La chose derrière le brouillard
(Naruto)
Sakura-chan s'est mise à parler. Je savais pas trop si c'étaient les mots qui venaient de très loin ou si c'était moi-même qui me tenait à des milliers de kilomètres d'eux.
Naruto, qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi Sasuke-kun t'a suivi .
Même mes pensées étaient plus… Précises. En même temps qu'un peu troublées.
Sakura-chan, qui c'est, ce type ? J'ai répété. J'arrivais pas à faire grand chose d'autre, comme vous pouvez le remarquer.
Elle a ouvert la bouche sans pouvoir rien dire. Ses yeux se sont assombris. J'ai penché la tête. Voulu parler.
Il est pourtant retourné en cours avant de le défier.
J'ai fait un effort immense pour tourner le regard vers Mizuko. Mizuko, c'est la drôle de nana qui s'occupe de l'infirmerie au lycée. Ca m'étonnerait pas qu'elle vienne de très loin, peut-être un de ces villages par delà les montagnes où les gens sont différents d'ici et agissent tout comme nous ; là, elle portait une robe aussi pâle que son visage, aussi bleutée, aussi cristalline que ses yeux, avec des reflets qui accompagnaient ses courbes et des rais de lumière qui fléchissaient sa taille. A sa taille il y avait d'ailleurs la plaque du village de la brume, je me suis souvenu.
Ca n'a pas vraiment de sens, elle a murmuré.
Ils l'écoutaient tous, ceux qui étaient arrivés en même temps que Sakura-chan et qui gonflaient désormais la ruelle, ils l'écoutaient tous et leurs regards me perçaient la cervelle.
Il n'en a jamais eu besoin, a fait Sakura-chan d'une voix étouffée.
Je l'ai regardé de nouveau. Puis Mizuko. La femme baissa les yeux à terre et ses cheveux très fins et gris, mais d'un gris brillant, pas vieux du tout, ses cheveux glissèrent de ses épaules et lui recouvrirent le visage. Je crois qu'à cet instant elle a dit un gros mot, mais trop bas pour que je puisse l'entendre.
Une sensation m'oppressait. J'ai décidé d'y résister mais c'était assez dur.
Il va falloir le suivre, a décrété Mizuko. S'il a des ennuis…
Il n'a pas cessé d'en avoir, surtout depuis que…
Sakura, elle l'a coupée assez vite, tu vas rester ici avec Naruto-kun.
Quoi ?
Mizuko a courbé le cou et levé les yeux au ciel.
C'est comme ça.
Mais… Mais ça fait des jours qu'il n'a pas réapparu au village ! Je veux savoir…
Révise l'origine des symptômes tels que la perte d'équilibre ou l'altération de la vision.
Il y avait comme des pleurs dans la voix de Sakura-chan. Ca m'a touché parce que je pensais pas que quelqu'un pouvait lui faire ressentir ce genre de choses. J'ai protesté :
Qu'est-ce que vous racontez, Mizuko-sensei ! Ca va très bien.
Elle m'a complètement ignoré. Je commençais à trouver ça carrément malpoli, comme si j'étais pas là.
C'est qui, ce Sasuke ? Pourquoi vous êtes tous sérieux ? Merde, pourquoi vous me répondez pas ?
C'est vrai, ça. D'abord, comment ça se faisait que j'avais pu invoquer un si grand nombre de clônes ? J'ai essayé de me rappeler, très fort, en farfouillant parmi mes vieux souvenirs, mais y avait un tiroir qui était plutôt vide. Ah… Peut-être avais-je un jour volé un rouleau contenant un jutsu particulièrement puissant. Peut-être un jour m'étais-je même battu… Non, pas moi !
Lui.
Un éclair a déchiré la broussaille. Un type en est sorti. Pour être précis… Il y avait quelque chose d'étrange dans sa façon de se mouvoir mais sans que je parvienne à définir quoi. Il avait la stature bien droite, le port à la fois franc et gêné, les gestes autant esquissés que volontaires. Ses vêtements se composaient d'un ample pantalon et d'une large veste. Ses cheveux, coupés courts, reposaient en lourdes boucles sur sa nuque sauf deux petites tresses qui passaient devant ses oreilles. A peine il nous avait vus que déjà il avait disparu sur les toits dans la même direction que celui qu'on disait s'appeler Sasuke. J'en avais marre. Je me suis relevé et j'ai croisé les bras derrière ma tête.
Y en marre, j'ai dit. Allez, dites-moi !
Ils avaient pas l'air pressés de me mettre dans la confidence mais de toute façon ils en auraient pas eu le temps parce que ma tête a objecté avec beaucoup de mots douloureux. Selon elle j'étais allé trop vite. J'ai pas voulu l'écouter alors elle a objecté encore plus fort, versant des cris de sang dans mes veines. Ma vue est devenue aussi brouillonne que mes exercices de maths.
Et tout m'est parvenu à travers un brouillard de sons et de souvenirs…
