Chapitre 16 : Don't tell me about love anymore!
Hermione Granger
-'Mais puisque je te dis que c'est vrai!'
On n'entendit que Ron dans la salle d'études. Il était plus loin, au bout de la table, assis face à Harry, avec qui il discutait à voix basse depuis tout à l'heure. Je poussais un peu le parchemin sur lequel je faisait mon devoir de Métamorphoses, et écrivit sur le parchemin d'en dessous :
« Tu veux qu'on y aille ensemble demain? »
Et Mary m'écrivit rapidement :
« Je préférerais que tu ne viennes pas du tout. »
Son écriture était saccadée, furieuse. Je continuais.
« Je t'en prie Mary, pardonne-moi pour hier. »
« Je ne crois pas que Drago pardonnerait à Weasley de lui avoir fracassé les côtes. »
« Mais Mary, je ne pouvais pas savoir que le sort provoquait de l'amour réciproque! D'ailleurs, c'est même pas écrit dans le grimoire! »
« Alors tu aurais préféré que je tombe amoureuse du premier con venu sans qu'il s'intéresse à moi? »
« En fait, je croyais que tu craquerais pour Drago, et pas pour Ron. »
« Ça aurait été un gâchis encore plus immense! »
« Pourquoi ça? »
« Il est déjà amoureux de moi. Il m'aurait fait annulé mon mariage. »
« Alors c'est avec lui que le sort aurait dû te lier! »
« Veux-tu bien cesser de me reprocher mon mariage! »
« Reconnais quand même que l'amour était agréable. »
« C'était comme si j'étais nue face à la tempête. C'était simplement insoutenable d'être toujours avec lui, de l'écouter et de l'embrasser. »
« Tu n'as même pas été bien? »
« Quelques minutes, peut-être. Mais rien qui ne valent la peine d'annuler mon mariage! »
« Mais l'amour est le… »
« NE ME PARLE PLUS D'AMOUR! »
Mary, à l'autre bout de la salle, déchira brusquement son parchemin, rompant le charme.
Mary Malory
Je me levais de ma chaise après avoir glissé tous mes livres dans mon sac de cours. Je sortis de la salle en passant une main moite dans mes cheveux légèrement hirsutes. Je parcourus rapidement les couloirs et rentrais à la salle commune. Je grimpais au dortoir des filles de sixième, heureusement vide, et me jetais sur mon lit, la tête entre les bras.
Je restais longtemps ainsi, sans bouger le moindre muscle, la tête terriblement douloureuse. La porte du dortoir fut heurtée par le poing de quelqu'un. Je ne pris même pas la peine de répondre. Cette personne fit tourner la poignée et s'avança dans le dortoir. Celui ou celle qui entrait s'assit sur mon lit, à côté de moi, et sa main vint caresser mes cheveux. Sans me retourner, je savais de qui il s'agissait, Blaise.
-'Tu vas bien, Mary?'
-'Mal de tête, encore.'
-'Et que t'as dit Mme Pomfresh à propos de tes maux de tête?'
-'Nervosité.'
-'Ah, c'est vrai. C'est ce soir le grand soir.'
-'Ouais… Une soirée entière à sourire et à faire semblant d'être en amour. Argh…'
Une nouvelle crise de douleur s'empara de mon crâne, me brouillant la vue et me faisant perdre momentanément l'esprit. Blaise posa ses mains sur mes épaules et tenta de calmer mes convulsions. Les larmes coulaient sur mes joues. Chacun de mes muscles tremblaient, hors de tout contrôle.
Lorsque enfin ça s'arrêtait, je me retournais sur le dos lentement et regardais Blaise, qui m'observait avec l'air inquiet.
-'Je n'aime pas te voir dans cet état, Mary.'
-'Je te l'ai dit, c'est l'effet secondaire du sortilège que l'on m'a jeté.'
-'Et si ça te prend ce soir?'
-'Je n'y avais pas pensé… J'essaierais de m'éclipser de la salle de réception.'
-'Je vais t'accompagner ce soir.'
-'Blaise, ce sera terriblement long et ennuyeux. Encore plus pour toi.'
-'Je tiens à être là. Et puis, je fais partie de ta famille jusqu'à ma mort, Mary.'
Blaise m'entoura de ses bras en s'allongeant à côté de moi.
-'Tes autres frères prennent bien la nouvelle?'
-'Ouais, ils sont contents pour moi. Et puisque je leur ai dit qu'ils viendraient avec moi après mon mariage, ils sont heureux.'
-'Alors tu vas t'arranger avec ton père pour qu'ils te suivent?'
-'J'essaierais de lui en parler au cours de la soirée. Cela sera dans le contrat de mariage, alors…'
-'Et Daniel est toujours aussi adorable?'
Je fronçais les sourcils. Blaise sortit de ses poches le dernier exemplaire de la Gazette du Sorcier. En page couverture, le titre luisait ; « L'amour d'une star du Quidditch ». Je parcourus l'article en dessous rapidement. Le journaliste utilisait les mêmes qualificatifs que mon père aurait utilisé pour me décrire, sûrement l'article lui avait été dicté par mon cher paternel.
-'Il est sympa. Je lui envoie des lettres et il me répond, comme ça nous faisons un peu plus connaissance avant de nous retrouver dans la même chambre.'
-'Est-ce que tu as peur?'
-'Un peu, je crois. Après tout, ce sera ma première fois… Mais il est gentil et je suis sûre qu'il me mettra à l'aise.'
-'À t'écouter parler de lui, on te dirait vraiment amoureuse de lui.'
-'Il faut que je me mette dans mon personnage.'
Blaise caressa lentement ma joue.
-'Ma petite Mary va se marier,' dit-il doucement avant d'entonner une petite chansonnette rigolote que nous chantions étant enfants, à laquelle je me joignis rapidement.
À l'entrée du Manoir des Malory
Hermione Granger
J'arrivais en retard. Le vent qui soufflait était froid, violent. Je m'enveloppais dans ma cape un peu plus en frappant à la porte. Peut-être le vent n'était-il pas si froid. Peut-être était-ce moi qui, terrifiée par le fait de me tenir devant le repaire d'un terrible Mangemort, avait froid.
Il fallait dire que ce Manoir avait quelque chose d'inquiétant, de paniquant. Je me demandais comment Mary avait-elle pu grandir dans cet environnement sinistre. Et ses frères…
Je frappais une nouvelle fois à la porte. Elle finit par s'ouvrir sur un petit garçon d'environ huit ans, habillé dans une robe de sorcier noire aux armoiries que je devinais être celle de sa famille. Il me regarda durement, puis me céda le passage.
-'Bienvenue au Manoir Malory,' dit-il en inclinant la tête.
Avec une politesse étonnante, il me proposa de prendre ma cape et de me conduire à la salle de réception, où la fête, on l'entendait depuis le hall d'entrée, avait déjà commencé. J'acceptais et il m'amena, dans la salle de réception, jusqu'à un homme d'une quarantaine d'années, aux cheveux noirs où se trouvaient cependant quelques mèches grises.
Cet homme, je le devenais, était le père de Mary, Armand Malory. Je m'inclinais face à lui, espérant intérieurement qu'il ne me reconnaîtrait pas.
-'Qui êtes-vous, pour vous présenter si tard en cette occasion?'
J'espérais, à présent qu'il ne m'avait pas reconnu, avoir bien appris l'accent bulgare de Victor Krum.
-'Je suis désolée. Je suis…'
Oh merde! Je n'avais pas pensé au nom!
-'Certainement Karina Esbrouff,' dit-il en regardant sa liste d'invités.
J'hochais la tête d'un air distingué, et il me salua en retour.
-'Passez une bonne soirée, Miss Esbrouff.'
Je reculais de quelques pas, puis fit errer mes yeux sur la salle. Cela n'avait qu'un mince rapport avec l'extérieur du Manoir. Tout ici était somptueux, richement décoré, presque chaleureux.
Des bouquets de fleurs décoraient les murs et de lourdes tapisseries pendaient aux murs. Mary, quant à elle, était assise à une table avec trois jeunes garçons. Ils semblaient discuter de choses réjouissantes, à voir le sourire de ma meilleure amie. Le petite garçon qui m'avait ouvert la porte les rejoint et s'assit sur les genoux de Mary.
Ses frères.
En la voyant agir ainsi avec eux, je comprenais pourquoi elle ne voulait pas devenir comme son père, froid et distant. Je la connaissais avec cette froideur dans le regard, mais elle me devenait étrangère, entourée de sa famille.
Un jeune homme se mit entre moi et elle, dos à moi. Je ne crois pas le connaître, quoique je n'ai pas coutume de regarder la nuque des gens. Je me pris un verre de cocktail au bar et marchais d'un pas déterminé vers sa table. Je la contournais, de manière à voir le visage du garçon. Je changeais brusquement de direction. C'était Zabini!
Que venait-il faire là? Ne m'avait-elle pas dit que le seul qui serait là serait Malefoy, et qu'elle s'était arrangé pour qu'il ne vienne pas?
