit, je comprendrais que tu aspires à un sang plus noble que celui des Adams.

- Là n'est pas la question Xaviar. Et puis tu ne me connais pas. Tu n'as pas le droit de me juger sur mes soi-disants prétendants, tu n'as pas le droit non plus de te laisser dire ni de penser que le simple devoir entrave le libre arbitre. Ce n'est pas le sang qui rythme mes choix amoureux. C'est l'amour, les sentiments, l'affection. Ce qu'on ressent. Il n'est pas question que je laisse qui que ce soit dicter ma conduite. Je choisi ceux que je veux parce que j'ai des sentiments pour eux, pas parce que je veux le meilleur sang pour mes enfants.

- Mais l'un n'empêche pas l'autre, Sasha. Dit il avec une pointe d'espoir dans la voix. On peut tout à fait être amoureux et épouser le sang qu'il faut.

- Oui, c'est possible Xaviar. Mais crois tu que ça arrive souvent ? Il ne faut pas chercher à aimer que les personnes conformes à nos devoirs. Et puis, je suis sûre que tu as déjà trouvé quelqu'un à aimer et que tu te fiches de savoir si son sang est conforme aux désirs de ta mère.

- Oui, dit il. J'ai trouvé quelqu'un.

- Alors va voir cette personne, dis lui que tu es amoureux d'elle. Dis je en souriant. Oublies moi, je ne suis pas une fille pour toi, Xaviar, trouves toi une gentille petite et fais ta vie. Ne laisse pas tes parents te dire qui doit être ta femme. Ne laisse jamais personne diriger ta vie. C'est comme ça que tu sais qui est arrivé là ou il en est arrivé. Parce qu'en face de lui il avait des idiots qui étaient aveuglés par leur sang et qui avaient occulté le simple fait que leur vie ne ce construit pas sur le pouvoir et le rang mais sur la puissance de l'acceptation de l'autre et de l'amour. N'oublie pas que ce simple fait est à la base de l'ancienne magie, la plus puissante magie qui soit au monde.

- Je sais pas. Dit il d'un ton las. Si je laisse tout ça de côté je perds mes prérogatives d'aîné. Mes parents me renieront et donneront mon héritage à mon cousin.

- Qu'est ce qui est plus important pour toi, Xaviar ? Garder ton héritage ou vivre heureux ?

- Les deux, j'aimerai apprendre à aimer la femme qui sera digne de mon héritage. Dit il le plus sincèrement du monde.

- On n'apprivoise pas un dragon, Xaviar. Dis je d'un ton un peu sec. Tu ne te feras jamais aimer d'une femme qui a été mariée à toi. Crois en mon expérience, je sais ce qu'est l'amour ; je sais ce qu'est le mariage contraint et ses conséquences sont désastreuses. Ne déchire pas ton cœur à courir des chimères et consacre toi à réussir une vie riche que tu aimeras à te rappeler.

- Comment peux tu savoir tout ça, tu as à peine plus que mon âge. Dit il en fronçant les sourcils. Tes parents sont morts.

- Xaviar, dis je agacée par la tournure de a conversation. Tu ne sais rien ni de famille, ni de moi et tu ne connais pas mon histoire. Et, s'il te plait, ôte toi cette idée stupide du crâne, « toi et moi » n'existe pas !

Sur ce je me lève brusquement de la table, renversant la seconde tasse de chocolat chaud, que je n'ai pas entamée. Je le regarde d'un air de défi, enfile mon manteau et sors avec mes paquets. La porte claque et je soupire longuement devant le petit salon de thé. Je déteste ça. Depuis mon arrivée je n'ai eut de cesse que de me fourrer dans les situations les plus absurdes et là, franchement la coupe est pleine. Les larmes aux yeux et la rage au cœur je lâche mes paquets sur la boue gelée et me met à courir, écrasant mes larmes brûlantes sur la manche de ma chemise. Ma cape de velours s'enroule autour de mes jambes, avant de tomber je dénoue le cordon qui la retient et oublie de la rattraper. Elle reste derrière moi quand je passe les grilles du château, toujours courant et pleurant. Je crois que c'est le professeur Black qui m'a retenue avant que je n'aille plus loin que son bureau, vers ma chambre. Je voulais entrer dans mon refuge, je ne voulais plus voir personne. Je crois aussi qu'il m'a faite entrer dans ses appartements. Toujours est il que je suis assise dans son grand fauteuil bleu, tournée vers la grande fenêtre et chauffée par la cheminée ronflante.

Le soleil orangé de cette claire soirée de février tombait sur le lac et le ciel prenait des tons fabuleux, une merveille de camaïeux chaleureux. Le professeur Black me tend une tasse en souriant puis regarde le ciel, sans un mot. Peut être attend il que je parle la première. Je ne saurais pas quoi lui dire, je préfère donc me moucher en silence et essuyer mes larmes sur une manche de chemise désormais humide. Ma tasse une fois finie, je baille un grand coup puis laisse le sommeil m'emporter. Sans soucis, je m'abandonne à Morphée et sa couverture de soie. Mes songes sont aussi troublés que mes pensées. Plus tard dans la soirée, je m'éveille blottie dans des couvertures inconnues. Mes yeux s'ouvrent sur une chevelure longue et soyeuse, riche et bouclée. Elle sent le miel et l'extrait d'aconit, une bien curieuse fragrance.

Le professeur Black dort comme un bébé, sur le ventre et les deux mains glissées sous son oreiller. Toujours habillé et sur les couvertures, il a sagement imposé à son corps une distance de cinquante centimètres entre moi et lui. Je souris en pensant que si il sursaute ou bouge un peu brusquement, il tombe du lit. De temps en temps des grimaces rythmes ses respirations calmes et posées, une mèche coquine chatouille ses narines. Je la retire doucement. Il s'éveille donc sur mon visage appliqué à l'observer pendant son sommeil. Il sourit avant d'attraper une mèche de mes cheveux, tombant sur mon visage. Habituée à l'alerte et à observer de part son ancienne carrière d'Auror, il murmure quelque chose que je ne comprends pas avant de relâcher sa prise. Intriguée par son attitude, je constate des fils d'or pâle qui ponctue le feu de mes tresses. Les mêmes fils d'or que je porte à trente ans. Je le regarde terrifiée et sors du lit précipitamment.

Il me rattrape d'un geste vif et me fait asseoir sur le lit. Il est rapide, ce qui m'effraie moins que ce que le miroir à main qu'il me tend est supposé me renvoyer. Je jette un œil à mon reflet. Je dois avoir pris facilement cinq ans. Vous me direz que je devrais plus tôt être ravie de ne plus afficher mon corps de très jeune adulte et montrer au grand jour des formes de femme gironde. Mais voilà, nous sommes en février et j'ai pris presque six ans en quelques heures. Mon âge véritable me rattrape donc de façon inquiétante.

Lui semble ravi. Il doit commencer à reconnaître la femme au voile, qui restait il y a peu un souvenir flou. Je déteste cette situation où je ne contrôle rien de ce à quoi je vais être confrontée. Je me pose tout un tas de question auxquelles il doit sûrement avoir des réponses mais que je refuse de poser.

- Vous lui ressemblez tant, dit il la voix voilée de sommeil.

- Pardon ?

- Féline, vous lui ressemblez tant.

- Difficile de faire plus ressemblant, en effet. Lui dis je en souriant un peu.

- Pourquoi ? Me demande t il.

- Pourquoi quoi ?

- Pourquoi avoir menti ? Pourquoi ne pas vouloir en parler ? Demande t il.

- Parce que le Professeur Dumbledore m'a demandé de le faire, et vous le savez bien. Le professeur Lupin le sait, et je suis convaincue que le professeur Snape le sait tout autant. Qui dans cette foutue école ignore encore qui je suis ?

- Ne vous mettez pas en colère Sasha. Dit il en me lâchant le bras.

- Ne m'appelez pas Sasha, dis je un peu d'un ton sec avant de m'excuser, ne m'appelez plus jamais Sasha. C'est un personnage, une femme créée de toute pièce à partir d'un rêve par un auteur fatigué qui voulait pouvoir rêver d'une autre vie. Tout ça n'existe pas. Je vais me réveiller, ajoutais je en pleurant, je vais finir par me réveiller avec mon mari et mes enfants de retour de vacances et tout ira bien. Plus jamais je ne ferais de rêve et puis c'est tout.

Je m'écroule à terre et pleure sur le lit, serrant les couvertures de toutes mes forces. Tout ça est injuste. Je voudrais rester ici, dans ce monde mais aussi revoir ma famille, mes amis et retourner au travail. Je voudrais trop de choses que je ne comprends pas, trop de choses qui ne me sont pas accessibles. Je ne sais plus ce que je veux en fait. Je me sens si perdue.

En fait, je veux juste qu'on me reconnaisse le droit d'être celle que je veux devenir puisque ma vie est ici maintenant. Puisque la vrai Sasha et moi sommes deux entités différentes et que rien ne pourra nous refaire une seule et même personne ; j'ai bien le droit d'exiger ma propre vie. Je me sens comme investie par une personnalité semblable mais différente. Est-ce que c'est ça qu'on ressent quand on est un clone ? Le doute d'être un être humain à part entière ?

Après ce long passage de larmes et de doutes, je ne me souviens de rien. Rien d'autre que le soleil du matin qui chauffe la couverture du lit dans lequel je dormais il y a encore quelques minutes. J'entends des voix juste à côté, tantôt douces ou alors nerveuses, elles se disputent. Curieuse, je me lève et m'approche de la porte entrouverte pour entendre qui parle dans le salon du professeur Black.

- Il faut trouver une solution, dit le professeur Black. On ne peut la laisser comme ça !

- Là n'est pas la question, ajoute Harry. Mais elle ne pourra pas facilement continuer à passer pour une étudiante si elle retrouve son apparence d'avant. Surtout que certains de ceux qui étaient présents sont bien plus perspicaces que d'autres.

- Potter, l'étendue de votre vocabulaire m'étonne pour un étudiant d'un niveau si médiocre ! Lâche nonchalamment Snape.

- Je t'interdis de parler à mon filleul sur ce ton ! Contre le professeur de charmes.

- Tu ne m'interdis rien du tout Black ! Je traite les médiocres comme il faut le faire !

- Severus, tranche le professeur de DADA, laisse Harry en paix ! Quand à toi Sirius laisse Severus tranquille. Cessez de vous disputer comme des enfants, il serait temps.

- Surtout que ça ne résout pas le problème Bellefont, ajoute sournoisement Snape. Alors, que comptez vous faire ?

- Là est toute la question, que faut il faire face à ce problème ? Demande le professeur Dumbledore.

- Je crois qu'il faut la garder au sein de cette école, dit Black, dehors elle sera en danger.

- Je ne crois pas qu'elle ait fait montre de faiblesse face à Malfoy père et fils le jour de la rentrée, ni aucune des autres fois où elle c'est retrouvée en situation un peu difficile. Expose tranquillement le directeur du collège. Je le crois d'autant moins que la magie qu'elle pratique est d'une puissance notable malgré toutes les lacunes qu'elle a montrées.

- Oui, mais c'est aussi pour ça qu'il peut être dangereux de la garder au sein de l'école, imaginez qu'elle se prenne au jeu de la puissance et qu'elle rejoigne les factions souterraines nostalgiques du Lord Noir ? Demande Severus Snape.

- Peut être mais je doute qu'elle en ai seulement connaissance. Ajoute le professeur Lupin. Elle me parait plus facétieuse que dangereuse avec ses tours de métamorphose et autres transformations.

Je me demande bien comment il fait pour toujours tout deviner. Je suis pourtant sûre d'avoir été discrète concernant certaines sorties nocturnes. Il faut dire que lire toutes ces fictions pleines de chatons baladeurs, ça donne des idées. Mais je ferais mieux de me concentrer sur la suite si je veux comprendre ce qu'il se dit sur moi.

- Peut être mais je persiste à dire que ses talents d'occlumens peuvent vous tromper tous, siffle Snape. Puis il montre le professeur Black du menton en ajoutant : et je veux bien assister à la chute désespérée de ce chien galeux quand elle descendra du piédestal sur lequel il l'a mise.

- La question reste entière, comment vas t on expliquer ce vieillissement hors normes à tout un collège ? Demande Harry.

- Je ne sais pas, confesse son parrain, peut être pourrions nous dire qu'elle a dû partir et la réintroduire entant que professeur remplaçant ?

- Et elle remplacerai l'enseignant de quelle discipline, demande Snape acide, parce que je ne connais aucun poste vacant.

- Et pourquoi pas les Potions, elle ne pourra pas être aussi horrible que toi, lance Black pour titiller le concerné. Et avec un peu de chance, ça nous évitera de te voir traîner dans les couloirs en pleine nuit.

- Tu as peur que je déjoue les mauvais coups de Potter ? Ou peut être êtes vous deux à les manigancer ? Et ce que je fais de mes nuits ne te regarde pas Black !

- Pas plus que ce que je fais des socles des statues qui me proviennent de ma famille ne te concernent, Snivellus !

- Bon ça suffit ! Crie Harry, j'en ai assez de vous voir sans cesse vous disputer à mon propos. C'est pas comme si j'étais un gamin irresponsable ! On s'est tous battus ensemble pour détruire Voldemort, JE l'ai tué et tout le crédit qu'on m'accorde c'est cette simple suspicion de faire des coups en douce en pleine nuit ? Ca ne rime à rien. Fait ce que vous voulez de Bellefont, cuisinez la aux oignons ou gardez la si ça vous chante, je m'en moque complètement.

- Harry ! Tu pourrais tenir ta langue et surveiller ton langage quand tu es en présence de professeurs, même si ta colère est justifiée, le tance Remus Lupin avant d'ajouter sournoisement qu'il retire vingt points à Gryffindor.

- Bien, nous allons laisser le professeur Black disposer de sa matinée de congé pour réfléchir à cette situation embarrassante et nous essayerons de mettre à jour une solution viable à ce léger problème. Dit le professeur Dumbledore avant de quitter la pièce.

- Je vais y aller aussi, Ron et Hermione m'attendent, ajoute Harry, on se verra plus tard sur le terrain de Quidditch ?

- Oui, affirme Sirius, on se verra plus tard.

Je ne sais pas pourquoi mais j'ai la soudaine impression qu'il m'a vue observer par la petite ouverture que laisse la porte. C'est bien possible vu qu'il fixe étrangement cette dernière. Je m'efface au regard et ne peux qu'entendre tout ce petit monde quitter la pièce.

- Ne vous a-t-on jamais dit que c'est mal d'espionner les gens ? Me lance Sirius sur un ton amusé.

- Heu …

C'est tout ce que ce que je trouve à dire en fait, un ridicule « heu ». Soyons honnêtes, les rares mots que Sirius et moi ayons jamais échangés se résument à une sérieuse remontée de bretelles et des sous entendus. Jamais de vrai conversation entre nous, à croire que l'on sait tout les deux à quoi cela peut nous mener. Et je suis sûre que vous aussi vous le soupçonnez. Il me sourit gentiment, et s'assoit sur son lit. Je ne sais pas quoi dire en fait. Oui, j'espionnais mais qui ne le ferait pas quand on parle de vous. Je dois bien avouer que c'est un grand moment de solitude que celui que je vis à l'instant.

- Vous, …, vous avez retrouvé votre apparence d'étudiante, me dit il presque déçu.

- Oui. En effet, acquiescé-je, en prenant place sur le lit le plus loin possible, j'ai retrouvé mes dix huit ans.

- De quoi avez-vous peur Sasha ? Me demande t il quand sa première tentative de rapprochement se conclut par ma fuite du lit.

- Vous voulez dire, de quoi ai-je peur hormis vous ? demandé je, effectivement terrifiée.

- Hum, oui c'est aussi ce que je voulais dire. Pourquoi votre existence ici n'est faite que de fuites et de provocations ? Pourquoi ne pas mener votre existence ici comme n'importe quel étudiant de cette école.

- Peut être parce que je ne suis pas une étudiante comme ils le sont ; dis je m'asseyant par terre, contre le mur de la chambre ; peut être parce que je ne me sens pas ni à ma place ni tout à fait en droit d'exister. Peut être finalement, que tout ça n'est pas réel et que si je m'attache à quelque chose ou à quelqu'un dans cette vie et que demain je me réveille dans mon lit, meurtrie des douleurs qui sont mon véritable quotidien, je regretterai ce quelque chose ou ce quelqu'un. Je ne veux rien regretter, je ne veux pas me réveiller avec une autre douleur que cette fois ci personne ne soignera jamais.

- Vous ne vous réveillerez pas, parce que cette autre Sasha, ou quelque soit votre véritable nom, et vous n'êtes plus la même personne. Cette existence n'est plus la vôtre. Oubliez la et laissez vous le droit de vivre vraiment, d'aimer et de respirer cet air de bonheur auquel vous aspirez.

- Mais j'en ai pas le droit ! M'écrié-je. Et si demain, alors que j'aurais tout donné à cet être, je ne suis plus là, ou bien si il disparaît et que je me retrouve seule dans un monde auquel je ne sais pas m'adapter ; que croyez vous qu'il va advenir de moi ? Que croyez qu'ils pensent tous de moi dehors ? Je suis une folle allumeuse, dangereuse qui plus est pour l'ensemble des gamins de cette école !

- Sasha, commence t il en s'approchant doucement.

- Je vous ai dit de ne pas m'appeler Saha ! Hurlé-je ! Je ne suis pas Sasha ! Sortez d'ici !

- Vous allez commencer par vous calmer et je vous rappelle que vous êtes ici chez moi, me dit il d'un ton ferme, vous n'avez pas à vous mettre en colère pour ça. Discuter suffirait.

- Et vous, dis je en brandissant mon index sous son nez, je vous interdit de me faire la morale, vous n'êtes pas mon père !

Il part d'un grand éclat de rire, les yeux pétillants, et s'essuie les yeux des larmes qui y naissent. Décontenancée, ma colère retombe comme un soufflé trop tôt sorti du four. Il se tient les côtes, allongé sur son lit, un rire tonitruant et inextinguible sort de sa gorge alors que je fronce les sourcils, ahurie.

- Vous êtes mignonne !

- Et c'est tout ce que vous trouvez à dire pour justifier votre fou rire ? Dis je furieuse. Non mais ; vraiment ! Je suis là, perdue et sans famille à qui me confier à vous exposer ce qui fait de ma vie un véritable enfer et vous riez ?

- En fait, vous êtes juste une adolescente empreinte de doutes avec un peu plus de soucis d'identité. Dit il en essuyant ses yeux. Vous n'êtes rien d'autre que le pendant féminin de Harry. Sauf que vous n'avez pas de Voldemort à tuer.

- Non c'est moi-même, sans l'être vraiment, que je dois tuer. Dis je m'écroulant sur son lit. Et je crois que je ne serais pas capable de le faire seule. Je ne pourrais pas…

Je m'effondre sur le tapis et pleure, encore une fois. Je dois frôler la déprime pour pleurer autant. Sirius s'approche et s'assoit près de moi. Il ne dit rien. Il pose simplement ma tête sur ses genoux et me caresse les cheveux. Après dix minutes de larmes et de gémissements, il me tend un mouchoir et me sourit gentiment. J'aime beaucoup ses sourires, de ces sourires à moitié voilés, ceux que l'on offre quand on ne sourit plus mais qui sont sincères.

- Merci, je… ; commencé-je sans parvenir à terminer ma phrase.

- Ne me remerciez pas, dit il, c'est mon devoir d'aider une de mes étudiante

- Oui, dis je d'un air absent tout en me dirigeant vers la porte, sans doute. Il faut que je parte. Je dois retourner dans ma chambre, mes amies vont se poser des questions sur mon absence.

- Pour elles vous êtes à l'infirmerie, souffrante, et ne pouvez recevoir de visites. Dit il d'un ton rassurant.

- Vous avez tout prévu, dis je un peu amère, c'est agaçant parce que je n'ai plus d'excuses valables visant à éviter cette conversation que vous brûlez d'avoir avec moi.

- Je ne tiens pas plus que ça à ce que nous ayons une quelconque conversation. J'ai juste préféré que personne ne vous voie arborer votre âge véritable. Explique t il comme si nous étions en classe. Les personnes qui arpentent les couloirs de ce collège auraient pu se poser des questions fâcheuses. Je vous rappelle que certains des élèves qui vivent ici ont des parents sympathisants de Voldemort et qu'ils rêvent de trouver quelqu'un comme vous pour les aider dans leur quête purificatrice.

- Oui, je sais qu'il s sont encore en activité. Quand sera t on débarrassé de ces idées fascistes ? Avoir des aptitudes magiques ne leur suffit pas ? Il faut en plus qu'il purifient le monde de ce qu'ils estiment être une gangrène ?

- Ne soyez pas si prompte au jugement, en faisant cette erreur j'ai perdu des alliés de choix et j'ai manqué de mourir, me dit il sur un ton sérieux. Si vous n'aviez pas été là ce jour là, je serais mort probablement.

- Mort je ne pense pas, on ne meurt pas vraiment derrière le voile mais on est pas non plus vivant. Il y fait froid, on est aveugle, c'est atroce, dis je dans un souffle, on ne respire plus. Merci, ajouté je en le regardant dans les yeux.

- Il est de mon devoir d'Auror de sauver des vies, dit il doucement.

- Je sais, j'ai déjà dit ça moi …

Il me coupe la parole en m'attrapant vivement pour me serrer contre lui. Ses yeux brillants semblent scanner mes pensées. A ce moment là je n'en ai plus. Le souffle coupé j'attends bêtement qu'il se passe quelque chose ; que Harry débarque inopinément, que Snape hurle son nom en entrant dans le petit salon ou qu'un hibou frappe au carreau. Mais rien de tout ça n'arrive, non ; juste le feu ardent d'un souvenir réincarné en vérité quand il pose ses lèvres sur les miennes après avoir plongé sa main dans mes cheveux pour m'approcher de lui. Juste le goût piquant du poivre vert mêlé au chocolat amer qui envahi ma langue quand la sienne joue avec, et le bleu outremer dans lequel je me noie avant de fermer les paupières. Si je devais choisir un mot pour décrire ce que je ressens à ce moment précis, j'en serais bien incapable.

La douceur de ce baiser devient fièvre juste avant que …

A suivre….

Petit message de l'auteur à ses lecteurs.

Après de nombreuses péripéties, me voici enfin de retour. Un PC en panne (pauvre Gertrude), un site perso qui n'avance toujours pas et mon boulot d'animateur sur le site Delirium tout autant en stand By, Sasha vous revient en forme ! Bon en forme de quoi on ne le sait toujours pas mais si quelqu'un trouve ; qu'il ne se gêne pas à me le faire savoir…

Je vous souhaite, avec un brin de retard, une excellente année 2005 et tout plein de bonheur et de bonnes fictions. Bref, j'espère que je n'en aurai pas trop perdu en route, parce que vous êtes le moteur de ma plume. Sinon, tant pis pour moi et pour eux, haha ! Parce la fin de l'année approche, les NEWTS aussi et Sasha révèlera très bientôt ses secrets. Restez connectés jusqu'à la fin cette histoire qui vous réserve encore plein de surprises.

Ceci dit, je vais laisser la place aux reviews en espérant que vous me resterez fidèles !!!

RAR

To Paradise : Ben heu voilà, j'espère que je te reverrais en tant que bêta très bientôt, nos correction me manquent beaucoup. Portes toi au mieux que tu peux, je te bisoute fort.

To Delphine : Mon site parle de moi ! Enfin parlera parce que pour le moment il n'est pas ouvert. Merci pour ton soutien et tu sera ravie j'espère d'en savoir encore une peu plus Sasha. On se voit au prochain ?

To Alisa Adams : alors, surprise ??? J'espère en tout cas que l'attente et le chapitre ont été équivalents … Moi je le trouve pas terrible ce chapitre …

To Kimmy Lyn : grat grat Heu dis moi donc cachotière n'aurais tu pas oublié un léger infime tout petit détail ? « tu m'appartiens » Couché Hadès ! Non mais ! Mais bon je ne me souvenais pas te connaître sous ce nom … Bref ce chapitre, c'était comment ?

To Gaellemoon : heu pour la Sasha de notre monde, je pense que tu as du trouver les petites touches que j'ai posées dans ce chapitre non ? Merci pour tes encouragements.

To Chim : Merci beaucoup mais là, y a vraiment de quoi râler !!! Deux mois sans poser un chapitre c'est vraiment pas bien hein ? Tu l'as aimé quand même ? Dis !

To Chimgrid : Merci pour tes gentils compliments et oui, lemon sweets était un piège. C'était dasn le sens chaud du terme Lemon qu'il fallait comprendre le pseudo muhahahahhahahaha je m'adore …..

To Magaliocha : Me revoilà ! Oui ma meilleure amie est très sympathique et ma muse est un mec extrêmement sexy et terriblement susceptible. Couché Luss Blague à part, si tu sais faire fonctionner les PC il serait franchement appréciable que tu aides le mien à ne plus jamais tomber en panne. Trois semaines d'absence et un enlèvement pour le voir partir en Espagne ce fut un déchirement….

To Senko Yurima : Je n'émettrais aucun commentaire sur ta plastique de rêve … Et t'as intérêt à lire le 14 parce que non, mon Xaviar chéri n'est pas du tout aussi niais que je l'ai laissé entrevoir….

To Vaaliyah : Moi aussi je suis ravie de te connaître et apprécies que tu aimes mon style …

A peluche tous et toutes et au prochain update. Je vous le promets pour début février !!!!