Reviewer's corner (Métonymie)
Shani : Oui, très prise de tête pour un tit machin comme ça…Elle commençait à pourrir dans mon ordi quand j'ai commencé à m'y remettre sérieusement. Ho, et de un : je te confisque effectivement les clopes (Sanzo va te tuer s'il voit que t'as piqué les siennes, inconsciente !) et deux : toi, t'as pas de bec… Na.
Mellyna :Mais heu ! Si je travaille à la suite de RA. J'en suis au chapitre 8, si tu veux savoir, et si mes mails se sont pas perdus, ma béta pour l'anglais doit avoir les premières parties… Ça viendra ! (s'en repart avec un panda roulé en boule qu'elle veut plus lâcher. Tant pis pour toi, t'es trop kawai, comme ça !).
Yukiko-chan : Alors, quel temps à la Réunion (lol) ?
Florinoir : Merci pour la review, bonne continuation à toi aussi ! C'est marrant, t'es pas la seule à le trouver mignon, Sanzo. Faut vraiment que je change mes lunettes, c'est absolument pas le qualificatif qui me vient à l'esprit quand je le vois. (évite une balle). Vous voyez ?
Vaaliyah : Sorry, je crois que ce sera pas possible. Trop fauchée. Quand j'ai de l'argent, je préfère des livres ou des mangas, alors pour des critiques de films ou de musiques, ce serait un peu dur… Mais merci pour l'offre !
Disc : Pas à moi. Le propriétaire légitime les ramènera au Japon à la fin de le fic !
Premier chapitre d'une séquelle. Comme quoi il m'en aura fallu du temps pour le commencer ce truc (moi qui pensais utiliser Sanzo, finalement, je suis partie sur une autre piste). J'ai une idée pour la suite, mais on verra…J'espère que vous aimerez.
« Beautiful Pilgrim in the Past »
Au Paradis, un dieu attendait. Jiroushin était assis devant un go ban. Regardant fixement le siège vide qui lui faisait face. À un moment, sa tête se tourna vers la terrasse baignée par le soleil, regardant vers le dossier d'un large trône.
« Où est-elle passée ? » demanda-t-il doucement, comme s'il s'adressait à l'enfant endormi.
Nataku n'avait pas de réponse (ou choisit de ne pas en donner).
Jiroushin eut un hochement de tête résigné. Kanzeon bosatsu était imprévisible. Il devrait le savoir, depuis le temps qu'il se trouve à son service. Mais avec un nouveau soupir, il continuait de l'attendre…
oOoOoOo
Le bodhisattva qui peut percevoir tous les sons (cf. A/N) ne voulait plus écouter ces mots qu'elle venait juste d'entendre…
« Vous aviez tout prévu... » Il avait dit, ce marshal de qui elle avait cru ne plus jamais entendre la voix…
Évidemment qu'elle avait tout prévu ! Elle eut un haussement d'épaule cavalier, en tête à tête avec sa merveilleuse personne. Il n'y avait pas d'autre moyen… Ho, oui. Elle était si fière d'elle… Plutôt brillant, n'est-ce pas ?
Elle avait si soigneusement tissé les fils de leurs vies… Elle n'arrivait pas à comprendre la réticence du marshal. Elle leur donnait ce qu'ils avaient voulu, après tout…Des retrouvailles…C'est ce que leurs âmes avaient réclamé à corps et à cris pendant cinq cents ans…
« Qu'est-ce qui est arrivé aux autres ? » avait-il aussi demandé !
Mais en repensant à cette rencontre, elle ne pouvait s'empêcher d'entendre à nouveau ce désespoir qui affleurait dans chaque parole du marshal. Un léger frisson courut sous sa peau divinement pâle. Insensé. Elle n'avait jamais su ce qu'était la culpabilité…Alors qu'est-ce qui lui prenait ?
« Des outils ? Des jouets ? »
Pour le marshal, peut-être. Mais elle savait en son cœur, que ce n'était pas la vérité. Sur un coup de tête, elle décida de ne pas retourner tout de suite au Paradis…Son plan était parfait ! Comment osait-il ? Si parfait qu'elle voulait encore le voir, admirer sa propre réalisation…Elle eut un sourire. L' « ardent Kenren » était un sacré succès, n'est-ce pas ?
Elle avait prévu d'assister à la première rencontre après cinq siècles de son marshal et de son général aussitôt. Mais tout à coup, elle prit la décision de leur laisser un peu d'intimité. Appelez cela de la compassion, si vous voulez…Elle était la déesse de la Compassion, non ?
Et elle était le bodhisattva qui peut percevoir tous les sons et tous les appels, d'ailleurs…
Oui, c'était la plainte d'un enfant. Venant de plusieurs années auparavant…
Kanzeon, ou le magnifique pèlerin du passé…Elle se volatilisa. Elle avait reconnu la voix.
L' « ardent Kenren »
Une telle réussite…
oOoOoOo
La lumière inonda la terre au travers du ciel bas et nuageux. Une musique céleste à rendre fou des mortels, s'il s'en était trouvé d'assez proches pour l'entendre, résonnait à l'infini, provenant de partout et de nulle part. Mais la zone autour de la petite maison isolée était déserte. Personne n'était là pour assister à la brillante épiphanie… Puis le silence soudain prit une note tragique, au moment où la divinité posait le pied sur cet humble sol. Ou peut-être que c'était juste son imagination. Elle était le deus (or dea?) ex machina qui avait écrit le drame qui avait dû se dérouler il y avait à peine quelques heures de ça. Souffrance et jalousie engendrant la fureur. Amour et instinct de protection engendrant le matricide.
Kanzeon savait exactement quelle scène elle allait découvrir dans la demeure. Tout avait été imaginé pour que cela finisse ainsi. Elle enjamba le cadavre de la femme youkai avec une certaine indifférence. Un peu de sang macula son divin pied nu et elle n'en avait que faire. C'est une autre personne que son regard cherchait. Il était toujours recroquevillé contre le mur, son flan reposant sur le sol. Il n'avait pas bougé de cet endroit depuis le départ de son frère aîné. L'enfant aux cheveux rouges avait pleuré jusqu'à plonger dans le sommeil. Des sanglots âpres et silencieux. Elle n'avait entendu que parce qu'elle seule en avait le pouvoir. Elle mit un genou à terre pour pouvoir mieux le voir.
Les mèches rouges dissimulaient son visage. Avec un geste presque affectueux, Kanzeon les dégagea pour observer le jeune visage couvert de larmes. Ses dernières larmes, puisqu'il allait se jurer de ne plus jamais pleurer, après ça…Les traits déjà aigus et la courbe impérieuse de la mâchoire lui rappelaient le général obstiné qu'elle avait connu, il y a longtemps. Même si les lignes sanglantes sur la pommette allaient certainement laisser des cicatrices.
Un frémissement agita le corps. Des yeux rouges s'ouvrirent en sursaut.
Une petite main essaya de la repousser à l'aveuglette.
Et…
« Vous, K'so baba! »
C'est une plaisanterie.
C'est impossible. Pas encore !
Parce qu'il n'y avait qu'une seule autre personne pour parler aussi mal que son neveu.
« Taishou? Kenren-taishou? » fit-elle en trébuchant presque sur les mots.
Mais qu'avait-il fait, ce maudit marshal ? C'était impossible. Son apparition soudaine lorsque Cho Gonou s'était transformé en youkai avait déréglé quelque chose, et maintenant une barrière devait être tombé, et…
Il ne lui vint même pas à l'esprit que cela puisse être elle. Que ce soit sa faute. Qu'en interférant une fois de plus… Qu'en voyageant à contre-courant sur le fleuve du temps une fois de trop pour être le témoin privilégié de ses propres manipulations les lois du destin, elle ait…
oOoOoOo
« Vous, K'so baba! »
Il y avait quelque chose de vraiment, VRAIMENT curieux, là. D'abord, Kenren n'arrivait pas à comprendre comment il pouvait se réveiller et trouver la TANTE (ou oncle, comme on voudra) de ce foutu bureaucrate blond en train de se pencher sur lui. En essayant de se redresser un peu, il révisa son opinion. C'était officiellement BIZARRE. Pouvait pas reconnaître l'endroit, pouvait pas se rappeler comment il était arrivé là…Et même pire : il ne pouvait même pas reconnaître sa propre voix…Ni ses mains, réalisa-t-il en regardant les mains juvéniles qu'il avait levées à son visage pour repousser le rideau de longs (depuis quand, longs ?) cheveux rouges qui voilaient sa vision. Son esprit était trop embrumé pour réellement comprendre ce qui se passait.
« Qu'est-ce qui m'est arrivé ? » s'enquit-il d'une voix rauque. Sa gorge était douloureuse.
« Tu es mort, » répondit la déesse d'une voix dénuée d'expression. La surprise lui avait fait oublier ce que pouvait bien être le tact. Si elle l'avait jamais su, bien sûr.
« C'est faux ! » Il répliqua. Parce qu'il avait l'impression d'être bien vivant, lui. « Mais elle, elle l'est. Qui est-ce ? » ajouta-t-il sur un ton presque détaché en remarquant le corps et le sang sur le sol au moment où le bodhisattva bougea légèrement et dégagea la vue. C'était macabre. Les dieux ne tuent pas. Pourtant, étant un soldat, il ne se troubla guère à la vue du sang. Ça, il connaissait.
« Ne me dis pas que tu ne sais pas qui c'est ? » demanda Kanzeon bosatsu, l'air soupçonneux. Et toujours sous le choc.
Il secoua la tête. Il s'en serait souvenu s'il l'avait déjà vue. Même morte, il pouvait dire que la femme avait été très belle, même si elle était une youkai, mais… Non. Rien. Il se savait pas du tout qui elle était.
« Étrange. Le marshal pouvait se rappeler ses deux existence… » fit-elle, semblant penser à voix haute.
« Tenpou ? »
Ten-chan ? Mais qu'est-ce qu'il a à voir avec... tout ça ? Le nom l'aida à se concentrer. Cette fois, il ne se sentait pas bien. Il est mort aussi ? Sa gorge se serra. Il ne prononça pas les mots. Comme si énoncer à voix haute une autre vérité pouvait la rendre réelle, il dit à la place :
« Ce rat de bibliothèque doit encore être en train de m'attendre entre ses quatre murs tapissés de bouquins, pour ce que j'en sais ! »
S'il avait eu l'esprit plus clair, il se serait rendu compte que ladite bibliothèque n'était plus la porte à côté…Plus maintenant.
oOoOoOo
Il essayait de ne pas penser à cette femme qui gisait morte sur le sol. Parce que plus Kenren s'attardait en ce lieu, plus il avait du mal à supporter sa vue. Il faisait de son mieux pour ignorer cette présence pourtant tellement évidente. Il ne demanda pas qui l'avait tuée. Peut-être qu'il craignait que ce soit lui et d'être incapable de s'en souvenir. Il faisait de son mieux pour ne pas penser au Tenkai. Parce qu'autrement il lui faudrait aussi repenser aux paroles du bodhisattva et accepter le fait d'être mort. Mais il ne pouvait pas l'être. Et Ten-chan non plus. Ne pouvait pas. Ne devait pas. Kenren n'osa pas demander à la déesse, pour Konzen et Goku. Quelque chose dans la façon dont Kanzeon le regardait lui faisait craindre le pire. Il n'osa pas demander non plus de quelle sorte de « pire » il s'agissait. Il faisait de son mieux pour ne pas penser à ce corps qui lui semblait si inconnu. Trop jeune. Trop faible. Trop douloureux. Pas seulement la sensation de brûlure sur sa joue, même s'il ramena ses doigts couverts de sang quand il les passa sur son visage. Comme si ce n'était pas les siennes (et elles ne l'étaient pas, il dut se rappeler), il pouvait presque sentir la peur, la douleur, la résignation, le désespoir qui pesaient encore dans la poitrine enfantine. Il devinait que quelque chose d'atroce venait de se passer ici. Comme si un cadavre n'était pas un indice suffisant ! Alors il faisait de son mieux pour ne pas penser du tout.
« C'est un rêve, » déclara-t-il soudain. L'explication était si simple qu'il faillit en rire.
Kanzeon bosatsu fixait l'enfant avec intensité. Le taishou parlait comme si…Comme s'il avait surgi dans ce corps sans aucune raison. Deux vies. Deux vies parfaitement séparées parce que la mort et la réincarnation n'avaient pas encore créé de lien entre deux âmes destinées à se fondre. Cela voulait dire, que quelque part, quelque époque, existait le corps d'un général qui était toujours en train de respirer, toujours vivant. Comme si rien ne s'était encore passé. C'était certain, puisque même les plus obstinées des âmes ne peuvent oublier l'instant de la mort. Et en ce temps où que cette âme s'était égarée, le Paradis avait été… Le Paradis que Kanzeon voulait tellement retrouver.
Elle était tentée. Bien trop tôt, pensa-t-elle, bien trop tôt son neveu (ou le moine qui avait été son neveu, plutôt ) serait capable d'entendre les pleurs provenant du mont Gogyo. Elle, elle les avait entendus pendant cinq siècles. Leur tristesse lui brisait toujours le cœur. Comme un étrange chant de sirène qu'elle n'avait aucun moyen d'oublier.
Tellement tentée. Juste là. Tout changer. Si l'un d'entre eux apprenait ce qui allait venir, ce qui les menaçait…Alors…
Plus besoin d'une prison pour un enfant itan. Plus besoin d'un Genjo Sanzo pour le libérer, d'un Cho Gonou pour le materner ou d'un Sha Gojyo pour le distraire.
Tout ce qu'elle avait à faire, c'était de tirer une ficelle de plus. Et cela s'arrêterait. Il y aurait à nouveau un rire pour résonner au Paradis.
« Qu'est-ce que tu dirais, si j'appelais ça une prémonition ? » insinua-t-elle mielleusement.
Cette fois, l'« enfant » éclata vraiment de rire. Il riait parce qu'il ne voulait pas entendre. Et tout à coup, cela lui semblait moins pénible de regarder la femme morte que le visage plein de convoitise de la déesse. Alors il s'agenouilla près du cadavre. Et il vit la hache prise sous le corps. Il tendit les mains vers elle (ces mains qui étaient même trop petites pour le manche), et la tira vers lui lentement avec un son de raclement sinistre. Il regarda le jeune visage qui se reflétait sur la lame sanglante.
« Qu'est-ce vous voulez dire ? » Il demanda quand même, sans se tourner vers le bodhisattva.
« Écoute-moi, Kenren taishou. »
Il te faut détruire ce présent que j'ai fait. Il faut sauver ton passé. Je vais te raconter une histoire. Écoute…
oOoOoOo
Pour lui, ils ne sont pas que de simples souvenirs comme ils le sont pour le bodhisattva (même en lui étant très chers) après cinq cents ans…Ils ne sont pas des fantômes, mais des êtres de chair et de sang, le brillant Konzen, l'innocent Goku et l'énigmatique Ten-chan…Alors chaque mot est comme un coup de poignard. Il y a quelques minutes ou quelques heures, il leur parlait, il les taquinait, il les touchait…
« Il y a du sang trop précieux pour être versé. Je ne peux le permettre. Je ne le permettrai pas. »
Mais il est là. Il ne sait pas où c'est, et ça ne l'intéresse même pas de le découvrir, donc…
« Comment je repars ? Comment les sauver, si je ne peux pas y retourner… » Sa voix haut perchée meurt sur ses jeunes lèvres. Et soudain le général se sent suffoquer dans ce corps trop étriqué pour une colère, une détermination et une peur qui sont bien les siennes, cette fois. Et cette panique qu'elles engendrent. Et ce sang qui bout dans ses veines. Et ses doigts fins qui serrent la lame acérée de la hache comme s'il s'agissait de l'arme qu'il allait utiliser pour défendre ses êtres chers…L'enfant hanyou ne ressemblait pas du tout à un enfant, à ce moment. Sa fureur rentrée faisait trembler son corps.
Avec un geste étrange qu'une mère n'aurait pu renier, la déesse s'agenouilla derrière lui, attirant de manière un peu brutale l' « enfant » dans une étreinte maladroite contre sa poitrine, sa main pâle cherchant son menton pour le renverser en arrière jusqu'à pouvoir voir son visage. Et elle lui offrit le baiser d'un bodhisattva. Le baiser à pleine bouche d'un magnifique pèlerin du Passé.
Si ce Kenren taishou était capable de rejoindre le Paradis avant qu'ils ne meurent tous…S'il pouvait les avertir…
Les possibilités étaient incroyables.
Le bodhisattva berça dans ses bras le corps inerte pendant un long moment. Attendant qu'un enfant revienne. Ou pas.
oOo To Be Continued oOo
(next part : « The God with the Child in his Eyes »)
(A/N : Kannon, "Qui Considère les voix", ou Kanzeon, "Qui Considère les voix du Monde", est l'une des grandes figures du bouddhisme du Grand Véhicule, la plus vénérée peut-être parmi toutes les divinités bouddhistes, la figure par excellence de l'amour et de la compassion. Je choisis ici une traduction un peu différente « qui peut percevoir tous les sons », utilisée aussi parfois…)
