Chapitre 5 : My « brother »
Mary Malory
Chez les sorciers, il y a souvent eu ce que l'on appelle des Jumeaux de Famille, deux enfants nés la même journée, à la même heure et qui se ressemblait plutôt beaucoup, sans faire partie de la même famille. Pour moi et Blaise, ça a été le cas.
Comme c'est une tradition, il a grandi avec moi, c'est mon premier « frère », bien avant que Jeremy, William, Charles et Thomas ne naissent. On a tout partagé, de la varicelle (pas celle du dragon, la varicelle coutumière chez les moldus) à la grippe d'été (même s'il a été affecté trois jours de plus que moi). On se connaît par cœur.
Et en tant que « frère » et « sœur », on fait souvent des choses ensemble. C'est le cas aujourd'hui. Il sait que pour moi c'est angoissant de ne pas savoir mon avenir, alors il a décidé de me changer les idées, ce qui n'est pas plus mal. Mes frères me souhaitent de bien m'amuser, ils sont tous impatients de revoir Blaise, qu'ils considèrent tous comme un frère de plus.
Moi aussi j'ai hâte de le revoir, de plaisanter avec lui et de lui parler de tout ce que je vis depuis cette annonce, le comportement de Père et tout le reste. Mes frères sont encore trop jeunes pour me comprendre et me rassurer, alors que Blaise saura comment faire.
Il m'a invité chez lui, près de Manchester, pour aller nous balader à cheval dans le vaste domaine de ses parents. J'ai toujours adoré ces moments-là, loin de nos parents, loin de tous les autres sorciers. J'ai à chaque fois l'impression que le monde arrête de tourner. Et lui aussi adore ces moments-là, où il peut oublier d'être le seul héritier des Zabini pour être seulement Blaise, mon « frère ».
J'ai fait promettre à mes frères d'être sages et de ne pas tourmenter Père ni Troisia, notre elfe de maison. Je les embrasse tous les quatre puis pars en empruntant la cheminée, utilisant la Poudre de Cheminette. Je débouche dans le hall de la somptueuse demeure des Zabini et Blaise sort du salon. Il me sourit et s'avance vers moi pour me prendre dans ses bras.
-'Salut Mary. Comment ça va?'
-'Bien, Blaise. Et toi?'
-'J'avais hâte que tu arrives. Il faut que je te montre le nouvel étalon de Père…'
Alors que nous allions sortir par la porte menant à l'extérieur, il s'arrête, les yeux tournés vers le grand escalier menant au premier étage. Je tourne à demi la tête pour voir ce qui le fait s'arrêter et je perds un instant mon sourire. La mère de Blaise est là, en robe de chambre en soie, dépeignée et ses yeux noirs perdus dans le vide. Blaise s'efforce de prendre un ton autoritaire et dit :
-'Retourne dans ta chambre, maman.'
Elle hoche la tête et s'en va assez nébuleusement, s'appuyant sur les murs. Mon ami ouvre la porte d'entrée et, me prenant la main, me fait sortir dehors. Blaise m'a expliqué une fois que sa mère était vivante de corps mais morte d'esprit, un fantôme qui déambulait parfois dans les couloirs de sa maison. Il n'aime pas que je la vois parce qu'il dit que ma mère est morte de corps mais vivante d'esprit à travers ses enfants, le contraire de la sienne. Il en a d'ailleurs honte, parce que sa mère a toujours été ainsi, morte de l'intérieur, même au moment de son mariage avec son père.
Et ce n'est pas quelque chose dont se vante les sorciers, croyez-moi. Ce fut un mariage d'argent, alors que le mariage de mes parents fut un mariage d'affaires. Les mariages d'amour n'existe pas chez les Sang Purs de Serpentard.
Il m'entraîne rapidement sur la droite de la maison de pierre, jusqu'à une écurie qui ressemble aux serres de Poudlard, mais dont les fenêtres sont teintes de toutes sortes de couleurs. Au travers de celles-ci, on peut voir les plants magiques de toutes sortes de fleurs et d'arbustes aux allures splendides, rapportées des voyages inter-continentaux du père de Blaise, entre lesquels les chevaux des Zabini se promènent librement. Il a trois elfes de maison qui s'occupe de cet endroit, alors qu'il n'y en a qu'un pour la maison entière. Blaise ouvre la porte avec une clef particulière et me laisse le passage. L'air est chaud et humide, l'odeur est simplement divine, un mélange entre le parfum des fleurs et la senteur particulière des chevaux de hautes races, le décor est splendide. J'adore cet endroit, c'est l'un des plus chaleureux que j'ai eu la chance de visiter.
À côté de moi, Blaise a recommencé à sourire. Lui-aussi aime cet endroit, il y a grandi. Il a d'ailleurs appris à chevaucher avant même de savoir marcher. C'est le privilège de sa famille.
Il s'avance entre les bocaux de plantes aux couleurs flamboyantes et se retourne pour me faire signe de le suivre. Je le rejoins et il siffle d'une manière précise, faisant dresser la tête à un splendide étalon à la robe cendrée qui s'avance aussitôt vers nous. Je le regarde avec une lueur d'envie, cette créature étant tout simplement magnifique, une étoile noire se dessinant sur son front, parmi le pelage argenté de la bête. Il caresse doucement le cou de l'animal qui abaisse la tête pour que Blaise lui gratte les oreilles et nous nous sourions. Oui, dans ces moments-là, je me sens terriblement bien.
En campagne, près de Londres
Par Hermione Granger
Entre moi et Harry, ça a été froid depuis cette conversation révélatrice. Harry me regarde toujours du coin de l'œil, je sens son regard, mais nous n'échangeons plus un mot. Je commence à comprendre pourquoi il n'apprécie pas les Dursley; ceux-ci n'arrêtent pas de lui confier toutes sortes de travaux ménagers. Je l'aide un peu, je tente de lui arracher quelques mots, mais c'est peine perdue. À chaque fois, il demeure muet.
Alors j'ai décidé d'être radicale. C'est pour ça que j'ai cette plume en main, et cette feuille de parchemin dans l'autre, même si je ne trouve pas les mots exacts pour résumer ce que je veux lui dire. Je rature ce que j'écris, je gribouille et dessine dans les bords, mais les mots justes m'échappent encore (c'est pire que l'examen d'Histoire de la Magie!).
Je n'ai qu'une phrase d'écrite, et elle n'est pas très convaincante :
« Tu es un frère pour moi. »
Que dois-je mettre après? Devrais-je lui promettre de ne jamais plus parler à Dumbledore? Devrais-je lui parler de ma dispute avec Ron? Que dois-je lui dire?
Je laisse ma tête heurter le bureau et gémit légèrement de douleur. Je ne suis pas bonne pour les relations humaines, ce n'est pas quelque chose que l'on peut apprendre dans les livres et citer par cœur. J'aurais tellement besoin d'être aidée en ce moment. Qui pourrait m'aider à recoller les morceaux avec Harry? Pourquoi Sirius n'est-il plus là? Il aurait sûrement su quoi faire.
Je me lève du bureau de travail où je suis installée depuis près d'une heure et m'en vais vers le lit de Harry. J'allais m'y laisser tomber lorsque mon pied gauche heurta quelque chose de dur; l'un des coins de la valise de Harry, comme je m'en aperçus lorsque je me penchais pour identifier la cause de ma douleur.
Je frappe quelques coups sur la surface solide et ça sonne creux. Je la tirais d'en dessous du lit et l'ouvre. Sa valise est vide, excepté quelques morceaux de miroir. Miroir? J'en prend un prudemment et l'observe. Il ne paraît pas être un miroir normal.
-'Miroas Reparum,' dis-je en pointant ma baguette sur les morceaux de verre.
L'objet d'origine magique, car cela ne fait plus aucun doute lorsque mon reflet n'apparaît pas dedans, se répare et je le soulève dans son entier. À l'endos, il y a une formule d'inscrite.
« Omheri Miroas Secretare, Configlias Ennharom. »
