Titre : Hey Kitty !

Auteur : Rieval

Spoilers : pas que je sache, enfin, disons un peu tous les épisodes jusqu'à The Eye/En pleine tempête, deuxième partie.

Note 1 : cette histoire est liée à ma fic' « Après la tempête ». Ce n'est pas à proprement parler une suite et les deux peuvent être lues séparément, mais il y a quelques références, ici et là.

Note 2 : pas de panique chères lectrices ! Je vais finir Mensonges, mais cette petite histoire me trottait dans la tête depuis un moment et elle a fini par en sortir !

Rating : gén. angst, comme d'hab. !

Résumé : seul en milieu hostile, McKay trouve une aide inattendue.

Disclaimer : pas à moi, pas même les barres chocolatées de Rodney, c'est pour vous dire !

Première partie

Vue d'en haut, PMI-342J était une planète accueillante. De grandes plaines couvertes de champs cultivés, des forêts verdoyantes, au loin une mer bleue et des montagnes.

Teyla leur avait confirmé que sur cette planète – Arbold – ils trouveraient des partenaires commerciaux.

En fait, Sheppard commençait à douter pouvoir trouver des « partenaires commerciaux » dignes de ce nom où que ce soit. Ils n'avaient pour le moment subi que des déconvenues avec leur soi disant partenaires. Le problème, c'était que leur réserve de provision était au plus bas. La tempête avait détruit une bonne partie de ce qu'ils avaient troqué avec les Ménarians. Une petite découverte qu'avait faite l'équipe de McKay en pompant les niveaux inférieurs de la Cité. Encore, une bonne raison de détester les génii.

Du moins pour lui, c'en était une.

Ils avaient rendez-vous dans le village « coopérative » de Bleunwen. Teyla y connaissait quelques négociants, de réputation. Le Major amorça sa descente en poussant un petit soupir. Peut-être ces gens seraient-ils les bons ?

oOo

Ils n'eurent pas à marcher longtemps, ce qui convenait parfaitement à Rodney. Il faisait beau et marcher vers le village s'avérait une promenade plutôt agréable mais comme disait le dicton « il ne faut jamais abuser des bonnes choses ». Sauf bien sûr s'il s'agit de chocolat.

Il prit sa gourde et but quelques gorgées d'eau. Il était le seul à porter un tee-shirt long et commençait à avoir un peu chaud. Sa blessure n'était pas complètement cicatrisée et Carson lui avait demandé de faire attention « cette fois ». Comme si c'était sa faute si ce fou furieux s'était attaqué à lui ! Oui, bon, il avait omis de passer à l'infirmerie tout de suite après l'attaque ce qui lui avait valu le courroux du bon docteur Beckett et trois jours d'infirmerie (9).

L'enfer !

Entre une infirmière complètement hystérique (1) qui insistait pour lui donner des bains avec une éponge toutes les deux heures, et Sheppard qui l'empêchait de travailler, ces trois jours avaient été une totale perte de temps. Beckett lui avait intimé l'ordre de se reposer. Ridicule ! Zelenka avait bien essayé de lui passer – en douce – un ordinateur mais il avait été pris en flagrant délit par Napoléon en personne, alias Beckett. Carson avait immédiatement supprimé l'ordinateur – que McKay avait regardé disparaître avec un pincement au cœur – et interdit tout visiteur ! Il n'était plus resté que les deux infirmières. Autant dire que la conversation était limitée.

Beckett se conduisait comme un véritable tyran lorsqu'il était dans les quatre murs de son infirmerie.

Rodney avait déjà pensé à plusieurs moyens de rétribution, à commencer par des expériences fort intéressantes sur de la technologie ancienne qui nécessitaient la possession du gène naturel. Il sourit à cette pensée. Beckett détestait tout ce qui se rapportait à la technologie des atlantes. Il faut dire que sa première expérience n'avait pas été des plus heureuses (2). Ou alors il pourrait demander au Major Sheppard de lui donner des leçons de Jumper. Ce que Beckett détestait plus que la technologie atlante c'était certainement de « voler dans un de ces fichus engins !», fin de citation.

Il poussa un petit gloussement à cette dernière idée, imaginant sans peine la tête de Beckett si le Major lui intimait l'ordre de prendre des leçons de Jumper ! Oui, ça lui apprendrait un peu !

« McKay ! C'est pour aujourd'hui ou pour demain ? » Sheppard le regardait par dessus ses lunettes de soleil, l'air impatient. Les autres membres de l'équipe s'étaient eux aussi arrêtés et le fixaient. Même Teyla semblait un peu agacée.

« Major, il doit bien faire plus de 30 degrés Celsius, donc vous m'excuserez si je prend le temps de m'hydrater. » Il rangea sa gourde, se mit un peu de crème sur les lèvres et ajusta ses lunettes de soleil. Il se serait bien passé un peu de crème sur le front – il sentait qu'il commençait à rougir – mais l'air renfrogné du Major et de Teyla le retint.

Sheppard, les bras croisés sur son P-90, observa les préparations de McKay sans broncher, puis quand ce dernier eu – enfin ! – fini, il reprit la tête de la petite expédition.

oOo

John était fatigué. Pas seulement physiquement mais aussi moralement. Trop de stress dernièrement. Résultat : il était « grognon ». Il savait parfaitement à quoi s'en tenir. Il connaissait très bien ce John Sheppard. Et franchement, cet aspect de lui-même n'était pas des plus plaisants.

Evidemment, il ne risquait pas grand-chose à se comporter comme un grossier personnage avec McKay : ce dernier rendrait certainement la baronne de Rotschild folle (3) ! Ford était habitué à recevoir des ordres, même sur un ton un peu sec. Avec Teyla en revanche, il ne savait pas très bien sur quel pied danser.

La jeune athosienne semblait un peu distante en ce moment. Son petit face à face avec Sora (4) l'avait peut-être secouée plus qu'il ne le croyait. Hey, il avait même failli la mettre à terre la dernière fois qu'ils s'étaient entraînés ensemble !

Il aurait voulu pouvoir se détendre. Oui, c'est ça, se détendre : une bonne bière, un bon match de foot, des popcorn – pas au micro ondes, des vrais ! – et des potes. Il aurait voulu une discussion normale. Une discussion qui n'implique pas des êtres qui vous ôtent votre force vitale avec leur main, des entités dévoreuses d'énergie ou des technologies à la finalité hasardeuse. Il soupira. Après cette mission il demanderait à Elisabeth de prendre une journée, juste pour respirer un peu. Lire Guerre et paix, installé dans une chaise sur un des balcons d'Atlantis. Ou bien faire du surf sur le continent.

Oui, après cette mission il allait prendre un peu de temps pour lui.

oOo

Arrivés à Bleunwen, ils furent accueillis par une délégation de négociants. Ces gens avaient apparemment une longue habitude du commerce avec des habitants d'autres planètes et ils n'eurent pas à attendre longtemps pour commencer à parlementer.

Teyla et le Major passèrent près de deux heures avec le négociant, Lirdi Tewlen. Ils finirent par se mettre d'accord sur une transaction d'une demie tonne de blé – du moins ça y ressemblait fortement. Ils devraient cependant avant de conclure, tester cette céréale. Tewlen leur assura qu'ils n'avaient rien à craindre, un peu surpris par leur demande, mais McKay n'en démordit pas.

« Qu'est-ce qu'il y a McKay, vous avez peur qu'il y ait du citrus dedans (5) ?» Sheppard examinait le scientifique en train de préparez plusieurs échantillons pour l'équipe de Beckett. Rodney lui jeta un regard noir.

« Haha, Major, vous êtes si drôle de bon matin. »

Sheppard soupira et rétorqua « McKay, ces gens consomment ce blé depuis des générations, et ils n'ont pas l'air de s'en porter plus mal. Tout ça, » il désigna de la main les petites fioles que Rodney tenait à la main, « n'est qu'une perte de temps. Nous pourrions déjà commencé à charger le jumper. Trois ou quatre voyages et nous aurions reconstituer nos réserves.» Et il pourrait se reposer !

« Major, il s'agit d'une procédure qui tient de la plus élémentaire prudence. Dois-je vous rappeler que nous n'avons pas les mêmes origines que ces gens ? Notre mémoire génétique peut être, ne serait que d'une manière infime, différente. Savez vous que certaines personnes sur Terre développent des allergies lorsqu'elles consomment des produits à base d'OGM (6) ? Certaines sont même fatales : vous grignotez votre biscuit préféré et vous mourrez d'une crise anaphylactique parce que sa composition a changé, du maïs OGM entrant désormais dans sa composition. » Rodney rangea soigneusement les petites fioles dans son sac à dos, ignorant superbement le Major pendant qu'il faisait son petit speech.

Sheppard poussa un autre soupir, bruyant cette fois. Bon sang, Rodney lui tapait sur le système lorsqu'il entrait en mode professoral.

Lirdi Tewlen observait les deux terriens, l'air un peu nerveux.

Il fallait que cette transaction marche, c'était vital pour la coopérative. Et pour lui. Les dernières avaient été catastrophiques : le réveil des wraith avait changé beaucoup de choses. Les planètes qui jusqu'alors étaient grosses consommatrices de biens de luxe ou de seconde nécessité avaient cessé de les contacter. Certaines se relevaient difficilement d'une attaque wraith et avaient besoin de nourriture et de médicaments mais elles n'avaient plus de quoi les payer. Les mauvais débiteurs ne font pas les bonnes affaires. Ces terriens étaient peut-être sa chance de faire une très bonne affaire. Mais pas s'ils découvraient quoique ce soit qui ne leur convienne pas après ces fameux tests. Il fallait qu'il agisse. Rapidement.

« Et bien, si vous le souhaitez avant de repartir, nous vous convions à partager notre repas. »

A ces mots, McKay et Sheppard répondirent d'une seule voix : « Non, merci ! » Ils se regardèrent un moment et se tournèrent un peu gênés vers Tewlen. Sheppard, après s'être éclairci la voix, repris d'un ton qui se voulait plus amical «Ecoutez, plus vite nous retournerons chez nous, plus vite nous pourrons concrétiser ce marché, d'accord ? »

McKay ne voulait pas revivre le repas qu'ils avaient pris avec les Génii (7). Le Lieutenant Ford s'était moqué – tout comme venait d'ailleurs aussi de le faire Sheppard – de ses allergies. Il ne pouvait pas manger ce qui n'avait pas été testé préalablement par Beckett. Cela paraissait peut-être extrême, mais il n'avait pas le choix. Sheppard et Ford pensaient sans doute qu'il exagérait. Dès qu'il fallait partager le repas des natifs, il devait faire semblant de manger ou bien il grignotait en faisant une petite prière pour ne pas tomber en choc anaphylactique. Seule Teyla le croyait. Elle l'avait surpris une fois, en train de se faire vomir.

Sheppard s'impatientait.

Maison, maison, maison. Il se rappelait de ce film de Tim Burton ou l'héroïne pouvait retourner dans son monde en prononçant trois fois ce mot (8). Il aurait voulu pouvoir faire de même. Mais à voir les têtes de Teyla et des membres de la délégation, il savait qu'il ne serait pas rentré de sitôt à Atlantis. Guerre et Paix devrait attendre encore un peu.

« D'accord. Nous vous remercions de votre accueil et acceptons bien volontiers de partager votre repas. » Il se tourna vers McKay qui n'avait pas bronché. « N'est-ce pas McKay ? »

Le scientifique leva la tête vers Tewlen qui souriait de toutes ses dents. « Oh, Je suis sûre que le Major Sheppard et Mlle Emmagan se feront un vrai plaisir de rester. Pour ma part, » il ramassa ses affaires et passa devant le Major, « je dois retourner sur notre base, pour faire procéder à ces petits tests. Ne vous inquiétez pas, je serais de retour dans quelques heures. Juste après le dessert. » C'était lui maintenant qui souriait.

Sheppard lui ne souriait pas. Il s'adressa à Tewlen « Vous permettez, je dois régler deux ou trois petites choses avec le Docteur McKay, mais je vous rejoints dans quelques minutes. »

« Bien sûr, je comprend parfaitement. Nous allons tout préparer.» Tewlen et ses compatriotes sortirent de la salle, suivis de Teyla et du Lieutenant Ford, laissant McKay et Sheppard seuls.

« Alors ? »

« Alors quoi Major ? »

« Vous pouvez m'expliquer à quoi vous jouez là ! » Sheppard avait presque crié cette dernière phrase, comme s'il retenait sa colère.

« Major, vous savez très bien que cela ne sert absolument à rien que je reste pour ce banquet de gourmets, vu que je ne pourrais rien y déguster, donc, si vous n'y voyez pas d'inconvénients, je vais retourner sur Atlantis et confier ces échantillons aux bons soins du docteur Beckett. »

« Pas d'inconvénients ! Bien sur que j'y vois des inconvénients ! »

Rodney leva les yeux au ciel avant de reprendre. « Ah oui et lesquels ? Major, je suis assez grand pour me débrouiller tout seul, Okay. Je peux piloter le jumper sans problème et rentrer à la base. J'en ai pour deux heures tout au plus, comme je vous le disais, je serais de retour pour le dessert. »

« Non. »

« Non ? Comment ça non ! »

« Non, comme dans « il n'en est pas question ». McKay je ne vous laisse pas partir sans escorte en territoire inconnu. Je vous signale que le jumper se trouve à près de deux heures de marche de cette charmante bourgade. »

« Oh, et bien dans ce cas, le Lieutenant Ford pourrait m'accompagner pendant que Teyla et vous, vous faites amis/amis avec nos … » Sheppard explosa avant qu'il n'ait la possibilité de terminer sa phrase.

« Ca suffit McKay ! A ce que je sache c'est moi qui dirige cette équipe et si je vous dis que personne ne rentre, alors personne ne rentre, un point c'est tout. »

Rodney resta un moment sans voix. Un moment seulement avant d'exploser lui aussi. « Et qui croyez vous être Major pour me donner des ordres, hein ? A moins qu'un évènement étrange ne m'ai fait basculé dans une autre réalité, il me semble que c'est encore Elisabeth Weir qui donne des ordres et non vous ! Atlantis est une mission scientifique, étudier ces échantillons constitue une mission scientifique, je suis un scientifique : une idée d'où je veux en venir Major, ou bien votre pauvre petit cerveau de militaire déneuronisé a-t-il du mal à suivre mon raisonnement ! Vous ne me donnez pas d'ordre, mieux, vous en prenez de moi ! » Rodney était furieux. Il pensait qu'avec ce qui s'était passé lors de la tempête, Sheppard le respectait un peu plus. Il se rappelait de ce que le Major lui avait dit à l'infirmerie (9). Visiblement, il ne le pensait plus maintenant. Non, le docteur Rodney McKay était redevenu un incapable, quelqu'un en qui on ne peut pas avoir confiance.

« Lorsque nous sommes en mission, c'est moi qui commande McKay, pas Elisabeth, vous feriez bien de vous en souvenir si vous voulez rester dans cette équipe. » John regretta ce qu'il venait de dire au moment même ou il prononçait le dernier mot. Il savait qu'il fallait qu'il se reprenne, « Ecoutez, Rodney, vous … »

« Je ne crois pas qu'il soit nécessaire de rajouter quoi que ce soit Major, vous avez été on ne peut plus clair. Je suis sûr qu'Elisabeth vous trouvera un quatrième. Je lui dresserait une liste de mes suggestions dès notre retour.» Il sortit de la pièce laissant derrière lui un Sheppard abasourdi.

oOo

Rodney ne rejoignit pas Teyla et Ford. Il avait besoin d'air.

Il prit la première sortie qu'il vit et se retrouva dans une petite cour intérieure. Il y avait une fontaine en son centre et un large banc an pierre. Il se laissa lourdement tomber dessus. Ses pensées étaient complètement chaotiques. Ce qui venait de se passer était impossible, absurde !

Sheppard ne voulait plus de lui dans son équipe.

Cela expliquait certainement l'attitude du Major depuis le début de cette mission. Il n'avait pas cessé de lui faire des remarques désagréables. Non, pas des remarques désagréables, plutôt blessantes. Volontairement blessantes. Habituellement, ce genre de chose ne le dérangeait pas beaucoup, surtout venant d'un militaire, mais là c'était différent. Il avait vraiment cru que John Sheppard était devenu son ami. Il s'était trompé. Une fois de plus.

Rodney fixait la surface de la fontaine. Une légère brise faisait onduler l'eau. C'était un spectacle apaisant.

« Docteur McKay ! »

Rodney sursauta. « Heu, oui. » L'un des négociants, le bras droit de Lirdi Tewlen, se trouvait là, avec deux autres personnes. Des gardes. Armés. Qu'est-ce qui se passait ?

« La Major John Sheppard nous a demandé de vous raccompagner jusqu'au portail. »

Le portail ? Mais de quoi … Oh, la porte des Etoiles. « Me raccompagner ? »

« Oui, de vous escorter. Le chemin n'est pas sûr. Il faut traverser une partie du Liewand. Mais ne vous inquiétez pas Gardt et Pregeld en connaissent tous les recoins. »

Alors voila. C'était fini. Cette fois, c'était vraiment fini.

Juste après l'attaque des genii, c'était ce dont Rodney avait eu si peur. Oui, peur : peur d'être jugé, peur d'être rejeté. Cela avait mis un peu plus de temps que prévu, c'est tout. Le temps que le Major Sheppard se fasse à l'idée qu'après tout un empêcheur de tourner en rond comme le docteur McKay n'était pas indispensable. Bien au contraire.

Il avait son GDO (10) ce qui fait qu'il pouvait rentrer directement sans le jumper.

« Okay, je vous suis. »

oOo

Sheppard regarda McKay s'éloigner sans bouger.

Il passa sa main sur ses tempes, essayant de réduire le mal de tête qui s'installait entre ses deux oreilles. Bonsangdebondieudemerde ! Il pouvait se féliciter, non vraiment, sur ce coup là il avait été GENIAL ! Il venait de vexer quelqu'un qui ne lui avait rien fait, quelqu'un avec qui il se sentait proche. La personne qui était la plus proche de lui depuis … depuis un bail en fait.

Il ne s'était jamais fait beaucoup d'amis dans l'armée. Ses supérieurs le trouvaient irrespectueux et indiscipliné et ses copains de chambrées le trouvaient un peu bizarre. Bien sûr, Hemingway ou Pinter, ça perturbe un peu quand on connaît surtout les BD ! Non, il était un peu injuste. C'était juste qu'il n'aimait pas trop s'investir. L'amitié exige autre chose que le partage d'une pizza et d'une bière autour d'une blague sur les blondes !

« Major ? » Teyla se trouvait à ses côtés.

« Quoi ! » Bon sang ! Il fallait absolument qu'il se contrôle s'il ne voulait pas finir tout seul sur cette mission.

Teyla le fixait l'air un peu inquiet, les sourcils froncés. « Quelque chose ne va pas ? »

Il poussa un petit ricanement. « Non, tout va bien, super, vraiment. »

Teyla allait rétorquer lorsqu'elle marqua un temps d'arrêt, examinant la pièce autour d'elle. Elle se retourna vers lui « Où se trouve le docteur McKay ? »

Une tempête venait d'élire domicile dans la tête de Sheppard, son cerveau balancé par les vagues. Des vagues de douleur. Hautes les vagues. Puissantes. Un peu comme celles qui avaient failli détruire Atlantis 10 jours auparavant. Il aurait voulu que Teyla le laisse tranquille, mais non, elle continuait à poser ses questions.

« Je n'en sais rien. Certainement dans un coin en train de bouder. » Il fouilla dans son paquetage à la recherche de paracétamol, il ouvrit la boite et en avala quatre d'affilée, sans eau, ce qui lui laissa un goût acre dans la bouche. « Venez, ne faisons pas attendre nos nouveaux amis. »

« Et le Docteur McKay ? »

Sheppard la regarda un moment, indécis. « Laissez-le tranquille, le temps qu'il se calme ». Et lui aussi pour la même occasion. Le temps que les analgésiques fassent leur effet, qu'il ait mangé un morceau et bu quelque chose.

Après il serait toujours temps de présenter ses excuses. McKay adorerait ça. Il aimait que les autres reconnaissent qu'il avait raison, non ?

oOo

Ils marchaient depuis une bonne demie heure. Lirdi Crean – Rodney venait de comprendre que Lirdi était le titre donné aux maîtres négociants de cette planète – marchait à ses côtés, derrière eux les deux gorilles, Gardt et Pregeld.

Le Liewand était une espèce de marais. La plupart du temps, les feuillages étaient si épais que le soleil ne parvenait pas à pénétrer le sous bois, les laissant dans une quasi obscurité.

Rodney marchait en regardant ses pieds. La déception avait fait place à la colère. Il ne quitterait pas l'équipe du Major ! Il parlerait à Elisabeth et elle l'écouterait. Il fallait qu'il reste : il adorait piloter le jumper, être le premier à trouver de nouvelles sources d'énergie et à ramener de nouvelles technologies. Le Major n'aurait pas le choix. Atlantis avait besoin qu'un expert soit sur le terrain. Et cet expert cela ne pouvait être que lui !

Il releva la tête. Il allait beaucoup mieux. Et c'est là, qu'il s'aperçu que quelque chose n'allait pas.

Ils se trouvaient dans une portion du marais moins touffue et on pouvait nettement distinguer le soleil. Le problème c'est qu'il se trouvait à la mauvaise place. La porte des Etoiles se trouvait à l'est du village de Bleunwen. Or, lorsqu'ils étaient arrivés, le soleil entamait son déclin, vers l'ouest. Et là, ils marchaient en suivant le soleil. Manifestement pas vers la porte des Etoiles. Ils s'en éloignaient au contraire (11).

Rodney eu un frisson. Okay, surtout rester calme. Calmecalmecalme. Ne pas leur montrer que quelque chose ne va pas, parce que manifestement quelque chose ne va pas du tout. Que lui voulait ces gens et pourquoi le Major avait-il …. Bon sang ! Comment avait-il pu être aussi stupide. Le Major n'avait certainement jamais donné l'ordre de le raccompagner à la porte des Etoiles. Un piège c'était un piège, mais pourquoi ? Les Génii ? Peut être ces gens étaient-ils à leur solde ?

Il fallait qu'il fasse quelque chose. Que ferait Sheppard dans cette situation ? Il dégainerait son P-90 et tirerait dans le tas. Mauvaise idée, très mauvaise idée. D'abord il n'avait que son Baretta et puis ils étaient trois. Dont deux armés. Autre chose, il fallait qu'il réfléchisse à autre chose, c'était ce qu'il faisait le mieux non : trouver des solutions là où les autres baissaient les bras ?

Il eu soudain une idée. Pitoyable peut-être. Mais il n'avait rien d'autres en stock. Il ignorait si ces gens en voulaient à sa vie ou s'ils allaient le vendre aux genii, ou quoique ce soit d'autre. Il ne pouvait donc pas prendre trop de risque. Il fallait qu'il les sème. Il avait besoin d'être dans un endroit tranquille, ne serait ce que quelques minutes, pour prendre contact avec Sheppard et les autres.

« Heu, excusez-moi, mais j'ai besoin de … de m'isoler, un moment. »

Lirdi Crean le regarda l'air surpris. « Vous isoler ? »

« Oui, pour … pour uriner. » Il était rouge écrevisse.

« Oh, bien sûr. » Il lui signe de la main, indiquant les fourrés proches sur sa gauche.

« Mon peuple … Nous n'aimons pas que l'on nous voit ou que l'on nous entende pendant cet acte. Pourriez-vous … » Rodney lui désignait les profondeurs du marais.

« Oui, mais Gerdt va vous accompagner. Le Liewand est dangereux. Le moindre faux pas peut vous être fatal.» Lirdi Crean fit un signe à l'un des deux gardes. Ce dernier adressa un large sourire à son employeur. Ce sourire ressemblait à une réponse. Comme si … Rodney compris à ce moment là qu'il ne reviendrait pas vivant de cette petite promenade.

Les deux hommes s'éloignèrent un peu. Arrivés près d'un arbre à la taille rappelant celle des baobabs. Rodney s'arrêta et fit mine de défaire la fermeture éclair de sa braguette, il se pencha un peu en avant et saisit une branche d'arbre tombée à terre. Il se releva et en asséna un violent coup au garde. Celui-ci avait du surestimer le terrien. Il était moins armé que les autres, avait l'air plus mou. Il en fut pour ses frais. Il tomba comme une masse.

Rodney en profita pour disparaître.

Il se mit juste à courir parmi les arbres qui lui semblaient les plus feuillus et donc les plus propices à cacher sa fuite. Les branches lui cinglaient le visage, mais il ne pouvait pas ralentir. Il entendit des cris derrière lui. Ils s'étaient mis à sa poursuite. Il accéléra. Il continuait à courir sans regarder où il allait quand soudain, ses pieds se dérobèrent sous lui.

oOo

Ca allait mieux. Beaucoup mieux. Cette petite pause s'était avérée très bénéfique.

John se sentait plus détendu. Son mal de crâne avait disparu. La nourriture était excellente et leurs hôtes agréables. Les serveurs n'étaient pas mal non plus. Enfin, les serveuses surtout. Oui, vraiment, vraiment très agréables. Il se détendit un peu plus dans les larges coussins où ils s'étaient installés après le repas pour savourer un breuvage aux couleurs incertaines, mais au goût fabuleux. Il faudrait absolument penser à leur en acheter. Cette fois, il doutait que même McKay après y avoir goûter, y trouve à redire. D'ailleurs … Il se leva et rempli une coupe de l'épais breuvage. La coupe fumante à la main, il parti à la recherche de son scientifique préféré.

Après plus d'une demie heure de recherche, John commença à s'inquiéter. Où était passé ce fichu canadien ! Il finit par tenter de le joindre par radio. Celle-ci émit quelques craquements mais resta silencieuse. Sheppard poussa un juron.

« Lieutenant, Teyla, votre position ? »

/Nous sommes toujours dans la grande salle de banquet Major. Un problème / (12)

« Oui, Lieutenant, je crois que l'on pourrais appeler ça comme ça : je ne retrouve pas McKay et il est injoignable par radio. Venez me rejoindre à l'entrée nord du bâtiment, et amener Lirdi Tewlen avec vous.»

/Bien reçu Major, nous arrivons./

Ils ne mirent pas longtemps à le rejoindre, une partie de la cours de Lirdi Tewlen à leurs basques.

« Major ! Que se passe t-il ? »

« Tewlen, l'un de mes hommes a disparu. Le docteur McKay ne se trouve plus dans ce bâtiment et je … »

« Non, en effet, il est rentré. »

« QUOI ! » Ce n'était pas possible, John n'avait pas entendu ce qu'il venait d'entendre. Même McKay n'était pas assez stupide pour s'aventurer seul sur une planète inconnue ! En fait, l'homme en question avait une trop grande conscience de son importance pour faire ça ! On ne risquait pas sa vie quand on était un génie, n'est-ce pas ? Que ferait le reste de l'humanité sans vous ? Qu'est-ce que c'était que cette histoire. Teyla vint à sa rescousse en posant, calmement, la question qui lui brûlait les lèvres.

« Lirdi Tewlen, c'est extrêmement important. Pouvez nous nous dire quand le docteur McKay a quitté le village ? »

« Hé bien peu avant que nous ne commencions le banquet. Il a demandé à être ramené vers la porte des Etoiles. Un de mes hommes l'a escorté. Il doit être rentré sur votre base à l'heure qu'il est. » L'homme souriait, confiant.

John lui était blême. Blême de rage. Il l'avait fait. Ce … ce foutu scientifique de mes deux lui avait désobéi. Il allait lui faire passer un mauvais quart d'heure. Mieux, il allait le tuer, ça règlerait le problème une fois pour toute. Sa migraine revenait comme la marée haute au galop.

« Ford ! Teyla ! On y va. »

A ces mots, Sheppard vit le visage de Tewlen se décomposer. « Vous … Vous partez ? Mais, et le traité ? »

« Ne vous inquiétez pas Lirdi Tewlen, le traité sera signé dès que nous aurons pris contact avec notre base. Nous allons … »

Un cri retentit, coupant Teyla. Ils se précipitèrent tous dehors.

Des hommes se trouvaient rassemblés au milieu de la cour. Ils reculèrent pour laisser passer Lirdi Tewlen.

« Oh, bon sang ! » Le Lieutenant Ford était livide.

Devant eux se trouvaient les restes de ce qui avait du être un homme. Il avait été déchiqueté, il n'y avait guère d'autres mots qui conviennent. Vêtements et lambeaux de peau ne faisaient plus qu'un, amalgamés par le sang.

« Que s'est il passé ? » La voix de Lirdi Tewlen était ferme et autoritaire.

« Des agriculteurs l'ont retrouvé à l'orée du Liewand. Il s'agit de Hyrd.» L'homme qui parlait, visiblement un garde, regarda Sheppard un moment, l'air presque embarrassé. John fut soudain pris d'un affreux pressentiment. Le garde tendit quelque chose à Tewlen. « Ils ont aussi trouvé ça près du corps. »

John était hypnotisé par le chiffon que tenait le garde. On pouvait encore deviné, sous les tâches de sang brunâtres, la couleur bleue du tee-shirt porté par tous les scientifiques d'Atlantis.

oOo

Un moment il était sur de la terre ferme, l'autre, ses pieds ne rencontraient que du vide. Il poussa un cri de terreur et commença sa descente.

Il n'avait pas vu la ravine devant lui, il courrait sans regarder. Il essaya un moment de se retenir à quelque chose, n'importe quoi, mais son élan et les feuilles mouillées favorisaient sa vitesse et sa chute. Il poussa un autre cri lorsqu'une racine particulièrement tranchante lacéra son gilet, déchira son tee-shirt et pénétra la chair en dessous. Il continuait à descendre, jambes et bras pêle-mêle, roulant boulant. Soudain, il sentit qu'il s'envolait, il n'y avait pas d'autre mot pour décrire la sensation de légèreté subite de son corps. Il retomba, lourdement, en contrebas, continua sa chute sur encore quelques mètres, et stoppa enfin, retenu par un escarpement rocheux. Lorsque son corps cessa enfin de bouger, Rodney avait déjà perdu connaissance.

Les deux arboldiens avaient rejoints la ravine.

« Vous pensez qu'il est mort ? » Pregeld se pencha, essayant d'apercevoir le corps. Ils avaient entendu son cri et l'avait vu disparaître. « La ravine est profonde et il n'y a aucun endroit pour se raccrocher. Je doute qu'il ait pu survivre à cette chute. »

Crean s'approcha prudemment du bord. Il fronça les sourcils, quelque chose de coloré venait d'accrocher sa vue et il le désigna du doigt. « Là, qu'est-ce que c'est ? »

Pregeld commença à descendre, sur les fesses, les talons fermement ancrés dans le sol boueux. Il parvient jusqu'à l'objet qui avait attiré l'attention de Lirdi. Du tissu bleu tâché de sang. Il remonta et le remis à Crean.

« Parfais, cela devrait suffire. De toute manière, s'il est en vie, les Gréar s'occuperont de lui. Rentrons. »

oOo

« Des quoi ? » Le Lieutenant Ford se tenait face à Tewlen. Ils avaient tous réintégrés la salle des banquets. Sous le choc.

« Des Gréar. Ce sont des animaux extrêmement dangereux. Leur cruauté et leur intelligence en font de redoutables prédateurs. »

« A quoi ressemblent ces animaux ? » Demanda Teyla.

« Je vais vous montrer. Suivez-moi. »

Il les conduisit à un hall immense où se trouvaient des tapisseries. La plupart décrivaient des moments de la vie quotidienne. D'autres des attaques wraith. Ils arrivèrent enfin devant des scènes de chasse.

« Voilà, ce sont des Gréar. »

Les animaux en question ressemblaient à des sphinx (13). La bête était dotée d'une longue épine dorsale terminée par une queue ressemblant à celle des lézards. Son dos portait deux immenses ailes. Son corps et sa tête rappelaient vaguement celle d'un lion.

Sur la tapisserie, une horde de chiens de chasse s'acharnaient sur l'animal. Teyla réprima un petit frisson.

« Et vous êtes certain que c'est un de ces animaux qui a tué votre homme ? » Elle ne savait pas très bien pourquoi elle posait la question.

« Positif. Je suis désolé pour votre compagnon. » Lirdi Tewlen s'était tourné vers le Major.

Celui-ci n'avait pas dit un mot depuis la découverte du corps. Il serrait dans ses mains le morceau de tee-shirt imbibé de sang et fixait la tapisserie des yeux.

« Lieutenant. »

« Oui, Monsieur. »

« Récupérez votre bardas. Nous rentrons à la base. Nous aurons besoin de renfort. »

« Monsieur ? »

« Major ? »

Les deux jeunes gens s'exclamèrent en même temps.

« Je ne repartirais pas d'ici sans avoir la preuve que McKay est … mort. Si nous avons la moindre chance de le retrouver en vie, je ne veux pas la perdre. » Il sortit de la pièce sans un mot. Teyla et Ford se regardèrent un moment avant de le suivre.

Lirdi Tewlen les regarda s'éloigner.

Leur vaisseau n'était pas très loin. Ils seraient bientôt de retour. Plus nombreux. Cela ne faisait pas son affaire. Il fallait qu'il fasse vite. La petite mascarade ne les avait pas convaincu.

Il avait besoin du corps du docteur McKay.

TBC

(1) Aha, Sandra, alias Téli a encore frappé ! LOL

(2) Episode 1, Rising/Une nouvelle ère.

(3) Pour ceux qui l'ignore, la baronne Nadine de Rotschild a écris un livre super célébrissime sur le savoir vivre.

(4) Jeune femme Génii qui accuse Teyla d'avoir laissé son père aux mains des wraith (épisode Underground/Apparences) : elles se battent – un peu trop version catch de boue à mon goût ! – dans l'épisode En pleine tempête deuxième partie/The Eye.

(5) Citrus : famille de fruit (citron, orange, nectarine, etc). Ainsi notre vulgaire citron est aussi appelé citrus lemonus (ou lime en français et lemon en anglais, comme quoi nos deux langues ont tout plein de racines communes). Comme vous le savez, notre ami Rodney y est fortement allergique : pas de jus d'orange pour lui le matin au petit-déj' !

(6) Véridique ! Voir site www(point)ogm(point)gouv(point)fr

(7) Underground/Apparences.

(8) Le super génialissime Beetlejuice !

(9) Voir ma fic' « Après la tempête ».

(10) GDO : Garage Door Opener, Il s'agit de l'équipement qui permet d'envoyer le code d'identification des équipes à travers la porte pour que le bouclier qui la protège soit abaissé.

(11) J'y connais rien en randonnée alors j'espère que c'est suffisamment convaincant !

(12) Les phrases entre /italique/ indiquent des communications radio.

(13) Ce monstre de la mythologie grecque avait le visage et la poitrine d'une femme, une queue de dragon, des ailes et un corps de lion.