Troisième partie

Note 1 : Merci à tous et à toutes pour les reviews !

Note 2 : Téli, je t'ai donné un rôle un peu plus consistant cette fois (bon boulot ma fille !). J'espère que TU t'aimeras !

Note 3 : J'aime autant vous prévenir, pour le moment, c'est de loin ce que j'ai écrit de plus violent, tant en langage qu'en actes. Si la violence, de quelque origine quelle soit, vous retourne l'estomac, alors ne lisez pas plus loin !

oOo

Il y avait quelque chose qui clochait.

Rodney s'arrêta pour la quatrième fois en moins de 30 minutes. Il avait du mal à respirer. Il avait tout d'abord mis ça sur le compte du fort taux d'humidité qui régnait dans le marais. Mais maintenant, il avait des doutes. Sa respiration était un peu hachée et s'il prenait une large inspiration, il pouvait « sentir » quelque chose de bizarre dans sa poitrine. C'était plus une sensation qu'une véritable douleur. Une sensation de raclement. Oui, c'était ça. Comme deux feuilles de papier que l'on frotterait l'une contre l'autre. Et cela n'avait certainement rien de naturel. Il s'épongea le front avec sa manche et s'assit sur un rocher.

Okay, il avait du se froisser une côte dans la chute. Une côte froissée. Ou fracturée, ou cassée. De toute manière cela ne changeait pas grand-chose à sa situation n'est-ce pas ? Il était complètement perdu, en pleine nature, sans arme et sans moyen de communication. Hum, disons que cela n'arrangeait pas sa situation. Il allait se lever lorsque Jane passa la tête hors de son gilet.

Rodney tendit la main vers la petite créature. Jane l'encouragea à la caresser, donnant de petits coups de tête à la main tendue. Rodney sourit. C'était étrange comme la simple présence de cet animal qui était sans doute dangereux – en tous les cas sa taille adulte n'en faisait guère le type « gentil toutou de compagnie » – l'apaisait. C'était pareil avec Salieri. Son chat lui apportait un équilibre qu'il ne parvenait jamais tout à fait à atteindre avec ses semblables (22).

Un nuage obscurcit soudain le ciel. Il leva la tête. Le feuillage était moins dense autour de la berge et Rodney pouvait apercevoir le soleil. Il fallait qu'il reparte, il ne restait visiblement pas beaucoup de temps avant que la nuit tombe et il voulait avoir avancé le plus possible.

Il se releva, mais soudain Jane bondit hors de sa cachette pour disparaître derrière un talus. Le recul déséquilibra Rodney qui tomba en arrière avec un petit cri. Il se mit à genoux tant bien que mal en se tenant les côtes. Il jura entre ses dents, les yeux fermés, essayant de reprendre son souffle.

Un petit coup de patte lui fit rouvrir les yeux.

Jane se tenait sur le rocher d'où elle l'avait délogé quelques minutes plus tôt. Elle lui décocha un autre petit coup de patte sur la joue puis sauta à terre. D'accord, qu'est-ce qu'elle voulait ? Rodney prit appui sur le rocher et parvint – après plusieurs contorsions et de nombreuses invectives – à se relever complètement.

Le spectacle aurait pu être comique s'il n'avait pas eu aussi mal. Jane se tenait là, toute fière, une espèce de rongeur dans la gueule. La bête était presque aussi grosse qu'elle. Elle déposa son gibier devant lui en poussant des petits miaulements de satisfaction.

« Oh, je vois que … tu as pensé à notre repas de ce … soir, hein ? » Il fallait presque qu'il reprenne son souffle entre chaque mot. Il regarda une fois de plus le soleil et prit une décision. Il allait s'arrêter là pour la nuit. Dans l'état où il se trouvait, il lui faudrait un bon moment pour s'installer et mieux valait être prêt avant qu'il ne fasse nuit noire. De toute manière, il ne se sentait pas suffisamment bien pour faire ne serait-ce qu'un mètre de plus.

Ses pensées revinrent vers son équipe.

Il espérait qu'ils allaient tous bien. Il ne se le pardonnerait pas s'il leur était arrivé quelque chose par sa faute.

oOo

Dans la semi obscurité du marais, une paire d'yeux fixait les deux compagnons, épiant les moindres gestes de l'homme qui se tenait là.

Bientôt, les choses rentreraient dans l'ordre.

Bientôt, ils seraient vengés.

oOo

Il n'avait pas fallu beaucoup de temps aux arboldiens pour charger leur marchandise dans le jumper mais Sheppard n'avait qu'une hâte c'était de pouvoir décoller. Il avait eu un mal fou à se débarrasser de Tewlen. Lorsque le dernier sac fut enfin chargé, il mit immédiatement le jumper en route, laissant tout juste le temps aux deux arboldiens de descendre.

« Alors quelle est la suite du programme, Major ? »

La doctoresse, Sandra, se tenait à ses côtés, à la place qu'occupait habituellement McKay.

« Localiser McKay et le récupérer. » Il manoeuvra le Jumper en douceur, puis prit de la hauteur et s'éloigna de Bleunwen.

« Oh. Et comment comptez vous le localiser ? »

« Je crois que j'ai une petite idée sur la question. »

Sandra et le Major se tournèrent vers le Lieutenant Ford.

« Lieutenant, quelque chose que vous aimeriez partager ? » Sheppard l'invita de la main à prendre la parole.

« Dunney a surpris une petite conversation très intéressante lorsqu'il était en train de donner un coup de mains aux arboldiens pour charger leur blé. »

Sheppard se tourna vers Dunney, l'air interrogateur. « Dunney … »

« Heu, oui Monsieur. Un des hommes qui nous a accompagnés sur le lieu de la soi disante tuerie se trouvait là avec deux autres types. Ils parlaient de « le retrouver et de lui faire la peau », enfin quelque chose dans ce genre là. Je crois, heu, je suppose qu'il pourrait s'agir du Docteur McKay, Monsieur. »

« Et c'est maintenant que vous nous en parlez ! »

« Je … Je suis désolé, Monsieur. Je ne savais pas s'il parlait de ce … Grémar, j'veux dire de cette bête, ou d'autre chose, mais maintenant que j'y repense … » Il s'était mis à bredouiller ce qui ne cadrait pas tout à fait avec sa stature. Dunney devait bien faire plus d'1,80 mètres.

Sheppard poussa un petit soupir. « Okay, Okay, l'important c'est que maintenant nous avons une piste. » Il abaissa le bouclier qui permettait au jumper de se rendre invisible et revint vers Bleunwen.

Il fit deux fois le tour de la petite ville avant de les apercevoir enfin.

Une petite colonne de cinq hommes.

Pregeld, le balafré comme l'avait surnommé Sheppard, se trouvait en tête du cortège. Ils chevauchaient ce qui ressemblait à des chevaux. Si on n'était pas trop regardant bien sûr.

« Okay, nous allons les suivre et voir où ils nous mènent. »

« En espérant qu'il s'agisse du docteur McKay. » La doctoresse avait fini sa pensée. Il la regarda un moment avant de porter à nouveau son regard sur les cinq cavaliers.

Et en croisant les doigts pour qu'il ne soit pas trop tard.

oOo

Pregeld était particulièrement satisfait de la tournure des évènements.

Il allait avoir sa revanche.

Cette petite ordure l'avait défiguré. Il avait osé lever la main sur lui. Et rien que pour ça, il méritait de mourir. Lentement de préférence. Mais ce n'était pas ce qui le remplissait de rage.

La marque aurait du être une preuve de bravoure ou de force mais il devrait la porter comme une marque de honte, une marque de faiblesse.

Il était un guerrier. Un des meilleurs. Mais ils savaient tous comment il avait eu cette balafre. Un coup de branche. Un coup de branche asséné par un … un moins que rien, une larve rampante, qui ne méritait même par le nom d'homme. Et encore moins celle de guerrier. Les autres étaient différents. Même la femme. Mais pas ce docteur McKay. A peine arrivé, il avait commencé à se plaindre : de la chaleur, de la lumière, de tout. Les toisant comme s'il était un être supérieur. Il poussa un petit ricanement à cette pensée.

Et il avait refusé de se joindre au banquet offert en leur honneur par le Lirdi lui-même ! Qui croyait-il être pour se permettre un tel affront ?

Pregeld sourit.

Oui, il allait prendre un immense plaisir à voir le docteur McKay ramper devant lui avant de l'achever.

oOo

Rodney regarda autour de lui.

Les berges étaient longées d'épais talus. Des arbres poussaient sur les parois mêmes de la ravine. Il pourrait essayer de se faire une sorte de cabane improvisée en utilisant leurs branches recourbées ainsi que la mousse et les feuilles des talus. Le problème c'était qu'il ne savait pas très bien comment s'y prendre. Les joies de la vie en plein air n'avaient jamais été son truc. Même lorsqu'il était gamin. Si Sheppard était avec lui, ils auraient certainement déjà monté un abri « deux étoiles ». Mais le Major n'était pas là.

Il était seul avec Jane.

La curieuse créature jouait avec sa prise, comme un chat. Elle la mordillait, puis s'éloignait rapidement pour lui ressauter dessus, s'acharnant sur son cou. Rodney eu un frisson. Le spectacle était un peu hard. En temps normal, il aurait estimé qu'il s'agissait d'une des lois inéluctables de « Dame nature » et aurait laissé faire, mais là c'était un peu trop pour une même journée.

Il avait vu assez de sang aujourd'hui, à commencer par le sien.

« Allez Jane, ça suffit. » Sa voix était sèche et autoritaire. « Achève le et mange le, ou bien enterre le, ou bien … ce que tu veux, mais s'il te plait arrête de jouer avec, juste sous mon nez, d'accord. »

Jane arrêta immédiatement au son de sa voix. Ses oreilles rabattues contre sa tête, elle s'aplatit par terre. Rodney ne savait pas si elle avait eu peur de lui ou si elle avait pris son ton pour une invitation à jouer à deux avec la pauvre bête à moitié assommée, mais toujours en vie. Il poussa un soupir et laissa Jane, retournant à la construction de sa hutte.

Oui, bon, ça ne ressemblait pas vraiment à une hutte. En fait, ça ne ressemblait pas à grand-chose.

Avec sa main valide, il avait étalé des feuilles et de la mousse du mieux qu'il pouvait, par terre sous un des arbres dont les branches touchaient presque par terre. Par-dessus, il avait rajouter les feuilles les plus larges qu'il avait pu trouver, en les arrangeant comme un toit de chaume. Il avait déplié la couverture iso thermique de survie (23) sur le sol.

Ces activités de boy-scout l'avaient laissé en sueur. Il se leva pour remplir sa gourde. Il purifia l'eau avec une des pilules magiques du docteur Beckett (24) et but un peu. Ila avala deux antidouleurs et s'installa sous sa petite hutte. Il sortit de sa veste une barre énergétique et commença à la grignoter.

Il trouvait cet endroit effrayant.

On pouvait entendre une multitude de bruits : des feuilles qui craquaient sans cesse sous l'effet de l'humidité et de la chaleur, des animaux qui … Rodney s'arrêta brutalement de manger. Les bruits …. ces petits bruits qui n'avaient pas cessé depuis qu'il s'était réveillé sur cette corniche avaient tout bonnement disparu.

Il se leva et inspecta les environs. Il sortit son détecteur de vie de sa veste mais il n'en tira rien de très concluant : des centaines de points apparaissaient sur l'écran, ce qui n'avait rien de très surprenant dans ce type d'environnement.

On aurait presque dit que les arbres eux-mêmes avaient cessé de bouger. Il sursauta lorsque quelque chose frôla sa cheville.

Jane se frottait à lui en ronronnant.

Rodney essaya de se rassurer en prenant la petite créature dans ses bras. Il jeta un dernier coup d'œil autour de lui et retourna dans sa hutte improvisée.

Il avait peur.

Il serra Jane contre lui un moment et la caressa. Ce geste le calma un peu.

C'est drôle depuis sa malencontreuse aventure avec Lirdi Crean et ses amis, Rodney n'avait pas vraiment eu le temps d'avoir peur, même lorsqu'il leur avait échappés. Son esprit à ce moment avait été entièrement tourné vers une seule pensée : ficher le camp le plus loin et le plus vite possible ! Mais là, il sentait la peur revenir.

Il finit par s'allonger et Jane, après avoir cherché « son coin » pendant plusieurs bonnes minutes, finit par s'installer contre son épaule, enfouissant sa tête dans ses cheveux. Ce n'était pas qu'il en avait beaucoup, ce que semblait déplorer l'animal qui tentait de se faire un petit coussin bien douillet. Rodney se demanda un moment ce qu'il était advenu de la pauvre bestiole qu'elle avait attrapée. Elle devait avoir fini par la dévorer car elle s'endormi presque immédiatement, comme le ferait n'importe quel chat après un bon repas.

Rodney quant à lui, mis un bon moment à s'endormir épiant le moindre bruit à l'extérieur. Il finit par sombrer dans un sommeil agité, ses rêves peuplés d'animaux fantastiques et monstrueux.

oOo

Il avait voulu le déchiqueter, réduire à néant son existence et se repaître de sa terreur lorsqu'il lui aurait ouvert le ventre. Mais il n'avait pas pu.

Sa rage avait fait place au doute.

Il avait observé. Et ce qu'il avait vu, avait semé le trouble en lui.

Qu'avait celui-ci de différent ? Pourquoi n'agissait-il pas comme les autres ? Ses semblables ne savaient faire qu'une chose : détruire. Pas celui-ci.

Il allait attendre encore un peu.

Il voulait comprendre.

oOo

La « poursuite » s'avérait un peu pénible.

En fait, ce qui était pénible, c'était peut-être justement que cela ne ressemblait guère à une poursuite. Sheppard soupira pour ce qui semblait bien être la unième fois. Il n'aimait pas attendre. Il lui fallait de l'action. Et suivre une troupe de cavaliers d'un jumper était loin de ressembler à de l'action.

« Major ! »

Il s'était à moitié assoupi. « Oui, quoi ? »

« Ils se sont arrêtés. » Ils se trouvaient à la verticale de ce qui semblait être un vaste marais. Les cinq hommes avaient commencé à installer leur campement.

« Okay. Stackhouse, Dunney vous restez aux commandes. »

« Oui, Monsieur. » Dunney n'était pas mécontent de pouvoir rester dans le jumper, merci Ô gène ancien ! Le Major le regardait un peu de travers pour avoir omis de lui parler plus tôt de cette foutue conversation. Il s'installa aux commandes.

« Bon, allons-y. » Le Major fit signe à Ford et à Teyla. Il s'arrêta lorsqu'il vit que le docteur s'apprêtait à le suivre.

« Heu, sauf votre respect docteur mais je crois que … ».

Elle le coupa immédiatement. « Major, vous nous avez amené ici, Célia et moi, parce que vous pensiez que le docteur McKay pouvait être blessé, non ? »

« Oui, mais …. » Elle l'interrompit à nouveau « Y a t'il un élément nouveau qui vous laisse penser que ce n'est plus le cas ? Que le docteur McKay n'aurait pas besoin de mes services ? »

« Non, non, cependant je … »

« Bien. Célia vous restez ici et vous vous préparez pour une intervention d'urgence, on ne sait jamais. Major, nous y allons ? »

Sheppard la regarda un moment sans rien dire.

Wow. Cette fille avait du cran. Un peu comme Beckett. Ils étaient tous les deux prêts à sacrifier leur vie pour en sauver une autre. Il la laissa passer.

« Dunney, posez vous le plus près possible de leur campement. »

« Oui Monsieur. »

« Restez en contact radio. Nous vous contacterons, disons, toutes les deux heures. »

« Bien Monsieur, et Monsieur … »

« Oui, Dunney. »

« Heu, bonne chance, Monsieur. » Le jeune homme offrit un sourire timide à son officier supérieur.

« Hey, pas de problème, gardez la boutique et remettez l'écran dès que nous serons sortis. »

Ils se glissèrent dehors et prirent le chemin du petit campement arboldien.

« Alors, Lieutenant qu'en pensez vous ? » Sheppard et Ford examinaient avec attention le campement. Le jeune homme abaissa ses jumelles.

Il fit une grimace. « Ils sont cinq et ils sont armés. »

« Hey, mais nous sommes trois et plus intelligents ! »

« Quatre Major. Arrêtez de faire comme si je n'étais pas là. Je suis une assez bonne tireuse si vous voulez savoir. » Sandra lui jeta un regard noir.

« Heu, oui, donc nous sommes quatre, et nous avons aussi l'effet de surprise pour nous. »

Avant que Ford n'ait le temps de lui répondre, Sheppard lui fit signe de garder le silence. Trois hommes venaient de sortir de la petite tente dressée au centre du campement. Le balafré à leur tête, ils se dirigèrent vers l'entrée du marais.

« Okay, nous allons les suivre, à distance. » Les quatre atlantes se faufilèrent entre les arbres, rattrapant les trois hommes juste avant qu'ils ne s'engouffrent dans le marais.

Ils les suivaient en prenant soin de faire le moins de bruit possible. Le Major avait bien essayé d'utiliser le détecteur de vie pour leur faciliter la tâche mais il y avait trop d'animaux dans ce marais et le détecteur ne faisait pas le tri entre humains et non humains.

Il avait voulu une poursuite il était servi ! Seulement la tâche se révélait bien plus difficile qu'une poursuite de voitures. Ils avaient failli les perdre plusieurs fois déjà.

John espérait qu'ils les mèneraient à McKay, mais ce qu'il souhaitait surtout c'était pouvoir atteindre ce dernier avant eux.

Il ne donnait pas cher de sa peau si ces gens le trouvaient en premier.

oOo

Il se réveilla en sursaut, et se courba immédiatement en deux de douleur.

Bon sang ! C'était fini. Il ne dormirait plus si à chaque fois qu'il prenait un peu de repos, il se réveillait en ayant encore plus mal qu'avant de se coucher. Il consulta sa montre : cinq heures de repos ! Super. Il n'arriverait jamais à se rendormir maintenant.

Il décida de se lever. Il finit pas y parvenir en s'aidant du tronc d'arbre contre lequel était construit son abri de fortune, et sortit pour se rendre sur la berge.

Ses mouvements étaient lents et maladroits. Arrivé devant le petit torrent, il se laissa tomber sur les genoux et, se servant de sa main comme d'une coupe, il s'aspergea le visage d'eau.

C'est en relevant la tête qu'il l'aperçu, de l'autre côté de la rive.

Il devait bien faire 2 mètres de haut. Sa gueule entrouverte en un grognement, laissait apparaître des dents pointues et blanches. Rodney était paralysé. Incapable de bouger ou de penser, comme hypnotisé par la vision de cet animal extraordinaire, tout droit sorti de quelque contes pour enfant. Le genre de conte qu'on leur raconte pour leur faire peur. Très peur.

La lune était pleine et sa lumière donnait une atmosphère quasi irréelle à la scène. Les dents de la bête luisaient comme du métal. Froid et tranchant. Ses yeux jaune-orange étaient fixés sur lui.

Il était si concentré sur l'animal qu'il n'entendit pas les trois hommes arriver sur la berge.

Quand il se retourna enfin, il était trop tard.

oOo

Ils les avaient perdu !

Sheppard courrait, suivi de près par ces trois compagnons.

Il leur avait fallu ralentir un peu sur une partie du parcours de peur d'être découverts et lorsqu'ils avaient repris la poursuite, ils les avaient perdu !

Ils avaient essayé de se repérer aux bruits, mais cela ne servait à rien. Cet endroit semblait absorber les sons.

« Major ! Major, attendez une minute. » Sandra était à bout de souffle. Elle n'avait plus guère l'habitude de courir.

« Nous n'avons pas le temps docteur, je vous avait dit de rester dans le jumper. »

« J'ai … J'ai une idée ! » Le Major finit par s'arrêter de courir et la regarda.

« Une idée ? »

« Oui, une idée, Major. Aidez moi à grimper dans cet arbre. »

Il l'examina comme si il s'adressait à une folle. Elle secoua la tête. « Major, d'en haut je pourrais peut-être apercevoir quelque chose. Je fais de l'escalade donc cette petite grimpette, ne devrait pas me poser de problème. Aidez moi juste à atteindre les premières branches et donnez moi une de vos jumelles. »

Ils l'aidèrent à grimper et la virent rapidement disparaître à travers les feuillages. Sheppard devait avouer qu'il était impressionné.

« Alors ! »

« Patience, Major, patience. Une vertu sur laquelle vous devriez travailler. » La voix était étouffée. Derrière lui, il entendit clairement Teyla et Ford pouffer.

Sandra se glissa le plus haut possible. La lumière de la pleine lune qui avait bien failli les trahir un peu plus tôt, se révéla une alliée précieuse. Sans elle, elle n'aurait sans doute jamais vu l'éclat des armes des trois hommes. Oui, maintenant elle les voyait parfaitement en contrebas, longeant un cours d'eau. Elle redescendit aussi vite qu'elle pu.

« Ca y est ! Ils sont plus bas près d'une espèce de petite rivière, vers l'est. »

Ford sortit sa boussole, il la consulta rapidement puis indiqua une direction de la main. Ils reprirent leur chemin.

Cette fois, ils ne les lâcheraient pas.

oOo

Le coup le pris par surprise et l'envoya tête la première dans l'eau, deux paires de mains le saisirent brutalement par les bras et le tirèrent du torrent. Revenu sur la terre ferme, il fut jeté à terre sans ménagement. Il se remit péniblement sur ses genoux. Il cligna des yeux et leva la tête.

Pregeld.

L'homme le regardait, un sourire mauvais sur les lèvres. Le sourire étira un moment sa longue balafre, lui donnant un aspect repoussant.

« Docteur McKay. Enfin. »

Rodney n'eut pas le temps de réagir.

L'homme le gifla violemment, le renvoyant par terre. L'arboldien était furieux. Il se mit à lui donner de violents coups de pieds, visant son dos et son abdomen. Rodney essaya de se protéger du mieux qu'il pouvait, en se roulant en boule, mais les coups étaient vicieux et rapides, et il se trouva bientôt incapable de les bloquer.

Pregeld haletait comme un athlète qui se serait défoulé en salle de gym. Il arrêta de frapper l'homme qui se trouvait à terre devant lui et s'agenouilla à ses côtés. Il lui souleva la tête et susurra à son oreille.

« Alors, Docteur McKay, on fait moins le malin maintenant, hein ! »

Rodney savait que cet homme allait le tuer. Il aurait aimé avoir une répartie bien sentie. Qu'aurait fait le Major Sheppard dans une telle situation ?

Il regarda l'homme qui se trouvait devant lui et lui cracha au visage.

Pregeld poussa un juron de colère et relâcha Rodney. L'arboldien s'essuya puis saisi le scientifique par sa veste et le remit sur ses pieds. Rodney ne put retenir un cri de douleur. Il sentit du sang dans sa bouche. Cette fois, il était sûr que ces côtes étaient cassées. La douleur était insupportable et il cru défaillir.

Pregeld l'entraîna une nouvelle fois vers la berge et le balança dans l'eau. Rodney tenta de lui échapper mais son corps ne semblait plus lui obéir. Il resta là, immergé jusqu'à la taille, tenant à peine debout. L'arboldien souriait. Rodney regarda autour de lui, cherchant quelque chose, n'importe quoi, pour repousser le soldat. Soudain, Pregeld se jeta sur lui avec un cri de rage. Ses mains se resserrèrent autour du cou du terrien. Rodney essaya de lui faire lâcher prise, mais ses mains ne parvenaient pas à trouver de prise sur l'homme. Il le frappa et le pinça mais rien n'y fit. Il commençait à suffoquer. Il devait garder la bouche fermée. Il savait que c'était sa seule chance, mais l'air commençait à lui manquer.

La dernière chose qu'il entendit, déformé par l'eau, fut un cri inhumain et ce qui ressemblait à des coups de feu.

oOo

Ils courraient sans se soucier d'être découverts.

Ils couraient depuis qu'ils avaient entendu le cri. Le cri de douleur qui ne pouvait appartenir qu'à McKay.

Ils courraient plus vitre encore depuis qu'ils avaient entendu les coups de feu.

oOo

Rodney refit surface comme par miracle.

Il avait du mal à maintenir sa tête hors de l'eau. Il parvint cependant à sortir du torrent, et se laissa tomber sur la berge. Il recracha toute l'eau qu'il pouvait. Ainsi que du sang. Chaque quinte de toux menaçait de lui faire perdre conscience. Il s'allongea sur le côté et ferma les yeux. Une petite langue râpeuse lui fit les rouvrir.

« Hey, toi…. Alors … tu m'a…vais abandonner, hein. » Il n'avait même pas la force de la caresser.

« Mais pas moi. »

Rodney se retourna sur le dos. Pregeld se tenait devant lui.

L'homme était couvert de sang et son bras gauche pendait, immobile, le long de son corps. Rodney se mit à reculer, assis par terre, utilisant ses talons et sa main valide pour bouger. Pregeld avançait lentement vers lui. Il se retrouva bientôt à nouveau dans l'eau. Il tendit la main en avant. L'arboldien lui asséna un violent coup de crosse. Rodney hurla en se tenant le poignet.

Cette fois c'était vraiment fini. Il ferma les yeux attendant l'inévitable. Mais au lieu de le tuer Pregeld se mis à hurler. Rodney rouvrit les yeux. Jane s'était jetée sur l'homme, attaquant ses yeux avec ses griffes. Rodney ne l'avait encore jamais vu voler.

Seulement Pregeld n'avait pas dit son dernier mot, et il finit par frapper violemment la petite créature ailée avec son arme, l'envoyant à terre.

« JANE ! » Rodney avait les yeux fixés sur les petites ailes. Elles étaient déployées mais ne bougeaient plus. Il leva la tête vers l'arboldien qui avançait vers lui.

L'homme arma son fusil et le porta sur la tempe du terrien. Rodney vit ses doigts appuyer sur la gâchette (25) mais il ne se passa rien.

Les yeux de l'arboldien étaient remplis de terreur. Rodney tourna lentement la tête vers ce qui semblait avoir capté son regard.

La bête était là.

oOo

Oui, celui-ci était différent. Il en avait la preuve maintenant.

Mais tous les autres allaient périr.

oOo

« Major ! »

Au cri de Ford, Sandra se précipita vers le corps qui se trouvait par terre.

« Il est mort. On dirait qu'il a été … éviscéré. »

Sheppard allait dire quelque chose lorsqu'un hurlement retentit. Ils se précipitèrent tous vers son origine.

Ce qu'ils découvvirent, les stoppa net.

Un Gréar se tenait au-dessus d'un corps. Du moins cela avait du en être un, avant. Sheppard reconnu la balafre. Il eu du mal à se retenir de vomir son dernier repas. Il aperçu un autre corps partiellement immergé. Le tee-shirt bleu laissait peu de doute sur son identité.

La bête se tourna vers eux puis se désintéressa de leur sort. Elle semblait renifler quelque chose par terre.

« Okay, pas de geste brusque, d'accord. Nous allons essayer de rejoindre McKay. »

Ils le suivirent, leur arme à la main.

Sheppard ne quittait pas la bête des yeux. Celle-ci était toujours penchée par terre. Lorsqu'il fut assez proche, John vit enfin ce que le Gréar trouvait de si intéressant. Une réplique miniature de lui-même se trouvait là, visiblement inconsciente.

Le docteur était arrivé auprès de McKay. Il était semi conscient.

« Docteur McKay, Rodney, est-ce que vous m'entendez ? Docteur ? »

Les yeux de Rodney papillonnèrent un instant. « Huhu, qu…oi ? »

Sandra lui sourit gentiment. « Ca va aller, ne vous inquiétez pas. »

« Ja …Jane … cu'ppp… vs d'lll. »

« Quoi ! Jane ? De qui parle-t il ? » Ford qui se trouvait par terre à ses côtés, haussa les épaules en signe d'incompréhension.

Sheppard regardait le Gréar. Il donnait de grands coups de langue à son petit comme pour le réveiller, mais ce dernier ne bougeait toujours pas.

Rodney fixait le petit corps inerte, il ferma les yeux après avoir murmuré une dernière fois son nom.

Sheppard compris.

Il s'approcha doucement du formidable animal. Celui-ci montra immédiatement les crocs. Impressionnant. « Tout doux, Okay, tout doux. Je ne lui veux aucun mal, au contraire. » Il s'agenouilla devant le petit corps et le retourna. Il y avait un peu de sang sur la petite tête. « Doc, venez par ici ! »

Sandra qui était en train d'examiner Rodney s'exclama. « Vous plaisantez j'espère ! Major, nous devons rejoindre le jumper immédiatement, il n'y a pas de temps à perdre et … »

« Doc, si nous voulons pouvoir rentrer en un seul morceau, et je parle au sens propre du terme, je ne crois pas que nous ayons le choix. Examinez cette chose et faites de votre mieux ! » Il se leva lentement. Le Gréar le fixait avec un regard intense.

Sandra délaissa McKay un moment pour se rapprocher de Jane. « Alors ma petite chérie, c'est toi Jane ? Décidément le docteur McKay se fait des relations féminines des plus étranges. » Elle manipula le petit corps à la recherche de fractures ou de signes d'hémorragie. Rien. Il n'y avait que le coup à la tête. La blessure avait cessé de saigner. Elle désinfecta la plaie du mieux qu'elle pu et entrepris de réveiller la petite créature. Elle cassa une ampoule d'ammoniaque sous son museau.

L'effet fut immédiat. Jane se réveilla avec un grognement. Elle se remit presque aussitôt sur ses pattes. Elle était encore un peu chancelante mais leva la tête et se dirigea, en titubant un peu, vers le Gréar.

« Docteur ! » La panique dans la voix de Ford ramena immédiatement Sandra aux côtés de McKay. Ses lèvres avaient pris une teinte bleue. Et sa respiration était quasi inexistante.

Elle se tourna vers Sheppard « Nous devons partir d'ici ou sinon il mourra. »

« Dunney ! Rappliquez ici immédiatement ! »

/Oui, Monsieur, nous arrivons./

Sheppard et Teyla se tenaient près de McKay.

« Qu'est-ce qu'il a ? »

« Il est cyanotique. Il a été sauvagement battu. Sa peau est distendue au niveau de l'abdomen. Je penche pour un hémothorax. Major, nous ne pouvons plus attendre ! »

A ce moment là la radio du Major se fit entendre.

/ Major, nous vous avons localisé mais nous ne pouvons pas nous poser, le col de la ravine est trop étroit /

Sheppard leva les yeux. Il aperçu le jumper coincé entre les parois de la ravine.

McKay allait mourir ici. Et il n'y avait rien qu'il puisse faire pour l'empêcher.

Il leur faudrait un miracle.

oOo

Il regarda les Hommes qui se trouvaient là.

Il leur avait laissé la vie sauve. Ils avaient sauvé la sienne n'est-ce pas : sa VIE était là, entre ses pattes, cherchant à grimper sur son dos.

Il regarda l'Homme qui était à terre et se décida.

Cette Homme allait vivre.

oOo

Et le miracle se produisit.

oOo

Epilogue

« Bon sang Rodney ! Combien de fois devrais-je vous le répéter ! Du R-E-P-O-S ! Vous avez besoin de repos ce qui implique pas d'ordinateur portable, pas de meetings improvisés dans MON infirmerie et pas de rédaction de rapports dans mon dos ! »

Oups, ce n'était peut-être pas le bon moment pour une visite.

Le docteur Becket ne semblait pas d'humeur. Sheppard hésita un moment. Il avait réussi par deux fois à éviter son examen médical post mission et il savait que dans cet état Carson pouvait être très, très dangereux. Surtout avec des seringues. Il frissonna et allait s'en retourner sans faire de bruit. Il repasserait plus tard quand l'orage serait passé.

Trop tard.

« Ha, Major, je suis heureux de vous voir. Pourriez vous expliquez à cette … tête de mule ce que l'on entend par « repos » ! » Carson avait les bras croisés sur sa poitrine. Rodney quant à lui avait tout du gamin qui boude.

« Heu, peut-être que je devrais repasser plus tard. »

« Non ! » Un seul mot, deux voix. Carson et Rodney avaient tous les deux l'air gêné maintenant.

« Okay, vous pouvez rester un petit moment. J'ai bien dit un petit moment. » Il laissa les deux hommes seuls.

Rodney était encore pâle et des cernes noires encadraient ses yeux. Il avait encore une canule d'oxygène dans les narines et il paraissait fatigué.

« Alors, comment va, hum ? »

« Cela irait mieux si je pouvait retourner dans mes quartiers. Je pourrais aussi m'y reposer, franchement c'est ridicule. »

« Heu, vous voulez dire, les quartiers qui donnent sur votre laboratoire ? »

Rodney lui jeta un regard noir. « Vous n'allez pas vous y mettre vous aussi ! »

« Ecoutez, qu'est-ce que cela peut bien faire. Vous n'êtes pas à quelques jours près, hein. Profitez de l'endroit et de ses plaisirs. » Il lui adressa un clin d'œil entendu.

« Les plaisirs de … Mais de quoi parlez vous ? »

« Des infirmières pardi ! »

« Toutes des vampires. Ce qu'elles souhaitent, c'est me drainer de tout mon sang. » Il indiquait l'intérieur de ses coudes qui effectivement arborait de nombreuses traces de piqûres.

Il y avait aussi toutes les autres traces.

Essentiellement des bleus et des écorchures. Ses deux poignets étaient plâtrés. Fracturés. Pregeld avait de la chance d'être mort. Lirdi Tewlen serait jugé pour ses crimes. Du moins c'était ce que leur avait promis les dignitaires d'Arbold. Elisabeth ne savait pas encore s'ils feraient affaire avec eux.

Et dire que tout ça était arrivé à cause de quelques sacs de blé !

Il reporta son esprit sur McKay.

Il y avait aussi les marques qui se trouvaient sous sa blouse.

Des marques laissées par des bottes sur son dos et son bas ventre. Les marques de l'intervention d'urgence qu'avaient pratiquée Sandra et Célia, aidées de Ford, dans le Jumper. Ils avaient du écarter ses côtes pour y glisser un tube, de manière à permettre au sang de s'écouler. John se rappelait du bruit des forceps écartant les côtes.

Et puis des marques de griffes sur son abdomen. Les marques laissées par le Gréar qui avait saisi le scientifique dans ses formidable griffes pour le déposer au sommet de la ravine avant de venir récupérer Sandra, puis chacun des autres membres de l'équipe.

« Quoi ? Pourquoi est-ce que vous me fixez comme ça ! »

Sheppard n'y tint plus. Il fallait qu'il pose cette question.

« Jane. »

« Oui, et alors, quoi Jane ? »

« Rodney, avez-vous seulement pensé à vérifier si c'était une fille ou un garçon ? »

Miaou !

(22) Je trouve assez cohérent que McKay se sente plus à l'aise avec son chat qu'avec les gens, pas vous ?

(23) Faites dans un matériau ultra léger (du polyester métallisé, très résistant et imperméable). Quand la surface dorée est à l'extérieur, elles protégent du froid (elles ont en effet comme particularité de retenir près de 90 pour cent de la chaleur produite par la personne qui s'y roule). Quand la surface dorée est à l'intérieur, elles protégent de la chaleur (du soleil par exemple). Ces couvertures sont notamment utilisées par les services d'intervention d'urgence (Pompiers, SAMU, etc.).

(24) Généralement du chlore ou un autre biocide qui tue les micro-organismes non désirés dans l'eau. C'est à peu près efficace, sauf qu'après l'eau à un goût franchement beurk et qu'il vaut mieux ne pas en abuser !

(25) Heu, j'ignore si les armes génii ont une gâchette (désolée pour les puristes).