Chapitre 8 : Granger vs Malory (1)
Hermione Granger
Ron était loin du compte en disant que ma vie n'allait pas être facile avec cette fille de Mangemort qui m'en voulait. Ma vie est devenue un enfer!
Partout où je vais, dans toutes mes classes, à la bibliothèque et même aux toilettes, je me sens observée. Je me disais au départ que j'étais simplement paranoïaque, que c'était à cause de Voldemort, ou de quelque chose du genre. Mais à chaque fois, Malory surgissait d'une porte avoisinante, traversait l'allée ou me regardait par l'entremise du miroir, penchée sur l'évier. Déjà une semaine que j'ai des frissons en la croisant…
Pour tous les autres Serpentard, même Malefoy, je n'éprouve que de la pitié et de la colère face à ces fils et filles à papa, mais elle… C'est autre chose! On dirait qu'elle s'est mise en tête de compenser pour ces 5 années où elle n'a été que l'ombre des autres Serpentard en se vengeant cruellement.
En cours, elle s'amuse à prendre place à côté de moi et à répondre aux questions des professeurs avant que je ne le fasse. Puis, quand je lui jette un regard que je veux colérique, ses pupilles bleus se foudroient avec l'intensité du regard Harry, lorsqu'il est au plus haut niveau de haine, un regard qui me donne des frissons. Et j'ai beau essayer de les réprimer, mais elle les aperçoit toujours et son visage semble s'amuser, un sourire satisfait et vantard se traçant sur ses lèvres.
À la bibliothèque, elle me dépasse souplement dans les rangs et subtilise toujours le livre dont j'ai besoin avant que je ne le prenne, et dans les couloirs, elle marche vers moi, me forçant à changer de trajectoire, simplement pour montrer qu'elle est plus forte que moi.
Si cela ne s'arrêtait que là, ça ne serait pas si catastrophique. Le pire, c'est que Malefoy semble lui coller aux basques. J'ignore pourquoi, mais dès qu'elle termine un cours, ou qu'elle se promène dans les couloirs ou à la bibliothèque, il est avec elle. Ils marchent du même pas déterminé à me poursuivre et Malefoy me regarde de la même façon qu'elle me regarde.
Alors que je suis terrifiée par eux deux, Ron trouve le moyen de rester calme. Je l'entends murmurer, quelques fois, « elle n'avait qu'à sortir avec moi et je l'aurais protégé, mais là… » en parlant indirectement de moi. Harry, quant à lui, semble s'intéresser seulement à Malory, ce qui est vraiment étrange. Il m'écoute d'une oreille distraite et lorsqu'il m'accompagne, il semble la dévorer des yeux. On le dirait presque amoureux de cette prétentieuse fille de Mangemort.
J'ai demandé de l'aide à Remus, au Square Grimmauld, pour en savoir plus sur les Malory. Il m'a avoué avoir connu son père, un dénommé Armando Malory, ainsi que sa mère, une beauté du nom de Annabelle Sorsiang. Enfin, connaître était un bien grand mot, selon lui, car les parents de Malory avaient en fait respectivement 4 et 2 ans de plus que lui, ce qui les différenciait nettement. Il m'appris également que peu de temps après la défaite de Voldemort, et même un peu avant, on avait accusé M. Malory de meurtres et crimes magiques de toutes sortes, agressions de moldus ou torture de sorciers majeurs, toute la panoplie. Cependant, cela ne l'avait jamais conduit en prison car, mystérieusement, à chaque fois, il était déclaré non-coupable par manque de preuves. Pour lui cependant, c'était très clair.
En continuant ses recherches, il était tombé par hasard sur une vieille coupure de journaux faisant mention du départ pour le royaume des morts de la magnifique Annabelle Malory Sorsiang. Il y avait, sur l'article qu'il m'envoya, une photo de la famille Malory, et je fus étonnée de constater que cette Mary Malory avait en fait 4 frères tous plus jeunes qu'elle, alors que je croyais que pas une seule des familles de sang purs de Serpentard n'avaient plus d'un héritier. Sur la photo, la Malory qui me terrorisait avait tout au plus dix ans et tenait dans ses bras un tout petit bébé, et sa mère n'y était pas. Cependant, une seconde photo, de la femme décédée cette fois, se trouvait plus en bas de l'article et je fus obligée d'admettre que cette femme aux cheveux noirs et aux yeux d'un bleu intense était magnifiquement belle. D'ailleurs, en lisant l'article, écrit par un certain Arthuro Misanto, je remarquais que le journaliste déplorait la perte de cette femme si chaleureuse et attachée à sa famille. Il écrivait que, selon la version donnée par M. Malory, cette épouse modèle pour la communauté sorcière était décédée des suites d'une série de complications dues à son quatrième accouchement. « Et elle laisse en deuil plus de la moitié des membres de la communauté des Sang Purs d'Angleterre, en plus de ses 5 enfants et de son mari aimant. »
Dans les donjons de Poudlard, dans la salle commune des Serpentard, là où il faisait déjà froid
Mary Malory
-'Je n'oublierais pas la réaction de Granger ce matin en classe,' dit Drago, un large sourire aux lèvres. 'C'était hilarant.'
J'acquiesçais silencieusement. Une vieille habitude de prudence apprise avec mon père, se méfier lorsque quelqu'un vous fait des compliments car c'est lorsque l'on abaisse notre garde que le dragon attaque. Blaise, assis aux côtés de Drago, esquissa d'ailleurs un sourire. Ils partageaient le même cours de Potions que moi et Granger et avaient tous deux apprécier ma façon de la remettre en place lorsqu'elle tenta de prendre la défense de Potter, contre lequel le professeur Rogue s'acharnait comme à son habitude.
Blaise me fit un signe discret puis dit à Drago :
-'Bon, je crois que je vais aller à la bibliothèque pour finir le devoir de cette harpie de McGonagall.'
Il se redressa de son fauteuil et monta s'en alla tranquillement vers son dortoir pour prendre son sac de cours, je savais ce que je devais dire.
-'Blaise, tu m'attends? J'ai plein de devoirs à terminer moi-aussi.'
À la différence de mon « frère », j'avais gardé mon sac avec moi, donc je n'avais pas à quitter la salle commune. Drago lança une réplique que je redoutais :
-'On dirait que vous me fuyez, vous deux.'
Je m'efforçais de lui faire un sourire qui nous mette hors de suspections, mais il ne changea pas son regard.
-'Je vais finir par croire que vous me cachez des choses. Remarque que ça serait normal, mais… c'est légèrement offusquant…'
-'Écoute, Drago… (J'étais l'une des seules filles de Serpentard à l'appeler par son prénom au lieu de son diminutif, mais je n'avais plus besoin d'attirer son attention, comme ces autres filles pas encore à Marier…) Je sais que l'on s'entend plutôt bien, mais tu crois sérieusement qu'entre nous deux ça va continuer?'
-'Tu ne te poses pas ces questions pour Blaise?'
-'Avec Blaise, c'est différent. Il est mon Jumeau de Famille. Je sais que tu n'en as pas, mais tu comprends au moins que ça nous lie avec force.'
-'Alors tu doutes que nous serons amis durant longtemps, exact?
'
-'Je dois t'avouer que oui. Je commence déjà à en avoir marre de terroriser Granger, je trouve cela éreintant, preuve que je ne suis manifestement pas comme t…'
Drago se leva brusquement de son fauteuil et s'approcha de moi. Il s'arrêta à quelques centimètres de moi, si bien que nos nez se touchaient presque, et il m'interrompit en posant un doigt sur mes lèvres.
-'Tu ne me connais pas encore, si tu penses que j'aime m'en prendre à tous les Gryffondor qui passent…' murmura-t-il en me fixant profondément de ses yeux gris, comme s'il voulait lire en moi.
-'Dîtes donc, j'interromps quelque chose? Si c'est le cas, je peux remonter et vous laisser cinq minutes,' dit Blaise.
-'Non, on y va,' dis-je en reculant et en mettant mon sac sur mon épaule.
Blaise me rejoignit et nous nous mîmes en marche vers la bibliothèque. J'étais perdue dans mes pensées. Drago était-il réellement autre chose que ce qu'il laissait voir aux gens? Bien sûr, me rappelais-je, il m'a laissé entrevoir le vrai Drago le soir de mon bal de Fille à Marier. Mais alors…
J'étais tellement perdue dans mes pensées que sans m'en rendre compte, je percutais Weasley et Potter. Blaise avait eu la brillante idée de passer à côté et me prit la main par la suite. Ces deux idiots m'avaient regardé avec colère, mais je n'y avais même pas porté attention. Je regardais devant moi sans voir ce qui m'entourait, j'étais sous un sort de guidage automatique.
Cependant, Blaise finit par me faire arrêter de marcher et il nous entraîna à part, dans un petit cul-de-sac.
-'Mary, reviens sur terre voyons! Mary!'
-'Hein?'
-'À quoi tu pensais, dis donc?'
-'À ce que Drago m'a dit… Mais ce n'est pas grave, je suis là.'
-'Qu'est-ce qui se passe entre vous deux?'
-'Quoi?'
-'Écoute, Mary… Tu sembles l'apprécier et…'
-'Et ça s'arrête là, crois-moi Blaise.'
-'Pas pour lui, tu sais. Je l'ai rarement vu aussi souriant, sauf peut-être l'année dernière lorsque Potter a été interdit de Quidditch, mais c'est pas la même chose.'
-'Il ne se passe rien entre nous, Blaise. Je ne sais pas ce qu'il croit, mais moi je le considère comme un ami et rien de plus.'
-'Mais fais quand même attention à toi, hein? Drago est un tombeur, il peut tout comprendre de travers certaines fois.'
-'Ne t'en fais pas. Et puis, ce n'est pas un Malefoy qui saura apprivoiser une Malory.'
Je lui sourit et il me sourit à son tour. Oui, jamais on ne me domptera.
